Messager Évangélique:Notes sur le Psaume 119/Partie 5

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v. 80. « Que mon cœur soit intègre dans tes statuts, afin que je ne sois pas confus. »

Quels que soient l’attente et l’espoir du juste, il sent le besoin d’être gardé dans l’intégrité, surtout en ce qui a rapport à la vérité ; et cela est d’autant plus nécessaire lorsque le mal envahit le témoignage de Dieu. C’est en vue de cela que Paul, écrivant à Timothée, insiste auprès de lui au sujet de la doctrine ; — qu’il exhorte les saints à garder la foi avec une bonne conscience ; — à être sains en la foi, etc. En effet, la conscience du mal qui nous entoure, jointe à la connaissance que nous pouvons avoir de notre profonde faiblesse, nous poussera à faire nous-mêmes une demande semblable à celle exprimée dans notre verset. Quelle grâce lorsqu’on possède cette droiture qui caractérise, en toute chose, ceux qui craignent Dieu ! Alors, il n’y a pas à rougir quand tout est manifesté.

Ce besoin d’intégrité est le fruit de la grâce dans le cœur ; aussi Paul, dans toutes ses épîtres, demande-t-il pour ses frères, « que la grâce soit avec eux », en vue des effets qu’elle pouvait produire.

Caph. — v. 81. « Mon âme s’est consumée en attendant ta délivrance ; je me suis attendu à ta parole. »

Ici, la position du juste devient critique — autour de lui tout est sombre — son âme est de toutes parts saisie de tristesse et la fournaise où sa foi est éprouvée est ardente. Toutefois, c’est le salut de Dieu qu’il attend, et cette délivrance occupe sa pensée, car la délivrance qui vient de l’homme n’est que vanité ! Mais la Parole de Dieu est seule une garantie pour l’âme, car elle est un rocher où la foi peut mettre le pied, au milieu de la tourmente qui environne le juste.

Notre verset nous montre donc le juste sous le poids de l’indignation de Dieu, mais jouissant, malgré sa souffrance, de la parole de Dieu qui, lorsque « le peuple est comme l’herbe » que le feu consume, « demeure éternellement ». C’est là que le juste apprend que la colère de Jéhovah ne durera pas toujours. Le juste doit donc attendre, « et posséder son âme par la patience », car « Celui qui garde Israël ne sommeillera point et ne s’endormira point ».

v. 82. « Mes yeux s’éteignent en attendant ta parole, et je dis : Quand me consoleras-tu ? »

Au verset précédent, l’âme est consumée ; cette expression désigne la souffrance intérieure et morale du juste ; ici, « ses yeux s’éteignent » — expression figurée qui donne l’idée de ce qui se passe dans le cœur de celui qui est dans la fournaise : il y a des luttes dans son esprit, luttes durant lesquelles les choses les plus simples paraissent embrouillées et obscures ; c’est ainsi que l’ennemi cherche à envelopper l’âme du juste d’un nuage ténébreux, afin d’affaiblir la lumière dont il a besoin, dans ces moments de lutte — il y a de ces moments où il semble que tout est ruiné. Mais heureusement pour le juste, « ces jours-là seront abrégés » et si quelquefois il nous semble que Dieu tarde dans l’accomplissement de Ses promesses, l’âme peut néanmoins compter sur la consolation qui est réservée pour le juste. Ces paroles : « Quand me consoleras-tu ? » expriment l’attente patiente du juste et sa foi en Dieu. Remarquons, à ce sujet, que la consolation dont il s’agit ici, est celle dont jouira Israël à la suite de l’intervention de Dieu en sa faveur, pour le délivrer de l’oppression des Gentils. Ceux qui, durant ce temps de calamité pour ce peuple, auront manifesté leurs sympathies en menant deuil sur son état, participeront aussi à sa consolation (És. 66, 12).

v. 83. « Car je suis devenu comme une outre mise à la fumée, mais je n’oublie point tes statuts. »

Voilà bien ce que devient l’homme — la chair — sous le feu de l’épreuve ; ce feu qui consume en un moment sa beauté, sa peau se noircit comme un four (Lam. 5). — Or, être sous l’indignation de Dieu, quelle chose ! — Souffrir pour la justice est un sujet de joie, mais être amené sous la verge de Dieu par le péché, quelle terrible chose ! Dieu n’a alors aucun égard pour la chair ; il faut qu’elle soit consumée. « C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ». — Que dans un pareil moment, il paraisse au juste que tout est perdu — « qu’il s’en va comme une ombre qui décline » (Ps. 109, 23) — tout cela se comprend ; mais Dieu soutient toujours la foi, c’est pourquoi les sentiments que produisent la souffrance et le découragement ne sont heureusement que l’affaire d’un moment, car la foi reprenant le dessus, le juste en revient aux statuts du Seigneur ; il ne doit pas, même il ne peut pas les oublier ; car eux seuls peuvent le guider et garder en tout et partout.

v. 84. « Combien dureront les jours de ton serviteur ? Quand jugeras-tu ceux qui me persécutent ? »

C’est des jours de son affliction — de l’affliction mentionnée en Matthieu 24, 29 — que le juste fait mention ici ; il désire en connaître le terme, car alors ses luttes cesseront. Mais le juste, sans comprendre pourquoi Dieu use de patience envers les méchants, demande leur jugement. Au psaume 144, 3-6, il les estime si peu, qu’il déclare qu’il ne vaut pas la peine que Dieu les supporte : « Ô Éternel ! qu’est-ce que l’homme que tu aies soin de lui ? du fils de l’homme que tu en tiennes compte ?… lance l’éclair, et les dissipe ; décoche tes flèches et les mets en déroute ». De tels sentiments peuvent étonner ceux qui vivent sous la grâce, mais il faut se souvenir que, pour un Juif pieux, il ne s’agit pas du règne de la grâce, mais du règne de la justice, et que sous ce régime-là, les sentiments du juste s’y rapportent, car en effet, ce sont des méchants qui oppriment le juste, et la délivrance du résidu ne peut avoir lieu que par le jugement des adversaires. Sous l’évangile, le juste souffre et fait grâce (Act. 7, 60) ; sous la loi, il souffre et demande vengeance : « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu pas notre sang de ceux qui habitent sur la terre ? » (Apoc. 6, 10). Ce cri est celui d’âmes fidèles appartenant au régime que caractérise leur cri.

v. 85. « Les orgueilleux m’ont creusé des fosses, ce qui n’est point selon ta loi. »

Un autre trait de l’iniquité des méchants, c’est que, non contents de persécuter le juste, ils lui tendent des pièges pour le faire tomber ; car « ces fosses creusées » désignent des occasions de chute au moyen desquelles ils espèrent qu’il tombera. En Daniel 6, un fait analogue nous est rapporté ; il peut nous donner l’idée de ce que veut exprimer le juste dans ce verset. La conduite de Daniel, dans son service envers le roi, était exempte de tout reproche ; c’est pourquoi les méchants de son entourage, faisant artificieusement tomber le roi Darius dans un piège, l’amenèrent à faire un édit qui était, selon l’expression de notre verset, une fosse, creusée devant ce Juif fidèle qui, étant fortifié par la foi, triompha de cette tentation ; il préféra être jeté dans la fosse aux lions, plutôt que de déshonorer Dieu.

Le résidu juste sera, dans les derniers jours, soumis à une semblable épreuve ; alors que l’idolâtrie aura atteint un si haut degré de développement, surtout en Judée (Matt. 24, 15 et Apoc. 13, 15).

v. 86. « Tous tes commandements ne sont que fidélité ; ils me persécutent, assiste-moi. »

Or, la tentation est sans effet, si le cœur garde la parole, et les commandements de Dieu sont « la cuirasse de la justice », contre laquelle s’émoussent les traits les plus acérés du méchant. La Parole fut pour Jésus, dans le désert, l’arme puissante par laquelle Il triompha de Satan. Satan se retira, mais seulement pour un temps. C’est toujours ce qui a lieu lorsque les méchants n’ont pu ébranler le juste, dont la fidélité à garder les commandements de Dieu les excite plutôt que de les enseigner ; c’est ce qui donne lieu aux persécutions. Quoi qu’il en soit, Dieu est près du juste, « ses oreilles sont attentives à ses prières » et dans cette certitude, son cœur est ferme au sein même de la persécution. Paul aussi fit l’expérience de la fidélité et de l’assistance de Dieu, lorsque lui et ceux qui étaient avec lui furent en danger de mort, et chargés au-delà de leur force ; mais Dieu les aida et les délivra d’une si grande mort (2 Cor. 1, 9-10) ; et fortifiés par l’assurance que Dieu les délivrerait à l’avenir, ils n’étaient nullement effrayés à la pensée des difficultés qui surgiraient encore sur leur chemin.

v. 87. « Encore un peu, et ils me détruisaient sur la terre, mais je n’ai point abandonné tes commandements. »

Dieu ayant délivré le juste, il a un moment de répit — il respire un peu ; alors regardant en arrière, aux circonstances qu’il a traversées, il juge que sans l’intervention de Dieu, les méchants l’auraient détruit. En cette circonstance, la satisfaction de l’âme est augmentée, par le fait que la persécution que le juste a endurée, n’a pu atteindre la conviction de son cœur, ni affaiblir sa foi ; « car », dit-il, « je n’ai point abandonné tes commandements ». Cette remarque rappelle le fait rapporté en Apocalypse 2, 13 — « … tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite ». Le mépris et la haine du monde sont moins dangereux pour la foi, que ses bonnes grâces. Dans la persécution, Satan se présente ostensiblement ; mais lorsqu’il séduit il se transforme en ange de lumière, et dans ce cas il est plus dangereux.

v. 88. « Fais-moi vivre par ta miséricorde, et je garderai le témoignage de ta bouche. »

Il nous faut remarquer avant d’aller plus loin, que les délivrances partielles qu’a obtenues le juste, ne sont pas la délivrance qu’il attend, délivrance qui rendant à Israël son existence comme peuple, sera comme un relèvement d’entre les morts (Rom. 11, 15). — Or, jusqu’à ce que cet événement arrive, le juste est dans l’attente. Ici, le juste a le sentiment qu’il faut que Dieu intervienne, qu’Il intervienne en miséricorde. À l’occasion des péchés d’Israël, Dieu était intervenu en jugement et la conséquence en avait été la dispersion du peuple que Dieu avait mis à part pour Lui. Lorsque Dieu s’occupera d’Israël pour le rassembler de nouveau, ce sera selon Sa miséricorde. Il ne s’agit pas ici de justice, mais de miséricorde. Quel bonheur pour le pécheur de rencontrer Dieu en miséricorde ! — En lui il n’y a qu’offenses — en Dieu il y a miséricorde ! L’intelligence spirituelle se montre toujours par la conscience que l’on a de son propre état et par l’appréciation que l’on fait de la miséricorde de Dieu. La miséricorde est aussi le motif de toute fidélité envers Dieu ; c’est par elle que Dieu a relevé le coupable, lequel peut, à son tour, garder le témoignage de la bouche de Dieu. L’œuvre de la miséricorde se montre aussi dans ce dernier cas, c’est par elle que le pauvre pécheur devient un monument et un témoin de la miséricorde.

D’un autre côté, si Dieu nous révèle Ses pensées — s’Il nous donne l’intelligence de Ses voies, ce n’est que par voie de miséricorde. Ce sentiment fut sans doute celui qui porta quelques captifs à Babylone, à implorer la miséricorde de Dieu, pour obtenir l’interprétation que le roi demandait de son songe (Dan. 2, 18). Il en est de même de nous lorsque la bonne Parole de Dieu fait le sujet de notre méditation, nous devrions toujours implorer la miséricorde de Dieu pour recevoir l’intelligence de Ses pensées. Que Dieu nous donne par Sa miséricorde de garder Son propre témoignage !