Traité:Faire une chose faite

De mipe
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1862

Une foule de personnes ne connaissent pas de plus sûr moyen d’attirer sur elles la faveur de Dieu que de Lui rendre un culte et de faire de bonnes œuvres. On pense que Dieu doit tenir compte du zèle que l’on met à assister aux offices, aux messes, vêpres ou sermons ; et si, aux actes du culte public, on ajoute encore d’autres actes, d’autres œuvres réputées bonnes, oh ! alors, il semble impossible que des choses si excellentes n’aient pas devant Dieu la plus grande efficace et n’attirent pas Sa faveur sur ceux qui les font. Tel est le moyen généralement connu et employé pour faire son salut, comme on dit, pour sauver son âme, et naturellement on aime à croire qu’il réussira. Toutefois (chose remarquable !) nul n’atteint le but de manière à pouvoir dire avec certitude : Maintenant je suis assuré que la faveur de Dieu est sur moi ; je sais que je n’ai rien à redouter de Sa justice — je sais que je suis sauvé. Nul n’exprime ce désir si naturel à celui qui sait que le ciel est son partage : Il me tarde de déloger. Au contraire tous craignent la mort qui est pour eux le roi des terreurs, l’avenir est pour eux plein de ténèbres, car ils sont là ne sachant ni s’ils seront sauvés, ni s’ils seront perdus ; ils passent leur vie jusqu’au bout à chercher la faveur de Dieu et meurent sans aucune certitude de l’avoir trouvée ! Malheureuse position, en vérité ! Terrible incertitude ! qui ne fait que s’accroître avec les années et qui devient d’autant plus insupportable qu’on devient plus sérieux ! La Parole de Dieu seule, cher lecteur, nous explique ce contraste et nous apprend fort bien pourquoi ceux qui déploient un grand zèle religieux et font beaucoup de bonnes œuvres, dans la pensée de se rendre Dieu favorable, ne peuvent jamais parvenir à l’assurance du salut, ne peuvent jamais goûter la douce consolation qu’il y a dans une telle assurance. C’est tout simplement parce que ce moyen de salut auquel on s’attache est faux, étant seulement le fruit de la pensée et de l’imagination de l’homme. Vous allez en juger.

Les œuvres que vous faites et le culte que vous rendez à Dieu, dans la pensée de vous sauver, témoignent d’une vérité très importante, savoir, que vous vous reconnaissez pécheur. Vous sentez plus ou moins fortement que vous avez offensé Dieu, que vous êtes coupable à Ses yeux, que vous avez péché ; et quelque chose aussi vous dit que cette culpabilité, ces offenses, ces péchés ne peuvent pas rester impunis. Cette conviction de péché, hélas ! trop peu profonde, me donne cependant de l’espoir à votre sujet, car cette conviction est de Dieu, c’est Lui qui l’a produite et qui la garde dans le fond de votre conscience. Si vous n’aviez, à aucun degré, ce sentiment de péché, vous seriez véritablement tout à fait aveuglé. Car la Parole de Dieu, qui ne peut être anéantie, déclare « que tous les hommes, Juifs et Grecs, sont sous le péché — qu’il n’y a pas de juste, pas même un seul — qu’ils se sont tous détournés du droit chemin et que tout le monde est coupable devant Dieu » (Rom. 3, 9-31). Vous êtes donc pécheur, qui que vous soyez, et je n’insiste pas davantage sur une vérité aussi évidente, écrite dans la Bible et dans votre conscience. Mais prenez garde à ceci, c’est que, d’après l’Écriture, le péché vous sépare nécessairement du Dieu du ciel, Dieu « trois fois saint », qui a les yeux trop purs pour voir le mal. Ni injustes (et il n’y a pas de juste), ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni efféminés, ni ceux qui commettent le péché contre nature, ni avares, ni ivrognes, ni outrageux, ni ravisseurs, n’hériteront point du royaume de Dieu (1 Cor. 6, 9, 10). La part de ceux-là et de tous les menteurs sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre qui est la seconde mort (Apoc. 21, 8). Car les gages du péché, c’est la mort (Rom. 6, 23). Ainsi tous les hommes sont sous une sentence de mort éternelle, car « tous ont péché ». Le cœur de l’homme a beau se révolter contre cette vérité, cela ne l’anéantit point. La première leçon qu’un pécheur ait à apprendre, c’est qu’il est perdu, leçon humiliante, mais nécessaire, car nul ne dira avec joie : Je suis sauvé, qu’auparavant il n’ait dit : Je suis perdu !

Tel est, cher lecteur, votre état ; ce n’est point manquer à la charité que de vous dire : Vous êtes perdu, car Dieu vous le dit dans Sa Parole. Et au fait vous admettez vous-même cette vérité, au moins dans une certaine mesure, puisque vous faites des œuvres et rendez un culte pour vous sauver. Or nous allons examiner ce moyen de salut que vous avez choisi. Je vous ai dit qu’il est faux et je veux vous le prouver, non pas en raisonnant avec vous, car ce sont précisément les hommes, qui n’ont pour guide que leur raison, qui s’imaginent qu’on peut acheter le salut par des œuvres, comme on achète un champ avec de l’or, et mériter la faveur de Dieu par des cérémonies, comme on mérite celle des hommes par des actions qui leur plaisent ! C’est rabaisser Dieu au niveau de l’homme et Le faire semblable à nous ! Mais une chose est certaine, Dieu restera Dieu malgré la folie des hommes, et le bon sens et l’Écriture me disent « qu’autant les cieux sont élevés par-dessus la terre, autant ses pensées sont élevées au-dessus de nos pensées et ses voies au-dessus de nos voies » (És. 55, 8, 9). Je décline donc complètement la responsabilité de vous proposer un moyen de salut inventé par moi ou par aucun homme faillible ; je me borne, sur une affaire de cette importance, à vous faire entendre la Parole de Dieu : lisez, réfléchissez et jugez !

Dieu est amour (1 Jean 4, 8, 16)

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils au monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui. — Car à tous ceux qui l’ont reçu (ce Fils), il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom » (Jean 1, 12 ; 3, 16-18). « En ceci est manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions (une sentence de mort pèse sur le pécheur) par lui ; en ceci est l’amour, non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Nous l’aimons parce qu’il nous aima le premier » (1 Jean 4). — « Dieu est amour ! Dieu a constaté son amour, à lui, envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5, 8). « Christ nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur » (Éph. 5, 2). « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant point leurs offenses… car il a fait celui qui n’a point connu le péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5, 17-21). « Il est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25). — « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois… Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pier. 2, 22-25 ; 3, 18). « Or il était navré pour nos forfaits, et froissé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la guérison » (És. 53, 5). Dieu est amour !

« Sachez donc, hommes frères, que par lui (Christ) vous est annoncée la rémission des péchés et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui. Tous les prophètes lui rendent témoignage que quiconque croit en lui reçoit la rémission de ses péchés. Car aussi il n’y a point sous le ciel d’autre nom qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés. — Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Act. 4, 12 ; 10, 43 ; 13, 38-39 ; 16, 31). « En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce » (Éph. 1, 7). « Car le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché » (1 Jean 1, 7). « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ » (Rom. 8, 1). « Jésus nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (1 Cor. 1, 30). « Quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non sur le principe des œuvres accomplies en justice et que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde » (Tite 3, 4, 5). « Sachant que l’homme n’est pas justifié sur le principe des œuvres de loi, mais seulement par la foi en Jésus Christ, nous aussi, nous avons cru au Christ Jésus, afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi en Christ, et non sur le principe des œuvres de loi : car sur le principe des œuvres de loi, nulle chair ne sera justifié » (Gal. 2, 16).

Dieu est amour

J’arrête ici mes citations de l’Écriture ; celles qui précèdent ne seraient-elles pas suffisantes, cher lecteur, pour vous montrer que Dieu vous aime déjà, qu’Il vous aime tel que vous êtes, pécheur, qu’Il vous aime non parce que vous L’aimez, vous, non à cause de vos œuvres ou de votre culte, mais parce qu’Il est amour ? Ne verrez-vous pas et ne comprendrez-vous pas, que, pour que nous puissions aimer Dieu, il faut d’abord « que nous ayons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous », car nous L’aimons parce qu’Il nous a aimés le premier ? Pourquoi voulez-vous renverser les choses de Dieu en nourrissant la pensée que c’est à vous à aimer le premier ? Car c’est bien là ce que vous faites, en cherchant à vous rendre Dieu favorable par des œuvres ; vous agissez comme s’Il ne vous aimait pas encore, comme s’Il n’aimait pas le premier ; vous donnez un démenti à l’Écriture ! Et pourquoi donc cette répugnance à croire que Dieu vous aime ? Ne vous a-t-Il pas donné la preuve la plus éclatante de Son amour ? N’a-t-Il pas envoyé Son Fils unique dans le monde tout exprès pour vous sauver ? Jésus n’est-Il pas mort pour vous, sur la croix ? Et ne verrez-vous pas que, par la foi en ce Jésus mort pour vous, vous avez un salut entier et parfait, et que Lui seul est le moyen de salut ? Ne verrez-vous donc pas que persister à vouloir vous sauver par vos œuvres, c’est nier la miséricorde de Dieu, c’est nier Son amour, c’est fouler aux pieds Sa justice pour établir la vôtre propre, c’est ne tenir aucun compte de l’œuvre de Christ, de Sa mort, de Sa résurrection, c’est prétendre que vos œuvres et vos justices souillées auront plus d’efficace devant Dieu que le sang de Son Agneau ; c’est, en un mot, vouloir être plus sage que Dieu, et entreprendre follement de faire une chose que Dieu seul peut faire et qu’Il a déjà faite : votre salut !

Dieu veuille, cher lecteur, vous donner de connaître et de croire l’amour que Dieu a pour vous et tout ce que cet amour a fait pour vous sauver. Alors, et seulement alors, vous ferez de vraies bonnes œuvres et rendrez un vrai culte à Dieu. Vous agirez parce que vous êtes aimé et sauvé, et non pour être aimé et sauvé : vous adorerez non un Dieu irrité, mais un Père qui vous chérit : c’est le caractère d’un véritable adorateur (Jean 4, 22, 25).