Messager Évangélique:Notes sur les sacrifices/Partie 4

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Des sacrifices pour le péché et pour le délit — Lév. 4 ; 5 ; 6, 17-23 ; 7, 1-21

Comp. aussi Lév. 16 et Nomb. 19

Les trois offrandes qui nous ont occupés jusqu’ici, quoique très différentes dans leur caractère et dans les détails de l’ordonnance qui les concerne, font partie d’une seule et même révélation et sont rangées sous un seul chef, au chapitre 1, verset 1 : « Or, Jéhovah appela Moïse et lui parla du tabernacle d’assignation, en disant… ». Ces trois offrandes, en effet, l’holocauste, le gâteau, et le sacrifice de prospérité, sont toutes offertes librement, du plein gré de celui qui les présentait, des sacrifices faits par feu de bonne odeur à Jéhovah. Elles nous montrent le Seigneur Jésus s’offrant Lui-même, de Sa propre bonne volonté, sans tache à Dieu ; et le croyant, en vertu et selon toute la valeur de ce sacrifice, est agréé de Dieu pour jouir ainsi de Sa communion.

Au chapitre 4, verset 1, nous trouvons une révélation nouvelle : « Jéhovah parla encore à Moïse, disant… » ; et ensuite, dans plusieurs communications successives, nous voyons Jésus, présenté non plus comme sacrifice de bonne odeur à Dieu, mais comme sacrifice pour le péché, comme portant nos péchés en Son propre corps sur le bois, Jéhovah Le froissant à cause de nous, pour nos iniquités.

Nous l’avons déjà fait remarquer, les trois offrandes précédentes étaient des sacrifices volontaires : « Quand quelqu’un offrira », ou : « Si quelqu’un offre » (Lév. 1, 2, 10, 14 ; 2, 1, 4, 5, 7, 14 ; 3, 1, 6, 12). Mais ici Dieu dit : « Quand quelqu’un aura péché, il offrira… » (chap. 4, 2-4, 13-14, 22-23, 27-28, etc.). Là où le péché est entré, il faut un sacrifice ; c’est pourquoi il est écrit : « il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3, 14-15). Les sacrifices pour le péché étaient nécessités par la transgression. Celui qui s’approchait, venait à Dieu, non comme adorateur, mais comme pécheur ; non comme étant net, pour jouir de la communion avec Dieu, mais comme coupable et souillé pour être pardonné et rendu net. Au lieu d’être identifié, par l’imposition de ses mains sur la tête de la victime, avec l’acceptation de la victime que Dieu agréait — la victime était, par l’imposition des mains, identifiée avec le péché et la souillure de celui qui s’approchait ; le péché de celui-ci était accumulé sur la tête de l’animal.

Cette différence entre l’identification de l’adorateur avec la victime agréée de Dieu et l’identification de la victime avec le péché du coupable montre clairement la différence qui existe entre les sacrifices volontaires faits par feu en bonne odeur, et les sacrifices obligatoires pour le péché et le délit : elle fait ressortir les deux faces de l’œuvre de Christ, sans les séparer cependant de manière à ne pas conserver la liaison qui existe nécessairement entre elles, et l’unité du sacrifice de Christ. C’est pourquoi, dans plusieurs des offrandes pour le péché, une certaine partie du service identifiait ces offrandes avec l’acceptation de Christ toujours agréable à Dieu et réunissant, dans Sa personne et l’offrande de Lui-même, la vertu de tous les sacrifices (voyez chap. 4, 8-10, 19, 26, 31, 35 ; 5, 10, 12 ; 16, 25).

Il y avait quatre classes ordinaires d’offrandes pour le péché, répondant à toutes les formes de transgression : elles font l’objet des chapitres qui nous occupent dans ce moment ; il y a avait de plus deux sacrifices particuliers de la plus haute importance qui avaient le même caractère général et qui font l’objet spécial de l’instruction des chapitre 16 du Lévitique et du chapitre 19 des Nombres.

Le chapitre 4 que nous avons ici devant nous, s’occupe des péchés qui violent la conscience naturelle. Dans les versets 1 à 13 du chapitre 5, il est question de choses qui devenaient péché à cause de l’ordonnance du Seigneur, comme les souillures qui faisaient exclure un adorateur ; ce sont des péchés semblables par leur nature, mais différents par les circonstances : on trouve dans ce passage des offrandes pour le délit et des offrandes pour le péché. À partir du verset 14 du chapitre 5, jusqu’au verset 19, il y a une autre révélation de Dieu relative aux torts faits au Seigneur dans les choses saintes ; et la dernière partie du chapitre 5, versets 20-26 traite du délit contre le prochain. Il y a en effet des péchés manifestes qui sont jugés par la conscience naturelle ; dans d’autres cas, on peut ignorer le commandement positif de Dieu et négliger ainsi des choses qui amènent la souillure ; il y a aussi des choses que nous savons être mauvaises par l’intelligence spirituelle que Dieu nous a donnée. Mais quelle que soit la différence qu’il y a dans la gravité du péché, quoique les péchés contre l’Éternel et le tort fait au prochain ne soient pas sur la même ligne, une chose cependant est bien établie par tous les détails dans lesquels ces chapitres nous font entrer, c’est que tout péché et toute transgression, quels qu’ils soient, lors même qu’ils seraient faits « par ignorance »[1], ont besoin d’un sacrifice pour le péché.

Dieu prend toujours connaissance du péché : Il peut le pardonner, mais non pas passer par-dessus et le tenir pour non avenu. Un péché inaperçu par la personne qui en est coupable et qui lui demeure caché, n’est pas caché à Dieu ; car pourquoi demeure-t-il caché au coupable, si ce n’est parce que son intelligence spirituelle est obscurcie par le péché et par la négligence qui en est la suite ? Dieu juge du péché par ce qui est convenable à Lui-même et non par ce qui est convenable à l’homme. Jéhovah habitait au milieu d’Israël, et il fallait qu’Israël fût jugé selon ce qui était digne de la présence de Dieu. Nos privilèges sont la mesure de notre responsabilité. Les hommes n’admettent dans leur société que les personnes qu’ils jugent dignes de s’y trouver ; ils ne reçoivent pas les hommes corrompus, en excusant leur méchanceté : Dieu seul doit-Il profaner Son nom en agissant autrement ? Est-ce que Lui doit admettre dans Sa présence tout le mal dont la corruption de l’homme peut rendre celui-ci coupable ? Non, si nous devons être heureux dans la présence de Dieu, il faut nécessairement que Dieu juge le mal, tout mal, et cela selon la sainteté de Son nom et de manière à exclure le péché de Sa sainte présence. Si la stupidité qui est la conséquence du péché, nous laisse ignorants du mal qui est en nous, est-ce une raison pour que Dieu soit aveugle ? Si nous sommes aveugles, Dieu doit-Il se déshonorer Lui-même, rendre les autres malheureux, et rendre impossible toute sainte joie, même dans Sa présence, en laissant le mal impuni ? Cela est impossible ! Tout péché est jugé : Dieu n’ignore rien, et le mal, quelque caché qu’il soit à nous-mêmes, est toujours mal devant Lui. « Toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4, 13). Dieu peut avoir compassion ; Il peut éclairer par Son Esprit ; Il peut trouver une voie par laquelle le plus grand pécheur est libre de s’approcher de Lui ; mais tout cela ne change rien au jugement qu’Il porte sur le mal. « Le sacrificateur fera propitiation pour lui de la faute qu’il aura commise par erreur et dont il ne se sera point aperçu ; et ainsi, il lui sera pardonné ; c’est une offrande pour le délit ; certainement il s’est rendu coupable contre l’Éternel » (chap. 5, 18, 19).

Tout péché et tout délit, quels qu’ils fussent, rendaient nécessaire un sacrifice : mais il y avait une différence dans la portée du péché, selon qu’il était le fait du souverain sacrificateur ou de toute la congrégation, ou bien d’un homme quelconque d’entre le peuple. Il est clair que lorsque le sacrificateur oint ou la congrégation tout entière avait péché, toute communication avec Dieu était interrompue : il ne s’agissait pas alors seulement de la restauration d’un individu, mais du rétablissement de la communion entre Dieu et tout le peuple. Le sacrifice du grand jour des expiations (Lév. 16) posait le fondement de ces relations et était la base de tous les rapports entre Dieu et Israël, celui qui permettait à Dieu d’habiter au milieu d’Israël et de recevoir les autres sacrifices. La vertu de ce sacrifice durait toute une année pour Israël (Lév. 16, 30-34) ; pour nous, chrétiens, sa vertu dure toujours (Héb. 9, 12, 23-28 et 10, 1-18). Le sang était placé sur le propitiatoire pour être sans cesse devant les yeux de Celui qui était assis sur le trône de grâce et de sainteté, et qui pouvait ainsi habiter au milieu du peuple, quoique ce peuple fût un peuple ingrat et rebelle : telle est aussi, pour l’éternité, la valeur du sang de Christ ; ce sang est toujours sur le propitiatoire la base des rapports entre Dieu et nous (Héb. 9, 11-14). Les autres sacrifices qui nous occupent ici avaient pour but de maintenir et de rétablir la communion de ceux qui, par la grâce, étaient déjà entrés dans ces rapports avec Dieu. C’est pourquoi : « Si c’est le sacrificateur oint qui a commis un péché… », ou « si toute l’assemblée d’Israël a péché… », on devait faire aspersion d’une partie du sang « par sept fois devant l’Éternel, au-devant du voile du sanctuaire », en témoignage parfait pour Dieu que l’expiation avait été faite pour le péché (chap. 4, 6, 17 ; comp. Nomb. 19, 4 et Lév. 16, 14-15) ; et puis « le sacrificateur mettra aussi devant l’Éternel du sang sur les cornes de l’autel du parfum aromatique qui est dans le tabernacle d’assignation » (chap. 4, 7, 18 ; comp. Ex. 30, 10 ; Lév. 16, 18). Le sang était placé aussi sur cet autel du parfum qui était le symbole de l’exercice de la communion avec Dieu, et le reste était répandu sur l’autel des holocaustes, comme cela avait lieu ordinairement pour tous les sacrifices (chap. 4, 7, 18 ; comp. 1, 5 ; 3, 2). Le corps de la victime était brûlé hors du camp (chap. 4, 11-12, 21 ; comp. Lév. 16, 27 ; Nomb. 19, 5), comme ayant été fait péché. « Si c’était quelqu’un des principaux », ou « quelqu’un du commun peuple » qui avait commis un péché ou un délit, la communion de toute la congrégation n’en souffrait pas directement, mais celui-là seulement qui avait péché, était individuellement privé de la jouissance de cette communion, tandis que, à cause de l’identification de toute la congrégation avec le sacrificateur oint, la souillure collective de l’assemblée interrompait nécessairement le service de celui-ci dans le sanctuaire, et que, d’un autre côté, le sacrificateur oint, étant le représentant de la congrégation tout entière devant le Seigneur, son péché entraînait la chute de celle-ci tout entière. Dans ce cas, nous l’avons fait remarquer, le corps de la victime était brûlé hors du camp, car il ne s’agissait pas de la perfection de Jésus s’offrant Lui-même à Dieu en sacrifice de bonne odeur, mais de Jésus traité comme étant souillé par notre péché. Sans doute ces deux côtés de l’œuvre de la rédemption ne peuvent pas être absolument séparés, et en témoignage de cette unité et de la valeur que Son obéissance parfaite avait toujours pour Dieu, les graisses étaient brûlées sur l’autel de l’holocauste ; mais le corps de la victime était tiré hors du camp et brûlé là, figurant Jésus rejeté, frappé et meurtri, parce qu’Il a pris sur Lui notre péché, comme nous lisons, 2 Corinthiens 5, 21 : « Il a fait Celui qui n’a pas connu le péché, être péché pour nous ». S’étant présenté Lui-même sans tache, parfait, à Dieu, Il est fait péché pour nous et il plut à Dieu de Le froisser (És. 53, 10). Parole merveilleuse ! Jésus le Saint et le Juste, qui n’a pas connu le péché, est rejeté et mis au rang des transgresseurs (És. 53, 4 et suiv.).

Quand une seule personne avait péché, l’ordre du service pouvait être maintenu, parce que la communion de la congrégation n’était pas détruite par là : le sang n’était répandu alors que sur l’autel des holocaustes, parce que c’était là que Dieu se rencontrait avec l’homme, individuellement, car il faut que celui-ci soit personnellement réconcilié avec Dieu pour pouvoir prendre place dans la congrégation et avoir communion avec Dieu. Ce n’est que parce que Jésus a porté nos péchés, individuellement, que nous avons communion avec Dieu.

L’Église s’est rendue coupable de beaucoup d’offenses, non pas seulement en tant qu’elle a du péché dans sa nature, mais en ce qu’elle a fait et fait encore des choses que sa conscience réprouve : et à ceux qui étaient ainsi coupables, l’accès auprès de Dieu était fermé. C’est pourquoi il n’est pas question ici seulement de péché, mais de péchés ; et à ce propos il est important de se rendre compte de la différence qu’il y a entre la réconciliation du monde, comme système, avec Dieu, et notre propre réconciliation.

Il est écrit que Jésus est « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché » du monde. L’Écriture ne dit pas : « les péchés » du monde, car si cela était vrai, Dieu ne pourrait plus rien imputer au monde. Elle nous dit que le monde comme système sera ramené à Dieu. Ce lieu où Satan a acquis tant d’empire sera racheté, comme dit l’apôtre aux Colossiens, chapitre 1, 20 : « car toute la plénitude s’est plu à habiter en Lui, et à réconcilier par Lui toutes choses avec Lui-même, tant les choses qui sont sur la terre que celles qui sont dans les cieux ». Par l’intervention du second Adam, le sacrifice est la base sur laquelle sera rétabli tout ce qui a été aliéné dans le premier Adam, en sorte que l’expiation qu’Il a accomplie, n’est pas seulement un fondement sur lequel tout pécheur peut être appelé ; mais encore le moyen par lequel le monde sera rendu au bonheur. Mais ce résultat est tout à venir, comme nous le montre la domination que Satan exerce actuellement sur ce monde méchant ; plusieurs méprisent et rejettent le salut, et le jugement viendra sur eux ; mais, pour celui qui croit la bénédiction viendra, quoique, quant à maintenant, il n’ait pas encore part au résultat (comp. 2 Cor. 5, 19 ; Héb. 9, 28).

Or, les sacrifices qui nous occupent ici ne nous présentent pas seulement cette expiation générale, cette base de la réconciliation de toutes choses, mais ils nous montrent l’expiation des péchés, le transport actuel des péchés sur Jésus, le don gratuit en justification de vie (comp. Rom. 5, 16-19). De même qu’Ésaïe a dit : « Il a porté les péchés de plusieurs » ; et encore : « Il a mis sa vie en oblation pour le péché » (És. 53, 12 et 10) ; nous trouvons Jésus ici non seulement comme offrande, en vertu de laquelle les pécheurs peuvent être conviés, mais comme Celui qui a porté en Son corps sur le bois les péchés du croyant ; en sorte que l’Église, anticipant le grand et glorieux résultat, apprend qu’elle est un corps sauvé, et peut se réjouir de ce que l’apôtre déclare, disant : « Vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises œuvres, il vous a maintenant réconciliés, etc. » (Col. 1, 21-22). Nous qui croyons, nous avons ainsi une pleine et parfaite paix, sachant que Jésus n’a pas porté seulement quelques-uns de nos péchés, mais que tous nos péchés ayant été placés sur Lui, Il les a tous effacés. « Il a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25). S’il est vrai que Jésus, en portant nos péchés, nous a justifiés, nous devons savoir aussi que tous nos péchés ont été ôtés de devant Dieu, selon ce témoignage de l’Esprit : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités » (Héb. 10, 17). « Par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10, 14) ; « il nous a sauvés, et nous a appelés d’une sainte vocation » (2 Tim. 1, 9). Jésus a porté tout le péché, et l’Église ainsi est délivrée de toute son iniquité, Il a porté la peine que nous avions méritée, et nous ne pouvons regarder à Son œuvre que comme étant ainsi complète et accomplie, et nous devons par conséquent voir tous les péchés de l’Église placés sur Lui, et effacés, Dieu étant juste en pardonnant, « juste et justifiant », parce que Jésus a porté déjà les péchés. Si je dis que les péchés n’ont pas été tous effacés, quels sont donc ceux qui demeurent, ceux dont je n’ai pas été justifié ? Quand est-ce que chaque péché sera séparément expié ? Si l’Église, comme corps, n’est pas présentée à Dieu comme parfaitement agréable à Dieu, qu’est-ce que le pardon ?

Si par le sentiment du besoin que nous avons de cette effusion de sang, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission » (Héb. 9, 22), nous sommes amenés à en reconnaître le prix, alors nous nous approchons du propitiatoire (comp. Rom. 3, 25), et nous y trouvons tous nos péchés effacés, et le témoignage que Christ a souffert pour nous, Lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pier. 3, 18). Ne restreignez pas la portée et la gloire de l’œuvre que Jésus a accomplie ; Il confessa nos péchés sur Lui-même, Il les porta et fut frappé à cause d’eux ; et s’Il a ouvert votre cœur pour que vous croyiez en Lui comme ayant porté les péchés en quelque manière, alors tous vos péchés sont ôtés, car s’Il a porté les péchés en quelque manière, Il les a effacés et vous êtes justifié. Étant ainsi justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu ; nous sommes justifiés de toutes choses, et Jésus nous voit ainsi, non pas à un certain moment donné, mais afin qu’Il nous présentât à Dieu. Il n’est pas question de transgressions passées ou futures ; mais Il porta « nos péchés ». Ne vous laissez pas ravir ce don merveilleux, et sachez que vous êtes justifié (comp. Rom. 5, 1-2, 9, 10 ; Gal. 2, 16-21 ; Éph. 1, 7 ; 2, 11, etc. ; Act. 10, 43 ; 13, 38-41 ; Héb. 9, 26 ; 10, 14, etc.).

Telle est notre position devant Dieu en vertu de l’offrande, une fois faite, du corps de Jésus Christ. Mais nous bronchons pourtant tous, journellement, en plusieurs manières ; et si la foi nous dit que nos péchés sont effacés, nous trouvons cependant, en regardant à nous-mêmes, abondance de mal ; mais ici encore la grâce du Seigneur a pourvu à tous nos besoins d’une manière admirable.

Nous apprenons en effet, chapitre 6, 22 (comp. 6, 11 ; 7, 6-7), que le sacrificateur qui offrait le sacrifice pour le péché devait le manger. Comme nous avons vu ailleurs (chap. 7, 14-36) l’adorateur et le sacrificateur manger ensemble le sacrifice de prospérité, figurant ainsi Jésus comme identifié avec la joie de la communion, nous voyons ici le sacrificateur prenant sa part du sacrifice pour le péché et nous présentant Jésus comme identifié avec le péché qui fait obstacle à la communion. Ce sacrifice n’appartenait pas en commun à Aaron et à ses fils ; le sacrificateur seul qui l’avait offert devait en manger. Il y avait identité parfaite entre le sacrificateur et la victime qui représentait le péché de celui qui offrait le sacrifice. Le sacrificateur n’avait pas commis le péché ; au contraire, il en avait fait l’expiation par le sang qu’il avait répandu : cependant il s’identifiait complètement avec le péché du coupable en mangeant cette part sur laquelle le péché était confessé. C’est ainsi que Christ, nous préparant une consolation parfaite, sans avoir connu le péché, a fait l’expiation pour le péché et s’est identifié avec tous les nôtres : ces péchés étant, pour ainsi dire, perdus et consumés en Lui. Le pécheur s’approchait en faisant confession de ses péchés et en s’humiliant ; mais quant à la culpabilité et au jugement de son péché, c’était le sacrificateur qui s’en chargeait, en sorte que le péché n’arrivait pas jusque devant le tribunal de Dieu et n’affectait en rien les relations entre Dieu et le coupable. Le culte de celui-ci était renouvelé, car il était accepté en Christ qui est notre vrai sacrificateur. Le péché qui interrompait la communion était ôté, ou servait seulement d’occasion pour renouveler, dans un cœur abaissé jusque dans la poussière et anéanti dans la présence de la bonté de Dieu, la relation et la communion fondée sur une bonté devenue infiniment plus précieuse, établissant ou fortifiant ainsi dans l’âme le sentiment des richesses et de la sûreté de cette médiation que Christ accomplit éternellement pour nous, pour garantir notre communion actuelle et notre jouissance de cette communion, en dépit de nos misères et de nos fautes, dans la présence, la gloire et l’amour de Celui qui ne change pas (comp. Héb. 2, 17-18 ; 4, 14-16 ; 7, 23-28 ; 8, 1 et suiv. ; 10, 19-23 ; 1 Jean 2, 1-2).

Il convient ici, à l’occasion de nos manquements de tous les jours, de dire quelques mots d’un cas spécial de sacrifice pour le péché dont nous avons fait mention plus haut et que nous trouvons au chapitre 19 du livre des Nombres. Le Lévitique nous présente les sacrifices sous leurs grands traits distinctifs ; les Nombres nous en font connaître l’application particulière aux difficultés de la marche de la foi, soit pour le cas où un homme était tombé dans le péché, soit pour le cas où il avait contracté quelque souillure. Au chapitre 19 de ce livre des Nombres, l’Écriture nous parle d’une génisse rousse sacrifiée et brûlée en sacrifice pour le péché, selon Lévitique 4 : les cendres devaient être gardées pour l’assemblée des enfants d’Israël, afin d’en faire l’eau d’aspersion ; « c’est une purification pour le péché » (Nomb. 19, 9). On faisait aspersion de cette eau sur toute personne qui avait touché une chose impure, et la puissance du sacrifice pour le péché était ainsi manifestée dans la purification de celui qui s’était souillé. Il n’y avait pas, pour chaque souillure, un nouveau sacrifice, une effusion de sang, mais une aspersion avec l’eau qui avait reposé sur les cendres. La Parole de Dieu ne nous présente que trois cas, où il était fait aspersion du sang sur des personnes : d’abord celui d’Aaron et de ses fils, au jour de leur consécration (Lév. 8, 23, 30) ; ensuite celui du lépreux, le jour de sa purification (Lév. 14, 7) ; et enfin celui du peuple tout entier, lorsque l’alliance du mont Sinaï fut établie (Ex. 24, 8). Il n’y avait besoin, en effet, que d’une seule aspersion, car Dieu, quand Il l’envisage dans toute sa portée, nous dit que « ceux qui rendent le culte étant une fois purifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de péché » (Héb. 10, 2). Pour les souillures de chaque jour, au contraire, car Dieu ne laisse passer inaperçu aucun péché, il y avait l’eau de séparation, c’est-à-dire une chose faite dans le passé (l’expiation du péché), appliquée avec une puissance actuelle à la conscience, selon que le cas l’exigeait. Le sacrifice de Jésus est un acte accompli depuis bien longtemps (Héb. 9, 26 ; 10, 14) qui ne se renouvelle pas, et qui a une portée éternelle ; mais lorsque le croyant, une fois purifié par la foi au sang de Jésus, contracte quelque souillure dans sa marche à travers le monde, il n’y a pas de nouvelle offrande (comp. Héb. 10, 18), mais le sacrifice de Jésus est rappelé à son souvenir par le Saint Esprit. C’est le sang qui nous purifie de tout péché, et qui nous donne accès auprès de Dieu, comme fils par adoption ; mais ce qui apaise la conscience, quand il s’agit de notre communion avec Dieu, c’est l’Esprit de Dieu rappelant à la mémoire ce que Jésus a fait, de manière à rétablir la communion. Quelle que soit la nature du péché que nous avons commis, l’eussions-nous fait « par ignorance », il rend impossible la communion avec Dieu ; rien de ce qui ne s’accorde pas avec la sainteté du sanctuaire de Dieu, ne peut y être introduit, et cette sainteté est invariable. Mais si notre conscience nous condamne, qu’avons-nous à faire ? Saisissant par le Saint Esprit la valeur de l’œuvre accomplie de Jésus, dont les cendres sont le mémorial, nous sommes amenés au sentiment douloureux que nous nous sommes souillés, malgré la rédemption par les péchés, pour lesquels Christ a souffert, quand Il l’accomplissait ; nous sentons que nous avons péché en face, mais, hélas ! dans l’oubli des souffrances de Jésus pour le péché, aux convoitises duquel nous cédons si facilement. Le nouvel homme juge par l’Esprit et selon Dieu, et prend connaissance des souffrances de Christ, et du péché tel qu’il apparaît à la croix. Son premier sentiment, c’est l’amertume, quoique sans pensée d’aucune imputation, l’amertume, précisément parce qu’il n’y a point d’imputation, et que nous avons péché contre l’amour aussi bien que contre la sainteté, et qu’il faut nous soumettre à cette conviction. Mais ensuite (et je pense que c’est là le motif pour lequel il y avait une seconde aspersion, verset 19) l’âme est remplie de la conscience de cet amour et de cette profonde grâce de Jésus et elle se réjouit d’être parfaitement nette par l’œuvre de cet amour. Les détails de ce sacrifice montrent comment Dieu ne laisse passer inaperçu aucun péché, mais nous en purifie ; il montre aussi que si quelqu’un a affaire au péché d’autrui, quand ce serait dans la voie du devoir et pour l’ôter, il est souillé, non pas comme la personne coupable, sans doute, mais nous ne pouvons toucher le péché sans en être souillés, comme nous voyons au verset 21.

Mais revenons au Lévitique et aux chapitres qui nous occupent plus spécialement ici. Nous avons pu voir, dans les chapitres 1 à 3, la perfection du sacrifice de Jésus, offert à Dieu en offrande de bonne senteur ; les chapitres 4 ; 5 ; 6, 17-23 et 7, 1-21, nous présentent, au contraire, Jésus le juste, qui n’a pas connu le péché, rejeté, traité comme souillé par le péché qui a été placé sur Lui. Rien ne peut maintenir en nous, et en dépit du péché, la vraie nature de la sainteté, si ce n’est Jésus portant le péché, le chargeant sur Lui (comp. És. 53, 4-12 ; 1 Pier. 1, 18 ; 2, 24 ; 3, 18 ; Gal. 1, 4 ; Éph. 1, 7 ; Héb. 9, 26, 28 ; 10, 12 ; Jean 1, 29 ; etc.) ; et rien n’est plus nécessaire que le maintien de cette sainteté, sans lequel nous sommes toujours portés à excuser le péché et à penser que, tout en y demeurant, nous pouvons continuer à avoir communion avec Dieu, rabaissant ainsi nécessairement notre idée et notre appréciation du péché. Si ma conscience ne peut pas savoir que le péché est entièrement ôté, il faut que je renonce à la communion avec Dieu, ou bien il faut que je la recherche sur quelque fondement autre et inférieur ; mais si nous voyons Jésus comme holocauste et comme sacrifice pour le péché, nous Le voyons « fait péché » (2 Cor. 5, 21), et nous, faits « justice de Dieu en Lui ». Il nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous (Gal. 2, 20 ; Éph. 5, 2, 25 ; Apoc. 1, 5-6), non pas à cause de quoi que ce soit qu’Il ait pu trouver en nous, mais à cause de Son propre amour qui est au-dessus de tout. Quel bonheur il y a pour nous dans la connaissance de la perfection de l’amour de Christ, et quel n’est pas l’aveuglement de ceux qui estiment que Dieu est comme l’un d’eux, tout en voyant qu’Il a donné Jésus.

Dieu juge tout péché ; et puisque, malgré notre ignorance, nous apercevons du péché en nous et nous savons que le péché est encore attaché à nous, nous ne pourrions jamais être en paix, si ce n’est par le témoignage du sang (comp. 1 Jean 5, 5-8). Mais par le sang de Jésus et ayant un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu (Héb. 9, 24, 26 ; 10, 19-22), nous avons hardiesse pour nous approcher en toute liberté, et entrer dans le saint des saints, là même où toute la sainteté de Dieu se manifeste. L’Esprit révèle beaucoup de choses qui ne s’accordent pas avec ce saint lieu, mais nous savons que Jésus a offert une fois un sacrifice pour le péché et pour le délit : « Il a fait celui qui n’a pas connu le péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. 5, 21) ; et ainsi la révélation de la sainteté divine, ne révèle rien qui puisse mettre obstacle à notre entrée dans le saint des saints. Tout ce qui est en désaccord avec Jésus dans le sanctuaire, est péché, et rien de ce qui est péché ne passe inaperçu à l’Esprit de Dieu, ce saint surveillant, cet inflexible juge de tout ce qui est incompatible avec Lui-même. L’Esprit ne juge pas selon la conscience naturelle, mais Il juge d’après la mesure de la sainteté de Jésus dans la présence de Dieu. Nous ne savons pas toujours discerner ce qui, selon Lui, mérite le jugement ; mais que nous le discernions ou non, l’Esprit voit le mal, qui est en nous ; et si le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit n’étaient pas là, nous serions dans une position plus mauvaise que jamais, parce que ce n’est pas l’Esprit qui a fait l’expiation pour le péché. L’Esprit manifeste toute justice, nous révélant ce que Jésus enseigna, mais nous ne voyons nulle part que l’Esprit ait porté nos péchés, et c’est là un point de la plus haute importance à comprendre pour notre repos. L’Esprit est l’Esprit de témoignage et de sainteté : mais quand il s’agit d’acceptation et d’expiation, elles sont l’œuvre de Jésus seul. Dieu nous agréa en conséquence de ce que Jésus accomplit dans la chair, par l’offrande de Son corps faite une fois pour toutes (Héb. 10, 10) : « Il vous a réconciliés dans le corps de sa chair par la mort, etc. » (Col. 1, 22). L’Esprit rend témoignage à une sainteté absolue ; Il témoigne contre nos péchés, Il nous montre qu’en nous il n’y a aucun bien (Rom. 7, 18), et nous apprend en même temps que la paix et le repos sont le fruit du travail de Christ. L’effet de ce témoignage de sainteté de l’Esprit, je le répète, serait de nous ôter toute paix, si en même temps l’Esprit ne nous révélait pas la vertu de l’effusion du sang (comp. Héb. 9, 22) ; mais tandis que Son office est de développer l’intelligence de la sainteté que Dieu exige, l’Esprit nous rappelle toujours que : « le sang de Jésus Christ purifie de tout péché » (1 Jean 1, 7).

Si la sainteté de Dieu vous a été révélée et si vous vous êtes détourné de ce qu’elle exige de vous, puisse l’Esprit de Dieu vous rappeler le sacrifice qui a été une fois offert, afin que vous marchiez en avant, appuyé sur la perfection de ce sacrifice, étant pleinement assuré que vraiment « le sang de Jésus Christ, son Fils, vous purifie de tout péché » !

Il reste à appeler l’attention du lecteur sur le fait que rien, plus que l’offrande pour le péché, ne portait le caractère de sainteté et d’entière séparation pour Dieu. Dans les autres sacrifices, Dieu acceptait ; la bonne odeur montait vers Lui ; dans quelques cas nos gâteaux levés y étaient mêlés ; mais tout cela était l’expression de la satisfaction, naturelle, si on peut dire ainsi, que Dieu prenait en ce qui était parfait et excellent. Mais dans les sacrifices pour le péché, Dieu exigeait d’une manière toute particulière, que la victime fût absolument sans tache (Lév. 6, 18, 22), et toutes les précautions étaient prises pour en attester la sainteté. Rien, dans toute l’œuvre de Jésus, ne démontre autant Sa sainteté positive, Sa parfaite et entière séparation pour Dieu, que le fait qu’Il a porté nos péchés. Celui-là seul qui n’avait pas connu le péché, pouvait être « fait péché » ; et l’acte même de porter le péché est l’expression de la consécration à Dieu la plus entière qu’il soit possible de concevoir, et qui va au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir. Christ pouvait dire : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui » (Jean 13, 31). Il s’était consacré en entier, à tout prix, pour la gloire de Dieu ; Dieu ne pouvait accepter rien de moins, car il fallait qu’Il fût honoré de la même manière dont Il avait été déshonoré.

Ainsi donc, comme sacrifice pour le péché, Christ est tout spécialement saint ; et maintenant, comme sacrificateur dans la présence de Dieu, par la vertu de ce sacrifice, intercesseur pour nous, Il est « saint, séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux » (Héb. 7, 26). Malgré cela il restait tellement vrai que la victime avait été faite péché, que celui qui avait conduit le bouc au désert (Lév. 16, 26, 28), comme celui qui avait ramassé les cendres de la génisse ou fait aspersion sur quelqu’un de l’eau de séparation (Nomb. 19, 7, 8, 10, 21), était souillé jusqu’au soir, et devait laver ses vêtements et son corps avant de rentrer au camp. D’un côté, nous ne pouvons nous représenter une preuve plus grande de l’entière séparation de Christ de tout péché et de Sa consécration à Dieu, que le fait que Christ s’est offert pour porter le péché ; et de l’autre, s’Il ne l’avait pas réellement porté dans toute l’étendue de son iniquité, si la malédiction n’était pas réellement tombée sur Lui, Il n’aurait pas pu réellement ôter le péché dans le jugement de Dieu.

Que Son saint nom soit à jamais béni de ce qu’Il a fait, et puissions-nous apprendre à connaître toujours mieux Sa perfection dans l’œuvre de la rédemption qu’Il a accomplie !



  1. Si quelqu’un avait méprisé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde sur la déposition de deux ou trois témoins (Héb. 10, 28).