Traité:L’élément humain dans l’inspiration
J.N. Darby 1906
La question de l’inspiration — question vitale pour les chrétiens, et même pour les hommes en général — a pris et conservé une importance considérable dans les contrées où l’on professe le christianisme. Cela m’engage à écrire quelques mots sur un point qui se rattache à cette question et au sujet duquel ceux même qui se disent orthodoxes se servent d’un langage très équivoque.
Il s’agit de l’élément humain dans l’inspiration.
Qu’il y ait dans l’inspiration un élément humain ne peut faire aucun doute, car ce sont des hommes qui sont inspirés, des hommes dont le langage, la pensée ou les facultés mentales ont été employés de Dieu. Nous disons les facultés mentales, car l’apôtre déclare parler « avec son intelligence ».
N’oublions pas toutefois qu’on se sert de l’expression « l’élément humain », pour désigner aussi les infirmités et les erreurs propres à l’intelligence de l’homme. Dans ce cas, il s’agit de l’esprit de l’homme laissé à lui-même, c’est-à-dire non inspiré, chose, on ne le niera pas, très différente de l’inspiration de l’esprit humain.
Ma raison principale pour aborder ce sujet git dans la valeur infinie pour nous de l’élément humain. Il est le caractère même de la grâce qui nous a été révélée et communiquée. La faveur divine n’est pas seulement révélée à l’homme, elle l’est aussi dans l’homme. Notre bien-aimé Sauveur, centre et source pour nous de toute grâce, en est la preuve évidente, seulement nous trouvons en Lui bien plus que l’inspiration, car Il est une personne, la Parole faite chair. Cette faveur divine révélée dans l’homme, caractérise toutes les voies de Dieu envers nous.
Ce qui est divin dans un homme possède un élément humain et nous est présenté en Christ : naissance, faim, soif, douleur, souffrance, compassion émue par ce qui se passait sous Ses yeux, croissance en sagesse et en stature, dépendance dans la prière, obéissance, tentation (à part le péché), enfin la mort à laquelle Il s’est livré, car Il était expressément devenu homme pour pouvoir mourir. Quoiqu’Il soit maintenant dans la gloire, l’élément humain L’y a accompagné. Il est le Fils de l’homme à la droite de Dieu, et, quand nous occuperons nous-mêmes cette place bénie, « il se ceindra et nous fera mettre à table, et s’avançant il nous servira ». Bien que figurées, ces expressions sont la figure de ce merveilleux amour qui L’a fait prendre la forme d’un serviteur, devenir homme et continuer maintenant encore Son service, étant capable comme homme d’être touché par le sentiment de nos infirmités. Ce service, Il l’accomplira dans l’avenir comme homme, pour nous entourer de l’amour divin avec une tendresse divine et parfaite, capable de gagner et de fixer maintenant le cœur de l’homme, tandis que, dans l’avenir glorieux, nous pourrons pleinement en apprécier la valeur, en recevant les soins de cet amour. L’amour trouve sa joie dans le service, et Christ est devenu homme pour servir. Assurément, c’est là Sa gloire, l’immensité de l’amour divin dans lequel les anges désirent regarder de près, mais cet amour inexprimable et infini, se trouve, grâce à Dieu, dans un élément humain. « Dieu montrera dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus ».
Cette grâce prend le nom caractéristique de philanthropie (ou d’amour envers les hommes) (voy. Tite 3, 4). Aussi entendons-nous, à la naissance du Sauveur, les anges, étrangers à l’envie, qui disent : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et bon plaisir dans les hommes » (Luc 2, 14) ; sujet aussi précieux que glorieux pour nous.
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Bien que l’élément humain en Christ diffère de tout autre, car Il est la Parole incarnée, ce même élément caractérise toutes les voies de Dieu envers les hommes. Dans l’Ancien Testament en particulier, l’inspiration a ce caractère, et il constitue la valeur spéciale du livre. On y voit l’Esprit de Christ agissant dans l’homme pour la manifestation limitée de la pensée de Dieu, à quelque degré que ce soit. La révélation, est-il dit, a été donnée « à plusieurs reprises et en plusieurs manières ». Elle était en rapport avec l’homme et faisait connaître les choses qui le concernaient comme étant lui-même historiquement en relation avec Dieu. Elle est aussi un témoignage moral par lequel nous pouvons avoir la pensée de Dieu sur ces mêmes choses. Elle s’adresse à l’homme selon la lumière qu’il possède, et le rend, par là, responsable. Elle a aussi pour but de l’enseigner quant à la pensée et au jugement de Dieu. Cette révélation n’a pleinement eu lieu qu’en Christ — Dieu manifesté en chair, la Parole faite chair et habitant au milieu de nous — car Il disait ce qu’Il était dans Sa propre perfection, et Il était ce qu’Il disait.
La révélation du Nouveau Testament est d’un caractère différent, parce que nous y voyons l’homme retiré de la terre pour être élevé dans le ciel. Depuis la mort de Christ, des révélations célestes et un caractère céleste sont introduits dans les choses terrestres. En faisant abstraction de ses prophéties qui n’appartenaient par proprement à cette révélation, le Nouveau Testament nous présente un homme dans le ciel, un homme céleste dans tous les détails de Sa vie sur la terre, chose plus intime, plus familière, plus présente et plus pratique, que ce que l’Ancien Testament nous révèle. Le chrétien est l’épître de Christ. Par la parole de la révélation, il doit donc être transformé à Son image, puis amené à la manifester.
Qu’il s’agisse de révéler le christianisme, ou de le réaliser, le rôle de l’élément humain est ici plus qu’évident, mais c’est Dieu qui en prend possession.
La puissance divine et ce que l’on pourrait librement appeler l’inspiration, si l’on n’était exposé à l’abus de cette expression, agissent soit en tout homme qui exerce un don, soit par l’activité de la sagesse spirituelle. Dieu agit et forme le jugement spirituel, et l’instrument de cette action n’est béni que dans la mesure où cela a lieu.
Mais l’Écriture distingue soigneusement cette espèce d’inspiration de l’inspiration dans le vrai sens du mot, c’est-à-dire de communications possédant une autorité divine sur l’âme, comme étant faites par Dieu Lui-même. Un homme inspiré, Paul, peut dire : « J’ai reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle » (1 Cor. 7, 25) ; ou : « J’estime que moi aussi j’ai l’Esprit de Dieu » (v. 40) ; ou bien : « Quant à ceux qui sont mariés, je leur enjoins, non pas moi, mais le Seigneur » (v. 10), ou encore : « Aux autres je dis, moi, non pas le Seigneur » (v. 12). L’apôtre distingue donc soigneusement la saine et divine sagesse qui faisait par l’Esprit le fond de son expérience, ou l’action morale du Saint Esprit dans son esprit à lui, des choses qu’il avait reçues du Seigneur Lui-même, de manière à les donner comme Son commandement. L’inintelligence de quelques-uns prétend que de tels passages sont la preuve que tout dans la Parole n’est pas inspiré, puisqu’on en distingue une partie comme expérience spirituelle. Cette assertion provient d’une erreur sur la nature même de l’inspiration, et me pousse à en dire quelques mots.
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Le terme inspiration ne signifie nullement que tous les actes et toutes les paroles rappelés ou enregistrés dans l’Écriture, soient inspirés. Nous trouvons dans la Bible les paroles du diable, celles d’hommes impies, celles d’hommes saints mais faillibles. En pareil cas, l’écrivain est inspiré pour nous donner les choses comme il le fait. Dieu, connaissant notre tendance à nous laisser induire en erreur au sujet de l’inspiration, a inspiré Paul pour établir la différence entre cette dernière et le plus haut degré de sagesse ou d’intelligence spirituelle. On ne pourrait trouver sur ce point un témoignage inspiré plus important. Il décide la question si souvent soulevée de nos jours, et juge l’erreur dans laquelle sont tombés les hommes présomptueux qui la propagent. L’opération de l’Esprit, formant et dirigeant les pensées des hommes, n’est pas l’inspiration proprement dite. Quant à cette dernière, ses formes sont variées en raison de l’élément humain, quoiqu’elle procède d’une seule source et d’une seule autorité.
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Quant au contenu de la Bible, nous y trouvons d’abord la révélation des œuvres de Dieu, et cela dans un récit aussi simple que merveilleux, tel que l’inspiration seule pouvait nous le donner. Puis le péché de l’homme et sa chute sont retracés et mis en lumière dans leur origine et leur développement. Le développement du mal exige que les voies de Dieu soient révélées, et cette révélation a un double caractère : d’abord l’histoire des faits auxquels ces voies se rapportent, puis la manière dont Dieu les a exprimées.
Ensuite vient l’histoire d’Abraham, mais pour comprendre sa position il nous fallait connaître le jugement de l’homme à Babel, après le déluge, et la formation des nations en langues diverses, car c’est hors de ces nations que la gloire de Dieu appelle Abram. Dans l’histoire du patriarche, la promesse, l’appel, la séparation du monde, sont mis en lumière comme le principe fondamental qui est à la base de toute le reste. Mais Abraham était-il destiné à jouer le rôle d’un poteau inerte, pour y suspendre des principes ? Non certes ; il était un homme vivant et agissant par la foi à la suite de son appel, et il se confiait en Dieu au sujet des promesses. Aussi Dieu se fait connaître à lui sous deux aspects : comme le Tout-puissant (Shaddaï), pour le chemin journalier de la foi, et comme le révélateur des promesses. Ce dernier titre nous ouvre toute l’histoire de Ses conseils à l’égard d’Israël et de Sa grâce envers les nations.
Un homme, il est permis de le dire, aurait été parfaitement incapable de réunir tous ces principes dans l’histoire d’un seul homme, encore moins de faire ressortir leur portée quand il s’agit d’établir les principes de la marche et du but à atteindre, dans l’histoire actuelle du monde (juif ou gentil), et de montrer comment ceux qui s’attendent à Dieu sont bénis avec le croyant Abraham.
Dans tout cela nous trouvons un élément humain, parce que le sujet qui nous est enseigné est la relation de Dieu avec l’homme, et comment elle subsiste de Son côté et du nôtre. La promesse est de Dieu ; la foi, bien qu’elle soit de Dieu et qu’Il en soit l’objet, est dans l’homme ; elle peut être exercée et resplendir d’un éclat parfait, ou bien faire défaut et manifester ainsi ce qu’est l’homme. Tout cela, et bien plus encore, constitue la révélation qui retrace une histoire parfois ordinaire, parfois extraordinaire, dans laquelle ces choses sont mises en lumière. Mais qui pourrait le faire de manière à nous instruire au sujet de toutes les voies de Dieu dont le Nouveau Testament nous révèle l’entière portée, car c’est Lui qui manifeste la vraie lumière ? Dieu seul peut le faire, Lui qui sait ce qu’Il veut nous enseigner et ce par quoi nous pouvons l’être.
Comment Moïse, ou, selon ces rationalistes insensés, quelques imposteurs sous le règne de Josias, auraient-ils pu savoir des choses pouvant servir de principes pour tous les temps, formant la base et étant l’image anticipée d’un dessein qui, jusqu’à ce jour, n’est pas même encore entièrement accompli ?
Et pourtant Moïse nous donne l’histoire comme une série de faits qui eurent lieu alors, faits utiles à Israël pour ce temps-là, nécessaires pour lui enseigner sa place devant Dieu et pour justifier sa confiance en Lui. Mais, en revêtant cette histoire de conceptions et de sentiments qui devaient produire ce résultat, Moïse entrait de cœur dans ce récit, et en usait pour lui-même.
Tout cela revient à dire que l’élément humain est contenu dans la révélation, et lui est essentiel si elle doit agir dans le cœur de l’homme, sur ce cœur et par lui. Seulement Dieu prend possession de cet élément humain et s’en sert pour des desseins de grâce qui ne peuvent être dépassés que par leur perfection en Christ. La foi elle-même, ne doit-elle pas contenir un élément humain ?
Toutes les communications de la Parole ne sont pas l’expression de la foi, quoique cette dernière y soit impliquée ; mais une très grande partie, la partie historique de cette Parole, est en beaucoup de points l’exercice et l’expression de la foi, sinon elle n’aurait pas de valeur. Il est impossible de séparer la foi de la révélation. Quand nous lisons (Ex. 32, 13) : « Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, tes serviteurs », n’est-ce pas une révélation ? C’est en effet le point autour duquel tout tourne. Dieu est ramené pour ainsi dire à Sa promesse et non au jugement, et cela par la précieuse foi et par l’intégrité de cœur de Son serviteur. C’est de ce principe de la foi que dépend toute espérance humaine ; c’est sur lui qu’est fondée l’épître aux Galates et, bien plus, notre espérance céleste elle-même. Mais n’y a-t-il pas là un élément humain ? La foi et la grâce en Moïse, son renoncement à lui-même, son précieux dévouement pour la gloire de Dieu et la bénédiction de Son peuple, ne sont-ils pas en jeu ? Est-ce que je ne reçois pas ici en même temps un enseignement divin quant à la manière dont la grâce agit dans un homme ? Mais si je ne reçois pas cet enseignement de la part de Dieu, quel en est le profit ? Le fait même que tout cela est de l’histoire — la partie de la Parole dans laquelle l’homme semble entrer le plus spécialement en jeu — exige qu’elle soit inspirée de Dieu, qu’elle possède les éléments par lesquels je puisse recevoir une instruction divine. Oui, la vraie valeur de cette histoire est que je possède une instruction donnée de Dieu, sur la scène et dans la sphère de l’homme.
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Envisageons maintenant la question d’un autre côté. Si j’ai besoin d’apprendre ce que l’homme est en réalité, et les voies de Dieu envers lui, sera-ce seulement par des dogmes plus secs et plus improductifs que le grand désert et tels qu’un concile pourrait les établir ? Ou bien apprendrai-je ces choses au milieu d’une scène où tout se passe entre des hommes vivants et le Dieu vivant ? Dieu, dans Sa sagesse, a choisi la seconde alternative, mais il me faut, dans ce cas, avoir une connaissance exacte et véritable des fautes, des infractions, des manquements, des péchés, des actes et des motifs mélangés de l’homme, en un mot, de ce qu’il est, de ce qu’il est devant Dieu, et il me faut être avec Dieu pour l’apprendre. Il faut que je possède les faits réels, mais tels qu’ils sont dans la pensée de Dieu, sinon ils ne m’apprendraient pas du tout cette pensée. Il me faut savoir comment le mal est apparu, comment il a été pardonné, jugé, comment plus tard il a porté ses fruits douloureux ou néfastes.
Peut-être me dira-t-on : Vous confondez précisément ce que nous distinguons : le récit et la chose qui y est révélée. — Non point, car dans cette histoire le récit est en grande partie la révélation (non pas toujours, car nous trouvons parfois dans le récit les paroles mêmes de Dieu). La Parole est parfaite et doit l’être pour avoir une utilité quelconque. Mais il y a plus que cela. Les choses ont lieu selon la relation de l’homme avec Dieu à ce moment-là, elles font partie de cette relation. Prenez, par exemple, le cantique de louange à la mer Rouge : si Moïse et Israël l’avaient chanté selon nos notions célestes actuelles, il aurait été absolument hors de place, tandis que leur louange correspond à leur état du moment. C’est dans le même esprit que tout cela nous est révélé comme histoire. Ce n’est point un commentaire sur ce qui s’est passé, c’en est l’histoire.
Nous trouvons donc ici, comme toujours, l’élément humain dans l’histoire, mais c’est par son moyen que je reçois l’instruction divine, d’abord pour établir des principes, ensuite comme image des choses à venir, car « ces choses leur sont arrivées en types et elles sont écrites pour notre instruction, à nous que les fins des siècles ont atteints ».
Enfin cette même histoire nous présente les voies de grâce et de patience de Dieu envers l’homme, ininterrompues depuis la chute. J’y trouve la promesse précédant la loi, ensuite la loi introduite pour poser la question de la justice, et enfin, l’homme ayant été pleinement convaincu du péché sous la loi, Celui qui est l’objet de la promesse devenant notre justice de la part de Dieu.
Si l’histoire est employée de Dieu dans la Parole pour établir des principes éternels de vérité, j’y trouve aussi une instruction quant à ce que l’homme est sous le gouvernement de Dieu, et elle agit sur mon cœur et sur ma conscience, comme elle ne l’aurait jamais pu sans la présence de l’élément humain, car c’est là qu’est toute la valeur de l’histoire et de la révélation. Si vous ôtez l’usage divin de l’élément humain, vous avez tout perdu, et, pis encore, vous n’avez qu’une histoire erronée pour nous instruire.
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Souvenons-nous de ce simple principe : Si Dieu entre dans l’homme et se sert de l’élément humain, c’est précisément l’opposé d’un homme abandonné par Dieu à ses propres pensées et à son appréciation mentale, car l’incrédulité, quand elle parle de l’élément humain, l’entend ainsi. Pour elle, l’histoire n’est pas seulement l’histoire de l’homme, mais l’histoire de l’homme par un homme. Pour le croyant, c’est l’histoire de l’homme, mais afin de faire pleinement ressortir ce qu’il est dans ses rapports avec Dieu, et sous les voies de Dieu envers lui, et afin d’enseigner tous les hommes dans tous les âges, tout en nous offrant une image des choses à venir. C’est donc une histoire donnée de Dieu, mais l’historien y entre complètement, comme dans une histoire vivante à laquelle lui-même et le peuple sont intéressés, sans quoi elle n’aurait pas eu de réalité ni pour alors, ni pour aujourd’hui.
Je parle ici des faits ; je lis cette histoire ; dans une grande partie, j’y vois Moïse agissant, sentant, parlant, louant l’Éternel, et je ne puis, ni ne désire, séparer ce récit des pensées et des sentiments vrais de celui qui le raconte.
Que, dans les livres de Moïse, il s’agisse non plus de lui-même, mais d’Abraham ou de tout autre, on n’y trouvera point de différence réelle ; car, dans les deux cas, c’est le Saint Esprit, racontant par l’homme ce qui s’est passé dans l’homme et à son sujet. Seulement, quand il s’agit d’autres personnes, la preuve de l’élément humain est moins apparente, l’intérêt de Moïse ou de l’historien sacré aux choses qu’ils rapportent n’étant pas aussi évident ; mais je ne doute pas que le cœur et l’intérêt de Moïse ne fussent aussi engagés dans l’histoire d’Abraham que dans sa propre histoire, et tout autant que lorsqu’il disait : « Vous avez été rebelles à l’Éternel, depuis le jour que je vous ai connus » (Deut. 9, 24).
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L’histoire, racontée par diverses personnes, nous donne la succession de toutes les voies de Dieu et de toute Sa manière d’agir, fruit d’une seule pensée qui se manifeste par des récits, dans lesquels les écrivains n’avaient, ni — pour la plupart — ne pouvaient avoir aucune connaissance du plan d’ensemble. L’homme innocent, l’homme sans loi et sans frein, la promesse survenant comme une chose à part, l’homme sous la loi, sous la sacrificature, la royauté dépendant de la loi, la royauté souveraine, illimitée, par le monde, les prophètes venant rappeler la loi, prédire Celui qui devait venir et annoncer les jugements — enfin la semence de la promesse, la grâce apparaissant dans le monde ; tout cela est de l’histoire, l’histoire comme elle apparaît de fait dans l’Écriture, une histoire qui contient les principes d’action de Dieu envers l’homme, le mettant moralement, de toute manière, à l’épreuve, et manifestant l’état dans lequel il se trouve, dans lequel moi-même je suis devant Dieu. Aucun de ces écrivains ne pouvait penser aux rapports d’une partie de cette histoire avec l’autre ; aucun d’entre eux n’y fait allusion. Dans tous ces récits il s’agit de l’homme, mais de l’homme mis en lumière par les relations de Dieu avec lui. Ils nous sont rapportés par l’homme qui y est intéressé, car c’est l’histoire de Son propre peuple, ou ce qui la prépare depuis la création jusqu’au temps de l’écrivain. Ce peuple est aimé de Dieu ; Dieu a déployé Ses voies envers lui, et c’est un tout dont un seul homme ne pouvait être l’auteur, une représentation divine de ce que l’homme est et des voies de Dieu envers lui.
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Cela m’amène à une autre remarque, c’est que, pour comprendre une telle révélation, il faut connaître le dessein de Dieu, et seul le Saint Esprit agissant en nous peut nous en rendre capables. Il agit en rapport avec notre état moral, et l’on trouve par conséquent des degrés d’intelligence spirituelle. Mais quand l’Écriture est donnée ou employée par les écrivains sacrés, j’y trouve le récit divin que j’ai à comprendre. S’il en était autrement, je ne me soucierais pas d’y prendre garde comme à une instruction divine. Ce récit est parfait, afin d’être propre à nous faire connaître la pensée et les voies de Dieu, et à nous présenter des déclarations prophétiques et la vérité chrétienne absolue qui est la clef de tout.
Les Saintes Écritures sont données par inspiration de Dieu et sont capables de nous rendre sages à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Il est nécessaire, comme tout chrétien le sait, que la lumière divine soit en nous, afin de pouvoir les comprendre (Luc 24, 45 ; 1 Cor. 2, 14). Je pourrais insister sur ces passages si je parlais de l’inspiration en général, mais mon objet actuel est l’élément humain.
On oublie constamment ce dessein de Dieu, et nous sommes exposés à nous y tromper, car c’est une question d’intelligence spirituelle qui dépend directement de notre état moral. « Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires » (Ps. 25, 9). Dieu cache ces choses aux sages et aux intelligents et les révèle aux petits enfants.
Dans une attaque incrédule contre l’Écriture, attaque qui a fait du bruit, c’était le caractère historique du Pentateuque qui était mis en question. Or la Genèse est historique, c’est-à-dire qu’elle enregistre les faits de l’histoire dans la mesure où ils suffisent pour établir tous les grands principes du gouvernement de Dieu dans le monde et Ses desseins à l’égard du monde, en prenant comme centre la semence d’Abraham.
De même le commencement de l’Exode est historique, mais a pour but d’établir le grand principe d’une rédemption divine, avec ses conséquences inconnues jusqu’alors : Dieu habitant avec les hommes et la mise à part pour Lui. Ensuite, la plus grande partie du livre n’a rien d’historique. Nous apprenons tout autre part que le peuple avait négligé les ordonnances de Dieu. Aucun de leurs enfants n’avait été circoncis ; ils avaient porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de leur dieu Remphan. Sans doute quelques hommes pieux devaient avoir gardé ces ordonnances, mais l’Exode n’en mentionne aucun. Ce n’était pas l’objet du livre. Quand le peuple atteint Sinaï, les choses dont il est parlé sont selon le modèle montré sur la montagne, et ces choses sont aussi vraies, aussi importantes que si aucun sacrifice n’avait jamais été offert.
Mais, en ne prenant même que l’histoire, nous y trouvons des faits qui leur arrivaient en type et ont été écrits pour notre instruction, c’est-à-dire que le but était non de donner une histoire détaillée d’Israël, mais des faits significatifs destinés à nous instruire. Je dis, des faits, mais non pas donnés dans un récit logique qui les enchaîne historiquement l’un à l’autre. Ce récit est parfait pour le but qu’il se propose, c’est-à-dire pour nous enseigner les voies de Dieu envers Son peuple, leurs voies envers Lui, leurs difficultés et leurs dangers, Sa patience et Sa bonté. Ai-je besoin de dire que je ne doute pas qu’Israël ait passé réellement à travers la mer Rouge, que Dieu lui ait donné la manne, que l’arche de l’alliance ait été construite, mais ce qui est en question c’est l’importance que ces faits ont pour moi.
Concluons donc que nous ne possédons pas des faits avec lesquels on puisse construire toute une histoire logiquement déduite, bien que tout ce qui était nécessaire aux rapports du peuple avec Dieu et à sa responsabilité dans les siècles subséquents, nous soit clairement et complètement donnée, mais nous possédons un trésor complet d’instruction divine à tous égards, instruction à laquelle le récit historique s’adapte scripturairement.
Le Deutéronome est une révélation tout à fait distincte et déclarée telle. C’est une alliance faite dans les plaines de Moab, outre l’alliance en Horeb (Deut. 28, 69). Il n’y est pas question d’histoire, sauf en quelques petites parties destinées à servir de base à d’autres. Ce sont des exhortations et des directions pour l’avenir, en vue du temps des juges et des sacrificateurs, où le peuple, déjà éloigné de Dieu, réclamait un roi. L’alliance du Deutéronome était fondée sans doute sur la relation d’Israël avec Dieu, selon l’alliance sinaïtique, mais elle suppose formellement l’infidélité du peuple, fournit en grâce des directions pratiques pour son état, et en prédit l’issue, soit en jugement, soit en grâce souveraine.
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Je m’arrête moins sur la prophétie proprement dite que sur l’histoire, parce que l’élément humain est moins apparent dans la première. Quand il est dit : « Ainsi dit l’Éternel », ou : « La parole de l’Éternel vint », c’est une parole formelle. Cependant, même alors, on ne peut douter que Celui qui parlait par les prophètes, les formât à cela, seulement Il possédait le vase par lequel Il s’exprimait. « De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pier. 1, 21). Quand Ésaïe dit : « Oh ! si tu fendais les cieux ! Si tu voulais descendre, et que devant toi les montagnes se fondissent » (És. 64, 1), qui pourrait douter que dans ses paroles et ses sentiments, le cœur d’Ésaïe ne fût sérieusement engagé à rechercher la gloire de Dieu et à s’identifier avec le peuple, Dieu l’ayant formé pour le service auquel Il l’avait destiné ? Mais Dieu, agissant dans le prophète, produisait ce désir intense, aussi propre à émouvoir les cœurs, que des avertissements ou des paroles prophétiques étaient propres à réveiller la conscience ou à soutenir la foi.
Quand Jérémie, au milieu de tristesses accablantes, et aux prises avec une méchanceté irrémédiable, s’écrie : « Malheur à moi, ma mère ! de ce que tu m’as enfanté homme de débat et homme de contestation à tout le pays » (Jér. 15, 10), qui mettrait en doute la présence de l’élément humain — un cœur brisé et rempli de douleur ? Quand ce même prophète exprime la difficulté de concilier son jugement du mal et son amour pour le peuple, comme peuple de Dieu, et que Dieu lui répond, en l’instruisant quant aux sentiments exacts et à la marche qu’Il approuve, un cœur vrai, sous le poids de sentiments analogues, trouve dans ce conflit plus d’instruction divine que si ce n’était qu’une sèche déclaration de la vérité. Bien plus, il y trouve l’intérêt que Dieu prend aux sentiments qui l’occupent et y reconnaît sa propre association à la gloire de Dieu dans Son peuple sur la terre. Tous ces sentiments ont pour base l’élément humain, mais Dieu les en fait sortir pleinement, pour les exprimer d’une manière divine en leur donnant Sa propre réponse. Nous voyons donc distinctement dans les prophètes l’usage divin de l’élément humain.
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Passons maintenant au Nouveau Testament.
Nous y trouvons en partie moins et en partie beaucoup plus, l’élément humain, et ce sujet est d’une très grande beauté.
Les évangiles nous présentent la Parole faite chair, et, comme cela a été souvent remarqué, les divers caractères de Christ : Messie, Emmanuel, dans l’évangile de Matthieu ; serviteur, prophète, dans celui de Marc ; Fils de l’homme, second Adam, venu en grâce, après une description ravissante du résidu d’Israël, dans l’évangile de Luc ; enfin, dans l’évangile de Jean, non plus Jésus en Galilée, au milieu des pauvres du troupeau, ou bien se manifestant en grâce aux Gentils, mais l’amour de Dieu en Judée, au milieu d’une race réprouvée et perverse, apportant une chose nouvelle et divine sur la terre, soit dans Sa personne, soit, plus tard, dans celle du Consolateur. Le sujet de cet évangile est Dieu manifesté en chair ; il va donc sans dire que l’élément humain y est inséparable de Sa divinité ; mais le sujet absorbe tout. Nous trouvons des doutes, de l’ignorance, de l’inimitié chez ceux qui L’entourent, mais, sauf une ou deux expressions, l’évangile de Jean ne contient pas trace de l’élément humain dans son récit ; il est dans la personne qui absorbe tout. Le sujet est trop élevé, trop saint, pour que le Saint Esprit, se servant de la plume de l’homme, y introduise les sentiments de l’homme à Son égard. Il est Lui-même le modèle et la perfection de ce qui est divin dans l’homme, au milieu des circonstances qui nous entourent, et il n’est pas besoin d’autres expressions humaines pour montrer comment Dieu rencontre l’homme dans ces circonstances. Il est cela. J’y trouve une grande perfection et un grand charme ; j’y vois une auréole autour de la personne de Jésus qu’aucune expression n’aurait jamais pu atteindre. Des sentiments humains auraient gâté cette peinture, où l’on voit toute la perfection de Dieu rencontrant l’homme dans une personne.
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Dans les Actes, nous retrouvons l’élément humain bien à sa place, mais cela n’exige pas une mention particulière.
Dans les épîtres, l’élément humain déborde, car elles expriment le caractère particulier de privilège et de grâce selon lequel l’amour et l’Esprit de Dieu agissent en nous à l’égard des autres ; le déploiement et la description de l’œuvre de Dieu en nous, mis en lumière par les dons qui opèrent dans le corps. Christ avait reçu des dons dans l’homme et pour lui (Ps. 68, 18). C’était introduire l’homme dans les lieux célestes où Christ est monté, c’était la conformité à cette position de Christ, produite dans l’homme par le Saint Esprit, et déployée par ceux dans lesquels elle avait été produite en premier lieu, afin qu’ils pussent la communiquer ; comme le Seigneur Lui-même l’exprime : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». Cela a trait à l’âme de chacun individuellement, mais alors, « de son ventre », de ses affections les plus intimes, « couleront des fleuves d’eau vive ». Or il disait cela de l’Esprit Saint, du Consolateur, qui devait être donné après Son ascension, mais cela devait avoir lieu dans un homme qui avait bu de Christ et des plus secrètes affections duquel coulait le témoignage divin.
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Cependant il y avait des cas où l’élément humain était complètement inactif. Un homme parlait en langues et disait des mystères dont d’autres pouvaient jouir, s’ils connaissaient cette langue, mais sans qu’il sût lui-même ce qu’il disait, quoiqu’il eût conscience que l’Esprit agissait en lui et mettait son âme en rapport avec Dieu et les choses divines. Dans ce cas son intelligence était sans fruit, et s’il parlait avec elle pour interpréter ce qu’il avait dit, c’était aussi par une révélation qui lui était faite. Alors, s’il était un instrument inspiré pour communiquer la pensée de Dieu à d’autres, il parlait en paroles enseignées du Saint Esprit et communiquait les choses données par l’Esprit avec des paroles données de la même manière.
À part cela, ce qui caractérise spécialement les épîtres, c’est l’élément humain, le privilège d’aimer avec un amour divin, d’endurer toutes choses pour l’amour des élus, afin qu’ils puissent obtenir le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle et, comme il fallait que la vie de Christ pénétrât et fût exprimée à travers toutes les circonstances de la vie humaine, cet amour et cette vie, entrant avec la parfaite sagesse du Saint Esprit dans ceux qui étaient inspirés, les pénétraient tous ; ils exprimaient la pensée de Christ quant à cette vie, comme le Saint Esprit leur donnait de le faire, car il fallait que ce pût être la sagesse divine, venant directement de Dieu, bien qu’elle fût dans un homme et par un homme.
Cette inspiration différait de celle de l’Ancien Testament, en ce que l’homme, le Seigneur, le chef de tout, était monté en haut, et avait reçu des dons pour les hommes, membres de Son corps. Dans les temps anciens, les hommes pouvaient dire : « Qui a connu la pensée du Seigneur ? » (És. 40, 13 ; 1 Cor. 2, 16). Et cependant, inspirés par Lui, ils pouvaient exprimer une partie de Ses conseils dans la mesure où il Lui plaisait de les communiquer ; ils pouvaient aussi écrire l’histoire, étant parfaitement conduits par Lui, quoiqu’ils ignorassent complètement sa portée, ou la place qu’elle occupait dans l’ensemble. Mais nous, nous pouvons voir ces choses, en connaître l’ensemble, et par là en discerner l’origine divine. Les prophètes recherchaient et scrutaient leurs propres prophéties pour les comprendre, tandis que l’apôtre pouvait dire : « Nous avons la pensée de Christ » (1 Cor. 2, 16).
Sans doute, les hommes inspirés du Nouveau Testament ne pouvaient donner que ce qui leur était donné, mais ils le communiquaient comme le possédant eux-mêmes, comme Sa pensée à Lui qui était la sagesse de Dieu. On pouvait rencontrer une émission de pensée inférieure, sans fruit pour l’intelligence de celui qui parlait, mais apportant la preuve que tout était de Dieu. Il n’en était pas ainsi de l’inspiration du Nouveau Testament propre aux apôtres dans leur service ; elle était la parfaite communication de la pensée de Christ, aussi bien à eux que par eux, et avec les paroles données par le Saint Esprit qui leur avait révélé cette pensée. Ils la recevaient d’une manière intelligente par le même Esprit. Cette pensée de Christ élevait l’homme dans toute la gloire et dans tous les conseils dont Christ Lui-même est le centre devant le Père, mais elle descendait aussi, parce que Lui est devenu notre vie, dans la conduite d’un esclave envers son maître, d’un maître envers son esclave, et s’abaissait jusqu’aux petits enfants qui n’étaient pas tenus pour indignes de la grâce et des soins de Celui qui les avait jadis entourés de Ses bras. Y a-t-il quelque chose de trop insignifiant pour s’y montrer chrétien, quelque chose qui soit sans valeur pour y être guidé par l’Esprit de Christ ? Y a-t-il rien qui soit trop élevé pour ceux qui sont unis à Christ et Lui seront un jour semblables ? Mais il faut, de notre part, une vraie humilité pour embrasser ces choses, car c’est l’Esprit seul qui sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu.
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Je sens l’imperfection de cette esquisse, même quant à la partie du sujet que j’avais en vue. Mon but n’est pas de prouver l’inspiration, mais d’apprécier l’élément humain qui en fait partie, afin que nous lui donnions toute la valeur qui lui appartient, et que les simples ne se laissent pas tromper par l’incrédulité savante ou même orthodoxe. Celle-ci voudrait leur faire croire que si Dieu se sert de l’homme, de ses lèvres, de son intelligence, de toute sa pensée, c’est la même chose que de l’abandonner à lui-même et de me livrer moi, à sa folie et à l’incertitude d’un mélange inséparablement lié aux infirmités de l’intelligence humaine. Toute Écriture (et le Nouveau Testament vient se ranger sous cette rubrique) est donnée par inspiration de Dieu ; toute prophétie aussi, car de saints hommes ont parlé autrefois, étant poussés par l’Esprit Saint ; le Nouveau Testament aussi, car ce que le Saint Esprit révélait était communiqué « en paroles enseignées par l’Esprit », et enfin, c’est à l’Écriture que nous sommes renvoyés par l’apôtre au milieu des dangers des derniers jours.
Quant à l’élément humain dans l’inspiration du Nouveau Testament en particulier, un ou deux passages l’expriment clairement. Outre les bases historiques posées dans l’histoire de l’homme et du peuple de Dieu, l’Ancien Testament rendait témoignage à Christ. Lui était le sujet et l’objet de ce témoignage, mais le témoignage de Christ Lui-même, et, par grâce, le nôtre sont différents. Le témoignage de Christ était l’expression de la vie en Lui-même, le nôtre, quoique imparfait, est la vie de Jésus manifestée dans nos corps mortels, une épître de Christ écrite par l’Esprit du Dieu vivant sur les tables de chair du cœur.
Quoiqu’il y eût aussi, pour les langues et la prophétie, des sentences dictées, l’inspiration du Nouveau Testament participait du caractère que nous venons d’indiquer : la communication du sujet était apportée au cœur et à l’intelligence avec toute sa bénédiction. Comment Paul devint-il un apôtre et un serviteur de l’Église ? Par la révélation de Christ dans la gloire qui lui fut faite en vue de sa propre conversion. « Quand il plut à Dieu », dit-il, « qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère, et qui m’a appelé par grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations, aussitôt je ne pris pas conseil de la chair, ni du sang » (Gal. 1, 15-16). Et encore : « Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ » (2 Cor. 4, 6). De même, en 1 Corinthiens 2, 12-14, les apôtres avaient reçu l’Esprit pour connaître eux-mêmes les choses qui leur avaient été données de Dieu, seulement quand ils avaient à faire à d’autres ces communications divines, ils parlaient en paroles enseignées par le Saint Esprit. C’est aussi l’enseignement du Seigneur Lui-même sur ce sujet. « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… et, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui » (Jean 7, 37-39). Les fleuves qui coulaient pour d’autres étaient le résultat du fait qu’on avait bu pour soi-même. Cela est vrai pour tous ceux qui exercent un ministère, seulement, comme nous l’avons vu, pour ce qui est de l’inspiration proprement dite, les paroles aussi étaient données par l’Esprit Saint.
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L’essence même du christianisme, c’est Dieu manifesté en chair, entrant personnellement dans toutes nos afflictions, nos tentations et nos épreuves, manifestant en elles la bonté divine parfaite, élevant ensuite par la rédemption, l’homme à la gloire divine, à la hauteur dont la personne et l’œuvre de Christ étaient dignes pour avoir glorifié Dieu. Pour nous, c’est être semblables à Christ, comme Il est, Lui qui est entré dans le ciel en vertu de cette gloire. L’inspiration ou l’œuvre du Saint Esprit dans la révélation a et doit nécessairement avoir ce caractère. Elle entre dans toute la condition, dans toutes les circonstances de l’homme ; elle révèle la gloire dans laquelle il doit être introduit, et le fait que Dieu a été parfaitement glorifié en Christ, en est le saint et éternel fondement. Elle révèle aussi la sympathie du Seigneur avec l’homme dans toutes ses circonstances.
Aussi, nous le répétons, rien n’est trop grand pour l’homme, car il est introduit dans la gloire de Dieu, semblable à Christ, le Fils ; il y est introduit en justice et comme participant de la nature divine. Mais aussi, rien n’est trop petit pour Dieu, car Il est entré avec la sympathie de l’amour dans toute l’existence de l’homme, introduisant la vie divine elle-même dans chaque détail de ce qu’il est. Les paroles, oui, le son même de la voix d’un homme ne Lui sont pas étrangers, elle va jusqu’à compter les cheveux de sa tête ! Elle s’occupe d’un esclave fugitif et de son maître, de la santé des enfants d’une dame élue ; elle entre dans tout ce en quoi elle peut s’exercer, pour donner son caractère à nos voies et à nos relations. Il n’y a rien en quoi elle ne se manifeste pas. Précieuse vérité ! d’abord en personne, puis en doctrine inspirée, et dans la vie de Christ en nous, Christ est entré dans tout ce en quoi le cœur de l’homme est engagé !
Je rencontre Dieu et Dieu en grâce, là où le malheureux rationaliste ne trouve qu’un manteau qui recouvre le vide !