Livre:Études sur la Parole — 1 Samuel

De mipe
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destinées à aider le chrétien dans la lecture du Saint LivreJ.N. Darby

Nous avons vu que le livre de Ruth occupe une place intermédiaire entre la fin de l’époque où Israël était placé sous le gouvernement immédiat de Dieu, qui intervenait de temps en temps par le moyen des juges, et l’établissement du roi qu’Il lui choisit. Cette fin, hélas ! était amenée par la chute du peuple, et son incapacité à profiter, par la foi, de ses privilèges.

Les livres de Samuel contiennent 1° la cessation des relations originelles d’Israël avec Dieu, fondées sur l’obéissance du peuple aux termes de l’ancienne alliance et aux prescriptions spéciales du Deutéronome ; 2° l’intervention souveraine de Dieu par la prophétie, et 3° l’établissement du roi que Dieu Lui-même avait préparé, et les circonstances qui précédèrent cet établissement. Ce n’est pas seulement qu’Israël ait manqué sous le gouvernement de Dieu ; il a rejeté ce gouvernement.

Placé sous la sacrificature, il s’approchait de Dieu, dans la jouissance des privilèges qui lui étaient accordés, comme peuple reconnu de l’Éternel. Nous verrons l’arche (le premier, le plus immédiat et le plus précieux lien entre le Dieu souverain et le peuple), tomber aux mains de l’ennemi. Que pouvait un sacrificateur, quand ce qui donnait à sa sacrificature toute son importance était dans les mains de l’ennemi, et quand le lieu où il s’approchait de l’Éternel, le trône de Dieu au milieu d’Israël — la place de propitiation par laquelle, en grâce, la relation d’Israël avec Dieu était maintenue — n’y était plus ?

Ce n’était plus là simplement l’infidélité d’Israël dans les circonstances où Dieu l’avait placé. Ces circonstances mêmes étaient complètement changées par suite du jugement de Dieu. Le lien extérieur des relations de Dieu avec le peuple était rompu ; l’arche de l’alliance, centre et base de ces relations, avait été livrée par la colère de Dieu aux mains de leurs ennemis. La sacrificature était le moyen naturel et normal de maintenir ces relations entre Dieu et le peuple. Qu’en faire à cette fin maintenant ?

Toutefois Dieu, agissant en souverain, pouvait se mettre en communication avec Son peuple, en vertu de Sa grâce et de Sa fidélité immuable, d’après lesquelles Ses liens avec les siens subsistaient de Son côté, lors même que toute relation reconnue entre Lui et le peuple fût interrompue par l’infidélité de ce dernier. C’est ce qu’Il a fait en suscitant un prophète. Par son moyen, Dieu communiquait encore directement avec Son peuple, lors même que le peuple n’avait pas maintenu ses relations avec Lui dans leur état normal. La fonction du sacrificateur était en rapport avec l’intégrité de ces relations ; le peuple avait besoin de lui dans ses infirmités. Toutefois, sous la sacrificature, le peuple lui-même s’approchait de Dieu par l’intermédiaire du sacrificateur, selon les relations que Dieu avait établies et qu’Il reconnaissait. Mais le prophète agissait de la part de Dieu, en dehors de ces relations, ou plutôt au-dessus, lorsque le peuple n’était plus fidèle.

L’établissement du roi avait une plus grande portée. C’était un nouvel ordre de relation qui impliquait des principes de toute importance ; Dieu n’était plus en relation immédiate avec le peuple. Il y avait une puissance établie sur Israël. Dieu attendait la fidélité de la part du roi. Le sort du peuple dépendait de la conduite de celui qui était responsable devant l’Éternel, pour l’observation de cette fidélité.

Dieu avait l’intention d’établir ce principe pour la gloire de Christ. Je parle de Sa royauté sur les Juifs et sur les nations, sur le monde entier. Cette royauté a été préfigurée en David et en Salomon. Demander l’établissement d’un roi en rejetant le gouvernement immédiat de Dieu Lui-même, c’était folie et rébellion de la part du peuple. Combien de fois nos folies et nos fautes sont-elles l’occasion du déploiement de la grâce et de la sagesse de Dieu, et de l’accomplissement de Ses conseils jusqu’alors cachés au monde ! Nos péchés et nos fautes ont seuls pris part à leur accomplissement glorieux en Christ.

Voilà les sujets importants qui sont traités dans les livres de Samuel, au moins jusqu’à l’établissement de la royauté. L’état glorieux de cette royauté et sa chute sont racontés dans les deux livres des Rois.

C’est la chute d’Israël qui met fin à ses premières relations avec Dieu. L’arche est prise ; le sacrificateur meurt. La prophétie introduit le roi, un roi méprisé et rejeté, l’homme en ayant établi un autre ; mais un roi que Dieu établit selon l’efficace de Sa puissance ; tels sont les grands principes développés dans les livres de Samuel.

L’histoire nous fait voir, ici comme partout, qu’il n’y en a qu’un seul qui ait gardé sa fidélité ; résultat humiliant pour nous, de l’épreuve à laquelle Dieu nous a soumis, mais bien propre à nous garder dans l’humilité.

Si nous avons parlé de la chute de la sacrificature, il ne faut pas en induire que la sacrificature eût cessé d’exister. Elle était toujours nécessaire à un peuple rempli d’infirmités (ainsi qu’à nous-mêmes sur la terre) ; elle intervenait dans les choses de Dieu, pour y maintenir les relations individuelles avec Lui, mais elle cessa d’être la base des relations du peuple tout entier avec Dieu. Le peuple n’était plus capable de jouir de ces relations par ce moyen seul, et la sacrificature elle-même avait trop manqué à sa position pour pouvoir y suffire. Nous ferons bien de nous arrêter un peu sur ce point, qui est le pivot des vérités qui nous occupent en ce moment.

Dans l’état primitif d’Israël établi dans la terre qui lui avait été donnée, et en général dans sa constitution, la sacrificature était la base de ses relations avec Dieu, c’est ce qui les caractérisait et les maintenait (voyez Héb. 7, 11). Le souverain sacrificateur était leur chef et représentant devant Dieu, comme peuple d’adorateurs ; et dans cette relation (je ne parle ici ni de la délivrance d’Égypte, ni des conquêtes, mais d’un peuple devant Dieu et en relation avec lui), au grand jour des expiations, il confessait leurs péchés sur azazel. Ce n’était pas seulement l’intercession ; il se trouvait là comme chef et représentant du peuple qui était, pour ainsi dire, résumé en lui devant l’Éternel. Le peuple était reconnu, quoique fautif. Il se présentait dans la personne du souverain sacrificateur pour pouvoir être en relation avec un Dieu, qui, après tout, se cachait à ses yeux derrière le voile. Le peuple présentait tout au sacrificateur ; le souverain sacrificateur se tenait devant Dieu : cette relation ne supposait pas l’innocence. L’homme innocent aurait dû se tenir lui-même devant Dieu. « Adam, où es-tu ? ». Cette question décèle sa chute.

Mais le peuple n’était pas chassé non plus, quoique le voile fût entre lui et Dieu ; et le souverain sacrificateur qui sympathisait avec les infirmités du peuple, comme en faisant partie, maintenait la relation avec Dieu. C’était un peuple bien imparfait, il est vrai, mais qui, par ce moyen, entrait lui-même en rapport avec le Saint. Mais Israël n’a pas su se maintenir dans cette position ; non seulement il y avait du péché (le souverain sacrificateur aurait pu y porter remède), mais il péchait contre l’Éternel, se détournait de Lui et cela dans ses chefs mêmes. Le sacerdoce qui aurait dû maintenir la relation, travaillait lui-même à la détruire, en déshonorant Dieu, et repoussant de Son culte le peuple qu’il aurait dû y attirer.

Je passe par-dessus les circonstances préparatoires pour les considérer en détail à mesure que l’occasion s’en présentera. Dieu établit donc un roi, chargé de maintenir l’ordre et d’assurer les relations de Dieu avec ce peuple, par sa fidélité à Dieu et son gouvernement du peuple. C’est ce que Christ accomplira dans le siècle à venir ; Il est l’Oint. Lorsque le roi est établi, le sacrificateur marche devant lui. C’est une institution nouvelle, seule capable de maintenir les rapports du peuple avec Dieu. La sacrificature n’est plus, ici, une relation immédiate. Elle pourvoit aux besoins du peuple, il est vrai, dans ses fonctions à elle. Le roi y veille et assure l’ordre et la bénédiction.

Or, l’Église est dans une position tout autre. Outre la sacrificature qui s’exerce pour les saints sur la terre, afin de les maintenir pendant leur marche et dans la jouissance de leurs privilèges, elle est unie à l’Oint ; il n’y a plus de voile. Nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ, rendus agréables dans le Bien-aimé. La faveur de Dieu est sur nous, membres du corps de Christ, comme sur Christ Lui-même. Ce qui a dévoilé la sainteté de Dieu, a découvert tout le péché de l’homme et l’a ôté[1].

Ainsi en Christ, membres de Son corps, nous sommes devant Dieu parfaits et parfaitement agréables. Le sacrificateur ne cherche pas à nous donner une telle position, ni à maintenir avec Dieu les relations de ceux qui ne sont pas dans cette position. L’œuvre de Christ nous y a placés. Comment intercéder pour la perfection ? L’intercession rend-elle la personne et l’œuvre de Christ plus parfaites aux yeux de Dieu ? Certainement pas. Or, nous sommes en Lui. De quelle manière cette sacrificature s’exerce-t-elle donc pour nous ? En maintenant des êtres faibles et trop souvent souillés, dans la réalisation de leurs relations avec Dieu[2]. Le chrétien entre de fait dans une relation avec Dieu encore bien plus absolue ; il est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière. Nous sommes assis dans les lieux célestes, rendus agréables dans le Bien-aimé, aimés comme Il est aimé, la justice de Dieu en Lui. Il est notre vie, Il nous a donné la gloire qui Lui a été donnée. Or, le Saint Esprit, qui est descendu d’en haut après la glorification du Seigneur Jésus, nous a introduits en union avec Lui, dans la présence de Dieu sans voile. Cependant, quoique nous soyons sans excuse, nous manquons de plusieurs manières et contractons de la souillure ici-bas. L’office d’Avocat, de Celui qui est dans la présence de Dieu pour nous, nous lave les pieds par l’Esprit et la Parole, et nous rend capables de maintenir avec cette lumière la communion à laquelle les ténèbres sont étrangères. Plus tard, dans la présence de Jésus Roi, la sacrificature sans doute maintiendra les relations du peuple avec Lui, tandis que Lui portera le fardeau du gouvernement et de la bénédiction du peuple, sous tous les rapports.

Chapitres 1-2. — Nous trouvons donc, au commencement du livre, la sacrificature subsistant devant Dieu dans la position dont nous avons parlé. Éli, pieux lui-même et craignant Dieu, ne maintenait pas l’ordre dans la famille sacerdotale. La sacrificature, au lieu de lier le peuple à Dieu, rompait moralement ce lien. Hophni et Phinées, les fils d’Éli, étaient là à Silo, et leur conduite avait pour résultat que « les hommes méprisaient l’offrande de l’Éternel ». Tel était l’état de choses en Israël. En même temps, dans la famille d’Elkana, Anne, élue de l’Éternel pour la bénédiction, était dans l’épreuve ; les souhaits de son cœur naturel n’étaient pas satisfaits, et l’adversaire la tourmentait par le moyen de celle qui prospérait à son gré. Or, Celui dont la force s’accomplit dans la faiblesse, ayant démontré (comme toujours en pareil cas), l’impuissance de la chair, bénit selon Sa volonté contre toute espérance, afin que ce qui était de Lui fût évidemment accompli par Sa puissance à Lui. Anne a un fils selon sa requête, un fils consacré à l’Éternel. Sa famille était de la tribu de Lévi (1 Chron. 6).

Anne reconnaît dans le beau cantique du chapitre 2 ce grand principe de la grâce souveraine et de la puissance de Dieu, qu’Il abaisse l’orgueilleux, et celui qui se fie à la chair, et relève le faible et l’impuissant. « Car les piliers de la terre sont à l’Éternel, et sur eux il a posé le monde » ; c’était ce qu’Israël, misérable et déchu, et un faible résidu qui s’attendait à l’Éternel, avaient besoin de savoir : c’est-à-dire, que tout dépendait de Dieu et de Dieu seul, qui ne cherchait pas la puissance dans l’homme, mais la démontrait dans Ses voies en détruisant tous Ses adversaires ; et qui, enfin, « donnerait la force à son Roi, et élèverait la corne de son Oint ». C’est l’histoire de l’intervention de Dieu en faveur d’Israël déchu et misérable, et cela par la manifestation de Sa puissance en donnant force à Son Roi, à Son Christ. C’est une prophétie des voies de Dieu, des grands principes de Son gouvernement qui se rapportaient à la position d’Israël, depuis le moment où elle a été prononcée jusqu’à l’établissement de la royauté millénaire, dans la personne du Seigneur Jésus.

Après que Dieu a donné ce témoignage auquel la foi pouvait se fier, nous trouvons tout de suite la révélation de l’état intérieur du peuple et de l’iniquité de la sacrificature qui aurait dû être l’instrument pour purifier l’iniquité du peuple ; et qui, au contraire, amenait le jugement sur lui. « Vous entraînez, dit Éli, à la transgression le peuple de l’Éternel. Si un homme a péché contre un homme, Dieu le jugera ; mais si un homme pèche contre l’Éternel, qui priera pour lui ? ». Voilà où en étaient les choses d’après Éli lui-même. « Mais ils n’écoutèrent pas la voix de leur père, car c’était le bon plaisir de l’Éternel de les faire mourir. Et le jeune garçon Samuel allait grandissant, agréable à l’Éternel et aux hommes », heureux de partager, quelque faible que fût la copie, le témoignage rendu à Jésus Lui-même.

Quant aux fils d’Éli, ils sont un exemple de ce qui n’arrive que trop souvent. Que de fois, hélas ! voyons-nous qu’au moment où le jugement de Dieu va éclater, on ne s’en aperçoit pas ! parce que le mal qui va l’amener obscurcit la vue morale, de telle sorte qu’on ne le reconnaît pas ! Les yeux de Dieu sont ailleurs, de même que l’intelligence spirituelle qu’Il donne aux siens, comme cela avait lieu ici pour Samuel. Cependant Dieu avertit Éli, par le moyen d’un homme de Dieu. Son jugement sur la famille sacerdotale et sur la sacrificature, est prononcé avant que l’Éternel se révèle à Samuel.

Ce jugement annonce le changement dans l’ordre du gouvernement divin, qui devait avoir lieu par l’établissement d’un Roi, d’un Oint (d’un Christ), et par la position qui en résulterait pour la sacrificature, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer (v. 35). « Et je me susciterai un sacrificateur fidèle : il fera selon ce qui est dans mon cœur et dans mon âme, et je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon Oint ».

Chapitres 3-4. — Au chapitre 3, Dieu se révèle à Samuel, et il est reconnu prophète de l’Éternel, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba.

Éli, jugé pour avoir aimé ses fils plus que l’Éternel, console néanmoins nos cœurs par sa soumission. S’il lui manque l’énergie de la fidélité, on trouve cependant en lui un cœur droit devant l’Éternel ; et sa piété personnelle ressort d’autant plus dans le dévouement à la gloire de Dieu, qu’il manifeste dans ces circonstances en trouvant la mort dans l’I-Cabod de son peuple.

Triste et touchante histoire de l’effet du juste jugement de Dieu sur une âme attachée à Sa gloire dans Son peuple, mais qui n’avait pas eu la fermeté nécessaire pour empêcher que ce peuple, et même ses propres fils, ne déshonorassent l’Éternel Lui-même dans le service sacerdotal !

Ici commence le moyen que Dieu, dans Sa souveraineté, emploie pour être en relation avec Son peuple, lorsque les relations ordinaires qu’Il avait établies sont interrompues.

Au chapitre 4, les ennemis de Dieu et de Son peuple paraissent en force ; les Philistins se rangent contre Israël. Dieu, dans Sa providence toute puissante, fait concourir toutes choses à l’accomplissement de Ses desseins.

Nous ferons bien de nous arrêter ici un instant ; car les Philistins ont une importance considérable par le rôle qu’ils jouent dans cette histoire, comme puissance de l’ennemi. Ils représentent, me semble-t-il, la puissance de l’ennemi agissant dans l’enceinte du peuple de Dieu. Ils étaient dans le territoire d’Israël, au-dedans du pays et même en deçà du Jourdain. Ce n’étaient pas, comme les Égyptiens ou les Assyriens, des ennemis de dehors. Habituellement hostiles à Israël, à ceux qui, de la part de Dieu, auraient dû posséder le pays de la promesse ; d’autant plus dangereux, qu’ils étaient constamment à côté d’eux et prétendaient à la possession du pays, les Philistins nous présentent, en figure, la puissance de l’ennemi agissant au-dedans. Je ne dis pas la chair, mais l’ennemi dans les limites de l’église professante, oppresseur du vrai peuple de Dieu auquel les promesses appartiennent.

Israël, corrompu dans toutes ses voies, et téméraire dans ses relations avec Dieu, parce qu’il avait oublié Sa majesté et Sa sainteté, veut, dans son état d’infidélité, identifier[3] l’Éternel avec lui, tel qu’il était dans son état primitif, au lieu de se présenter devant Son trône, afin de savoir pourquoi Il abandonnait Son peuple. Dieu ne veut ni le reconnaître, ni le secourir. Au contraire, l’arche de l’alliance, signe et lieu de Ses relations avec le peuple, est prise. Son trône n’est plus au milieu de Son peuple, Son tabernacle est vide, toute relation établie est interrompue. Où offrir des sacrifices ? Où s’approcher de l’Éternel leur Dieu ? Éli, le sacrificateur, meurt ; et sa pieuse belle-fille, succombant elle-même sous le coup de ces tristes nouvelles, prononce l’oraison funèbre du malheureux peuple, dans le nom qu’elle donne à l’enfant qui ne pouvait plus être sa joie. Le fruit de son ventre ne porte que l’empreinte du malheur de son peuple, et n’est à ses yeux qu’I-Cabod !

Quel bonheur d’avoir eu, par la grâce, le cantique d’Anne déjà donné par l’Esprit, pour soutenir la foi et l’espérance du peuple. Tout lien extérieur est rompu ; mais Dieu soutient Lui-même Sa majesté ; et si Israël infidèle n’avait pu tenir tête aux adorateurs des idoles, le Dieu qu’il avait abandonné revendique Sa gloire, et démontre, au sein même de leur temple, que ces idoles ne sont que vanité.

Chapitres 5-8. — Les Philistins sont forcés de reconnaître la puissance du Dieu d’Israël, qu’Israël n’avait pas su glorifier. Les jugements suggèrent à leur conscience naturelle un moyen qui, en démontrant que l’influence de la toute-puissance de Dieu domine même les créatures dénuées d’intelligence, en les faisant agir contre leurs instincts les plus puissants, fait voir que c’était bien le Dieu fort, le Souverain, qui avait infligé le châtiment dont ils souffraient.

Dieu maintient Sa majesté au milieu même d’Israël. Il n’est plus au milieu d’eux, leur assurant les bénédictions promises. Son arche, exposée par leur infidélité à des indignités de la part des Philistins et des curieux, devient l’occasion (comme signe de la présence de Dieu), des jugements infligés à la témérité de ceux qui osent regarder au-dedans d’elle, oubliant la majesté divine de Celui qui en faisait Son trône et y gardait Son témoignage.

Mais, que de fois l’absence de Dieu fait sentir le prix de Celui dont on n’a pas su apprécier la présence !

Israël, toujours privé de la présence de l’Éternel et de Sa gloire, se lamente après Lui. Remarquons ici que Dieu n’a pas pu rester au milieu des Philistins. L’infidélité pouvait assujettir Son peuple à ses ennemis, quoique Dieu fût là. Mais, laissé pour ainsi dire à Lui-même, Sa présence jugeait les faux dieux. L’association était impossible ; les Philistins n’ont aucun désir de Lui. On ne peut se glorifier d’une victoire sur Celui qui vous tue lorsqu’il est là. Les Philistins s’en débarrassent. Jamais les enfants de Satan ne supportent la présence du vrai Dieu.

De plus, le cœur de Dieu ne se sépare pas de Son peuple ; Dieu retrouve d’une manière souveraine qui le déclare Dieu de toute la création, Son chemin vers le peuple de Son choix. Mais Il garde, ainsi que nous l’avons vu, Sa majesté. Soixante-dix hommes (cf. note 6, 19) paient l’amende de leur impie témérité. Dieu revient ; mais encore faut-il qu’Il se fraie un chemin selon Ses conseils, selon Ses voies, d’après lesquelles Il rétablit Ses relations avec Son peuple. Ainsi, l’arche (chap. 7) étant restée vingt ans à Kiriath-Jéarim, lorsque Israël soupire après l’Éternel, Samuel reparaît sur la scène. L’arche n’est pas remise à sa place, ni l’ancien ordre rétabli.

Samuel commence à agir, par son témoignage, sur la conscience du peuple, et à le purifier de ce qui l’affaiblissait en déshonorant Dieu. Il lui dit que s’il voulait se tourner de tout son cœur vers l’Éternel, il fallait ôter les faux dieux et servir l’Éternel seul. Un culte mélangé était insupportable. Alors, l’Éternel le délivrerait. Samuel le prophète est maintenant le point de rapprochement entre le peuple et Dieu. Dieu ne reconnaît que lui maintenant.

L’arche ne se retrouve à sa place que lorsque le roi élu de Dieu est établi sur le trône ; elle n’est placée complètement selon l’ordre de Dieu, que lorsque le fils de David domine en paix et en puissance à Jérusalem[4]. Une fois on la consulte (1 Sam. 14, 18, 19), mais sa présence est sans effet et sans pouvoir. Elle existe, mais en rapport avec ceux en qui la foi et l’intégrité ne se trouvaient plus, de sorte qu’il n’y avait rien qui en résultât. C’était plutôt pour montrer que Dieu était ailleurs, ou du moins qu’il agissait ailleurs.

Mais suivons l’histoire. Israël abandonne les faux dieux sur l’appel de Samuel. Le peuple se rassemble auprès de lui, afin qu’il intercède. Le peuple n’offre aucun sacrifice ; il puise de l’eau et la verse par terre[5], signe de la repentance ; il jeûne, et confesse qu’il a péché. Samuel le juge là.

Or, si Israël se rassemble, même pour s’humilier, l’ennemi se met en mouvement pour lui résister ; il ne souffre aucun acte qui place le peuple de Dieu dans une position qui reconnaît Dieu comme tel.

Israël a peur et a recours à l’intercession de Samuel. Samuel offre des sacrifices[6], signes du dévouement entier à l’Éternel et de la communion du peuple avec Lui ; mais ce n’est pas devant l’arche. Il supplie l’Éternel, qui l’exauce, et les Philistins sont mis en déroute devant Israël. Et ce n’était pas un cas exceptionnel, quoiqu’ils ne perdissent rien de leur caractère formidable ni de leur haine contre Israël. Samuel fait descendre la bénédiction de Dieu sur le peuple, et la main de l’Éternel tient ses ennemis en échec durant la vie du prophète.

Les villes d’Israël étaient reprises. Israël était en paix avec les Amoréens. Samuel juge le peuple et bâtit un autel chez lui. Tout ceci est une position exceptionnelle et extraordinaire pour Israël, dans laquelle il dépendait entièrement de Samuel, qui, tout en vivant lui-même en patriarche, comme s’il n’y avait pas de tabernacle, devient par sa propre relation avec Dieu, par la foi, l’appui et le soutien du peuple, qui effectivement n’en avait point d’autre.

Mais la foi ne se transmet pas par succession. Samuel ne pouvait pas faire des prophètes de ses fils. Ils n’étaient guère meilleurs comme juges que ceux d’Éli comme sacrificateurs, et le peuple n’avait aucune foi lui-même pour s’appuyer directement sur Dieu. Il demande d’être assimilé aux nations.

« Donne-nous un roi », dit-il à Samuel. Où était l’Éternel ? Pour Israël, nulle part. Samuel sent l’iniquité de la demande, et il s’adresse à l’Éternel. Tout en reconnaissant que le peuple L’a rejeté comme de coutume, Dieu ordonne à Samuel d’écouter leur voix. Samuel avertit le peuple selon le témoignage de Dieu, et lui montre tous les inconvénients et les conséquences d’un tel parti ; mais le peuple ne veut pas l’écouter.

Chapitres 9-11. — Dieu amène auprès du prophète, par des circonstances providentielles, celui qu’Il avait choisi pour satisfaire aux vœux charnels du peuple. En tout ceci Il juge le peuple et leur roi (« Il leur donne un roi dans sa colère ; il l’ôte dans sa fureur »). Mais Il se souvient de Son peuple : Il ne l’abandonne pas. Il agit par Saül en faveur du peuple, tout en lui faisant voir son infidélité, et plus tard en retranchant le roi désobéissant. La beauté, une haute stature distinguaient le fils de Kis. Mais dans les signes que Samuel lui donne quand il l’a oint, il y avait une signification qui aurait dû porter ses pensées ailleurs que sur lui-même.

Que de fois il y a un sens, un langage parfaitement simple pour celui qui a des oreilles pour entendre, et qui nous échappe, parce que notre cœur engraissé et endurci n’a pas d’intelligence ni de discernement spirituels ! Néanmoins tout notre avenir dépend de ce qui se disait là. Dieu a fait voir notre incapacité pour la bénédiction qui tenait à ce qui était dit. Toutefois, les moyens n’ont pas manqué.

Quoique la signification de cette circonstance fût moins évidente que celle des autres signes, le sépulcre de Rachel aurait dû rappeler à Saül, fils et héritier selon la chair de celui qui y était né, que l’enfant de l’affliction de la mère était fils de la droite du père (Gen. 35, 18).

Or, Dieu n’avait pas abandonné Israël, la foi y était encore ; des hommes montaient vers Dieu. Il y avait en Israël ceux qui se souvenaient du Dieu de Béthel, qui s’était montré à Jacob lorsqu’il s’enfuyait[7], et qui l’avait ramené en paix selon Sa fidélité ; et Dieu donne à Saül de trouver faveur à leurs yeux. Les serviteurs du Dieu de Béthel le reconnaissent et le fortifient dans sa marche. Mais le coteau de Dieu était dans les mains de la garnison des Philistins : autre circonstance ayant un sens lequel aurait dû aller au cœur d’un Israélite fidèle qui désirait la gloire de Dieu et le bien de Son peuple ; mais le signe qui l’accompagnait lui donnait une force beaucoup plus grande, car l’Esprit de l’Éternel vint sur Saül, là, et il devint un autre homme, appelé en conséquence à faire ce qui se présenterait à lui, car Dieu était avec lui (10, 7)[8].

Il arrive souvent que la foi présente clairement les choses à faire, tandis que le cœur infidèle et engraissé ne le voit pas du tout.

Et que veulent dire ces signes ? Il y en a en Israël qui se souviennent du Dieu de Béthel et qui Le cherchent, des cœurs droits et préparés qui Le connaissent comme ressource de leur foi. Mais le coteau de Dieu, la montagne de Sa force est dans les mains de Ses ennemis. Toutefois, s’il en est ainsi, l’Esprit de Dieu est sur celui qui prend connaissance de cela, et c’est à ce coteau même que l’Esprit est sur lui. Le nom de Dieu est aussi significatif ici. C’est Dieu d’une manière abstraite, Dieu le créateur : Dieu Lui-même est en question. L’Esprit de l’Éternel vient sur Saül, parce que Dieu reprend, là, le cours de Ses relations avec Israël.

Mais encore Samuel est toujours le seul que Dieu reconnaisse comme lien entre Lui et le peuple. C’est lorsque Saül a eu affaire avec Samuel, qu’il est un autre homme. Il faut qu’il attende Samuel pour qu’il sache ce qu’il faut faire afin que la bénédiction s’établisse sur lui. Il doit reconnaître de cette manière que la bénédiction est attachée au prophète, et ne point agir sans lui ; il doit l’attendre avec une patience parfaite (sept jours), patience qui, en se soumettant au témoignage de Dieu, ne chercherait pas la bénédiction hors de ses voies.

Ici aussi, nous voyons dans les Philistins les ennemis qui mettaient la foi à l’épreuve. Souvent nous avons des ennemis sur lesquels nous remportons facilement la victoire, des ennemis au sujet desquels nous gagnons une réputation de spiritualité, mais qui ne sont pas ceux qui mettent la foi à l’épreuve de la part de Dieu, et, on peut aussi le dire, de la part de l’ennemi. Ici, il faut que la patience ait son œuvre parfaite. Et les Philistins tenaient cette place à l’égard de Saül. C’était très bien que le peuple fût délivré d’autres ennemis ; mais ces autres n’étaient pas ceux qui étaient en piège, et témoignaient de la puissance de l’ennemi dans l’enceinte même d’Israël et des promesses.

Les puissances spirituelles dominent-elles sur nous dans l’Église, là où les promesses de Dieu devraient s’accomplir ? Et quelle puissance voyons-nous, pour renverser la puissance spirituelle du mal dans les confins de l’église professante ?

Voyez 9, 16. C’était des Philistins que Saül devrait délivrer le peuple de Dieu. Le coteau de Dieu était entre leurs mains (voyez aussi 14, 52). Si Saül eût attendu Samuel, il lui aurait déclaré tout ce qu’il devait faire. Or, nous allons voir que, deux ans plus tard, Saül est mis à l’épreuve à cet égard en présence des Philistins ; et, quel qu’ait été le délai, la chose n’avait pas été changée ; tout ce qui avait réussi dans l’intervalle aurait dû augmenter sa foi et l’affermir dans l’obéissance.

Samuel rassemble le peuple à Mitspa. Là, il met devant leurs yeux leur folie en rejetant le Dieu de leur délivrance. Mais il procède au choix du roi, selon le commandement de Dieu. Dieu agit selon le cœur du peuple. Si la chair avait pu glorifier Dieu, rien ne manquait pour l’engager à la confiance en Dieu. Dieu s’adapte à elle extérieurement ; et, comme nous le savons encore, si le peuple avait suivi l’Éternel, l’Éternel ne l’aurait pas abandonné (12, 20-25).

Et maintenant que Dieu a établi ce roi, ce sont les méchants, les fils de Bélial, qui ne le reconnaissent pas. Le peuple, néanmoins, n’y voit guère Dieu et ne le reconnaît que dans les choses dont la chair peut prendre connaissance, telles que la beauté du roi et le succès de ses armes, c’est-à-dire là où Dieu s’adapte à la chair et où Il accorde sa bénédiction, pour qu’Il soit reconnu et qu’on se confie en Lui. On se réjouit en cela, mais on s’arrête là. La foi n’est pas de l’homme naturel.

Tout va bien encore avec Saül ; il ne se venge pas de ceux qui s’opposent à lui. Avant l’épreuve de sa foi, son caractère naturel lui gagne la faveur des hommes. Et maintenant, dans les choses qui avaient donné lieu à ce mouvement charnel qui poussait le peuple à demander un roi, tout paraît réussir selon leur souhait. Les Ammonites sont tellement battus, qu’il n’en reste pas deux ensemble. Ici aussi, Saül agit avec prudence et générosité. Il ne permet pas que les désirs de vengeance du peuple se réalisent. Il reconnaît l’Éternel dans la bénédiction qui avait été accordée au peuple. Effectivement, Dieu était là, accordant à la chair tous les moyens et les appuis nécessaires pour marcher avec Lui, si la chose était possible. Samuel s’y rend de la part de Dieu, et appuie de son autorité le roi que Dieu a établi. Le peuple, sur l’invitation de Samuel, se rassemble à Guilgal (lieu mémorable quant à la bénédiction du peuple entré dans le pays) pour y renouveler l’établissement du roi et reconnaître, comme tout de nouveau, un trône dont l’autorité venait d’être affermie par le succès qui couronnait ses efforts pour la délivrance du peuple de Dieu. Des sacrifices de prospérité et une grande joie ajoutent à l’éclat de cette cérémonie.

Chapitre 12. — Samuel reçoit le témoignage de sa fidélité. Il fait voir au peuple les voies de Dieu à leur égard ; leur ingratitude et leur folie, en ce qu’ils avaient demandé un roi et rejeté Dieu. Toutefois, en donnant un signe de la part de Dieu, qui ajoutait à ses paroles le poids du témoignage de Dieu Lui-même, il déclare au peuple que, s’il obéissait désormais à l’Éternel, le roi et le peuple lui-même iraient après l’Éternel ; sinon, l’Éternel serait contre eux. Car, malgré son péché, l’Éternel ne l’abandonnerait pas ; et lui-même, Samuel, ne cesserait certainement pas de prier pour le peuple, et lui montrerait le bon chemin. C’est-à-dire qu’il met le peuple, quant à sa conduite publique, dans la position qu’il avait choisie, et le place sous sa propre responsabilité devant l’Éternel ; mais, en même temps, rempli d’amour pour eux, en tant que peuple de Dieu, son rejet de leur part ne lui suggère pas un moment la pensée d’abandonner son intercession ni son témoignage pour le bien de ce peuple. Beau tableau d’un cœur près de Dieu, qui, dans l’oubli de soi, peut aimer le peuple de Dieu comme étant sien. Y manquer eût été un péché contre l’Éternel (comp. 2 Cor. 12, 15).

Voilà donc Saül établi à sa place, et son autorité confirmée par la bénédiction de Dieu. Samuel se retire en se bornant à sa fonction prophétique, et Saül est appelé maintenant à se montrer fidèle et obéissant dans la position où il se trouve établi, avec tous les avantages que la bénédiction de Dieu et l’acte solennel de Son prophète peuvent lui conférer.

Faisons ici le résumé de l’histoire que nous venons d’étudier.

Israël, infidèle, ne se soutient plus dans ses relations avec Dieu sous la sacrificature. L’arche est prise, le sacrificateur meurt, et I-Cabod est écrit sur l’état du peuple. Dieu suscite un prophète qui devient le moyen des communications entre Lui et le peuple ; mais le peuple, menacé par les Amalékites, demande enfin un roi. Dieu le lui accorde, en lui témoignant Son déplaisir, puisque Lui était son roi. L’Esprit de prophétie continue cependant toujours d’être le canal des communications divines pour le peuple. Des signes, qui indiquent l’état du peuple, sont donnés à Saül, roi élu et oint : d’abord, quelques fidèles, qui reconnaissent le Dieu de Béthel, c’est-à-dire Celui qui avait promis à Saül de ne pas l’abandonner jusqu’à ce qu’il eût fait ce qu’Il lui avait promis, le Dieu fidèle de Jacob ; puis le coteau de Dieu, le siège d’autorité au milieu du peuple en possession des Philistins, la puissance de l’ennemi dans la terre de la promesse.

L’Esprit de prophétie vient sur Saül, lui montrant où Dieu se trouvait en présence de ces circonstances, et Samuel lui dit de l’attendre à Guilgal. En attendant, ainsi que nous l’avons vu, il est affermi par la bénédiction de Dieu sur ses entreprises.

Chapitre 13. — Saül règne deux ans ; puis il choisit trois mille hommes : deux mille sont avec lui, et mille avec Jonathan. Jonathan, homme de foi, agit avec énergie sur les ennemis du peuple de Dieu, et il frappe les Philistins ; mais l’énergie de la foi, agissant (ainsi qu’elle le fait toujours) là où l’ennemi maintient sa puissance, provoque naturellement son hostilité. Les Philistins en entendent parler ; Saül est poussé à l’activité et rassemble, non pas Israël, mais les Hébreux.

Remarquons ici que la foi est en Jonathan. La chair, établie dans la position de conducteur du peuple de Dieu, suit, il est vrai, l’impulsion qu’a donnée la foi, mais elle ne la possède pas ; et ce mot Hébreux, nom qu’un Philistin aurait donné au peuple, indique que Saül compte sur le rassemblement de la nation comme corps constitué, et ne reconnaît pas mieux la relation du peuple élu avec Dieu, qu’un Philistin ne l’aurait fait. Et c’est là la position qui nous est présentée dans l’histoire de Saül. Ce n’est pas une opposition préméditée contre Dieu, mais la chair placée dans une position de témoignage et employée à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. On y voit quelqu’un, lié aux intérêts du vrai peuple de Dieu, faisant l’œuvre de Dieu, selon ce que les exigences de ce peuple demandent d’après leur pensée ; pensée vraie quant à leurs besoins actuels, mais qui cherche ses ressources dans l’énergie de l’homme, énergie à laquelle Dieu ne refuse pas Son secours lorsqu’on suit Sa volonté, car Il aime Son peuple, mais qui, d’elle-même, ne dépasse jamais en principe, en motif moral et intérieur, la chair qui en est la source. Au milieu de tout cela, la foi peut agir et agir sincèrement, et c’est le cas de Jonathan. Dieu la bénira, et c’est ce qu’Il fait toujours, parce qu’elle Le reconnaît, et dans ce cas (et c’est Son don), parce qu’elle cherche sincèrement le bien du peuple de Dieu.

Tout ceci est une espèce de tableau en principe de l’église professante, qui anticipe sous ce point de vue le vrai règne de Christ, et dans cette position manque à sa fidélité à Dieu même. La vraie foi, au milieu d’un pareil système, ne monte jamais à la hauteur de la gloire de Celui qui est à venir, mais elle L’aime et s’attache à Lui. Si l’Église est seulement professante elle persécute Christ, mais ce qui en elle agit par la foi L’aime et Le reconnaît, lors même qu’Il est chassé comme une perdrix sur les montagnes.

Maintenant donc la foi de Jonathan ayant attaqué les Philistins, Saül, qui ostensiblement conduit le peuple devant Dieu, est mis à l’épreuve. Suffira-t-il à l’occasion qui se présente ? Se souviendra-t-il du vrai principe sur lequel la bénédiction du peuple repose ? Agira-t-il en roi sacrificateur, ou reconnaîtra-t-il dans le prophète le vrai lien de foi entre le peuple et Dieu ; lien dont il aurait dû reconnaître l’importance et la nécessité, car c’était au prophète qu’il devait sa position actuelle et son pouvoir, et il lui avait donné les preuves de sa mission et de son autorité prophétique, en établissant la sienne ? Lorsque le moment critique est venu, Saül manque.

Il vaut la peine de retracer ici les marques d’incrédulité de la chair.

Les Philistins sont frappés. Cette nation active et énergique en entend parler ; rien de plus naturel. Saül n’a pas une ressource différente de la leur ; point d’appel à Dieu, point de cri à l’Éternel, le Dieu d’Israël ; Samuel ne se présente pas à sa foi, bien qu’il se souvienne de ce qu’il lui avait dit. Si les Philistins ont entendu, il faut que les Hébreux entendent aussi. Israël a peur ; Dieu ne répond pas à l’incrédulité, quand Son but est de mettre la foi à l’épreuve. Saül appelle tout le peuple à le suivre à Guilgal, mais le peuple se disperse bientôt sur le bruit du rassemblement des Philistins. Saül est à Guilgal ; alors la pensée de Samuel lui revient. Ce n’était plus comme lorsque la royauté avait été renouvelée. Les circonstances mêmes étaient propres à lui suggérer la ressource de Samuel. Il l’attend les sept jours, selon ses paroles. Il l’attend assez longtemps pour satisfaire l’exigence de sa conscience. La nature peut marcher assez longtemps d’après ce principe, mais elle n’a pas le sentiment de sa faiblesse ; elle ne sent pas que tout dépend de Dieu ; elle ne s’attend pas à Lui comme le seul qui puisse agir, sa seule ressource. Puis, comme Israël avait fait venir l’arche dans le camp, Saül offre l’holocauste. Mais, s’il avait eu de la confiance en Dieu, il aurait compris que, quoi qu’il en fût, il devait s’attendre à Lui, que c’était inutile de faire quelque chose sans Lui et qu’il ne risquait rien à attendre. Un Dieu fidèle ne pouvait lui manquer. Il avait pensé à Samuel qui lui avait dit d’attendre, de sorte qu’il était sans excuse ; il se souvenait que la direction et la bénédiction de Dieu se trouvaient avec le prophète. Mais il regarde aux circonstances ; le peuple se disperse et Saül cherche à faire intervenir Dieu par un acte de dévotion sans foi. C’était le moment décisif ; Dieu aurait affermi son règne sur Israël, établi sa dynastie. Mais maintenant Il en avait choisi un autre.

Remarquez ici que ce n’est pas une défaite par les Philistins qui a ôté le royaume à Saül. La faute n’était qu’entre lui et Dieu. Les Philistins ne l’attaquent pas. Il suffit à Satan de réussir à nous effrayer assez pour nous faire abandonner le chemin pur et simple de la foi. Samuel s’en va après avoir annoncé à Saül les pensées de Dieu. Les Philistins pillent le pays qui est sans défense, car le peuple n’avait « ni épée, ni lance ».

Quel tableau de l’état du peuple de Dieu ! Que de fois nous trouvons que ceux qui font profession d’être du peuple de Dieu, d’être de la vérité et héritiers des promesses, sont sans armes contre les ennemis qui les butinent !

Chapitre 14. — Mais la foi en Dieu est toujours bénie ; et si Dieu a montré l’effet de l’incrédulité, Il en montre la folie, en ce que, là où il y a la foi, toute Sa force se manifeste, et alors ce sont les ennemis qui sont sans armes. Jonathan se dispose, selon l’énergie que la foi en Dieu lui donne, à attaquer les Philistins ; et, si nous voyons l’incrédulité manifeste en Saül, son fils nous montre la beauté de la foi.

Les difficultés ne sont pas diminuées ; les Philistins sont en garnison et leur camp placé dans une position dont les abords sont d’une difficulté extraordinaire, accessible seulement par un chemin étroit, par lequel il fallait gravir des rochers à pic. Là, les Philistins se trouvaient en grand nombre et bien armés. Mais la foi supporte difficilement l’oppression du peuple de Dieu par ses ennemis, et le déshonneur fait ainsi à Dieu Lui-même. Jonathan ne le supporte pas. Où cherche-t-il sa force ? Sa pensée est simple. Les Philistins sont incirconcis ; ils n’ont pas le secours du Dieu d’Israël. « Rien n’empêche l’Éternel de sauver avec beaucoup ou avec peu de gens » ; et c’est là la pensée de la foi de Jonathan, cette belle fleur que la main de Dieu fait épanouir en ce triste moment dans le désert d’Israël. Il ne pense pas à lui-même. L’Éternel dit qu’Il les a livrés entre les mains d’Israël. Il compte sur Dieu et sur Sa fidélité immanquable envers Son peuple ; son cœur est là[9], et il n’a pas un seul instant l’idée que Dieu ne soit pas avec Son peuple, quel que soit son état ; c’est ce qui caractérise la foi. Non seulement elle reconnaît que Dieu est grand, mais elle reconnaît encore le lien indissoluble (parce qu’il est de Dieu) entre Dieu et Son peuple. La conséquence en est que la foi oublie les circonstances, ou plutôt elle les annule. Dieu est avec Son peuple. Il n’est pas avec ses ennemis ; tout le reste n’est qu’une occasion de mettre à l’épreuve la vraie dépendance de la foi. Ainsi, il n’y a pas de vanterie en Jonathan ; il s’attend à Dieu, il sort et se rencontre avec les Philistins. Le témoin de Dieu est là. Si la hardiesse des ennemis les pousse à descendre, il les attendra sans se créer des difficultés, mais il ne reculera pas devant celles qui se trouvent sur son chemin. La confiance indolente, en même temps folle et imprudente de l’ennemi, n’est, pour Jonathan, qu’un signe de la délivrance de l’Éternel. Descendus, ils auraient abandonné leur avantage ; en lui disant de monter, ils rendaient nulle la difficulté insurmontable des approches du camp. Heureux d’avoir un fidèle compagnon dans son œuvre de foi, Jonathan ne cherche pas d’autre appui. Il ne parle pas des Hébreux ; mais il dit : « L’Éternel les a livrés en la main d’Israël ». Il gravit le rocher avec celui qui portait ses armes. Et effectivement l’Éternel était avec lui ; les Philistins tombent devant Jonathan, et « celui qui portait ses armes les tuait après lui ». Mais, tout en honorant le bras que la foi avait fortifié, c’est Dieu Lui-même qui se manifeste. La frayeur de Dieu s’empare des Philistins, et tout tremble devant la présence de celui que la foi, précieux don de Dieu, avait fait intervenir.

La foi agit d’elle-même. Il faut que Saül dénombre le peuple pour savoir qui est absent. Hélas ! nous entrons dans la triste histoire de l’incrédulité. Saül cherche quelques directions auprès de l’arche, pendant qu’ailleurs Dieu triomphe sur Ses ennemis sans Israël. Le tumulte de leur déroute va en augmentant, et l’incrédulité, qui ne sait jamais que faire, dit au sacrificateur de retirer sa main. Le roi et le sacrificateur n’étaient pas le lien entre Dieu et Israël. Ce n’était ni la foi du peuple en Dieu sans roi, ni le roi que Dieu avait lui-même donné.

Ici encore, au lieu d’Israël (que Jonathan connaissait seul), nous retrouvons ceux que l’Esprit de Dieu Lui-même appelle des Hébreux[10], qui, tout en étant « de la source de Jacob » (Deut. 33, 28), sont parmi les Philistins, et sont contents de trouver leur bien au milieu des ennemis de Dieu.

Maintenant que la victoire est remportée, tous sont contents de participer au triomphe et poursuivent les Philistins.

Et ce pauvre Saül, que fait-il ? Jamais l’incrédulité, quelque bonnes que soient ses intentions en s’unissant à l’œuvre de la foi, ne fait autre chose que la gâter. Saül parle de se venger de ses ennemis. L’Éternel n’est pas dans ses pensées ; il pense à lui-même, et il entrave la poursuite par son zèle charnel et égoïste. Que Dieu nous garde de la direction et du secours de l’incrédulité dans le travail de la foi. Dieu Lui-même peut nous secourir par tous les moyens ; mais lorsque l’homme se mêle de l’œuvre même, il ne fait que la gâter, lors même qu’il cherche à y apporter de la force.

Saül, au moment d’une telle bénédiction, est zélé pour maintenir l’idée d’honorer les ordonnances de l’Éternel, comme il l’a voulu faire en Le consultant auprès de Son arche, faisant beaucoup valoir Son nom, comme si la victoire lui était due, et qu’il n’y eût que quelque péché caché qui empêchât Dieu de lui répondre. Il a failli faire mourir Jonathan, par lequel Dieu avait agi. Il veut découvrir le péché en faisant intervenir Dieu, qui agit en effet, mais pour montrer la folie du pauvre roi.

Remarquez que la foi en pleine énergie peut se servir avec reconnaissance des soulagements que Dieu offre, dans la marche pénible où elle conduit, tandis que le zèle charnel de ce qui n’est qu’une imitation de la foi, ne sait qu’en imposer la privation : il n’agit jamais avec Dieu. Dès que l’affaire est tombée entre les mains de Saül, il ne fait qu’empêcher de recueillir tous les fruits du triomphe. Son intervention n’a pu que gâter l’œuvre d’autrui ; il n’a pas la foi, pour en faire une lui-même.

Cependant, Dieu a pitié d’Israël, et Il tient ses ennemis en échec, par le moyen de Saül ; car, tout en étant incrédule, il n’avait pas encore tourné sa haine contre l’élu de Dieu. Il n’était pas encore abandonné de l’Éternel.

Mais ce moment pénible et solennel va bientôt arriver. En attendant, il se fortifie. La guerre avec les Philistins était continuelle ; mais Saül, tout aguerri qu’il fût, était incapable de les abattre, comme David, ou même comme Samuel. Il cherche dans ses semblables des moyens charnels pour atteindre son but.

Remarquez ici avec quelle rapidité effrayante, et même sur‑le‑champ, l’ennemi prend le dessus, lorsqu’on n’est pas dans les voies de Dieu (comp. 7, 12-14, et 13, 16-23).

Remarquez aussi que toutes les formes de la piété et de la religion judaïque sont avec Saül : le sacrificateur de l’Éternel en Silo et portant l’éphod (14, 3) ; et l’arche (v. 18). Saül consulte le sacrificateur. Il empêche le peuple de manger la chair avec le sang. Il bâtit un autel. Le sacrificateur consulte Dieu, et comme Dieu ne répond pas, Saül veut tuer Jonathan comme coupable, parce qu’il a mangé malgré le serment.

Mais remarquez que c’est le premier autel que Saül ait bâti ; son sacrificateur est de la famille condamnée de Dieu. Il bâtit son autel lorsqu’il est rejeté et après la bénédiction extérieure que Dieu lui a accordée, et qu’il s’attribue à lui-même, quoiqu’il n’ait rien fait que la gâter. D’autre part, la foi de Jonathan agit sans prendre conseil du sang et de la chair ; il opère, comme dit le peuple, avec Dieu (14, 45). Le peuple ne savait pas qu’il fût absent. Heureux Jonathan ! la foi l’avait fait aller assez en avant pour qu’il n’entendît pas seulement la malédiction insensée que son père invoquait sur celui qui prendrait quelque nourriture. La folie de l’incrédulité d’autrui ne l’atteignait pas. Il était libre de profiter en chemin de la bonté de son Dieu, avec allégresse et actions de grâces, et poursuivait sa route rafraîchi et encouragé ; heureuse marche de la simplicité qui agit avec Dieu !

L’étude de ces deux chapitres est très instructive, comme nous présentant le contraste entre la marche de la foi et celle de la chair, dans la position qu’en vertu de sa profession elle prend dans l’œuvre de Dieu. C’était la première fois que Saül se trouvait en face des ennemis, en vue desquels Dieu l’avait suscité.

Chapitre 15. — Toutefois, Saül est mis à une épreuve finale. L’Éternel, par la bouche de Samuel, l’envoie pour détruire Amalek, à la façon de l’interdit. C’étaient les ennemis sans pitié et acharnés du peuple de Dieu (Deut. 25, 17-19). Ils avaient été la première des nations ; leur renommée et leur fierté (Nomb. 24, 7, 20) étaient connues partout, mais c’était une nation jugée de Dieu.

Dieu confie maintenant à Saül l’accomplissement de Deutéronome 25, 19. Ici tout Israël l’accompagne sans crainte. Ce n’étaient plus ses ennemis du dedans, qui rongeaient habituellement ses forces et abattaient son courage : la victoire est complète. Il ne s’agit que de la fidélité à Dieu, et de préférer la gloire de Dieu à ses propres intérêts. Mais Saül craint le peuple. L’Esprit de Dieu dit : « Saül et le peuple » ; Saül dit : « le peuple » et que c’est pour Dieu qu’on a épargné. Mais nos excuses ne sont que notre condamnation, lors même qu’elles seraient vraies. Saül, n’ayant pas la foi, ne regardant pas à Dieu, craint le peuple plus que Dieu. Quel esclave que l’incrédule ! S’il n’est pas esclave des ennemis, il l’est du peuple qu’il semble gouverner. Saül, infidèle à Dieu au milieu du peuple et en présence des bénédictions que l’Éternel lui accorde, est enfin privé du royaume.

Point d’humiliation, point de cœur brisé ; il confesse son péché, espérant éviter la punition ; mais ne pouvant y échapper, il désire que Samuel l’honore quand même. Samuel le fait, puis l’abandonne. Tout change ici, et David apparaît sur la scène.

Il est bien de remarquer que l’histoire suivie du règne de Saül, finit avec la fin du chapitre 14.

Le chapitre 15 est une histoire donnée à part, à cause de l’importance de ce qui y est contenu : la réjection définitive de Saül, réjection qui introduit David.

Chapitre 16. — Samuel est envoyé pour oindre cet élu de l’Éternel. Ici tout l’éclat de la chair et ses droits d’aînesse sont mis de côté, et le cadet, méprisé et oublié de tous, qui soigne les brebis, est choisi de Dieu, « car Il ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde ». Samuel, instruit de l’Éternel, n’hésite pas dans sa décision, et ne peut accepter aucun des sept qui sont à la maison : « Sont-ce là tous les enfants  ? ». Enfin, il oint David rappelé des champs.

Mais Dieu ne place pas David au faîte du pouvoir tout de suite, comme Il l’avait fait dans le cas de Saül. Il faut que, par la grâce et par la foi, il se fraie un chemin à travers toutes sortes de difficultés, et que, tout en étant rempli du Saint Esprit, il agisse en présence d’une puissance qui ne possède pas l’Esprit et que Dieu ne met pas encore de côté. Il faut qu’il soit soumis et humilié, qu’il sente sa dépendance entière de Dieu, que Dieu suffit dans toutes les circonstances ; il faut que sa foi soit développée par l’épreuve dans laquelle on sent que Dieu est tout. Beau type de Celui qui a traversé sans péché un chemin et des circonstances bien autrement pénibles ! Et non seulement un type, mais en même temps un vase préparé de Dieu pour le Saint Esprit ; et ce dernier a su le remplir de sentiments, qui, en décrivant d’une manière si touchante les douleurs de Christ Lui-même et Ses sympathies pour les siens, montrent leur ressource en Dieu à ceux qui devaient, dans la faiblesse, poursuivre la même carrière que lui. Car on ne saurait douter que les épreuves de David n’aient donné lieu à la plupart de ces beaux cantiques, qui, dépeignant les circonstances, les épreuves et les cris du résidu d’Israël dans les derniers jours, ainsi que de Christ Lui-même (lequel, en esprit, s’est identifié avec eux et a entrepris leur cause), ont ainsi fourni à tant d’autres âmes chargées l’expression et le soulagement de leurs afflictions ; et même si l’interprétation qu’elles ont faite de ces psaumes manquait de justesse, le cœur néanmoins ne s’y trompait pas[11].

Revenons à notre histoire.

Le Saint Esprit vient sur David et abandonne Saül, qui en même temps est troublé par un mauvais esprit. La providence de Dieu introduit David par le moyen d’un des serviteurs de Saül, qui le connaissait, et le présente à Saül. Saül l’aime et veut qu’il se tienne devant lui ; il est son porteur d’armes et il joue de la harpe lorsque le mauvais esprit trouble Saül. David est aux yeux de Dieu le roi oint ; mais il doit souffrir avant de régner, quelle que soit son énergie.

Chapitre 17. — Les Philistins, ce type de la puissance de l’ennemi, se présentent de nouveau avec leur champion à leur tête, auquel personne n’ose livrer le combat. David était retourné chez lui, et vivait dans la simplicité de sa vie habituelle.

Bien que ce qui précède donne l’idée générale de la position dans laquelle il avait été placé, il paraît qu’il n’est resté que très peu de temps auprès du roi (17, 15). Son père l’envoie pour visiter ses frères, qui se trouvent à l’armée de Saül. Là, il voit le Philistin qui défie les armées d’Israël. Jonathan ne paraît pas ici ; il n’y en a qu’un seul qui puisse détruire celui qui réunit dans sa personne toute l’énergie du mal. La foi de David n’y connaît aucune difficulté, parce qu’il voit Dieu et dans l’ennemi un ennemi de Dieu, sans force. Il n’était « qu’un incirconcis », peu importe le reste. Dans l’accomplissement de ses devoirs ordinaires, David avait déjà rencontré des difficultés trop fortes pour un homme fait, mais encore enfant il les avait vaincues par une raison toute simple : « l’Éternel l’avait délivré ». Il ne s’en était pas vanté ; c’était l’accomplissement de son devoir ; mais il y avait appris la force et la fidélité de l’Éternel. Et maintenant il en fait encore l’expérience ; l’armure de l’homme est rejetée, la foi ne la connaît pas : Dieu veut accomplir l’œuvre par les moyens les plus simples.

David déclare quelle est sa force. « Je viens à toi au nom de l’Éternel des armées ». Il s’identifie ensuite avec le peuple de Dieu. « Toute la terre saura qu’il y a un Dieu pour Israël ». La pierre, qui s’enfonce dans le front de Goliath, lui ôte à la fois sa force et sa vie. David tranche la tête de Goliath avec sa propre épée, semblable à Celui qui, par la mort, a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort.

Toute l’armée d’Israël profite du triomphe remporté par David. Saül, qui l’avait oublié, veut qu’il reste avec lui. Hélas ! la chair et même la chair en rébellion peut aimer l’élu de l’Éternel, à cause de sa bonté et du soulagement qu’il donne, mais elle ne le connaît pas. Il lui est aussi étranger, lorsqu’il agit dans l’œuvre de Dieu, que si elle ne l’avait jamais vu.

Chapitre 18. — Mais lorsque Christ se déclare, le résidu (car c’est bien ce que représentait Jonathan) L’aime comme son âme, et ce bien-aimé devient l’objet de toute son affection. Ceci ne va cependant pas plus loin dans son application que le règne personnel de Christ. Jonathan nous présente le résidu qui L’a aimé pendant Son humiliation. Quant à ce monde, il en est toujours ainsi ; il y a un résidu qui aime Christ et qui désire Son règne, bien que cela mette fin à l’économie dans laquelle il se trouve. De l’Église proprement dite il n’y a rien ici. C’est un résidu qui désire l’avènement de Christ. Saül, qui se glorifiait et voulait maintenir sa maison par des moyens charnels, cherche la mort de celui qui doit venir pour établir le royaume. C’est ce qu’ont fait les Juifs à l’égard de Christ.

La foi de David, vainqueur des Philistins, aussi bien que Jonathan, avait un caractère un peu différent de celle de ce dernier. Jonathan ne recule pas devant les difficultés ; il voit le Dieu d’Israël et fait l’œuvre de Dieu que Saül ne fait pas. C’est la foi vraie et énergique du peuple de Dieu. Mais David, roi, caché il est vrai, mais élu et oint, rencontre face à face le grand ennemi de son peuple dans toute sa force, dont la seule vue effraie le peuple qui s’enfuit.

Ce qui signale la foi de Jonathan de la manière la plus touchante, est son attachement à celui qui éclipserait sa gloire, s’il considérait les choses selon les hommes, ainsi que faisait Saül. Mais Jonathan est absorbé par son affection pour celui que Dieu a choisi. Il voit en lui le vrai chef d’Israël, qui est digne de l’être, qui doit, quelque méprisé qu’il soit actuellement, prospérer et régner de la part de Dieu. Ce sont aussi les qualités de David, qui l’attachent à lui. C’était une affection personnelle. Il a la capacité d’apprécier ce qu’était David, et il oublie ses propres intérêts en pensant à lui. La voix et les paroles de David pénètrent dans son âme et le lient au roi que Dieu a choisi, lorsqu’il est méconnu, et en dépit de tout. Saül, chef du peuple professant, et jaloux de qui que ce soit qui pourrait usurper la place de lui ou de ses descendants, est rempli d’inimitié contre David et abandonné de Dieu ; il est l’instrument de l’ennemi contre l’oint de l’Éternel. Il tombe enfin, atteint par la puissance plus directe et plus ouverte de l’ennemi du peuple de Dieu. Triste fin de celui qui avait été un vase de bénédiction et un instrument de l’œuvre de Dieu, quoique ce fût d’une manière charnelle.

Dieu fait resplendir la vraie gloire de David, au-dessus de l’importance officielle de Saül. On chante les victoires du premier, de manière à exciter la jalousie du roi.

Nous tracerons maintenant brièvement les traits de la foi de David dans ces nouvelles circonstances. Jamais sa main ne s’élève contre Saül ; il le sert avec obéissance ; il fait son devoir et supporte avec patience la jalousie et la malice qui le poursuivent.

Pauvre Saül ! troublé par le malin esprit ! David joue de la harpe pour le calmer, et Saül veut le tuer. David échappe. Saül le craint, car le Dieu qui l’a abandonné est avec David. Il l’éloigne de lui, mais il n’en est que plus en vue devant le peuple. Dieu agit toujours pour accomplir Ses desseins à travers toutes les précautions charnelles de l’homme. David est prudent ; il a la sagesse de Dieu ; Dieu est avec lui dans toutes ses voies. Énergique et sans prétention, toujours béni, il est aimé de tout Israël et de tout Juda, devant lesquels il agit avec la force et la supériorité de la foi.

Saül veut se parer de tout cela ; en apparence il honore David, mais c’est afin de l’exposer devant l’ennemi pour se débarrasser de lui. David se maintient dans sa petitesse et Mérab est donnée à un autre. Mical offre à Saül une occasion plus spécieuse. David, puisqu’il ne s’agit que de détruire la puissance des ennemis du peuple de Dieu, accepte ce que Saül propose et réussit. Saül voit toujours davantage que l’Éternel est avec David, et le redoute d’autant plus ; triste développement d’un triste état d’âme ! Le caractère de Saül ne manquait pas cependant de beaux traits naturels, dans les moments où de meilleurs sentiments se manifestaient. Mais Dieu n’y était pas.

Chapitres 19-21. — L’intercession de Jonathan agit sur son père, et pour le moment tout va bien. Mais Saül, abandonné de Dieu, ne peut supporter que Dieu soit avec David. La guerre éclate, et David, vrai instrument de Dieu en ce qu’il fait pour son peuple, bat les Philistins et les met en déroute.

On remarquera ici que c’est des Philistins qu’il est question ; c’est par eux que l’énergie de la foi est mise à l’épreuve. C’est là que se livre le combat de Dieu et de la foi ; c’est là que David réussit toujours et que Saül a manqué.

De nouveau Saül est troublé, et David qui cherche à le soulager, faillit être tué. Il s’évade et va auprès de Samuel.

Remarquez ici comment le chagrin, produit par l’égoïsme et par l’amour-propre, donne lieu à l’action du malin esprit sur l’âme. Ici reparaît la puissance qui, toute cachée qu’elle fût, régissait encore le sort d’Israël. David la reconnaît, et lorsqu’il ne peut plus se tenir auprès de Saül, il ne prétend nullement se glorifier en s’élevant contre la forme extérieure que Dieu avait jugée dans le fond, mais non détruite. Au lieu de s’y opposer, il se borne à reconnaître cette manifestation de la puissance de Dieu, qui avait placé Saül dans sa position royale, et de laquelle il avait reçu lui-même le témoignage et la communication de la force et de la volonté de Dieu ; il se réfugie auprès de Samuel. Là, il est suivi de Saül et de ses messagers, qui subissent aussi bien que leur maître une puissance, qui n’agit pas sur leurs cœurs et ne les dirige pas ; puissance dont Saül avait perdu la bénédiction. Quel tableau d’un vase inutile et perdu ! tantôt prophétisant par l’énergie de Satan, tantôt par celle de Dieu, dont son cœur est loin, dont il est abandonné : sa conduite n’est pas déréglée extérieurement ; il ne fait pas du mal, si ce n’est lorsque l’oint de l’Éternel excite sa jalousie et sa haine.

David est maintenant chassé de la présence de Saül, et devient vagabond sur la terre. Ce n’est plus l’entière soumission à Saül, tandis qu’il est lui-même le vase de l’énergie de Dieu. Chassé par Saül, il est retourné vers la source du témoignage de Dieu, et Saül a encore la hardiesse de chercher sa vie, même quand il est auprès de Samuel. Il a complètement secoué la dernière contrainte, et oublié tout ce qui aurait dû lui rappeler Dieu et arrêter sa main. Se glorifiant lui-même et se prévalant de sa position acquise, la présence de Samuel n’a plus aucune prise sur sa conscience. Ce n’est plus même « honore-moi devant les anciens de mon peuple » ; il ne tient aucun compte du prophète, il subit malgré lui l’influence qu’il a méprisée. David est ainsi garanti de sa malice ; il ne peut maintenant retourner auprès de lui. Ç’aurait été se joindre au mépris du témoignage de Dieu. Car, que faire lorsqu’un homme prophétise et agit néanmoins contre la puissance qu’il ne saurait nier ? David s’enfuit. Mais l’état de Saül est encore mis à l’épreuve sous ce rapport. Jonathan ne peut guère croire à la mauvaise volonté de son père. Mais, avant de la constater, son dévouement à David se manifeste d’une manière positive. Sa foi et son cœur reconnaissent bien ce que Saül aveuglé ne veut pas accepter (20, 13, 17).

Lors même que David est chassé, la foi de Jonathan n’est pas ébranlée ; son cœur n’est pas détaché de celui qui était le bien-aimé de son âme, lorsque David, rayonnant de jeunesse et de sa victoire sur Goliath, répondait à Saül avec une modestie qui en relevait encore l’éclat. Son cœur l’aime lorsqu’il est déshonoré et en fuite. Il le reconnaît comme l’élu de Dieu, et rattache l’espoir de sa maison à la gloire de celui qu’il aime (voyez 23, 16-17). Mais ce que Jonathan proposait alors ne pouvait avoir lieu. Il s’agissait de relier l’ancien système dans la chair avec la grâce et les conseils de Dieu. Jonathan, quoiqu’il aimât David, marchait avec l’ancien système que Dieu allait juger.

Jonathan ne suit pas David et il tombe avec Saül. Quel que soit le jugement que nous portions sur cette portion de son histoire, comme type, nous voyons en lui que tout ce qui est allié à ce système charnel, extérieurement rattaché aux intérêts du peuple et du nom de Dieu, tombe, pour ce qui concerne ce monde, avec le système qui périt tout entier.

David, instruit par Jonathan de l’esprit dont Saül est animé, s’en va, et Jonathan rentre dans la ville.

Le roi élu est maintenant rejeté. Il se rend auprès du sacrificateur ; celui-ci lui donne le pain sacré, selon la souveraine grâce de Dieu, qui s’élève au-dessus des ordonnances attachées à la bénédiction, lorsque cette bénédiction a été rejetée, lorsque Dieu Lui-même a été rejeté dans Son oint et dans Son témoignage. Quand il en est ainsi, la grâce souveraine de Dieu place la foi au-dessus des ordonnances. Puisque Dieu Lui-même et Son témoignage étaient méconnus, le pain de proposition était tenu pour commun. Dieu, en effet, faisait tout à neuf.

C’était précisément le cas du Seigneur Jésus. La personne d’un Christ rejeté est au-dessus de toutes les ordonnances charnelles qui, là où Il se trouve, perdent toute leur signification. Il se soumettait, il est vrai, à toutes les ordonnances et aux autorités ; mais le rejet du témoignage de Dieu en Lui, faisait distinguer peu à peu qu’en effet Il était quelqu’un de plus grand que les ordonnances, qu’Il les mettait de côté pour les remplacer par la manifestation de la grâce efficace et éternelle de Dieu. Il était bien plus important de nourrir David, que de garder ce qui était vieilli. Dieu tenait plus à lui qu’au pain du tabernacle.

David prend l’épée de Goliath. C’est par la puissance de la mort, que le Seigneur a détruit toute la force de celui qui en avait l’empire. Il n’y a pas d’armes comme la mort dans l’arsenal de Dieu, lorsqu’elle est dans les mains de la puissance de vie.

David, préoccupé de l’inimitié de Saül, cherche un refuge chez les Philistins. Qu’avait-il affaire là ? Cette fois Dieu l’en chasse sans châtiment, mais en lui montrant assez que ce n’était pas là sa place. On échappe à la sagesse qui nous conduit au milieu des ennemis de Dieu, par la honte de la folie qui nous en fera chasser.

Chapitre 22. — David prend maintenant pleinement son parti avec les excellents de la terre (Héb. 11, 38). Là, le prophète se joint à lui ; il est directement conduit par le témoignage clair de Dieu, et bientôt après le sacrificateur le rejoint aussi, de sorte que tout rejeté qu’il soit, tout ce qui appartenait au témoignage et aux voies de Dieu se concentrait autour de lui. Il était le roi, le prophète y était, le sacrificateur s’y trouvait aussi ; les formes extérieures se trouvaient ailleurs. Saül, au contraire, ainsi qu’il avait méprisé Samuel lui-même en poursuivant David auprès de lui, sans pitié, comme sans crainte de Dieu et sans remords, se débarrasse des sacrificateurs par la main d’un étranger, d’un Iduméen, ennemi sans miséricorde du peuple, lorsque la conscience de ce dernier aurait retenu sa main. C’est alors que le sacrificateur est amené de Dieu auprès de David, ainsi que nous y trouvons le prophète après le mépris qu’en avait témoigné Saül.

Quelle triste histoire de la chute graduelle, mais continuelle de celui qui, ayant la forme du bien, n’a pas la foi en Dieu et que Dieu a abandonné ! Comme les voies de Dieu sont sûres, quelle que soit l’apparence des choses !

David, tout méprisé qu’il soit, est le roi et le sauveur du peuple ; il chasse les Philistins et en fait grand carnage. Il ne rencontre que trahison en Israël ; Saül s’en sert dans l’intention de s’emparer de lui. Mais comme avec David se trouve l’intelligence du prophète, il a aussi la réponse de Dieu par l’éphod du sacrificateur qui se trouve avec lui.

Remarquons en passant que Saül en apparence et extérieurement s’est beaucoup agrandi. Il n’est plus avec ses six cents hommes qui le suivaient en tremblant ; il peut nommer ses capitaines de milliers et de centaines ; il peut donner des vignes et des champs ; il a son Doëg, le chef de ceux qui gardent ses troupeaux. Devant Dieu, intérieurement, il fait dans le mal un progrès effrayant ; il n’est pas seulement abandonné de Dieu, mais franchit toutes les barrières que lui oppose sa conscience, et que les témoignages et les ordonnances de Dieu élevaient devant lui. Car Samuel le prophète et les sacrificateurs auraient dû être un frein pour celui qui faisait profession d’être identifié avec les intérêts du peuple de Dieu.

Chapitre 23. — Le progrès extérieur en prospérité, joint au progrès réel dans le mal intérieur, est quelque chose de très solennel. En même temps que c’est un piège pour la chair, c’est une épreuve pour la foi. David, au contraire, en apparence et de fait quant aux circonstances, est tout à fait chassé du milieu du peuple. Il n’a ni domicile ni refuge. Mais le témoignage de Dieu dans la personne de Gad, le prophète, et la communion avec Dieu par l’éphod du sacrificateur, lui échoient dans son exil. Chassé par l’homme, il est là où toutes les ressources de Dieu se réalisent selon les besoins des siens.

Remarquez aussi que c’est David lui-même qui agit en sacrificateur, pour avoir l’expression des pensées de Dieu. C’est lui qui prend l’éphod pour consulter Dieu ; c’est lui qui mange les pains de proposition ; ce type remarquable de Christ nous enseigne que, lorsque tout est ruiné, les bénédictions sont transportées à ceux qui marchent par la foi, dans l’obéissance et dans l’intelligence du devoir du fidèle, lequel discerne quelle est moralement la place de la foi, ce que la foi doit à Dieu, et comment elle peut compter sur Lui.

Remarquez aussi que ce qui distingue David ici, ce ne sont pas des actions d’éclat, fruit de l’énergie de la foi, mais l’instinct et l’intelligence de ce qui convient à sa position, un discernement moral de ce qui est agréable à Dieu et de la conduite que devait avoir Son serviteur comme vase de son énergie spirituelle, tandis qu’un autre est revêtu de l’autorité qui lui appartient. C’est la marche de quelqu’un qui a saisi ce qui convient à cette relation difficile, dans toutes les circonstances où elle le place, qui respecte ce que Dieu respecte, et fait l’œuvre de Dieu sans crainte lorsque Dieu l’appelle ; type remarquable de Jésus, en tout ceci, et un exemple pour nous.

Outre ce tact spirituel, ces convenances morales, la plus grande partie de cette histoire nous présente la manière dont Dieu fait tout marcher vers l’accomplissement de Ses desseins, à travers tous les motifs et les intentions des hommes, pour placer David par la patience et par l’énergie de la foi dans la position qu’Il lui avait préparée.

Toutefois David a besoin de l’intervention et de la sauvegarde de Dieu. Ayant quitté Kehila (chap. 23) selon l’avertissement de Dieu, il va dans le désert. Là, il est cerné par les troupes de Saül. Mais, au moment où Saül va le prendre, les Philistins se jettent sur le pays et Saül est obligé de s’en retourner.

Chapitre 24. — David se rend dans les lieux forts d’En-Guédi. Là, revenu de la poursuite des Philistins, Saül le suit, plus occupé de sa jalousie contre le roi élu de Dieu, que des ennemis de son peuple. Mais cette expédition n’est pas à son honneur. L’occasion se présente à David de tuer son persécuteur ; mais la crainte de Dieu le gouverne, et le cœur de Saül lui-même est touché, pour le moment, d’une délivrance prouvant que David le respectait d’une tout autre manière qu’il avait imaginé. Il voit clairement ce qui en sera, et engage David à protéger sa postérité ; mais David ne retourne pas auprès de Saül. La relation était rompue.

Chapitre 25. — Enfin Samuel meurt. Ceci fait époque, parce que celui qui formait le vrai lien du peuple avec Dieu n’y était plus. Israël reconnaît, quand il est mort, celui qu’il avait méprisé de son vivant.

Maintenant aussi la position de David change, et Abigaïl est introduite. Jonathan ne s’est jamais séparé du système dans lequel il se trouvait, ne s’est jamais joint à David tout en l’aimant, et n’a jamais partagé ses souffrances. Mais Abigaïl s’identifie avec lui ; les liens qui subsistent ne l’empêchent pas de reconnaître l’oint de l’Éternel, et après la mort de son mari elle est unie à David. Jonathan préfigure le résidu dans le caractère du résidu d’Israël, qui reconnaît le roi futur et s’attache à lui, mais ne va pas plus loin. En ce qui concerne l’ancien peuple d’Israël, reconnaître le Roi ne leur sert de rien. Ce peuple sera béni dans le royaume sous la domination de Christ, mais ne sera pas associé avec Lui sur son trône. Jonathan ne souffre pas avec David, et ne règne pas avec lui. Il reste avec Saül ; et, par rapport à cette position-là, sa carrière se termine avec Saül. Abigaïl, et même les mécontents qui s’unissent à David, partagent ses souffrances. Abigaïl se sépare complètement de l’esprit de son mari ; aussi c’est à cause de sa foi et de sa sagesse que David épargne la vie de Nabal. Dieu juge ce dernier, et alors Abigaïl devient la femme de David.

Historiquement, David a failli manquer à la hauteur de sa position. De fait, c’est à cause du résidu fidèle, l’Abigaïl d’Israël insensé, que celui-ci a été épargné, et la liaison du Seigneur avec l’Église lui imprime le caractère, non de Celui qui se vengera (comme plus tard il le fera d’Israël), mais de pure grâce. Maintenant c’est David qui, pendant sa réjection, s’entoure de ceux qui seront plus tard les compagnons et le cortège de sa gloire dans le royaume, mais il prend aussi une épouse.

Abigaïl appelle Saül un homme. L’Éternel, dit-elle, fera à David une maison assurée ; c’est l’intelligence de la foi[12]. C’est la vérité des conseils de Dieu (2 Sam. 7, 11), et dans sa plénitude, quant à cela. Elle formait pour elle-même, sans le savoir, la position de l’Église dans l’avenir qu’elle se préparait. Elle prend une position beaucoup plus humble que Jonathan, et reconnaît beaucoup plus complètement David, même dans ce moment-là. Ce n’est pas un ami comme Jonathan ; c’est une âme soumise qui, en esprit, donne à David sa place selon Dieu, et prend elle-même la sienne devant lui. C’est là exactement ce qui signale l’esprit de l’Église — du vrai chrétien.

Jonathan nous présente le résidu sous son aspect judaïque. Mais Abigaïl entre dans l’esprit des conseils de Dieu à l’égard de David rejeté, et David qui, en se soumettant à tout, peut agir selon la foi qui le reconnaît, entend sa voix, et accepte sa personne.

Signalons les traits de la foi d’Abigaïl. Tout dépend de la manière dont elle apprécie David (c’est ce qui forme le jugement du chrétien, à tous égards il apprécie Christ) : son titre comme reconnu de Dieu ; sa perfection personnelle, et ce qui lui appartenait selon les conseils de Dieu. Elle pense à lui selon tout le bien que Dieu a dit de lui ; elle le voit combattant les combats de l’Éternel, là où d’autres ne voyaient qu’un homme rebelle à Saül ; et tout cela vient de son cœur. Elle juge Nabal et le considère comme déjà jugé de Dieu à cause de cela ; car chaque chose se juge chez elle par le rapport qui existe entre cette chose et David (v. 26) ; jugement que Dieu accomplit dix jours plus tard, bien que Nabal fût en prospérité chez lui, et David exilé et en fuite. Cependant la relation d’Abigaïl avec Nabal est reconnue, jusqu’à ce que Dieu exécute le jugement. Elle juge Saül. Il n’est qu’un homme, parce que, pour sa foi, David est roi. Tout son désir est que David se souvienne d’elle. Lorsque Jonathan se rend auprès de David, il sera, dit-il, le second après lui, et David demeure dans le bois, tandis que Jonathan s’en retourne à sa maison. Dans l’ordre de choses que Dieu avait jugé (jugement que la foi reconnaissait), il reste auprès de sa famille et est entraîné dans sa ruine. Ceci est important pour le chrétien ; il respecte, par exemple, le christianisme officiel qui, dans le monde, est la religion de Dieu pendant que Dieu le supporte et ne s’élève pas contre lui. Pour la foi et la marche personnelle, ce christianisme-là n’est rien du tout, comme Saül n’était qu’un homme pour la foi d’Abigaïl.

Chapitres 26-28. — Hélas ! Saül n’est pas changé ; poussé par les Ziphiens, il cherche David de nouveau, mais ce n’est que pour tomber et encore plus publiquement entre les mains de David. Remarquez que David en appelle plus directement à l’Éternel pour juger entre lui et Saül. La séparation est plus complète. Saül était incorrigible. Cet appel à Dieu était convenable. Il ne convient pas, ce n’est pas selon la marche de l’Esprit, de s’habituer au mal. « Père juste », dit enfin le Seigneur, « le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci ont connu que toi tu m’as envoyé ».

Ce qui a caractérisé David en tout, c’est qu’il s’est remis entièrement entre les mains du Seigneur ; c’est l’Esprit de Christ dans les Psaumes. Mais David, après tout, n’est qu’un homme, et aussitôt après ce témoignage que la main de Dieu était avec lui, témoignage que Saül même reconnaissait, sa foi lui fait défaut et il se rend au milieu des ennemis du peuple de Dieu. Dieu, sans doute, se sert de ce moyen pour tenir David éloigné du danger. Mais en même temps David est éprouvé et châtié, et se trouve exposé à l’affreuse nécessité de se montrer prêt à combattre contre Israël. Il n’y en a qu’un seul que Sa perfection et Sa sagesse aient mis à l’abri de toutes les tentations.

On peut remarquer que c’est immédiatement après une intervention évidente de Dieu (26, 12), que David manque de foi. Il en est de même d’Élie (1 Rois 19). On dirait que, dans nos cœurs, la foi s’épuise par un effort remarquable. On a pu traverser la crise par la foi, mais le cœur qui en a été le vase s’en effraye ; tandis qu’en Jésus on trouve une égalité de perfection toute divine.

David s’éloigne de la ville royale. Au pays des Philistins il se maintient dans les bonnes grâces du roi, non par la foi, mais par une prudence qui ne tient pas à la vérité. C’est une triste position ; cependant Dieu ne l’abandonne pas. Il le châtie et d’une manière pénible, mais Il l’épargne et le garde. Nous avons vu des voies pareilles de l’Éternel dans le cas de Jacob fugitif.

Akish, qui connaît David, veut l’employer à son service, et David ne peut s’y refuser ; car lorsque celui qui possède l’énergie que donne l’Esprit de Dieu par la foi, s’est placé dans une fausse position par infidélité, il n’a pas d’énergie contre celui sous l’autorité duquel il s’est placé, et s’il n’emploie pas pour son protecteur l’énergie dont il est doué, il excite très naturellement sa jalousie. David aurait évité tout cela en allant à Tsiklag, mais il ne pouvait. Dieu dans Sa bonté, l’a gardé, mais il était en ce moment-là dans une triste et fausse position.

Saül, ainsi qu’Israël, était dans une position encore plus triste, n’ayant secours ni de Dieu, ni de l’ennemi. Saül est abandonné de Dieu. Samuel est mort ; de sorte qu’Israël n’est plus en rapport avec Dieu par son moyen.

David qui, au moins, tenait tête contre les Philistins, était, par la faute de Saül, au milieu d’eux. Le zèle extérieur du roi avait supprimé tous les évocateurs d’esprits. Il cherche la direction de Dieu qui ne veut pas lui répondre, Or, la conscience et la foi lui manquent ; les circonstances sont pressantes, et il se jette maintenant non dans le service extérieur de Dieu comme auparavant (il sait, triste et solennelle conviction, que cela ne lui appartient plus) ; mais dans les choses qu’il avait jugées et chassées du pays comme mauvaises, lorsqu’il pouvait maintenir sa réputation religieuse, choses qu’il sait toujours être mauvaises, mais les Philistins sont là, et contre ceux-ci le cœur lui manque. Il cherche une femme qui évoque les esprits. Ici Dieu le rencontre. Samuel monte, mais de manière à effrayer la femme. Elle sent qu’il y a là une puissance au-dessus de ses enchantements. Samuel annonce à Saül, sans ménagement et sans aucune sympathie (car elle n’était plus possible), le jugement solennel de Dieu.

Chapitres 29-30. — Dieu, dans Sa bonté, pourvoit à la délivrance de David, par le moyen de la jalousie des chefs des Philistins. Toutefois David, pour conserver son crédit auprès d’Akish, tombe encore plus bas, il me semble, et proteste qu’il est plein de bonne volonté pour aller combattre contre les ennemis du roi, c’est-à-dire contre le peuple de Dieu. C’est, il me semble, ce qu’il y a de plus misérable dans la vie de David. Dieu le lui fait sentir ; car, pendant qu’il est là, les Amalékites lui enlèvent tout, mettent le feu à Tsiklag, et ceux qui suivent David parlent de le lapider.

Tout ceci est bien triste, mais la grâce de Dieu relève Son serviteur ; et l’effet de ce châtiment est de le ramener à Dieu, car au fond il pensait à Lui. Il se fortifie en l’Éternel son Dieu, et s’enquiert auprès de Lui de ce qu’il fallait faire. Quelle patience, quelle bonté de Dieu, quels soins Il prend des siens dans le moment même où ils s’éloignent de Lui !

David, réellement ramené à Dieu et délivré de sa fausse position, marche et agit avec Dieu. Dieu lui préparait, à son insu, une bien autre position, pour laquelle Il le purifiait et le préparait. Qu’il eût été affreux que David fût avec les Philistins, qu’il eût pris part à la défaite du peuple de Dieu et à la mort de celui qu’il avait épargné tant de fois d’une manière si touchante ! Combien un enfant de Dieu s’égare lorsqu’il se place sous la puissance des incrédules, au lieu de compter sur l’appui de Dieu, au milieu des difficultés qui se trouvent dans le chemin de la foi. C’est dans ces difficultés mêmes que toutes les grâces divines se développent.

Et remarquez le danger où le fidèle se trouve — si sa foi n’est pas simple et lui manque tant soit peu — d’être jeté par les persécutions des professants dans les bras des ennemis de Dieu. La nature se fatigue, et cherche la consolation loin du chemin étroit et semé de ronces. C’est ce qui arrive lorsque le peuple de Dieu, en suivant sa propre volonté, confie ses intérêts à ceux qui ne cherchent que les leurs dans une position moins difficile, mais qui n’est celle ni de la foi, ni de Dieu. Et plus il y a une œuvre glorieuse pour la foi, plus la nature s’y lasse, si la foi vient à faiblir. Tsiklag est pris pendant l’absence de David, mais il poursuit ceux qui l’ont saccagé et leur enlève tout le fruit de leur pillage.

David, droit et généreux, a su trouver dans la difficulté qui surgissait de l’égoïsme des siens, une occasion d’établir ce qui convenait à la volonté de Dieu ; et au lieu de chercher à s’enrichir par le moyen du butin qui lui est échu, il s’en sert pour maintenir des relations de bienveillance avec les anciens de son peuple, et leur prouver que l’Éternel est encore avec lui.

Chapitre 31. — Nous avons le récit de la mort solennelle de Saül et même de Jonathan, qui clôt, par la défaite totale des Israélites, cette touchante histoire. Toute l’histoire de Saül et de sa famille, en tant que suscité pour combattre les Philistins, est terminée. Saül et ses fils tombent entre leurs mains ; ils sont décapités, leurs armes envoyées en triomphe dans les temples de leurs dieux, et leurs corps suspendus sur les murs de Beth-Shan. Triste fin, et telle que sera toujours celle de la chair dans des combats de Dieu.

Retraçons brièvement l’histoire de David. La simplicité de la foi le garde dans la position du devoir et dans le contentement, sans désir de sortir de cette position, parce que l’approbation de Dieu lui suffit. Là, par conséquent, il compte sur le secours de Dieu, comme lui étant parfaitement assuré ; il agit selon la force de l’Éternel. Le lion et l’ours sont terrassés par son bras d’enfant. Pourquoi pas, si Dieu était avec lui ? Il suit Saül avec une égale simplicité, puisqu’il retourne au soin de ses brebis avec le même contentement. Là, en secret, il avait compris par la foi que l’Éternel était avec Israël ; il avait compris la nature et la force de cette relation. Il voit dans l’état d’Israël quelque chose qui ne répond pas à cette relation ; mais quant à lui, sa foi s’en tient à la fidélité de Dieu. Un Philistin incirconcis tombe comme le lion était tombé. Il sert Saül comme musicien avec la même simplicité qu’auparavant, et soit auprès de lui, soit lorsque Saül l’envoie comme chef de millier, il fait preuve de valeur. Il se soumet aux ordres du roi.

Enfin le roi le chasse, mais il est toujours dans la position de la foi. Ce ne sont guère plus des faits d’armes, mais le discernement de ce qui convenait, lorsque la puissance spirituelle était en lui, et l’autorité divine extérieure en d’autres mains. C’était la même position que celle de Jésus en Israël. David ne manque pas dans cette position, les difficultés ne faisant que mieux ressortir toute la beauté de la grâce de Dieu et les fruits de l’œuvre de l’Esprit, en même temps qu’elles développent d’une manière toute particulière les affections spirituelles et les relations intimes avec Dieu, sa seule ressource. C’est spécialement ce qui a donné lieu aux Psaumes. La foi suffit pour lui faire traverser toutes les difficultés de sa position, et c’est là qu’elle déploie toutes ses beautés et toutes ses grâces. La noblesse de caractère que la foi prête à l’homme, et qui est le reflet du caractère de Dieu, produit dans les âmes les plus endurcies, même chez celles qui, ayant abandonné Dieu, ont été abandonnées de lui (état où le péché, l’égoïsme et le désespoir s’unissent pour endurcir), des sentiments d’affection naturelle, les remords d’une nature qui se réveille sous l’influence de quelque chose qui est supérieur à sa méchanceté, qui jette sa lumière (pénible, parce qu’elle n’est que momentanée et impuissante), sur les ténèbres qui enveloppent le malheureux pécheur qui ne veut pas de Dieu. C’est parce que la foi se tient assez près de Dieu pour être au-dessus du mal, qu’elle soustrait la nature elle-même à la puissance du mal, quoique la nature n’ait point elle-même la puissance de se dominer. Mais Dieu est avec la foi ; aussi la foi respecte tout ce que Dieu respecte, et revêt celui qui porte quelque chose de Dieu, du respect dû à ce qui Lui appartient, et qui rappelle Dieu au cœur avec l’affection que la foi entretient pour Lui, et porte à tout ce qui est de Lui ou s’y rapporte. C’est ce qu’on voit toujours en Jésus, et partout où Son Esprit se trouve ; et c’est ce qui donne tant de beauté, tant d’élévation à la foi, qui s’ennoblit de la noblesse de Dieu en reconnaissant ce qui, en vertu de sa relation avec Lui, est noble à ses yeux, quels que soient l’iniquité et l’avilissement de ceux qui sont revêtus de cette dignité. La foi agit de la part de Dieu et Le révèle au milieu des circonstances, au lieu d’être gouvernée par elles. Sa supériorité sur ce qui l’entoure est évidente. Quel repos de la voir, au milieu de la fange de ce pauvre monde !

Mais, bien que la foi, dans la position où elle nous place dans ce monde, suffise à tout ce que nous y rencontrons, hélas ! la communion avec Dieu n’est pas parfaite en nous. Au lieu de faire notre devoir, quel qu’il soit, sans nous lasser, parce que Dieu est avec nous, et lorsque nous avons tué le lion, d’être prêts à tuer l’ours et par cela même plus prêts encore à nous débarrasser de Goliath, voici que, quand la foi devrait être fortifiée par les victoires, la nature se lasse des combats ; nous sortons de la position normale de la foi pour nous avilir et nous déshonorer. Quelle différence entre David qui, par les fruits de la grâce, fait pleurer Saül, en rouvrant, du moins pour un moment, les canaux de ses affections, et David incapable d’élever sa main contre les Philistins qu’il avait si souvent défaits, et se vantant d’être prêt à combattre contre Israël et Saül qu’il avait épargné !

Mes frères, gardons-nous dans la position de la foi, plus difficile en apparence, mais où Dieu se trouve, et où la grâce, seule chose précieuse dans ce monde, fleurit et lie le cœur à Dieu par mille liens d’affection et de reconnaissance, comme à Celui qui nous a connus, et s’est abaissé à nos besoins et aux soupirs de nos cœurs. La foi donne de l’énergie, la foi donne de la patience, et souvent c’est ainsi que les affections les plus précieuses se développent, affections qui, si l’énergie de la foi fait de nous des serviteurs sur la terre, rendent le ciel même heureux, parce que Celui qui est l’objet de la foi se trouve dans le ciel et le remplit de Sa présence devant le Père.

La nature nous donne de l’impatience à l’égard des circonstances, parce que nous ne réalisons pas assez Dieu, et elle nous entraîne dans des situations où il est impossible de Le glorifier. D’un autre côté, il est bon de remarquer que c’est lorsque l’homme a complètement manqué, lorsque la foi de David lui-même a défailli et qu’il s’est jeté parmi les Philistins en s’éloignant d’Israël, que Dieu lui a donné la royauté. La grâce est au-dessus de toutes les fautes. Il faut que Dieu se glorifie Lui-même en ceux qui sont siens.



  1. Bien entendu à l’égard de Son peuple croyant.
  2. Il y a une légère différence entre la sacrificature de Christ et Son office d’Avocat (1 Jean 2). La sacrificature consiste en la présence de Christ devant Dieu pour nous ; mais cette présence est la perfection quant à notre position devant Dieu. La sacrificature, dans son exercice journalier, ne se rapporte donc pas au péché, mais à la miséricorde et à la grâce pour que nous ayons du secours au moment opportun. Nous entrons en pleine liberté dans le lieu très saint. L’office d’avocat s’exerce à notre égard quand nous avons péché, parce qu’il est question en 1 Jean de communion et que celle-ci est complètement interrompue par le péché.
  3. Remarquez le contraste de ce cas-ci avec celui d’Acan, bien qu’il y eût du péché dans ce dernier. Le péché est reconnu, jugé en détail, quoique le peuple soit châtié.
  4. Comparez les psaumes 78, 60, 61, et 132. L’arche est en rapport avec Sion, siège de la grâce royale. Salomon seul a pu bâtir la maison, comme étant l’homme de paix.
  5. Voyez 2 Samuel 14, 14.
  6. C’est-à-dire des holocaustes et des sacrifices dits de prospérité. Ceci est remarquable. Ce n’étaient pas des sacrifices pour le péché, mais des sacrifices qui reconnaissaient la relation existant entre le peuple et Dieu. — Christ seul, nous l’avons vu ailleurs, est le vrai holocauste.
  7. Le Dieu qui lui avait dit, au jour de sa détresse, lorsqu’il était chassé de devant celui qui le haïssait, qu’Il ne l’abandonnerait pas.
  8. Aussi était-ce l’Esprit de prophétie, l’Esprit qui agissait en bénédiction, et signalait comment Dieu était présent et ce à quoi Saül devait avoir recours ; lors même — oui, parce que — la montagne de Dieu, le siège public de Son autorité en Israël était tombé entre les mains de l’ennemi du vrai peuple de Dieu. Cette scène représente l’état général du peuple.
  9. Voyez les mêmes preuves de foi dans le cas de David en présence de Goliath.
  10. Ceci est d’autant plus remarquable, que l’Esprit appelle ceux qui étaient avec Saül et Jonathan, les Israélites. C’est ce qui donne une force spéciale au mot : Hébreux, partout où il se trouve. Dieu ne refuse pas le nom d’Israélites aux plus timides d’entre le peuple (13, 6), mais Il le refuse à ceux qui se joignent aux Philistins. L’idée du lien entre le peuple et Dieu était perdue. C’était une nation comme une autre.
  11. Cet usage inintelligent des Psaumes a cependant eu pour résultat de rabaisser des âmes pieuses au-dessous des privilèges chrétiens. On ne trouve jamais dans les Psaumes la relation d’enfant avec le Père, ni les sentiments spirituels produits par la conscience de cette relation. Ce mot lui-même peut y être employé en guise de comparaison, mais la relation n’y est jamais reconnue, et ne pouvait l’être.
  12. De fait, lorsque la sacrificature avait été jugée, il ne restait pour la foi qui saisissait la pensée de Dieu, que Samuel le prophète, et le roi donné de Dieu, David ; c’est ce qu’Abigaïl comprend. L’Église devrait penser selon la pensée même de Dieu, en dépit de ce qui existe. Elle ne tient pas compte de Saül. Samuel est mort ; c’est David qui maintenant est tout à ses yeux. La loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean. Dès lors, le royaume des cieux est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer. Où étaient les souverains sacrificateurs et toute leur compagnie ? Toutefois, le Seigneur se soumettait à eux comme à une ordonnance, comme David à Saül.