Études Scripturaires:Le vieux prophète

De mipe
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1 Rois 13 30 décembre 1850

« Ne m’entraîne point avec les méchants, ni avec les ouvriers d’iniquité qui parlent de paix avec leurs prochains, pendant que la malice est dans leur cœur »
« Toi, Éternel, garde-les et préserve à jamais chacun d’eux de cette race de gens »

Les livres des Rois et ceux des Chroniques sont, au fond, l’histoire du témoignage de Dieu, laissé sous la responsabilité de Son peuple déjà déchu et divisé. Le dix-septième chapitre du second livre des Rois contient une récapitulation bien triste de l’endurcissement croissant du peuple de Dieu, depuis sa sortie d’Égypte jusqu’au moment où « l’Éternel rejeta toute la race d’Israël ; car il les affligea et les livra entre les mains de ceux qui les pillaient, jusqu’à ce qu’il les eût rejetés de devant sa face ». Le schisme des dix tribus ou la division du royaume était un juste châtiment, infligé par l’Éternel à Salomon et aux enfants d’Israël (1 Rois 11, 7-11, 33). Dès lors jusqu’à l’arrivée du Christ, Dieu supporta ce peuple en l’avertissant continuellement par le ministère de Ses prophètes ; et s’Il en ramena une faible portion en Judée, après la captivité de Babylone, cette faveur, en donnant lieu à la manifestation du Christ, ne servit qu’à manifester l’endurcissement de la nation qui, méprisant le long support et la grâce de son Dieu, mit à mort le Prince de la vie.

Le prophète Nathan avait servi de lien entre les deux règnes de David et de Salomon, mais son office cessa dès que tout eut été bien établi et bien réglé suivant les pensées de Dieu. Aucun prophète n’exerça son ministère sous Salomon, aussi longtemps que ce roi demeura fidèle ; et, pendant son long règne, aucun miracle n’eut lieu par le ministère des prophètes. Les relations de Dieu avec Son oint devant, dans la règle, être immédiates, l’Éternel était apparu deux fois à Salomon, ainsi que la Parole nous le rappelle d’une manière si touchante en 1 Rois 11, 9.

Lorsque Salomon eut abandonné l’alliance et les ordonnances de Jéhovah, le prophète Abija ne fut envoyé ni au roi ni au peuple, mais seulement à Jéroboam : « Et ils étaient, eux deux, tout seuls aux champs ». Il fallait que le futur roi d’Israël entendît de la bouche du prophète ce qui le concernait, tandis que l’Éternel Lui-même avait directement déclaré à Salomon la sentence de son jugement. Sacré suivant la promesse, le fils de David n’était responsable qu’à Dieu seul d’un état de choses que Dieu lui avait confié et que Dieu avait établi suivant Ses propres voies, pour la bénédiction de tout Son peuple qu’Il reconnaissait pleinement dans cet état-là.

Depuis le schisme des dix tribus jusqu’au Seigneur Jésus, leur histoire, ainsi que celle de Juda et de la maison de David, nous apparaît comme un dernier temps d’épreuve accordé par la longanimité de Dieu à Son peuple divisé. Israël, ayant marché le premier dans l’apostasie, fut aussi retranché le premier. Juda, plus tard, tomba sous le jugement, parce qu’au lieu de garder les commandements de l’Éternel, son Dieu, ils marchèrent dans les ordonnances qu’Israël avait établies. Le seul véritable témoignage du Seigneur consiste dans la présence des prophètes suscités par l’Éternel, qui sont là, avec le petit résidu docile à leur voix, debout au milieu des misères et de la ruine de Juda et d’Israël, de la royauté et de la sacrificature. Toutefois, ces prophètes eux-mêmes manquèrent souvent à leur mission, ainsi que cela est toujours arrivé à tout témoignage confié à la responsabilité de l’homme. Telle est, à tous ces égards, ce me semble, la leçon instructive que nous pourrions retirer, avec l’aide du Seigneur, de la méditation de 1 Rois 13. Le témoignage sort de Juda, alors encore fidèle au Dieu fort (Os. 12, 1) ; mais, au fond, la justice de Dieu qui gouverne Son peuple dut agir contre tous les acteurs de cette scène pour maintenir la gloire de Jéhovah.

Dans ces temps de désordre, le ministère des prophètes avait pour but d’agir sur la conscience du peuple de Dieu, afin de le retirer du mal et de le faire rentrer, s’il était possible, dans les voies de la bénédiction. Alors, les miracles accompagnaient la parole des hommes de Dieu ; ils annonçaient à l’avance les moyens extraordinaires, qu’un Dieu souverainement juste et bon avait résolu d’employer, pour ramener les enfants de Jacob à l’obéissance. Ainsi toute la patiente bonté de Dieu s’exerçait au milieu du mal d’une manière exceptionnelle, c’est-à-dire en dehors des voies ordinaires de Son gouvernement, telles que Son conseil les avait déterminées et révélées pour le cas où Son peuple demeurerait dans ces mêmes voies.

L’Éternel ne cessait pas de sommer Israël et Juda déjà déchus « par le moyen de tous les prophètes, de tous les voyants, en disant : Revenez de vos méchantes voies et gardez mes commandements et mes statuts, selon toute la loi que j’ai commandée à vos pères et que je vous ai envoyée par mes serviteurs les prophètes… ». Mais ils n’ont point écouté, et ils s’étaient vendus pour faire ce qui déplaît à l’Éternel afin de l’irriter… C’est pourquoi Il les rejeta de devant Sa face, en sorte qu’il n’y eut que la seule tribu de Juda qui restât, et même Juda ne garda point les commandements de l’Éternel son Dieu… Mais ils marchèrent suivant les ordonnances qu’Israël avait établies. C’est pourquoi l’Éternel rejeta toute la race d’Israël. Le moindre coup d’œil jeté sur l’histoire de ces deux royaumes démontrera bientôt que l’apostasie et la ruine de Juda furent, pour la plus grande partie, un fruit amer des amitiés et alliances que les successeurs de David nouèrent et entretinrent avec les rois impies des dix tribus.

Le Seigneur venait d’arracher le royaume des mains du fils de Salomon pour en donner dix tribus à Jéroboam, en lui disant, par la bouche du prophète Abija : « Je te prendrai donc et tu régneras sur tout ce que ton âme souhaitera, et tu seras roi sur Israël. Et il arrivera que si tu m’obéis en tout ce que je te commanderai et que tu marches dans mes voies et que tu fasses ce qui est droit devant moi, en gardant mes statuts et mes commandements, comme a fait David, mon serviteur, je serai avec toi et je te bâtirai une maison qui sera stable, comme j’en ai bâti une à David et je te donnerai Israël ».

Le futur roi d’Israël eut d’abord tout le temps nécessaire pour méditer ces glorieuses promesses, pendant son exil en Égypte, mais une fois parvenu sur le trône, Jéroboam, au lieu de mettre toute sa confiance en la fidélité de l’Éternel, commença à craindre que le peuple ne le tuât pour retourner à son seigneur, Roboam, roi de Juda. Son incrédulité le poussa à prendre conseil de la chair et, pour éviter ce qu’il craignait, il fit deux veaux d’or qu’il plaça, l’un à Dan, l’autre à Béthel, théâtre de la scène qui va nous occuper. « C’est trop de peine pour vous, dit-il à son peuple, que de monter à Jérusalem. Voici tes dieux, ô Israël ! qui t’ont fait monter hors du pays d’Égypte ». Une impatience charnelle, fruit de l’incrédulité qui ne sait pas attendre le plein effet des promesses, fit retourner Jéroboam de son cœur en Égypte. Il entraîna ainsi Israël dans une apostasie toute pareille à celle d’Aaron et de tout le peuple en Sinaï. Les souvenirs de l’Égypte ont, hélas ! beaucoup de puissance en des cœurs où la foi n’est pas enraciné et ne cultive pas assidûment les magnifiques promesses de Dieu.

La fin du chapitre douzième nous peint le roi offrant des victimes et de l’encens sur l’autel qu’il avait élevé aux dieux de son invention. Tout acte de sacrificature, de la part du roi, était, en lui-même et abstraction faite de toutes les autres circonstances, un péché que commit plus tard le roi Ozias à Jérusalem et dont il fut puni instantanément par l’éruption d’une lèpre, pour laquelle il dut être séquestré jusqu’à sa mort (2 Chron. 26, 16 sqq.). Au reste le culte entier de Jéroboam était, dans toutes ses parties et dans tous ses détails, un culte de son invention, un vrai culte arbitraire, auquel aucun véritable Israélite n’aurait pu assister. Aussi est-il dit positivement que les sacrificateurs et les Lévites, qui étaient dans tout Israël, se joignirent à Roboam ; et que les Lévites laissant leurs faubourgs et leurs possessions, vinrent dans la tribu de Juda et à Jérusalem ; parce que Jéroboam et ses fils les avaient rejetés, afin qu’ils ne servissent plus de sacrificateurs à l’Éternel. Car Jéroboam s’était établi des sacrificateurs pour les hauts lieux, pour les démons et pour les veaux qu’il avait faits. Et, après eux, ceux d’entre toutes les tribus d’Israël, qui avaient appliqué leur cœur à chercher l’Éternel, le Dieu d’Israël, vinrent à Jérusalem, pour sacrifier à l’Éternel, le Dieu de leurs pères (2 Chron. 11, 13-17 ; cf. 13, 9-12).

La fête même, sans parler du lieu où on la célébrait, était une fête imaginée par Jéroboam pour remplacer celle des Tabernacles qui venait d’avoir lieu à Jérusalem. « Il la fixa au quinzième jour du huitième mois, au mois qu’il avait inventé de lui-même », dit la Parole. « Il fit des maisons des hauts lieux, et établit des sacrificateurs des derniers du peuple, qui n’étaient point des enfants de Lévi. Quiconque voulait, se consacrait, et était des sacrificateurs des hauts lieux » (ch. 12, 26-33 ; 13, 33 ; cf. Héb. 5, 4). C’était bien là la volonté de l’homme mise à la place de la volonté de Dieu, chose abominable à tous égards, mais surtout quand cette volonté s’arroge le droit de régler le culte du Seigneur.

Le péché de Jéroboam attirait les jugements de Dieu, et le chapitre que nous méditons contient d’abord la dénonciation de ces jugements contre l’autel, faite par le prophète. La conduite de ce dernier jusqu’à la fin du verset 10, est pleine de courage et de fidélité dans le service de son Maître. Il expose sans crainte le message qu’il a reçu du Seigneur. Le roi furieux « étend sa main de l’autel, en disant : Saisissez-le. Et la main qu’il étendit contre lui devint sèche, et il ne put la retirer à soi ». La parole de l’Éternel est annoncée avec foi et sa puissance l’accompagne. Dieu s’identifie à Son témoignage. Le roi frappé devient un suppliant. Il avait étendu sa main contre Dieu, il ne peut la ramener à lui. Il demande au prophète de prier pour lui.

Tant que le serviteur est témoin pour Dieu, Dieu le soutient, et toute la puissance du monde vient expirer à ses pieds. Et c’est ainsi qu’il aurait dû en être de l’Église. Mais, hélas ! elle a usé des grâces que Dieu lui accordait pour se mondaniser, en oubliant la gloire du Seigneur. « Et l’homme de Dieu supplia l’Éternel, et la main du roi retourna à lui, et elle fut comme auparavant ». Alors le roi dit à l’homme de Dieu : « Entre avec moi dans la maison et y dîne et je te ferai un présent ». Mais l’homme de Dieu résiste avec force et simplicité à l’invitation et aux offres du roi ; il garde et met en avant la pure parole de son Dieu qui lui sert de guide, de lumière et de bouclier ; et d’un autre côté l’endurcissement du roi donna lieu à une manifestation toute nouvelle des pensées de Dieu sur l’état d’Israël et sur la conduite que Ses témoins devaient tenir à son égard (v. 9, 17, 22). Tout ce qui restait attaché à ce système d’invention humaine était mis au ban de l’Éternel, puisqu’Il avait dit à son témoin : « Tu n’y mangeras point de pain, et tu n’y boiras point d’eau ; et tu ne t’en retourneras point par le chemin par lequel tu y seras allé ». Son message avait commencé par l’avertissement qui éclaire les âmes, selon les pensées de Dieu, sur l’état de choses auquel elles participent. La séparation absolue devenait dès lors un devoir et une nécessité pour tous les fidèles, désireux de glorifier le Seigneur et d’éviter les plaies prédites par sa Parole sur tout ce qui serait en communion avec le mal ainsi dénoncé. Il fallait que, dès le moment même, l’homme de Dieu, en sa qualité de témoin au milieu de la maison rebelle d’Israël, évitât jusqu’à la rencontre d’un Israélite auquel il aurait pu parler en venant remplir sa mission à Béthel.

Eh bien ! jusqu’ici l’homme de Dieu a été fidèle au Seigneur. Il a proclamé la parole de l’Éternel ; il a courageusement rendu témoignage pour Dieu et contre l’autel idolâtre ; une opposition brutale ne l’a point effrayé, et il a repoussé avec décision les présents d’un roi impie. Il a maintenu sa position de séparation de tout mal, comme témoin de Dieu contre l’impiété. Cependant, « que celui qui endosse le harnais ne se glorifie pas comme celui qui le quitte ». On voit des chrétiens, d’ailleurs bien faibles, être victorieux du monde, sans se laisser intimider par ses menaces ni amorcer par ses présents. On voit des chrétiens forts succomber aux tentations qui leur viennent de ceux du dedans. Ce n’est pas une opposition bien prononcée, ou une séduction bien grossière, qui est surtout dangereuse. C’est quand le mal prend de belles apparences et que nous y sommes poussés par des hommes d’ailleurs respectables, qu’il y a péril pour nos âmes. C’est quand Satan se déguise en ange de lumière qu’il est le plus à craindre et qu’il faut surtout du discernement pour le démasquer. Quel besoin n’avons-nous donc pas d’une constante dépendance de Dieu et d’une communion habituelle avec les pensées du Seigneur ? « Que celui qui est debout prenne garde qu’il ne tombe ». C’est la leçon que nous donne l’histoire de l’homme de Dieu. Sorti de Juda encore fidèle, il se trouvait jusqu’ici dans une position assez simple. Il n’avait eu qu’à se tenir entre Dieu qui l’envoyait et les dix tribus ouvertement apostates. Maintenant sa position se complique par la rencontre d’un vieux prophète, qui met son discernement et son obéissance à une épreuve dont sa chute fut le résultat, mais qui fournit au Seigneur l’occasion de confirmer Sa parole par la punition même qu’Il dut infliger à Son témoin (v. 32).

Veuille le Seigneur nous donner de tirer de ce qui suit une instruction, bien nécessaire, si, comme nous n’en doutons pas, la position des vrais témoins du Seigneur, dans les temps actuels, est semblable, en bien des points, aux circonstances mentionnées dans ce chapitre.

L’Église, étant un seul corps de rachetés, corps qui devrait être visible ici-bas par son union dans une marche commune selon Dieu et en dehors du monde, a pour mission de manifester, sur la terre, sa glorieuse unité avec Jésus, son Époux absent. Rassemblée et formée en un, sur la terre, par le Saint Esprit envoyé du ciel, elle aurait dû, en pratique, garder, dans le lien de la paix, cette unité, œuvre de l’Esprit de son Chef caché dans le ciel. Mais la mondanité, qui s’est introduite dans l’Église, a divisé extérieurement ce seul et même corps en deux grands camps principaux. L’autel du peuple d’Israël fendu et recouvert de ses cendres en signe de deuil, mais rétabli aussitôt par Jéroboam et assez solidement pour qu’il ait pu durer encore plusieurs siècles, ne se serait-il pas offert à l’esprit de quelqu’un de mes lecteurs, comme un miroir prophétique de certaines choses que nos yeux ont pu voir et nos oreilles entendre ?

Dans l’état de choses dont nous avons parlé plus haut, le Seigneur toujours fidèle reste l’unique ressource de Son peuple, qui retient ferme Sa promesse : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle ». Sa Parole et Son Esprit rallient, autour du seul Témoin fidèle et véritable, le résidu qui n’écoute que Sa voix et qui reste insensible, d’un côté, aux avances de Jéroboam et, de l’autre, aux discours du vieux prophète de Béthel. Ce qui importe, avant tout, aux témoins placés ainsi entre les deux camps, c’est de prendre garde à leur propre position d’abord, puis à celle des personnes auxquelles ils ont affaire : « Prenez donc garde comment vous écoutez, car si quelqu’un a, il lui sera donné ; et si quelqu’un n’a pas, cela même qu’il croit avoir, lui sera ôté ».

Le Seigneur n’a-t-il pas, dans Sa patience envers l’Église déchue, réveillé et suscité des témoignages dont la lumière, proportionnée à l’état et aux besoins de Son Église, est actuellement appropriée à ces « derniers temps auxquels nous sommes parvenus » ? Or la plus grande difficulté, que ceux qui rendent ce témoignage rencontrent aujourd’hui, gît dans les relations qu’ils sont appelés à soutenir avec de vieux prophètes, c’est-à-dire avec des serviteurs de Dieu, qui, au lieu de quitter Israël, se sont établis à Béthel en laissant les montagnes de la Samarie (2 Rois 17, 28 ; 23, 18), et qui cherchent à faire entrer leurs frères fidèles dans leur maison, pour détruire, autant que possible, la puissance de leur témoignage.

Le nouveau personnage qui paraît dans cette histoire était vieux et prophète ; homme d’expérience et d’autorité, mais surtout serviteur de Dieu (v. 11, 20, 26, 30-32 ; 2 Rois 23, 15-18), puisqu’un prophète doit être la bouche de l’Éternel : « Moi aussi je suis prophète comme toi », dit-il au verset 18. Et cependant « il lui mentait », tout en prétendant lui donner un ordre de l’Éternel, contraire au témoignage de l’homme de Dieu. Les ruses de Satan sont toujours les mêmes, dès le commencement (Gen. 3, 1, 4).

Nous pouvons voir, en 1 Rois 20, 35-37, une preuve de la nécessité où sont les prophètes de se soumettre aux prophètes ; et cette preuve est d’autant plus remarquable, qu’elle montre le besoin où nous nous trouvons d’user de discernement dans notre obéissance, puisque le jugement, par un lion, tomba, sur l’une des victimes, pour n’avoir pas obéi ; sur l’autre, pour avoir obéi à son frère. Ici, l’homme de Dieu, en suivant le vieux prophète, prenait conseil de la chair et du sang ; il écoutait un homme dans la chair ; il recevait un autre évangile que celui qu’il venait d’annoncer ; il participait à l’autel qu’il venait de juger et aux péchés contre lesquels il venait de s’élever en témoignage (cf. v. 9, 17 ; Deut. 12, 5-14 ; Gal. 1, 8, 9 ; 2, 18).

Or, il était bien évident, que le vieux prophète n’aurait pas dû se trouver à Béthel. Il était évident qu’il aurait, au moins, dû quitter cette ville aussitôt que ses enfants lui eurent raconté toutes les choses que l’homme de Dieu y avait faites ce jour-là et les paroles qu’il avait dites au roi. L’Écriture nous apprend, en effet, que, dès le commencement de l’apostasie de Jéroboam, tous les sacrificateurs et les Lévites, et même tous les Israélites pieux et droits de cœur, étaient restés en Juda ou avaient quitté les contrées soumises à Jéroboam, pour renforcer le royaume de Juda (1 Rois 12, 17, 23 ; 2 Chron. 10, 17 ; 11, 13-17 ; 13, 10-12 ; 15, 8, 9, 13, 15, etc.). L’homme de Dieu, qui était venu de Juda à Béthel, était peut-être lui-même un de ces fidèles émigrés ; mais, quoi qu’il en soit, il fallait qu’il tînt bien peu compte d’un fait aussi connu et aussi important, pour avoir pu se laisser entraîner par le vieux prophète qui était resté à Béthel. La résolution, que ce dernier manifestait, de demeurer dans sa maison à Béthel et de conserver ainsi sa fausse position, dans un moment aussi décisif, le mettait, à tous égards, au premier rang de ceux avec lesquels l’homme de Dieu ne devait avoir aucune communion ; car si le vieux prophète n’eût pas été aveuglé par ses propres pensées, il n’aurait fait sceller son âne que pour sortir d’Israël à la suite de son frère qui venait de prononcer la parole et le jugement de l’Éternel. Alors, au lieu de tromper ce dernier par des mensonges en le ramenant dans sa maison, comme en un piège, il aurait achevé sa course dans la communion des saints à Jérusalem, jouissant, sans interruption, de la paix que donne l’approbation du Témoin fidèle et véritable.

Mais ce prophète, au lieu d’être un modèle à suivre, était un exemple à éviter ; il devint, en effet, un ange de ténèbres et un messager de mort pour le témoin de l’Éternel. Sa présence à Béthel faisait, en outre, servir le poids et l’influence de son saint caractère à colorer l’apostasie d’Israël d’une teinte religieuse et d’une apparence respectable. Les vérités mêmes qu’il aurait pu prêcher au milieu d’Israël, perdaient toute leur force divine à cause de la communion qu’il conservait avec ce peuple apostat. C’était du dehors au dedans, c’était de Juda que l’Éternel avait suscité Son témoin contre Israël, et si le vieux prophète eût essayé de crier contre l’autel, il est évident que l’autel n’aurait été ni fendu ni souillé et que le roi n’aurait témoigné aucune irritation contre cet homme qui participait, au moins par sa demeure à Béthel, aux choses qu’il aurait jugées.

Rien n’est plus funeste que la religion qui, sous de spécieux prétextes, s’arrête à Béthel. Rien n’est plus dangereux que d’écouter et de suivre les vieux prophètes qui y demeurent. L’homme de Dieu est tenu de se retirer de ceux qui pensent que la piété est une source de gain, de considération ou de bien-être en la chair, car leurs désirs insensés et pernicieux les font tomber dans le piège et les enfoncent dans la ruine, tandis que l’homme de Dieu doit poursuivre la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. Loin de participer aux œuvres infructueuses des ténèbres, il doit plutôt les reprendre : « Car c’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les enfants de la rébellion. Ne soyez donc pas leurs complices », dit le Seigneur (Éph. 5, 6, 7, 11 ; cf. Rom. 2, 3 et 17-22). Et si quelqu’un vient auprès de vous et n’apporte pas cette doctrine, ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres.

Le témoin de Dieu, venu de Juda, avait résisté sans hésitation à l’influence naturelle de la faveur royale, sans céder, une seconde, à l’attrait des avances et des offres du puissant roi d’Israël ; mais toute sa décision échoue contre l’autorité, le poids et l’influence du vieux prophète, et ainsi Satan parvint à entamer son témoignage et à en altérer, autant que possible, la puissance et la valeur. « Il s’en retourna donc avec le vieux prophète, et mangea du pain et but de l’eau dans sa maison ».

Si nous comparons la conduite de notre prophète avec celle de Samuel, en 1 Samuel 15, 24-35, nous verrons que les deux récits sont semblables, quant à leurs principales circonstances. Ils diffèrent par leur dénouement et la cause de cette différence me paraît digne d’être examinée.

Deux rois, rebelles à l’Éternel qui vient de les établir sur Son peuple, sont en présence de deux prophètes qui témoignent contre eux. Chacun de ces rois commence par inviter l’homme de Dieu qui refuse de le suivre. Depuis ce moment la fidélité de Samuel se maintient, mais l’homme de Dieu de Juda tombe en obéissant au vieux prophète qui lui dit : « Moi aussi, je suis prophète comme toi ».

Samuel ne résista pas seulement à la première invitation de Saül et à sa première promesse d’adorer l’Éternel, mais la violence que lui fit le roi, en déchirant son manteau pour le retenir, fut, pour ce fidèle messager, une occasion de confirmer symboliquement son témoignage précédent. Toutefois, Saül lui ayant dit de nouveau : « Retourne-t’en avec moi, et je me prosternerai devant l’Éternel, ton Dieu », Samuel suivit le roi. En donnant ainsi, au roi rebelle, le temps et l’occasion de se repentir sincèrement, pour glorifier réellement l’Éternel dans son cœur, Samuel agissait selon les pensées du Dieu qu’il connaissait. Il ne se fiait probablement pas entièrement à l’apparence des bonnes dispositions que manifestait Saül, mais il était prudent, patient et fidèle en suivant le roi et en observant son culte, sans y prendre aucune part. Loin d’entrer dans aucune espèce de communion avec le rebelle rejeté, loin de « l’honorer en présence des anciens de son peuple et en présence d’Israël », l’ambassadeur de l’Éternel fait naître une dernière occasion d’humilier l’orgueil du roi et de rendre, contre lui, un témoignage sanglant, en mettant en pièces, de ses propres mains et « devant l’Éternel », le roi Agag, qui était la cause du jugement de Dieu sur Saül et sur sa maison : « Et Samuel n’alla plus voir Saül, jusqu’au jour de sa mort… » où il monta du tombeau vers le roi, pour lui déclarer encore une fois que l’Éternel s’était retiré de lui et qu’il était devenu son ennemi (1 Sam. 28). Samuel agissait suivant Dieu, sans avoir, pour se diriger, aucun ordre formel d’accepter ou de refuser l’invitation du roi. Sa position était, au fond, plus difficile que celle de l’homme de Dieu de Juda, qui se trouvait, lui, muni d’ordres précis et positifs et placé en présence, non d’un hypocrite comme Saül, mais d’un rebelle manifestement endurci. La partie réellement difficile de la mission de l’homme de Dieu de Juda, était déjà accomplie au moment où il succomba, tandis que Samuel acheva fidèlement sa tâche au milieu de difficultés toujours croissantes. C’est que Samuel n’écoutait que le Seigneur, dans la communion duquel il vivait, tandis que l’autre prêta l’oreille au discours du vieux prophète de Béthel. Samuel n’avait pas un tel piège à éviter.

Le but de cette digression sera atteint, si mes lecteurs en concluent avec moi, que l’influence et l’autorité religieuse, dans les mains d’hommes qui ne marchent pas dans la lumière, sont le plus perfide et le plus redoutable des écueils semés sur la route du chrétien, qui aspire à réaliser le beau titre « d’homme de Dieu ».

Jérémie, lui aussi, dut être un homme de débats, sans cesse exposé, à cause de son administration fidèle de la parole prophétique, à l’opprobre et à la persécution de la part d’un peuple sourd à ses exhortations et parvenu au terme de la longue patience de son Dieu. Ce prophète, aussi obéissant qu’intelligent, ne prit point de femme et n’eut ni fils ni filles en son pays ; il n’entra en aucune maison de deuil pour pleurer avec eux, parce que l’Éternel leur avait retiré sa paix : « Et même, avait dit l’Éternel, tu n’entreras point en aucune maison de festin, afin de t’asseoir avec eux, pour manger ou pour boire » (16, 8). Jérémie avait appris à se contenter de Dieu seul au milieu de la ruine et de la détresse générales. Il retenait ferme cette promesse qui venait de lui être adressée, alors qu’il se plaignait d’être seul, abandonné, maudit et méprisé de chacun : « Non ; je te tirerai de là pour te mettre en bon lieu, et je ferai venir à toi, suppliants au temps des revers et au temps de la détresse, tes propres ennemis » (15, 11 ; cf. Apoc. 3, 9). Un Jérémie seul était alors capable d’apprécier l’obéissance des Récabites, séjournant comme étrangers et nazaréens en Canaan, selon le commandement de leur père en la chair. Il sut opposer cette fidélité à l’état de révolte des Juifs, et sa parole fut confirmée par les bénédictions accordées aux Récabites comme par les châtiments qui fondirent sur le peuple de Dieu, selon que l’Éternel en avait parlé (Jér. 35).

Bienheureux, encore aujourd’hui, celui qui écoute les derniers avertissements que le Seigneur donne à Son Église, au moyen des dons qu’Il suscite et qui exercent le ministère de l’Esprit, conformément à la Parole. Bienheureux les témoins qui, par une conduite opposée à l’imprudence de l’homme de Dieu de Juda, ne se trouveront pas dans le cas de faire, trop tard, la triste découverte du danger auquel ils s’exposent : « Et il arriva que, comme ils étaient assis à table, la parole de l’Éternel fut adressée au prophète qui l’avait ramené. Et il cria à l’homme de Dieu qui était venu de Juda, en disant : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que tu as été rebelle… ton corps n’entrera point au sépulcre de tes pères… ». Et un lion le rencontra dans le chemin et le tua… Puis son corps fut enterré dans ces lieux qu’il aurait dû fuir, et où vint le rejoindre, plus tard, le corps du vieux prophète qui l’avait entraîné hors des sentiers du témoignage de Dieu. C’est ainsi que celui qui sème pour sa chair, moissonnera aussi, de la chair, la corruption, tandis que celui qui sème pour l’Esprit, moissonnera, de l’Esprit, la vie éternelle. C’est pourquoi encore, que chacun prenne garde comment il édifie sur le fondement, car si son œuvre demeure, il en recevra la récompense.

La bouche du vieux prophète avait séduit son frère, sa bouche le condamna. Il avait brisé sa carrière et la course de son service ; il dut relever son cadavre de ses propres mains, puis l’ensevelir en pleurant sur leur faute commune et, bientôt après, il se coucha avec lui dans le tombeau qu’il s’était creusé en Israël. La fin de ces deux frères, exemple frappant des suites de l’emploi de l’autorité humaine dans les choses de Dieu, était peut-être présente à la pensée du Seigneur Jésus, lorsqu’Il disait : « Si un aveugle guide un autre aveugle, tous deux tombent dans la fosse ».

« Néanmoins, dit le verset 33, Jéroboam ne se détourna point de son mauvais train… » (cf. v. 34 ; 14, 10 ; 15, 29). Le Seigneur s’était glorifié dans le châtiment infligé à Son serviteur, mais, quoique ce châtiment et la bouche même du vieux prophète confirmassent aussi Sa parole, l’œuvre de l’homme de Dieu de Juda fut comme consumée ; elle resta sans fruit et il dut en faire la perte. Et quoique l’Éternel eût été forcé de punir Son serviteur comme prévaricateur, Sa grâce sut néanmoins honorer et légitimer Sa parole dans la conservation et dans la sépulture du corps de Son messager (v. 27-33 ; 2 Rois 23, 17, 18). Différent en cela des lions que l’Éternel envoya, près de trois cents ans plus tard, contre les Samaritains idolâtres, le lion de notre chapitre n’avait pas mangé le corps de l’homme de Dieu, ni déchiré l’âne qui l’avait apporté. Il les garda tranquillement jusqu’à ce que le tout pût être recueilli : « Et son corps était étendu dans le chemin, et l’âne se tenait auprès du corps, le lion aussi se tenait auprès du corps ». Le plus superbe et le plus humble des animaux étaient là, comme deux témoins vivants, d’accord pour signaler, par leur soumission à la providence de Dieu, la folie de l’homme, roi déchu de cette création par un effet de l’orgueil qui l’assujettit à la mort.

« Toute l’Écriture est divinement inspirée… afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement instruit pour toute bonne œuvre » ; et « toutes les choses qui ont été écrites auparavant, l’ont été pour notre enseignement, afin que, par la patience et la consolation des Écritures, nous retenions l’espérance ». Le cœur d’un fidèle lecteur de la Bible n’est-il pas soulagé en voyant, au milieu de ces tristes circonstances, le lion rugissant, ce magnifique instrument de la vengeance du Seigneur, forcé malgré ses instincts destructeurs de garder le corps du serviteur de Dieu, aussitôt après l’exécution de Son jugement en la chair. Satan peut, si Dieu le permet, franchir le rempart que l’Éternel a formé Lui-même autour des circonstances extérieures des siens. Le Seigneur peut même lui livrer le corps d’un de Ses serviteurs rebelles, mais c’est seulement pour la destruction de la chair, et afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus Christ. S’il est terrible de voir un homme de Dieu tomber dans les mains du Dieu vivant, d’un autre côté cette même discipline n’est-elle pas un gage des soins paternels de Sa miséricorde ? Dieu glorifie ainsi la sainteté de Sa grâce et la perfection de Sa sainte et paternelle justice dans Sa maison. Tels sont, ce me semble, les solennels avertissements que doit nous inspirer, et le calme de cette dernière scène de notre histoire, et les honneurs que l’Éternel fit rendre, plus de trois siècles ensuite, aux restes de nos deux prophètes, par Josias Son serviteur.

Nous avons, comme témoins du Seigneur, à éviter deux écueils principaux : la légèreté et la paresse. Si c’est avec peine que le juste est sauvé, parce que le jugement commence par la maison de Dieu ; s’il y a même des ouvriers imprudents du Seigneur, qui n’évitent l’embrasement de Sodome qu’en passant au travers du feu ; si la verge de la discipline paternelle ne nous atteint jamais sans que toutes les divines et ineffables sympathies de notre glorieux Sauveur n’en soient émues ; si, enfin, nous avons à tous égards la pensée du Christ, combien ne devons-nous pas veiller et prier pour apprendre, dans la communion de Jésus, à surmonter notre légèreté charnelle et la coupable indifférence de nos pauvres cœurs, à l’égard de tout ce qui touche à la gloire de Dieu, par le moyen de l’Église ? Or cette même pensée de Christ, qui habite dans nos cœurs par la foi, nous gardera contre la paresse du lâche qui dit : « Un lion est là, dehors, au milieu de la rue », je ne sortirai pas, « je serais dévoré ».

Il est à désirer que chaque membre du corps de Christ revête l’esprit et le caractère d’un témoin vraiment désireux d’obtenir la couronne qui lui est proposée, et les sérieux enseignements de notre chapitre pourraient nous y encourager si nous cherchions, devant Dieu, une réponse claire aux questions suivantes : L’Église, en tant qu’un seul corps, vase du Saint Esprit qui la rassemble et la forme en unité sur la terre, répond-elle à sa mission qui est d’amener le monde, par la vue de son union pratique ici-bas, à croire que Dieu avait envoyé Jésus (Jean 17, 21) ? Ou bien, est-elle, à cet égard comme à bien d’autres encore, en état de déchéance complète et ainsi près du jugement, en tant que corps de témoins au milieu des ténèbres de ce siècle-ci ? Son invisibilité, sa mondanité, ses divisions n’attestent-elles pas clairement l’infidélité de l’Épouse de Christ ?

Écoutons-nous avec docilité, avec l’humilité convenable à des membres solidaires et responsables du triste état de tout le corps, la voix du témoignage de Jésus, ou de l’Esprit de la prophétie, qui nous annonce, dans Sa Parole, ce que l’Église est dans la pensée de Dieu ; ce qu’elle aurait dû être sur la terre sous la responsabilité de ses membres ; et, enfin, ce qu’elle y est devenue, par la faute de tous ses membres, sans doute, mais surtout par la faute de ceux qui se sont mis en avant pour la conduire ?

Gardons-nous soigneusement la parole de l’attente de ce Josias qui vient infailliblement, et bientôt ; « avant lequel il n’y eut point de roi qui lui fut semblable… et après lequel il ne s’en lèvera point de semblable à lui » (2 Rois 23, 25) ?

Sommes-nous de Juda encore fidèle, ou de Béthel avec son autel, ses sacrificateurs, ses fêtes, ses offrandes, ses encensements et tous les commandements et les ordonnances que le roi Jéroboam avait imaginés pour débaucher Israël et lui faire commettre un grand péché (2 Rois 17, 21) ?

Sommes-nous des fils du vieux prophète qui, s’étant arrêté à moitié chemin de Jérusalem, vivait à Béthel dans l’intimité des ennemis de la maison de David et finit par séduire celui qui devait être un témoin de Dieu ? Et si, dans une telle position, on peut dire impunément de dures vérités à Israël et peut-être à Jéroboam, ces vérités ne demeurent-elles pas sans puissance, parce qu’elles sortent de la bouche d’un homme qui mange du pain et boit de l’eau dans sa maison à Béthel ! Un tel prophète, si vénérable qu’il paraisse, n’a plus de force que contre la vérité, dès qu’il se trouve en face d’un véritable témoin du Seigneur.

Combien il est précieux, le témoignage d’une bonne conscience devant ceux qui nous blâment, qui médisent de nous et calomnient notre bonne conduite en Christ, lorsque, tout en reconnaissant nos misères et notre faiblesse, nous pouvons nous dire disciples du seul Témoin fidèle et véritable ! Unissons-nous dans l’amour et dans la vérité pour maintenir, de toutes les forces de la foi, les précieuses lumières qui nous ont été accordées par la grâce et la fidélité de Jésus. Il est possible que nous soyons quelques fois appelés à cheminer seuls, à pied, fatigués et méconnus, méprisés, peut-être, par plus d’un vieux prophète. Mais en ne rebroussant pas chemin avec eux, nous éviterons la fatale rencontre du lion, qui se mit aux aguets sur la route de l’homme de Dieu, pendant qu’il était revenu manger du pain et boire de l’eau de Béthel.

Dieu nous donne qu’il en soit ainsi, chers frères, et pour vous, et pour moi et pour tous, afin que nous puissions entrer, joyeux et triomphants, dans la sainte cité.

Je ne crois pas qu’il ait jamais existé simultanément, au milieu du peuple de Dieu, deux témoignages qui fussent l’un et l’autre le témoignage du Seigneur, selon les besoins de Sa maison et suivant les soins de Sa souveraine sacrificature pour la traversée du désert. Je parle ici en envisageant notre chapitre au point de vue de la gloire de Dieu au milieu des circonstances intérieures de Son peuple. Je ne parle pas du témoignage plus ou moins individuel, rendu à la rédemption et à l’expiation, ou de l’évangélisation, mais de la position et de la marche collective de l’Église comme corps, portant la lumière de la Parole au milieu des ténèbres de ce présent siècle méchant.

Il y a bien, et c’est là déjà un mal, il y a bien deux camps principaux, dont chacun peut compter diverses bannières rangées sous son étendard, et ceci est encore un autre mal. Mais il n’y a qu’un seul témoignage au milieu de l’infidélité du peuple de Dieu. Ce témoignage n’en serait pas un, s’il ne venait pas de Dieu. Il s’adresse aux deux camps, suivant la lumière de la Parole et l’intelligence de l’Esprit, afin de signaler les besoins et d’indiquer les ressources qui sont en Jésus, selon l’activité de l’esprit de sacrificature ou selon les richesses de l’amour et de la sainteté de Christ, la tête et le Sauveur de l’Église. Le témoignage de Dieu est appelé à juger le mal, mais son office le plus doux et le plus précieux est d’appeler les saints à se séparer de ce mal, en fuyant la mondanité ainsi que toute recherche de la gloire qui vient des hommes. C’est en montrant la vérité, la glorieuse et bienheureuse espérance et la céleste vocation de l’Église, plutôt qu’en s’occupant du mal, que le témoignage avertit les rachetés de se détourner des faux prophètes ainsi que de tout culte arbitraire et de toute organisation d’invention humaine, quelque subtilement spécieuse qu’elle puisse être.

Nous serons richement récompensés, quoique indignes par nous-mêmes, si nous gardons, dans la paix et dans le nazaréat, la parole de la patience de Celui qui a dit à l’ange de l’église de Sardes : « Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu et le garde et te repens. Si donc tu ne veilles pas, je viendrai contre toi comme un voleur, et tu ne connaîtras point à quelle heure je viendrai contre toi ».

Lui-même a dit aussi à l’ange de la tiède Laodicée : « Je vais te vomir de ma bouche, parce que tu dis : Je suis riche et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien… ». Ainsi donc, frères, que celui qui entend prenne garde comment il écoute. N’avons-nous pas déjà vu plus d’une calomnie s’user et tomber à mesure que la lumière a fait des progrès, par la grâce de Dieu ? Et si ces calomnies se reproduisent çà et là, elles proviennent toujours de la même cause. C’est qu’elles étaient un fruit involontaire (nous devons le croire) de la manière d’écouter, c’est-à-dire de la position de ceux qui lisaient et entendaient mal.

Que chaque racheté, cherchant la communion du Seigneur dans la vigilance, dans la prière et dans le jeûne, revête le précieux caractère de témoin de Jésus. Je crois, en répétant ce vœu, n’être que l’écho de la plupart des chrétiens vivants de notre époque, où tant de besoins divers se font sentir dans la chère Église du Seigneur.

« Au reste, ce que vous avez, retenez-le, dit le Seigneur, jusqu’à ce que je vienne. Je viens subitement, retiens ce que tu as, afin que personne ne te prenne ta couronne ».