Messager Évangélique:Ne savez-vous pas
Lisez 1 Corinthiens 6
Le chapitre ci-dessus indiqué, comme il est facile de s’en convaincre, renferme une suite non-interrompue de questions adressées, par le Saint Esprit, à la conscience des saints de Corinthe, parmi lesquels il y avait toutes sortes de misères, des dissensions, des procès, des injustices, de la fornication. Si un juste Lot (quoique lui-même dans une triste position) affligeait chaque jour son âme en voyant la conduite débauchée et les actions iniques des gens de Sodome (2 Pier. 2) ; si Paul était excité en lui-même et sentait son cœur profondément affligé en voyant Athènes adonnée à l’idolâtrie et ses habitants voués au culte des démons (Act. 17), une douleur bien plus vive, je n’en doute pas, remplit le cœur de ce serviteur de Dieu, en apprenant toutes les misères des saints à Corinthe, et il me semble que, dans ce chapitre, l’apôtre cherche à faire pénétrer dans l’âme des Corinthiens, la honte et la douleur qui remplissaient sa propre âme ; et cela afin de les amener à « se juger eux-mêmes ». « Je parle, dit-il, pour vous faire honte ». La conduite des Corinthiens n’était pas digne de l’appel dont ils avaient été appelés ; elle n’était pas en rapport avec les instructions qu’il avait reçues ; cette conduite était en contradiction avec l’évangile qui leur avait été prêché, avec les vérités qu’ils connaissaient ou devaient connaître : voilà ce qui n’était que trop évident pour l’apôtre ; de plus, il voyait fort bien que ce mal ne provenait pas proprement d’un manque de lumières, d’un manque de connaissances, mais bien d’un manque de conscience, et c’est pourquoi il cherche à agir sur les consciences, en leur signalant le mal et en leur adressant ces fréquents et pénétrants : Ne savez-vous pas ? suivis d’un principe, d’une vérité qu’ils étaient censés connaître et croire (voyez v. 2, 3, 9, 15, 16, 19) : — Vous avez des procès devant les injustes ? Ne savez-vous pas… que les saints jugeront le monde et des anges ? — Vous faites des torts et des injustices et cela à des frères ? Ne savez-vous pas… que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu ? — Il y a parmi vous de la souillure, de la fornication ? Ne savez-vous pas… que votre corps est le temple du Saint Esprit ? Ces questions nous montrent assez clairement, je pense, que l’apôtre, en présence des nombreuses misères des Corinthiens, en était à se demander, et leur demandait à eux-mêmes, s’ils avaient oublié les vérités qu’il leur avait enseignées ; s’ils avaient perdu de vue l’évangile qu’il leur avait prêché. Et il avait tout droit de leur adresser une question si sérieuse et si humiliante, car leur marche ressemblait à celle de personnes qui ignorent ou qui ont perdu de vue les plus puissantes vérités de l’évangile. — Ces questions si pénétrantes produisirent leur effet : les consciences furent atteintes, réveillées. Paul avait écrit ces choses « dans une grande affliction et avec serrement de cœur et avec beaucoup de larmes » (2 Cor. 2, 4). Cette sainte tristesse, cette précieuse affliction trouva le chemin des cœurs ; des larmes aussi furent versées à Corinthe, et quelles excuses, quelle crainte, quel ardent désir, quel zèle, quelle vengeance, cette tristesse selon Dieu ne produisit-elle pas (2 Cor. 7, 7-13) ? « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et jugeant des pensées et des intentions du cœur » (Héb. 4, 12).
Or si Paul n’est plus là pour parler à la conscience des saints par le Saint Esprit et avec les paroles qu’il enseigne, nous avons, grâce à Dieu, cette Parole vivante et pénétrante ; nous avons ces questions sérieuses de l’apôtre et tant d’autres portions de l’Écriture destinées à parler à nos consciences, à juger nos pensées, nos intentions et nos voies, à nous juger nous-mêmes. Sans doute il serait bien à désirer que les questions que Paul adresse aux Corinthiens ne nous concernassent en rien, il serait à désirer qu’il n’y eût rien à redresser dans nos voies et que nous eussions si bien appris Jésus (Éph. 4) que la connaissance que nous en avons soit telle qu’elle nous fasse marcher sans broncher dans le chemin de la sainteté. Mais, hélas ! (pourquoi ne le dirais-je pas ?) à en juger par moi-même, les pénétrants : Ne savez-vous pas ? de l’apôtre ne sont malheureusement pas hors de saison, et il est peut-être d’autant plus nécessaire de les faire résonner à nos oreilles que, dans ces derniers jours, la connaissance est fort augmentée, et qu’il est permis de se demander, même avec une certaine anxiété, si la sainteté, dans toute notre conduite, a augmenté dans la même proportion que les lumières, car enfin qui dit : lumière, dit : sainteté. Dieu est lumière et il n’y a en Lui nulles ténèbres ; il est permis de se défier de connaissances religieuses qui n’auraient pas la puissance de détourner nos affections d’un monde qui s’en va et de nous faire marcher sur les traces de Jésus et comme Jésus Lui-même a marché.
Il est bien loin de ma pensée, on le comprend, de vouloir faire l’application directe aux chrétiens de nos jours, de ce chapitre 6 de la première aux Corinthiens ; car je suis loin de penser que les mêmes misères dans la marche, qui se voyaient à Corinthe, existent parmi nous ; mais si certaines de ces misères ont disparu, n’en avons-nous pas assez d’autres pour lesquelles l’apôtre aurait bien des : Ne savez-vous pas ? à nous adresser ? Est-ce que les divisions, par exemple, n’existent pas aujourd’hui encore parmi les chrétiens ? Qui peut les nier ? Est-ce que ces divisions sont moins graves que celles qu’il y avait à Corinthe ? Qui oserait le dire ? Et n’est-il pas affligeant de voir que beaucoup d’enfants de Dieu prennent leur parti de ces divisions et s’étudient à ne pas souffrir de cette honte, de cette plaie hideuse que l’on s’efforce vainement de cacher aux yeux du monde au moyen de l’alliance évangélique, qui prêche, il est vrai, le support et l’amour entre les chrétiens, mais dans la division, en la reconnaissant, en la sanctionnant, en la perpétuant par ses statuts ? La conscience de beaucoup de chrétiens n’aurait-elle pas besoin d’être réveillée à cet égard et leur attention ramenée vers ce que dit l’Écriture au sujet du rassemblement des saints ? Sans doute, et Dieu en soit béni, il a été dit et il a été écrit dans ce but beaucoup de bonnes choses qui ont eu des résultats ; mais tout en reconnaissant le bien qui est fait à cet égard, sachons reconnaître le mal qui existe encore et nous en humilier. « Souviens-toi d’où tu es déchu et te repens », est une parole que l’Église a besoin d’entendre encore. Ne perdons pas de vue, chers lecteurs, que si pour notre propre compte nous nous soumettons à ce qu’enseigne l’Écriture au sujet de l’assemblage des saints et que si notre conscience est en repos à cet égard, le mal, cependant, les divisions existent encore, et que cette misère doit exercer nos cœurs devant Dieu.
On peut être nettoyé du genre de souillures dont il est parlé dans cette partie de l’épître aux Corinthiens, mais être net de souillures que même les honnêtes gens du monde flétrissent et dont ils se détournent avec dégoût, n’implique pas nécessairement qu’on réalise la sainteté à laquelle l’évangile nous appelle. Le fornicateur pèche contre son propre corps. Mais il n’y a pas seulement les souillures de la chair, il y a aussi les souillures de l’esprit qui ne valent pas davantage. La pratique de tout péché, quel qu’il soit, est une souillure. La médisance, encore si commune parmi les chrétiens, est une vraie lèpre, et cependant, ne savons-nous pas… que nous sommes appelés à « rejeter toute malice et toute espèce de fraude, d’hypocrisie et d’envie, et toutes médisances » (1 Pier. 2, 1) ? Ne savons-nous pas que si le serpent mord, le médisant ne vaut pas mieux (Eccl. 10, 11) ? L’amour du luxe qui règne dans le monde et auquel plusieurs chrétiens et surtout beaucoup de chrétiennes ne résistent pas, cela aussi est une souillure : une mise somptueuse n’est pas une parure digne d’une chrétienne, c’est une tache et peut-être serait-il à propos de dire à plusieurs : Ne savez-vous pas ?… « que votre parure ne soit pas celle de dehors, qui consiste à avoir les cheveux tressés, à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais qu’elle soit l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité de la douceur et d’un esprit paisible qui est d’un grand prix devant Dieu, car c’est ainsi que se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu » (1 Pier. 3, 6). Quelle est de ces deux parures la plus recherchée, la plus désirée ? La recherche inquiète des biens, de la gloire et de la faveur du monde, n’est-elle pas une souillure encore trop générale ? Et pourtant : Ne savons-nous pas… que nous ne sommes pas du monde — que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu — que le monde s’en va avec sa convoitise et qu’il est écrit : Pensez aux choses d’en haut et non à celles qui sont sur la terre ? Enfin que de cœurs peuvent être remplis de soucis et disant : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Et ces soucis ne sont-ils pas dans l’âme comme un buisson d’épines qui étouffent la Parole et l’empêchent de porter des fruits ? Et cependant ne savons-nous pas… qu’il est écrit : « Ne soyez pas en souci pour votre vie de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus : la vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain » (lisez Matt. 6, 19-34).
Il est inutile de pousser plus loin l’énumération des misères qui se peuvent rencontrer parmi les chrétiens : peut-être trouvera-t-on déjà cette énumération et trop longue et hors de propos. Cependant je suis convaincu qu’il est nécessaire que nous ne négligions pas ce côté de l’évangile qui parle fort à la conscience chrétienne, et qui a pour but et pour effet béni de nous faire juger à fond nos voies, de nous juger nous-mêmes. Au reste, « si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est pas en nous. Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas, et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père : Jésus Christ le juste » (1 Jean 1, 8-10 ; 2, 1). « Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 7, 1).