Écho du Témoignage:Méditations sur le psaume 23/Partie 1

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Verset 1. — « L’Éternel est mon Berger, je n’aurai point de disette ». C’est là assurément l’expression d’un cœur qui est occupé et rempli du Seigneur Lui-même. Il se peut que ce soit l’expression d’un cœur qui n’a connu le Seigneur que comme Jéhovah révélé à Israël, ou bien d’un cœur qui L’a connu comme le Jéhovah-Jésus qui sauve Son peuple de ses péchés ; mais c’est évidemment le langage d’une âme pieuse, juive ou chrétienne, qui fait du Seigneur son unique attente. Ce verset révèle une âme qui dans toutes les circonstances, se repose sur les soins immanquables et jouit des ressources variées du Berger bien connu des brebis. Et cela, non pas seulement pour le temps actuel, mais pour tous les temps, et pour toujours.

C’est là une foi précieuse ! Prends-en note, ô mon âme, et médite attentivement la chose ; elle est des plus pratiques. « L’Éternel est mon Berger ». C’est une foi qui s’élève au-dessus de ce qu’Il donne, de ce qu’Il fait ou de ce qu’Il promet, quelque bénies que soient ces choses pour se reposer tranquillement sur ce qu’Il est Lui-même. Et de même que les yeux d’Abraham ne s’arrêtèrent pas sur les promesses lorsqu’il avança sa main pour sacrifier son fils, mais bien sur Celui qui avait fait les promesses ; de même ici les yeux du pèlerin sont fixés sur l’Éternel, de sorte qu’il peut dire : « Je n’aurai point de disette ». Lorsqu’une telle confiance remplit le cœur, la paix, le repos et la tranquillité caractériseront la vie.

Mais connais-tu, ô mon âme, la source secrète de cet état béni ? Comment se fait-il que si peu atteignent une pareille mesure ? Es-tu de ce petit nombre ? Possèdes-tu une semblable joie et une semblable confiance au milieu même des circonstances du désert ? Ce « l’Éternel est mon Berger » retentit comme la voix de quelqu’un qui est dans l’allégresse. « Je n’aurai point de disette », voilà l’expression d’une confiance tranquille.

Lorsque nous aurons appris les leçons profondes du psaume 22, nous comprendrons le chemin que nous fait suivre le vingt-troisième ; et plus tard nous nous réjouirons dans l’espérance de la gloire du vingt-quatrième. Ces trois psaumes sont liés ensemble, mais le vingt-deuxième nous présente la première leçon. Pour apprendre à connaître la grâce qui resplendit sur le sentier du pèlerin dans le vingt-troisième et qui cause la gloire dans le vingt-quatrième, il faut que nous connaissions la grâce qui brille dans les souffrances de Christ au vingt-deuxième. La grâce et la gloire sont dues à Celui qui souffrit et à tous ceux qui Le reconnaissent aux jours de Sa réjection. Pour arriver au vingt-troisième il faut que nous parcourions avec foi le vingt-deuxième ; il n’existe pas d’autre chemin, et une fois là nous découvrons que ce qui suit, c’est la gloire. Le chrétien occupe en esprit une telle position ; il est placé entre les souffrances et la gloire — entre la croix et la couronne. Il porte ses regards en arrière sur l’une et en avant sur l’autre. Le péché, la mort, le jugement, le tombeau, le monde, Satan, toutes ces choses sont passées pour lui. La victoire sur tous nos ennemis, voila le sceau que porte notre vie de résurrection.

Les trois grands aspects que revêt le caractère du Seigneur comme Berger dans le Nouveau Testament, nous enseignent les mêmes précieuses vérités. Il se présente : 1° comme le « bon Berger », qui donne Sa vie pour Ses brebis (comp. Jean 10 avec le psaume 22) ; 2° comme « le grand Pasteur ramené d’entre les morts ». Il prend soin des brebis durant leur traversée du désert (comp. Hébreux 13 et psaume 23) ; 3° comme « le souverain Pasteur qui en son apparition et en son règne donnera la couronne inflétrissable de gloire à tous » Ses bergers (comp. 1 Pierre 5 avec le psaume 24). Si nous connaissons ainsi le Seigneur, notre confiance en Lui ne peut offrir un seul instant de doute. Nous connaîtrons Son amour, Ses soins, Sa puissance, Sa grâce, Sa bonté comme le Berger des brebis. Ayant traversé Lui-même le désert, Il connaît tous les dangers et toutes les difficultés du chemin.

Le fait que notre bien-aimé Seigneur prend Lui-même pour nous cette place de soins et de responsabilité, est digne d’une attention toute particulière. Au huitième chapitre de l’évangile de Jean, Il est rejeté comme la lumière et la vérité. Au neuvième, Il est rejeté dans Son œuvre ; et ainsi rejeté par les Juifs dans Sa personne et dans Son œuvre, Il prend, au dixième chapitre, Sa place d’une manière formelle en dehors de la bergerie juive. Maintenant Il rassemble les pauvres du troupeau autour de Lui-même comme étant le nouveau centre. « Elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau (remarquez qu’il est parlé de troupeau et non de bergerie) et un seul berger ». Elles sont un « petit troupeau » avec Lui-même en dehors de la bergerie juive. Elles ont été rejetées de la synagogue, mais en Lui elles possèdent toute bénédiction. Les apparences peuvent être contre elles, mais Sa parole les assure d’un salut actuel et d’une heureuse liberté. « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira et trouvera de la pâture ». Quel contraste avec les limites étroites d’Israël — le lieu de l’esclavage ! Maintenant elles ont la pleine assurance de leur salut et aussi elles peuvent entrer dans le sanctuaire de la sainte présence de Dieu pour adorer, et en sortir pour accomplir un service au milieu d’un monde qui périt. Mais ce n’est pas là tout — la grâce abonde — une tendresse et un intérêt profonds rejaillissent de Son cœur pour tous ceux qui Le suivent ayant tout quitté — qui Le suivent dans Sa réjection, ou, comme le dit l’apôtre, qui sortent vers Lui hors du camp portant Son opprobre — partageant Sa réjection. C’est pour ceux-là, d’une manière spéciale, que fut donnée cette merveilleuse révélation de la grâce. « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent. Et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne les peut ravir de la main de mon Père. Moi et le Père nous sommes un ». Ces versets seront lus avec dix fois plus d’intérêt si nous comprenons les circonstances dans lesquelles ils ont été prononcés ; mais notre intérêt sera beaucoup augmenté encore si nous nous trouvons nous-mêmes dans des circonstances analogues.

Mais l’on objectera peut-être que David, l’écrivain de ce psaume, ayant vécu longtemps avant l’humiliation et la croix de Christ, ne pouvait rien connaître de toutes ces choses. Cela est vrai jusqu’à un certain point ; mais il savait ce que c’était d’être rejeté par l’homme et de s’attendre uniquement à Dieu, et cela même après qu’il eut été choisi et oint par le Seigneur. David et ses compagnons dans la caverne d’Adullam typifient Christ et ceux qui se groupent autour de Lui. Mais nous ne doutons pas que « l’Esprit de Christ » en David ne l’ait conduit à écrire ce psaume d’une telle manière qu’il pût, à la fois, s’appliquer aux Juifs et aux chrétiens et être en même temps l’expression véritable de ce qu’expérimentent les uns et les autres ; seulement il l’est assurément d’une manière beaucoup plus élevée et spirituelle pour ce qui nous concerne.

La religion juive a eu sa place et son jour avant la croix ; le christianisme est venu après ; c’est là ce qui fait toute la différence. Nous ne connaissons pas le Messie selon la chair, mais comme un Christ ressuscité et entré dans la gloire céleste. Nous sommes associés avec Lui dans cette position. Le judaïsme avait un caractère terrestre. Son service était divin et son sanctuaire terrestre. Quant au christianisme, il est céleste. Les chrétiens sont assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Notre place est en dehors du camp avec Christ comme Ses témoins, et en dedans du voile avec Lui comme Ses adorateurs. Et notre heureux privilège est de pouvoir, de ce point de vue céleste, méditer sur les riches expériences de ce délicieux psaume et de le considérer à la pleine lumière de l’évangile.

Verset 2. — « Il me fait reposer dans des parcs herbeux, et me mène le long des eaux paisibles ». L’effet produit par la connaissance de Jésus comme le bon et souverain Berger apporte le repos à l’âme et la jouissance paisible de Son amour et de Sa grâce. Le connaître Lui-même, c’est la vie — la vie éternelle. Connaître Son œuvre, c’est la paix — la paix parfaite. « Il me fait reposer » (ou étendre, vers. angl.) « dans des parcs herbeux ». S’asseoir, c’est prendre du repos ; mais être étendu, voilà qui donne l’idée d’un plein et parfait repos — d’un repos complet. C’est là ce que le bon Berger procure — ce à quoi Il nous conduit, mais ce que nous n’acceptons pas toujours, hélas ! Nous errons souvent à travers champs, dans des lieux sans herbage et le long d’eaux troubles et non paisibles. Mais un tel état résulte de l’incrédulité et de ce que nous sommes occupés de nous, et ne vient pas du tout de la direction et des soins du Berger. Son désir est que le plus faible de Son troupeau soit dégagé de toute anxiété quant à l’avenir. L’amour prévoyant du Berger suffit. Il s’est chargé du soin de tous ceux qui Le suivent. Il ne nous reste qu’à veiller à suivre soigneusement la direction de Son œil et à nous confier en Son immuable fidélité. « Je te guiderai de mon œil »« Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ». Telles sont Ses propres déclarations. De quoi Ses brebis auraient-elles besoin ? Il se peut qu’elles soient éprouvées durant leur marche à travers le désert et qu’elles soient prêtes à défaillir à cause de la fatigue ; mais rappelons-nous que la grâce du Seigneur ne défaudra jamais et que nous pouvons, que nous devons toujours compter sur Lui et sur ce que nous possédons en Lui. Il sera avec nous jusqu’à la fin. Nous pouvons tranquillement demeurer avec Lui. Il nous fait reposer dans des « parcs herbeux » — au milieu de la plus grande abondance — nous reposons dans les richesses de Sa grâce et Il nous conduit toujours auprès des eaux paisibles.

La paix, l’abondance et la sécurité caractérisent donc la portion du troupeau bien-aimé du Seigneur. « Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Ce magnifique passage qui nous dépeint d’une manière si touchante les délices que le Seigneur prendra dans le résidu scellé d’entre les Gentils s’accomplira littéralement durant le millénium à l’égard de tous ceux qui seront fidèles au « Roi de gloire » (comp És. 49 avec Apoc. 7). Mais il a déjà son application, dans un sens spirituel, pour chaque brebis et chaque agneau du troupeau privilégié et bienheureux de Christ. Mais connais-tu pour toi-même cette vérité bénie, ô mon âme, est-ce là ta propre expérience ? La Parole de Dieu seule peut en donner la connaissance, et la foi en communiquer la jouissance au cœur. « Car nous marchons par la foi et non par la vue ». Notre repos et notre abondance ne sont ni charnels, ni mondains, mais spirituels et célestes.

Lorsque le cœur est simple, tout devient facile ; et nous avons souvent entendu les plus faibles chanter la délivrance d’un cœur joyeux, à peine la nouvelle naissance était-elle opérée.

Plus loin, nous apprenons que la mesure de notre bénédiction est la mesure même du Seigneur. « Parce que tel qu’il est, tels aussi nous sommes dans ce monde ». « Quiconque boit de cette eau-ci » (de l’eau du puits de Jacob) « aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif, à jamais ». Les puits les plus profonds des joies humaines sont bientôt desséchés, mais « les fontaines des eaux de la vie » ont leur source dans le cœur de Dieu qui ne peut faire défaut. Et ailleurs le Seigneur Jésus dit : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura pas de faim ; et celui qui croit en moi, n’aura jamais soif » (Jean 6). Et de plus, comme la branche sauvage entée sur l’olivier franc se nourrit de sa riche et abondante sève, et comme les membres d’un corps reçoivent leur nourriture de la tête, de même aussi nous sommes unis d’une manière vitale à Christ et nous nous nourrissons de Lui pour le temps et pour l’éternité.

Mais dans le passage qui est devant nous, il est plutôt question de la nourriture que l’Agneau nous donne que de celle qu’Il est pour nous. « Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra, et les conduira aux fontaines des eaux de la vie ». Les deux choses sont d’une réalité bénie ; mais la première est plus en rapport avec les pensées du vingt-troisième psaume. Celui qui a laissé Sa vie pour Ses brebis et qui les a lavées de leurs péchés dans Son propre sang, les nourrit maintenant et les conduit de Sa propre main. Quelle grâce ! Quelle douce tendresse ! Être protégés et nourris dans notre voyage à travers ce désert par la main même qui a été percée à cause de nos péchés ! Cela ne devrait-il pas remplir nos cœurs d’une confiance parfaite en notre Berger, quelles que puissent être d’ailleurs les épreuves et les difficultés nombreuses du chemin !

La grande affaire est incontestablement de Le connaître Lui-même et de savoir ce que nous sommes vis-à-vis de Lui et ce qu’Il est pour nous. Qu’a-t-Il fait dans le passé, que fait-Il actuellement et que fera-t-Il dans le futur pour manifester Son amour ? Son œuvre grande et merveilleuse n’est-elle pas sommairement résumée en ceci : Lorsque nous avions tout perdu, l’âme, la sainteté, le bonheur et Dieu, Il ne ramène pas seulement le pécheur perdu à Dieu mais, oh ! vérité merveilleuse, vérité ineffablement bénie ! Il ramène Dieu à l’âme ! et cela est tout, car « Dieu est amour ». Il est le Dieu vivant, l’unique source de la vie, de la sainteté et du bonheur de l’âme. Oh ! quelle vérité ! Qui peut en apprécier la valeur ? Arrête-toi pour la considérer, ô mon âme — l’âme retrouvée pour Dieu, et Dieu retrouvé pour l’âme. Quel recouvrement ! Quelle réconciliation ! Non pas, remarque-le, que Dieu eût besoin d’être réconcilié avec nous ; non, Dieu ne fut jamais l’ennemi de l’homme ; bien au contraire. Il nous a tellement aimés lorsque nous étions encore dans nos péchés qu’Il a donné Son Fils, afin qu’Il mourût pour nous. Et il est positivement déclaré que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec soi, ne leur imputant point leurs péchés ». Le cœur de Dieu n’avait nullement besoin d’être gagné en notre faveur, que Son nom en soit béni ! Mais la croix était indispensable pour que Dieu pût recevoir par elle la propitiation, et pour que nous fussions réconciliés. Nous étions, hélas ! ennemis de Dieu par nos entendements en mauvaises œuvres, mais l’amour a triomphé en la croix ; car, par cette justice, la réconciliation a été accomplie et l’inimitié de l’homme contre Dieu détruite. « Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pier. 3, 18).

Et maintenant, ô mon âme, considère attentivement dans tes méditations ce côté si attrayant de l’amour de Dieu pour nous ; il est propre à calmer plus d’une inquiétude, à te consoler dans toutes tes angoisses et à te remplir déjà maintenant d’une joie ineffable et glorieuse. Prête aussi l’oreille à cette parole d’une esquisse tendresse qui a pour objet l’issue de ton pénible voyage à travers cette vallée de larmes : « Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». De Sa propre main Il essuie la dernière larme qui puisse obscurcir l’œil du pèlerin. Ne pouvons-nous pas dire que c’est là le privilège de l’amour réclamé par le Père pour tous Ses enfants ?

Verset 3. — « Il restaure mon âme et me conduit par des sentiers unis pour l’amour de Son nom ». Quoique nous nous trouvions sous les soins fidèles et sous l’œil vigilant du bon Berger, nous avons cependant à traverser un monde où de nombreux et puissants ennemis nous environnent et obstruent notre chemin. Nous sommes parfaitement assurés que « le dieu de ce monde nous hait » parce qu’il sait que lorsqu’il sera enfermé dans l’abîme, nous jouirons d’une pleine liberté dans la gloire avec Christ. Il n’est aucun livre de la Bible qu’il haïsse autant ou dont il cherche autant à empêcher la lecture que celui de l’Apocalypse. Et pourquoi cela ? Parce que sa ruine et son éternelle misère y sont clairement annoncées et qu’il désire les soustraire aux regards de l’homme. Hélas ! combien il a réussi dans ses efforts contre cet utile et précieux volume. Beaucoup de personnes supposent qu’il ne peut être compris et que la lecture en est sans profit, tandis que le Seigneur a rattaché une bénédiction spéciale à la lecture et à l’intelligence de ce livre. « Bienheureux est celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche » (chap. 1, 3). Les voies de Dieu en jugement non seulement à l’égard de Satan, la source de tout mal, mais aussi à l’égard des Juifs, des Gentils et de l’Église de Dieu, y sont développées. Il nous y montre de quelle manière Il réglera les comptes avec chacun. Il ne saurait y avoir de millénium avant que ces jugements aient eu lieu. « Le tribunal des méchants qui machine du mal contre les règles de la justice sera-t-il joint à toi ? ». Il est extrêmement important d’apercevoir quels doivent être les résultats ou l’issue de ces trois grandes divisions de l’humanité. D’autres livres nous font voir leurs manquements ou leur décadence, mais l’Apocalypse nous fait envisager l’apostasie et la mise de côté de ces catégories, ou classes, considérées comme les témoins responsables de Dieu sur la terre. Mais il y a plus que cela ; l’Apocalypse nous montre le Seigneur Jésus Christ prenant, après la chute des autres, la place de témoin fidèle et véritable et replaçant toutes choses sur un nouveau pied afin que Dieu puisse être pleinement glorifié dans la scène même où Il a été déshonoré. « L’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu dit ces choses… Jésus Christ le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le prince des rois de la terre ». (Apoc. 3, 14 ; 1, 5).

Mais nous ne pouvons pas encore nous écrier dans le langage du vingt-quatrième psaume qui est purement millénial : « La terre appartient à l’Éternel, avec tout ce qui est en elle, la terre habitable et ceux qui y habitent ». Non assurément ; car nous nous trouvons toujours sur le terrain du vingt-troisième psaume, comme les brebis de Christ au milieu de beaucoup de faiblesse, et Satan est encore « le prince de ce monde » — « le prince de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». De là, les épreuves nombreuses et les afflictions du chemin, et de là aussi le besoin pressant de la grâce restaurante et consolante du Seigneur. Satan emploie tous les moyens en son pouvoir pour nuire aux brebis de Christ ou pour les épouvanter durant leur passage à travers son territoire. Il dresse plus d’une embûche sous leurs pas et dore plus d’un tableau trompeur, pour détourner leurs yeux du bon Berger qui marche devant elles. L’ennemi sait assez que, si elles suivent de près les pas de leur Berger, tous ses efforts et ses attraits demeureront inutiles. Celui qui marche devant son troupeau rencontre tous les dangers et les écarte avant que Ses brebis y arrivent, que Son nom en soit béni. Toutes les difficultés s’évanouissent en Sa présence et tous les ennemis demeurent impuissants devant Lui. La grande leçon que nous devons apprendre dans le désert, c’est une entière dépendance du Seigneur.

Lorsqu’Israël eut traversé victorieusement les profondeurs de la mer et qu’il eut été placé en triomphe comme les rachetés du Seigneur à l’entrée du désert, sa rédemption était complète, mais Canaan n’était pas encore atteint. Le désert avec ses difficultés et ses tentations devait encore être parcouru, car le Seigneur voulait y enseigner à Son peuple plus d’une leçon importante. Mais avant que le peuple eût été appelé à faire ces expériences, Dieu s’était fait connaître à lui dans Sa grâce et dans Sa puissance comme le grand « Je suis », dans la délivrance glorieuse du pays d’Égypte. Il avait agi pour le peuple dans une grâce parfaite au moyen du sang de l’agneau ; jusque-là tout était grâce entière, et Israël aurait dû reconnaître que Dieu était digne de toute sa confiance.

Comme caractérisant le désert, la première chose qui se rencontre est une difficulté. Dans quelle direction trouver notre route vers Canaan ? C’est là une question que tous les Israélites pouvaient naturellement se poser les uns aux autres, car aucun chemin n’était tracé devant eux ; un aride désert seul s’offrait à leurs pas. Que faire dans de telles conditions ? Précisément ce qu’ils auraient toujours dû faire et ce que devraient faire en tout temps les rachetés du Seigneur — regarder en haut. Ils y auraient vu dans la nuée Jéhovah Lui-même, le vrai Berger d’Israël, marchant devant eux. Le suivre était leur unique sûreté ; leur affaire consistait à n’avoir aucune volonté, aucun désir, aucun chemin à eux, mais de Le suivre Lui seul dans la pleine assurance qu’Il les conduirait par la meilleure voie jusque dans la terre promise. Oh ! combien Israël eût été heureux si tel avait été alors le cas ! Et combien il nous serait avantageux à nous aussi de suivre ainsi de près le Seigneur — « le Berger et le surveillant de nos âmes ».

Mais une autre épreuve, plus profonde encore, devait bientôt survenir pour Israël. La connaissance d’une rédemption accomplie, la pleine assurance du pardon et la jouissance de la faveur de Dieu ne nous dispensent jamais des épreuves et des mécomptes de ce monde. Nous avons une foule de leçons profitables, mais pénibles à apprendre dans le désert. Si nous n’étions jamais dans le besoin nous ne connaîtrions jamais non plus le secours. La restauration divine est surtout précieuse à l’âme souffrante et accablée. « Après cela Moïse fit partir les Israélites de la mer Rouge et ils tirèrent vers le désert de Shur, et ayant marché trois jours par le désert, ils ne trouvaient point d’eau. De là, ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient point boire des eaux de Mara parce qu’elles étaient amères ». Quel désappointement ! Après trois jours de marche à travers le désert, ne point trouver d’eau, et lorsqu’ils en trouvent enfin, découvrir qu’elle est amère ! Quelle épreuve ! Mais Jéhovah, le grand « je suis », se trouvait là, et la foi pouvait, même en de telles circonstances, s’écrier : « L’Éternel est mon Berger, je n’aurai point de disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux et me mène le long des eaux paisibles. Il restaure mon âme ». Sa grâce ne défaut jamais. Si je me fatigue et me lasse, « Il restaure mon âme ». Si je m’oublie et que je commette quelques manquements, « Il restaure mon âme » ; et plus encore : « Il me conduit pour l’amour de Son nom par des sentiers unis ». Quel miséricordieux Seigneur ! Il maintient mon âme, en dépit de toute ma faiblesse, dans les sentiers de la vraie sainteté. Tel est le langage d’une foi calme et patiente. D’un autre côté, le cœur naturel serait disposé à raisonner et à dire : Cela peut-il être de l’amour ? Le Seigneur ne se soucie-t-il pas de Son peuple, après l’avoir retiré de la main de l’ennemi ? Oh ! oui assurément ; ayez seulement patience. Il lui apprend une leçon utile pour le temps actuel, pour le futur et pour l’éternité même, une leçon qui, bien apprise, vaut tous les désappointements du désert. C’est là l’objet que se propose Son amour parfait dans l’épreuve actuelle.

« Et le peuple murmura contre Moïse, en disant : Que boirons-nous ? ». Et que pouvait un homme, que pouvait Moïse, demanderons-nous, au milieu d’un tel état de choses ? Uniquement, comme nous l’avons déjà dit — regarder en haut. « Et Moïse cria à l’Éternel, et l’Éternel lui enseigna un certain bois qu’il jeta dans les eaux et les eaux devinrent douces ». C’est ainsi que le Seigneur adoucit les eaux amères. Les murmures ne les adoucirent pas, ni quoi que ce soit d’autre venu du peuple. Le remède du Seigneur seul, appliqué selon Ses propres directions, fut efficace. Lui seul peut adoucir la coupe amère, mais Il le peut toujours, et Il le fait toujours — que Son saint nom en soit béni ! Mieux vaut une coupe amère, avec le Seigneur pour l’adoucir, que de n’en point avoir ; — mieux vaut mille fois être jeté dans une fournaise ardente avec les mains et les pieds liés afin d’avoir l’honneur et la bénédiction d’y marcher en liberté avec « le Fils de Dieu », que d’être garanti de la fournaise. Combien est vaste le champ de l’expérience pour ta méditation, ô mon âme ! Parcours-le et t’y nourris comme le ferait un troupeau mis en liberté. Les bergers nous disent que les pâturages variés sont salutaires aux troupeaux ; et assurément n’être occupé que d’une partie de la Parole de Dieu, c’est n’apercevoir qu’un côté de la vérité et non la vérité de Dieu dans son ensemble. C’est en faisant ainsi que beaucoup de personnes finissent par avoir des vues étroites et confuses, que leur foi devient chancelante et leur marche défectueuse. Dans notre magnifique psaume qui est d’une si haute instruction, nous trouvons ouvert devant nous le vaste champ de la vie du désert.

Mais revenons à l’enseignement qui nous était donné. À quel arbre, demanderons-nous peut-être, appartient-il de changer en eaux douces les eaux amères ? Dans toutes les forêts de l’univers il ne s’en trouve qu’un seul qui puisse le faire. Mais cet arbre est un spécifique divin — il ne s’emploie jamais inutilement. Il suffit pour transformer la coupe la plus amère qui ait approché les lèvres humaines, en une coupe exquise de bénédictions célestes. C’est sur cet arbre que Jésus mourut, que l’amour divin triompha de la haine de l’homme, que Dieu fut pleinement glorifié, que le péché fut complètement aboli, que Satan fut entièrement renversé, que l’aiguillon de la mort fut brisé, que le sépulcre fut rendu impuissant, que la paix fut faite pour le plus faible du troupeau, que les sombres portes de l’enfer se fermèrent, et que celles des cieux s’ouvrirent largement pour tous ceux qui croient en Celui qui mourut sur l’arbre. Cet arbre a pris racine au Calvaire, et de là il projette des bénédictions infiniment riches sur toute la terre et remplit les plus hauts cieux de fruits exquis. Il est le centre moral de tout l’univers, et la manifestation la plus brillante des gloires morales de Dieu. Oh ! qui ne voudrait accepter la coupe que présente le désert afin d’apprendre à connaître par ce moyen les gloires variées de la croix du Sauveur ?

Il est toujours vrai, vrai dans tous les temps et pour tous les saints, que lorsque le bon Berger met « ses propres brebis dehors, il va devant elles et les brebis Le suivent car elles connaissent sa voix ». C’est là une vérité — un principe divin — d’un prix immense ; sa signification pratique est étendue et profonde. Elle assure nos cœurs qu’en toute circonstance le Berger est là, tout près de nous, à notre portée, si je puis m’exprimer ainsi, de telle sorte que Sa voix peut être entendue de nous. Et le croyant trouve dans le chemin où le Seigneur est passé devant lui un parfum de Sa présence qui n’est pas seulement propre à fortifier son âme, mais qui l’enrichit aussi. À quelque moment que ce soit qu’Il mène ses brebis dehors, Il va devant elles. Comprends-tu bien cette précieuse vérité, ô mon âme ? C’est la grande vérité pour les brebis de Christ ; elle se rattache à chacun de leurs pas à travers ce monde. C’est ta sauvegarde dans le danger — ta victoire dans le combat — ta lumière dans les ténèbres — ta force dans la faiblesse — ta consolation dans l’épreuve — ta compagnie dans la solitude — ta plus brillante espérance au milieu des plus profonds effrois. Celui qui est avec toi et qui marche devant toi a goûté les plus amères douleurs du désert, et c’est à travers la plus sombre des nuits qu’Il est entré dans le plus brillant des jours ; il en sera de même pour toi : suis-Le seulement.

Cette vérité si bénie pour le pèlerin nous assure les soins du Berger pour chacun de nos pas à travers ce désert, que ces pas soient faciles ou pénibles. Il est à jamais présent ; Il ne nous quittera ni ne nous abandonnera point. Par Sa connaissance parfaite du chemin que nous parcourons Il confond l’ennemi, et transforme ses hostilités pour notre bénédiction et pour Sa propre gloire : fruits bénis de ce qui est, par Sa grâce, l’heureux partage de la pauvre nature humaine dans son voyage à travers les sables profonds du désert.

« Si quelqu’un me sert », dit le Seigneur, « qu’il me suive ». Il ne dit pas, remarquez-le, « qu’il fasse ceci ou cela pour moi », mais « qu’il me suive ». S’attendre tranquillement au Seigneur pour connaître Sa volonté, et Le suivre fidèlement, étant attentifs à Sa voix, c’est là le service le plus agréable que nous puissions rendre au Seigneur. Il peut conduire les uns dans une plus grande activité publique, et maintenir les autres dans un service plus caché, mais suivre de près les directions de Sa parole tout en regardant à Lui par la foi, c’est notre service le plus convenable ; et c’est pour de tels qu’Il a laissé Sa plus riche promesse : « Et où je serai, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12).

Ces vérités solennelles et importantes furent prononcées alors que les épaisses ténèbres de Gethsémané et du Calvaire allaient envelopper Son sentier. C’est une chose comparativement facile que d’être actif pour le Seigneur et de faire pour Lui quelque grande action quand les jours sont brillants et prospères, mais oh ! combien il est difficile de Le suivre à travers les solitudes de Sa réjection et au milieu d’un monde complètement étranger ! Qui est celui qui peut endurer ici-bas d’être séparé de ses amis les plus chers pour être laissé dans la faiblesse et l’isolement ? Qui peut accepter d’être rejeté pour le nom de Jésus ? Ces eaux sont souvent très amères, mais Son amour désire que nous connaissions quelque peu, d’une manière expérimentale, le sentier qu’Il a parcouru à travers ce monde, et que nous ayons communion avec Ses souffrances. Il ne suffisait pas à l’amour si grand du Seigneur, qu’Abel témoignât par son agneau immolé de la vérité que la mort était entrée dans le monde par le péché. Abel fut honoré d’un témoignage plus solennel, celui qu’il rendit par sa propre mort. Le sang de son agneau ne fut pas seul répandu, son propre sang rendit aussi témoignage à Dieu sur la terre. Remarquez combien plus Abel eut affaire avec la mort dans ce monde, que Caïn. Et cela n’est-il pas significatif et d’une instruction solennelle pour tous ceux qui parcourent le même chemin qu’Abel ? Mais, après tout, il s’agissait de l’amour du Seigneur pour Abel et de l’honneur qui lui fut conféré par le Seigneur.

Nous avons le même grand principe en type dans les eaux de Mara. Le peuple avait déjà connaissance de la valeur du sang de l’agneau en Égypte comme le préservant du jugement ; il jouissait de la conscience d’une pleine rédemption en vertu de ce sang. Et maintenant le Seigneur voulait leur faire connaître par leur propre expérience la valeur puissante et infaillible de ce sang pour toutes les vicissitudes du désert ; et la mort se montrait ainsi dans toutes les circonstances du voyage. Le peuple accomplit sa traversée abrité par le sang, symbole expressif de la mort. C’était sur ce terrain seulement que Jéhovah pouvait dire à Balaam : « Je n’ai point aperçu d’iniquité en Jacob, ni vu de perversité en Israël ». Remarquez qu’Il ne dit pas : « Il n’y a point en lui d’iniquité » ; mais : « Je n’ai point aperçu ». Il est vrai que tout cela était en type, mais nous pouvons aisément discerner ce qui occupait tout premièrement la pensée du Seigneur. « Je verrai le sang et je passerai par-dessus vous ». C’est comme si le Seigneur avait dit : « En voyant le sang de l’agneau, je vois ce qui me glorifie, c’est-à-dire le péché effacé, la puissance de l’ennemi détruite et une rédemption éternelle obtenue pour mon peuple bien-aimé ». La vue du sang permettait à Jéhovah d’agir envers le peuple, et cela en toutes circonstances, selon Sa parfaite grâce. Les Israélites n’avaient qu’à regarder en haut, quelque désobéissants qu’ils eussent été ou quelque grande que pût être leur détresse, et aussitôt la grâce jaillissait, le besoin était comblé, la coupe amère était adoucie et le péché entièrement pardonné.

Le sang de l’agneau était le passeport divin entre l’Égypte et Canaan. Rien ne pouvait résister devant lui, tout cédait à sa puissance. Si les armées d’Égypte essaient d’arrêter la marche du peuple qui est aspergé de sang, elles sont englouties dans les profondeurs de la mer, et si tous les peuples de la terre se fussent associés à elles, ils eussent infailliblement subi le même sort. « J’ai donné l’Égypte pour ta rançon, Cush et Seba pour toi ». Les eaux profondes de la mer Rouge doivent livrer passage aux rachetés de l’Éternel ; pas un ongle ne restera derrière. La manne, la nuée et l’eau du rocher sont accordées ; tous les ennemis sont vaincus et les besoins satisfaits en vertu du même sang précieux. Et si, à la fin du voyage, les eaux du Jourdain passent par-dessus tous leurs bords, si les murailles de Jéricho s’élèvent jusqu’aux cieux comme expression de la furie menaçante de l’ennemi et comme gage de sa puissance, rien ne peut cependant opposer une barrière à la puissance infinie et victorieuse du sang. Mais où donc Sa puissance n’est-elle pas sentie et reconnue volontairement ou involontairement ? Elle a déchiré le voile des cieux et ouvert les portes du sépulcre. Qu’y a-t-il de plus élevé que le ciel ou de plus profond que l’enfer Matthieu 27, 50-53 ?

Mais nous sommes tous portés à oublier, comme autrefois Israël, ce que le Seigneur a fait pour nous — quelle coupe amère Il a bue — et que nous avons avec nous durant toute la traversée du désert le même gage de Son invariable amour. Aussi est-il souvent nécessaire que nous fassions l’expérience de ce qui est amer pour nous rappeler ce qui seul peut adoucir, et nous faire souvenir aussi que toutes les difficultés, les épreuves et les tentations de la vie doivent être endurées dans la communion avec Lui. C’est là ce que Son amour désire. Il a traversé toutes ces choses pour nous, et cela avec une patience, une douceur et une sagesse infinies, afin de nous servir d’exemple. Mais, ô merveilleuse grâce ! Il nous accorde dans nos afflictions un soulagement d’amour, de sympathie et de tendresse qu’Il ne s’est point accordé à Lui-même. Il a été abandonné de Dieu dans Son angoisse — Il a été environné de la violence et de la rage de Ses ennemis qui avaient ouvert la gueule contre Lui comme des lions déchirants et rugissants. Tout secours L’avait abandonné, et pour Lui il n’existait pas de consolateurs. Psaume 22, 1-21.

Tout cela était pour nous. Il but la coupe amère de la colère de Dieu contre le péché, et c’est là qu’Il veut que nous Le connaissions dans Son amour pour nous. Il faut que nous apprenions par expérience, quelque pénible que soit la leçon, que la coupe amère du Calvaire peut seule adoucir la coupe amère de Mara. En d’autres termes, les sympathies de Son cœur, à Lui qui mourut là, sont seules capables de calmer les souffrances du nôtre. Mais gloire soit à Dieu qui a donné Son Fils, nous trouvons tout en Jésus. Sa croix est nôtre — Son cœur est nôtre. La pleine valeur de la croix nous appartient — les sympathies tendres et infinies de Son cœur nous appartiennent ; elles sont à nous maintenant — à nous pour toujours. Oh ! vérité merveilleuse, bénie et précieuse ! Que nous faut-il de plus ? La croix et le cœur de Jésus sont à nous. Quelles éternelles sources de bénédiction ! Les eaux bénies mais amères de Mara conduisent à une plus profonde connaissance du Calvaire ; et les soupirs d’un cœur brisé, à une plus grande communion avec le sien propre. Il peut dire avec vérité et mieux que tout autre : « L’opprobre m’a rompu le cœur ». Et, de plus, au lieu d’éprouver les tendres sympathies de Ses co-pèlerins, qui sont si richement accordées aux siens maintenant, Il dut ajouter : « Je suis languissant ; j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y en a point eu ; et j’ai attendu les consolateurs, mais je n’en ai point trouvé » (Ps. 69). Oh ! pour nous, quel refuge dans ce cœur de Jésus qui fut une fois rompu et navré !

Lorsque le Seigneur nous a ainsi amenés au sentiment réel de notre faiblesse et à une dépendance plus grande de Sa force toute-puissante et de Ses soins constants, le dessein de Son amour si tendre est accompli. Et c’est maintenant que nous pouvons, dans la riche expérience qu’ont faite nos âmes, nous écrier : « Il restaure mon âme ». Ce ne sont pas les verts pâturages et les eaux tranquilles, quelques agréables et excellents qu’ils soient. Non, mais c’est le Seigneur Lui-même. Le sentier devient de plus en plus étroit et solitaire ; et ce qu’il nous faut c’est une plus grande proximité avec le Seigneur comme notre Berger, et une plus intime, plus directe communion avec Lui. « Il restaure mon âme, et me conduit pour l’amour de Son nom dans des sentiers unis ».