Livre:La sympathie chrétienne/Psaume 23

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Ce psaume, comme la plus grande partie des promesses et des prophéties de l’Ancien Testament, doit être appliqué littéralement aux Juifs, qui sont encore « bien-aimés à cause des pères », et spirituellement à l’Église chrétienne. Christ était aussi le Berger de l’Ancien Testament, et c’est sous ce caractère que les Juifs L’attendent, quoiqu’ils ne Le connaissent pas (voy. Jér. 23, 3, 4 ; Éz. 34, 23, 24 ; Mich. 5, 2).

Celui qui est né à Bethléhem-Éphratha paraîtra comme le souverain Berger, et c’est à Lui que s’adresse le cri d’Israël : « Toi, qui pais Israël, prête l’oreille ; Toi, qui mènes Joseph comme un troupeau ; Toi, qui es assis entre les chérubins, fais luire ta splendeur ! » (Ps. 80, 1. Voy. aussi És. 49, 9-11 ; Jér. 31, 8, 11, 12, 13, 14 ; 32, 36-43). Il est venu à eux avec Ses miséricordes, non à cause de leurs mérites, mais à cause de leurs besoins, et tout ce qu’Il a fait à leur égard, Il l’a fait pour l’amour de Son nom, afin qu’il ne fût point profané devant les nations, car Son nom est en eux (voy. Éz. 20, 14, 22, 44 ; Os. 14 ; Mich. 7, 8, 9). Appliqué aux Juifs, ce psaume nous porte au temps où Celui qui paît Israël fera reluire Sa splendeur ; mais si nous l’appliquons spirituellement au croyant, il nous présente une paix et une plénitude d’expression que lui seul peut comprendre. Il n’est dans son ensemble qu’un développement de cette parole : Je n’aurai point de disette. Dieu nous y restaure par le rafraîchissement et le repos ; Il nous y promet protection et paix dans la mort, triomphe et abondance de bénédictions ; nous y trouvons une pleine confiance pour l’avenir et une sécurité parfaite, soit dans la vie, soit dans la mort, soit dans la prospérité, soit dans l’adversité, soit pour le temps, soit pour l’éternité. Appuyé sur le fondement solide du psaume précédent, savoir, les souffrances, la résurrection et la promesse de Christ, le croyant peut dire avec assurance : L’Éternel est mon Berger. Il n’aura point de disette, parce que son Berger c’est l’Éternel ; il n’aura point de disette, parce que l’Éternel est son Berger. Son Berger suffit à tous ses besoins ; rien ne peut s’unir à Lui, ni se mêler avec Lui ; rien ne peut ajouter à Sa nature, rien ne peut porter atteinte à Sa plénitude. Le trésor de Ses dons a été chèrement acheté, car Il a payé jusqu’au dernier quart de sou. Quand la justice qui tenait la clef de la miséricorde eut dit : C’est assez, et que par le sang de l’alliance le Père fut devenu le débiteur de Son Fils, le bon Berger alla dans les régions des ténèbres à la recherche de Ses brebis. Il trouva Son Église dans les profondeurs du péché, et Il l’aima comme Il ne l’avait jamais aimée auparavant. Il porta Ses brebis sur Ses épaules au travers du tombeau et des portes de la mort, en s’écriant d’une voix triomphante : « Ô sépulcre, où est ta victoire ? ». Le grain de blé tombé en terre mourut et porta beaucoup de fruit. Lorsque l’ange roula la pierre de devant la porte du sépulcre, Jésus nous fit connaître, en quelque sorte, que le poids du péché avait été roulé de devant la porte des trésors de Sa grâce. Il n’est jamais fatigué des besoins de Son petit troupeau. Chaque don, chaque secours de Son amour, nous déclare que le Père a été satisfait du travail de l’âme de Son Fils bien-aimé. Unie à Lui, vivifiée avec Lui, Son Église ne peut avoir aucune disette ; elle a le droit de faire usage de toutes les richesses de son Époux ; son bien, ce sont les richesses de Sa gloire, car avec Lui tout est donné. C’est par expérience que le Berger a appris à connaître les besoins de Ses brebis, car Il a été Lui-même conduit comme une brebis à la boucherie. Il a été initié à cette connaissance par les leçons les plus pénibles ; Il s’est assujetti aux besoins de chaque brebis et de chaque agneau de Son troupeau, afin qu’Il pût être touché de compassion à la vue de leurs infirmités ; aussi le troupeau du Messie peut-il dire avec assurance : Je n’aurai point de disette. Brebis timides, ne craignez ni le besoin, ni l’affliction, ni la peine ; ne craignez point ; selon vos besoins sera le secours. « L’Éternel est ma portion, dit mon âme, c’est pourquoi j’aurai espérance en lui ». Quand la brebis stupide crie parce qu’elle a peur du besoin, elle pourrait bien avoir pour réponse : « Vous ne savez ce que vous demandez ». Le troupeau de Jésus n’a aucune raison de craindre au milieu du danger, car il est entouré d’un amour tout puissant. « Mes brebis ne périront jamais, a dit le Berger » ; « votre Père a bien voulu vous donner le royaume ». Nous trouvons en Lui tout ce qu’on peut attendre d’un berger, car Il a tant aimé Ses brebis qu’Il a donné Sa vie pour elles. Avez-vous un besoin quelconque ? Ne le tenez pas secret, mais présentez-le-Lui ; il sera placé sur le propitiatoire pour être examiné, et dans le temps convenable il y sera pourvu. Avez-vous besoin de quelque chose pour une personne qui vous est chère ? Il a promis que vous n’aurez point de disette. S’Il ne répond pas exactement à votre prière, ce qu’Il vous accorde est toujours meilleur que ce que vous avez demandé ; Sa plénitude est à votre disposition comme si elle était entre vos mains ; s’Il la garde en Lui-même, c’est afin que chaque bénédiction soit doublée. Moïse disait aux enfants d’Israël dans le désert : « L’Éternel ton Dieu a connu le chemin que tu as tenu dans ce grand désert, et Il a été avec toi pendant ces quarante ans, et rien ne t’a manqué ». Vos besoins sont immenses, mais votre secours est infini. Il n’y a que Dieu qui puisse dire tout ce que Dieu peut faire. Vous, qui êtes les brebis de Sa pâture, rendez-Lui grâce et proclamez Sa louange ; il n’y aura point de disette pour Son troupeau. « Les lionceaux ont disette, ils ont faim », mais les faibles et chétives brebis du bon Berger ne manqueront d’aucun bien. Il est leur bouclier contre tout ennemi ; Il est leur guide en tout danger ; tout bien leur sera donné, la grâce maintenant, la gloire pour les siècles.

Mais voyons comment le Saint Esprit développe ces paroles : « Je n’aurai point de disette », et comment les brebis de Jésus « marchent de force en force pour se présenter devant Dieu en Sion ». Au verset 2 il est dit qu’elles ont la nourriture, le breuvage, le repos et le rafraîchissement. Or, quelle est la pâture de l’âme, si ce n’est le pain de la vie ? Ici la pâture est intimement liée au repos ; et, en effet, Christ est le repos de notre âme, parce qu’Il est un vaste champ de promesses ; des eaux rafraîchissantes coulent en abondance dans Ses pâturages ; on y voit le « fleuve pur d’eau de la vie, resplendissant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau », « dont les ruisseaux réjouissent la ville de Dieu ». L’eau que Jésus donne devient, en celui qui la boit, « une fontaine d’eau jaillissante en vie éternelle », et elle n’est autre chose que « l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ». On aime à voir, dans un jour brûlant d’été, des brebis reposer dans des parcs herbeux, près d’une eau courante et limpide. Même dans le désert, le croyant qui se repose sur Christ boira des eaux en abondance ; il sera rafraîchi et restauré par le Consolateur. Le troupeau de Christ ne mangera pas avec précipitation, comme s’il craignait celui qui dévore. « Celui qui croira, dit l’Écriture, ne se hâtera point » ; « si le Berger donne du repos, qui est-ce qui causera du trouble ? ». Les ennemis peuvent abonder, mais Il est près ; les ennemis peuvent être en embuscade, mais Lui, Il veille. C’est Lui qui fait reposer Ses brebis, c’est Lui qui les mène le long des eaux paisibles. Si c’était à elles à raconter ce qu’est ce repos et ce rafraîchissement, elles ne pourraient rapporter la moitié des bénédictions dont elles sont comblées. Le croyant peut magnifier le jugement aussi bien que la miséricorde ; il compte au nombre de ses plus précieuses bénédictions, que jamais il n’ait été dit de lui : laisse-le. Il y avait espérance pour les Israélites, tandis que Dieu « humiliait leur cœur par le travail, car alors ils criaient à l’Éternel dans leur détresse ». Il y avait espérance quand Il les frappait, car alors ils Le cherchaient, et « ils se souvenaient que Dieu était leur rocher, et que le Dieu fort et souverain était Celui qui les délivrait ». La plus dure parole qu’Israël entendit jamais, fut celle-ci : « Pourquoi seriez-vous encore battus ? Vous ajouterez la révolte ». Les brebis de Christ laissées à elles-mêmes s’égareront toujours ; mais, quoi qu’il puisse leur en coûter, elles sont forcées de s’écrier : « Cherche ton serviteur, car je n’ai point mis en oubli tes commandements ». N’a-t-Il pas fréquemment restauré vos âmes, ô chrétiens ? Quand vous vous êtes détournés de Lui, ne vous a-t-Il pas repris et châtiés dans Son amour ? N’a-t-Il pas été infatigable en conservant votre foi ? Quoiqu’il ait été permis à Satan de vous cribler, Son grain de froment est-il tombé à terre ? Quand vous avez été jetés dans la fournaise, Celui qui raffine ne s’est-Il pas assis près de Son trésor ? Quand le péché a fait séparation entre vous et Lui, quand quelque idole a mis le désordre dans vos pensées, n’a-t-Il pas été là pour vous restaurer ? Ses entrailles n’ont-elles pas été émues au sujet d’Éphraïm ? Quelquefois Il nous brise presque le cœur d’un seul regard, comme cela arriva à Pierre ; quelquefois Il nous subjugue en passant par-dessus nos iniquités, comme aussi en nous faisant sentir la verge et le jugement. Soyez assurés qu’Il vous restaurera jusqu’à ce que vous puissiez dire, dans le même esprit que Lui, lorsqu’Il était mené comme une brebis muette devant celui qui la tond : Tout avec ton sourire ; tout, excepté ta désapprobation.

Mais, hélas ! avec quelle lenteur Ses brebis apprennent à ne pas se détourner de Lui dans leurs détresses, mais à se réfugier plutôt auprès de Lui, pour être mises en sûreté et pour être conduites dans des sentiers de justice ! « Fais-moi connaître le chemin par lequel j’ai à marcher ; enseigne-moi à faire ta volonté ; conduis-moi comme par un pays uni ». Jésus dit : « Je suis le chemin », et l’apôtre dit : « Comme donc vous avez reçu le Christ, Jésus le Seigneur, marchez en lui ». Satan vise sans cesse à nous détourner de la simplicité qui est en Christ ; mais le bon Berger veut toujours nous restaurer et nous conduire dans Son sentier ; et quoique souvent nous ne sachions par où Il veut nous faire passer, Il nous mène cependant dans les sentiers de justice où Il a passé avant nous. Il marche devant Ses brebis ; c’est Lui qui rencontre le premier l’ennemi. Ses brebis marchent sur Ses traces, aussi doivent-elles s’attendre à un sentier rempli d’épines ; mais leur Berger est avec elles ; Sa présence change les ténèbres en lumière, et les choses tortues en choses droites. Les pauvres brebis ne sont sages que quand elles s’abandonnent à Sa conduite, et qu’elles Le suivent quelque part qu’Il aille. Il les fera marcher dans les sentiers de la droiture, où aucune d’elles ne se blessera, car « Il prend plaisir à leur faire du bien ». Si elles tombent, Il les relève ; si elles sont dans les ténèbres, Il est près d’elles ; Il plaide leur cause ; Il exécute Ses jugements en leur faveur ; Il les amènera à la lumière, et elles contempleront Sa justice. Ce qu’elles ne connaissent pas maintenant, elles le connaîtront dans la suite ; tous leurs péchés seront jetés au fond de la mer, pour n’être plus jamais trouvés. Il prend plaisir dans la miséricorde, et Il ne se donnera point de repos qu’Il n’ait rassasié de Ses biens l’âme affamée. Sa gloire est étroitement unie au faisceau de leur vie, son nom y est. « Mène-moi et conduis-moi, dit David, pour l’amour de ton nom ». « Ô Dieu de notre délivrance, aide-nous pour l’amour de la gloire de ton nom, et nous délivre ; et pardonne-nous nos péchés pour l’amour de ton nom ».

Mais il y a plus ; le cinquième verset, dans son ensemble, exprime l’abondance, la sécurité et le triomphe. L’onction en particulier désigne l’allégresse, la force et la prospérité ; elle est un signe de la santé et de la paix de l’âme. C’est une fête spirituelle qui remplit le cœur d’une joie sans mesure, et qui le fait en quelque sorte refleurir. C’est comme cette huile qui découle sur la barbe d’Aaron et qui rend sa face joyeuse. Célébrer ainsi la fête, boire abondamment à la coupe préparée par le Seigneur, c’est là toute la richesse de nos âmes. Dans un autre psaume, David dit : « L’Éternel est la part de mon breuvage » ; et, en effet, ce breuvage, qui est Christ, nous est donné avec une multitude de bénédictions. Nous y trouvons tout ce qu’il y a de plus précieux : Sa vie, car Il a dit : « Parce que je vis, vous aussi, vous vivrez » ; Son amour, car Il a dit : « De même que le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » ; Son amitié, car Il a dit : « Je vous ai appelés amis » ; Sa sagesse, car « Il nous a été fait sagesse » ; Sa justice, car « Il nous a été fait justice » ; Sa plénitude, car il est écrit : « Tout ce que j’ai est à toi » ; Ses douleurs, car Il a dit : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » ; Sa force, car il est écrit : « Ma force est rendue parfaite dans l’infirmité » ; Sa paix, car Il a dit : « Je vous laisse ma paix » ; Sa joie, car il est écrit : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie ». C’est là la part de bonheur présentée au croyant dans Sa coupe ; il n’y manque qu’une seule chose, savoir, un repos absolu. Les brebis de Jésus, à la vie desquelles nul ne peut porter atteinte, paissent au milieu de leurs ennemis ; « elles entrent, elles sortent, elles trouvent de la pâture ». La sécurité du croyant au milieu du monde n’est point une présomption, car elle repose non point sur lui-même, mais sur l’alliance de la Trinité, comme nous le voyons dans Jean 6, 37-40. Il est important d’étudier ces versets, car ils combinent dans leur ensemble l’élection, la volonté et la puissance irrésistible du Fils relativement au salut de tous les élus du Père, l’appel et la persévérance par le moyen de la foi. Les saints sont appelés et conservés pour être ressuscités au dernier jour. Tout cela est dû à la grâce de Dieu, et non au mérite de l’homme, afin que le nom d’Emmanuel soit glorifié. Le Père a un peuple qu’Il a voulu sauver. Le Fils est descendu du ciel pour accomplir la volonté du Père ; Il promet de ne jeter dehors aucun de ceux qui iront à Lui, et de ne rien perdre de tout ce que le Père Lui a donné, mais de le ressusciter au dernier jour. L’Esprit prépare ces vases de miséricorde, en les amenant à Christ, et en prenant de ce qui est à Christ pour le leur annoncer. Puis, quand leurs yeux ont été ouverts à cette lumière du ciel, ils embrassent avec une parfaite confiance la vérité telle qu’elle est en Jésus, et c’est par le moyen de la foi que l’Esprit les conserve au milieu des combats contre le monde, la chair et le diable. Le Père a donné des élus au Fils pour qu’Il les sauvât ; le Fils les donne à l’Esprit pour qu’Il les élève, ce qu’Il fait en les conduisant de nouveau à Christ, qu’Il s’est chargé de glorifier. Christ les garde en les plaçant, par Son intercession, sur le sein du Père : « Père saint, garde-les en ton nom ceux que tu m’as donnés ». C’est ainsi que les trois personnes de la divinité deviennent débitrices l’une de l’autre, dans la consommation du bonheur des enfants de Dieu. Il faut avoir suivi le croyant dans toutes les complications de son expérience, pour pouvoir comprendre pleinement cette parole de Jésus : Je ne jetterai point dehors, car nous ne pouvons fatiguer Son amour, ni par notre tiédeur, ni par notre ingratitude.

Notre vie ne suffit pas pour que nous puissions apprendre la valeur de cette autre expression : Il peut sauver entièrement. Les exemples présentés par la Parole, aussi bien que la vérité du serment de Dieu, établissent en général que, malgré les apparences, l’âme du croyant ne peut être retardée dans ses progrès, et que chaque événement et chaque position la poussent en avant de la même manière que les années, les mois et les jours nous portent vers l’éternité. Souvenons-nous que la volonté positive du Père est que Son peuple soit sauvé ; c’est pourquoi Il lui a plu que Son propre Fils devînt homme de douleurs, sachant ce que c’est que la langueur, qu’Il mît Son âme en oblation pour le péché, afin que le bon plaisir de l’Éternel prospérât en Sa main. Dans les versets cités plus haut du chapitre 6 de Jean, nous trouvons une marque distinctive des brebis de Jésus : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi ». Il n’y a ni si, ni mais, ni par hasard. « L’alliance est bien établie et assurée », car la gloire de l’Éternel s’est interposée pour le salut de Son peuple élu, qui ainsi peut triompher au milieu de ses ennemis. Quand l’homme est dans la détresse, c’est pour Dieu l’occasion d’agir ; plus nos besoins sont grands, plus nous pouvons boire à la coupe des consolations, car « nous n’aurons point de disette ». Il a pourvu aux besoins de toutes Ses brebis, aussi peut-Il dire à chacune d’elles : « Tu n’auras point de disette ». Il n’y a pas seulement assez, mais il y a surabondance. Que les ennemis qui nous entourent soient dans l’étonnement ! Souvent ils désirent déchirer le petit troupeau du Seigneur, mais tous leurs efforts sont déjoués ; ils ne peuvent porter atteinte à la paix des chrétiens. Quelques-uns s’efforcent de les blesser par des paroles piquantes, mais Il les cache dans Sa loge à l’abri des disputes de langues. Les traits qui leur sont lancés, passent au-dessus d’eux, et montent dans les hauteurs du ciel, où ils percent le Berger qui les reçoit tous dans Son sein. « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? cria Jésus des cieux ; je suis Jésus que tu persécutes ». — « Celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil ». Les lions rugissent, les loups cherchent leur proie, mais Ses brebis se réjouissent en paix, elles sont fortifiées et restaurées en buvant à la coupe du salut. Nul ne peut leur ôter leur joie ; leur coupe déborde toujours, parce qu’elle est alimentée d’en haut par Celui qui peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons et pensons, et qui s’écrie : « Mangez, buvez, faites bonne chère, mes bien-aimés ». Ce troupeau béni ne jouit pas seulement d’un bonheur présent, mais il a des promesses certaines pour l’avenir. « Je suis venu, dit le bon Berger, afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance ». La joie au milieu de la douleur, c’est la part qui leur est promise ; la joie de l’espérance est pour elles le gage de la plénitude dont elles jouiront lorsque la foi sera changée en vue. Quand la cène du Seigneur est convenablement célébrée, elle est pour nous une fête au milieu de nos ennemis. Elle nous rappelle toutes les doctrines de l’évangile, et elle est la source d’une abondante joie. Observons aussi que la sécurité de l’âme est une porte ouverte à toute sorte de bénédictions. Si nous ne sommes pas en sûreté au milieu de nos ennemis, nous ne pouvons être ni restaurés, ni fortifiés, ni nourris par notre fête, et une terreur continuelle nous tient dans la maigreur d’esprit. La foi sans assurance (si c’est là de la foi) n’ouvre à la vie divine qu’un étroit passage, tandis que l’assurance de la foi, d’une foi dépouillée de propre justice, ouvre la porte toute grande, pour que les dons de la grâce coulent en abondance dans l’âme du croyant.

Verset 4. L’ombre de la mort semble exprimer les ténèbres épaisses de l’enfer. Job, parlant du sépulcre, l’appelle « la terre des ténèbres et de l’ombre de la mort, où il n’y a aucun ordre, et où rien ne luit que des ténèbres ». Luc, parlant de ceux qui sont dans les ténèbres, les représente comme assis dans l’ombre de la mort. Il y a dans la mort quelque chose qui en fait, pour les impies, le roi des épouvantements, mais qui, pour le croyant, est la source d’une sainte confiance et d’une assurance parfaite ; tellement que, au lieu de s’adonner à la contemplation de la mort, il élève avec allégresse son âme à la rencontre de son Bien-aimé. Avons-nous jamais réalisé ce que seront nos sentiments quand nous passerons au travers de ce voile qui nous sépare de l’inconnu, et que le rideau sera tombé sur tout ce qui est d’en bas ? Que de choses sont contenues dans ces mots : Tu es avec moi ! C’est l’arc-en-ciel de la lumière jeté au travers de la vallée, car il n’y a besoin ni de soleil, ni de lune dans les lieux qu’illumine l’amour de l’alliance. Il faut que nous trouvions la présence de Jésus supérieure à toutes les joies d’ici-bas, si nous désirons la trouver supérieure à toutes les terreurs à venir. Il faut que, comme Énoch, nous marchions avec Dieu sur la terre, si nous voulons qu’Il marche avec nous dans les cieux. Il faut qu’Il soit tout pour nous quand nous avons toutes choses, si nous désirons Le trouver suffisant quand nous ne posséderons rien. Nous ne savons ce que le jour de demain peut amener ; peut-être serons-nous appelés à passer au travers des fleuves de l’affliction, ou des fournaises de la tentation, ou des eaux de la perplexité et des soucis. Quoi qu’il en soit, Dieu dit à Son enfant : « Ne crains point, je suis avec toi ; quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi ; et quand tu passeras par les fleuves, ils ne te noieront point ; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras point brûlé, et la flamme ne t’embrasera point, car je suis l’Éternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur ». Il est vrai que cette promesse fut donnée aux Juifs, mais les petits chiens peuvent manger des miettes qui tombent de la table. Nous aussi, Il nous a rachetés, Il nous a appelés par notre nom, nous sommes à Lui. Ce n’est ni l’Égypte, ni l’Éthiopie qu’Il a données pour nous, mais c’est Son propre Fils ; Il a créé Son peuple pour Sa gloire. « Si je marche au milieu de l’adversité, dit David, tu me vivifieras, tu avanceras ta main contre la colère de mes ennemis, et ta droite me délivrera ». « Dieu est avec la race juste ». Le Seigneur disait à Jérémie : « Ne crains point, car je suis avec toi ». Il quitta Ses apôtres en leur disant : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle ». Son nom est « Emmanuel, Dieu avec nous ». Nous connaissons bien peu tout ce qu’il y a de douceur, de sécurité et de force dans ces paroles : « Tu es avec moi ». Quand nous nous transportons à l’heure solennelle de la mort, sentons-nous toutes les affections de notre âme se tourner vers Dieu, et pouvons-nous dire que nous n’avons nulle crainte, puisque Son amour nous est laissé ? « Où est, ô mort ! ton aiguillon ? ». On dit que lorsque une abeille a laissé son aiguillon dans un corps quelconque, elle n’a plus le pouvoir de blesser ; de même, comme la mort a laissé son aiguillon dans l’humanité de Christ, elle n’a plus le pouvoir de nous nuire. La victoire de Christ sur le tombeau est aussi celle de Son peuple. Je suis avec vous, nous dit-Il ; je suis Celui dont vous avez éprouvé la force et la fidélité au travers du désert ; je ne vous ai jamais manqué, quoique souvent vous ayez été forcés d’appuyer sur moi toute votre faiblesse. Auprès d’un tel ami nous nous sentons chez nous ; nous nous reposons avec une entière confiance sur notre Bien-aimé, car Il nous a soutenus dans des tribulations dont la seule pensée nous fait maintenant frissonner. Nous savons donc par expérience qu’en Lui tout est amour. Pourrait-il être obscur pour nous le lieu dans lequel tous nos désirs de cette vie doivent avoir leur accomplissement ? Pourrions-nous craindre d’entrer en contact avec la lumière de la vie ? « Son bâton et sa houlette sont ceux qui nous consolent ». Éprouvez-le maintenant, ô chrétiens ! c’est votre privilège. Il aime à vous soutenir dans votre faiblesse, et à vous prouver que, lorsque vous êtes faibles, c’est alors que vous êtes puissants. Vous pouvez être en sécurité parfaite, car Sa puissance se consommera dans votre infirmité. Son amour cesserait d’être tout-puissant, plutôt que de laisser périr une seule de Ses brebis. « Nul ne les ravira de ma main, a-t-Il dit, moi et le Père sommes un », aussi pouvons-nous dire avec assurance : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi ».

Le dernier verset nous présente la foi, non pour le moment de la mort, mais pour toute la vie : « Quoi qu’il en soit, dit le croyant, les biens et la gratuité m’accompagneront tous les jours de ma vie », de la même manière que les eaux, qui sortaient du rocher que Moïse avait frappé, accompagnaient Israël au travers du désert. Nous n’avons point de promesse d’être délivrés de telle ou telle douleur ; mais nous savons que, dans chaque besoin et même dans chaque péché, la bonté et la gratuité nous accompagneront. Nous ne pouvons tomber que dans les bras de la miséricorde : « S’il tombe, il ne sera pas entièrement abattu, car l’Éternel lui soutient la main ». Quelque affligé qu’il puisse être, l’enfant de Dieu peut toujours dire : La bonté et la gratuité m’ont accompagné, la bonté et la gratuité m’ont cherché, la bonté et la gratuité m’ont affligé, la bonté et la gratuité m’ont soutenu, la bonté et la gratuité m’accompagneront jusque dans la maison de mon Père ; et, comme consommation de tout, il peut ajouter : « Mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour la longueur des jours ». Christ a dit : « Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures ; je vais vous préparer une place ». La beauté et la commodité de cette maison seront selon Ses moyens, selon Son goût et selon nos besoins. Quand nous devons visiter la maison d’un ami bien connu, nous nous représentons d’avance ce que nous y trouverons ; quand nous recevons des amis chez nous, nous avons coutume de chercher à leur plaire ; ce que nous avons en vue, c’est leur avantage et leur plaisir, et tout dans notre maison concourt au même but. Il en sera ainsi dans la maison de notre Père ; nous serons en communication continuelle avec Lui, et nous pouvons presque dire qu’Il ne s’occupera que de notre bonheur. Oh ! quelle puissance il y a en Lui pour bénir ! C’est comme Dieu qu’Il bénit, quand Il veut bénir. Tout ce que Sa maison renferme de richesses sera apporté devant nous, tandis que Lui-même tout entier, comme un trésor inépuisable, sera pour nous une jouissance toujours constante et toujours nouvelle.

C’est pour nous une grande bénédiction que d’être ici-bas visités par notre Dieu, mais nous ne pouvons concevoir ce que sera le bonheur d’être reçus dans Son habitation pour n’en plus sortir. « Sa face est un rassasiement de joie ; il y a des plaisirs à sa droite pour jamais ». C’est une chose que nous ne pouvons bien comprendre, parce que nos joies se détruisent d’elles-mêmes tandis que nous sommes en la chair ; notre esprit est si léger, qu’il ne saurait supporter un haut degré de joie spirituelle. Le vent des cieux peut enfler les voiles de notre navire jusqu’à le mettre en danger de se perdre ; mais notre capitaine y met le lest des épreuves pour le faire avancer avec calme et sécurité. Quand nous verrons Sa face en justice, et que nous serons réveillés, nous serons rassasiés de Sa ressemblance. Lui seul possédera nos âmes, et nous serons remplis de grâce et de vérité. Même chez le croyant, il y a encore du mensonge ; jamais ici-bas la créature ne trouvera dans la créature une rose sans épines. Quand la porte sera fermée sur les enfants avec leur Père, ce sera en vain que l’ennemi heurtera ; les soupirs mêmes s’enfuiront. Quelle pensée pour nous qui sommes les enfants ! Nous serons réellement avec Jésus ! Nous serons à table dans le royaume de Dieu avec Abraham, Isaac et Jacob ! Nous nous rencontrerons tous dans la maison de notre Père, quoique avant cela nous devions tous expérimenter ce que c’est que de passer par la vallée de l’ombre de la mort. Oh ! que nous puissions tous dire : La bonté et la gratuité m’ont accompagné, et elles m’accompagneront jusqu’à ce que ce qui est mortel soit englouti par la vie.

Si fréquemment, lorsque nous étions dans la douleur, « notre deuil a été changé en allégresse », que sera-ce « quand Dieu aura déchiré notre sac, et qu’Il nous aura ceints de joie » ? Désirez-vous une carte du chemin qui conduit à la maison de votre Père ? Prenez ce petit psaume, il met sous vos yeux le bon Berger avec Ses brebis. La foi croit que tout doit être bonté et gratuité. Comme noue ne pouvons voir, « nous marchons par la foi, et non par la vue ».