Messager Évangélique:Josué chapitre 1

De mipe
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Le livre de Josué nous raconte la prise de possession du pays de Canaan par Israël, dans la mesure du moins dans laquelle cette prise de possession fut réellement effectuée. Le livre des Nombres nous fait suivre la marche de ce même peuple à travers le désert, cette marche rendue si pénible et si laborieuse par l’incrédulité du peuple, mais dans laquelle un Dieu fidèle et plein de compassion accompagnait les siens tout le long de la route, les faisant passer par le sentier de la discipline alors qu’ils ne voulaient pas marcher tout droit par le sentier de la foi : leur vêtement n’avait point vieilli sur eux, leur pied n’avait point été foulé, ces quarante ans !

Ces deux parties de l’histoire d’Israël viennent après la rédemption du peuple hors d’Égypte, il ne faut pas l’oublier.

Je voudrais, en suivant ici l’histoire de Josué comme figure du chemin et du service de la foi, retracer les principes sur lesquels ce chemin peut être parcouru avec sécurité et avec succès.

Il convient de remarquer d’abord — ce que peut-être mon lecteur n’a pas fait jusqu’ici — que les combats qui nous sont rapportés dans le livre de Josué, non seulement viennent après la rédemption hors d’Égypte, mais suivent même le passage du Jourdain. Or on considère généralement, et à juste titre, je n’en doute pas, le Jourdain comme une figure de la mort, et Canaan comme une figure du ciel. Mais alors comment se fait-il qu’après le passage du Jourdain et l’entrée même dans Canaan, tout soit lutte et combat, et que l’homme qui apparaît à Josué se présente comme chef de l’armée de l’Éternel (voyez chap. 5, 14) ? La guerre caractérise l’état d’Israël après son entrée dans Canaan ; dans le désert, le peuple était en voyage. Ce trait remarquable de l’histoire de ces événements qui « leur arrivaient en types, et qui ont été écrits pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints », nous invite à nous enquérir de la relation qui existe entre ces événements, et à rechercher comment il se fait que le passage au travers de la mort et l’entrée dans le ciel introduisent à un état de lutte et de guerre.

Le Nouveau Testament nous fait comprendre très clairement comment se résout cette difficulté apparente. Il nous apprend non seulement que Christ est mort et ressuscité pour nous, mais que, devant Dieu, comme étant unis à Christ par le Saint Esprit, nous sommes morts et ressuscités avec Lui. « Vous êtes morts (ou : vous mourûtes), et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3, 3). « Il nous a vivifiés avec le Christ… et nous a ressuscités ensemble » (Éph. 2, 5, 6). Le chrétien est ainsi envisagé comme ayant passé lui-même par la mort et comme étant ressuscité, parce que Christ qui est sa vie (Col. 3, 3, 4) a passé par la mort et est ressuscité. « Si vous êtes morts avec Christ », dit Paul (Col. 2, 20) ; et puis : « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ » (Col. 3, 1). À ce point de vue-là, nous avons passé le Jourdain : nous sommes morts, nous sommes ressuscités et sommes entrés dans les lieux célestes. C’est pourquoi nos combats sont là, car « les Cananéens et les Phéréziens demeuraient encore au pays » (Gen. 13, 7 et 12, 6) ; et de même : « notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ce siècle qui sont dans les lieux célestes » (Éph. 6, 12). Paul nous renvoie ici à Josué et à Israël qui avaient à combattre contre la chair et le sang — tandis que notre lutte à nous est contre des ennemis spirituels. Il envisage le chrétien comme étant mort et ressuscité avec Christ, et appelé à posséder le pays — à réaliser par la puissance du Saint Esprit les bénédictions qui lui ont été données, soit en saisissant les richesses insondables du Christ pour en jouir, soit en délivrant de la puissance de Satan ceux qui sont menés captifs par lui.

Avant d’entrer dans le détail des principes pratiques que je désire mettre ici en relief, je voudrais attirer un moment l’attention du lecteur sur les effets qu’entraîne avec lui le fait qu’on a ainsi franchi le Jourdain.

Le premier de ces effets — et on n’en jouit qu’ainsi — c’est la mort de la chair, la mort complète au monde. Israël n’avait pas été circoncis au désert ; mais il était maintenant circoncis et l’opprobre de l’Égypte était roulé de dessus lui. Israël, après toutes ses victoires, revenait à Guilgal, le lieu du jugement de soi-même, de la mortification de la chair.

En second lieu, Israël mangea « du blé du pays » et la manne cessa. « La manne » est une figure de Christ descendu ici-bas et abaissé, une figure de Christ selon la chair — Christ pour les besoins du désert ; — « le blé du pays » appartient à Canaan, aux lieux célestes : il est la figure du Christ dans Sa gloire céleste (comp. 2 Cor. 5, 16).

Tout ceci nous le possédons avant tout combat, avant qu’aucun mur soit tombé et qu’aucun ennemi ait été vaincu : nous possédons toutes les bénédictions célestes en vertu d’un droit divin.

Ensuite l’homme à l’épée nue — Christ en Esprit — vient nous conduire à la bataille — c’est-à-dire à la victoire, si nous marchons sous Sa conduite.

Nous sommes amenés ainsi aux principes qui donnent la victoire dans la lutte dans laquelle nous sommes engagés. La promesse embrasse tout le pays depuis le fleuve Euphrate jusqu’à la grande mer (v. 4, et Deut. 11, 24) ; mais pour que nous jouissions de ce que Dieu nous a donné, il faut que nous en prenions activement possession : « Je vous ai donné tout lieu où vous aurez mis la plante de votre pied » (v. 3). Rien n’est plus simple : Israël n’avait qu’à prendre possession ; mais cela, il fallait qu’il le fît. Il en est de même pour nous. De vastes possessions sont placées devant nous ; toutes les insondables richesses du Christ nous appartiennent. Mais il faut que le cœur en soit occupé diligemment pour en prendre possession. Mon lecteur, n’en doutez pas, Dieu a mis devant vous un vaste et riche héritage — tout ce qu’Il vous a donné en Christ — pour que vous en jouissiez ; et vous avez reçu la nature divine (car je parle de chrétiens) pour que vous trouviez votre bonheur dans toutes ces choses.

Mais ici la lutte commence, parce que ces ennemis spirituels dont nous avons parlé, voudraient nous empêcher de réaliser, dans un cœur pur et que rien ne distrait, ce que Jésus appelle « les choses qui sont nôtres », comme les choses qui sont du monde Il les appelle « choses d’autrui ». Mais ces luttes, bien qu’elles soient utiles comme exercice d’âme et pour nous faire faire l’expérience de la fidélité de Dieu, ne sont pas un obstacle à notre prise de possession de ce que Dieu nous a donné : tout en éprouvant notre propre condition, elles ne font que manifester combien il est vrai que Dieu est réellement avec nous. La chute des murs de Jéricho et les victoires de Josué, ont-elles été un obstacle pour Israël ? Certainement non !

La présence du chef de l’armée de l’Éternel réclame la sainteté et la confiance de la foi en Dieu, en un mot des cœurs mis à part pour Dieu. Devant Lui, il faut que Josué déchausse les souliers de ses pieds, comme Moïse a dû le faire devant Dieu qui lui parlait « du milieu du buisson ». Le Seigneur, présent au milieu de nous pour le combat, est aussi saint dans Sa nature que le Seigneur dans la rédemption. C’est pourquoi, comme nous le savons tous, aussi longtemps qu’il y a eu un Acan dans le camp, Dieu n’a pas voulu marcher avec Israël. Mais quand les cœurs sont droits, Dieu dit : « Nul ne pourra subsister devant toi, tous les jours de ta vie » (v. 5). Quel encouragement et quelle force il y a dans cette assurance ! Rien n’est une difficulté. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8, 31). Nous ne pouvons pas imaginer ou rencontrer une difficulté qui puisse un seul moment arrêter notre marche. Nous avons à ne nous inquiéter de rien ; et faisant connaître à Dieu nos requêtes, au milieu de la lutte, la paix de Dieu garde nos cœurs. Dieu ne nous fait jamais défaut : « Je ne te laisserai point et ne t’abandonnerai point » (v. 5) ! Non seulement Il ne nous abandonne pas, mais Il ne nous laisse pas manquer de la force, de la grâce et de la sagesse qui nous sont nécessaires, en sorte qu’Il nous donne de la fermeté et de la puissance. Dieu ne nous fait défaut en rien ; Il est toujours avec nous, et avec nous pour le combat et dans le combat. L’Éternel aura la guerre contre Amalek (Ex. 17, 16), mais c’est en Israël — c’est la guerre de Dieu. La présence avec nous de la force et de la puissance d’un Dieu fidèle et bon, tel est le premier et bienheureux fondement sur lequel nos cœurs peuvent s’appuyer dans la lutte.

Un autre principe en découle : la confiance de la foi, le courage. « Fortifie-toi et prends courage » (v. 6). Dieu nous appelle à nous confier et à nous fortifier en Sa force, car nous réussirons dans l’œuvre qu’Il nous a confiée. Il y a là aussi une bénédiction. Prends courage, car tu accompliras l’œuvre. Et pourquoi n’en serait-il pas ainsi, si l’œuvre est Son œuvre et que Lui soit avec nous ?

Une chose est digne d’attention ici. Dieu dit : « Tu mettras ce peuple en possession du pays » — « seulement fortifie-toi et prends courage ». Dieu ne veut ni qu’on se retire, ni qu’on soit effrayé, ni qu’on recule devant la puissance de l’ennemi : « N’étant en rien épouvantés par les adversaires ; ce qui leur est une démonstration de perdition, mais à vous de salut, et cela de la part de Dieu » (Phil. 1, 28). Satan est là, mais si nos cœurs libres ont pris courage, Dieu est là, témoin de perdition pour les instruments de Satan, témoin d’un salut assuré pour ceux qui ont Dieu avec eux. Lors même que nous serions des « sauterelles » et que nos ennemis seraient « des géants », et les murs « hauts comme le ciel » (Nomb. 13, 28-34 ; Deut. 1, 28), qu’importe, si Dieu est avec nous ? Quelle importance pouvait avoir la hauteur des murs, s’ils tombaient au son d’une corne de bélier ? Que font la hauteur des vagues et l’agitation de la mer, si Christ est avec nous, pour nous faire marcher sur les eaux ? Et que gagnerons-nous à ce que les eaux soient paisibles, si Christ n’est pas avec nous ?

Remarquez maintenant quel est le courage qui est recommandé par ces mots : « Seulement fortifie-toi et prends courage de plus en plus, afin que tu prennes garde de faire selon toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a ordonnée » (v. 7) ! Nous avons besoin de courage pour obéir. Entrer dans ce chemin paraît folie : le monde est contre nous. Il semble souvent qu’il n’y a pas de sens dans les préceptes de la Parole de Dieu ; nos propres aises charnelles sont intéressées à ne pas y regarder de si près. Le chemin qui s’ouvre devant nous va à l’encontre de celui de tout le monde. Il suppose un Dieu vivant qui fait toutes choses et prend connaissance de toute chose, à qui nous appartenons, et de qui la volonté est tout pour nous. De tout cela le monde ne sait rien. Pour faire la volonté de Dieu et obéir simplement à Sa Parole, il faut du courage, en face du monde — du courage dans nos cœurs ; et c’est à cela que nous sommes appelés : « Seulement fortifie-toi et prends courage de plus en plus, afin que tu prennes garde de faire selon toute la loi que mon serviteur Moïse t’a ordonnée ». Le courage de la foi regarde vers Dieu et s’attend à Lui : et c’est là le moyen de réussir dans la lutte. Dieu emploie Sa force pour nous venir en aide dans le chemin de Sa volonté — jamais en dehors de ce chemin. Que nous importe donc où nous allons ; que nous importent les difficultés et la longueur apparente de la route ? Dieu rend prospère notre sentier partout où Il nous conduit : « Partout où tu iras » (v. 9) !

Ceci implique une autre conséquence naturelle, une conséquence très importante, parce que, par elle, nous n’apprenons pas seulement quelle est la volonté de Dieu, mais nous sommes gardés dans Sa présence, et les pensées, les voies, les espérances, tout le caractère et la manière de faire de notre Dieu, nous deviennent familiers : — je veux parler de la méditation de la Parole de Dieu : « Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; mais médites-y jour et nuit, afin que tu prennes garde de faire tout ce qui y est écrit, car alors tu rendras heureuses tes entreprises, et alors tu prospéreras » (v. 8 ; comp. Ps. 1). Cette méditation de la Parole de Dieu, sans doute, nous fait connaître la volonté de Dieu, mais elle fait bien plus encore : elle nous fait trouver notre plaisir habituel à être dans ce que Dieu révèle et qui fait Son plaisir. Nous acquérons Sa manière (la vraie, mais divine manière) de penser au sujet de toutes choses, et nous ne les voyons pas sous la fausse apparence qu’elles revêtent dans ce monde. Nos cœurs sont formés par cette divine et bienheureuse connaissance des choses, et dans cette connaissance. Quelle lumière elle est pour nous ! La vanité de ce monde nous apparaît telle sous son vrai jour. « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité ». « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jean 17, 17, 19). En outre, l’âme est gardée dans la dépendance de Dieu, en méditant Sa Parole ; et c’est là, moralement, un point de la plus haute importance. Ce n’est pas tout encore, car la méditation de la Parole garantit les communications de Sa grâce : « Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (Jean 15, 15). Reconnaître la Parole de Dieu, c’est reconnaître Dieu dans ce monde, tel que Sa Parole Le révèle. Mais je ne peux pas m’arrêter ici sur ce sujet.

Dieu dit à Josué : « Ne t’ai-je pas commandé ? » (v. 9). C’est un nouveau motif de confiance, et il n’y en a pas de plus grand. « Il faut obéir à Dieu », dit Pierre (Act. 5, 29). Lors même que ma conduite est ce qu’elle doit être, si je ne suis pas certain que je fais la volonté de Dieu, la plus petite difficulté me jettera dans le doute, et tout mon courage est perdu. Si, au contraire, je sais que je fais la volonté de Dieu, qu’importent les difficultés ? Nous les rencontrons sur notre route ; mais pour obéir à la volonté de Dieu, la puissance de Dieu est là ; et le cœur, sachant qu’il fait la volonté de Dieu, ne tombe pas dans la défiance. Un cœur droit craindrait, s’il s’agissait de lui-même ; mais il ne craint rien, il n’hésite pour rien s’il sait qu’il fait la volonté de Dieu. Il peut en appeler à chacun et lui demander si cela, il ne devait pas le faire. « Ne t’ai-je pas commandé : Fortifie-toi et prends courage ? ». Et puis vient l’assurance positive : « l’Éternel ton Dieu est avec toi, partout où tu iras ».

Un autre principe ressort de ce qui nous est rapporté au sujet des Rubénites, des Gadites et de la demi-tribu de Manassé (v. 12 et suiv.). Il nous est donné, dans ces guerres divines que nous avons à soutenir, de combattre pour d’autres ; et c’est là un grand privilège. Nous avons à combattre pour posséder toujours plus des insondables richesses du Christ, pour réaliser davantage de Sa vie et de la connaissance de Sa personne, pour posséder aussi bien les vignes que les oliviers de Canaan, et le blé du pays — en un mot pour posséder ce que Dieu nous a donné en Christ. Mais il nous est donné de combattre de toute manière pour le peuple de Dieu aussi. Paul (voyez 2 Cor. 1, 11) dépendait des faibles saints qui priaient, peut-être de quelque pauvre veuve alitée, pour les dons par lesquels il conduisait la guerre active dans laquelle il était engagé dans le champ du Seigneur. Il travaillait lui-même incessamment, à la fois dans la prière et dans le ministère de la Parole, pour mettre le peuple de Dieu en possession de ses privilèges. Combattre ainsi pour les autres est un immense privilège. Non seulement nous sommes sauvés, bénis, faits participants de la gloire — de joie en Dieu ; mais il a plu à Dieu de nous associer à Lui et de nous faire, sous Lui, co-ouvriers avec Lui dans l’œuvre de l’amour et de la bénédiction qui est Son divin privilège. Quelle grâce de Sa part ! Sans doute il faut que nous connaissions cette grâce, comme ceux qui en sont les objets, pour que nous rendions témoignage ; mais l’amour de Dieu en nous s’épanche au-dehors en amour pour faire connaître cet amour à d’autres.

Ce n’est pas tout encore. Si nous faisons la volonté et l’œuvre de Dieu, nous pouvons compter sur Lui pour tout ce qui nous est cher et qui nous intéresse. Nous ne pourrions préserver ni petits enfants, ni femmes, ni biens, si Dieu n’était pas présent : Lui, peut le faire sans nous, si nous faisons Sa volonté et que nous accomplissions Son service dans l’amour. Les deux tribus et demie pouvaient bien laisser derrière elles leurs femmes et leurs petits enfants et tous leurs biens, pour s’en aller en armes à la guerre pour être en secours à leurs frères (v. 14). — Ni doute, ni crainte, ni hésitation — tel est le sentier de la foi. La foi compte sur Dieu dans le chemin de l’obéissance à Sa volonté connue. Sa divine sagesse et Sa divine puissance sont là pour chaque pas : elles sont l’une et l’autre en Christ « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Cor. 1, 24). Nous ne pouvons pas connaître la sagesse parfaitement, ni voir la fin et la portée de beaucoup de choses ; mais Lui qui nous donna la Parole connaît toutes choses, depuis le commencement jusqu’à la fin, et nous sommes dirigés par Sa Parole selon cette parfaite connaissance.