Messager Évangélique:Notes sur le Psaume 119/Partie 4

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v. 67. « Avant que je fusse affligé, je m’égarais, mais maintenant j’observe ta parole. »

L’affliction vue ici dans ses fruits précieux, est rangée au nombre des grâces accordées au juste ; il lui a fallu cela, afin de rentrer dans le chemin de Dieu ; le cœur volontaire s’égare toujours, les sentiers qu’il se trace ne conduisent pas au but établi de Dieu. C’est donc une grâce pour le juste d’avoir été affligé ; sa chair a été broyée, sans doute ; mais le fruit qui en a été produit, combien ne vaut-il pas davantage que les choses auxquelles il a fallu renoncer ! « Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté ». Dieu ne veut pas que les siens errent, ce n’est pas un témoignage pour Lui ; Il a donné Sa Parole afin que le juste agisse en vue du glorieux but qu’elle révèle à son âme.

v. 68. « Tu es bon et bienfaisant, enseigne-moi tes statuts. »

Si donc Dieu prend la verge et qu’Il châtie, c’est dans Son amour qu’Il le fait ; même le juste n’est pas privé des effets de Sa bonté, il rend lui-même témoignage à la fermeté du caractère de Dieu : « Tu es, dit-il, bon et bienfaisant » ; — impossible que la porte de Ses compassions soit fermée à toujours. L’effet de toutes ces expériences pour le cœur du juste est qu’il se plaît dans l’obéissance, comme étant ce qui convient à l’homme et ce qui honore Dieu.

v. 69. « Les orgueilleux ont forgé des faussetés contre moi ; mais je garderai de tout mon cœur tes commandements. »

Or, si le juste est ainsi l’objet des soins de Dieu, Satan en est jaloux et il travaille, par des calomnies, à troubler la paix de son âme. — Mais le juste y est préparé, il ne craint pas les mauvais rapports ; son cœur est ferme, c’est sur l’Éternel qu’il s’appuie ; c’est pourquoi il gardera, malgré tout, les commandements de son Dieu, car son chemin ne peut être fermé. On peut comparer à ce sujet, ce que Jésus envoya dire à Hérode (Luc 13, 32).

v. 70. « Leur cœur est épaissi comme de la graisse, mais moi, je prends plaisir en ta loi. »

Ici l’état moral des méchants est en contraste avec celui du juste. La prospérité des méchants les perd, elle sert à les éloigner de Dieu ; ils ne voient pas que le chemin où ils sont est glissant, et tandis que le juste prend plaisir en la loi de Dieu, eux s’en éloignent.

v. 71. « Il m’est bon que j’aie été affligé, afin que j’apprenne tes statuts. »

Ce contraste conduit le juste à revenir sur les bons effets qu’a produits la discipline sous laquelle il a passé : il a reçu la correction, comme un enfant qui en comprend le but. — Mais quant aux méchants, ils en sont exempts : Dieu les laisse marcher selon leurs convoitises, car il n’y a aucun lien entre Lui et eux.

v. 72. « La loi que tu as prononcée de ta bouche m’est plus précieuse que mille pièces d’or et d’argent. »

Ici nous avons l’effet moral de la discipline sur le juste, la chair ayant été jugée ; il déclare maintenant combien il apprécie la Parole de Dieu, car ce n’est que dans l’obéissance qu’on en découvre la valeur. Hors de l’obéissance, l’œil n’est pas net, autre chose que la Parole occupait le cœur ; il fallait donc que Dieu intervînt et qu’Il châtiât pour rendre Son serviteur obéissant. Quant à Christ, jamais cela ne fut nécessaire, car chaque matin Son oreille était attentive aux enseignements de Son Dieu (És. 50, 4). — Au verset précédent, le juste apprécie le châtiment ; dans celui-ci, c’est la loi, car dans les jours d’affliction qu’il a rencontrés, il avait graduellement expérimenté de quel secours était pour lui la parole sortie de la bouche de Dieu, car c’est d’elle que le cœur tire la lumière qui seule peut le réjouir. Ainsi restauré, il établit sans obscurité le contraste de l’or et l’argent, avec la loi de l’Éternel, envisagés dans leurs effets respectifs sur le cœur. Hélas ! quand l’âme est loin de Dieu, souffrante et languissante, l’or et l’argent ne la restaurent pas.

Iod. — v. 73. « Tes mains m’ont fait et façonné, rends-moi intelligent, afin que j’apprenne tes commandements. »

Ce verset nous montre l’état spirituel du juste, sous un autre aspect. Ayant dû passer à travers bien des choses pénibles, il en avait néanmoins reçu du bien pour son âme ; même en ce qui concernait l’avenir de cet être que Dieu éprouvait et façonnait dans le creuset, son jugement était un jugement éclairé ; il a saisi qu’il est un vase que Dieu a créé et qu’Il prépare pour une destination future. Cette manière de comprendre la vérité touchant sa propre personne, lui donne l’idée de ce qui convient à quiconque est destiné au royaume et à la gloire de Dieu ; aussi la demande qu’il fait à Dieu est celle-ci : « rends-moi intelligent, afin que j’apprenne tes commandements ». Ces paroles font ressortir le progrès spirituel du juste ; il sent vivement que le châtiment, tout utile qu’il soit, n’est pas le seul moyen qui enseigne : dans la communion du Seigneur, l’on devient intelligent et l’on obéit sans faire la triste expérience du péché. Ce que le juste recherche ici, c’est l’obéissance dans la communion de Dieu.

v. 74. « Ceux qui te craignent me verront et se réjouiront, parce que je me suis attendu à ta parole. »

C’est de cette manière que notre adorable Sauveur a glorifié le Père — c’est ce genre d’obéissance qui a caractérisé Sa vie au milieu d’Israël. C’est pourquoi dans ce verset l’Esprit prophétique de Christ annonce quelle sera la joie du résidu juif, lorsque le Messie (duquel ce résidu aura été séparé pour un temps) paraîtra glorieux et triomphant. Au psaume 69, 6, nous trouvons une invocation fort touchante du Messie à l’Éternel : « Ô Seigneur, Éternel des armées ! que ceux qui se confient en toi ne soient pas rendus honteux à cause de moi ; que ceux qui te cherchent ne soient pas confus à cause de moi, ô Dieu d’Israël ! ». — Le résidu, ceux qui en Israël se confient en Lui, occupent Son esprit, ils s’attendent à Lui dans l’espérance que c’est Lui dont l’Éternel se servira pour établir un royaume à Israël. Dans notre verset, Christ fait mention de la joie de ce résidu, lorsque son espérance sera accomplie. Mais il y a plus, dans les jours de Sa chair, Christ fut un homme de foi, Il dut s’attendre à la parole de Dieu, dont les promesses faisaient seules Sa force et Sa joie ; or en tout ceci le caractère de fidélité du Messie était publiquement manifesté. Lui-même donc ne sera pas confus en ce qu’Il espère : « il jouira du travail de son âme et il en sera rassasié » ! C’est sur ce principe de la foi, que le Messie s’identifie au résidu et que, de son côté, le résidu s’identifie à Lui. Nous-mêmes, durant notre voyage ici-bas, nous sommes les objets de toutes les sympathies de Christ, Son cœur est toujours occupé de nous, jusqu’à ce que notre espérance soit accomplie.

v. 75. « Je connais, ô Éternel ! que tes jugements sont justes, et que tu m’as châtié selon ta fidélité. »

Ayant été ranimé par la certitude des choses, qu’avec l’œil de la foi, il contemple — le juste est ramené dans ses pensées aux jugements qui dépendent du gouvernement de Dieu, jugements qu’il a rencontrés et au caractère desquels il rend témoignage, en disant : « ils sont justes » ; la chair a pu y perdre, mais le cœur y a gagné ; car c’est un fruit paisible de justice que le châtiment a produit. Quel bonheur que Dieu châtie, car Son châtiment se lie à la glorieuse félicité que Dieu réserve au juste. Au reste, en châtiant, Dieu a agi selon Sa fidélité ; — Il ne pouvait pas y manquer en supportant le mal dans la chair ; — Il devait maintenir Son caractère, pour l’assurance et la joie de la foi, car s’Il ne juge pas la chair, accomplira-t-Il Ses promesses ? Telle est la méditation du juste ici, mais sa pensée a un champ plus vaste ; dépassant ses propres circonstances, il a devant lui tout ce qui est arrivé à Israël, à cause de ses transgressions : Dieu l’a jugé, et le résidu n’a pas échappé à ces jugements, bien qu’il fût net des choses pour lesquelles Dieu châtiait Son peuple. Il y a donc solidarité entre le résidu et la masse du peuple infidèle ; c’est là un fait dont nous avons un exemple en ce qui arriva à Josué et Caleb au désert ; l’un et l’autre étaient nets de l’incrédulité que manifestait la masse du peuple et cependant ils durent être avec le peuple, quarante ans dans le désert. L’élévation morale du résidu (fondée sur ce principe de solidarité) est caractérisée en ceci, que le résidu confesse le péché du peuple comme le sien propre (Dan. 9 ; — Néh. 1 ; — en particulier Ps. 69, 5).

v. 76. « Je te prie, que ta miséricorde me console, selon ta parole à ton serviteur. »

Ici ce n’est pas la justice qui est la consolation du juste, mais la miséricorde. Le juste ayant fait mention de l’état du peuple et du jugement de Dieu, il ne peut invoquer la justice pour sa consolation ; car aux termes de la loi, cela est impossible : « Maudit est quiconque ne persévère pas », etc. — Mais Dieu a parlé de miséricorde à Son serviteur, et pour un pécheur combien le son de cette parole est agréable ! — Or si Dieu fait la plaie, il est aussi Celui qui la bande, car « il y a pardon par devers lui, afin qu’il soit craint ».

Quelle grâce, lorsque la conscience que l’on a de ses propres fautes ne prévaut pas sur le sentiment que l’on a de la miséricorde de Dieu ! « Allons donc avec confiance au trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et d’être aidés dans le besoin ».

v. 77. « Que tes compassions se répandent sur moi et je vivrai, car ta loi est tout mon plaisir. »

Ayant invoqué la miséricorde qui seule console le cœur sous le poids de ses transgressions, le juste fait maintenant appel aux compassions de Dieu, « car il aura compassion de ceux qu’il aura affligés » (És. 49, 13). — Sa foi s’appuie sur les promesses écrites et son cœur a affaire avec un Dieu de miséricorde. Ce sentiment donne au juste toute liberté de demander, et c’est dans les promesses de son Dieu qu’il puise sa confiance pour compter sur l’intervention de Dieu en sa faveur. Or si Dieu intervient, Son intervention sera publique ; Il rendra la vie à Son peuple qu’Il relèvera de la poussière où il est comme mort (És. 26, 19). Ses compassions seront alors répandues sur ce peuple qui « est aimé à cause des pères ». — En attendant, la loi[1] de Dieu « fait ses délices » ; en elle le juste trouve la sagesse pour glorifier Dieu au milieu de l’iniquité des derniers jours et c’est en cela aussi qu’il découvre les plans de la miséricorde de Dieu en faveur de Son peuple. Ainsi, la loi de Dieu est pour le juste une source d’où jaillira l’eau qui restaurera son âme au milieu de l’iniquité des derniers jours.

v. 78. « Que les orgueilleux rougissent de honte, de ce qu’ils m’ont renversé sans sujet ; pour moi, je méditerai tes commandements. »

Or, si le juste est délivré et consolé, en sera-t-il de même des orgueilleux ? Ici, l’orgueil caractérise ceux qui, en Israël, ont méprisé le témoignage de Dieu et fait une méchante opposition à ceux qui en étaient les instruments. En conséquence, le juste, en raison de son caractère moral et de sa fidélité envers Dieu, est en butte aux procédés iniques des orgueilleux ; mais malgré tout, il poursuit son chemin, méditant sur ce qui révèle au cœur la volonté de Dieu. Les paroles de ce verset rappellent à notre esprit ce que Christ, Lui juste par excellence, a rencontré de la part des orgueilleux pharisiens, lesquels s’opposaient à Lui, ne pouvant supporter la vérité et la puissance de Son témoignage ; aussi a-t-Il pu dire d’eux : « ils m’ont haï gratuitement ». Il y aura pareillement, aussi à l’achèvement du siècle, lors de la reprise du témoignage en Judée, une opposition du même genre contre ceux dont Dieu se servira pour rendre témoignage à Christ ; et c’est à cela que ce verset fait particulièrement allusion.

v. 79. « Que ceux qui te craignent, et ceux qui connaissent ton nom, reviennent à moi. »

Ici, nous avons le Messie intercédant auprès de Dieu pour que les siens soient de nouveau réunis autour de Lui. Lors de la manifestation de la puissance des ténèbres, en Gethsémané, les disciples furent dispersés, abandonnant Jésus ; mais Dieu, « ayant ramené d’entre les morts le grand Berger des brebis par le sang de l’alliance éternelle », Le rend en quelque sorte au petit troupeau dispersé, pour lequel Jésus, en tant que ressuscité, devient le centre d’un nouveau rassemblement. Centre béni ! autour duquel la grâce souveraine, passant par-dessus la faiblesse des disciples, daignait encore les réunir après qu’Il fut ressuscité.

Un fait analogue s’accomplira probablement aux derniers jours, pour le résidu fidèle, lorsque sera placée, où elle ne doit pas être, « l’idole abominable » ; alors, par l’excès d’iniquité, « la charité de plusieurs se refroidira », et le résidu entrera dans une épreuve excessive, durant laquelle la faiblesse de ceux mêmes qui aiment Jésus, sera manifestée. Mais l’amour de Christ, cet amour immuable, ne peut oublier ni délaisser ceux qui Lui appartiennent ; — c’est pourquoi Il fait prophétiquement cette demande à Dieu : « que ceux qui te craignent, et ceux qui connaissent ton nom, reviennent à moi ». Ici, nous retrouvons le caractère de Christ, serviteur dépendant ; c’est selon le bon plaisir de Dieu qu’Il veut que les siens soient de nouveau autour de Lui, et pas autrement. Il est doux de penser que quelle que soit la puissance du mal qui disperse les brebis de Jésus, elles seront réunies autour de Lui, « car rien ne peut les ravir de ses mains ».



  1. Le mot loi revenant fréquemment dans ce psaume, il est nécessaire que le lecteur n’en limite pas le sens aux dix paroles écrites du doigt de Dieu sur Sinaï ; car les livres de Moïse et les Psaumes sont aussi appelés : la loi (Jean 10, 34 ; 15, 25 et Luc 24, 44). Ici donc le mot loi comprend l’ensemble de ce qui a été révélé sous l’Ancien Testament.