Écho du Témoignage:Malachie

De mipe
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Malachie clôt les écrits des petits prophètes, comme on les appelle d’ordinaire, en même temps qu’il complète le volume de l’Ancien Testament. Cette circonstance suggère et autorise la pensée que nous y trouverons une courte revue de l’histoire antérieure d’Israël.

Dès le commencement, le Seigneur avait été occupé à mettre à l’épreuve, de diverses manières, ce peuple qu’Il avait pris pour être sien. Après l’avoir délivré de l’Égypte et l’avoir conduit à travers le désert, sous la direction de Josué, Dieu l’établit dans le pays qui avait été promis à ses pères. Et alors, dans un certain sens, Il recommença Ses voies avec lui comme sur un nouveau pied. C’est ce qui se voit dans les jours des juges qui succédèrent à Josué. Mais que fut l’histoire ? Le peuple se montra transgresseur ; le Seigneur dut intervenir par le châtiment : le peuple pleura sous les coups de la verge ; le Seigneur suscita un libérateur. Voilà ce qui eut lieu maintes et maintes fois.

Mais durant tout ce temps, Dieu garda Israël, devant Lui et sous Sa direction. En ces jours, la captivité ne fut point connue et aucun étranger ne vint prendre possession du pays. Israël était encore chez lui. Le pays lui appartenait encore, et Jéhovah était son roi aussi bien que son Dieu.

Au temps convenable, le Seigneur éleva le trône et la maison de David. Le peuple prospéra comme royaume, mais le royaume devint infidèle comme l’avait été la nation. Le Seigneur usa d’un long support en faveur de la maison de David, comme Il l’avait fait à l’égard de la nation. Le livre des Juges et celui du deuxième des Chroniques nous font voir tout cela. Mais, à la fin, Israël perdit sa patrie, fut emmené en captivité, et, sous les rois d’Assyrie et de Babylone, eut à faire l’expérience d’une condition pire que celle qu’il avait jamais connue sous la verge des Philistins, des Madianites et des Cananéens. C’est maintenant que prennent place la dispersion du peuple parmi les Gentils et l’envahissement du pays aussi par les Gentils.

Tout cela était affreux. Cependant, une restauration s’effectue, et les captifs retournent de Babylone pour reposséder Jérusalem, pour la rebâtir et la repeupler. La maison de Dieu est édifiée de nouveau ; Son nom y est encore adoré et le service de Son autel rétabli. Mais cet état de choses présentait un aspect tout nouveau. Israël n’était plus maintenant une nation établie dans son propre pays, comme il l’avait été du temps de Josué et des juges ; il n’était pas non plus un royaume placé sous la domination d’un de ses propres enfants (seule royauté que la gloire pût accompagner), comme sous David et ses fils. Le peuple n’était maintenant qu’un vassal des Gentils. Il était redevable au Gentil de la faveur qui lui avait été accordée de pouvoir occuper le pays de ses pères et observer les lois et le service de son Dieu. Il était assujetti au Perse, dont son gouverneur n’était que le vice-roi.

C’était là, assurément, une condition nouvelle. Mais Israël y est placé pour être encore éprouvé par ce moyen, être éprouvé à fond, et pour être pleinement convaincu par là de son entière ruine morale. Car c’est ainsi que la chose a lieu en effet : lorsque le peuple est placé sous l’épreuve, dans ces nouvelles circonstances, il faillit comme toujours. Le livre des Juges avait déjà témoigné contre Israël comme nation ; le deuxième livre des Chroniques avait témoigné contre lui comme royaume ; et maintenant Esdras, Néhémie et cette prophétie de Malachie témoignent contre lui comme captifs de retour.

Il me faut cependant aborder un autre ordre d’idées.

Les captifs de retour fournissent au commencement quelques magnifiques exemples de foi et de dévouement pratique ; mais Malachie les laisse, comme nous pouvons le voir ici, dans une condition morale des plus tristes. De plus beaux jours, cependant, avaient signalé d’abord leur retour. Des événements importants, plus importants que tous ceux qui s’étaient accomplis en Israël depuis de longues années, venaient de se passer : nous voulons dire le voyage de Babylone à Jérusalem, la réédification du temple, la construction de la muraille et la purification répétée de toute la congrégation. Et cependant, il ne se faisait pas de miracle : tout s’accomplissait par la force et l’énergie morales, par le travail de l’Esprit de Dieu dans le peuple, plutôt que par l’action de la main de Dieu, travaillant en sa faveur. Il n’y avait pas de colonne de nuée pour le conduire à travers ce second désert ; il avançait pourtant par la puissance de l’Esprit, dont la présence est rendue si évidente dans le jeûne et la prière des bords de l’Ahava. Il refusa de contracter des alliances avec les Samaritains, dans la conscience de son nazaréat.

Ces fidèles Israélites ne réglèrent en rien leur conduite sur les usages des nations, ni sur la tradition des anciens, non plus que leurs pensées ou leur sagesse propres. La Parole de Dieu seule était leur loi. Nous voyons la grâce et les dons resplendir d’une manière admirable dans quelques individus, tels qu’Esdras et Néhémie. La lumière qui brillait en Esdras et le dévouement sincère qui caractérisait Néhémie purent conduire le peuple à travers les difficultés, alors que la verge de Moïse ne se trouvait plus au milieu du camp pour opérer des miracles à la vue de l’ennemi.

Je ne parle pas de Mardochée et d’Esther, nonobstant tout ce qu’il y a d’extraordinaire et d’admirable dans leur cas, bien que sans l’intervention d’un miracle en leur faveur, par la raison qu’ils représentent Israël dans la dispersion et non en tant que de retour de captivité.[1]

Mais ces moments d’un plus grand éclat s’étaient évanouis désormais, et Malachie nous fournit le dernier tableau que contienne l’Ancien Testament de l’état d’Israël, état bien triste et bien humiliant en vérité.

Au temps convenable arrive l’heure du Nouveau Testament, et nous trouvons les choses juste dans l’état que Malachie nous avait promis qu’elles seraient. Le Messie, le Seigneur du temple, apparaît, introduit par Jean-Baptiste, le messager annoncé dans Malachie 3, 1, et l’Élie de Malachie 4, 5 (si le peuple eût voulu Le recevoir). La série d’épreuves commencée au jour de l’Exode et continuée jusqu’au jour du retour de la captivité est reprise maintenant. Le Messie est présenté[2], et Il s’offre Lui-même, sous des formes nombreuses et variées, à l’acceptation d’Israël. À la fin, l’Esprit est donné et les apôtres, remplis du Saint Esprit, appellent Israël à la repentance et à la foi, afin que viennent ces temps de rafraîchissement et du rétablissement de toutes les choses annoncées et promises par la bouche de tous les prophètes. Ce sont là les visitations les plus glorieuses et les plus riches, les dernières et pourtant les meilleures, celles qui forment la clôture et qui néanmoins promettent le plus ; mais, comme toutes les autres, elles demeurent sans résultats, et Israël n’est pas rassemblé.

En Égypte, dans le désert ou dans le pays, comme pèlerins ou comme captifs, comme nation ou comme royaume, en présence du Messie et de Ses œuvres, ou visité par l’Esprit Saint et les effets de Sa puissance, Israël est infidèle du commencement à la fin, et durant toutes les épreuves de la longue patience de la grâce et de la sagesse de Dieu. « Ils résistent toujours à l’Esprit Saint », comme le dit d’eux une voix inspirée ; et, selon une autre parole aussi inspirée : « Ils remplissent toujours la mesure de leurs iniquités ».

La nation avait été préservée, comme nous l’avons vu, et gardée dans le pays jusqu’à ce que le roi (la maison de David) eût été établi ; — et à présent, aux jours de Malachie, elle y est ramenée et maintenue jusqu’à ce que le Messie apparaisse et se présente à eux. « La verge de la tribu de Juda » est garantie ou préservée, afin que « le germe de la racine d’Isaï » puisse lui être offert.

À l’ouverture des évangiles, nous trouvons la citation de plusieurs passages de Malachie comme appartenant à ce moment-là des évangélistes. C’est ainsi que la fin de l’Ancien Testament se lie au commencement du Nouveau. Et ces rapports simples et frappants témoignent de l’unité du divin volume ; ils révèlent quelque chose de la gloire morale de ce Livre et nous font connaître ce que nous apprenons d’un autre témoin encore plus direct, c’est-à-dire d’un passage du Livre lui-même, que « de tout temps Dieu connaît toutes ses œuvres ».

Voici de quelle manière nous pouvons rapidement esquisser cette prophétie :

Chapitre 1. — Ce chapitre s’ouvre par un exposé terrible de la condition morale des captifs de retour. L’état d’Israël fut-il jamais pire ? Si l’idolâtrie l’avait caractérisé jusque-là, c’est l’impiété qui le fait maintenant : l’esprit de moquerie, l’esprit qui se joue des droits de Dieu et les renie, et ne fait que se moquer des appels les plus tendres et des sollicitations les plus miséricordieuses ; de sorte que nous pouvons dire du temps où vivait Malachie, que si l’esprit immonde s’était retiré, il avait été remplacé par un esprit plus méchant encore. Nous ne pouvons pas dire que l’esprit immonde était revenu, amenant avec lui sept autres esprits ; car nous ne trouvons dans ce prophète aucun trait qui implique un retour du peuple à l’idolâtrie. Mais nous pouvons dire qu’un esprit plus méchant que l’ancien était venu occuper sa place.

Le mot « en quoi avons-nous » que nous trouvons si souvent répété dans ce chapitre en réponse aux appels et aux reproches du Seigneur, résonne d’une manière bien solennellement triste à nos oreilles.

Chapitre 2. — Le Seigneur, dans ce chapitre, adresse maintenant, par la bouche de Son prophète, une parole de reproche aux sacrificateurs, comme Il l’avait fait auparavant envers le peuple. L’Esprit fait naître dans le cœur du prophète une parole de répréhension contre les abominations commises en Juda et en Jérusalem, parce que l’alliance faite avec la nation avait été violée. Le Seigneur fait en même temps connaître au peuple qu’ils n’étaient pas à l’étroit dans le Seigneur, qui avait, par-devers Lui-même, dans Son Esprit, toutes les ressources, toutes les richesses nécessaires pour accomplir fidèlement sa part dans cette alliance, mais qu’ils avaient été leurs propres ennemis à eux-mêmes, en violant les engagements qu’ils avaient pris dans cette même alliance. L’alliance est envisagée sous l’emblème d’un contrat ou de promesses de mariage, et c’est conformément au style des prophètes en général, et selon une figure suggérée tout naturellement par le propre langage du Seigneur à l’égard de Lui-même et de Son peuple d’Israël.

Chapitres 3 ; 4. — Le Seigneur, tout en poursuivant Sa controverse au sujet de l’état de péché d’Israël, lui fait savoir d’une manière positive que le Seigneur du temple va paraître, précédé de Son messager, mais que cette mission se trouverait être quelque chose qui serait toute différente de ce qu’ils attendaient. Ils pensaient, sans aucun doute, que cette venue leur assurerait du crédit et de l’honneur, et leur apporterait la délivrance et la gloire ; c’est là ce qu’ils recherchaient — et ils prenaient leurs délices dans cette perspective (v. 2). Mais le prophète s’applique à les désabuser et leur fait connaître que cette venue du Messie serait caractérisée par le jugement qu’appelait inévitablement leur mauvaise condition. En sorte que la seule chose dont il pouvait s’agir à présent pour eux était de savoir : Qui pourra soutenir le jour de la venue du Seigneur ? non pas, qui en racontera les gloires et les bénédictions, comme ils eussent pu le penser ; mais, qui soutiendra l’examen solennel dont il sera accompagné ?

Toutefois, malgré toutes les injures qui Lui avaient été faites, Dieu était encore riche en patience. En eût-il été autrement, Dieu eût-Il été semblable à l’homme, Israël aurait déjà été consumé, tandis que, même à présent, ils pouvaient faire l’expérience qu’Il était disposé à les bénir au-delà de leur attente, pourvu seulement qu’ils obéissent.

C’est au milieu de toute cette iniquité nationale que le résidu est manifesté. Le Seigneur déclare qu’Il les tient inscrits, eux et leurs voies, dans Son livre de mémoire, dès à présent, et qu’Il les manifestera comme Ses précieux joyaux au jour prochain où paraîtra le soleil de justice, ayant pour les uns la santé dans ses ailes, mais étant pour les autres aussi ardent qu’un four ; — absolument comme les deux dont le Seigneur Lui-même parle dans les évangiles, et qui seront ensemble, soit au lit, soit au moulin, soit aux champs.

Le prophète termine ensuite, en adressant au résidu des exhortations et des promesses ; et l’Ancien Testament se ferme de la même manière que s’ouvre le Nouveau, car, au commencement de saint Luc, nous retrouvons ce résidu dans les personnes de Zacharie et d’Élisabeth, suivant le conseil que leur avait donné Malachie d’obéir à la loi de Moïse, dans ses statuts et ses jugements ; et nous les voyons aussi recevant l’Élie dans la personne de leur fils Jean, en conformité avec la promesse de Malachie.[3]

Il me reste encore quelques mots à ajouter sous forme de post-scriptum.

Le Jean-Baptiste des évangiles est identifié (quant à l’office, non pas personnellement) avec l’Élie de Malachie (Matt. 11 ; Marc 1 ; Luc 1 ; 7). Jean-Baptiste était prêt à remplir la promesse faite à Israël par le prophète. Il était comme le messager envoyé pour préparer la voie du Seigneur du temple, et comme celui qui devait convertir le cœur des pères envers les enfants, et le cœur des enfants envers leurs pères. Mais Israël fut incrédule ; et comme l’ancien oracle est un oracle qui demeure vrai dans l’histoire de ce peuple : « Si vous ne croyez point, certainement vous ne serez point affermis » (És. 7, 9) — Israël demeura sans bénédiction.

Aux jours d’Achab, Élie, comme nous le voyons en 1 Rois 18, fut employé à une œuvre de restauration. Mais ce ne fut que pour un temps. Le peuple se réjouit momentanément à sa lumière, mais Jézabel l’obligea à se retirer de nouveau dans le désert. Il en fut de même de Jean : sa lumière aussi fut un sujet de joie, mais ce ne fut encore que pour un temps. La multitude se fit baptiser par lui ; mais les méchants le haïrent, et ce fut la Jézabel de son époque qui le fit décapiter. Israël fut laissé non affermi soit par Élie, soit par Jean.

Mais l’Élie promis apparaîtra encore, pour introduire réellement à la puissance royale du Messie : car Dieu est véritable, quoique tout homme soit menteur ; Ses dons et Sa vocation sont sans repentance. Il sera fidèle à Israël, quoique Israël ait toujours été trouvé infidèle, ainsi que nous avons pu le constater. Il accomplira Ses desseins de grâce, bien que l’iniquité et la perversion du monde, d’Israël, ou de l’homme individuellement, n’aient jamais été aussi profondes et aussi criantes. « Sa justice et Sa grâce demeurent éternellement ».

« Et ainsi tout Israël sera sauvé selon ce qui est écrit : Le libérateur viendra de Sion et détournera de Jacob l’impiété » (Rom. 11, 26).



  1. Les vertus qui eussent donné au résidu d’Israël ou aux captifs de retour leur véritable caractère se montrèrent dans toute leur perfection dans la personne du Seigneur Jésus, qui, pouvons-nous dire, fut le résidu de son jour. Il voulait que Ses disciples refusassent de traiter alliance avec les Samaritains, et que cependant ils fussent soumis à la puissance gentile. « Rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » est bien comme le sommaire de la religion des captifs de retour.
  2. La parole : « Et si vous voulez recevoir ce que je vous dis, celui-ci est Élie, qui doit venir », dit assez clairement que le ministère de celui qui baptisa Christ était un temps d’épreuve.
  3. J’ajouterai qu’il ne fut jamais promis au résidu une délivrance actuelle de la puissance gentile ; il fut enseigné à s’attacher à la Parole, à attendre le jugement du méchant et l’introduction d’un nouvel état de choses au temps convenable. Il en est de même de nos épîtres, qui ne nous annoncent pas le retour de cette beauté que possédait autrefois l’Église, mais dirigent nos regards vers une chose nouvelle et meilleure ; et le retour du Seigneur nous trouvera dans l’état où nous ont laissés les épîtres — absolument comme la première venue du Seigneur trouva le résidu de Malachie dans l’état où il avait été laissé par Malachie.