Livre:La sympathie chrétienne/Genèse 22

De mipe
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Deux choses se font particulièrement remarquer dans cette partie si touchante des Écritures : 1° le motif qui engagea Dieu à éprouver Abraham et la manière dont Il le fit ; 2° l’esprit dans lequel Abraham reçut cette épreuve. Abraham avait souvent parlé à Dieu de son amour, et tout ce qu’il en avait dit était parfaitement sincère ; mais Dieu est un Dieu jaloux, des paroles ne Lui suffisent pas. La foi doit être mise à l’épreuve, et la question : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » se fait sans cesse entendre. Avant d’être éprouvés, nous ne pouvons comprendre combien notre foi est petite. Il faut qu’elle soit mise dans la balance avec ce qu’il y a de plus cher à nos cœurs. La fournaise doit être chauffée en proportion de l’augmentation de notre foi. Est-ce parce que Dieu prend plaisir à affliger Ses enfants ? Oh ! non ; mais l’épreuve de notre foi la fortifie et en consume l’écume. Cette épreuve est précieuse devant Dieu, plus précieuse même que l’or ; c’est Sa richesse, c’est Son trésor, et il Lui est extrêmement doux d’entendre Son enfant Lui dire : « Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime ». Nous ne pouvons nous faire une idée exacte de l’intérêt que chaque épreuve de foi inspire dans le monde invisible ; nous connaîtrons plus tard que ces afflictions, qui sont appelées légères, ne sont pas seulement précieuses maintenant, mais qu’elles seront à l’honneur et à la gloire de Jésus dans le jour de Son apparition. Abraham était le père des croyants, et puisqu’il devait être un modèle pour ceux qui croiraient après lui, il fallait qu’il y eût une manifestation de sa foi digne de Son nom. Si nous n’avions à abandonner pour Christ que des objets sans valeur, ou de peu de valeur, les païens mêmes ne pourraient-ils pas en faire autant ? Rappelons-nous cela dans chaque circonstance douloureuse que la providence nous envoie. L’épreuve ne nous dit pas que l’amour de Dieu ait changé, mais elle est un messager qui vient directement du trône jusqu’à nos cœurs, un esprit administrateur envoyé aux héritiers du salut ; Dieu nous dit par elle : Je vous sonderai maintenant, je me ferai entendre jusque dans le plus profond de votre cœur, de manière à être compris ; seriez-vous prêts à dire : J’aurais supporté toute autre chose plutôt que celle-ci ? Oh ! souvenons-nous que Dieu ne peut pas nous donner un plus grand signe de Son approbation que de chauffer la fournaise au plus haut degré. Par là Il nous dit : « Ta foi est grande ». Les petites fournaises sont pour la petite foi ; les affections terrestres mêmes gagnent à être mises à l’épreuve, et c’est avec joie que nous saisissons les occasions de prouver la réalité de notre amour. Combien Isaac devait être cher à Abraham à qui Dieu avait donné ce fils après cent ans de désir ! Si la mort vient à l’atteindre, toutes les promesses faites à Abraham et au monde seront ensevelies avec lui. Abraham s’était habitué à le considérer comme son trésor particulier ; non seulement comme un fils bien-aimé, mais encore comme un signe de la faveur de son Dieu.

S’il éprouva un vif chagrin lorsqu’il dut chasser Ismaël, quelle ne dut pas être sa douleur lorsqu’il fut appelé à immoler Isaac ! Il y avait longtemps qu’il jouissait d’Isaac qui était arrivé à l’âge où la perte d’un fils est ordinairement très douloureuse, lorsque Dieu décida de mettre à l’épreuve la foi de ce père des croyants pour connaître si elle chancellerait, ou si elle Lui donnerait gloire. Souvent il nous semble que nous n’apprécions un don qu’à cause du donateur, mais nous pensons bien autrement lorsque Dieu nous manifeste ce que nous sommes en nous demandant le sacrifice du don. Oh ! calculons la dépense quand nous disons que nous croyons ; le sens de ce mot est profond dans le dictionnaire de Dieu. Paul, dans sa foi, était prêt à agir, mais Dieu dit : « Je lui montrerai combien il faut qu’il souffre pour mon nom ». Il en a été ainsi dès le commencement ; nous ne voudrions pas être exempts de cette épreuve dont toute l’Église est participante ; nous ne voudrions pas que Dieu fût indifférent à l’égard de notre amour au point de ne jamais nous demander ce qu’il est, ou de ne jamais nous en demander la preuve. Avec quelle compassion Il s’approche d’Abraham ! N’est-ce pas avec toute la tendresse d’un père qui savait quelle grande plaie Il allait faire dans un cœur qu’Il aimait ? Et n’en est-il pas de même relativement à nous ? Avec quelle douceur Il nous apporte un message pénible ! Abraham, j’ai quelque chose à te dire ; Je t’ai appelé par ton nom ; tu es à moi ! Après l’avoir en quelque sorte attiré dans le désert, Il lui dit : « Viens, débattons nos droits, et je te parlerai selon ton cœur ».

Versets 1 et 2. Tout, dans les paroles de ce commandement, est calculé pour exciter la sensibilité d’Abraham ; il ne voit rien au-delà ; il n’entend que ces mots : Prends maintenant ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; et cependant Dieu lui avait dit, chapitre 17, 19 : « Certainement Sara ta femme t’enfantera un fils, et tu appelleras son nom Isaac, et j’établirai mon alliance avec lui pour être une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui ».

Verset 3. Abraham se lève de bon matin, sans hésitation, sans perdre son temps à murmurer ou à faire des questions. L’obéissance de la foi est simple et immédiate. Abraham obéit parce que Dieu a commandé. « Je me suis hâté, je n’ai point différé à garder tes commandements ». Sa foi nous montre que rien n’est trop difficile pour l’amour, et que l’amour est plus fort que le lien le plus étroit et le plus cher. La chair murmure, la volonté propre se dépite, l’égoïsme se révolte ; mais la foi regarde en haut d’où viendra la force promise ; c’est ainsi qu’elle remporte la victoire et impose silence au cœur, car Dieu a dit : « Cessez, et connaissez que je suis Dieu ». Pourrions-nous voir Abraham bâter son âne, partir de bon matin, marcher pendant trois jours avec le couteau en sa main, jeter un dernier regard sur son Isaac, sans comprendre combien sont heureux ceux qui sont jugés dignes de passer par de telles épreuves ? La croix est le seul chemin pour arriver à la gloire ; les choses qui nous sont les plus chères sont celles que Dieu nous demande ; toute plante doit sécher, tout bâton doit être brisé, et tout appui humain doit disparaître.

Versets 5 et 6. Tandis que nous nous transportons avec Abraham sur la montagne et que nous cherchons à entrer dans ses sentiments, n’oublions pas qu’en tout ceci il y a une figure (Héb. 11, 19). L’amour du Père est l’origine de toute l’œuvre de Christ, et l’amour du Fils ne doit point être considéré comme ayant apaisé la colère du Père. Le Père a volontairement déchargé Sa colère sur le Fils, et Celui-ci a pu dire, en face de la souffrance : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, et de consommer son œuvre ». « L’Éternel a fait venir sur lui l’iniquité de nous tous » ; il a plu à Dieu de le briser, et Abraham devait être, dans son épreuve sans pareille, un modèle de foi jusqu’à la fin des temps. En lui Dieu semble nous dire : Voyez mon amour ; car « Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique ». Ce même genre d’épreuve est décrit d’une manière touchante dans Juges 11, 30 et suivants. Nous lisons dans 1 Jean 4, 9 et 10 : « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. C’est en ceci qu’est l’amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais que lui nous ait aimés, et qu’Il ait envoyé son Fils en propitiation pour nos péchés ».

Ici nous voyons que le sacrifice de Dieu en donnant Son Fils était tout ce que la pensée divine pouvait imaginer de plus grand. Dieu semble avoir voulu nous soutenir dans toutes nos tribulations d’ici-bas, en nous faisant saisir Son amour comme incorporé en Abraham qu’Il a placé devant nous comme père des croyants et modèle de notre foi. Il a aussi voulu que nous fussions assurés qu’avec Son Fils Il nous donnera toutes choses ; et maintenant Il attend notre amour et notre gratitude, car Il ne demande pas notre premier-né pour notre crime. L’expiation ayant été faite pour nous au prix de l’amour manifesté en Abraham, « Il requiert de nous que nous aimions la bénignité, et que nous marchions en toute humilité avec notre Dieu » (Mich. 6). Le feu et le couteau étaient dans la main du Père, quand Ils montaient ensemble au Calvaire. Les pensées éternelles du Père et du Fils avaient alors leur accomplissement ; les enfants des hommes considéraient les choses étonnantes qui se passaient, mais ils étaient aussi peu capables de les comprendre, que les serviteurs qui demeurèrent avec l’âne ne l’étaient de comprendre ce qui se passait entre Abraham et Isaac ; ce qu’ils voyaient alors devait leur paraître aussi étranger à la miséricorde que contraire au bon sens. Abraham rejeta tout fardeau, ne fit aucune question, ne regarda à aucune conséquence, ne dit point : Comment supporterai-je l’épreuve ? Mais « Il fournit par la patience sa course dans le combat qui était devant lui, en attachant ses yeux sur Jésus ». C’était une course difficile, mais il devait la fournir ; quelle que fût son angoisse, il allait en avant, en rejetant loin de lui tout ce qui aurait pu l’empêcher d’avancer ou le faire chanceler dans sa résolution.

Il fournissait la course de la foi. On l’aurait pris pour un homme sans affection naturelle, bien plutôt même pour un fou. Ceci nous montre qu’il ne faut pas juger par l’intelligence seulement. La croix est une folie pour celui qui ne fait que la contempler. En Isaac nous avons aussi une vue de la majesté de cet amour avec lequel Jésus fortifia Sa face pour aller à Jérusalem, et avec lequel Il tança Pierre en lui disant : « Tu m’es en occasion de chute », parce qu’il voulait Le détourner de la croix. Nous voyons en effet Jésus demeurer dans une soumission parfaite à la volonté de Son Père, sans être en aucune manière ébranlé par les contradictions et l’ingratitude des hommes, ou par Ses propres sentiments. La vengeance de Dieu affligeait Son âme juste, et c’était avec un amour tout rempli de compassion qu’Il supportait la malignité de l’homme. Que le sacrifice d’Abraham nous rappelle toujours Jésus portant Sa croix et montant au Calvaire !

Verset 7. Ici nous voyons le caractère d’un enfant. Il y a une certaine ressemblance entre un enfant et un serviteur. L’un et l’autre doivent obéir et non pas faire des plans, raisonner ou diriger ; mais il y a aussi entre eux une grande différence qui consiste en ce que l’enfant a le privilège de demander à son père les raisons d’un ordre, tout en se souvenant que le père a le droit de refuser de les donner, sans que pour cela l’obligation de l’obéissance soit en aucune manière diminuée. On voit toute la confiance d’Isaac dans ces deux seuls mots : « Mon père ! » qui, tout en interrompant le silence d’Abraham, durent déchirer profondément son cœur paternel ; aussi semble-t-il avoir eu à peine le courage de répondre.

Verset 8. Mais sa réponse cependant contient beaucoup de choses, probablement plus qu’il ne le pensait. Remarquons cette expression : « Dieu se pourvoira lui-même ». En effet, Il s’est pourvu Lui-même, et c’est ce qui fait toute notre sécurité ; Il s’est pourvu de Jésus qui est appelé l’agneau de Dieu ; Il ne L’a point épargné, mais Il L’a couché sur l’autel de Sa propre main, et L’a sacrifié ; Il a fait tout cela afin que nous eussions la vie. Si Abraham eût écouté la chair, il aurait dit : « Que vont devenir les promesses ? Comment toute la terre sera-t-elle bénie en ma semence, si Isaac est ôté ? ». Mais il ne parle que le langage de la foi, et il dit : « Dieu se pourvoira lui-même de bête pour l’holocauste ». Confions-nous en Dieu pour l’accomplissement de Ses promesses, et obéissons. La chair ne cesse de faire des questions que Dieu ne peut entendre, mais la foi répond que Dieu est puissant pour accomplir ce qu’Il a promis. Le commandement qui fut donné à Abraham n’aurait pu être plus contraire à la promesse qui lui avait été faite ; mais c’est ce qui donna lieu à sa foi. Agir quand tout est clair pour les sens, c’est agir par le sentiment et non par la foi ; agir en se fondant sur la Parole de Dieu, c’est agir avec foi ; nous ne considérons point assez cela dans notre vie et dans nos difficultés de chaque jour. Il est inutile que nous cherchions à amener l’accomplissement des prophéties ou des promesses de Dieu, car nous ne comprenons pas Ses voies. Il donne exécution aux desseins de Son cœur par les moyens qui paraissent les plus contraires. Notre prudence consiste à Lui laisser le soin de ce qui Le concerne, car Lui seul connaît le commencement et la fin de toutes choses. Ne gâtons pas Son œuvre, mais sachons nous soumettre. Comme fils, nous pouvons demander de comprendre la volonté de notre Père, mais Il ne nous appelle jamais à penser pour Lui. A-t-Il jamais manqué à Sa Parole ? Ne nous a-t-Il pas donné « l’agneau sans défaut et sans tache, préconnu avant la fondation du monde » ? « Christ mourut dans le temps pour des impies ». C’est comme l’agneau de Dieu qu’Il paraît au milieu du trône, tandis que des myriades de myriades et des milliers de milliers ne cessent de dire à grande voix : « Digne est l’agneau qui a été égorgé de recevoir la puissance, et la richesse, et la sagesse, et la force, et l’honneur, et la gloire, et la bénédiction ! ». Comme je l’ai déjà dit, cette transaction nous montre l’amour du Père, comme l’œuvre de la rédemption nous présente l’amour du Fils, et l’un et l’autre sont proclamés dans les versets 4 et 6 du chapitre 53 d’Ésaïe. Les versets 7, 9, 12 s’accordent avec de que Jésus dit, Jean 10, 18 : « Personne ne me l’ôte, mais je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre ». Il s’est humilié Lui-même ; Il s’est laissé lier par les hommes, quoiqu’ils n’eussent aucun pouvoir sur Lui ; comme Samson, Il aurait pu rompre leurs liens, et cependant Il fut lié, emmené et livré à Ponce Pilate, le gouverneur. « Il est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix », parce qu’il avait reçu ce commandement de Son Père.

Versets 9 et 10. Abraham bâtit l’autel, il rangea le bois, il lia Isaac son fils, il le mit sur l’autel au-dessus du bois, puis, avançant sa main, il se saisit du couteau pour égorger son fils. C’est par cela que la foi d’Abraham fut rendue parfaite ; l’acte était considéré comme accompli quand il prit le couteau et qu’il étendit sa main. Il n’était pas comme ceux qui se bornent à dire qu’ils ont la foi (voyez Jacq. 2, 21).

Quand l’homme sent qu’il n’a plus de ressource, c’est pour Dieu le moment d’agir ; Il connaît quand nos âmes sont dans l’adversité ; Il est un secours puissant dans le temps de l’épreuve ; quand nul ne peut ni nous entendre ni nous secourir, Jésus s’approche, Il étend les bras de Ses consolations, et Il nous serre sur Son cœur (voyez Jean 9, 34, 35. Voyez aussi l’exemple d’Agar, Gen. 16 et 21). Son affliction était la suite de son péché ; elle avait semé le vent, et il était juste qu’elle recueillît le tourbillon ; elle avait semé sur un lit de pierres, et elle ne pouvait attendre autre chose qu’une moisson de soucis. Cependant le Seigneur vient au-devant d’elle avec une promesse, Lui dont les promesses sont si efficaces pour porter la guérison dans le cœur de ceux qui souffrent. Il en fut ainsi dans le cas d’Abraham ; il se voyait entouré de circonstances propres à anéantir sa foi ; il ne savait comment sortir de sa détresse, mais il savait aussi que son Dieu se souvenait de lui ; il comptait sur la délivrance pour le moment précis du besoin, et les compassions de Dieu attendaient de se manifester, tandis qu’il semblait qu’il n’y avait au ciel qu’indifférence. Abraham marcha pendant trois jours, laissé seul à ses douleurs et à ses angoisses ; mais l’œil du Seigneur était sur ce juste, et ce fut par ses œuvres que sa foi fut rendue parfaite. Cette épreuve fut comme un messager envoyé à l’héritier de la promesse ; au commandement de Dieu elle vint, au commandement de Dieu elle s’évanouit. Le couteau allait frapper, mais au commandement du Seigneur la douleur et le gémissement s’enfuirent. Que ceci nous apprenne à juger de ce qui est réellement bien ou mal ; une chose peut paraître mauvaise dans un moment et se montrer bonne bientôt après.

Verset 14. « Et Abraham appela le nom de ce lieu-là l’Éternel y pourvoira » ; l’Éternel y pourvoira sur cette montagne, ou dans nos détresses. Le nom même de cette montagne était peut-être destiné à rappeler que Dieu se pourvoirait Lui-même d’une victime pour l’holocauste. Nous pouvons voir des exemples de détresses extrêmes dans 2 Corinthiens 1, 8, 10 ; Daniel 3, 17 ; Psaume 22, 15. On avait la coutume de donner des noms à certains lieux en souvenir d’un secours reçu dans le temps du besoin. (Gen. 16, 13, 14) « Tu es le Dieu fort de vision ». « Le puits du vivant qui me voit ». (Ex. 17, 15) « L’Éternel mon enseigne ». (1 Sam. 7, 12) « Ében-Ézer », la pierre de secours. Il nous paraît étrange de voir un homme de Dieu attacher quelque valeur à des honneurs ou à des richesses de ce monde, quand Dieu dit que tout cela est mauvais ; mais serions-nous moins surpris de trouver un homme de Dieu accablé sous l’épreuve, quand Dieu dit qu’elle est bonne ? Si nous croyons, ne l’accueillerons-nous pas avec joie, ne la serrerons-nous pas contre notre sein comme une marque de Son amour ? Quand nous nous trouverons, selon notre attente, au milieu de la grande multitude de ceux qui seront venus de la grande tribulation, ne serons-nous pas heureux d’avoir porté ce signe particulier à la famille de Dieu ? Quand nous arriverons au terme de la vie, et que nous jetterons un coup d’œil sur le passé, ne sera-ce pas au travers de l’épreuve que nous pourrons comprendre avec le plus de clarté le nom de fils auquel se rattache toute bénédiction (Héb. 12, 7) ! Acceptons la tribulation comme une faveur dont nous sommes entièrement indignes. « Si vous êtes exempts d’une correction dont tous sont participants, vous êtes donc des bâtards, et non des fils ». Oh ! bénissons Dieu de ce qu’Il ne nous a pas traités comme l’auraient mérité nos cœurs rebelles, et de ce qu’Il n’a pas dit : « Laissez-les ». Pour que nous soyons capables de fournir la course de la foi, il faut que, comme Abraham, nous rejetions tout fardeau de péché. Une résolution sainte et ferme contribuera beaucoup à nous soutenir dans notre course. Souvent nous voyons des filets devant nous dans notre sentier, quoiqu’il soit écrit : « C’est sans sujet que le rets est étendu devant les yeux de tout ce qui a des ailes » ; et cependant nous surpassons tellement en folie même les bêtes des champs et les oiseaux de l’air, que nous courons les yeux ouverts dans nos pièges favoris, quoique bien décidés peut-être à ne pas nous y laisser prendre.

Notre faiblesse actuelle ne détruit pas notre confiance dans une force à venir, jusqu’à ce que nos pieds se trouvent embarrassés, que notre course soit arrêtée, et que nous découvrions trop tard que le Dieu de notre force a refusé de nous accompagner dans le piège. Nous L’avons laissé derrière nous, aussi nous trouvons-nous seuls en face de l’ennemi. Oh ! si nous étions sages ! Oh ! si nous prenions une sainte résolution de nous détourner de l’abîme dans lequel notre faiblesse nous a fait tomber tant de fois, et dans lequel notre foi a été si près de se perdre ! Le sage dit, en parlant de la tentation : « Détourne-t’en, ne passe point par là, éloigne-t’en, et passe outre ». N’ayons aucune communication avec l’ancien serpent, car ses arguments sont des plus spécieux ; résistons-lui ou prenons la fuite. N’écoutons pas la voix de ce « charmeur fort expert en charmes » ; faisons en sorte que rien n’empêche notre course, n’affaiblisse notre foi, ou n’entrave notre obéissance. Soyons de bonne foi avec nous-mêmes, et ayons du zèle pour Dieu. Ne faisons provision d’aucun vêtement de Babylone, quelque précieux qu’il soit. Sanctifions-nous, car s’il y a quelque interdit caché dans nos cœurs, nous ne pourrons subsister au jour de l’épreuve. Nous perdons beaucoup de temps, parce que pour chaque vérité nous avons besoin de leçons réitérées ; tandis que nous devrions être sages, nous sommes encore insensés.

Cette portion des Écritures nous apprend aussi combien peu il y a de vie dans notre foi, aussi longtemps qu’elle n’a pas été appelée à l’action. Notre foi peut être pleine et notre amour ardent, et cependant il faut que nous passions par beaucoup d’épreuves pour aimer réellement ce que nous croyons. Dieu exige bien des preuves de notre amour avant de se confier en nous comme en des amis. Abraham en fit l’expérience, mais quand il fut prêt à ne point épargner son fils, son unique, il fut appelé l’ami de Dieu. C’est alors que Dieu s’élève avec la santé dans Ses ailes au-dessus de l’âme qui a été ainsi soumise à Sa volonté, et qu’en entrant avec elle dans l’intimité la plus étroite, Il se loge en elle, et lui dit : « Je suis ton bouclier et ta grande récompense ». C’est alors que nous considérons comme autant d’occasions de bénédiction, toutes les opérations de Son amour par lesquelles Il rend notre foi parfaite, quelle que puisse être notre souffrance. C’est aussi ce dont Abraham dut faire l’expérience. En lui, nous voyons avec évidence qu’aucune tentation n’éprouvera le serviteur du Seigneur au-delà de ce qu’il peut, mais qu’avec la tentation il y aura une issue, pour qu’il puisse tout supporter. Dieu connaît exactement le moment favorable pour secourir Son enfant ; Il y consacre quelquefois un temps prolongé, témoin les trois jours d’Abraham. Les circonstances aggravent quelquefois beaucoup notre épreuve, car Il est pour nous comme un chirurgien qui, ne voulant pas panser une blessure à la légère, doit pénétrer jusqu’au fond, en faisant souvent usage d’un instrument tranchant. Il ne fait pas Son œuvre à moitié ; elle est toujours parfaite. Quelquefois Son enfant pourrait se croire le but contre lequel Il tire Ses flèches, tant elles se succèdent rapidement les unes aux autres jusqu’à presque l’accabler. C’est alors qu’il s’écrie : Poursuivras-tu un vermisseau jusqu’à la mort ? Mais la Parole répond : « L’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de ses serviteurs, quand Il verra que la force s’en sera allée » (Deut. 32, 36). C’est là Sa voie, et ce sera encore Sa voie, parce que « ses compassions n’ont point défailli ». S’Il nous visite, s’Il nous abaisse, c’est afin que nous soyons rendus capables de recevoir le bonheur qu’Il nous a préparé. Telle a été Sa voie à l’égard de Son peuple d’Israël, au milieu duquel Il a particulièrement manifesté ce qu’est Sa providence (Mich. 4, 10). Nous pouvons contempler l’Agneau de Dieu dans cette portion des Écritures aussi bien que dans toute autre. Que le Père de la gloire nous donne pour cela un esprit de sagesse et de révélation dans Sa connaissance ! Attachons nos yeux sur Jésus ; Il a dépouillé nos souffrances de toute malédiction et de toute colère, quoique nous puissions être appelés à passer par la fournaise la plus ardente. C’est l’amour du Tout-puissant qui prépare le creuset, non pas pour nous faire du mal, mais pour nous éprouver et pour nous manifester l’excellence de cette foi qui est Son propre don. Il voudrais que nous sussions bien que la foi est invincible quand elle se repose sur Sa Parole éprouvée. Il voudrait que nous pussions dire avec le psalmiste : « Ta Parole est souverainement raffinée, c’est pourquoi ton serviteur l’aime ». La Parole de Dieu fut éprouvée dans le cas d’Abraham, et cette épreuve en manifesta la vérité ; la confiance d’Abraham en fut augmentée, et la nôtre doit l’être aussi, surtout quand nous lisons ces paroles : « Celui qui croit ne sera jamais confus ». Puissions-nous croître chaque jour dans cette foi de notre père Abraham, ainsi que dans l’assurance que nous sommes bien la semence d’Abraham et héritiers selon la promesse ; « nous étant revêtus de Christ, en qui il n’y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni mâle ni femelle, car nous tous sommes un seul dans le Christ Jésus » !