Messager Évangélique:Quelques mots concernant la venue du Seigneur, pour l’Église et pour Israël

De mipe
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Question. — Les paroles qui terminent le verset 26 de 1 Corinthiens 11 : « jusqu’à ce qu’il vienne » ; — sont-elles accomplies ? Le Seigneur est-Il venu, et doit-on cesser de prendre la cène ?

Pour le plus grand nombre des lecteurs de votre édifiant journal, les questions mises en tête de ces liges paraîtront certainement singulières et peu opportunes, vu qu’ils attendent le retour du Seigneur Jésus, et qu’en L’attendant, ils célèbrent avec édification le souvenir de Ses souffrances et de Sa mort. Cependant tous n’ont peut-être pas examiné suffisamment cet intéressant sujet, et c’est ce qui m’engage à vous envoyer les observations que j’ai recueillies pour moi-même.

J’ai sous les yeux un ouvrage tout récemment publié, qui répond à ces questions d’une manière affirmative. Toutefois l’auteur, confondant ce qui a rapport à l’Église et ce qui a rapport à Israël, ses arguments sont inadmissibles, pour toute âme qui tient à être dans la vérité. Ainsi, selon cet auteur, le Seigneur serait déjà venu ; cet événement aurait eu lieu lorsque Jérusalem a été détruite par les Romains ; — les Juifs rebelles furent alors frappés de jugements si affreux qu’il n’y en aura plus de semblables ; — alors les justes, ceux qui avaient souffert avec Christ sur la terre, entrèrent avec Lui dans Sa gloire !

De telles allégations ne demandent pas à être réfutées, car elles se réfutent d’elles-mêmes ; ce n’est donc pas ce que j’entreprends ici, mon but est simplement d’établir, par la Parole, le sens que Paul donnait aux mots du verset que j’ai cité. La doctrine du prochain retour du Seigneur pour enlever l’Église est, grâce à Dieu, clairement établie dans l’Écriture ; mais si, comme on l’affirme, cet heureux événement est accompli, il nous reste à examiner si les saints, qui composent l’Église, jouissent actuellement des bénédictions qui doivent nécessairement en résulter : s’ils sont réellement entrés dans la gloire de Christ. Nous avons donc à examiner, 1° les promesses faites à l’Église ; 2° celles qui appartiennent au peuple juif.

À l’approche de Son départ de ce monde, Jésus dit à Ses disciples : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit ; je vais vous préparer une place… Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous y soyez aussi ». Ces paroles, qui étaient pour les disciples comme l’aurore d’un heureux avenir, ne concernaient pas, bien certainement, la nation juive, au sein de laquelle se trouvait Jésus en ce moment-là, ni pour Son jugement, ni pour Sa restauration ; mais uniquement ceux qui déjà croyaient en Jésus et ceux qui croiraient après Son départ. Ce n’était pas d’un retour spirituel, que Jésus parlait, mais d’un retour personnel ; car nous savons que ce n’est pas en esprit qu’Il est entré au ciel, mais avec Son propre corps ; c’est ainsi que Ses disciples l’ont contemplé montant au ciel, et ils ont entendu les anges leur dire : « Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel » (Act. 1, 11). « Tout œil le verra » (Apoc. 1, 7). Ces passages suffisent, à eux seuls, pour établir, comme une chose révélée de Dieu, le retour personnel et glorieux de Christ. Or quant à l’Église, et à la manière dont Ses membres dispersés seront réunis à Christ, Paul dit ceci : « … le Seigneur lui-même descendra du ciel, avec un cri de commandement et une voix d’archange et la trompette de Dieu, et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants, qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». En ce jour-là Jésus ne sera pas manifesté au monde, mais seulement à ceux qui auront gardé Sa parole ; lesquels seront tous changés, en un instant, en un clin d’œil, au dernier son de la trompette, car la trompette sonnera, etc. (comp. Nomb. 10, 1-6). De cette manière, Christ recueillera les siens de la scène de ce monde ; Il « transformera le corps de leur abaissement, afin qu’il soit rendu conforme au corps de Sa gloire » (Phil. 3, 21) ; — « ils lui seront faits semblables, car ils le verront comme il est » (1 Jean 3, 2). Introduits alors dans les demeures célestes, cette demande de Christ sera littéralement accomplie : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée », etc. Quand toutes ces choses seront un fait accompli, alors l’Église aura cessé d’attendre le retour de son Époux, car elle sera avec Lui, et pour toujours ; « os de ses os et chair de sa chair », elle jouira à jamais de Sa gloire. Mais tandis que « nous sommes dans cette tente terrestre », nous répétons avec l’apôtre : « Nous sommes absents du Seigneur, car nous marchons par la foi et non par la vue ». Ne serait-ce pas un non-sens de tenir un pareil langage, s’il était vrai que le Seigneur fût là ? Il y a actuellement, grâces à Dieu, par l’Esprit, une relation spirituelle entre Christ et les siens : « ils sont en lui et lui en eux ». — Il est en esprit « au milieu des deux ou trois réunis en son nom », mais ne confondons pas cela avec la réunion des saints avec Christ, dans les lieux célestes. Ainsi, la cène du Seigneur a une valeur actuelle, non seulement pour ceux qui y participent, mais aussi pour Christ, qui a dit : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Il y a aussi une différence entre la venue de Christ pour l’Église et la venue de Christ pour Israël. Quant à l’Église, elle sera enlevée de la terre, sans que Jésus touche à rien de ce qui est établi dans ce monde ; tandis que lorsqu’Il viendra rétablir le royaume pour Israël, alors « toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » ; — « elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire ». En ce jour-là les élus d’entre Israël seront assemblés, par le ministère des anges, « des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre » (Matt. 24, 29-31). L’Église paraîtra avec Jésus, selon cette écriture qui dit : « Quand Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire ». Ayant été préalablement réunie à son Chef, elle paraîtra avec Lui dans Sa gloire. On admettra sans difficulté, je pense, que le plus beau du cortège qui accompagnera Jésus, en ce jour-là (Apoc. 19), sera bien certainement son épouse, celle qu’Il a aimée et pour laquelle Il s’est livré. Et non seulement cela, mais comme manifestation du caractère qui Lui est propre et de la bénédiction qui s’y rattache, l’Église sera, d’une manière bénie, « le tabernacle de Dieu avec les hommes » ; c’est-à-dire, elle sera le point de contact avec les hommes ; — c’est par elle que Dieu communiquera avec la terre (Apoc. 21, 3 et 24).

Je pense que ces quelques remarques concernant la venue du Seigneur pour l’Église aideront, sur ce sujet, ceux de vos lecteurs qui désireraient l’étudier pour eux-mêmes, d’une manière plus étendue.

Maintenant examinons si, pour Israël, la venue du Seigneur est un fait accompli. — Nous connaissons tous de quelle manière notre adorable Sauveur a agi envers les Juifs et quelle bonté, quelle grâce Il a déployées, afin de les rassembler autour de Lui, comme la poule rassemble sa couvée sous ses ailes ; mais ils ne l’ont pas voulu ; ils ont heurté contre la pierre placée en Sion et mis à mort le Prince de la vie — le vrai Berger d’Israël. Après la résurrection de Jésus, le jour de Pentecôte, un nouveau témoignage fut adressé à cette malheureuse nation ; le père de l’enfant prodigue franchissait une seconde fois le seuil de sa maison, pour dire à son fils aîné : « Viens ! tous mes biens sont à toi » ; mais cette nouvelle tentative ne toucha pas le cœur ainsi appelé ; les Juifs scellèrent leur mépris de la grâce, leur refus de recevoir Christ, en répandant le sang d’Étienne, Son fidèle témoin. Ainsi les Juifs, refusant tout moyen de réconciliation avec Dieu, furent livrés au juge et du juge au sergent, et finalement mis en prison. Il n’y avait plus rien qui pût arrêter le jugement de Dieu ; les paroles bien connues de Jésus à Jérusalem : « Les jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront et te serreront de tous côtés et ils te raseront et écraseront contre terre tes enfants au-dedans de toi », etc. — eurent leur accomplissement ; — Jérusalem fut livrée entre les mains de ses ennemis, instruments choisis de Dieu pour la détruire et pour disperser ses enfants. C’est donc ce terrible événement que, selon quelques-uns, nous devons considérer comme étant la venue du Seigneur. Une telle assertion est fort contestable ; mais, en supposant qu’elle fût vraie, encore faudrait-il voir, comme un fait accompli, les effets bénis de Sa présence pour Israël ; effets annoncés par ces paroles prophétiques de Moïse : « Nations, réjouissez-vous avec son peuple ; — car… il fera l’expiation de sa terre et de son peuple » (Deut. 32, 43) ; — et c’est bien ce qui arrivera, lorsque Jésus reviendra pour Israël. Nous verrons ci-après que la délivrance de cette nation sera la conséquence immédiate de la destruction de ses ennemis. Mais avant d’aller plus loin, il y a une déclaration de Jésus aux Juifs, qu’il nous faut considérer : « Voici, leur dit-il, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Jésus étant rejeté, Jérusalem n’était plus qu’un désert, la foi ne L’y trouvait pas ; et où Jésus n’est pas, c’est un désert. Mais, restent encore ces paroles : « Vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que », etc. ; le « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », qui est établi comme une condition positive du retour de Christ, a-t-il été prononcé lors de la présence des armées romaines en Judée ? Hélas ! non, autrement ce peuple serait dans un état moral autre que celui dans lequel il est depuis lors : en effet, un examen attentif du psaume 118, auquel ces dernières paroles de Jésus sont empruntées, ne laisse aucun doute à ce sujet. Cette joyeuse acclamation des Juifs sera motivée par l’apparition de Christ, glorieux et vainqueur au milieu de Son peuple (voyez comme spécimen Jean 12, 12). Une œuvre préalable sera sans doute opérée dans les cœurs pour les amener à la repentance, et c’est là, en vérité, un des brillants aspects de la grâce envers ce peuple rebelle ; mais gardons-nous d’appeler venue du Seigneur, un événement qui a tous les caractères d’un départ — d’un abandon. Il en fut ainsi aux jours où l’Éternel livra Son peuple entre les mains du roi de Babylone ; le peuple fut emmené en captivité, mais la gloire de l’Éternel ne le suivit pas en Chaldée (voir Éz. 10, 4, 18, 19 ; 11, 22, 23). Les déclarations de la Parole sur ce point ne nous autorisent pas, que je sache, à appeler la ruine de Jérusalem par les Romains : la venue du Seigneur ; car il y a loin des bénédictions qui en résulteront à la consommation du siècle, aux circonstances désastreuses qui accompagnèrent les légions romaines en Judée. Il serait donc beaucoup plus logique de dire qu’en ces jours-là, l’absence du Seigneur était publiquement constatée ; car le peuple de Dieu était une seconde fois livré entre les mains des Gentils, au lieu d’en être délivré. Ainsi les Romains ont été, dans les mains de Dieu, ce qu’autrefois les Chaldéens avaient été, savoir la verge de la colère de l’Éternel pour châtier Son peuple. Les méchants (les branches incrédules de l’olivier) ont été retranchés ; mais celles qui ne l’ont pas été, qu’en est-il advenu ? Sont-elles devenues le royaume de Christ, ayant Jérusalem pour centre et pour siège d’autorité ? Hélas ! non ; les saints (l’Église) furent dispersés, avant que vînt le jugement de Dieu sur la ville rebelle. Les branches donc de l’olivier (Rom. 11) demeurèrent debout, d’autres branches, sauvages par nature, furent entées sur le même tronc ; l’olivier prit alors la forme chrétienne, au lieu de conserver la forme juive. Il est donc évident que le résidu juif, converti à la Pentecôte, devint le noyau qui forma l’Église, peuple d’origine et de caractère célestes, et non le royaume de Christ sur la terre. À ce sujet, remarquons que l’Église n’est pas la continuation du peuple juif ; car elle appartient à un système entièrement nouveau dans les dispensations et dans l’accomplissement des voies de Dieu au milieu des hommes : c’est une nouvelle création. L’Église est, par l’Esprit, liée à Christ, qui est son Chef (Tête) ressuscité et glorifié dans le ciel.

Le jugement de la nation juive ne peut, en aucun cas, être pris pour l’accomplissement littéral de prophéties telles que : Ésaïe 35, tout entier ; Michée 4, 8-10, etc. L’apôtre Pierre, dans son appel aux Juifs, leur annonce des temps de rafraîchissement, comme devant suivre immédiatement la présence du Seigneur au milieu d’eux (Act. 3, 20) ; — mais, hélas ! toujours sourds aux appels qui leur étaient adressés, et rejetant le témoignage du Saint Esprit, comme ils avaient rejeté celui du Fils, ils mirent le sceau à leur endurcissement, en répandant le sang d’Étienne. Là se termine, en quelque sorte, l’histoire morale de la nation, et jusqu’à ce que le Libérateur vienne de Sion, et qu’Il détourne de Jacob l’impiété (Rom. 11, 26), les Juifs demeurent sous la sentence de : « pas mon peuple » — Lo-Ammi.

Maintenant je voudrais, sous forme d’appendice aux remarques qui précèdent, présenter quelques pensées au sujet de Babylone, dans ses rapports avec Israël, peuple élu de Dieu.

En étudiant la prophétie, on ne tarde pas à découvrir que l’Esprit prophétique de Christ a deux sujets particulièrement en vue, qui sont : Israël et Babylone. Pour plus d’un lecteur, ces sujets donnent lieu à quelque embarras, surtout en ce qui regarde Babylone.

Nous savons tous que Nebucadnetsar fut l’instrument dont Dieu se servit pour châtier et juger Son peuple, et qu’à Babylone ce peuple fut emmené captif ; jusqu’ici, on passe avec intelligence et sans arrêt ; mais l’embarras, ou plutôt la confusion, surgit quand il faut passer sans transition, de la première à la dernière destruction de Babylone. Il y a dans la prophétie deux destructions de Babylone, l’une accomplie par les Mèdes et les Perses ; l’autre, la dernière, par le roi du Nord (Jér. 50, 8, 9).

Ésaïe 21, 1-9 nous montre la ruine de Babylone par Cyrus, mais l’Esprit s’arrête là. Ésaïe 13 va plus loin et il relie la chute de l’empire babylonien avec les circonstances d’Israël aux derniers jours, lequel, au chapitre 14, se moque du roi de Babylone, dont la grandeur et la puissance n’ont pu le garantir de la colère et du jugement du Dieu de Jacob. Cette ruine de la première monarchie a eu son accomplissement lors de l’invasion des Mèdes et des Perses ; mais c’est ici qu’il faut observer que, sans transition, l’Esprit passe du chapitre 13 au chapitre 14, reportant ainsi la pensée de celui qui lit sur la fin de la domination des Gentils. Babylone détruite, berceau des principes mauvais qui se développeront d’une manière exceptionnelle aux derniers jours, sert d’occasion à l’Esprit prophétique pour parler de la manière dont Dieu agira envers la Babylone de la fin. On voit donc clairement, en Ésaïe 14 et Jérémie 50 — que la restauration du peuple juif coïncide avec la chute de la quatrième monarchie des Gentils ; alors que « la petite pierre détachée sans main, tombera sur les pieds de la statue et mettra tout en pièces » (Dan. 2, 35). Les Juifs, qui sont revenus en Judée après les soixante-dix années de captivité, sous la conduite d’Esdras et de Néhémie, sont une figure de ce qui s’opérera plus complètement en faveur des Juifs dans les derniers jours. D’ailleurs le retour partiel, qui s’est effectué sous Cyrus, l’a été bien des années après l’établissement de la deuxième monarchie gentile. Ainsi donc, lorsqu’il s’agit de la Babylone du passé, le peuple de Dieu y est captif, tandis que si l’Esprit de Dieu fait mention du relèvement de ce peuple, c’est alors de la Babylone de l’avenir qu’il s’agit.

Dans l’Apocalypse, chapitres 17 et 18, Babylone nous est montrée sous un double caractère : civil et religieux. Au chapitre 17, l’effet du mal est l’oubli de Christ et au chapitre 18, c’est l’oubli de Dieu. Mais lorsque, sous ce double rapport, le mal est arrivé à son comble, le jugement se hâtera.

Que Dieu nous garde dans une sainte séparation de tout mal — de tout ce qui, d’une manière quelconque, nous identifierait avec l’état et les principes babyloniens. Amen !