Livre:La sympathie chrétienne/Psaume 22
Un écrivain bien connu a dit au sujet de David, l’auteur inspiré des psaumes : « Il a été placé dans l’Église pour être un organe propre à exprimer les sentiments de tous les membres du peuple de Dieu dans tous les temps, aussi son éducation fut-elle adaptée à ce but. Dieu Lui-même le prépara pour l’œuvre qu’il devait accomplir, et ainsi il est arrivé qu’un seul homme a présenté cette immense variété d’expériences dans lesquelles toute âme est heureuse de trouver les siennes propres. Jean-Baptiste devait être employé à une œuvre sévère, aussi fut-il élevé dans le désert. Paul, qui devait être un homme de débats et un docteur dans l’Église, fut élevé aux pieds de Gamaliel. Daniel, qui devait annoncer les jugements de Dieu et révéler Ses secrets, fut élevé dans la sagesse de l’Orient. Joseph, qui devait servir de providence à l’Égypte et à la maison de son père, fut élevé à l’école sévère de la providence. Chaque individu dans l’Église a toujours été préparé par le Seigneur, sous le double rapport des dons de la grâce et de ceux de la nature, pour l’œuvre spéciale qui devait lui être assignée, c’est pourquoi David reçut cette brillante variété de dons naturels qui, jointe à une éducation donnée directement de Dieu, le rendit propre à la haute charge qu’il devait remplir. Les cordes de sa harpe étaient multipliées, et les anges de la joie et de la tristesse les maintenaient dans leur pureté, tandis qu’il en tirait des sons. Sa mélodie respirait toujours le ciel, et il y avait dans son sein un tel océan d’affection, qu’il ne lui était pas toujours possible de demeurer dans le calme. Les cœurs des enfants de la promesse se disputaient l’étroit espace de son seul cœur. Nous pourrions mentionner particulièrement ceux des psaumes qu’on appelle pénitentiaux, car ils manifestent ce qu’il y a de plus profond dans l’agonie de l’âme ; ils ne justifient en aucune manière les chutes de David, mais ils nous montrent qu’il en est résulté un grand bien. Si cet homme de Dieu n’avait pas passé par toute espèce d’humiliations, s’il n’avait pas bronché dans les lieux ténébreux, nous n’aurions point de langage pour les âmes pénitentes, et nous ne saurions comment exprimer les angoisses de ceux qui craignent d’être abandonnés de Dieu. Il était tout à la fois le berger, le héros, l’ami, le rejeté, le monarque, le poète, le prophète, le régénérateur de l’Église, l’homme. Souvenons-nous qu’un homme ne connaît rien de la vie spirituelle aussi longtemps que, quelque honorable qu’il ait pensé être ou qu’il ait été jugé par d’autres, il ne se considère pas comme un être entièrement perdu et souillé aux yeux de Dieu, comme un abject ver de terre portant partout avec lui un corps de péché et de mort ; aussi longtemps que les psaumes dans lesquels David parle d’humiliation, lui paraissent exprimer trop fortement sa propre indignité, et que par conséquent il ne peut se les approprier en plein. Le cœur doit être brisé et humilié, pour qu’il puisse devenir la demeure de Celui qui est haut et élevé, et qui habite dans l’éternité ».
Mais dans tout ce que nous connaissons du psalmiste, nous ne trouvons pas les expériences mentionnées dans le psaume 22, dont les expressions, comme dans les autres psaumes pénitentiaux, laissent David bien en arrière, et portent l’esprit du lecteur jusqu’à son antitype. Il y a dans ce livre une aimable confusion entre David et le Messie ; on y voit toujours les membres étroitement et indissolublement unis à la tête. Le croyant ne peut chanter les louanges ou le triomphe de Jésus, sans être comme obligé de s’associer à Sa gloire.
Plus nous sonderons ce livre, plus nous nous sentirons unis au David spirituel par mille tendres et doux liens, car chaque ligne respire le Messie et tout sentiment conduit à Lui. Il a une place dans chaque pensée, comme « l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier » de la joie de l’âme. Sans le livre des Psaumes nous ne connaîtrions que peu de chose des souffrances spirituelles de notre cher Sauveur. Il est vrai que dans le jardin de Gethsémané, quand Il attendait que quelqu’un eût compassion de Lui, Il fut comme forcé de s’écrier : « Mon âme est de toutes parts saisie de tristesse » ; mais ce fut avec un silence solennel qu’Il passa par toutes Ses douleurs, comme un agneau mené à la boucherie, ou comme une brebis muette devant celui qui la tond. On pourrait supposer qu’étant Dieu Il ne pouvait sentir ce que l’homme sent ; mais nous découvrons, tout particulièrement dans les psaumes, cette incompréhensible vérité, qu’Il est aussi parfaitement Dieu qu’Il est parfaitement homme, aussi parfaitement homme qu’Il est parfaitement Dieu. C’est de cette merveilleuse combinaison de majesté et de faiblesse que les prophètes se sont informés et soigneusement enquis, n’étant pas capables de comprendre d’avance « les souffrances de Christ et les gloires qui les devaient suivre ». Il s’est rendu dépendant de Dieu et dépendant de l’homme ; et cependant au milieu de Ses souffrances une puissance infinie soutenait Son humanité. Jésus est essentiellement le Fils de Dieu, quoiqu’Il se soit fait serviteur. Le culte du Messie est l’adoration de la divinité personnifiée. Ce fut volontairement que le Sauveur se soumit à toutes Ses souffrances. Si un homme se jetait ainsi au-devant de la tentation, il commettrait un péché. Le Sauveur, en devenant notre garant, a pris sur Lui-même toutes les conséquences de notre péché. Le péché sépare la créature du Créateur ; il dispose l’homme à haïr son Dieu et à lui faire la guerre. Oh ! vous qui vous jouez au bord de l’abîme, souvenez-vous que dans l’enfer on expérimentera cette vérité dans toute sa puissance et dans toute son amertume ! Les démons tourmenteront les damnés, les damnés se tourmenteront les uns les autres. Le sein du Sauveur est maintenant ouvert ; fuyez, fuyez, fuyez la colère à venir.
Il y avait tout à la fois une ressemblance remarquable et un contraste frappant entre le premier et le second Adam. Adam était un type de Christ ; comme seigneur de toutes choses, il était le monarque de la terre ; ce fut à cause de sa transgression qu’il fut privé de tout et que la vie du Sauveur a dû être une vie de souffrance et d’ignominie. Jésus a été traité comme nous le méritions, c’est pourquoi on Lui refusa un verra d’eau froide, quand Il s’écria : J’ai soif. En Éden, le premier Adam avait tout en abondance, et cependant il devint la proie de tous les besoins. Le second Adam, au milieu du besoin, triompha de tout. Il ne laissa agir Ses ennemis qu’afin de les fouler sous Ses pieds. Notre pauvre entendement ne peut avoir que des idées misérables de la souffrance qui seule était capable sur la terre de satisfaire pour le péché ; mais dans la suite, peut-être, Dieu expliquera tout cela à Ses enfants. Ce que nous savons, c’est que jamais personne ne souffrit comme Jésus. Ses douleurs étaient aggravées au plus haut degré par la sainteté même de Sa nature ; l’enfer se déchaînait dans Son sein lorsqu’Il prononça ces mystérieuses paroles : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné, t’éloignant de ma délivrance et des paroles de mon rugissement ? ». Son angoisse, dans ce moment solennel, surpassait celle des damnés, car ils sont séparés de Celui qu’ils haïssent, tandis que pour Lui Il était séparé de Celui qu’Il aimait toujours. Il ne se plaint pas ; Il ne fait qu’exprimer Son amour pour Son Dieu qui se tient éloigné. Il ne se plaint nullement des insultes ou de la malice des démons et des hommes ; Il ne pense qu’à chercher Son Bien-aimé. La loi était rendue honorable pendant qu’Il en portait sur Lui-même la malédiction. Il était éprouvé au plus haut degré. Tout ce que le grand ennemi de Dieu et de l’homme avait pu imaginer pour remplir d’horreur Son âme sainte, s’accomplissait alors en Lui (v. 12-16), et ce n’était que la conséquence de notre péché. Son amour passait par la plus rude de toutes les épreuves ; et comme Il ne se liait à aucune des choses qui sont en l’homme, Il était également indépendant de l’ingratitude ou de la reconnaissance de Ses disciples. De même qu’Il n’avait pas choisi Ses brebis à cause de quelque bien qu’Il eût vu en elles, de même aussi Il n’aurait pu être détourné de Ses desseins de miséricorde à leur égard par la découverte d’aucun mal. L’extrême amour et l’extrême misère Lui arrachèrent ensemble ces paroles : « S’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! ». Le même amour qui L’avait fait descendre, Le faisait passer au milieu du sentier de la douleur. Toute Sa vie fut une suite de souffrances et d’angoisses ; mais « comme Il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’à la fin ». Il n’ignorait pas ce qui était en eux, Il ne les avait point oubliés, mais au moment même où Ses disciples L’abandonnaient, Le reniaient, Le trahissaient, Il donnait Sa vie pour eux. Nous avons un souverain Sacrificateur qui sait entrer dans les sentiments des affligés, et qui, en pénétrant dans les plus secrètes retraites de leur cœur, leur administre le soulagement le plus efficace. Jésus a parfaitement appris ce qu’est Dieu ; Il a parfaitement appris ce qu’est l’homme. Il sait comment il faut combattre en Ses enfants les ennemis qui les attaquent, Il sait aussi remporter la victoire ; Il a parfaitement appris à sympathiser. Il a fait descendre Son cœur du zénith de la gloire jusque dans leur sein, aussi peut-Il être touché du sentiment de leurs infirmités. Il considère toutes leurs souffrances comme les siennes propres, et Il ne met pas sur eux un seul fardeau non nécessaire.
Le verset 17 nous montre quel effet produisait sur Lui la conduite de ceux qui assistaient à Son supplice. L’évangile dit simplement : « Les soldats firent donc ces choses », tandis que nous n’entendons sortir de Sa bouche que ces mots : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » ; et si la conduite des soldats était pour Lui un sujet de peine, à plus forte raison combien devait l’être celle des disciples ! Jésus dit, au psaume 69, 20 : « L’opprobre m’a déchiré le cœur ; j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y en a point eu ; j’ai attendu des consolateurs, mais je n’en ai point trouvé ». Au lieu de se plaindre, Il dit simplement : « L’esprit est de prompte volonté, mais la chair est faible ». Dans le livre des psaumes, nous voyons la conduite de Jésus à l’égard de Ses disciples jusqu’à la fin, aussi y apprenons-nous déjà qu’Il a pu sympathiser à nos infirmités, parce qu’Il a été tenté en toutes choses. Avec quelle délicatesse Il parle de ce qui est pénible ! Comme Il a senti notre faiblesse ! Avec quelle vie Il exprime les sentiments aimables du cœur humain ! Avec quelle patience Il combat nos préjugés ! Comme Il semble craindre de nous blesser, de peur de se blesser Lui-même en quelque sorte ! Quand Son cœur est affligé par Ses ennemis, Il se tourne du côté de Ses amis, et Il condescend à être servi par Ses propres créatures. C’est parmi des hommes pauvres, faibles et souillés, qu’Il cherche des consolateurs. Il se souvient que nous ne sommes que poudre. Il n’attendait de Ses disciples que de la piété, et voilà, ils n’ont pu veiller une seule heure ! S’ils eussent été du monde, rien n’eût été extraordinaire ; mais ce sont Ses disciples, Ses amis, sur lesquels Il a veillé sans cesse. Combien peu nous savons faire pour notre Seigneur, et quand nous essayons de Lui plaire, combien nous agissons faiblement ! La nature humaine est toujours la même, indifférente et stupide à l’égard de Ses plus précieux intérêts. Mais le Sauveur que nous bénissons est toujours le même ; les disciples dormaient, mais Lui Il veillait et Il était en agonie pour leurs âmes. Nous avons pour nous conduire une tête vivante, remplie de toute la sagesse de Dieu ; nous avons pour sympathiser un cœur humain, rempli de toutes les compassions de Jésus. En confiant notre âme à Celui qui est puissant pour sauver, nous avons la consolation de la reposer sur un sein qui, parce qu’Il a soupiré pour Lui-même, est plein de tendresse pour nous ; « bien qu’étant le Fils, Il a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes ». Ce n’est qu’à la croix de Christ que nous voyons une réalité dans la haine de Dieu pour le péché et dans Son amour pour le pécheur. Quand on nous rappelle que « Dieu a été manifesté en chair », nous considérons trop cet étonnant mystère comme une histoire qui a vieilli, et c’est avec une sorte d’indifférence que nous cherchons à voir quel intérêt nous y avons ; mais nous ne pouvons nous arrêter longtemps en Gethsémané ou sur le Calvaire, sans sentir qu’il y a une réalité dans le péché, dans la justice, dans la pureté et dans l’amour. C’est le point central autour duquel la perfection se rallie et duquel elle émane, et jamais nous ne sommes dans une aussi bonne disposition d’esprit que lorsque notre foi regarde à l’humiliation du Rédempteur, ou que notre espérance contemple Sa gloire. Croyons-nous réellement que Christ ait visité notre terre, qu’Il ait souffert, qu’Il ait bu jusqu’au fond la coupe de la colère, qu’Il ait connu toute la misère qui fait l’essence de la malédiction, qu’Il ait été accablé par la douleur, qu’Il soit entré en agonie, que Son cœur ait été brisé, que Son esprit ait été froissé, et tout cela parce qu’Il amenait beaucoup de fils à la gloire ? Quelquefois nous pleurons, parce que nous avons besoin d’un ami dans le sein duquel nous puissions épancher notre tristesse. Ici nous voyons Jésus, qui a appris sur le mont Calvaire ce que c’est que la douleur, et dont l’office est maintenant de faire miséricorde. Si quelqu’un pense s’être jeté par le péché dans un si grand nombre de difficultés qu’il n’y ait plus de grâce pour lui, nous nous bornons à répondre que le Messie est vivant, et que l’homme de douleurs tient les rênes de Son gouvernement. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste ». La vérité ne conduit jamais au désespoir, mais, semblable à un général habile, elle entoure l’ennemi. Dieu, dit, il est vrai : « Ne pèche point » ; mais le croyant perdra-t-il tout courage s’il vient à tomber ? Non, l’Esprit le conduit à Jésus.
Il est dit au verset 21 : Réponds-moi, et les versets 24, 25, 26 et 27 montrent les heureux résultats des souffrances de Christ, la restauration d’Israël et la conversion du monde à Dieu ; car, « au nom de Jésus, tout genou se ploiera, et toute langue confessera que le Seigneur, c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père ». Mais le verset 22 semble particulièrement intéressant : c’est la voix qui dit au commencement : « Que la lumière soit, et la lumière fut ». C’est la voix qui autrefois ébranla la terre, et qui remuera encore une fois, non seulement la terre, mais aussi le ciel. C’est la voix qui, du sein de l’agonie, fit entendre ces mots : « Mon Dieu, mon Dieu ! ». « Dans les jours de sa chair, Il offrit, avec cri véhément et avec larmes, des supplications et des instances à Celui qui pouvait le sauver du sein de la mort ». Réponds-moi, s’écrie le grand Berger des brebis qui a été ramené d’entre les morts par le Dieu de paix ; et maintenant qu’Il est dans le temple céleste, à la droite de la magnificence dans les lieux hauts, Il s’écrie d’une voix aussi forte que celle des grandes eaux, et en même temps plus douce que toute la mélodie des harpes des anges et des rachetés : « Je déclarerai ton nom à mes frères ». Nous ne pouvons dire comment Il déclarera le nom de Son Père à Ses frères de l’Église triomphante, ni comment Il conduira au milieu d’eux l’hymne d’actions de grâces ; mais ce que nous savons, c’est que l’ensemble de Son œuvre de médiation est une déclaration du nom de Son Père à Ses frères qui sont sur la terre, et une hymne de louanges au Dieu de leur salut. Ne L’entendons-nous pas, dans la Parole de la vérité, dans les ordonnances qu’Il a instituées, et dans les opérations puissantes de Son Esprit, proclamer chaque jour, chaque heure et sans cesse, le nom de Son Père, avec plus de clarté que cela n’a jamais eu lieu auparavant ? « L’Éternel, l’Éternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à colère, abondant en gratuité et en vérité, gardant la gratuité jusqu’en mille générations, ôtant l’iniquité, le crime et le péché, et qui ne tient point le coupable pour innocent », a manifesté Son Fils comme propitiatoire par la foi en Son sang ; Il est le juste et le Sauveur, justifiant celui qui est de la foi de Jésus.
Les psaumes qui se rapportent au Messie considéré comme conquérant, même au milieu de l’Église d’en bas, ne contiennent-ils pas les louanges éternelles de Celui qui Lui a donné la victoire, et ne nous convient-il pas, à nous qui sommes Ses frères, d’écouter avec attention et foi la déclaration qu’Il fait du nom de Son Père et de notre Père, de Son Dieu et de notre Dieu, et de nous joindre à Son cantique d’actions de grâces ? C’est là l’occupation des cieux, et si nous nous y adonnions plus habituellement, la terre deviendrait bientôt comme le porche du paradis. L’auteur de l’épître aux Hébreux remarque d’une manière touchante, en parlant de ceux que Jésus sanctifie, « qu’Il n’a pas honte de les appeler frères ». Ces paroles sont une preuve frappante, quoique indirecte, de la divinité de notre Seigneur et Sauveur. Quelle effroyable fierté n’y aurait-il pas chez un simple homme, qui, quelque élevée que fût sa position ici-bas, aurait honte d’appeler frère un de ses semblables ? Mais ici, c’est Christ qui nous donne le nom de frères. Certes Il aurait bien pu se refuser à entrer avec nous dans une telle relation ; Il aurait bien pu avoir honte d’appeler frères des hommes coupables et souillés. On ne reconnaît qu’avec une grande prudence un degré de parenté quelconque avec ceux qui ont encouru le déplaisir du gouvernement, de peur d’être enveloppé dans leurs maux et leur disgrâce. Mais quoique Jésus sût fort bien qu’en reconnaissant un degré de parenté avec des traîtres, Il serait enveloppé dans une responsabilité terrible comme notre parent et notre Rédempteur, Il n’a point eu honte de nous appeler frères. Les personnes élevées en dignité, ou qui recherchent les honneurs de ce monde, ont souvent honte de reconnaître un lien quelconque avec les pauvres et les petits ; mais Lui, le Seigneur de l’univers, Il n’hésite pas à nous dire : « Je monte vers mon Père et votre Père ». Mais c’est la divinité de Sa personne qui rehausse magnifiquement cette condescendance. L’éternité elle-même ne révélera qu’imparfaitement aux esprits des justes rendus parfaits, comment le Fils unique de Dieu, Dieu au-dessus de toutes choses, béni pour les siècles, a pu ne pas avoir honte d’appeler « frères » des êtres qui ne sont que poussière, cendre et péché comme nous.
Il y a cependant un sens dans lequel nous pouvons dire qu’Il n’a aucune raison d’avoir honte quand Il nous appelle frères ; dans Hébreux 11, 16, il est dit que Dieu n’a pas honte de Ses enfants, ni de s’appeler leur Dieu, parce qu’Il leur a préparé une cité. Ces paroles semblent signifier que si Dieu n’avait pas préparé pour Ses enfants un héritage digne de Lui-même, et convenable à Son infinie grandeur, Il aurait eu honte de s’appeler leur Dieu. Mais ce qu’Il a préparé pour eux est entièrement digne de Lui ; aussi n’a-t-Il point honte d’être appelé leur Dieu. Certaines personnes se conduisent si mal à l’égard de leurs parents, qu’elles doivent être honteuses chaque fois qu’ils sont nommés devant elles. Ce n’est point ainsi qu’a agi notre frère aîné ; Il s’est montré un frère plein de tendresse ; Il s’est humilié jusqu’au niveau de Ses frères, et Il ne se donnera aucun repos jusqu’à ce qu’Il les ait fait asseoir avec Lui sur Son trône. Assurément nous qu’Il appelle Ses frères, nous ne devons point avoir honte de l’appeler notre frère. S’il n’a pas honte de Ses rapports avec nous, nous ne devons pas avoir honte de nos rapports avec Lui ; et cependant combien souvent nous pensons, nous sentons et nous agissons comme si nous avions honte de Lui. Sous un certain point de vue, il nous convient d’avoir honte, car notre conduite n’a été souvent rien moins que fraternelle à Son égard, telle même qu’elle n’aurait pu être tolérée par aucune affection fraternelle humaine ; et cependant, quoi que nous ayons pu faire, Son amour est toujours demeuré. Quand nous avons agi d’une manière indigne de nos rapports avec Lui, ne nous détournons pas de Sa face, car à qui pourrions-nous aller qu’à Jésus ; contemplons-Le, et nous verrons dans Son regard ce qu’y vit Pierre, une désapprobation profonde, mais en même temps une tendre pitié, un amour inexprimable, quelque chose qui dit : « Est-ce donc là l’affection que tu as pour ton intime ami ? Retourne à moi, car je t’ai racheté ». Nous nous précipiterons alors dans Ses bras, et nous pleurerons sur Son sein.