Livre:Exposé et structure détaillée du livre d’Ésaïe/Seconde partie - Chapitres 40 à 66/Chapitres 58 à 66

De mipe
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Dans cette conclusion de tout le livre est montrée la glorieuse élévation des pensées et des voies de Dieu (55, 8), avec, pour aboutissement, « l’année de la faveur de l’Éternel et le jour de vengeance de notre Dieu » (61, 2).

Première série : chapitres 58 à 60

Chapitre 58

v. 1-3. Le prophète est maintenant appelé de Dieu à déclarer ouvertement et comme une dernière fois au peuple leur transgression. Elle consiste, chose plus grave que tout le reste, en une profession, affirmée comme si le mal n’existait pas. Ils sont tous étonnés qu’ayant pris plaisir « à connaître les voies de Dieu », et « demandé les ordonnances de la justice », Dieu n’écoute pas. Trouver du « plaisir à s’approcher de Dieu » et chercher son propre plaisir et son propre intérêt peut fort bien s’allier ensemble.

v. 3-7. Il en est de même du jeûne. Il y a un jeûne selon l’homme et un jeûne selon Dieu. Le jeûne selon l’homme admet en même temps les contestations, les querelles, les méchancetés et la recherche de son plaisir ; le jeûne selon Dieu est un jour où l’homme afflige son âme. Le vrai jeûne, celui que Dieu a choisi, consiste à rompre avec l’iniquité et à se délivrer de tout joug, à pratiquer la charité, à donner aide aux affligés ; c’est la compassion et la libéralité.

v. 8-12. Les conséquences d’un vrai jeûne se réaliseront pour le résidu en lumière, en justice, en exaucement ; l’Éternel conduira, rassasiera, fera prospérer spirituellement, restaurera et bénira le fidèle et sa famille.

v. 13, 14. Outre le jeûne, une seconde chose caractérise le résidu, c’est l’observation du sabbat, selon la pensée de Dieu. Il se séparera entièrement des professants qui dans ce saint jour font leur plaisir ; il y trouve ses délices parce qu’il trouve ses délices en l’Éternel qui l’a institué pour signe de l’alliance avec Son peuple.

Chapitre 59

v. 1-8. Dieu n’a pas changé (v. 1), mais nous avons au verset 2 dans les iniquités de l’homme le principe de la rupture de toute relation entre lui et Dieu. Les versets 3 à 5 donnent le détail en douze points, des iniquités du peuple coupable ; aux versets 5 et 6 nous trouvons ce qu’ils enfantent et ce dont ils cherchent à se couvrir ; aux versets 7 et 8 leur marche, leurs pensées, leurs voies ; c’est le terrible tableau rappelé en Romains 3, 16, 17.

v. 9-15. Les ténèbres en sont la conséquence (v. 9, 10). Le peuple est livré au désespoir. Il n’y a point de salut. Mais (v. 12-15) la foi reconnaît que l’homme ne peut attendre autre chose que la colère de Dieu.

v. 16-21. Et voici le motif final de cette colère (v. 16) : le rejet de Christ. Désormais « il n’y a personne » pour intercéder, le seul intercesseur possible a été crucifié (cf. 63, 5 ; 66, 4). Mais, quant à Celui qui a été rejeté, Son bras l’a sauvé et Sa justice l’a soutenu. Alors (v. 17-20) Christ se présente comme Juge d’une part, comme Sauveur de l’autre, en faveur de ceux qui se repentent. Il devient Lui-même chef d’une nouvelle semence (v. 21) : toutes les promesses s’accomplissent en Lui (Rom. 11, 26).

Ainsi, dans ce chapitre, l’Éternel commence par présenter au peuple son état (v. 1-8) ; le résidu le reconnaît dans l’humiliation (v. 9-15) ; alors l’Éternel intervient, tout seul, en délivrance et en jugement, et traite une alliance perpétuelle avec le résidu.

Chapitre 60

Sion et Jérusalem sont rétablies, comme centre millénial des nations. La chose aurait eu lieu, sans la parenthèse de l’Église, si le Messie avait été reçu, au moment où commence l’évangile de Luc.

v. 1-7. Sion s’est réveillée (cf. 51, 17), elle va se lever et resplendir, la gloire de l’Éternel s’étant levée sur elle (cf. Apoc. 21, 23). Tandis que le peuple coupable attendait la lumière et n’avait que ténèbres (59, 9), et que les ténèbres qui couvraient Israël étaient tombées sur les nations, maintenant Israël resplendit, la gloire de l’Éternel étant vue sur lui, et lui devenant lumière pour les nations. Il en sera de même de l’Église, nouvelle Jérusalem, à la fin : « la gloire de Dieu l’a illuminée », et « les nations marcheront par sa lumière ». Jérusalem sera le centre de toutes les richesses des peuples qui « annonceront avec joie les louanges de l’Éternel ».

v. 8-14. Le peuple, comme les colombes volant vers leurs colombiers, sera ramené par les nations apportant toutes leurs richesses avec elles. Elles bâtiront les murs de Jérusalem. Ses portes seront continuellement ouvertes, comme le seront celles de la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21, 25). Toute la gloire du Liban (voir 41, 19) viendra vers elle pour orner le temple. Ceux dont les pères avaient opprimé Jérusalem l’appellent « la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël ».

v. 15-22. Une description est donnée des bénédictions spirituelles futures qui seront la part de Jérusalem. Comme dans toute la deuxième partie d’Ésaïe tout dépend du fait que l’Éternel est le Sauveur et le Rédempteur d’Israël, Lui le Puissant de Jacob (v. 16). Jérusalem appellera ses murs Salut et ses portes Louange (v. 18). Le soleil ne sera plus sa lumière, de jour, car l’Éternel sera sa lumière à toujours (v. 19 ; Apoc. 21, 23). Il est visible dans tout ce chapitre qu’Ésaïe va fréquemment un peu au-delà du millénium, ou plutôt un peu au-dessus des bénédictions terrestres. Le peuple sera un peuple de justes et possédera le pays à toujours.

Deuxième série : chapitres 61 à 64

Du chapitre 61 au chapitre 64 nous avons des entretiens de communion entre Christ et Jérusalem.

Chapitre 61

v. 1-3. Tel fut le commencement du ministère de grâce de Christ à Nazareth. S’Il avait été reçu, le « jour de la vengeance de notre Dieu » (v. 2) n’aurait pas eu besoin d’être proclamé. Mais maintenant ce dernier point se réalise en même temps que tous les autres pour la délivrance du résidu. Aujourd’hui cette écriture est accomplie tout entière. Il y a une plénitude de bénédiction apportée par Christ au pauvre résidu qui a le cœur brisé. L’année de la faveur de l’Éternel, préfigurée par l’année du Jubilé, commence. Ceux qui mènent deuil sont enfin consolés ; notez que tout est consolation depuis le chapitre 49, dans cette deuxième partie d’Ésaïe, selon la préface du chapitre 40. Trois choses sont données à celui qui mène deuil : l’ornement, l’huile de joie, un vêtement de louange. Christ apporte ici à Jérusalem la pleine réalisation de son espérance, et bien au-delà de l’espérance même, selon la promesse de 42, 6, 7. Enfin le moment est venu où, en vertu de ce que la main de l’Éternel est sur l’homme de Sa droite, Il peut visiter le provin qu’Il avait fortifié pour Lui-même (Ps. 80, 15, 17).

v. 4-9. Maintenant l’Éternel va faire avec Son peuple une alliance éternelle (v. 8) ; les étrangers seront leurs esclaves et travailleront pour eux.

v. 10-11. Sion répond et exprime sa joie et sa louange. Elle est désormais revêtue de vêtements de salut et couverte de la robe de la justice, elle est désormais ornée de ses joyaux pour recevoir son fiancé paré du turban du souverain sacrificateur.

Chapitres 62 et 63, 1-6

v. 1-5. Christ confirme les paroles de Sion. Il ne se reposera pas qu’Il n’ait fait éclater la justice et le salut de Sa bien-aimée. Son nouveau nom sera invoqué sur elle (à bien plus forte raison sur Son Église, Apoc. 3, 12).

Les fiançailles de Sion avec son Dieu seront proclamées, le pays sera désormais marié à l’Éternel (v. 4).

v. 6-9. Les gardiens établis par Lui sur les murailles de Jérusalem feront constamment se ressouvenir l’Éternel de Ses promesses et de Son serment, jusqu’à ce que le moment de leur accomplissement soit venu. Jérusalem peut compter sur le serment de l’Éternel pour ne plus jamais être asservie à ses ennemis.

v. 10-12. C’est Jérusalem elle-même qui fraye le chemin au peuple nouveau, et cela parce que le salut est d’abord arrivé pour elle, par la venue de Christ. Il y a gradation dans ce chapitre : v. 1-5, Christ promet ; 6-9, le temps est proche, les sentinelles crient jour et nuit ; 10-12, derniers préparatifs pour recevoir le peuple. « Voici, ton salut vient ».

63, 1-6. Un dialogue s’établit entre Jérusalem et Christ libérateur, concernant la façon dont s’opérera la délivrance.

a) Jérusalem le voit arriver d’Édom, de Botsra (34, 5-8). C’est en effet là qu’aura lieu le carnage des nations qui délivrera Jérusalem (v. 1).

b) Christ répond (v. 1) : C’est moi. Il parle en jugement, mais ce jugement est le salut avec puissance.

c) Jérusalem reprend la parole : Pourquoi ce sang qui te couvre, comme le vin celui qui foule la cuve (Apoc. 14, 19, 20) ?

d) Christ répond : J’ai agi moi tout seul. Le jour de ma vengeance était là, et c’était l’année de mes rachetés (l’année sabbatique). Personne n’était avec moi (v. 5). N’en a-t-il pas été de même à Sa première venue (50, 2) ? De même à la croix (Ps. 22, 11 ; Ps. 69, 20). De même en intercession (59, 16).

Chapitre 63, 7-19

v. 7-10. Maintenant le résidu parle. La grâce a comblé sa coupe. Il récapitule les sympathies de Christ, tout ce qu’il y avait dans Son cœur pour eux, Son œuvre comme Rédempteur et Ses délivrances, mais aussi les rébellions d’Israël. Il a été obligé de combattre contre eux.

v. 11-14. Mais, contraint ainsi à se changer pour eux en ennemi, Il s’est souvenu de Ses grâces passées, de Son œuvre d’autrefois.

v. 15-19. C’est pourquoi le résidu fait appel à Ses compassions. Israël comme peuple les ignore, mais l’Éternel est pour eux un Père et un Rédempteur. C’est ce dernier caractère qui, nous l’avons vu, domine dans tous ces chapitres.

Chapitre 64

L’entretien continue.

v. 1-7. L’appel du résidu à la puissance et à la miséricorde de Christ devant l’effort des nations commencé en 63, 15, se poursuit. Il dit : « Jamais on n’a entendu, sauf toi, ô Dieu »… Dieu ne lui a pas encore révélé par Son Esprit ce qu’Il a préparé pour celui qui s’attend à Lui, pour ceux qui L’aiment (1 Cor. 2, 9). En vertu de son ignorance de ce que Dieu a préparé pour lui, le résidu est amené à passer entièrement condamnation sur lui-même (on peut voir en suivant les chapitres précédents comment la lumière se fait graduellement devant sa conscience.) Si Christ n’a trouvé personne, le résidu reconnaît lui-même qu’il n’y a personne qui invoque Son nom ou qui se réveille.

v. 8-12. Mais il a une seule raison pour Lui dire : « Ne sois pas extrêmement courroucé » : c’est le libre choix de Sa grâce. « Tu es notre père » (cf. 63, 16), et « nous sommes ton peuple » (v. 9), malgré tout.

Troisième série : chapitres 65 et 66

Désormais l’Éternel seul parle. Il a le dernier mot, et Il clôt à la fois la controverse avec Son peuple et la révélation prophétique.

Chapitre 65

v. 1-7. C’est en effet maintenant l’Éternel qui répond. Il montre à la fois ce qu’a été le peuple coupable et idolâtre qui tombe sous un jugement sans merci, et comment son infidélité a ouvert l’écluse à la grâce envers les nations (cf. v. 1 et Rom. 10, 20 ; v. 2 et Rom. 10, 21).

v. 8-12. Cependant un résidu sera sauvé au milieu du jugement de ceux qui ont abandonné l’Éternel et ne seront pas retournés de leur idolâtrie ; Dieu revient sur cette idolâtrie, comme en 40-48. Le moût sortira du pressoir, la grappe sera jetée dehors.

v. 13-16. Le contraste est total entre les serviteurs de l’Éternel (« mes serviteurs », c’est-à-dire le résidu) et le peuple infidèle. Israël comme peuple serviteur avait été infidèle, Christ serviteur a pris sa place ; la postérité de Christ, rachetée, ne consiste que dans ces « serviteurs ». Tout sera pour eux bonheur, joie, rassasiement, actions de grâces, alors que pour les autres (« vous ») il n’y aura que douleur, hurlements, condamnation à mort, et que leur nom sera « comme imprécation à mes élus ». Les serviteurs seront appelés d’un autre nom (v. 15) ; c’est par le Dieu de vérité qu’on se bénira et par le Dieu de vérité qu’on jurera dans le pays.

Tout cela aura lieu, peut-on penser, quand Christ s’assiéra sur le trône de Sa gloire ; tout n’est pas fini en effet, ni pour le peuple ni pour les nations, avec le jugement guerrier : il ne faut pas oublier, dans le jugement définitif, ce trône judiciaire gouvernemental (Matt. 25, 31).

v. 17. La création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre est annoncée, en relation avec les bénédictions promises au résidu dans le pays. Comme nous l’avons déjà souligné, en Ésaïe les bénédictions vont un peu au-delà et plus haut que le millénium (2 Pier. 3, 13).

v. 18-25. À Dieu le dernier mot : or ce dernier mot est grâce et gloire après l’exécution du jugement. Ici, après avoir parlé de la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (v. 17), Il crée Jérusalem pour être une jubilation et une joie. La durée du millénium sera celle de la vie de l’homme. Il n’y aura pas de vieillard qui n’ait pas accompli ses jours. Celui qui mourra âgé de cent ans sera un jeune homme, et ce sera parce qu’il aura péché qu’il mourra à cet âge. Il n’y aura pas de petits enfants de peu de jours, c’est-à-dire dont la vie soit raccourcie à cet âge. La description de la vie humaine est suivie au verset 25 de celle de la vie animale pendant le millénium. « On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas sur toute ma montagne sainte, dit l’Éternel ».

Chapitre 66

v. 1-4. Dieu déclare que désormais Il ne regarde pas à un culte extérieur, et ne demande pas à Son peuple de Lui bâtir une maison. Il touche ainsi à la vérité de la nouvelle Jérusalem où il n’y a pas de temple, quoiqu’il y en ait un dans la Jérusalem créée de Dieu (65, 18 ; Éz. 40, 2 ; 48, 35 ; 40 à 47, 12). Ce que Dieu a toujours voulu c’est l’état du cœur, et la dépendance (v. 2), c’est là qu’Il peut habiter, dans le cœur (cf. 57, 15).

v. 3, 4. Toute forme extérieure à laquelle on ramènerait le culte est exécration pour Dieu depuis le rejet de Christ, quand Dieu a « crié, et il n’y a eu personne qui répondît » (v. 4). Cf. 50, 2 ; 65, 12.

v. 5. Ceux qui tremblent à Sa parole (cf. v. 2) sont ceux auxquels la Parole de Dieu s’adresse. Cette parole, au lieu de les effrayer, les rassure, car tous ceux qui les haïssaient seront confus.

v. 6. Voilà ce que devient la maison bâtie par ceux qui ont rejeté leur Sauveur. Tout sera détruit.

v. 7-9. Avant la détresse de Jérusalem celle-ci avait enfanté l’« enfant mâle », Christ. Quand elle a été en travail (la détresse), elle a enfanté des fils. Est-ce possible ? Oui, c’est le résidu (non pas les nations).

v. 10-14. Le résidu consolé se réjouit avec et à cause de Jérusalem. La gloire des nations viendra sur elle, et le résidu lui sera apporté, « consolé », consolé dans Jérusalem, par l’Éternel Lui-même. C’est la réalisation finale de ce dont il est parlé en 40, 1, et qui est tant de fois mentionné depuis.

v. 15-17. Mais auparavant le jugement terrible est tombé sur Jérusalem apostate. « Car l’Éternel entrera en jugement avec toute chair, par le feu, et par son épée ; et les tués de l’Éternel seront en grand nombre » (v. 16).

v. 18-21. Quant à l’Éternel, Il a toujours devant Lui les actes et les pensées du résidu de Jérusalem. Il enverra les réchappés d’entre eux (car il sera resté des fidèles à Jérusalem sous l’Antichrist, tels les deux témoins d’Apocalypse 11) vers les nations comme évangélistes du royaume, afin qu’elles viennent à Jérusalem pour voir la gloire du Messie. Le signe que l’Éternel mettra au milieu d’eux (v. 19) c’est, sans doute, qu’ils auront vu le Seigneur en personne, avec Ses pieds sur la montagne des Oliviers (Zach. 14, 4). Ils pourront dire aux nations : Nous L’avons vu — nous avons vu Sa gloire, et ils la raconteront. Les nations prendront les frères du Messie et les amèneront à la sainte montagne, et verront elles-mêmes Sa gloire. C’est la scène de Matthieu 25, 31. Celles qui n’auront pas ce caractère vis-à-vis des frères du Roi rencontreront un jugement individuel. Ce retour des rachetés (cf. 49, 12) sera une offrande comme celle des fils d’Israël quand ils l’apportent dans un vase pur à la maison de l’Éternel (18, 7). L’Éternel prendra de ces réchappés pour sacrificateurs, pour Lévites. Ce sera le moment où les urim et les thummim seront à l’homme de la bonté de l’Éternel (Deut. 33, 8).

v. 22-24. La semence et le nom du vrai Israël dureront autant que les nouveaux cieux et la nouvelle terre de 65, 17. Désormais le sort des bons et des méchants sera fixé d’une manière absolue : pour les uns dans le culte ininterrompu de l’Éternel, pour les autres, les rebelles de la nation, dans l’éternité de tourments de la géhenne (Marc 9, 44).