Traité:Les temps des Gentils et la venue du Seigneur

De mipe
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Parmi les idées accréditées dans les milieux où l’on annonce aujourd’hui la prochaine venue du Seigneur il en est une, placée en tête des autres, et que l’on exprime par ces mots : « La crise à laquelle nous assistons indique la fin du temps des Gentils » ; ou encore : « Les temps des Gentils peuvent être considérés comme étant maintenant accomplis ».

Pour appuyer cette pensée, on s’en réfère aux événements dont la Palestine est aujourd’hui le théâtre, et plusieurs pensent que la délivrance de Jérusalem, due à l’armée anglaise qui a libéré cette ville du joug de la Turquie, nous indique que les temps des nations ont pris fin en ce qui concerne l’ancien peuple de l’Éternel. Cette pensée, hâtons-nous de le dire, n’est nullement conforme aux Écritures.

À supposer que la libération de Jérusalem soit durable et que cette ville ne retombe pas aux mains de la Turquie et de ses alliés, cela ne veut point dire que les temps des nations aient pris fin ou soient accomplis. L’Angleterre, comme les autres peuples d’occident, appartient aussi bien aux nations que l’empire turc ou ses alliés ; de fait, elle y appartient à bien plus forte raison que la Turquie, car elle faisait jadis, et fera de nouveau dans l’avenir prophétique, partie de cet empire romain qui « foulait aux pieds » la nation juive. Sans doute, et tout le monde en convient, l’Angleterre est une puissance tolérante et libérale ; ses principes de gouvernement sont bien loin de la force brutale et de l’oppression sans scrupule ; elle ne « foule pas aux pieds » ce qu’on appelle les droits de l’homme, mais elle n’est pas appelée à mettre fin aux temps des nations. Une autre puissance accomplira ces temps : ce sera, comme nous allons le voir, le Seigneur Lui-même, à Son apparition pour établir Son royaume.

La seule conséquence de l’intervention actuelle de l’Angleterre, comme instrument des voies gouvernementales de Dieu, sera de ramener dans son propre pays le peuple juif incrédule, cette nation depuis si longtemps dispersée et « foulée aux pieds » (És. 18, 2). Sa réintégration dans son territoire pourrait être prochaine, mais elle aura pour effet de placer ce peuple, au bout de peu d’années, sous la domination de l’Antichrist. Le règne lui-même du faux Messie juif aura pour conséquence d’aggraver le joug intolérable de la Bête romaine qui pèsera sur Jérusalem et la Palestine.

Examinons ce sujet de plus près.

Le texte invoqué en faveur de la thèse que les temps des Gentils sont tout près d’être accomplis, ou ont déjà pris fin, est le suivant : « Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis » (Luc 21, 24).[2]

Dans ce chapitre 21 de Luc, comme nous l’avons fait remarquer autre part[3], la prophétie du Seigneur diffère notablement de cette de Matthieu 24. Tandis que l’évangile de Matthieu nous parle de ce qui arrivera à Israël aux derniers jours, le chapitre 21 de Luc fait allusion, dans les versets 12 à 24, au jugement prochain qui allait frapper Israël à la suite du rejet de Christ. D’une part, les disciples qui se trouveraient à Jérusalem auraient à s’en retirer quand ils verraient cette ville environnée d’armées ; ils sauraient par là que sa désolation était proche ; d’autre part, ceux qui étaient en Judée devraient s’enfuir dans les montagnes. L’histoire nous raconte que cet ordre du Seigneur fut rigoureusement exécuté par Ses disciples au moment où les armées romaines assiégèrent Jérusalem (an 70)[4]. Quant aux Juifs incrédules, coupables de la mort du Messie, le siège de Jérusalem les fit « tomber sous le tranchant de l’épée » et ils « furent emmenés captifs parmi toutes les nations » (v. 24). Le Seigneur ajoute ensuite cette phrase : « Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis ».

Remarquez que les nations dont il est question en Luc 21, 24 sont en premier lieu celles qui constituent l’empire romain. D’après Daniel 7, cet empire avait pour caractère « de dévorer, d’écraser et de fouler aux pieds ce qui restait ». Les versets 25 à 27 de notre chapitre nous montrent quand les temps des nations seront accomplis : « Il y aura des signes dans le soleil et la lune et les étoiles, et sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de peur, et à cause de l’attente des choses qui viennent sur toute la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire ». Telle sera la fin. Sans aborder la comparaison si instructive entre Matthieu 24 et Luc 21, résumons en quelques mots ce que ce dernier chapitre nous enseigne.

1° Le Seigneur dit à Ses disciples que, lorsqu’ils entendront parler de faux Christ, de guerres et de séditions, « la fin ne sera pas tout aussitôt ».

« Alors », ajoute-t-Il, « nation s’élèvera contre nation et royaume contre royaume ; et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des famines, et des pestes, et des sujets d’épouvantement, et de grands signes dans le ciel » (v. 10-11). Il serait difficile de ne pas voir combien ces maux correspondent aux événements qui se déroulent aujourd’hui sous nos yeux.

Avant toutes ces choses (v. 12-24) auront lieu celles qui ont suivi le rejet de Christ : persécution des fidèles, Jérusalem environnée des armées romaines, sa désolation proche (elle dure encore) ; fuite des disciples de Christ hors de Jérusalem et de Judée, qui eut lieu à la lettre au moment du siège de Jérusalem par Titus ; grande détresse sur le peuple et colère de Dieu contre lui, massacre, captivité et dispersion, et, pour finir, « Jérusalem foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis ».

Les temps des nations ont eu un accomplissement historique partiel lors de la destruction successive des divers empires des nations qui ont dominé sur Israël, mais leur accomplissement réel et définitif, comme du reste celui de toute prophétie, est encore à venir. Les temps des nations accomplis, c’est leur jugement, leur subversion finale, l’angoisse et la peur qui s’empareront d’elles à la fin, lors de la venue du Fils de l’homme. Alors les nations auront beau s’irriter (Ps. 2), le temps de la colère de Dieu sera venu (Apoc. 11, 18), et Luc 21, 25-27 se réalisera. Alors aussi le rassemblement définitif de toutes les tribus d’Israël par le Seigneur Lui-même aura lieu et Il reprendra Ses relations publiques avec Son ancien peuple (voyez Matt. 24, 31 et tous les prophètes).

3° Lorsque les temps des nations seront accomplis, Jérusalem ne sera plus jamais foulée aux pieds, car ces mêmes nations qui la foulaient aux pieds seront enfin détruites ou soumises au sceptre de fer du Messie. L’anéantissement de leurs armées aura finalement délivré Jérusalem de leur joug, certes plus lourd encore que celui de la Turquie.

4° Quand ces choses commenceront à arriver, les élus pourront lever la tête, car leur rédemption approche (v. 28). Pour les chrétiens de nos jours, les bouleversements actuels (v. 10-11) avant-coureurs de « l’heure de l’épreuve » dont l’Église sera gardée (Apoc. 3, 10), sont le présage de sa délivrance prochaine par la venue du Seigneur ; pour les fidèles du résidu juif de la fin qui verront arriver ces choses (v. 31) (il ne dit plus : commenceront à arriver), elles seront le signe que le royaume de Dieu est proche. Or ce royaume sera introduit par l’apparition du Seigneur.

5° C’est alors qu’on « verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et grande gloire ».

Seuls les événements mentionnés sous le n° 1 sont des événements actuels ; ceux du n° 2 appartiennent à l’histoire du passé ; ceux des n° 3 à 5 sont des événements futurs. Il suffit de lire Zacharie 12 pour se convaincre que ce sera la venue du Fils de l’homme en jugement qui mettra fin aux temps des nations et délivrera Jérusalem de leur joug. Aux derniers jours, Jérusalem sera une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour et « toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle ». Le chapitre 14 de ce même prophète nous montre que Jérusalem sera prise et que la moitié de la ville s’en ira en captivité. Il y a loin de là à l’occupation de Jérusalem par l’armée anglaise que l’on dit être l’accomplissement du temps des nations.

Notez qu’il s’agit en Zacharie du dernier jour, c’est-à-dire des événements qui précéderont immédiatement l’apparition du Seigneur. Nous trouvons ici que toutes les nations, et non pas seulement l’une d’entre elles, participent à l’oppression de Jérusalem. La Bête romaine, unie à l’Antichrist, l’opprimera, surtout dans la personne des fidèles, résidu croyant de la fin ; la confédération assyrienne représentée par Gog l’assiégera (Éz. 38-39) quoique pour un temps très limité.

Le chapitre 11 de l’Apocalypse fournit une indication précieuse quant au temps où Jérusalem sera foulée aux pieds des nations. Tout lecteur intelligent de l’Apocalypse sait que le « petit livre » des chapitres 10 et 11 contient les événements, déjà révélés dans l’ancienne prophétie, et qui concernent Jérusalem, le résidu de Juda et leurs rapports avec la Bête romaine et le faux prophète. Ces événements auront lieu pendant la dernière demi-semaine de Daniel (v. 2, 3), c’est-à-dire avant l’apparition de Christ pour établir Son royaume en puissance. Le prophète est appelé à mesurer à Jérusalem « le temple de Dieu et l’autel et ceux qui y adorent ». En langage figuré il retient, comme appartenant à Dieu, et place sous Sa protection immédiate un ensemble d’adorateurs cachés dans le lieu secret du culte de l’Éternel, près de l’autel du parfum, et destinés à être Ses témoins, tandis que la profession du judaïsme, « le parvis qui est en dehors du temple », est rejeté. La raison en est donnée : « Il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la cité sainte quarante-deux mois ». Il continuera donc à y avoir, tout à la fin de l’histoire du peuple juif, avant l’établissement du royaume, ce qui nous est annoncé en Luc 21, 24, un temps où Jérusalem sera encore foulée aux pieds par les nations.

Notre conclusion est que les temps des Gentils ne sont pas accomplis et ne le seront que tout à la fin, quand les pieds des nations auront foulé la cité sainte pendant quarante-deux mois. Entre l’accomplissement du temps des nations et le moment actuel de leur histoire se placent tous les événements de la prophétie non accomplie qui suivront la venue prochaine du Seigneur. L’intervention actuelle de l’Angleterre pour la délivrance de Jérusalem peut avoir pour résultat la résurrection nationale du peuple juif, mais celui-ci ne retrouvera sa nationalité que pour se livrer, à plus ou moins bref délai, aux mains de l’Antichrist. Avant de recevoir le faux Messie qui « viendra en son propre nom », Juda aura rebâti son temple, rétabli sa religion, et pourra se considérer comme en sécurité, mais l’entrée en scène de « l’homme de péché » amènera moralement pour Juda et Jérusalem un esclavage plus terrible qu’aucun de ceux qui ont précédé. Extérieurement, le peuple jouira d’une prospérité matérielle plus grande qu’elle n’a jamais été, mais Dieu en sera exclu. Au bout d’un certain temps les pratiques extérieures de la religion juive seront définitivement abolies sous la pression de l’empire romain (Dan. 9, 27) et le peuple incrédule sera irrésistiblement entraîné vers l’apostasie et l’idolâtrie. L’Éternel sera étranger à cette restauration nationale, quelque séduisant que soit son aspect, et quoi qu’elle accomplisse finalement les desseins du gouvernement de Dieu. Le chapitre 18 d’Ésaïe décrit le retour des Juifs dans leur pays sous l’égide de puissances maritimes : « Ainsi m’a dit l’Éternel : Je resterai tranquille et regarderai de ma demeure, comme une chaleur sereine sur la verdure, comme une nuée de rosée dans la chaleur de la moisson. Car avant la moisson, lorsque la floraison est finie et que la fleur devint un raison vert qui mûrit, il coupera les pousses avec des serpes, et il ôtera et retranchera les sarments. Ils seront abandonnés ensemble aux oiseaux de proie des montagnes et aux bêtes de la terre ; et les oiseaux de proie passeront l’été sur eux, et toutes les bêtes de la terre passeront l’hiver sur eux » (És. 18, 4-6 ; voyez aussi 42, 14). Dieu garde le silence et tout semble prospérer pour les méchants jusqu’au dénouement final. Pendant ce temps le résidu persécuté s’écrie : « Seigneur, jusques à quand regarderas-tu ? » (Ps. 35, 17).

Le chapitre 38 d’Ézéchiel nous renseigne aussi sur cette prospérité extérieure du peuple juif, quand un dernier ennemi, l’Assyrien, sous les traits de Gog, envahit à la fin des temps la terre d’Israël : « Il vient dans le pays délivré de l’épée et rassemblé d’entre beaucoup de peuples, sur les montagnes d’Israël qui ont été une désolation perpétuelle, vers ceux qui sont sortis d’entre les peuples et qui habitent tous en sécurité » (v. 8). Gog dit : « Je monterai dans un pays de villes ouvertes, je viendrai vers ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité, qui tous habitent là où il n’y a pas de murailles, et chez qui il n’y a ni barres, ni portes, pour emporter un butin et faire un pillage, pour tourner ma main sur des lieux désolés de nouveau habités et sur un peuple rassemblé d’entre les nations, qui a acquis du bétail et des biens et habite le centre du pays » (v. 11-12). Un nouvel ennemi d’entre les nations surgit donc à la fin des temps contre ce peuple. Ésaïe, Ézéchiel, Joël, Zacharie, nous renseignent tous à son égard. Quand ce dernier ennemi sera détruit, alors le point final sera mis aux temps des nations.

Dans ces jours terribles de la fin, toutes les nations seront soulevées contre Jérusalem, chacune voulant en faire sa proie. La terre de la promesse deviendra le champ clos de leurs combats, Jérusalem le centre de leurs assauts. Au fond, cette lutte suprême, soulevée et conduite par Satan, aura pour objet de s’opposer à l’établissement du règne de Christ. Mais c’est à ce moment-là qu’Il apparaîtra du ciel à la tête de toutes Ses armées, qu’Il se manifestera sur le mont des Oliviers aux yeux de Ses témoins restés à Jérusalem, qu’Il détruira l’Antichrist et la Bête romaine avec Ses armées, qu’Il anéantira Gog sur les montagnes d’Israël. C’est alors seulement que le trône de Dieu sera rétabli définitivement dans la cité sainte sous le règne glorieux du Messie.

Les temps des nations ont commencé lorsque, à la suite de l’infidélité d’Israël, la puissance fut confiée aux Gentils dans la personne de Nebucadnetsar, et que Jérusalem tomba au pouvoir de ce monarque. Ces temps dureront jusqu’à la destruction finale du dernier empire des nations représenté par la Bête romaine ressuscitée (Apoc. 13, 3). Cette destruction n’aura lieu que lorsque la pierre, détachée sans mains, broiera la statue et sera devenue une grande montagne qui remplira toute la terre (Dan. 2, 34). Jérusalem ne sera délivrée du joug des nations qu’à ce moment-là. Nous ne nous étendrions pas aussi longuement sur ce sujet, si l’idée que l’accomplissement du temps des nations est arrivée n’était pas une erreur dangereuse pour les âmes, attirées aujourd’hui par l’espérance de la venue prochaine du Seigneur. On prêche ouvertement qu’aucun événement ne doit précéder cette venue et l’on commence par la faire dépendre de « l’accomplissement des temps des Gentils ». C’est introduire une grande confusion dans l’espérance chrétienne ; c’est en outre effacer la distinction capitale entre la venue du Seigneur et Son apparition. Les temps des nations ne seront accomplis que lorsque le trône de Dieu sera de nouveau établi à Jérusalem. Il faut à cet effet qu’Israël apostat ait été jugé et que le pouvoir oppresseur sous lequel gémit et gémira le peuple de Dieu, le résidu fidèle aux derniers jours, ait été détruit. Alors « tout Israël » sera sauvé et toutes les nations, ou bien se soumettront de bon gré au sceptre de paix du roi de gloire, ou bien seront contraintes de se courber sous le sceptre de fer de Sa justice.

Nous avons insisté autre part sur le fait que la venue du Seigneur est entièrement indépendante des événements prophétiques de la fin et n’y appartient nullement parce qu’elle est le dernier mot et le couronnement du temps de la grâce. Or le temps de la grâce comprend la formation de l’Église de Christ jusqu’à son enlèvement au-devant du Seigneur à Sa venue. Que certains événements préparés par le sionisme et favorisés par plus d’une nation puissent avoir lieu avant cette venue du Seigneur, nous sommes loin de le nier. Ils pourraient préparer ce qui suivra immédiatement l’enlèvement des saints. Nous avons vu en Ésaïe 18 que le retour ds Juifs dans leur pays ne concerne pas directement l’Éternel, si nous osons nous exprimer ainsi. Il se tient tranquille sans signe de désapprobation et paraît même favoriser ce mouvement. Les jugements sur ce peuple, quand ils se déchaîneront, n’en seront que plus terribles. Ce à quoi l’Éternel regarde et s’intéresse, c’est à la formation d’un résidu juif fidèle et persécuté, au milieu des bouleversements futurs qui ébranleront le monde sur ses bases. Il aura les yeux sur ces « débonnaires », les gardera, les encouragera et les sauvera au sein de leur détresse. Leur nombre s’accroîtra pour qu’Il trouve à Son apparition, au jour de Sa puissance, « un peuple de franche volonté, la rosée de ses jeunes hommes sortie du sein de l’aurore », de même qu’Il prépare aujourd’hui, au milieu d’une profession sans vie, un peuple de témoins pour attendre Sa venue.

Lettre sur l’enlèvement des saints à la venue du Seigneur

Cher frère,

En réponse à votre question au sujet des trois mots contenus en 1 Thessaloniciens 4, 16 : le « cri de commandement » (ou « de rassemblement », car le mot grec a ce double sens) ; la « voix de l’archange » ; et « la trompette de Dieu » ; il faut, pour s’en rendre bien compte, les mettre en regard du mot : « la dernière trompette », en 1 Corinthiens 15, 52.

Quoique ces deux passages n’aient pas un sens absolument identique, ils s’accordent en ceci, quant à leur forme, que tous deux font allusion à des coutumes militaires.

1 Corinthiens 15, 52 parle de ce qui était en usage dans les camps romains. Pour lever le camp, les trompettes sonnaient trois fois. Au premier signal on pliait les tentes, au second les soldats s’équipaient pour le départ, et le troisième signal, c’est-à-dire la dernière trompette indiquait la levée du camp. C’est uniquement du troisième signal qu’il est question dans ce passage, car il insiste sur le fait que le départ des saints ressuscités ou transmués aura lieu en un clin d’œil.

En 1 Thessaloniciens 4, 16, cet événement, présenté de nouveau sous une figure militaire, a un caractère plus élevé, plus complet et beaucoup moins subit : le Seigneur Lui-même descend du ciel pour ravir les siens à Sa rencontre en l’air. Leur départ ne nous est pas présenté comme s’effectuant en un instant, en un clin d’œil, mais la scène se décompose, pour ainsi dire, en trois temps :

Le cri de commandement est poussé par le commandant en chef lui-même. Lui seul, le Seigneur, a le droit de jeter ce cri et d’indiquer le moment du rassemblement.

Ensuite l’archange, l’autorité qui occupe, dans la hiérarchie militaire, une place subordonnée, mais immédiate après le chef, fait entendre sa voix pour transmettre l’ordre.

À ces deux appels les soldats dispersés se rassemblent.

Enfin la trompette retentit et le départ définitif a lieu.

Cette scène de 1 Thessaloniciens 4 aurait plutôt un aspect juif et non l’aspect gentil de 1 Corinthiens 15, mais elle a, avant tout, un caractère entièrement céleste. Le cri du Seigneur vient d’en haut, descend pour ainsi dire du ciel avec Lui. La voix de l’archange est celle du chef des armées angéliques dans le ciel. L’archange a une place importante dans l’histoire du peuple de Dieu (Dan. 10, 13, 21 ; 12, 1 ; Jude 9 ; Apoc. 12, 7), et son rôle ici n’a pas lieu d’étonner puisque son armée angélique est active pour transporter les saints. En effet, le moyen de transport est les nuées, mot qui signifie souvent l’armée des anges (voyez par exemple Matt. 16, 27 ; 24, 30 ; 25, 31 ; Marc 8, 38 ; 13, 26-27 ; Luc 9, 26 ; Apoc. 1, 7). Enfin la trompette est la trompette de Dieu. Si elle fait penser à l’une des trompettes d’argent en usage pour la convocation de l’assemblée, pour le départ des camps et pour rappeler le peuple en mémoire devant l’Éternel (Nomb. 10, 1-10), elle rappelle bien plutôt « le son de la trompette » qui appela le peuple à sortir « à la rencontre » de Dieu en Sinaï (Ex. 19, 16-19) comme il appelle, en 1 Thessaloniciens 4, les saints à aller « à la rencontre » du Seigneur dans les airs. Hormis cela, ces deux scènes diffèrent du tout au tout. La première est remplie de terreur, car il s’agit de rencontrer Dieu comme juge, sans oser l’approcher, la seconde est une scène débordante de joie, car ayant été réconciliés avec Dieu par Sa grâce, nous allons rencontrer le Sauveur qui nous a approchés de Lui. Au moment où la trompette de Dieu retentit, les saints ressuscités et transmués sont ravis dans les nuées[5] à la rencontre du Seigneur pour être toujours avec Lui.

Ainsi toute cette scène a une origine céleste et un caractère divin. C’est dans Son caractère de Fils de Dieu que le Seigneur opère la première résurrection.



  1. Nous remplacerons dans le cours de cet article le terme les Gentils par le terme les nations, mot identique mais qui ne peut prêter à aucune équivoque.
  2. On a essayé d’assimiler ce verset au passage de Romains 11, 25, où il est dit « qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ». Ce passage n’a aucun rapport quelconque avec celui de Luc 21. Il nous montre qu’en suite de l’infidélité d’Israël les nations, l’olivier sauvage, ont été entées sur l’olivier franc, sur l’arbre des promesses, et que l’endurcissement partiel survenu à Israël cessera quand la plénitude des nations, l’ensemble des élus d’entre elles, sera entré dans les bénédictions promises, bénédictions dont Israël a été privé par son incrédulité. Mais quand cette plénitude sera entrée, et non pas sortie, les relations de l’Éternel avec Son ancien peuple seront reprises et alors « tout Israël sera sauvé » selon la parole d’Ésaïe.
  3. Les temps de la fin, par H.R., page 14-15.
  4. Le chapitre 24 de Matthieu (v. 15-20) nous montre qu’une scène semblable aura lieu pour le résidu juif en Judée aux derniers jours, lorsqu’une idole (l’abomination qui cause la désolation) sera placée dans le lieu saint.
  5. La nuée a un autre sens : Elle est le lieu où la gloire habite, où elle se cache et d’où elle peut se manifester. Dans les nuées nous semble indiquer que la scène n’aura pas de témoins sur la terre (voyez aussi Act. 1, 9). Quand le Seigneur viendra sur les nuées ou avec les nuées, tout œil Le verra.