Livre:Étude sur l’épître aux Galates/Chapitre 6, 11-18

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Paul termine sa lettre par un appel touchant aux sentiments des Galates : « Vous voyez quelle longue lettre je vous ai écrite de ma propre main » (v. 11). En considérant le chapitre 4, nous avons déjà rappelé que l’apôtre n’avait pas l’habitude d’écrire ses lettres lui-même ; nous disions aussi que la cause en était probablement une déficience de sa vue. Indépendamment de cela, il est important de remarquer que Paul n’a envoyé aucune de ses lettres inspirées sans l’avoir confirmée comme venant de lui, par des salutations écrites de sa propre main, ou par sa signature. Ce n’étaient pas des lettres ordinaires, comme les hommes en envoient à d’autres hommes, et comme il a pu en écrire lui-même ici et là ou en faire écrire par d’autres, mais c’étaient des manifestations de Dieu, des communications de Son Esprit, qu’Il adressait à des individus ou à des assemblées entières. En un mot, il s’agissait de révélations de Dieu à Ses enfants et à Son peuple — de « saintes lettres » inspirées de Dieu (2 Tim. 3, 15, 16). L’importance de cette attestation saute aux yeux ; mais l’apôtre la relève encore d’une manière toute particulière à la fin de la seconde épître aux Thessaloniciens lorsqu’il dit : « La salutation, de la propre main de moi, Paul ; ce qui est le signe dans chaque lettre : ainsi j’écris » (voir aussi 1 Cor. 16, 21). Remarquons en passant que, dans l’épître aux Romains, l’écrivain employé par Paul donne son nom : « Moi, Tertius, qui ai écrit la lettre » (16, 22).

L’épître aux Galates est donc la seule que Paul ait écrite de sa propre main ; en même temps il rend les destinataires attentifs à la longue lettre qu’il leur avait écrite — ou, comme cela peut aussi être traduit, « avec quelles grandes lettres » il leur a écrit. Pourtant, comparée à plusieurs autres, cette épître devrait être appelée plutôt courte que longue. De quelque manière que l’on traduise ce passage, il indique en tout cas que l’apôtre a éprouvé des difficultés particulières à écrire cette épître. Mais son inquiétude quant aux assemblées de Galatie était si grande, il voyait si menaçant le danger que les fondements de la vérité soient renversés, qu’il ne s’épargnait aucune peine pour avertir les Galates de la manière la plus énergique possible. Il fallait qu’il leur écrive cette longue lettre et il fallait qu’il le fasse lui-même. Combien ce fait était propre « à réveiller leur pure intelligence » et, s’il y avait encore quelques sentiments d’amour dans leur cœur — et il s’en trouvait certainement encore — à stimuler ces sentiments, et à secouer tout leur être intérieur !

Quel contraste entre cet amour et cette fidélité et les sentiments des faux docteurs ! « Tous ceux qui veulent avoir une belle apparence dans la chair, ceux-là vous contraignent à être circoncis, seulement afin qu’ils ne soient pas persécutés à cause de la croix de Christ » (v. 12). Hélas ! le danger de vouloir une belle apparence dans la chair, de rechercher l’approbation des hommes, a été grand de tout temps. Combien vite la corruption a envahi l’église de Christ par cette voie-là, et combien terribles en ont été les conséquences ! Nous les voyons à leur comble effrayant dans la grande prostituée, l’église apostate, « Babylone », caricature satanique de la vraie Église, l’Épouse de l’Agneau (Apoc. 17). Christ, notre Seigneur, a eu Sa place « hors du camp », et à ceux qui Le suivent fidèlement s’adresse l’exhortation : « Sortez du milieu d’elle (Babylone) ! » ou encore : « Sortons vers lui… portant son opprobre ! » (Apoc. 18, 4 ; Héb. 13, 13).

Mais ces docteurs juifs craignaient l’opprobre, ils ne voulaient pas être considérés comme les balayures du monde pour le nom de Christ. C’était la raison profonde pour laquelle ils contraignaient les Galates à être circoncis. Il n’était sans doute jamais venu à l’idée de ces derniers de discerner, dans ces hommes apparemment si zélés, les partisans d’une religion qui fût reconnue et estimée du monde, des hommes craignant la persécution ; ils n’avaient pas pensé à une telle chose. Il en était pourtant ainsi. Être Juif, être en relation avec Jérusalem, le grand centre d’une religion distinguée et vénérée pour son ancienneté, avec un temple somptueux, orné d’offrandes de toutes sortes (les disciples eux-mêmes avaient attiré l’attention du Seigneur sur ses bâtiments magnifiques : Marc 13, 1 ; Luc 21, 5) — il n’y avait pas de honte à cela et cela n’attirait pas de persécution de la part des hommes. Mais devenir les disciples d’un homme qui avait terminé Sa vie sur une croix, auquel Ses semblables avaient donné une place entre deux brigands, prêcher que dans ce crucifié seul se trouvait le salut et la délivrance — voilà ce qui provoquait l’opposition et le mépris de tout le monde respectable. En regard de cela, le judaïsme, une religion qui laissait place à l’homme et à son activité, en un mot à la chair, était vraiment sagesse !

La croix est le solennel point de séparation entre l’ancienne et la nouvelle création, entre la chair et l’Esprit. Elle prononce la sentence de mort sur l’homme dans la chair, qu’il soit religieux ou sans religion, honorable ou malhonnête ; elle donne le coup de grâce à sa prétendue piété et lui montre son entière incapacité et sa nudité devant Dieu. Pour cette raison, il ne pouvait y avoir de plus grande folie pour le Gentil et de plus grand scandale pour le Juif, que la croix. Si d’une part elle couvrait de honte la sagesse du monde, elle enlevait d’autre part tout avantage au Juif, si fier de la loi, des pères et de ses relations extérieures avec Dieu ; elle l’offensait encore beaucoup plus que le Gentil.

La croix met aussi en évidence dans toute sa netteté la ligne de démarcation qui existe entre le monde sous toutes ses formes, et les hommes qui appartiennent à la nouvelle création. Par elle le prince de ce monde a été entièrement défait, par elle un jugement sans ménagement a été prononcé sur le monde lui-même. Elle condamne non seulement le péché dans l’homme, mais aussi tout ce en quoi celui-ci se complaît et en quoi il cherche sa gloire. Nous l’avons déjà laissé entendre, l’homme religieux fera volontiers des sacrifices, même des sacrifices qui lui coûteront ; suivant les circonstances, il sera même prêt à laisser sa vie pour ses convictions, si seulement c’est lui qui le fait. Il n’y a rien de plus douloureux pour lui que de reconnaître qu’il n’est bon à rien, qu’il ne peut être sauvé et vivre que par grâce. Et c’est précisément la signification de la croix. Ce qui est précieux par-dessus tout pour le croyant, c’est-à-dire que le vieil homme a été jugé entièrement et a trouvé sa fin pour toujours dans la mort de Christ, cela, l’homme ne peut pas et ne veut pas l’accepter. Il hait un service religieux qui ne lui donne aucune gloire, mais lui apporte plutôt des souffrances et de l’opprobre.

Comme nous l’avons dit, ces séducteurs ne voulaient pas être persécutés à cause de la croix de Christ. C’est pourquoi ils contraignaient les Galates à joindre la circoncision à la croix. Et même, leurs motifs étaient encore plus vils. « Car ceux-là qui sont circoncis, eux-mêmes ne gardent pas la loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, afin de se glorifier dans votre chair » (v. 13). Ceci nous rappelle une parole que le Seigneur adressa en son temps aux docteurs de la loi et aux pharisiens de Jérusalem : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte » (Matt. 23, 15). Il en était de même de ces gens. Ils voulaient se glorifier dans la chair des Galates, ils voulaient pouvoir dire qu’ils avaient fait tant et tant de prosélytes, qu’ils avaient converti tant et tant d’hommes à leur conviction ou leur religion ; et en même temps ils ne se souciaient nullement de garder toute la loi. L’observation de la circoncision ne devait servir qu’à détourner d’eux l’opprobre de la croix. Quelle absurdité ! Mais ne se passe-t-il pas aussi aujourd’hui assez souvent des choses semblables, bien que sous d’autres formes ?

Qu’en était-il de l’apôtre ? « Qu’il ne m’arrive pas à moi », dit-il, « de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde » (v. 14). Si ces séducteurs cherchaient un chemin dans lequel ils pourraient se soustraire aux souffrances et finalement introduire le monde dans l’Église de Christ, lui se glorifiait en ce qui le séparait pour toujours du monde et qui séparait le monde de lui. Si précédemment il avait parlé de la croix comme libérant le croyant du joug de la loi et de la puissance du péché, il la considère ici comme la cloison inamovible entre lui et le monde. La croix a montré que dans le monde, même dans le monde honorable et religieux, malgré sa belle apparence, il n’y a que vanité et péché, culpabilité et révolte contre Dieu ; mais elle a aussi montré d’autre part ce qu’est Dieu dans Sa justice à l’égard du péché, et dans Son amour envers le pécheur. En même temps c’est là que l’œil de la foi considère Jésus, l’homme selon Dieu, dans Son humilité et Sa grâce, dans Son obéissance envers Dieu, et dans Sa parfaite consécration à Dieu et à l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire. Et ce Jésus que le monde avait cloué sur la croix, Paul L’avait vu sur le chemin de Damas comme le Seigneur de gloire ! Est-il étonnant que dès lors il ne vît plus le monde qu’à la lumière de la croix ? Celui qui avait été pendu là était « son Seigneur Jésus Christ ». Il était tout pour lui, le monde ne lui était rien, moins que rien. Le monde lui était crucifié, il lui était mort et lui était mort au monde. Il est vrai qu’il vivait encore dans le monde, mais seulement pour le parcourir comme un étranger céleste, et pour se glorifier de la croix qui l’avait séparé de lui et placé dans le sentier dans lequel son Seigneur et Sauveur l’avait précédé. Avoir les sentiments qui furent les siens, marcher comme Lui avait marché, porter Son opprobre hors du camp, L’attendre, et loin de toute communion avec le monde, témoigner à celui-ci que Dieu, malgré son inimitié mortelle, l’avait tant aimé qu’Il avait donné Son Fils unique afin que quiconque croirait en Lui ait la vie éternelle — voilà ce qui remplissait le cœur et les pensées de cet homme, c’était là sa vie.

Crucifié avec Christ, il ne vivait plus, lui, mais Christ vivait en lui ; et ce qu’il vivait encore dans la chair, il le vivait dans la foi au Fils de Dieu qui l’avait aimé et s’était livré Lui-même pour lui (2, 20). Quel homme heureux et digne d’envie ! Heureux aussi chacun de ceux qui suivent son exemple aujourd’hui, dans un temps où la tendance est grande de faire toujours plus de concessions au monde, que ce soit dans le domaine religieux, social ou politique !

« Car ni la circoncision, ni l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création » (v. 15). Une fois encore l’apôtre revient sur le fait qu’il a souvent souligné, que devant Dieu la circoncision et l’incirconcision sont absolument sans valeur ; elles ont en effet perdu toute signification dans la nouvelle création où nous avons été transportés. Là, tout est considéré d’un point de vue essentiellement différent, et évalué selon des normes entièrement nouvelles.

« Et à l’égard de tous ceux qui marcheront selon cette règle, paix et miséricorde sur eux et sur l’Israël de Dieu ! » (v. 16). La règle dont parle l’apôtre est la règle de la nouvelle création où l’homme précisément n’est rien, mais où Christ est tout. À tous ceux qui marchent selon cette règle, qu’ils soient circoncis ou incirconcis, il souhaite la paix et la miséricorde ; la paix du cœur et la miséricorde de la part de Dieu. Toutes deux ne manqueront pas sur le chemin de ceux qui marchent selon le Christ Jésus. En eux règne la paix, et Dieu abaisse Son regard sur eux avec une compassion paternelle.

L’adjonction « et sur l’Israël de Dieu » nécessite encore une courte explication. Au terme d’une telle épître, elle est particulièrement significative. À la fin du deuxième chapitre de l’épître aux Romains, Paul déclare que seul est Juif, selon les pensées de Dieu, celui qui l’est au-dedans et que la vraie circoncision est celle du cœur, en esprit, non pas dans la lettre. Dieu veut la réalité, tout ce qui est extérieur est sans valeur devant Lui. Celui donc, parmi les enfants d’Israël, qui avait reçu cette circoncision du cœur et qui, avec l’apôtre, se glorifiait en la croix de Christ, celui-ci appartenait à l’Israël de Dieu, le véritable Israël, qui ne se composait que de ceux qui par la foi étaient entrés dans une vraie relation vitale avec Christ. Toutefois, dans un sens plus large, tous les autres croyants faisaient aussi partie de cet Israël de Dieu, pour autant que leur marche selon la règle de la nouvelle création prouvât l’authenticité de leur foi.

À ce souhait de bénédiction sur eux, l’apôtre lie l’injonction : « Désormais que personne ne vienne me troubler, car moi je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus » (v. 17). Comme nous l’avons déjà remarqué dans l’introduction de notre épître, les faux docteurs avaient attaqué la personne et le ministère de l’apôtre et, au lieu de les repousser avec indignation, les Galates leur avaient prêté l’oreille. Il en était résulté beaucoup de peine pour cet homme fidèle. Et pourtant, il portait, aux yeux de tous, les marques du Seigneur Jésus en son corps. On sait que, dans ces temps anciens, on marquait au fer rouge sur les esclaves les initiales de leur maître ou un autre signe rappelant leur propriétaire. C’est ainsi que lui aussi portait partout, sur son corps, les initiales du nom de son maître. Oui, que de fois, au service de Jésus, il avait été emprisonné, flagellé, couvert de meurtrissures sanglantes, et même lapidé ; quelles peines et quels maux immenses il avait endurés, et qui avaient laissé leurs traces sur son corps ! Si quelqu’un s’était montré un fidèle serviteur de Christ, c’était bien lui. C’est pourquoi désormais personne ne devait mettre en doute son droit de se nommer ainsi.

Quelle condamnation sur les Galates et particulièrement sur ces gens qui cherchaient leur propre gloire et qui évitaient soigneusement tout chemin de souffrance ! Et, d’autre part, quel plaidoyer provenant d’un cœur aimant et profondément blessé ! Que de motifs cet homme avait donné aux Galates de lui être reconnaissants, « de se glorifier en lui » ! Et qu’avaient-ils fait à la place ?

On comprend que les paroles qui terminent cette épître, tout aimables qu’elles soient, n’aient pas la chaleur que nous trouvons dans d’autres épîtres. « Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit, frères ! Amen ». Rien de plus. Les Galates étaient sauvés et pour cette raison, chers au Seigneur, quelque faible que fût leur état pratique. Aussi l’amour ne pouvait-il s’empêcher de les recommander à la grâce de ce Seigneur. Nous n’entendons aucune parole sévère, aucune menace, mais pas davantage de manifestation de chaleur, ou de sentiments jaillissant du fond du cœur. Nous chercherions aussi en vain des salutations affectueuses adressées individuellement à des frères ou à des sœurs. L’écrivain se trouve manifestement à l’étroit dans ses entrailles. Quelle intimité aurait-il pu avoir avec ceux qui annulaient la croix de Christ, ou en tout cas la laissaient annuler, avec ceux qui avaient abandonné le fondement de la grâce ? Il les aimait et accomplissait ici un devoir d’amour, mais rien de plus. C’est par la faute des Galates qu’il en était ainsi, et il était nécessaire qu’ils le ressentent. Quels dégâts le levain avait déjà faits au milieu d’eux ! Le comprendraient-ils ? L’apôtre l’espère, selon l’amour qui supporte tout, qui croit tout, et c’est ainsi qu’il les recommande à la grâce du Seigneur qui seule pouvait amener un changement. Il avait encore confiance « dans le Seigneur » à leur égard, mais seulement en Lui.

Que ce Seigneur réchauffe aussi dans Sa grâce nos cœurs à tous, et nous rende davantage les imitateurs de Son fidèle serviteur !

Arrivés à la fin de notre étude, rappelons encore une fois brièvement le caractère de l’épître aux Galates. Elle ne nous fait pas connaître la position propre du chrétien : lui en Christ (épître aux Éphésiens) et Christ en lui (épître aux Colossiens), mais elle place devant nos yeux Christ, le crucifié, et les conséquences de Sa mort, c’est-à-dire Christ vivant actuellement en nous, en contraste avec la chair, ou avec le « moi » vivant encore dans la chair. De plus, elle nous montre le seul état pratique qui convienne au croyant : puisqu’il est crucifié avec Christ, il ne vit plus, lui, mais Christ vit en lui. La loi qui était survenue entre la promesse faite jadis à Abraham et à sa semence, et son accomplissement par la venue de Christ, la loi qui était destinée à l’homme dans la chair, n’avait apporté à celui-ci que mort et condamnation. Tout retour à la loi était donc un abandon non seulement de la promesse, mais aussi de l’œuvre accomplie par Christ, et un retour à la chair, comme s’il pouvait y avoir encore en elle un point de contact avec Dieu. Par conséquent, ce n’était dans le fond rien d’autre que du paganisme. L’homme dans la chair a perdu toute relation avec Dieu, et aucune ne peut être renouée si ce n’est sur la base d’une création entièrement nouvelle.

Il est à peine besoin de dire que tout cela donne à cette épître une importance particulière, et lui confère une valeur exceptionnelle pour nous.