Écho du Témoignage:La nouvelle naissance

De mipe
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J.N. Darby

Je me propose de méditer un peu le chapitre 3 de l’évangile de Jean et ses rapports avec quelques autres portions de l’Écriture, plus particulièrement en vue de la nouvelle naissance, et dans l’espérance qu’il résultera de cette méditation une meilleure intelligence, une intelligence profitable de ce que le nouvel homme est, et de ce qu’est la position dans laquelle nous sommes établis par le fait que nous en sommes rendus participants en Christ, comme c’est maintenant notre privilège. En traitant un pareil sujet, je reviendrai nécessairement sur un terrain familier aux chrétiens, mais je ne puis faire autrement afin d’y rattacher les développements nouveaux et les considérations qui m’amènent à le traiter.

Plusieurs crurent en Christ lorsqu’ils virent les miracles qu’Il faisait, mais Jésus ne se fiait pas à eux… Il connaissait ce qui était dans l’homme (chap. 2, 23-25). Leur conclusion relativement à Jésus était juste, mais c’était une conclusion tirée par ce qui était dans l’homme. Elle était absolument sans valeur ; elle laissait l’homme dans sa propre nature et sous l’action des motifs, des influences, et des passions auxquels il était assujetti avant ; elle ne le faisait pas sortir non plus de l’empire de Satan qui avait puissance sur la chair et sur le monde. La conclusion était juste, mais ce n’était qu’une conclusion : l’homme restait ce qu’il était — non changé. Jésus, qui savait ce que la chair était, ne s’y fiait pas, ne pouvait pas s’y fier.

Mais Nicodème (chap. 3) fait, sous la direction de Dieu, pour notre instruction, un pas de plus. Les autres croyaient au nom de Jésus et Le laissaient là. Mais quand le Saint Esprit est à l’œuvre, il produit toujours des besoins dans l’âme, des désirs ardents après ce qui est de Dieu, et par là le sentiment de ce qui nous manque. Il y a aussitôt, instinctivement aussi, la conscience que le monde sera contre nous, et que nous encourrons son mépris. Nicodème vient de nuit. Son âme soupirait après quelque chose de mieux ; mais comme il était un des chefs, et spécialement un chef ecclésiastique, il lui était plus difficile d’aller à Christ : la dignité de docteur n’est pas une facilité pour devenir disciple. Cependant la conscience le presse et il va ; la crainte des hommes le rend timide, et il va de nuit. Quelle pauvre dignité que celle qui tend à empêcher un homme d’apprendre de Christ ! Quoique de pressants besoins spirituels l’eussent conduit à Jésus, Nicodème se place dans sa recherche sur le même terrain que ceux qui n’en éprouvaient absolument aucun : « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui » (v. 2). C’était une conclusion déduite de preuves, et parfaitement juste ; mais c’était tout. Il avait néanmoins besoin de quelque chose de la part de Celui en qui ces preuves se montraient, mais il partait du principe qu’il était, en qualité de Juif, enfant du royaume, et demandait d’être instruit. Le Seigneur répond sur-le-champ à sa pensée (car Nicodème était sincère et connu de Lui), en déclarant que son principe était entièrement faux. Il n’enseignait point la chair, et ce n’était pas pour l’enseigner qu’Il était venu. Dieu établissait un royaume à Lui. Pour être capable de voir ce royaume, il fallait être né une seconde fois, complètement de nouveau. Le royaume n’était pas encore venu visiblement, ni de manière à attirer l’attention ; il était là au milieu d’eux, mais pour le voir, il fallait qu’on eût une nature entièrement nouvelle. Nicodème, arrêté par le langage qu’il entend, ne comprend pas comment cela pouvait se faire, en reste, comme un raisonneur humain quoique sincère, à la difficulté présente, et véritablement, ne voit pas le royaume.

Mais deux grandes vérités ressortaient déjà de cet entretien. D’abord Dieu n’enseigne pas et n’améliore pas non plus l’homme — tel qu’il est. Il établit un royaume, une sphère de puissance et de bénédiction à Lui : c’est là qu’Il agit. Et secondement, il faut que l’homme possède une nature ou une vie nouvelle ; il faut qu’il soit né de nouveau, pour avoir affaire avec Dieu qui travaille de cette manière : la chair ne peut même pas avoir quelque idée du royaume. Il est établi un système divin nouveau où se trouve la bénédiction ; — une nouvelle nature est nécessaire pour y avoir part.

Mais le Seigneur ne borne pas là Son enseignement à Nicodème. Il montre d’une manière précise le moyen d’entrer dans le royaume : « il faut qu’on soit né d’eau et de l’Esprit » (v. 5) — de la Parole et de l’Esprit de Dieu. La Parole de Dieu — la révélation des pensées de Dieu — doit opérer par la puissance de l’Esprit, jugeant tout ce qui est dans l’homme — remplaçant les pensées de l’homme par celles de Dieu — et introduisant une vie absolument nouvelle qui procède de Dieu, et dans laquelle ces pensées ont leur siège et leur réalité vivante — une nature nouvelle et une nouvelle vie. Ce n’est pas que deux naissances nous soient signalées ici[2], mais il y a deux aspects importants, deux réalités dans la nouvelle naissance. « Il nous a de sa propre volonté engendrés par la parole de vérité » (Jacq. 1, 18) ; « afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau par la parole » (Éph. 5, 26) : « vous êtes déjà nets à cause de la parole que je vous ai dite » (Jean 15, 3). Elle consiste non dans l’enseignement de la chair qui a ses pensées propres, mais dans la substitution des pensées de Dieu à celles de la chair : nous sommes nés d’eau. Ensuite, c’est une nature qui vient de l’Esprit : « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3, 6). Tout ce qui naît participe de la nature de ce qui l’engendre. Il en est de même ici. L’eau agit sur l’homme en tant qu’homme et ne change pas sa nature ; mais l’Esprit communique une vie nouvelle qui procède de Lui-même — absolument comme la nature de la chair est chair dans ce qui est né d’elle. Ce que nous avons ici, c’est donc non pas la chair enseignée, mais les pensées de Dieu agissant d’une manière efficace, et la participation à la nature divine communiquée par l’Esprit. En d’autres termes, la pensée et la nature de Dieu nous sont communiquées d’une manière vitale. C’est là ma vie, comme avant c’était simplement la chair qui la constituait. Mais ceci ouvrira évidemment aux Gentils l’accès à la bénédiction. « Ne t’étonne pas », dit le Seigneur à Nicodème, « de ce que je t’ai dit : il vous faut (vous, Juifs) être nés de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son… il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit » (3, 7-8). La communication par Dieu, dans Sa souveraineté, d’une nouvelle nature (nécessaire au Juif autant qu’au Gentil, quand nous en venons à ce qu’il est par nature) comme une chose entièrement nouvelle, comme une nouvelle nature donnée et dans laquelle l’homme vit désormais avec Dieu, est aussi applicable à un Gentil qu’à un Juif. Car par là un homme, pour ce qui concerne sa vie, n’est ni l’un ni l’autre (ni Juif, ni Gentil) : « il est né de Dieu ». Cette vérité n’est pas développée ici ; seulement le fondement en est posé. Ce qui est nettement enseigné, c’est la vérité bien autrement profonde du fait de la communication de la vie divine, et de sa communication par un acte souverain de Dieu ; seulement, l’autre vérité est directement impliquée.

Cela encore arrête Nicodème. Il ne s’avance pas pourtant avec un : « Nous savons » ; il doit se taire pour apprendre. Et maintenant, nous sommes initiés à quelques autres vérités qui nous associent avec le ciel. Mais d’abord, le Seigneur fait voir, ce que Nicodème aurait dû connaître, que, même pour les promesses terrestres, Dieu avait clairement révélé qu’Israël devait naître de nouveau, naître d’eau et de l’Esprit. Le chapitre 36 d’Ézéchiel est fort clair sur ce point.

« Mais j’ai épargné le nom de ma sainteté, lequel la maison d’Israël avait profané parmi les nations au milieu desquelles ils étaient venus. C’est pourquoi dis à la maison d’Israël : Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Je ne le fais point à cause de vous, ô maison d’Israël ! mais à cause du nom de ma sainteté que vous avez profané parmi les nations au milieu desquelles vous êtes venus. Et je sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations et que vous avez profané parmi elles ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le Seigneur, l’Éternel, quand je serai sanctifié en vous, en leur présence. Je vous retirerai donc d’entre les nations, je vous rassemblerai de tout pays, et je vous ramènerai en votre terre. Et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés ; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un nouveau cœur, je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances, et les ferez. Et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. Je vous délivrerai de toutes vos souillures, j’appellerai le froment, je le multiplierai, et je ne vous enverrai plus la famine. Mais je multiplierai le fruit des arbres, et le revenu des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations. Et vous vous souviendrez de votre mauvaise voie et de vos actions qui n’étaient pas bonnes, et vous détesterez en vous-mêmes vos iniquités et vos abominations. Je ne le fais point pour l’amour de vous, dit le Seigneur l’Éternel, afin que vous le sachiez. Soyez honteux et confus de votre faute, à cause de votre voie, ô maison d’Israël ». C’est-à-dire que, pour jouir dans le pays de la bénédiction des promesses de Dieu, il faut qu’Israël soit né d’eau et de l’Esprit, il faut qu’il soit purifié selon les pensées de Dieu, et renouvelé par l’Esprit de Dieu. La déclaration du Seigneur est plus simple, plus complète et plus absolue, parce qu’Il pose la vérité en elle-même sur la question : Comment un homme peut entrer dans le royaume ? Et en conséquence, Il fait ressortir la nécessité de la communication d’une vie entièrement nouvelle dans ses conditions, avec l’assurance bénie que c’est là être né réellement de l’Esprit, de telle sorte que l’on est participant de la nature de Celui dont nous sommes nés. « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). Mais Nicodème, en sa qualité de docteur d’Israël, aurait dû savoir qu’un pareil changement était nécessaire à Israël pour jouir avec Dieu des bénédictions terrestres promises.

Mais cela fait ressortir la différence entre les instructions du Seigneur et le caractère qu’elles revêtent ici, et la manière dont le prophète avait parlé de ce point. Ézéchiel l’avait présenté d’une manière prophétique, comme l’opération effective de la grâce de Jéhovah ; et cela était parfaitement juste et à sa place. Mais le Seigneur possédait une autre espèce de connaissance. L’autorité de la prophétie était parfaite, divine, parce que ce que le prophète disait, il était inspiré pour le dire. Mais le Seigneur connaissait les choses en elles-mêmes, dans leur vraie nature. Il pouvait dire, d’une manière absolue, ce qui était nécessaire pour Dieu, parce qu’Il était Dieu et venait de Dieu. C’est là, certes, un enseignement divin, un enseignement d’un prix infini. Nous apprenons de Celui qui le savait essentiellement, ce qui est nécessaire pour Dieu. Cela nous dit ce qu’est le chrétien. Il a la connaissance de Dieu, reçue de Dieu Lui-même, selon la propre nature de Dieu, et est participant — afin de la connaître et d’être capable d’en jouir — de cette nature sans laquelle il ne la connaît point. Et tout cela apporté ici-bas, à nous, dans l’homme. Mais de même que le Seigneur disait ce qu’Il connaissait, Il rendait aussi témoignage de ce qu’Il avait vu. Il pouvait parler de la gloire céleste et de ce qui lui convenait, de ce qui était nécessaire pour y avoir part. L’homme ne recevait point ce témoignage. L’esprit humain comprenait les choses humaines, il ne comprenait absolument pas les choses célestes et spirituelles. Pour lui, ce qui était céleste et spirituel n’était que folie et ténèbres. Ceux qui recevaient ce témoignage étaient nés de nouveau (1, 12-13).

Que nos cœurs s’arrêtent un peu sur cette vérité bénie. Nous avons en Christ Celui qui révèle pleinement Dieu Lui-même. Ses paroles disaient Sa nature, la nature de Dieu Lui-même — la disaient à l’homme — de manière à révéler ce qui devait se trouver en l’homme pour qu’il pût avoir à faire avec Dieu en bénédiction, mais la disaient directement et pleinement. Ses paroles étaient une révélation de la nature divine qu’Il connaissait. Nous sommes dans la pleine lumière, avec Dieu Lui-même. Nous n’avons pas simplement des messages, quelque vrais qu’ils soient et tout précieux qu’il est de les avoir de la part de Dieu, mais nous avons ce qui ne laisse rien derrière, la révélation de Dieu Lui-même et dans Sa nature ; de sorte que c’est ce qui est parfait en bénédiction qui est révélé. Ce que nous avons dans ce verset, ce sont avant tout les choses dans leur nature, ensuite c’est le fait de ce que Jésus a vu, mais c’est la compétence du témoignage qui est spécialement exprimée ; toutefois, cela conduit nécessairement à la nature des choses. Nul prophète ne pouvait dire : « Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » (v. 11). Dieu leur révélait les choses à venir, ou envoyait par eux des messages au peuple ; et ils annonçaient les unes et les autres. Mais si Christ annonçait ce qu’Il savait et témoignait de ce qu’Il avait vu, c’étaient nécessairement les choses célestes. Il va sans dire qu’Il connaissait ce qui avait été prédit de Dieu ; mais en parlant de la nature indispensable pour avoir à faire avec Dieu et de ce qu’Il savait et avait vu, Il va au-delà de ces choses, à ce qui est en haut. C’est là, en conséquence, qu’il nous conduit. « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel : le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (v. 13). Nul n’était monté pour apporter en bas la nouvelle de ce qu’il y avait. Mais Lui en était venu, et Il pouvait dire parfaitement ce qui y était et y était toujours, car Il était Dieu. Mais cette connaissance divine était une connaissance pour l’homme ; car c’était le Fils de l’homme qui l’avait. Le ciel et l’homme étaient réunis dans la personne de Christ. Si l’homme hors de Christ — comme tous l’étaient encore — n’était, en aucun sens, entré dans le ciel, il y avait quelqu’un néanmoins qui était dans sa personne même le révélateur des choses célestes. Mais comment l’homme — qui ne pouvait pas, lors même que ce fût un docteur d’Israël, comprendre la réalité d’une nouvelle nature (même dans sa nécessité pour les choses terrestres connues), car il la cherchait dans la vieille nature — comment, dis-je, l’homme pourrait-il comprendre les choses célestes ? Ceci donnait lieu à la manifestation d’une autre vérité, la porte indispensable de ce qui appartenait au ciel ; mais s’il en est ainsi, c’est une porte ouverte à quiconque croirait. Non seulement il fallait naître de nouveau, même en vue des bénédictions terrestres, mais il y avait en outre les conseils de Dieu.

Selon les conseils de Dieu et les besoins de l’homme, il faut que le Fils de l’homme — car Jésus était plus que le Messie — soit élevé, rejeté de cette terre. Mais cette élévation était Sa réjection par le monde. Christ ne pouvait point, car l’homme était pécheur, prendre Sa place comme Messie en bénédiction à Israël. Il devait souffrir dans le caractère dans lequel Il avait à dire à tous les hommes : « Comme Moïse éleva le serpent au désert » (v. 14) ; ainsi, au lieu d’un Messie vivant, ils devaient avoir un Fils de l’homme rejeté, mis à mort. La croix était la puissance de guérison, de salut, pour l’homme. Quiconque croyait en Lui ne périrait pas, mais aurait la vie éternelle — car Dieu a tellement aimé le monde — vérité immense alors, et qui ouvrait la voie à la plus complète manifestation de Dieu et de la grâce, si on ne doit pas dire plutôt qu’elle était elle-même cette manifestation. C’était une œuvre efficace de Dieu, non pas simplement pour accomplir les promesses prophétiques, mais pour amener à Dieu, « afin que quiconque croirait en Lui (en ce Fils de l’homme) eût la vie éternelle ». Cette œuvre était nécessaire. Il faut qu’il y ait expiation — il faut qu’il y ait rédemption — si l’homme pécheur doit avoir à faire avec un Dieu saint. S’il y avait une révélation de la nature divine et que, pour y participer, l’homme dût entrer en rapports avec Dieu, il fallait qu’il y eût expiation aussi bien que nouvelle naissance ; il fallait que le Fils de l’homme, Celui qui, comme homme, devait avoir, dans la nature de l’homme, l’héritage de toutes choses, et qui s’était chargé de la cause de l’homme, fût élevé comme le serpent au désert, fût fait péché pour nous, afin que les hommes pussent regarder à Lui et vivre. Cela répondait au besoin de l’homme, mais c’était seulement un côté de la vérité. Lorsqu’on s’arrête ici, on voit ce qui répond à la nature sainte et au jugement de Dieu ; mais Dieu se présente comme un juge saint, et, par conséquent, cela ne place pas l’âme dans une pleine liberté ; c’est le côté propitiatoire, nécessaire de la mort de Christ. Mais de quelle manière cela arrive-t-il ? C’est que Dieu a tant aimé le monde, que le Fils de l’homme, qui devait être élevé, était le Fils de Dieu que Dieu avait donné par amour. Dieu a tant aimé qu’Il a donné. Ainsi, quoique la propitiation fût nécessaire, l’amour était la source de tout : la sainteté de la nature de Dieu, Son juste jugement, maintenus à l’égard du péché — mais Son amour manifesté. Le Fils de l’homme était le Fils de Dieu, et tous les deux en vue d’un but merveilleux — afin que l’homme pécheur, lequel que ce fût qui croirait en Lui, eût la vie éternelle. En même temps, cela constituait aussi la dernière épreuve de l’homme. Ce que nous avons dans ce précieux entretien qui nous occupe, c’est donc la révélation de la nature de Dieu, et l’accomplissement d’une œuvre double, qui, tout en rendant l’homme capable de jouir de cette nature par le fait qu’il est né d’elle, la glorifie aussi dans tout ce qui la caractérise ; de sorte que le don de la vie éternelle maintient et manifeste l’amour, la sainteté et la justice de Dieu. Et c’est là ce qui est essentiel et béni. Mais le plein caractère, le caractère spécial, celui qui lui appartient en propre comme accompli en grâce, n’est pas présenté ici, et c’est ce que je désirerais faire ressortir maintenant avec le miséricordieux secours du Seigneur.

Si le Fils de l’homme a été élevé et est mort pour nous amener à Dieu, où la vie se trouve-t-elle et comment l’avons-nous ? C’est une vie de résurrection. Et cela aussi nous mène à une autre vérité importante. Si je suis ressuscité, je suis ressuscité des morts. Je suis mort en Christ : fait qui, nous le verrons, a un double caractère. Je puis m’envisager comme ne possédant pas la vie spirituelle, par conséquent comme mort dans mes fautes et mes péchés ; ou bien je puis m’envisager comme vivant dans le péché et dans la chair, et alors je dis que j’ai à y mourir. Christ pouvait parler de la nécessité d’une nouvelle nature pour entrer dans le royaume ; mais Il ne pouvait pas inviter quelqu’un à se tenir lui-même pour mort. Il pouvait rattacher cette nature à Dieu directement, dans la déclaration de ce qu’elle était et de ce que Dieu était ; cela convenait particulièrement, c’est évident, à Sa personne, puisqu’Il était un révélateur divin de ce qu’Il savait ainsi que de la participation de l’homme à la nature divine. C’était là, certes, la partie principale. Mais pour notre délivrance, une autre vérité devait y être rattachée : la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. Nous recevons Christ comme notre vie après qu’Il est mort et ressuscité. Il est un esprit vivifiant. Parce qu’Il vit, nous vivons. Il est notre vie, cette vie éternelle qui était avec le Père et qui nous a été manifestée. Mais pour que des pécheurs puissent y avoir part justement et selon Dieu, il faut que Christ fasse propitiation, il faut qu’Il meure. Il est mort une fois pour toutes au péché ; et maintenant, vivant en résurrection, Il vit à Dieu. Nous Le recevons par l’Esprit dans nos cœurs, et nous avons la vie. « C’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils, a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la vie » (1 Jean 5, 11, 12). Mais Celui que nous recevons, est Celui qui est mort et ressuscité, notre vie — le vrai « moi » dans lequel je dis du péché : Ce n’est plus moi. « Je suis crucifié avec Christ, mais je vis — non plus moi, mais Christ vit en moi ». C’est là en nous la vie de Christ en tant que ressuscité des morts : l’efficace de la vie en résurrection. Nous sommes vivants, pour la foi, seulement en Lui et par Lui, quoique de fait la chair soit là ; mais je ne la reconnais pas comme vivante et faisant partie de moi ; je ne la considère que comme un ennemi que j’ai à vaincre. C’est ainsi que nous lisons en Romains 7 : « Quand nous étions dans la chair » (v. 5) ; en Romains 8 : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (v. 9). En poursuivant notre sujet, nous verrons beaucoup d’autres passages qui mettent ce point en lumière.

J’ai dit plus haut que cette vue de la vie divine en résurrection nous est présentée dans l’Écriture de deux manières. L’homme peut être envisagé soit comme vivant dans le péché, soit comme mort dans le péché. Sa chair est vivante et active pour le mal ; elle est entièrement morte pour ce qui regarde Dieu ; dans l’homme tel qu’il est par nature, il n’y a pas un seul mouvement de l’âme vers Lui. L’épître aux Romains présente le premier aspect ; celle aux Éphésiens le dernier. Elles s’unissent pour présenter l’homme comme ressuscité avec Christ, quoique l’épître aux Romains aborde à peine ce sujet. Elle enseigne pleinement que Christ a été ressuscité par Dieu le Père ; mais quant à ce point, que nous sommes vivants à Dieu, elle ne fait juste que le toucher. Quant aux Éphésiens, pour ce qui est de la doctrine de leur épître sur ce point, ils voyaient Christ comme mort, et le pécheur comme mort dans le péché (2, 1), et tous les deux comme ressuscités ensemble. Cela découle du fait que Christ est vu comme exalté en haut, et que l’Église Lui est unie. Dans l’enseignement doctrinal, l’homme n’y est pas contemplé comme vivant méchamment dans le péché (quoique le fait soit reconnu), mais dans toute la réalité de son état par rapport à Dieu. — Il est mort dans le péché. Toute la condition de l’Église est le résultat de l’exercice de la même puissance qui a ressuscité Christ Lui-même, et chaque croyant spirituellement (chap. 1 ; 2)

Dans l’épître aux Romains, Christ est considéré comme ressuscité d’entre les morts, mais non comme monté au ciel (sauf une allusion dans un verset du chap. 8) parce que le but de l’auteur est de montrer, non pas les résultats glorieux de l’œuvre de Christ, sauf en espérance, mais que c’en est fini de l’ancien état, et que nous sommes introduits dans le nouveau vivants et justifiés. Le péché de l’homme est largement démontré. Christ est mort pour nous, mais Christ est aussi ressuscité pour notre justification ; nous sommes justifiés — morts au péché et vivants à Dieu — affranchis de la loi.

L’épître aux Colossiens est pour la doctrine entre les deux précédentes. Elle envisage l’homme comme vivant dans le péché, mais le chrétien comme ayant subi la mort, et étant maintenant vivifié avec Christ. Notre nouvelle nature, comme nés de Dieu, reçoit là son caractère, lorsque notre condition est pleinement décrite, du fait que nous sommes morts et ensuite ressuscités avec Christ, et même du fait que nous sommes assis dans les lieux célestes en Lui.

Mais mon sujet est maintenant notre condition dans la vie. Rappelons-nous que Christ, en tant qu’ainsi ressuscité, est notre vie. Il faut que l’œuvre de l’expiation ait été accomplie, ou bien aucun pécheur n’aurait pu être uni avec Christ ; Christ n’aurait pu donner la vie à qui que ce soit, selon Dieu : le grain de froment serait demeuré seul ; non que la vie et la puissance de vie ne fussent pas en Lui, mais parce que la justice de Dieu eût été laissée de côté.

Mais cette œuvre a été accomplie, et maintenant c’est Christ — non pas le premier Adam — qui est ma vie en qualité de croyant. Mais alors je dis : Lorsque j’étais dans la chair ; je ne suis pas dans la chair, mais dans l’Esprit. Ce qui donne à ma position devant Dieu son vrai caractère, ce n’est en aucune manière le premier Adam dans son péché et sa responsabilité, mais bien le second Adam qui est devenu ma vie. Je suis en Lui comme en Celui qui est ma justice ; Il est en moi comme ma vie. Maintenant, voici de quelle manière je parle : Je suis mort au péché, je suis crucifié avec Christ, je suis vivant à Dieu en Jésus Christ. « En ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. Vous aussi tout de même, tenez-vous vous-mêmes » (Rom. 6, 10, 11).

C’est sur cela que Paul insiste dans le sixième chapitre de l’épître aux Romains. « Nous avons été baptisés pour sa mort » (v. 3) ; « identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort » (v. 5). Nous sommes morts au péché. « Si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (v. 8). En conséquence (car, comme je l’ai dit, l’apôtre ne fait que toucher à peine ce point), nous devons nous tenir nous-mêmes pour vivants à Dieu en Christ (v. 11). De même dans l’épître aux Galates, « Christ vit en moi » (chap. 2, 20), « l’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8, 10). Mais il n’y est point dit que nous sommes ressuscités avec Christ.

Et remarquez que même dans les passages où cette doctrine est présentée d’une manière élémentaire, nous ne sommes pas appelés, nécessairement en vertu même de sa nature, à mourir au péché. La pensée que nous avons à mourir au péché, est complètement étrangère à l’Écriture. Nous sommes exhortés, comme vivants en Christ, à mortifier tout mouvement du péché, mais non pas à y mourir. Nous sommes vivants en Christ qui est mort, et nous sommes considérés comme morts, et exhortés à nous considérer nous-mêmes comme morts, parce que Christ, qui est notre vie, est mort. « Je suis crucifié avec Christ » (Gal. 2, 20). « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair » (5, 24). « Tenez-vous vous-mêmes pour morts » (Rom. 6, 11). « Identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort » (v. 5) ; « ensevelis avec Lui pour la mort » (v. 4). « Vous êtes morts » (Col. 3, 3). Tel est le langage uniforme de l’Écriture. Tout ce que l’on dit de la crucifixion comme signifiant une mort lente, ne fait que mettre de côté le sens manifeste et catégorique de ces passages. « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2, 20). Nous sommes morts en Christ : telle est la doctrine de l’Écriture.

Les épîtres aux Galates, aux Romains et aux Colossiens, etc., l’enseignent toutes également, et insistent sur elle auprès des chrétiens. Je suis entièrement délivré de tout le système dans lequel je vivais comme vivant dans la chair. Aussi l’apôtre s’adresse-t-il en ces termes aux Colossiens : « Si vous êtes morts avec Christ… pourquoi établissez-vous des ordonnances comme si vous étiez encore en vie dans le monde » (Col. 2, 20, 21). Telle est donc la vie procédant de Dieu en tant que possédée par le chrétien, maintenant que Christ est mort et est devenu sa vie comme ressuscité.

L’épître aux Éphésiens fait un pas de plus. Comme je l’ai dit, elle n’envisage pas Christ comme vivant dans l’amour et la piété, et l’homme comme vivant dans le péché ; mais l’homme y est considéré comme mort dans le péché, et Christ y est vu d’abord comme mort, et cela pour le péché et au péché. En d’autres termes, l’apôtre voit l’homme ici-bas dans la fosse et le tombeau de la mort par le péché, et Christ est descendu en grâce là où l’homme se trouvait par le péché. Mais par là, Il a ôté le péché comme culpabilité, et est descendu pour sauver et racheter de cette condition. Dieu les ressuscite tous les deux par la même puissance. « Quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons… qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (Éph. 1, 19, 20). « À cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, il nous a vivifiés ensemble avec Christ » (chap. 2, 4, 5). Nous sommes donc « l’ouvrage » de Dieu, étant « créés dans le Christ Jésus » (v. 10).

Ainsi, comme le troisième chapitre de Jean nous a appris la nature de la vie que nous recevons (c’est-à-dire que, comme provenant de l’Esprit, elle est esprit — divine, moralement parlant, dans sa nature) ; de même, les épîtres nous ont montré la position dans laquelle nous place la possession de cette nouvelle vie, d’autant qu’elle est la vie de Christ ressuscité après qu’Il a été livré pour nos offenses et est mort une fois pour toutes au péché. Et qu’en résulte-t-il pour notre relation avec le péché et avec Dieu ? L’épître aux Romains, comme aussi celle aux Galates, nous enseignent que nous sommes morts avec Christ, et que nous devons nous tenir nous-mêmes pour morts au péché, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, mais que nous sommes vivants à Dieu ; que ce n’est pas nous qui vivons, mais Christ qui vit en nous. L’épître aux Colossiens nous apprend que nous sommes morts avec Christ, et que nous sommes ressuscités avec Lui, et de plus, que lorsque nous étions morts dans nos offenses et dans l’incirconcision de notre chair, Dieu nous a ressuscités ensemble avec Lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses — nous a relevés d’entre les morts avec Christ en nouveauté de vie quant à nous-mêmes ; mais, conformément à l’efficace bénie de Sa mort, nous a entièrement pardonné tous les péchés et l’état de péché dans lesquels nous étions jusqu’à ce que nous fussions ressuscités ainsi en conséquence de l’efficace de Sa mort. Ce dernier point est pleinement et exclusivement traité par l’épître aux Éphésiens, qui nous montre comme vivifiés avec Christ et ressuscités de la mort de nos péchés par la même puissance qui a ressuscité Christ Lui-même. Ce que renferme son enseignement, ce n’est pas simplement que la nature divine est devenue notre vie, mais que nous sommes morts au péché, que nous vivons à Dieu, que nous sommes ressuscités, pardonnés, et acceptés, dans l’état même dans lequel est Christ comme ressuscité, et même que nous sommes assis dans les lieux célestes en Lui. La nature est divine, c’est-à-dire souverainement excellente ; mais par le fait que la mort et la résurrection sont intervenues, et que nous sommes unis à Christ, tout l’ensemble de notre condition relative est changé : nous ne sommes point — pour Dieu et pour la foi — considérés comme étant en vie dans le vieil homme ; nous ne sommes nullement en lui, nous l’avons dépouillé. Pour la foi, et en vertu de la possession d’une nouvelle vie, et du fait que nous sommes vivants en elle, c’en est fini du vieil homme, il est mort. Nous sommes en Christ et Christ est notre vie ; nous sommes vivants en Lui et vivants en Celui auquel Il vit — c’est-à-dire, à Dieu. Par conséquent, notre position devant Dieu n’est nullement une position dans le premier Adam. Pour ce qui est de la position dans le premier Adam, nous sommes morts à tout ce qu’il est ; mais nous sommes vivants dans le dernier Adam, le Seigneur Jésus, selon toute l’acceptation dans laquelle Il est maintenant devant Dieu.

Le troisième chapitre de l’évangile de Jean nous enseigne donc l’excellence intrinsèque de la vie que nous recevons de Dieu, et nous la montre en rapport direct avec ce qui est divin, Christ parlant de ce qu’Il savait et faisant voir qu’il faut que nous ayons une nature qui procède de Dieu et qui soit convenable pour Dieu Lui-même. Christ parlant ainsi, ce qu’Il savait est du plus profond intérêt — la communication directe de ce qui est divin. Cette vie est présentée là dans sa nature et dans son origine comme en contraste avec la chair. Son caractère propre et son excellence se voient davantage en Jean. Cependant, l’épître aux Éphésiens en signale le résultat : « Afin que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1, 4). Mais les épîtres traitent davantage de la condition et de l’état de cette vie. Dans leur enseignement, vivant de la vie de Christ, nous sommes considérés — d’autant que Christ est mort — comme morts au péché — la vie étant une chose nouvelle tout à fait distincte du vieil homme ; et nous sommes vivants en Christ. Nous ne sommes point dans la chair ; nous sommes morts et puis ressuscités. Être régénéré, c’est être mort et ressuscité, car nous recevons Christ comme vie. C’est avoir laissé derrière nous Adam, sa nature et ses fruits, la condamnation, la mort et le jugement, et jouir nécessairement et justement, comme délivrés de toutes ces choses, d’une pleine acceptation devant Dieu selon l’acceptation de Christ. Les natures sont distinctes. Je ne suis pas dans la chair ; je suis mort ; je suis ressuscité. Je suis accepté en Christ ressuscité. Je suis participant de la nature divine et pour jouir de sa plénitude en Dieu.



  1. Voir le traité.
  2. « Né d’eau et de l’Esprit » (v. 5).