Écho du Témoignage:Communion avec Christ/Partie 3

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De « la vie avec lui »

Dans le dernier article sur ce sujet (p. 29), nous considérâmes quelques-uns des témoignages fournis par le Saint Esprit dans l’Écriture, sur la vérité que le croyant a été vivifié ensemble avec Christ. Les passages que nous citâmes alors nous conduisirent plus spécialement à considérer l’acte par lequel Christ reprit Sa vie, et le moment où Il le fit, comme l’acte et le moment dans lesquels le lieu de naissance (pour ainsi dire) de cette vie que nous, croyants, possédons en Christ, et tenons de Lui, est marqué pour nous. À la vérité, la teneur de ces passages limite dans une certaine mesure les pensées de l’Esprit à l’acte de prendre la vie. Mais il y a d’autres passages qui se rapportent à cette même vie, et dans lesquels la pensée n’est pas limitée à sa réception, sa communication, mais dans lesquels il s’agit plutôt de la possession de la vie elle-même.

Ce que je veux dire sera compris tout de suite par les esprits les plus simples, si on fait attention à la différence qu’il y a entre les deux verbes grecs συσωοποιεω et συσαω qui sont exactement rendus en français par leurs équivalents « vivifier (ou rendre vivant) avec » et « vivre avec ».

Dieu nous a vivifiés (ou nous a rendus vivants) ensemble avec Christ, est ce que nous avons vu en Éphésiens 2, 5 et Colossiens 2, 13 ; c’est Dieu dans Sa grâce qui a agi, et Son Christ est Celui en qui cette œuvre de notre vivification a été formellement effectuée pour nous, quand Il a repris Sa vie. Voilà ce qu’enseignait notre dernier article. Que déjà nous possédons la vie en Christ — et que nous serons bientôt manifestés comme possédant nous-mêmes cette vie lorsqu’Il sera manifesté en vie, tel est l’enseignement contenu dans les passages auxquels nous arrivons maintenant. Ils nous font voir non seulement que nous avons été vivifiés avec Lui, mais aussi que nous participons d’une manière si manifeste à Sa vie maintenant, que nous savons que, lorsqu’Il sera manifesté dans la vie à tous et qu’Il régnera sur tous, nous serons alors manifestés aussi avec Lui dans la vie (car nous participons déjà à Sa vie, et nous le savons) et nous régnerons avec Lui. C’est à ces passages-là, d’une portée plus étendue que ceux de notre dernier article, que nous en venons maintenant. Ce sont :

Romains 6, 8. « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ». Et

2 Timothée 2, 11. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui ».


Romains 6, 8. « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ».

La doctrine du baptême, du baptême chrétien, c’est que Dieu a pourvu à un lieu de sépulture pour notre vieil homme ; Il peut tenir le vieil homme de ceux qui croient pour crucifié, mort et enseveli avec Christ. Le baptême chrétien est l’acte par lequel le croyant met son propre sceau à la vérité de cette divine doctrine — sa déclaration qu’il tient, par grâce, que la sépulture que Dieu propose, suffit parfaitement ; car le croyant peut se confier en Dieu, qui, après avoir ressuscité Son Fils, Lui a donné la gloire, pour que notre foi et notre espérance fussent en Dieu. C’est pourquoi il tient ou compte qu’il est enseveli avec Christ par le baptême, pour la mort (Rom. 6, 1-14). Mais si la foi peut compter que le vieil homme mourut avec Christ, parce que Dieu déclare qu’Il le compte ainsi, la foi est aussi occupée d’une autre vie. — « Nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ». Le premier grand point à remarquer ici est qu’il y a une autre vie que la vie du premier Adam. Si tout ce que nous étions ou avions de nous-mêmes, du chef du premier Adam, est tenu pour être mort avec Christ — nous ne sommes pas sans vie — car, secondement, la vie de Christ prise par Lui en résurrection, nous est donnée, richement donnée, comme tout le chapitre (Rom. 6) le montre. Remarquez qu’il ne s’agit pas simplement de notre existence future dans un autre monde que celui-ci — chose qui est, certes, véritable, mais qui n’est pas le grand point ici — mais plutôt de notre possession actuelle d’une vie, maintenant ensemble avec Christ — de la vie qu’Il prit, quand Il ressuscita du tombeau, vie sur la possession certaine de laquelle actuellement par nous, l’apôtre pouvait faire reposer notre obligation de vivre pour Dieu : tel est le sujet qu’il traite. Et que le lecteur remarque ici, en troisième lieu, quelques-uns des traits caractéristiques essentiels de cette vie, selon que ce contexte la présente. C’est une « vie éternelle » (chap. 5, 21) ; elle est ce par quoi nous pouvons « marcher en nouveauté de vie » (chap. 6, 4) ; elle nous assure « la ressemblance de sa résurrection » (v. 5) ; c’est la vie « avec Christ » (v. 8) ; une vie sur laquelle « la mort n’a plus d’empire » (v. 9) ; une vie par laquelle nous sommes « vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11) ; « vivants d’entre les morts », et nos « membres à Dieu comme instruments de justice » (v. 13) ; « sous la grâce » (v. 14).

Nous voyons donc, premièrement, que si la grâce porte et exécute sa sentence sur la vie de la nature en nous, sur la vie du premier Adam, elle nous donne aussitôt une autre naissance ; secondement, que cette nouvelle vie en nous est la vie de Christ, le Christ qui ressuscita du tombeau ; et, en troisième lieu, qu’il faut juger de cette vie et l’apprécier conformément à son origine et à sa source — le Christ qui est en Dieu. C’est la vie éternelle — elle a une voie nouvelle qui lui est propre — en harmonie avec la gloire du ressuscité — car c’est une vie de communion avec Lui — une vie au-delà de la puissance de la mort — une vie pour Dieu — d’entre les morts ; une vie de piété pratique sous la grâce.

Qu’on fasse bien attention qu’il y a trois déclarations distinctes quant à cette vie : 1° la vie était dans le Fils en tant que la Parole (Jean 1, 4) ; 2° le Prince de la vie qui fut mis à mort (Act. 3, 15) avait la vie éternelle en Lui-même (comp. Jean 5, 26, 27) ; et, 3° la vie éternelle nous est donnée dans le Fils (1 Jean 5, 11, 12).

Le premier de ces passages rapporte la gloire de la vie qui doit nous être donnée, au Fils, en tant que la Parole ; et son contexte rapporte toute autre gloire de Dieu, qui ait jamais été déployée, au Fils en tant que la Parole de Dieu. Le second affirme que cette vie était dans l’homme Jésus qui a été crucifié. Le troisième nous signale un Christ ressuscité et monté dans le ciel, Fils de l’homme et Fils de Dieu, actuellement dans la gloire, comme Celui en qui cette vie nous est maintenant présentée.

Cette distinction est importante à faire pour plusieurs motifs. Ainsi, par exemple, en la faisant, nous sommes gardés, d’un côté, de supposer que notre communion est une association avec le Fils de Dieu dans Son caractère de la Parole ; de la folie de s’attendre à s’asseoir sur le trône de Dieu, à être revêtu de la divinité, à connaître toutes choses, à être présent partout, et absurdités pareilles. Secondement, nous sommes gardés de la pensée que notre association avec Christ est selon ce qu’Il était pendant qu’Il se trouvait sur les principes juifs et n’avait pas encore accompli l’expiation, chose qui mène à l’esclavage de l’esprit et au légalisme ; et troisièmement, retenus à la vérité que notre association est avec un homme ressuscité et monté dans le ciel, qui est dans le ciel et non sur la terre, est assis comme Fils de l’homme sur le trône du Père, et est assis là comme Celui qui est hors du jugement qu’Il a porté à cause de nous, et n’est pas seulement Tête de Son corps, l’Église, mais est aussi Celui en qui est notre vie. Tant que ce point n’est pas nettement saisi, je ne pense pas que le chrétien soit affranchi de ce dont il doit être affranchi, ni libre pour ce pour quoi il doit être libre. Je m’y arrêterai donc un peu, et j’attirerai l’attention sur lui en citant quelques versets qui font voir quelle est la position et la place de notre Seigneur Jésus Christ, lorsque l’Écriture parle de Lui comme notre vie.

1° La doctrine telle qu’elle est enseignée par le Seigneur :

Jean 14, 19, 20. « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous me verrez : parce que je vis, vous aussi vous vivrez ; en ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ».

2° La réalisation de cela par les apôtres et les premiers chrétiens :

Colossiens 3, 1-4. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec Lui en gloire ».

L’épître aux Éphésiens tout entière envisage aussi l’Église comme étant en Christ, et ayant sa vie là, en Lui, dans le ciel (lisez les chapitres 1 ; 2 ; 3).

3° Nous pouvons remarquer la même chose dans les passages où l’Esprit de Dieu argumente touchant la manière dont Dieu bénit, c’est-à-dire seulement en Christ et par Christ, en Romains 5 et 6. Prenez par exemple, ces versets :

Chapitre 5, 10. « Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » ; et (v. 17) « régneront en vie par un seul, Jésus Christ ».

Chapitre 6, 4. « Nous avons donc été ensevelis avec Lui (Christ) par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie ». Verset 23 : « Les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur ».

Chapitre 8, 2, 6, 10 rendent le même témoignage. Ici, le sujet est ce que la vie du chrétien ici-bas devrait être, une vie découlant du salut que l’apôtre venait précisément de montrer consister dans l’amour, dans la vie avec le Christ qui avait passé par la mort.

Prenez, encore, la forme même de l’évangile tel qu’il fut révélé à Saul — de Christ, comme le Sauveur et le salut de Paul.

Nous pouvons bien en vérité citer la parole : « J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient point » (Rom. 10, 20). C’est le Christ monté en haut et glorifié qui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu, etc. » (Act. 9), et nous trouvons indiquée en 1 Timothée 1, 16 l’une des fins de cette révélation : « Mais miséricorde m’a été faite à cause de ceci, savoir, afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle ».

Prenez encore l’évangile tel qu’il est formulé par Paul : « Et si notre évangile est voilé, il est voilé pour ceux qui périssent, chez lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules, pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu, ne leur resplendît pas. Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur, et nous-mêmes comme vos esclaves pour l’amour de Jésus. Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ » (2 Cor. 4, 3-6).

C’est à cette position de Christ évidemment qu’il faut rattacher 2 Timothée 1, 1 et 10, ainsi que 1 Jean 1, 2 ; 5, 11, 12 ; et non pas à Sa position sur la terre avant qu’Il souffrît.

J’en viens maintenant à mon deuxième texte.

2 Timothée 2, 11. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui ».

Nous avons signalé plus haut, comme on les trouve en Romains 5 et 6, quelques-uns des caractères essentiels de la vie que nous avons de Christ et avec Lui. Elle est « éternelle », donne puissance pour « marcher avec Dieu », nous assure la ressemblance de la résurrection de Christ, est une vie sur laquelle la mort n’a pas d’empire, est la vie avec Christ ; une vie pour Dieu d’entre les morts, etc. Dans la portion où elle se trouve dans l’épître aux Romains, le sujet dont l’apôtre traite, c’est le comment nous sommes sauvés. Dans l’épître à Timothée, le sujet est plutôt la marche qui convient ici-bas à une telle vie. Et en conséquence, voici quelle est, à ce qu’il me semble, la force du passage que nous considérons à présent : il faut vous décider, si la vie de Christ est véritablement votre portion, à avoir ici-bas des expériences semblables à celles qu’Il eut. Paul s’efforçait, à ce qu’il me semble, de resserrer un peu la ceinture de Timothée à l’égard de la patience dans la souffrance. « Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (v. 1) ; « Endure les souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (v. 3). « Nul homme qui va à la guerre, ne s’embarrasse dans les affaires de la vie ». Ces expressions « un bon soldat » (v. 4) ; « combattre dans la lice… combattre selon les lois » (v. 5) indiquent toutes la position et la portion de serviteur. Puis il ajoute : « Considère ce que je dis, et que le Seigneur te donne de l’intelligence en toutes choses. Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts (et) de la semence de David selon mon évangile, pour lequel j’endure des souffrances jusqu’à être mis dans les chaînes comme un malfaiteur ; cependant la Parole de Dieu n’est pas liée. C’est pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle. Cette parole est certaine ; car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui. Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui ; si nous le renions, Lui aussi nous reniera. Si nous sommes incrédules, Lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (v. 7-13).

Si Christ était ressuscité d’entre les morts, si Paul prêchait aussi l’évangile de Christ ressuscité d’entre les morts (c’est-à-dire, d’un Christ qui avait souffert jusqu’à la mort), qu’avait Timothée, qu’avons-nous à attendre ici-bas, si nous sommes devenus un avec Christ (Lui, la Tête, et nous les membres, et devant être manifestés plus tard comme tels, vivant et régnant avec Lui), qu’avons-nous, dis-je, à attendre dans le monde et de sa part, si ce n’est la souffrance ?

Telle est, je le suppose, la pensée de l’apôtre. Évidemment, nous qui, par grâce, mourûmes avec Christ, nous avons déjà une vie en Lui, et de Lui. La manifestation de cette vie aura lieu plus tard dans la gloire ; car dans le ciel et devant Dieu, qu’est-ce qui brillera si ce n’est ce qui est de Christ ? Et quel brillant éclat jettera alors tout ce qui sera l’expression de Sa vie ! Mais à présent, cette même vie, qui, plus tard, dans la présence de Dieu, se produira en une brillante gloire, à présent, en présence d’un monde impie, et devant la chair et Satan, se traduit, comme fit celle de Christ, dans la souffrance.

Je ne parle pas des souffrances de Christ sur la croix, quand Il fit propitiation pour nous, mais de Ses souffrances comme le Fils et le serviteur de Dieu dans Sa vie sur la terre. Pour un être tel que le Christ de Dieu, il ne pouvait résulter que douleur et souffrance de Sa lutte avec Satan, de Son opposition au monde, de Son train de sainte vie, de Son témoignage pour Dieu, de Sa sympathie pour Ses disciples, et de Sa compassion pour un monde mort dans les offenses et les péchés. La vie que nous avons, nous l’avons en Lui et de Lui ; et, par conséquent, dans quelque mesure que Sa vie soit développée et manifestée en nous, cette vie qui doit être pleinement déployée en nous quand nous régnerons avec Lui, dans la même proportion, il y aura, sans aucun effort de notre part, rapprochement et expérience de la portion de Celui qui fut « l’homme de douleurs, et sachant ce que c’est la langueur » dans tout le cours de Sa vie, de la crèche à la croix ; cette croix où Il fut entièrement seul, où nul ne fut avec Lui ; la douleur fut Sa portion — la douleur parfaite — la douleur à un degré tel qu’il n’y en a pas qu’on puisse lui comparer. Dans notre mesure (oh, combien elle est petite ! toutefois, dans notre mesure, parce que nous avons Sa vie, et que nous sommes dans le même monde où Il était, monde déclaré aussi maintenant être inimitié contre Dieu), nous avons la douleur et la souffrance. Puissions-nous ceindre les reins de notre entendement et être sobres, endurant jusqu’à la fin !

La vie dans le Fils en tant que la Parole ; vie vécue par Lui sur la terre même où nous sommes ; vie donnée en rançon pour nous, et maintenant reprise par Lui, et se déployant en Lui pour la foi ; devenue nôtre pour notre entière liberté, notre privilège, notre service, dès à présent, et comme la puissance de la communion avec Lui dans toutes Ses souffrances (sauf celles de l’expiation, dans lesquelles Il souffrit seul, et nous sommes faits gratuitement participants de ce qu’Il fit pour nous) : c’est ce que nous venons précisément de considérer d’une manière rapide. Puissent les saints peser ces choses ! Nous aurons plus tard à considérer cette vie telle qu’elle doit être déployée dans la gloire ; mais les deux pensées sur lesquelles nous nous sommes arrêtés plus particulièrement ici, constituent les qualités essentielles de la vie de Christ, comme sienne et (par grâce) nôtre, et sa conséquence nécessaire, pendant que nous sommes sur la terre, la souffrance.

L’importance qui s’attache à cette partie de notre sujet, ressortira à mesure que nous avancerons. Mais, évidemment, si notre évangile est l’évangile de la vie, de la vie éternelle dans le Fils, la vie dont nous avons parlé est d’un intérêt devant lequel tout autre s’efface. Pareillement, aussi, en traitant le sujet de la « communion avec Christ », quelle place immense nous devons donner à la vie à laquelle nous participons ! vie qui est, en nous, la puissance de notre communion avec Lui-même d’abord, et ensuite avec Lui dans la portion dans laquelle, par grâce, Il nous introduit. Pour un cœur simple, cela suffirait ; mais (nous sommes si peu simples lorsque nous sommes occupés des choses de Dieu et du ciel et non des choses de nous-mêmes et de la terre, que) je m’aventurerai à présenter une ou deux pensées qui puissent aider quelques esprits.

D’abord, regardez en arrière aux temps que Genèse 1, 1 nous révèle, et voyez le Dieu infini à l’œuvre, appelant à l’existence ce qu’Il veut avec un pouvoir tout-puissant, avec sagesse et bonté. Regardez ensuite, en Éden, tel qu’Il est révélé en Genèse 2 : les circonstances — l’Être, et les attributs et les actions du Dieu infini. Combien cela est différent des circonstances — l’être, les attributs, et les actions de la créature finie, dans le chapitre 2 ! L’aptitude à jouir de la possession d’Éden, supposait la possession d’un être, d’un cœur et d’un esprit tels que ceux d’Adam. De sorte que lorsque pour la première fois, il regarda autour de lui en Éden, il vit qu’il n’y avait pas d’aide qui lui fût semblable. Ève fut le complément d’Adam sous ce rapport ; son complément à lui-même pour lui-même, et pour la sphère d’alors de bénédiction ; et remarquez aussi quelle distance infinie il y avait entre le Dieu infini et Ses créatures. Selon ce que je puis savoir, depuis l’ange de l’ordre le plus élevé jusqu’à la plus humble créature, il peut y avoir une longue série régulière de degrés. Il semble qu’entre l’homme, seigneur de la création, et la plus humble créature, il a existé une suite de créatures d’une puissance graduellement décroissante ; et, dans cette chaîne aux nombreux chaînons, pas de lacune aussi énorme que celle qui apparaît entre la raison humaine, avec sa capacité de reconnaître Dieu comme le donateur, et l’instinct le plus humble, ou (plus bas encore) la plus faible preuve de vie dans un sens quelconque. Toutefois, cette lacune n’est pas infinie. Mais la distance entre l’infini et le fini est une distance infinie ; ou bien le Dieu infini ne serait pas infini, et l’homme ne serait pas fini. Maintenant, remarquez l’étonnante perspective qui est devant nous : le Fils de Dieu est l’héritier de toutes choses ; mais c’est comme Fils de l’homme qu’Il doit prendre l’héritage (Héb. 1, 2 et 2, 8). Or, si je pense au Fils de l’homme, possédant, de la part de Dieu, le ciel et la terre, et si je Le vois dans la nouvelle Jérusalem en haut, dans le ciel, avec l’Église, Son Épouse, je puis voir quelque peu du genre de vie, d’esprit, de cœur, d’habitudes que doivent avoir ceux qui doivent jouir réellement d’une telle position et d’une scène pareille avec Lui, pour Lui et pour Sa gloire. La vie de Dieu n’eût pas été appropriée à Adam dans le jardin d’Éden ; il avait été fait pour remplir une scène appropriée à une âme vivante ; la vie d’Adam ne ferait pas pour la nouvelle Jérusalem. La capacité d’avoir communion avec Christ, d’être là Sa joie, aussi bien que de trouver là toute notre joie en Dieu et en l’Agneau, suppose que nous avons part, communion, avec Lui, conformément à la vie qu’Il veut alors déployer là et en gloire ; et (remarquez-le) ce n’est pas une gloire de création, mais de rédemption, dans le ciel et non sur la terre. Le Dieu infiniment bienheureux, Père, Fils, et Saint Esprit ; le ciel (aussi bien que la terre) réorganisé et organisé selon un ordre nouveau ; et le Fils de l’homme, comme fils de l’homme, centre de toute la sphère de gloire, l’Église avec Lui, objet de Son amour, participante de la gloire alors, comme elle l’est même déjà de la vie de sa Tête glorifiée, et, par conséquent, de Sa souffrance maintenant.

Une vie d’âme vivante, de la plus belle sphère de la création, ne rendrait pas capable d’avoir part à la sphère plus élevée du Tout-puissant vivificateur, divine et céleste qu’elle est, de Sa gloire de rédemption. Aussi, le second Adam est-Il un Esprit vivifiant ; et nous avons la vie éternelle en Lui, et nous la tirons de Lui, afin d’être capables de goûter les cours célestes en haut, d’y avoir part, d’en jouir, et de leur faire honneur[1].

Napoléon premier passa sa vie à renverser ce qui ne lui appartenait pas, et à le relever pour lui-même. La carrière publique de Wellington, comme soldat, ne fut pas caractérisée ainsi par l’injustice et l’égoïsme, mais par une fidélité de serviteur du roi sous lequel la providence de Dieu l’avait placé. Il travailla, comme serviteur, à contrecarrer les ennemis de son roi et de son pays. À leur service, il eut toujours à la main sa vie mortelle, prêt à la sacrifier pour leur bien. Paul, dans la puissance d’une vie nouvelle, éternelle, qui lui avait été donnée, tenait sa vie mortelle toujours prête à être laissée, si le Christ, qu’il servait, pouvait par là être servi, même dans les besoins et les nécessités de Ses plus faibles membres ici-bas. Mais la vie nouvelle était le moyen par lequel son objet était vu et recherché. Jésus, en haut dans le ciel, Seigneur de tout, Lui-même, le centre et la fin de tous les conseils divins, était Celui en qui l’Esprit avait révélé à Paul ce qui était la source de sa nouvelle vie. Chrétien ! vous avez à vivre ici-bas, comme étant déjà vous-même partie intégrante de cette gloire qui a encore à être révélée aux yeux mortels, quoique connue maintenant à la foi ; comme étant déjà vous-même associé, et vous sachant vous-même associé, avec ce même Jésus, Seigneur de tous, qui est assis dans le ciel, centre et fin de tous les conseils, de toutes les pensées, de tous les désirs, de tous les plans de Dieu. Avez-vous réalisé cela ? Vivez-vous en ce temps-ci dans la puissance d’une telle vie ? La vie éternelle qui sera plus tard déployée en gloire, est maintenant rattachée, se rattache maintenant elle-même, à Jésus, assis comme Seigneur à la droite du Père, et, à proprement parler, n’a pas de rapport avec quoi que ce soit envisagé comme à part de Lui et qui ne soit pas pour Lui un sujet d’intérêt.



  1. « Vous êtes dans nos cœurs à mourir ensemble et à vivre ensemble » (2 Cor. 7, 3). Telles furent les énergiques paroles de Paul lorsqu’il fit part aux Corinthiens de son empressement à se regarder complètement comme leur serviteur. S’ils vivaient, il voulait vivre avec eux ; s’ils mouraient, il voulait mourir avec eux. Car s’ils étaient un seul esprit avec le Seigneur, il en était de même de lui aussi ; et de cette manière, aussi, il était un seul esprit avec eux ; et prêt, par conséquent, à tenir la vie ou la mort de son corps comme étant tout à fait à leur service. Uni à eux par le lien le plus élevé, savoir, celui qui était de Dieu et en Dieu, il pouvait regarder sa vie ou sa mort quant au corps comme un rien en comparaison de son association avec eux. La grâce avait opéré cela en Paul. Pierre et les douze avaient vécu avec Christ, et déclaré qu’ils étaient prêts à mourir avec Lui ; mais à l’heure de l’épreuve, lorsque le Berger fut frappé, les brebis furent dispersées.
    « Chacun donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a pour sa vie » (Job 2, 4) : telle est l’idée que Satan se faisait de l’homme ; et plus encore, car il y ajoute ce trait : « Mais étends maintenant ta main, et frappe ses os et sa chair, et tu verras s’il ne te blasphème point en face ». L’homme, par ses propres forces, ne peut demeurer ferme — la volonté de l’homme n’ira que fort peu de chemin à la suite de Christ. « Tu laisseras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis, le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois » (Jean 13, 38). Mais la force de Paul n’était pas dans la chair, mais dans l’Esprit ; et la puissance sur laquelle il comptait, quand il écrivait ainsi, était celle dont notre Seigneur parlait à Pierre. « En vérité, en vérité, je te dis, quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne veux pas. Or, il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il eut dit ces choses, Il lui dit : Suis-moi » (Jean 21, 18-19).
    Toutefois, le point que je désirais plus spécialement signaler, était la différence entre la bonne volonté de Paul de mourir et de vivre avec les Corinthiens quant à la vie de son corps, et le fait qu’il était mort avec Christ, et vivait avec Lui quant à l’esprit. Dans le premier cas, il avait une vie qu’il était disposé et prêt à laisser, à répandre pour en faire une libation à Dieu, si la vie que les disciples avaient le demandait en quelque manière. Son désir était que sa vie fût conservée ou sacrifiée, selon que la conservation ou le sacrifice de sa vie semblerait plus utile. Dans le second cas, Christ était mort sous le jugement, avait subi la peine de la mort, parce que lui, Paul, était moralement mort : il était tenu pour mort, il se tenait lui-même pour tel : mais il avait la vie en commun avec Christ qui était ressuscité du tombeau ; et cette vie était la vie éternelle, une vie que lui, Paul, ne pouvait jamais laisser, qui ne pouvait jamais voir la mort ; et dont la puissance et la valeur ne feraient que ressortir avec plus d’éclat, s’il était appelé à laisser sa vie corporelle, et à être absent du corps, et présent avec le Seigneur.