Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 29
… Nous sommes ici depuis six semaines, sans aucune utilité, si ce n’est que nous avons pu faire des progrès dans la patience, et il valait la peine de faire tout ce chemin pour atteindre un tel but. C’est ainsi que le Seigneur agit envers nous ; Il nous promène quelquefois dans le désert afin de nous parler selon notre cœur ; Il permet que ce monde soit tribulation pour nous, et comme Il ne veut pas nous tromper, Il nous dit que nous ne devons pas y attendre autre chose ; mais aussi Il nous indique deux grands moyens de patience, savoir, « de nous réjouir dans l’espérance, et d’être persévérants dans la prière ». Je crois que mon céleste et fidèle ami m’a montré quelques-uns de mes défauts. L’instrument avec lequel Il sonde les plaies est tellement adouci par l’huile de l’amour, qu’il guérit tout en blessant. Je pense, ma chère sœur, que, puisque le temps est si court, il vaudrait mieux dépenser toutes nos forces pour la gloire du Seigneur dans la position dans laquelle Il nous a placées, que de perdre notre temps à douter si nous sommes dans notre vraie position. Ces doutes empêchent la reconnaissance à laquelle Il a droit ; car en toute chose il y a un bon côté, et il en doit être ainsi, puisque c’est « sa volonté que nous rendions grâces en toutes choses ». J’ai la conviction que même en chaque piège il y a une bénédiction qu’il nous faut savoir saisir, tout en évitant le piège.
Oh ! qu’Il mette dans notre bouche un cantique nouveau d’actions de grâces et de louanges ! Soyons comme Phœbé, apportons à l’Église des coupes de consolations, elle en porta une bien remplie à Rome. Si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, nous pouvons croire que nous avons une réponse. Il ne veut pas la mort du pécheur, mais bien plutôt que tous soient sauvés. Nous n’avons pas, parce que nous ne demandons pas. Croyons-nous réellement au prochain avènement de Jésus ? Cela peut-il se voir dans toute notre conduite ? Notre vie est-elle tellement une vie d’obéissance qu’elle réfléchisse l’image de Christ, et que plusieurs soient comme forcés de dire : « J’aimerais voir Jésus » ? Il ne se méprend ni à l’égard de ce qui est pour notre bien, ni à l’égard de ce qui tend à Sa gloire. J’ai découvert qu’Il a renfermé mon bonheur dans le creux de Son bouclier, pour qu’il soit à l’abri de l’influence de toute créature. Pourquoi mèneraient-ils deuil sur quelqu’une des choses d’ici-bas, ceux qui sont réconciliés avec le juge de toute la terre, qui ont accès en tout temps auprès de Lui, et qui peuvent s’entretenir avec Lui dans l’intimité ; ceux dont l’espérance repose sur Son amour et qui Le voient toujours comme un ami éprouvé dès longtemps ; ceux dont les tribulations mêmes sont changées en bénédictions, et qui ont pour leur Dieu, ce Dieu qui veut les bénir comme Dieu ? Tout ce qui Lui appartient est à nous. Sa puissance est à nous ; — personne ne nous ravira de Sa main. Sa sagesse est à nous — car toutes choses travaillent ensemble pour notre bien. Sa sainteté est à nous — car le péché n’aura pas domination sur nous. Sa justice est à nous — car Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés. Sa fidélité est à nous — en ce qu’elle nous assure de l’accomplissement de toutes Ses promesses. Son éternité est à nous ; — « parce qu’Il vit, nous aussi nous vivrons » ; « ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » ; « mon Seigneur et mon Dieu » ! Chaque péché devrait augmenter notre confiance, en nous faisant voir de la manière la plus convaincante combien Jésus nous est nécessaire. Notre faiblesse même nous force à vivre, par la foi, de Celui qui est puissant pour sauver. Lorsque le courant des eaux terrestres est à sec, nous sommes obligés de nous attacher à Celui qui est tout en tous, et ainsi nous pouvons trouver le bonheur dans Sa plénitude. Tout ce qui nous entoure semble nous crier : Va à Jésus ! Notre grand privilège, dans un monde tel que celui-ci, c’est de pouvoir discerner que tout vient directement de Lui. S’il en était autrement, nous ne pourrions posséder notre âme par la patience, nous ne pourrions comprendre qu’Il se propose un but dans tout ce qu’Il fait. Plus Ses dispensations sont pénibles, plus nous devons les croire nécessaires ; nous ne savons pas encore ce qu’Il fait, mais nous le comprendrons dans la suite. Ses desseins demeurent fermes, et chaque heure les déroule à nos regards. Il est écrit, non pas que l’enfant qu’eut David de la femme d’Urie tomba malade, mais que l’Éternel frappa l’enfant. C’était l’enfant de l’homme selon le cœur de Dieu ! Il pria, il jeûna, et il ne fut point exaucé ; cependant il dit : « Invoque-moi au jour de la détresse ; je t’en délivrerai et tu me glorifiera ». Oui, Il nous délivrera selon Sa propre voie et, quelle qu’elle soit, nous Le glorifierons ; « Je blesse et je guéris ». Les mains qui ont été percées pour nous, peuvent seules nous blesser avec tendresse, et nous guérir parfaitement. Il vaut presque la peine d’avoir une blessure pour expérimenter avec quelle tendresse Il guérit. Oh ! comme Il nous épargne, lorsqu’à tant d’égards nous aurions mérité Ses châtiments ! Avec quelle douceur Il nous traite ! S’Il agite Sa verge au-dessus de nous, c’est afin de nous ramener à nous-mêmes. Souvent Il se sert du péché même qu’Il veut nous faire haïr, comme d’un dard dont Il blesse, afin de se verser Lui-même dans la plaie, tandis que Sa douce voix nous dit : Revenez à moi, car je suis plein de compassion, lent à la colère, me repentant du mal dont j’ai menacé. Notre place c’est encore l’école ; pour moi, je dois y apprendre mon entière dépendance par rapport à chaque consolation et à chaque pensée ; je n’ai point de provision ; je ne sais rien ; il faut que Dieu me dise ce qu’Il approuve et ce qu’Il blâme, ce qui chez moi est vanité, ce qui en Lui est sagesse.
Travaillons diligemment jusqu’à ce qu’Il vienne, dans la position dans laquelle Il nous a placées l’une et l’autre. Quand nous livrerions nos corps pour être brûlés, quand nous donnerions tous nos biens pour la nourriture des pauvres, quand nous parlerions sur toutes choses comme des anges, tout cela ne servirait qu’à notre condamnation, si nous n’avions pas compris cette parole : « donne-moi ton cœur ». Douce consolation ! Jamais Il ne sera fatigué de nos plaintes ! Il nous aime lorsque nous pleurons, autant que lorsque nous avons le cœur joyeux. Il aimait les larmes de Marie ; c’était pour Lui le plus éloquent des langages. Bientôt toutes ces bagatelles seront mises de côté comme des jouets d’enfants. Dieu voit nos folies du même œil qu’un homme sage regarde son enfant avec amour et compassion. Bientôt notre histoire sera finie et elle sera placée dans la bibliothèque de Dieu, comme un ancien volume de Sa fidélité. Bientôt nous Le verrons face à face ; nous connaîtrons comme aussi nous avons été connues. Bientôt la prophétie sera toute accomplie ! « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée », mais la petite semence d’amour, répandue par Sa propre main dans nos cœurs, fleurira dans les parvis de la maison de notre Dieu, d’éternité en éternité. Alléluia ! Bientôt, bientôt ! Pourquoi les roues de ton chariot vont-elles si lentement ? Pourquoi tardes-tu tant de nous transplanter du lieu où tu nous élèves, dans les demeures du ciel ?