Messager Évangélique:Explication de passages (mars 1863)
Notre frère E.M. de M.-G. (Haute-Loire) nous demande comment on peut concilier cette déclaration de 1 Timothée 6, 16 : « lequel [Dieu] habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu ni ne peut voir » — avec des passages tels que Matthieu 5, 8 : « Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car ils verront Dieu », et Apocalypse 22, 4 : « Ils verront sa face ». — À quoi l’on peut répondre, je pense, qu’il est peut-être une lumière et une gloire du « bienheureux et seul Souverain » inaccessible à tout œil humain ; mais que, peut-être aussi, on peut entendre ici les mots « aucun des hommes » dans le sens d’hommes naturels. Les hommes, dans ce passage, comme dans Hébreux 9, 27, seraient mentionnés en contraste avec les croyants, les enfants de Dieu, ceux qui attendent Jésus et qui ont une part avec Lui. Quant à « voir Dieu » dans Matthieu 5, cela peut s’entendre par : jouir de Sa proximité, de Sa présence, de Sa faveur. Comparez, pour la portée juive de ce verset, Psaumes 24, 3-6 ; 73, 1. Voir la face de Dieu désigne un privilège spécial de félicité et de gloire. Jésus dit que « dans les cieux, les anges des petits, voient continuellement la face de son Père » (Matt. 18, 10). David louait Dieu, en disant : « Tu m’as fait connaître les chemins de la vie, tu me rempliras de joie par ta face » (litt.) (Act. 2, 28). Puis le mot grec, qui signifie face ou figure, est souvent rendu par présence. Ainsi, Actes 3, 20 : « Les temps de rafraîchissement viendront par la face (litt.) du Seigneur » ; Hébreux 9, 24 : « Christ paraît maintenant pour nous devant la face de Dieu » ; Actes 5, 41 : « de devant le sanhédrin », litt. : de la face du sanhédrin. Apocalypse 22, 4 est un contraste avec 2 Thessaloniciens 1, 9, qui montre les méchants punis d’une perdition éternelle, loin de devant la face du Seigneur. Jéhovah Lui-même dit à Moïse : « Tu ne pourras pas voir ma face ; car nul homme ne peut me voir et vivre » (Ex. 33, 20 ; cf. Jug. 6, 22, 23 ; Gen. 32, 30) ; et cependant il est dit que « l’Éternel parlait à Moïse face à face » (Ex. 33, 11) ; et cependant c’était le désir des saints de l’Ancien Testament et c’est l’espérance du résidu de voir la face de Dieu ; voyez, entre beaucoup d’autres passages : Psaumes 17, 15 ; 42, 2. Ce qui était une mort pour l’homme dans la chair, devient la bienheureuse prérogative de celui qui est sous la grâce et en Christ. Quand la perfection sera venue, « nous verrons face à face » (1 Cor. 13, 12).
Enfin Jésus a dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9). Dès maintenant, nous pouvons nous appliquer cette déclaration de l’apôtre : « Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, comme par le Seigneur en esprit ». Et encore : « Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres, qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu en la face de Jésus Christ » (2 Cor. 3, 18 ; 4, 6). Si c’est une grâce que nous possédons dès à présent, à plus forte raison sera-ce notre glorieux privilège dans le ciel : là aussi, sans aucun milieu obscur, la connaissance de la gloire de Dieu resplendira éternellement pour nous en la face de Jésus Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles !