Messager Évangélique:Sur l’épître aux Romains/Partie 3
Chapitres 3, 17 ; 4 ; 5
La fin du chapitre 3 résume l’argument que l’apôtre avait tiré plus haut du péché des Juifs et des Gentils et en fait l’application : l’auteur inspiré passe ensuite à un autre principe, mis en évidence par les témoignages d’Abraham et de David.
Comme nous l’avons vu dans un précédent article, l’apôtre Paul, après quelques lignes d’introduction, ayant fait connaître d’abord la mission dont il avait été chargé, et la portée de cette mission par laquelle la grâce et la justice ont été révélées à l’homme, s’occupe au commencement de notre épître des besoins de l’homme et du moyen par lequel Dieu y a pourvu pour le parfait repos de l’âme. Il signale les péchés affreux des nations et de l’homme en général dans le monde entier, et il montre que, à défaut de tout témoignage inspiré, il y avait deux grands témoignages qui auraient dû agir sur la conscience des hommes, savoir : la connaissance de Dieu que possédaient leurs pères, mais qu’ils n’avaient point gardée ; et, la création : « Car les choses invisibles de Dieu, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité se discernent par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de sorte qu’ils sont inexcusables ; parce que ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu et ils ne lui ont point rendu grâce ; mais ils sont devenus vains en leurs raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres,… et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible… » « C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés dans les convoitises de leur cœur, à l’impureté » (chap. 1, 20, 24). Car si un homme abandonne Dieu, il ne peut pas se suffire à lui-même (se suffire à soi-même appartient à Dieu seul) — et il se tourne toujours vers les objets des convoitises de son propre cœur et même vers ce qui est au-dessous de lui-même. N’ayant pas discerné ce qui se convenait, quant à Dieu, ils ne devaient pas être en état non plus de discerner ce qui se convenait, quant à l’homme. Dieu agit toujours ainsi : lorsque la lumière qu’Il donne est rejetée, Il livre à l’aveuglement ceux qui ont ainsi rejeté la lumière, et cet abandon de Dieu est un jugement de Sa part.
Les Gentils donc, n’ayant pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de sens moral (chap. 1, 28) : et Dieu en fait de même pour les Juifs qui ont rejeté le témoignage qu’Il leur avait donné, car Dieu dit par la bouche de Son prophète : « Engraisse le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes, et bouche ses yeux ; de peur qu’il ne voie de ses yeux, et qu’il n’entende de ses oreilles, et que son cœur ne comprenne, et qu’il ne se convertisse, et qu’il ne recouvre la santé » (És. 6, 10). Il en sera de même encore pour la chrétienté professante, comme nous lisons (2 Thess. 2, 11) : « Dieu leur enverra une énergie d’erreur pour croire au mensonge ». Tel est pour l’homme, qu’il soit Juif ou Gentil ou qu’il s’agisse de la chrétienté professante, la conséquence de l’abandon de Dieu : nous apprenons ce que l’homme devient quand il est abandonné à lui-même. Quant aux Gentils, ce n’est pas tout que la lumière naturelle ait été donnée au commencement dans le témoignage de la création, mais « les hommes n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu », lorsque cette connaissance existait. Tout homme a une conscience, distincte de la grâce ; mais la conscience ne peut pas amener à Dieu. La conscience est le sentiment de la responsabilité, uni à la connaissance du bien et du mal, et lorsque la conscience vient à être réveillée, et que la puissance de la vie n’est pas là pour amener à Dieu, la conscience ne peut qu’éloigner de Dieu, comme nous voyons Adam dans le jardin se cachant de devant Dieu. Les Gentils ne se sont pas souciés, ou pour mieux dire, n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu, et « Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de sens moral » : Dieu les a livrés à l’aveuglement, c’est-à-dire à un esprit incapable de discerner ce qui était bon et de l’approuver. Pareillement les Juifs ayant rejeté le témoignage de Dieu, tombent sous le jugement prononcé par Ésaïe, sept cents ans à l’avance : « Engraisse le cœur de ce peuple » etc., comme Étienne aussi leur dit : « Vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères ont fait (avant la venue de Christ), vous aussi vous faites » (maintenant que Christ est révélé) (Act. 7, 51). Pères et enfants, les uns et les autres, sont coupables du même péché ; quant à leur condition comme peuple, ils étaient livrés à l’aveuglement, et il en sera ainsi à la fin de l’état de choses actuel : les mêmes choses par lesquelles, selon le témoignage de Pierre, Christ a été accrédité comme envoyé de Dieu, seront ce qui, aux derniers jours (voyez 2 Thess. 2), conduira les Juifs (et sans doute d’autres encore) à recevoir le faux Christ. Pierre en effet dit aux Juifs : « Hommes israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu dans vous par les miracles, les prodiges et les signes, que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme aussi vous-mêmes vous le savez » (Act. 2, 22) ; et d’un autre côté, nous lisons dans la seconde épître aux Thessaloniciens, chapitre 2, 8, 9 : « alors sera révélé l’inique, duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge ». Ainsi, comme les Juifs ont rejeté ce que Dieu fit au milieu d’eux par Jésus de Nazareth, ils seront amenés à accepter ce que Satan fera par l’inique, et cela, comme le dit l’apôtre, « parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés ; et à cause de cela Dieu leur enverra une énergie d’erreur pour croire au mensonge » (2 Thess. 2, 10, 11).
Depuis le verset 17 du chapitre 2 de notre épître, l’apôtre parle des Juifs ; et en terminant son raisonnement, il rappelle, dans les versets 10-18 du chapitre 3, le témoignage du psaume 14, 1-3, et d’autres passages de l’Ancien Testament, renfermant tout sous le péché. Le Juif sous la loi et le Gentil sans loi sont également coupables ! Car si le Gentil se trouve livré à un esprit dépourvu de sens moral, les propres Écritures du Juif mettent celui-ci au même niveau et démontrent qu’il est tout aussi pécheur. « Il n’y a donc point de juste, non pas même un seul ; il n’y a personne qui ait de l’intelligence ; il n’y a personne qui recherche Dieu » (v. 10, 11). La volonté s’est détournée du droit chemin : Ils sont aveuglés dans leur intelligence, pervers dans leur volonté, et coupables devant Dieu. Leur caractère naturel n’est pas seulement mauvais, mais ils ont méprisé le témoignage de Dieu, et rejeté la lumière que Dieu leur avait révélée. Tel est l’état du Juif, car ce que la loi disait, elle le disait pour lui ; « ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi ».
La conscience naturelle suffisait pour condamner le Gentil ; mais le Dieu de jugement était là pour discerner l’état vrai de ceux qui se glorifiaient de la loi, et maintenant il est démontré que par des œuvres de loi nulle chair ne sera justifiée, car par la loi est donnée la connaissance du péché (v. 19, 20) : Ainsi nous voyons que ceux qui sont sous la loi, sont placés sous la condamnation. C’est en vain que le Juif tenterait de se faire une position devant Dieu, en vertu des privilèges et de la condition dans laquelle Dieu l’avait placé, car la loi dont il se glorifie, le condamne. « Par la loi est donnée la connaissance du péché[1] » (v. 20). Les Gentils n’avaient pas proprement le droit de se placer sous la loi ; mais nous tous, d’une manière ou d’une autre, nous le faisons, et voyez où cela nous mène : « L’Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, et qui cherche Dieu » (Ps. 14, 2) ; et Dieu a vu qu’il n’y a personne, « pas un seul ; ils se sont tous égarés ! ». Et quant au Juif, s’il écoutait ce que lui disait la loi, il apprenait que, sur son propre terrain, il était entièrement coupable, quoique l’apôtre n’invoque pas ici contre ses frères selon la chair la dureté de leur cœur devant le Christ qu’ils ont rejeté : Juifs et Gentils sont également et absolument coupables.
Mais maintenant, il s’agit de « la justice de Dieu sans loi » ; et l’apôtre développe ici ce grand principe dans toute sa portée ; il l’établit d’une manière directe et absolue : la justice est sur un principe tout à fait différent de celui de la loi ; elle est la justice de Dieu, et une justice sans loi, absolument. C’est « la justice de Dieu » — et qui peut donner une loi à Dieu ? Et si la justice est la justice de Dieu, elle existe donc sur un principe entièrement différent de celui de la loi ; car la loi exige quelque chose de l’homme, tandis qu’ici la justice est de Dieu. La loi de Dieu ne peut que condamner, car elle exige la justice, et elle ne peut pas donner la vie. Imposer à un homme des obligations, comme moyen d’obtenir la justice, c’est le perdre, car l’homme est pécheur ; il est aveuglé dans son entendement et corrompu dans sa volonté.
L’homme a une volonté — avoir une volonté n’est pas l’obéissance ; — la loi manifeste cette volonté, et la volonté de l’homme ne se soumet jamais, car si elle se soumettait, elle cesserait d’être une volonté. L’intention de Dieu n’a jamais été que la justice fût par la loi. Donner la loi à l’homme dans ce but, c’eût été une cruelle moquerie. « La loi fut donnée afin que l’offense abondât » (chap. 5, 20). Remarquez qu’il n’est pas dit : afin que le péché abondât, car le péché était là et abondait avant que la loi fût donnée, mais le péché ne devient pas offense avant qu’il y ait une loi. C’est ainsi que « la loi produit la colère », car « où il n’y a point de loi, il n’y a pas non plus de transgression » (chap. 4, 15) ; mais le péché est rendu par le commandement excessivement pécheur (chap. 7, 13).
Toute bouche est donc fermée et tout le monde est coupable devant Dieu ; et maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée (chap. 3, 19-21). Remarquez que cette justice n’existe pas seulement, mais qu’elle est manifestée ; elle a toujours existé dans le dessein de Dieu, et c’est pourquoi Dieu fit des promesses, auxquelles la foi s’attacha par la grâce ; mais la justice de Dieu ne fut manifestée que lorsque l’évangile fut annoncé, ce qui fait que l’apôtre dit : « afin de montrer sa justice dans le temps présent » (chap. 3, 26).
Aucun pécheur depuis Adam jusqu’à maintenant n’a jamais pu se tenir dans la présence de Dieu, si ce n’est dans la justice de Dieu : mais cette justice n’avait pas été manifestée, jusqu’à maintenant. « Mais maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée, témoignage lui étant rendu par la loi et par les prophètes » (chap. 3, 21). La loi et les prophètes ne faisant ainsi qu’indiquer ce que Dieu allait introduire ; mais l’Église de Dieu est fondée sur la justice de Dieu, et elle est dans la lumière comme Lui est dans la lumière. C’est pourquoi cette justice est manifestée dans le « temps présent » (chap. 3, 26). La justice de Dieu est introduite sans loi, mais témoignage lui est rendu par la loi et les prophètes ; il lui a été rendu témoignage avant qu’elle fût manifestée, et ce n’est qu’au chapitre 4 que nous entrons dans la position de l’Église. Au chapitre 3, nous sommes placés comme étant tous coupables devant Dieu ; ensuite nous apprenons comment nous pouvons arriver jusque dans la présence de Dieu. Un homme, un homme pécheur, peut-il, en lui-même, approcher de Dieu ? Non, certainement ; mais Christ a été offert en sacrifice pour nous ; Il a répondu pour tout ce que nous avons fait dans le vieil homme et, comme le nouvel homme, Il est dans la présence de Dieu pour nous, et nous sommes là en Lui, acceptés comme Christ Lui-même et dans toute la faveur dont Lui-même jouit : nous sommes là toujours tels que Lui est.
C’est de cette manière que l’homme obtient, ou plutôt devient « la justice de Dieu ». Les droits de Dieu envers le vieil homme ont tous été satisfaits dans le nouvel homme, le Christ Jésus, et nous sommes faits justice de Dieu en Lui. Le chapitre 3 nous apprend comment Il a été satisfait aux justes exigences de Dieu et quelle est la satisfaction qui a été donnée ; — le péché, soit du Juif, soit du Gentil, a été effacé par l’effusion du sang de Jésus Christ, et la justice de Dieu est introduite ; car Christ a glorifié Dieu parfaitement à l’égard du bien et à l’égard du mal. Au chapitre 4, nous trouvons autre chose, savoir la résurrection, en principe au moins : « Abraham crut Dieu » (v. 3) ; et il ne crut pas seulement à la résurrection, en dépit du principe de mort qui était en lui, mais il crut le Dieu qui pouvait ressusciter des morts. Et nous aussi, ainsi que le déclare l’apôtre, nous ne croyons pas seulement en Christ qui est ressuscité des morts, mais nous croyons en Dieu qui Le ressuscita — et de cette manière, en ayant fini entièrement avec la loi qui impute le péché, nous arrivons au second des deux principes sur lesquels l’évangile est fondé. Le premier principe, c’est l’effusion du sang ; le second, c’est la résurrection. — Le Juif, réduit au silence sur le principe de la loi, pouvait en appeler peut-être à Abraham ; mais à ce propos, la doctrine de la foi, et de la justice par la foi, est clairement mise en évidence, car en parlant d’Abraham, qui n’a rien eu à faire avec la loi, l’apôtre dit : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté pour justice » (chap. 4, 3). Il n’est pas dit qu’il crut en Dieu, mais qu’il crut Dieu, et voilà comment il obtint Sa justice. Il en fut de même de David : il crut Dieu.
Nous voyons donc qu’Abraham et David trouvèrent, tous deux également, la justice par grâce, par la foi ; et, sous ce rapport, la foi d’Abraham est notre foi, avec cette différence que nous ne croyons pas que Dieu peut ressusciter Jésus des morts, mais qu’Il L’a ressuscité. C’est pourquoi Abraham est appelé le père des croyants — il a été le premier appelé publiquement, hors du monde, à la justice et pour être en relation avec Dieu par la foi.
Puisque je parle ici de la résurrection, je veux, avant d’aller plus loin, faire remarquer quel usage en fait la Parole dans les chapitres qui suivent. Christ ayant pris, en résurrection, la place de l’homme accepté de Dieu, après avoir été livré pour nos offenses — nous — ayant été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, nous sommes dans la faveur de Dieu, et nous nous glorifions dans l’espérance de sa gloire (chap. 5, 1, 2), car Christ est là devant Dieu. La doctrine si importante de notre position dans le premier et dans le second Adam est ainsi mise en évidence : constitués pécheurs par la désobéissance de l’un, nous sommes constitués justes par l’obéissance de l’autre (chap. 5, 19).
Ayant ainsi, dans la seconde moitié du chapitre 5, traité des deux hommes, du vieil homme, le premier Adam, et du nouvel homme en Christ, le second Adam, l’apôtre poursuit son sujet au chapitre 6, en faisant observer que plusieurs diront sans doute : « Si l’obéissance de Christ seule m’a rendu juste, et si la grâce règne, peu importe ce que je fais. Si la justice est « la justice sans les œuvres », nous pouvons donc vivre à notre gré, selon nos convoitises ». Mais non ! répond l’apôtre, il n’en est pas ainsi, car ce n’est qu’en Christ que nous pouvons avoir part à cette justice, et Christ est mort au péché, et Il vit à Dieu (chap. 6, 10). Par conséquent, en Christ je n’ai pas seulement la justice, mais je possède cette justice comme étant en Lui, mort au péché, vivant à Dieu : je ne puis être juste que dans cette condition, car tel est le Christ dans lequel j’ai cette justice. Si j’ai part à la justification, j’ai nécessairement part à la vie, et cette vie est sainte, non pas que la vie et la justification se confondent, ou que la première soit le motif de la seconde, mais la vie et la justification ne sont jamais séparées. Je suis ressuscité avec Christ pour me trouver dans cette position nouvelle de justification ; et cette vie nouvelle et sainte amène avec elle la haine du péché.
Ce même principe de résurrection est appliqué à la loi, au chapitre 7. Si je suis mort et ressuscité, la loi, qui lie un homme aussi longtemps qu’il vit, a perdu tout droit sur moi : je suis mort à la loi par le corps du Christ ; je suis délivré de ce qui avait de l’autorité sur moi, afin que je serve en nouveauté d’esprit et non pas en vieillesse de lettre (chap. 7, 6).
Le chapitre 5 fait donc l’application de la vie ressuscitée à l’homme placé en justification devant Dieu, comme en un Christ ressuscité ; dans le chapitre 6, l’homme est mort au péché, et vivant à Dieu, étant ressuscité dans la puissance d’une vie sainte ; dans le chapitre 7, l’homme est mort à la loi, car la loi nous a tués, et elle ne peut faire davantage ; sa plus grande œuvre fut de tuer Christ, mais Christ est ressuscité, et nous sommes ressuscités avec Lui, au-delà du pouvoir de la mort. Au chapitre 8 enfin, nous voyons le chrétien parfaitement affranchi en vertu de sa résurrection en Christ ; justifié en Christ, ses affections témoignant de sa vie en Christ ; « celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6, 17) ; et « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Cor. 3, 17). Étant donc ainsi pleinement et gratuitement justifiés et acceptés dans le Christ Jésus, nous n’attendons plus que la rédemption de nos corps.
Nous l’avons dit plus haut : La justice n’est plus la justice de l’homme, mais la justice de Dieu envers tous, et si c’est la justice de Dieu, personne n’y peut avoir part, si ce n’est en Christ. Dieu ne peut recevoir un Juif de préférence à un Gentil ; la justice de Dieu est envers tous ; elle est là pour les pécheurs d’entre les Gentils aussi bien que pour ceux d’entre les Juifs. Il est très important, pour ce qui est de la position et de la paix de l’âme, de reconnaître que, quels que soient les efforts que nous puissions faire, ils ne tendent jamais qu’à nous faire poursuivre quelque chose avec quoi nous puissions nous présenter devant Dieu, tandis que dans l’évangile, c’est Dieu qui vient à nous et qui nous présente Christ comme notre seule justice. La justice est envers tous, mais elle est « sur tous ceux qui croient » (chap. 3, 22).
Remarquez ici encore une chose qui se lie à la paix de l’âme. Quelqu’un pourrait dire : « Je ne nie pas la justice de Dieu ; j’y crois, mais comment puis-je savoir que j’y ai part ? Dieu m’en a-t-il fait l’application, car il la faut ? ». Eh bien ! Dieu travaille en grâce pour que vous croyiez, Lui seul le peut. Mais que voulez-vous dire ? Si par l’enseignement de Dieu vous reconnaissez que vous êtes véritablement coupable, et que vous regardiez à l’œuvre de Christ comme à votre unique ressource, alors Dieu vous a fait l’application de Sa justice. Si, convaincu de votre état de péché, vous avez cru au témoignage que Dieu a rendu de Son Fils, alors Dieu vous a fait l’application de Sa justice, car la justice de Dieu est envers tous et sur tous ceux qui croient. Vous êtes juste alors. Lorsque notre conscience a été réveillée par Dieu, il est très pernicieux pour nous de continuer à transiger avec le péché ou avec le monde : il faut que Dieu opère pour nous délivrer de cela, et ainsi il arrive souvent qu’il faut beaucoup de temps avant que la simplicité de la foi soit là ; toutefois ce que nous croyons, c’est ce que Christ est et ce qu’Il a accompli. Si nous continuons encore à transiger avec le péché ou avec le monde, nous ne pouvons pas saisir la vérité, et par suite, nous ne pouvons pas non plus avoir en nous la joie du Saint Esprit ; car Dieu doit être véritable dans Ses voies envers nous. Le Saint Esprit ne peut pas transiger avec le péché et en agissant en nous, Il nous fera reconnaître et juger le péché et lui résister. Mais ce n’est pas en cherchant des fruits que nous aurons la paix, car tant que l’Esprit Saint n’est pas là en puissance, il ne peut pas y avoir de fruits, et pour en porter il faut que nous nous soumettions à la justice de Dieu. C’est le Saint Esprit qui prend des choses de Christ et qui nous les communique pour la joie de nos âmes. Si Dieu a fixé sur Christ la foi de vos cœurs, il vous a imputé Sa justice divine ; mais s’il y a quelque péché ou quelque amour du monde caché dans le secret de votre âme, il faut que Dieu, qui est fidèle et vrai envers vous, agisse en jugement pour purifier votre âme, et vous amener à vous appuyer sur Christ comme votre justice à cause de Lui ; et il est évident que pendant que Dieu fait cette œuvre dans votre âme, il ne peut y avoir de la joie en vous.
Mais revenons à notre sujet et relisons les versets 22-24 du chapitre 3 : « La justice de Dieu par la foi de Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient, car il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu, étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». La liberté absolue et la souveraineté de la grâce de Dieu nous sont présentées ici, Dieu étant glorifié quant à nos péchés en vertu de l’efficace de l’œuvre de Christ, qui s’en est chargé et les a entièrement abolis, ayant effacé tout ce qui était contre nous. Telle est, en effet, l’efficace de la mort de Christ, et étant en Christ, nous nous reposons sur la parfaite acceptation de Sa personne devant Dieu. Bien des chrétiens seraient heureux de connaître cette assurance ; et pourquoi ne la possèdent-ils pas ? Parce qu’ils n’ont pas appris encore quelle est la vraie valeur de la croix, car s’ils la connaissaient, ils ne trembleraient pas comme si leurs péchés n’étaient pas effacés. Ils disent qu’ils n’ont de confiance que dans la croix ; il est possible qu’il en soit ainsi quant à la conviction de leur cœur, et qu’ils sentent le besoin qu’ils ont de la croix ; — car autrement ils ne regarderaient pas vers la croix. Mais quoi qu’il en soit, ils n’ont pas compris jusqu’à présent, quelle est la valeur de la croix, et cela vient de ce que quelque reste de propre justice est caché encore au fond de leur cœur. Ils ne se croient pas aussi réellement méchants que Dieu le dit. Ils ont à apprendre que ce sont les impies que Dieu justifie (chap. 4, 5). Ils ne se croient pas impies et rien de plus : rien de plus, afin d’être justifié, et c’est pourquoi ils n’ont pas encore réalisé la justification de Dieu.
« Être justifié gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus », ce n’est pas seulement être justifié, mais c’est la délivrance actuelle, une rédemption complète. La délivrance d’Israël était une question entre Dieu et Pharaon : « laisse aller mon peuple ! ». C’est une rédemption réelle, positive, et non pas seulement un pardon. Christ nous a rachetés et libérés de tout ce que Satan peut avoir contre nous. Lorsque j’achète un esclave, il m’appartient, et personne ne peut avoir aucun droit sur lui : cela est vrai aussi quant à nous ; même pour ce qui concerne nos pauvres corps, quoiqu’ils ne soient pas encore délivrés de la douleur et de la souffrance par la puissance de Dieu, nous sommes délivrés au moins du pouvoir de Satan, afin de servir Dieu. « Le corps est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps » (1 Cor. 6, 13). Par l’œuvre de Christ, Dieu a voulu nous prendre entièrement à Lui-même, et le plus petit atome même de notre poussière sera soustrait au pouvoir de Satan, et c’est pourquoi dans la première épître aux Corinthiens (chap. 1, 30), la rédemption est nommée en dernier lieu, après la sagesse, la justice et la sanctification. Ce passage a trait à une délivrance entière, finale, et qui comprend la rédemption du corps : c’était l’ordre typique de la délivrance d’Israël hors de l’Égypte : d’abord, en Égypte, les Israélites furent garantis contre l’ange destructeur, par le sang placé sur les linteaux des portes ; ensuite, et c’est une chose bien différente, ils furent amenés nets hors d’Égypte par le passage de la mer Rouge, étant ainsi complètement délivrés du pouvoir de Pharaon. Mais il y a plus : Jésus a brisé et détruit toute la puissance de la mort, par laquelle Satan nous retenait ; Jésus « a emmené captifs ceux qui nous tenaient en captivité » (Éph. 4, 8), et maintenant Il fait de nous qui étions les captifs de Satan, des vases de la puissance et du témoignage de Dieu contre Satan.
« Lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice dans le support des péchés précédents dans la patience de Dieu » (3, 25). Ici nous voyons la relation qui existe entre le sang de Christ et la justice de Dieu : cette justice a été montrée. Elle n’existait qu’en promesse jusqu’au moment où Christ vint dans la chair, et elle ne fut manifestée qu’alors ; en sorte que les Adam, les Abel, les Job, se sont appuyés sur la promesse de la justice, parce qu’il fallait encore que le sang fût versé. Mais à présent Dieu déclare que la promesse a été accomplie et il y a une immense différence entre s’appuyer sur une promesse, quelque bénédiction que ce puisse être, et s’appuyer sur l’accomplissement de cette promesse. Un homme qui est en prison pour dettes, et qui a la promesse que sa dette sera payée, peut bien être soulagé par cette promesse, mais il est pourtant loin d’être dans la condition de celui qui est libre et qui sait que sa dette a été payée. Il ne s’agit plus non plus seulement de la patience de Dieu maintenant, mais d’un salut accompli ; la justice de Dieu est manifestée : Dieu a-t-Il à user de patience envers elle ? Le temps de la patience de Dieu, c’était le temps des saints de l’Ancien Testament : Dieu usait de patience alors, à cause de ce qu’Il allait faire ; mais notre position est toute différente ; nous avons la justice de Dieu dans le « temps présent », actuellement. « Les péchés précédents dans la patience de Dieu », dont il est question ici, ne sont pas les péchés du temps passé de notre vie naturelle, mais du temps passé avant la mort de Christ. Dieu avait en vue pour nous quelque chose de meilleur que ce que possédaient les saints de l’Ancien Testament (Héb. 11, 40), et le passage que nous méditons met en lumière une partie de ce « quelque chose ». Car lorsque nous avons péché, nous n’avons pas besoin qu’un prophète, comme Nathan, vienne nous dire que notre péché est effacé. Nous pouvons dire que nous savons que le sang a été versé, et par conséquent nous savons comme une chose actuelle, que notre péché est aboli. La question est vidée. La justice est telle que Celui qui l’a accomplie s’est assis à la droite de Dieu, et notre vie est là en Lui. Abraham ne pouvait pas dire : « Je suis un avec l’homme qui est à la droite de Dieu », car Christ n’était pas là alors comme homme ; mais celui qui croit en Christ peut parler ainsi ; car s’il est certain que le premier Adam a été chassé du paradis, il est tout aussi certain que le second Adam est entré dans le ciel ; nous sommes aussi assurés de notre place en Christ que de notre place en Adam.
La justice est donc une justice reconnue de Dieu, et, quant au sang, l’œuvre est telle que Dieu en a été satisfait. Dieu est juste en pardonnant (chap. 3, 26). La justice même de Dieu est placée « sur » le croyant et Dieu doit la reconnaître ; et là est le repos de la foi. C’est la justice ; — mais c’est à l’amour que s’ouvre le cœur ; la lumière de la grâce trouve l’entrée du cœur. — Nous voir parfaitement nets nous fait haïr le péché. Un homme dont les vêtements sont parfaitement propres, n’aimera pas à y faire une tache, tandis que celui qui est déjà un peu sale ne s’inquiétera pas beaucoup d’un peu plus de boue. Lorsque le sang de la Pâque fut placé sur les linteaux des portes, c’était pour tenir dehors un Dieu de jugement, et Dieu passa par-dessus, car s’Il fût entré, Il aurait dû juger les Israélites, car ils avaient mérité le jugement autant que les Égyptiens, et même davantage, car ils savaient mieux. À la Pâque, c’était donc la grâce qui tenait Dieu dehors, tandis qu’à la mer Rouge, Israël dut s’arrêter pour contempler le salut de Dieu, Dieu qui renversait toutes les barrières, et qui intervenait et faisait sortir Son peuple du lieu du jugement et l’amenait à Lui-même. Tandis que le sang de la Pâque tenait Dieu dehors, l’intervention de Dieu à la mer Rouge amenait Israël à Lui, sur le principe établi par Lui et par Son propre bras. Comme impie, je suis justifié par le sang de Christ ; mais comme chrétien, je suis accepté en Lui. La croix m’a-t-elle laissé dehors ? Non, elle m’a mis à l’abri du jugement ; c’est pourquoi j’en reconnais la valeur. Un pécheur qui tremble au pied de la croix, sent combien il a besoin de la croix, car sans cela il n’y serait pas venu. Mais n’en connaissant pas la valeur, il ne sait pas aller plus loin. Il croit apprécier la croix, mais s’il l’appréciait véritablement, comme il le doit, il ne tremblerait plus sous elle.
« Où donc est la vanterie ? » « Elle est exclue », car la justice, c’est la justice de Dieu par la loi de la foi, sans œuvres de loi quelconques (chap. 3, 27, 28). Mais souvenons-nous que nous ne sommes pas sous la loi comme étant innocents, car l’homme est pécheur, et la loi ne permet pas même une convoitise. À quoi donc sert-il de donner une loi à un homme qui est pécheur ? À quoi sert-il de donner une loi juste à un homme qui vend des objets mal acquis ? Quelle utilité y a-t-il de lui donner une mesure juste, si ce n’est pour lui montrer en quoi il pèche ? Pareillement, Dieu n’a jamais non plus donné la loi à l’homme pour qu’elle le rendît juste, mais pour le convaincre de son état et lui montrer son péché. Les hommes peuvent faire abus de la grâce pour continuer à vivre dans le péché, mais cela ne change en rien la nature de la justice de Dieu. Si une loi est donnée à l’homme quand il est déjà un pécheur, ce ne peut être que pour qu’il apprenne à se reconnaître pécheur.
Dieu est-il le Dieu des Juifs ? Oui, et Il l’est aussi des Gentils, car Il justifiera la circoncision sur le principe de la foi, et l’incirconcision par la foi. Annulons-nous donc la loi par la foi ? Au contraire, nous l’établissons (chap. 3, 29-31), et non seulement pour ce qui est de la loi de Moïse, mais pour ce qui concerne le principe de la loi lui-même. Lorsqu’on a pendu un voleur à un arbre, est-ce annuler la loi ? Non, loin d’annuler la loi, on l’établit. Ainsi lorsque Christ mourut, Il établit la loi ; puis la foi intervient, témoignant que Christ — loin d’avoir annulé la loi lorsqu’Il mourut sur la croix pour mon péché, au contraire établit la loi ; mais il n’en résulte pas néanmoins que je sois ainsi placé sous la loi. Si je suis sous la loi, je suis perdu, non seulement comme pécheur, mais encore par la loi elle-même. Rien n’établit la loi comme la mort de Christ. Les premiers chapitres de notre épître nous montrent le Gentil sans loi et le Juif sous la loi, condamnés tous les deux par la loi. Christ naquit sous la loi ; Il accomplit la loi et mourut sous la malédiction de la loi : mais est-Il sous la loi encore maintenant ? Non, Il est mort à la loi et ressuscité. Moi, je suis le pécheur mort, Lui mourut pour moi : Il a porté la malédiction, et celle-ci est anéantie et elle a perdu toute puissance pour m’atteindre, car je suis un avec Christ. Je suis en Lui dans la présence et dans la faveur de Dieu, comme mort et ressuscité en Christ. Il sanctionna pleinement la loi, la supporta — la glorifia, mais nous en délivra.
Dans le chapitre 4, l’apôtre fait mention d’Abraham et de David comme ayant cru Dieu ; car si la loi n’apporta pas la justice, cela ne regarde en rien Abraham qui a été juste avant que la loi fût donnée. Le témoignage d’Abraham est donc rapporté, et l’apôtre montre quel est le fondement sur lequel Abraham reçut les promesses, et dans quel état Abraham était lorsque ces promesses lui furent faites. La foi lui fut comptée pour justice, et il reçut les promesses quand il était dans l’incirconcision (chap. 4, 9, 10) ; et comme la justice fut comptée à Abraham lorsqu’il était dans l’incirconcision et sur le principe de la foi, la bouche du Juif était fermée, et la promesse était étendue aux Gentils. David enseigne la même vérité : « Bienheureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées ! Bienheureux l’homme à qui le Seigneur n’aura pas compté son péché ! » (chap. 4, 7, 8). La loi produit la colère ; c’est donc sur le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la semence d’Abraham, non seulement à celle qui est de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, lequel est le père de nous tous devant Dieu qu’il a cru — qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient (chap. 4, 15-17) ; — nous sommes introduits ainsi dans la présence de Dieu, comme des hommes ressuscités en Christ. Quelle pensée, chers amis, dans un temps comme celui-ci, que celle d’être placés dans la justice de Dieu ! Comme le soleil levant ne dissipe pas seulement les ténèbres, mais fait même disparaître les étoiles par l’éclat de sa lumière, ainsi Christ aussi met de côté tous les raisonnements de l’homme par la manifestation de la justice de Dieu. Le premier effet de la révélation de Christ à l’âme, est toujours humiliant, car cette révélation révèle à l’âme ce qu’elle est réellement. Je ne veux pas dire que, en dehors de là, les affections ne puissent pas tendre vers Christ, mais il faut qu’il y ait tôt ou tard une révélation assez claire de ce que Christ est, pour nous montrer ce que nous sommes dans la présence de Dieu. Et c’est cela qui renverse tout dans le fond de notre âme : — désirs vains et insensés, volonté propre, mauvaises pensées, sentiments coupables, tout ce qui est le contraire de Christ, nous dévoilant ainsi, non seulement le besoin que nous avons de Christ, et tous les péchés que nous avons commis, mais nous apprenant que nous sommes péché. Ensuite, plus tard, nous comprenons comment nous sommes amenés dans la faveur parfaite de Dieu, selon l’amour qui vint nous chercher et qui porta Dieu à donner Son propre Fils pour nous.
- ↑ Le chapitre 7 de l’épître aux Romains découle de ceci.