Écho du Témoignage:Communion avec Christ

De mipe
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Toute notre bénédiction — tout ce que Dieu a à nous donner, et tout ce que nous pouvons recevoir — découle pour nous du fait béni que nous sommes associés avec le Christ de Dieu, dans Sa position comme rejeté sur la terre mais honoré dans le ciel.

De notre association avec le Christ Jésus dans Sa mort

Romains 6, 5. — « Si nous avons été identifiés[1] avec lui (Christ) dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection ».

Adam (le premier) devint transgresseur en Éden. Il y eut mort morale[2] dans le paradis ; pour ce qui est de la mort du corps, c’est hors du jardin qu’on la vit pour la première fois. En se rendant coupable de transgression, l’homme se plaça sous la colère, sous une colère dont toute la force ne se verra point jusqu’à l’infliction de la seconde mort.

Or, la miséricorde de Dieu s’est montrée en ceci — que, lorsque l’homme, comme tel, tous les hommes, se trouvaient sous le juste jugement de Dieu contre le péché de leur premier père Adam[3] — que tout homme avait reçu de ce chef de famille la loi du péché et de la mort dans ses membres — que chacun était en lui-même, de fait, aussi pécheur, et beaucoup, aussi, transgresseurs de la volonté connue de Dieu — s’aimant eux-mêmes, et haïssant Dieu et se haïssant les uns les autres — Dieu a donné Son Fils, en amour, afin que quiconque croirait en Lui ne pérît point, mais qu’il eût la vie éternelle. Ce Fils de Dieu alla, comme Fils de l’homme, à la croix, et y reçut — et dans quelle pleine mesure ! — les gages amers du péché dans Sa mort sur la croix. Quoique personnellement innocent, et non seulement innocent mais d’une pureté incorruptible, et qu’Il n’eût encouru aucune pénalité, Il fut traité comme s’Il était le seul qui eût encouru une pénalité — comme s’Il était coupable. Il lui fut donné une coupe à boire — la coupe de la colère, qui était due à nous seuls — et Il la but à notre place. Et maintenant, la voie est ouverte à Dieu pour agir envers ceux qui sont personnellement coupables sous la pénalité, comme s’ils étaient innocents et libres de toute pénalité. C’est cette voie qu’Il propose aux pécheurs. Son amour, Sa miséricorde et Sa compassion à procurer une pareille voie, ainsi que la perfection de l’œuvre, se voient dans l’évangile.

Dans un champ où le péché est entré, et par le péché la mort — où la sentence de mort repose sur tous, en ce que tous ont péché — où tous sont morts par l’offense de leur source commune — tous sous un jugement de condamnation, la mort régnant sur eux en ce qu’ils sont pécheurs et transgresseurs — nul n’étant capable de détourner la pénalité, nul en état de la porter — dans ce champ-là, dis-je, a été introduite la doctrine de la grâce par le moyen du Seigneur Jésus Christ. « Le don gratuit » ; « la grâce de Dieu, et le don par la grâce » ; « le don gratuit vient de plusieurs offenses en justification » ; « ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront en vie par un seul, Jésus Christ » ; « par une seule justice accomplie (les conséquences de cette justice furent) envers tous les hommes en justification de vie » ; « où le péché abondait, la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice en vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur » : — telles sont les expressions dans lesquelles le cinquième chapitre de l’épître aux Romains nous présente ce sujet béni.

Revenons maintenant à notre passage de Romains 6.

Dans toute religion qui repose sur ce que l’homme, comme créature, peut faire, on prend pour le moment certaines choses pour accordées : on suppose qu’il se trouve en lui une certaine puissance — qu’il peut, au moins, y avoir une certaine bonté de volonté, car, autrement, pourquoi et comment chercherait-il à traiter pour son propre compte avec Dieu ? S’il s’estimait ruiné sans espoir, sans force ni volonté pour Dieu, il essaierait difficilement d’utiliser son temps de manière à se préparer pour la mort et le jugement. Car, qu’il soit réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d’être jugés, c’est une vérité qui caractérise non seulement la réalité de la position de l’homme comme créature, mais aussi toutes les pensées religieuses qu’il a comme créature. Comme créature tombée, il a à affronter la mort et à venir en jugement. La religion de la grâce est en parfait contraste avec cela : en elle, la mort et le jugement sont derrière nous, et non pas devant nous.

Ceci change tout ; car, évidemment, le croyant est rattaché par là à un système dans lequel une simple créature humaine, comme telle, n’a point place. Comme créature, je ne vais pas au-delà du champ des pensées d’une créature et de la ruine dans laquelle je suis ; je pense à employer ma vie de manière à faire face à la mort et à subsister au jugement. Mais, comme croyant, j’ai à faire avec la puissance de résurrection qui a fait sortir Christ du tombeau ; et la mort et le jugement sont derrière moi, pour que je sois capable de vivre dans la grâce. Quant à être sur les deux terrains à la fois, ou avoir un pied sur l’un, et l’autre pied sur l’autre, c’est absolument impossible.

Moi, la vie naturelle — la mort et le jugement à venir — tout cela est en contraste avec Christ, autrefois mort mais à présent vivant aux siècles des siècles, avec la puissance de la résurrection, le ciel et la gloire.

Je ne pense pas que les chrétiens aient remarqué suffisamment le contraste, ou qu’ils aient dans la mesure convenable le sentiment de l’impossibilité qu’il y a pour une personne de se trouver dans un temps donné sur les deux terrains. La religion de la nature suppose que je suis vivant ; celle de Christ que je suis mort et enseveli. La religion de la nature humaine déchue suppose que j’ai plus de pouvoir maintenant que je suis tombé, que n’en avait l’homme avant sa chute ; c’est-à-dire, que je puis détruire les effets de la chute dont mon premier père ne s’est pas gardé lui-même ; la religion de la grâce pose que la puissance est toute en Dieu et en Christ. La première suppose que je puis subsister devant Dieu dans mes péchés pour régler mes affaires avec Lui ; la seconde déclare que le Christ de Dieu a tout réglé devant Dieu, quand Il a été abandonné sur la croix, parce qu’Il portait mon fardeau et subissait la pénalité que j’avais encourue.

Un homme ne saurait être en Christ et hors de Christ dans le même temps. S’il est en Lui, tout est réglé ; s’il est hors de Lui, il est perdu.

Mais pour ce qui concerne le croyant en Christ : « Demeurerons-nous dans le péché ? » dit Paul. Loin de nous cette pensée. Si nous y sommes morts, comment y vivrions-nous ? Nous avons été identifiés avec Jésus Christ dans Sa mort — baptisés pour le Christ Jésus — baptisés pour Sa mort.

Placé sous une sentence de jugement pour la transgression d’Adam, moralement mort moi-même — transgresseur aussi et pécheur — je n’avais en moi-même rien à attendre que le châtiment, les conséquences pénales de cet état de péché. Mais Christ a subi la peine, a pris sur Lui, dans la coupe amère, les conséquences pénales, le châtiment qui m’était dû ; et la grâce m’a identifié avec Lui — m’a enseveli, par le baptême, pour Sa mort. La peine subie, je suis net. J’ai été identifié avec Christ dans la ressemblance de Sa mort, de telle manière que, aussi certainement qu’Il était personnellement innocent, Lui qui fut regardé comme coupable sur la croix, tout le moi, qui était si affreusement coupable, est tenu pour innocent. Christ était le Fils bien-aimé en qui Dieu a toujours mis Son bon plaisir. Il n’y avait en Lui, ni dans tout ce qu’Il fit, rien qui pût Lui attirer de la part de Dieu autre chose que Sa faveur. Même en allant à la croix, Il ne faisait qu’obéir : « Obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix » ; « la coupe que mon Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? ». « Voici, je viens pour faire, ô Dieu ! ta volonté ». Il n’y avait rien qui L’exposât à la colère, Il n’avait encouru aucune peine ; mais Il se chargea, Lui, le juste, du châtiment qui nous était dû. Il voulut se présenter au jugement à notre place. C’est de moi, de moi-même qu’il s’agit, et non de mes actions, de mes pensées, ou même de mes intentions. Ce qu’un homme est, l’état de son être, est infiniment pire que ses actions[4]. J’étais coupable, exposé à la colère de Dieu en raison de ce que j’étais ; mais, par la mort de l’innocent, je suis innocent devant Dieu.

En ce qu’Il est mort, Il est mort une fois pour toutes au péché[5] (Rom. 6, 10). Il n’y a qu’un sens dans lequel il peut être dit de Christ qu’Il est mort au péché, c’est dans ce sens qu’Il en a porté la peine. Nous étions moralement morts et sous la sentence de mort. Christ a subi la sentence, et pour tous ceux qui croient, toute l’affaire est finie. Le jugement d’Adam est passé et exécuté. La sentence contre toutes nos transgressions, tous nos péchés, péchés d’omission, et péchés de commission — et cela aussi, contre la racine même de toutes ces choses, le péché dans notre nature — est exécutée et passée, et ne peut plus jamais revivre. Ce qui était impossible à l’homme — ce qui, dans la nature des choses, semblait absurde — Dieu l’a rendu véritable pour la foi. « J’ai à vivre de manière à être en état, si possible, de rencontrer la mort, et ensuite de subsister devant Dieu dans le jugement », dit l’homme pensif et inquiet en dehors d’Éden. « Dieu a mis la mort et le jugement pour toujours derrière moi », tel est le langage de la foi ; « par la mort du Seigneur Jésus, ils sont passés pour moi, et non pas à venir ».

La foi laisse Dieu être véritable, quoique tout homme soit menteur, et, en conséquence, la foi reçoit le témoignage de Dieu. Celui qui a la foi est mort au péché ; — il a été baptisé pour la mort de Jésus Christ ; — enseveli avec Lui par le baptême pour la mort ; — le vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé ; celui qui est mort est quitte du péché, etc. Oui, tout ce dont l’homme dans sa condition naturelle d’homme dans sa nature déchue, avait à rendre compte à Dieu, tout ce qu’il pensait avoir à régler avec Dieu, mais que jamais il n’eût pu régler, tout cela a été réglé et expié entre Dieu et Christ. Dans la nature, la mort est pour l’homme la porte par laquelle il sort de la vie — de cette vie-ci — et entre dans le monde invisible ; et la seconde mort est la réalisation pleine et entière de ce qui dans la présence de Dieu constitue l’angoisse préparée pour le diable et ses anges, dont l’homme a été l’esclave. Dans la grâce, la mort de Christ est, pour la foi, la réponse, placée dans le passé, à tout ce qui était, ou semblait être, contre nous ; elle est la porte d’entrée de la vie — porte où toute notre culpabilité est laissée, car là le jugement contre nous est passé — porte dans la vie éternelle où tout est vie, amour et faveur.

Dans la dernière partie de Romains 5, Paul avait montré les deux chefs de race, Adam et Christ, et fait ressortir le contraste entre les positions et les portions de ceux pour lesquels ils étaient respectivement chefs de race devant Dieu. Dans le chapitre 6, il montre de quelle manière on passe de la position en Adam, dans laquelle sont tous les hommes par le fait de leur naissance, à la position en Christ qui appartient seulement à ceux qui ont la foi, et reçoivent la grâce que Dieu présente à la foi. La foi et la confession à salut (dit la Parole) nous identifient avec Christ ; et avec Christ non pas seulement comme Celui qui a des mérites et contre lequel personnellement ne peut s’élever d’accusation, mais avec Christ qui a subi dans Sa propre personne toutes les conséquences justement dues à tout ce à quoi nous étions exposés — envisagés comme faisant partie d’une race déchue, comme ayant en nous la loi du péché, comme ayant fait le péché, et comme ayant à rencontrer la mort et le jugement. Pas un seul article, pas un seul point de tout ce qui s’élevait contre nous, à quoi il n’ait été satisfait ; et plus encore, car « moi » — la créature déchue, moi, je suis mort. La foi nous place de l’autre côté de la mort et du jugement ; cela ne fait point partie de notre portion, héritage, ou lot, par Adam ; mais la foi nous établit dans la vie éternelle, et nous donne le ciel et la gloire. Pour la nature et le sens commun, comme dérivés d’Adam, la chose est impossible, déraisonnable, absurde ; et pour la nature, elle suppose une confusion du passé et de l’avenir. Quoi ! moi qui suis ici, avec la mort et le jugement devant moi, je dois considérer la mort et le jugement comme étant derrière moi ! Ainsi peut parler la nature, et elle pourrait bien ajouter : Il serait plus facile que le soleil s’arrêtât encore sur Gabaon et la lune sur Ajalon (Jos. 10, 12) — plus facile que l’ombre retournât encore en arrière des dix degrés par lesquels elle était descendue (2 Rois 20, 11 ; És. 38, 8), qu’il n’est possible que la chose soit ainsi ! Mais, pour la foi, c’est, et non seulement cela. Par la foi, non seulement je puis dire que je suis mort et que j’ai passé le jugement, de telle sorte qu’il ne peut y avoir rien contre moi, car qui punira un homme mort qui déjà a été pleinement jugé ? — la justice de Dieu, justice due à Christ qui mourut pour moi, est ma sûreté ; — mais je puis dire que je suis de nouveau vivant pour toujours, d’une vie que la mort ne saurait toucher, qui ne connaît pas de sépulcre, et est au-delà du jugement — bien plus, dans laquelle le jugement est changé en victoire.

C’est ainsi que Dieu estime, compte la chose, et, en conséquence, elle est sûre. Mais, en même temps que cela est vrai et assure tout pour la foi qui croit à la Parole écrite de Dieu, nous avons mieux que la simple connaissance que c’est ainsi compté et estimé : car le pourquoi de cela est révélé. Dieu nous a donné l’Esprit de Celui qui — étant saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, Lui-même le Juste — est mort pour nous, injustes. Cet Esprit nous a communiqué la nature divine, nous sommes nés d’une semence incorruptible. Et quoique les corps dans lesquels nous demeurons ne soient pas encore renouvelés, ils sont toutefois rachetés ; et la puissance qui les changera et les renouvellera se trouve en Celui qui est assis à la droite de Dieu. La grâce qui m’a fait un avec Christ — la grâce qui a donné Christ pour être la Tête de Son corps, l’Église — la grâce qui a voulu faire connaître en nous ses immenses richesses au moyen de l’amour de Dieu, sont le pourquoi et la cause de cette estimation, de ce compte que fait Dieu.

Je puis aussi signaler une différence, et pour une conscience en la présence de Dieu, et pour un homme renouvelé, elle est très importante — la différence entre, d’un côté, le fait que moi, dans ma nature, j’ai à mourir lorsque la providence de Dieu amène le moment pour cela, et ensuite à paraître en jugement devant le grand trône blanc après que les mille ans sont finis ; et, d’un autre côté, le fait que le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ, pour Lui assurer une race, a exécuté la sentence de mort et a opéré mon acceptation actuelle en dedans du voile où Christ, rejeté sur la terre, est assis à Sa droite ; et le moyen par lequel cela est effectué — la mort sur la croix, sous l’effet du jugement, du Fils de l’homme, qui était divinement parfait, et toutefois (preuve de Sa perfection) prit ma place et porta mon jugement. Lui-même, le juge des vivants et des morts, n’oubliera jamais Son jugement comme porté par Lui-même pour moi.

La différence est immense ; parce que c’est tout autre chose que les choses soient réglées conformément aux droits de Dieu en tant que Créateur sur une créature, ou qu’elles le soient conformément au droit de Dieu comme rédempteur pour se faire Lui-même un nom en déployant les richesses de Sa grâce dans le salut de rebelles.

La foi sait que c’est accompli ! Non pas seulement la mort de Christ sur la croix, mais la nôtre aussi à la culpabilité et à tout châtiment, par Lui. C’est accompli, la peine est subie, la culpabilité est passée ; nous étions coupables et sous le châtiment, mais nous n’y sommes plus, car la pénalité a été subie — c’est accompli ! Pour ce qui concerne la plupart des chrétiens, la vérité dont je parle ne s’est pas saisie de leurs cœurs, et leurs cœurs ne se sont pas saisis de cette vérité.

Quand ils pensent à ce qu’ils étaient par nature, ils savent peut-être que dans Sa miséricorde et Sa compassion, Dieu a trouvé en Christ une réponse à tout cela. Mais leur pensée à la plupart d’entre eux, est plutôt comme s’ils étaient un avec Christ expirant sur la croix, qu’un avec Christ comme ayant passé par la mort mais désormais vivant aux siècles des siècles. Leur esprit ne voit point la sentence comme ayant été jusqu’à présent pleinement exécutée — et ils n’ont jamais de paix solide. Ils veulent que leur vieil homme, leur moi originel soit encore en vie devant Dieu, quoique peut-être près de mourir. Quelques-uns pensent que ce vieil homme, ce moi originel, a encore à être crucifié, pour qu’ils puissent trouver acceptation auprès de Dieu ; mais naturellement, ils ne trouvent pas de quelle manière réaliser cela. D’autres en parlent aussi comme étant en voie de crucifixion, mais comme ne devant mourir que lorsque le corps et l’âme seront séparés ; — naturellement la paix est alors renvoyée jusqu’à la mort. D’autres encore demandent dans leurs prières que nous mourrions en Christ ; appliquant ainsi à tort à la question de leur acceptation solennelle devant Dieu, des passages qui, dans l’Écriture, s’appliquent à la marche de quelqu’un personnellement accepté. Ce verset, par exemple : « Par votre confiance que j’ai dans le Christ Jésus, je meurs chaque jour », est souvent appliqué de cette manière ; or, il ne signifie rien de pareil, mais bien une chose toute différente, savoir, que Paul ne se préoccupait aucunement de la conservation de la vie de son corps dans son état actuel, parce que sa résurrection était assurée ; et de plus, pour lui vivre c’était Christ, et mourir était gain. Il est encore deux autres passages dont on fait ainsi bien tristement un mauvais emploi, Romains 8, 13, et Colossiens 3, 5. Dans l’un et l’autre c’est de la marche et de l’œuvre de personnes acceptées que Paul parle, et non de l’œuvre par laquelle on obtient d’être accepté.

Dans le premier de ces deux versets, remarquez-le, la mortification des actions du corps découle de la vie en Christ et est le sentier dans la vie, la vie en gloire. Dire que la vie s’obtient par la mortification des actions du corps, c’est du romanisme et du légalisme de la pire espèce. Puis, quant à Colossiens 3, 5, il suffit de la simple lecture du passage : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire. Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité qui est une idolâtrie » (v. 3-5).

Et observez ce que sont les membres dont il s’agit, la fornication, l’impureté, etc. Et (v. 6) ce sont les choses qui attirent la vengeance sur les fils de désobéissance — les choses qui caractérisaient autrefois ceux auxquels Paul écrivait (v. 7), mais qui ne devaient plus les caractériser maintenant. En outre, n’y a-t-il pas bon nombre de chrétiens qui ignorent réellement la force de la mort de Christ en jugement comme leur substitut, par suite d’un système qui, tout en reconnaissant Christ comme vivant afin d’intercéder pour eux, suppose leur vieux moi coupable vivant et reconnu aussi comme vivant et coupable devant Dieu ? Pendant qu’ils sont en saint commerce avec Dieu et avec l’Agneau, ils ont un sentiment béni actuel de l’abolition de leur culpabilité, ou, plutôt, ils oublient tout ce qui la concerne, et jouissent de leur acceptation et de leur sécurité ; mais quand ils se trouvent dans la routine de la vie ordinaire, ils sont, dans leurs propres pensées, véritablement coupables. Le fait est, qu’au lieu d’avoir été une fois pour toutes déchargés de tout ce qui appartient au premier Adam, et mis dans la liberté de marcher dans la puissance d’une nouvelle vie en Christ, ce sont des manquements et des péchés habituels, et une recherche nouvelle du pardon, de la paix et de l’acceptation qui marquent leur état et le cours de leur vie. L’habitude de manquer et de pécher se trouve ainsi justifiée. Adam est honoré et nourri et reconnu comme vivant, est soigneusement conservé, et il doit bien lui être permis de respirer et d’agir, pendant qu’il est en vie, conformément à sa nature — c’est-à-dire, de pécher ; et ils pensent que c’est là ce qui constitue une vie chrétienne, savoir, le soin de laver constamment, par de nouveaux recours au trône de la grâce et au sang devant ce trône, la souillure qui provient de nous-mêmes. Une vue pareille est la négation pratique que nous sommes morts avec Christ, et mène à la sanction du péché, et à la négation de la perfection du sacrifice offert une seule fois et de la purification du péché faite une seule fois aussi. Je ne l’ai jamais rencontrée là où il y avait une vue nette de la vie nouvelle en Christ ; elle ne pouvait même pas exister dans un cas semblable ; bien plus, on ne saurait avoir une vue nette de la vie nouvelle en Christ, à moins que l’on ne voie que nous sommes morts quant à tout ce que nous étions selon Adam : morts quant à la peine qu’il a encourue et à sa seigneurie sur nous.

Croyant en Christ, je suis un avec Lui. Un avec Celui qui (n’étant pas injuste, mais bien le seul juste) mourut pour moi (qui étais injuste) ; en tant que devant Dieu je dois reconnaître que si je suis si indissolublement un avec Christ dans Sa mort, par grâce et par la puissance divine, que je suis délivré de la position que j’avais en Adam, que Dieu n’a rien contre moi. Je suis justifié sur les chefs d’accusation : 1° que je suis un descendant d’Adam le rebelle ; 2° que j’ai une nature portée au péché par la loi du péché et de la mort dans la chair ; 3° que les résultats de cette nature en moi ne sont pas selon Dieu mais Lui sont contraires. À chacun de ces chefs d’accusation, je puis dire que j’étais coupable, mais que je suis net comme quelqu’un qui était coupable mais qui a été justifié. Je suis personnellement accepté — je n’ai pas de pardon à demander en vue de l’acceptation de ma personne — tout le pardon dont j’avais besoin en ce sens-là est par Christ mort et enseveli. Je n’ai pas besoin en ce sens-là de purification nouvelle, ni que Christ ou bien meure de nouveau ou répande plus de sang, ou offre de nouveau Son sang, ou m’en fasse encore l’application ; Ses mains, Ses pieds, Son côté et Son front, aussi bien que le fait qu’Il est assis à la droite de Dieu, me disent que tout cela est accompli. Je suis donc libre de marcher dans une vie nouvelle, savoir, dans la vie sans mélange que je possède en Christ, qui est en Dieu. Sûrement il n’existe pas en Lui de mélange de la vieille vie d’Adam le rebelle, et de la nouvelle vie du Christ de Dieu. Oui, dira-t-on, mais pour ce qui concerne les manquements pratiques, en avez-vous fini avec Adam ? N’avez-vous pas dans vos membres une loi de péché et de mort ? Que faites-vous de cela ?

Voici quelle serait ma réponse à une telle question. — Je puis envisager les choses : 1° selon Dieu, et selon la présence de Dieu, ou, 2° selon l’homme et la présence de l’homme, ou, 3° selon ce qui sera lorsque Dieu amènera les siens chez Lui en Sa propre présence.

1° Touchant les choses vues selon Dieu et la présence de Dieu, je ne puis savoir quoi que ce soit si ce n’est par l’Écriture. « Il est écrit » est la seule explication des pensées de Dieu pour ceux qui ont la foi et sont conduits par l’Esprit. Or, selon cette Parole, je trouve que ce que Christ a fait quant à ceux qui Lui sont unis, à Lui qui mourut une fois, quoiqu’Il vive maintenant aux siècles des siècles, les a déchargés personnellement et individuellement de toute culpabilité. Qui condamnera — qui mettra quelque chose à la charge de ceux que Dieu a justifiés par la mort et la résurrection de Christ ? Tout ce que j’étais, comme issu d’Adam, appartenant à Adam et en Adam, Christ l’a pris sur Lui-même ; ce que tout cela était a été pleinement manifesté une fois pour toutes sur sa croix, et le jugement qui devait frapper cela a été porté par Lui ; et d’un autre côté, tout ce que Christ était et tout ce qu’Il est, est à moi dans l’efficace de la vie nouvelle dans laquelle je suis associé avec Lui. Il y a même plus que cela, car la garantie que j’ai d’être plus tard avec Lui et semblable à Lui, se trouve en Lui-même qui est caché en Dieu ; et la réponse à toute ma marche dans le désert comme chrétien ici-bas se trouve en Lui comme vivant d’entre les morts, avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste.

2° Selon l’homme et la présence de l’homme. Le fait que je suis personnellement sans culpabilité devant Dieu, n’ôte pas de mes membres la loi du péché et de la mort. Alors, direz-vous, il me faut pécher encore et toujours manquer. Nullement. La loi du péché et de la mort est laissée en moi à cause du bon plaisir de Dieu, qui, comme le Dieu vivant, s’est plu à entreprendre de conduire Lui-même les siens à travers le désert. Il veut que nous trouvions grâce pour faire choix de Lui et de Ses voies de préférence à nous-mêmes et à nos propres voies ; et Il nous laisse pleinement le temps de faire voir si nous voulons nous identifier avec Lui qui s’est identifié le premier avec nous, si nous voulons nous approprier et Son sentier et Lui qui nous a appropriés à Lui-même. Ceci, toutefois, est du domaine du gouvernement de Dieu dans le temps ; de Dieu gouvernant les voies et formant pour l’éternité le caractère de ceux qu’Il a sauvés d’un salut éternel. Comme, selon l’homme et dans la présence de l’homme, je désire me justifier d’avoir salué Jésus Christ comme l’unique Sauveur, et préféré la justice qui est sur le principe de la foi à celle qui est sur le principe des œuvres ; je désire prouver que les œuvres de l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus sont meilleures que les œuvres de la chair sous la loi ; selon la nouvelle nature, je désire justifier Dieu, et Christ, et l’Esprit de grâce, contre le monde, Satan et la chair. Pour moi vivre c’est Christ et mourir c’est gain, car l’inscription « en toutes choses plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés », n’est point effacée de notre bannière. Je ne suppose pas un moment que le péché soit ôté de mon corps ; cela ne doit pas être ; en tant que chrétien, je ne désire même pas que cela soit pendant que je suis dans le désert. Dieu m’en garde. Non ; mais étant occupé de Christ en haut et de Christ dans la gloire qui vient, je puis, non pas moi pourtant, mais Christ qui habite en moi, le tenir assujetti. En mortifiant son corps et l’asservissant, Paul pouvait faire ce que Saul ne pouvait pas — rendre son corps et tous ses membres propres à glorifier Dieu, et se donner au service de Christ en dépit de Satan qui, au moyen de la convoitise et du train du monde, avait jadis été son maître absolu. Paul était par grâce lui-même le maître, quand il marchait près du Seigneur et réalisait la douceur de la victoire, non pas seulement sur celui qui avait été son maître, et sur les circonstances, mais encore sur lui-même.

La puissance de cette vie qui est la nôtre et de cette marche que nous devons suivre ici-bas ne se trouve pas dans la mort de Christ, bien qu’elle nous affranchisse de la voie de l’homme et de la terre, pour vivre la vie de Christ et du ciel sur la terre. N’était la mort de Christ, il n’y aurait pas une telle liberté ; mais la puissance de notre vie et de notre marche ici-bas gît dans la grâce vivante d’un Christ vivant. Tête au-dessus de toutes choses de Son Église qui est Son corps, et Lui-même le grand souverain Sacrificateur — le capitaine du salut. C’est comme vivant d’entre les morts qu’Il nous garde, que si nous manquons Il nous restaure, et qu’Il lave les siens de la souillure qu’ils contractent dans le désert à mesure qu’ils le traversent. Au lieu de cela, le misérable système que je signale nie dans la pratique cette grâce présente du Dieu vivant, et en niant notre mort par le moyen de Celui qui mourut, nous laisse continuer de pécher, et dans l’incertitude travailler en vue du pardon ; et il nie aussi pratiquement l’existence d’une Église militante sur la terre, ainsi que la grâce de Dieu qui, tout en assurant le salut de Lot aussi bien que celui d’Abraham, laissait à chacun après qu’il était sauvé de faire voir sa propre marche et les expériences qui en étaient la conséquence dans le désert[6].

3° Quant à ce qui sera quand Dieu amènera les siens chez Lui en Sa propre présence. Si Dieu nous a déjà identifiés, nous qui croyons, avec Son Christ qui est en Lui-même — s’Il nous permet ici-bas, chacun dans son petit coin de mondanité, de confondre le mal, et d’embrasser le bien en détail — un temps vient où nous qu’Il a rachetés, nous Le rencontrerons dans Ses propres circonstances et Sa gloire. La foi désire que la présence personnelle de Christ soit la place honorée de la pleine jouissance, et c’est elle seule — être avec Lui, Le voir, Lui être semblable — qu’elle attend ; et la foi voudrait L’attendre jusqu’à ce qu’Il ait Sa pleine joie, et jusqu’à ce qu’Il puisse recevoir Son Église, et se la présenter à Lui-même comme une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Je ne le voudrais pas autrement. Dans le désert, laissez-moi avoir la portion que Christ m’a marquée pour le désert ; laissez-moi souffrir avec Lui ; laissez-moi accomplir ce qui reste de ces souffrances de Christ ; si je dois être absent du corps et présent avec Lui-même en esprit — la patience et la félicité iront ensemble, comme à présent la patience et la souffrance vont ensemble ; — mais, ce n’est que lorsqu’Il aura Sa pleine joie, que je voudrais avoir la mienne, savoir à la seconde venue. Mais alors Il changera ce corps vil et le rendra semblable à Son corps glorieux par ce puissant pouvoir par lequel Il peut même s’assujettir toutes choses.

Comme en rapport avec le gouvernement du Seigneur dans l’Église (1 Cor. 11, 27-34), et avec l’ordre que le Père a établi dans Sa famille (1 Jean 2, 1), quelqu’un qui se sait sauvé peut très évidemment, si et quand il vient à manquer, faire confession de sa faute, et demander non seulement son pardon comme serviteur ou comme enfant, mais aussi que les conséquences de la faute soient écartées. Mais alors, remarquez premièrement qu’il n’y a que quelqu’un qui se sait déjà sauvé qui puisse penser à son œuvre comme serviteur ou à sa marche comme enfant. Si un homme non sauvé devait agir ainsi, ce serait de la propre justice, ce serait se justifier soi-même. Il n’est pas sauvé, ses œuvres ne sont pas, dans sa pensée, des fruits de l’Esprit et de la communion avec Christ. Que dois-je faire pour être sauvé ? est réellement la question qui lui convient ; c’est du moi et non de Christ qu’il s’agit. C’est une chose monstrueuse de penser aux œuvres, si elles sont bonnes ou mauvaises, si elles peuvent ou non être acceptées, en la présence de Celui qui a déjà condamné l’être même dont les œuvres sont en question. Et selon Jean 3, 18, l’homme est déjà sous la condamnation. Les pensées de l’homme sont qu’un pécheur doit travailler et qu’un saint, s’il s’en trouve, doit se reposer[7]. Le commandement de Dieu est que le pécheur se repose de ses propres œuvres, et que le saint travaille pour porter du fruit pour Dieu. Et le salut de l’âme est si entièrement distinct des œuvres devant Dieu, que l’Écriture ne fait jamais allusion aux œuvres d’un homme qui n’est pas sauvé, sauf pour faire voir qu’il est condamné ; l’arbre est condamné, et son fruit le prouve. D’un autre côté, jamais elle ne parle d’un homme sauvé, sans supposer qu’il aura des œuvres et du fruit pour Dieu, que Dieu aura à examiner. L’arbre était planté pour porter du fruit. Celui qui est un avec Christ est fertile.

Et, secondement, qu’on dise ce qu’on voudra quant à ce qu’on mange tous les jours, à toute heure, et en toute chose. Ce peut être vrai ou non — pour moi cela ne fait point de différence. — J’ai à imiter (non pas ces chrétiens-là mais) Paul, savoir comme il imitait Christ. Or, je nie entièrement que sa vie fût une vie de manquements continuels. Le cours même de sa vie justifiait sa parole : « Pour moi, vivre c’est Christ » ; et encore, « selon ma vive attente et mon espérance, que je ne serai confus en rien, mais qu’avec toute hardiesse (de ma part) maintenant encore, comme toujours, Christ sera glorifié en mon corps, soit par la vie, soit par la mort » (Phil. 1, 20).

Je sais qu’il est facile d’exciter la chair à dire, dans la confiance en soi-même : « Pour moi vivre sera Christ » ; mais je sais aussi que le premier pas dans la vie de l’obéissance nous donne lieu de demander jusqu’à quel point nous connaissons cette mort dont je parle ; je ne dis pas mourir, ni simplement bonne volonté de souffrir et disposition à se renoncer soi-même, mais jusqu’à quel point nous avons appris à nous tenir nous-mêmes comme déjà morts par Christ. C’est ce que Paul voyait et sentait être le cas quand il écrivait à Timothée. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui » (2 Tim. 2, 11).

Ici ce qui occupait la pensée de l’apôtre, ce n’était pas la valeur de l’association avec Christ qui était mort (comme en Rom. 6), de manière à délivrer judiciairement de toutes les peines reposant sur l’homme comme créature, et comme descendant d’Adam (lumière dans laquelle tout jugement est passé, et il n’en reste aucun sauf à nous juger nous-mêmes dans notre marche) ; mais c’était la valeur de cette association comme délivrant du moi, afin que nous puissions souffrir pour Christ et endurer la souffrance comme Ses bons soldats.

Un chrétien doit être pleinement assuré, par la foi et l’Esprit, que dans la présence de Dieu il est mort judiciairement en Christ — qu’il est considéré par Dieu en ce sens comme mort — qu’il est capable de se tenir lui-même pour mort afin de pouvoir se servir de cette mort contre Satan, le monde, et la chair ; planter là, si on me permet l’expression, et lui-même et tout ce que fournit le moi comme moyen de prise à Satan, au monde ou à la convoitise.

Le peu d’efficace que la plupart des chrétiens attribuent à la mort de Christ ; la manière dont ils l’ont judaïsée, au-dessous de son éternelle valeur et de l’estimation que le ciel en fait, et l’ont rabaissée jusqu’à n’être qu’une partie d’un système humain à eux, emprunté à la loi de l’humanité déchue et aux éléments du monde (choses qui l’une et l’autre caractérisaient le judaïsme), est un péché bien solennel. Voici en quels termes Paul charge les Colossiens (qui avaient été morts dans leurs offenses et dans l’incirconcision de leur chair (2, 13), c’est-à-dire moralement morts) : « Si vous êtes morts avec[8] Christ aux éléments du monde, pourquoi établissez-vous des ordonnances, comme si vous étiez encore en vie dans le monde ? » etc. (2, 20). Ils sanctionneraient la mondanité et accréditeraient leur propre chair, s’ils agissaient de la sorte. Et il ajoute : « Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (3, 3). « Morts », dit-il — fort correctement — « ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions » (3, 9). Puisque les fondements sont renversés, que fera le juste ?

Christ s’est tellement approprié tout ce que j’étais, qu’Il en a porté les stigmates dans Son propre corps ; mon âme connaît ces mains, ces pieds, ce côté, ce front — mais, béni soit Dieu, je les connais en Celui qui a été mort mais est de nouveau vivant ; je les connais en Celui qui régnera à toujours — comme l’Agneau qui a été mort, mais qui est de nouveau vivant aux siècles des siècles.

Lecteur ! si Dieu vous a fait comprendre ces choses, qu’Il daigne ajouter cette grâce, savoir qu’elles agissent sur vous avec puissance, et que vous trouviez puissance pour agir d’après elles.

Crucifiés avec Christ

Quoique j’aie parlé, en tout premier lieu, de notre association avec Christ, comme dans Sa mort — il y a notre association avec Lui en tant que sur la croix, qui, dans l’ordre des sujets, devrait venir naturellement avant l’autre. Suivant, toutefois, l’ordre que les besoins de la conscience semblaient suggérer, j’ai pris, d’abord, celle qui, selon que l’Écriture présente la vérité, donne de la manière la plus directe la liberté et la paix à l’âme.

Le fait d’être, par la grâce qui nous identifie avec Christ dans la mort, « morts au péché » — baptisés pour Sa mort — « ensevelis avec Lui pour la mort », et en tant que « morts — quittes du péché », change toute la position d’une âme. Il l’enlève de dessus un fondement, et l’établit sur un fondement tout autre ; la retire d’une place qui a un caractère, un jugement et des expériences qui lui sont propres, et l’établit dans une place toute différente, et ayant un caractère, un jugement et des expériences qui sont en contraste avec ceux de la première place, et qui lui sont particuliers.

Israël en Égypte faisait un grand contraste avec Israël hors d’Égypte. L’Égypte était le fourneau de fer, la maison de servitude, le pays de captivité — un lieu condamné, sous le jugement de Dieu ; et bien qu’elle pût avoir ses poireaux, et ses melons, et ses concombres, elle avait aussi son histoire de briques, et ses villes de greniers d’abondance qui devaient être bâtis par le labeur d’Israël. En outre, Israël était une nation d’esclaves, poussés de côté comme impropres à s’associer avec les seigneurs de la terre — les meurtriers de leurs enfants mâles. Hors d’Égypte, ils étaient les affranchis du Seigneur — engagés pour un pays découlant de lait et de miel, un pays de repos, et un lieu de bénédiction. Et ils dressaient leurs tentes autour de la tente de Jéhovah des armées, le roi de toute la terre, possesseur du ciel et de la terre.

Le dessein du Seigneur à leur égard avait toujours été le même ; mais ils sont successivement placés dans deux positions qui contrastent l’une avec l’autre. D’abord, la providence de Dieu les laisse tomber dans la condition d’une nation esclave en Égypte ; mais ensuite le Dieu de providence prend ce même peuple pour être Son fils premier-né, et renverse la puissance de leur oppresseur. C’est leur passage à travers la mer Rouge qui signala définitivement la rédemption des élus, car le retour des eaux qui détruisirent celui qui les poursuivait, leur ferma réellement l’Égypte, et les enferma avec Dieu dans le désert. Leurs positions sont au nombre de deux, et faciles à distinguer l’une de l’autre.

Ce sont aussi deux positions, et qui se distinguent par des traits bien contraires, que celle d’un homme quand il s’efforce de tirer une chose pure de lui-même, qui est impur, et la position du même homme quand la mort de Christ est devenue sienne. Il était un exilé d’Éden, membre d’une race sous le jugement, tellement misérable et ruiné lui-même qu’il s’estimait capable de trouver Dieu, et comme pécheur, de se tenir en Sa présence, et de régler les choses avec Lui en vue de la mort et du jugement à venir, et de ramener la vie, par sa propre puissance, là où régnait la mort. La base de sa position était la nature humaine en tant que créature. Mais il a appris que Christ mourut, Lui juste pour les injustes, et que la foi identifie le pécheur avec Celui qui mourut sous le châtiment dû aux pécheurs. Tout ce qu’il avait et tout ce qu’il était, a trouvé sa réponse et sa fin dans la mort de Christ. Une divine, indissoluble, association du vieux moi, et de tout ce qu’il avait ou était, avec la mort de Christ, le Fils de l’homme sous le jugement pour moi, est le terme, la fin de ce moi. « Je vis, non pas moi pourtant (le moi qui prit fin dans la mort du Fils de l’homme sous le jugement), mais Christ qui vit en moi ».

Les croyants incrédules d’aujourd’hui connaissent peu de la mort de Christ dans ce sens-là, comme la mer Rouge entre l’Israël de Dieu dans le désert et l’Égypte. Ils ont oublié que c’est « après avoir fait par Lui-même la purification de nos péchés », que c’est alors (et non pas avant) que Christ « s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux ». Ils ont laissé écouler que « nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » ; que Celui-ci, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés pour toujours (pour ce qui est de sacrifice expiatoire) « s’est assis à la droite de Dieu » ; — Il s’est reposé de toute offrande ultérieure, et s’est assis ; — « Car par une seule offrande, Il a rendu parfaits, à perpétuité, ceux qui sont sanctifiés ». Sûrement, si, au lieu de regarder au vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme, et de se juger eux-mêmes et leurs sentiments, conformément à ce qui se trouve dans le déploiement de la miséricorde de Dieu dans les cieux ; si, dis-je, au lieu de faire cela, quelques-uns sont absorbés dans ce qui se passe au-dedans d’eux-mêmes, et ainsi laissent écouler le déploiement de miséricorde dans les cieux, substituant aux voies de Dieu en miséricorde, la conduite de Dieu en gouvernement à l’égard de Son peuple sauvé, il y a grand danger et juste motif pour nous d’être dans l’incertitude à leur sujet. Quoique sans intention de leur part, ils ne se servent pas moins, dans la pratique, de la mort de Christ comme du moyen de se placer dans une position de jugement, et en dehors de la position de liberté et de paix de l’autre côté du jugement.

Pour ce qui est de la portée sur le croyant, par grâce, de la croix du Seigneur Jésus Christ, nous la trouvons expliquée en Romains 6, 6 et Galates 2, 20.

Ainsi que nous le verrons, la pensée que nous présentent ces passages n’est pas celle que nous portons la croix aujourd’hui (quoique cela, sous un autre rapport, comme peuple sauvé, puisse être enseigné ailleurs) ; mais ce qui nous est présenté, c’est l’estime que Dieu fait de « notre vieil homme », la manière dont Dieu l’a traité, une fois pour toutes, lorsque le Juste se tint autrefois devant Lui comme représentant les plusieurs injustes, et porta notre jugement à notre place.

« Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » (Rom. 6, 6).

« Je suis crucifié avec Christ, mais je vis — non plus moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2, 20).

La croix était un châtiment honteux et cruel ; et lorsque Dieu donna Ses lois à Son peuple d’Israël, Il établit une autre manière de mettre un pécheur à mort, et stigmatisa la croix en disant : « Maudit est quiconque est pendu au bois » (Deut. 21, 23). De quelle manière merveilleuse Il avait ainsi en grâce anticipé une voie par laquelle Sa propre miséricorde se répandrait en faveur d’un peuple rebelle ! Nous pouvons voir cela en Galates 3, 10-13. « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de la loi, sont sous malédiction ; car il est écrit : Maudit (est) quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. Or, que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, (cela est) évident, parce que le juste vivra de la foi. Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais, celui qui aura fait ces choses vivra par elles. Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois ». Tous ceux qui sont sur le principe de la loi sont sous la malédiction, parce qu’elle maudit tous ceux qui ne la gardent pas, et que nul ne peut la garder ; mais Christ a porté la malédiction en Son propre corps sur le bois. Mais, alors, si Celui qui méritait toute bénédiction quand Il était notre substitut dans le jugement, a été ainsi traité, nous — le vieil homme — (c’est-à-dire ce que nous étions, et ce que notre corps est) y avons trouvé exprimée sur Lui l’estimation que Dieu en fait — Dieu l’a traité, quand nous étions représentés par Son Fils, d’une manière qui montre l’estimation qu’Il en fait, c’est-à-dire, qu’Il fait de nous selon notre relation avec Adam. La crucifixion et la mort ne sont pas nécessairement identiques ; un homme pouvait être sauvé de la mort quoiqu’il eût été exposé publiquement à la honte devant Dieu et devant les hommes, et qu’il eût été cloué à une croix ; aussi, Christ n’a-t-Il pas été seulement cloué à la croix, et n’y a-t-Il pas fait seulement des expériences, comme si, au lieu d’être le prophète, le sacrificateur et le Roi fidèle que Dieu prenait plaisir à honorer, Il avait été quelqu’un dont les péchés et les iniquités surpassaient en nombre les cheveux de Sa tête, et comme s’Il ne pouvait pas regarder en haut — Son cri avant qu’Il mourut fut : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » — mais, outre cela, Il a donné Sa vie en rançon pour nous.

L’estimation que Dieu fait de notre vieil homme, du « moi » qui a été crucifié avec Christ, est assez claire ; et c’est une bonne chose pour ceux dont les goûts et les pensées sont formés dans leur communion avec Dieu, de voir Son estimation de ce qu’ils étaient quand Il les trouva. Un peu plus de mépris et de dégoût pour notre propre vieux moi, et pour l’homme en lui-même, ne serait nullement en nous une chose mauvaise. La manière dont Dieu a traité notre représentant, nonobstant toute Sa perfection personnelle, a montré ce qu’Il pense de moi, et cela peut suffire pour former et fixer ma propre opinion.

Il est nécessaire qu’un chrétien ait les mêmes pensées que Dieu à l’égard de son vieil homme — de son ancien moi. Dieu a exprimé Ses pensées d’une manière qui n’a rien d’ambigu ; elles ont été fortement exprimées ; mais, si elles ont été exprimées avec force, quelle circonspection dans la manière dont Dieu les a exprimées ! Le propre Fils de Dieu crucifié, afin qu’on pût voir sur Lui, pendant qu’Il portait, en amour dévoué pour nous, le jugement qui nous était dû, ces pensées de Dieu concernant ce que nous étions par nature ! Et qu’on remarque bien, que, de même que Dieu, pour notre consolation et notre salut, tient notre vieil homme pour crucifié avec Christ, de même Il nous invite aussi à le tenir pour tel.

« Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché. Vous aussi tout de même tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché » (Rom. 6, 6, 11).

Paul connaissait la puissance qu’il y avait à prendre ainsi Dieu au mot ; et quelle force la foi par laquelle il disait : Je suis crucifié avec Christ (Gal. 2, 20), ne lui donnait-elle pas !

Au lieu de cette simplicité et de cette fermeté de foi, qui en Paul tenait pour vrai ce que Dieu déclarait, et en dépit de l’expérience et des sentiments, ajoutait foi à la déclaration de Dieu, et, par conséquent, agissait d’après elle, nous sommes enclins à tout changer. Paul prenait la manière de voir de Dieu, et agissait d’après ceci — d’après la manière de voir de Dieu — que « notre vieil homme est crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché ». Paul tenait que Dieu était véritable en cela et agissait en conséquence. Il se tenait lui-même pour avoir été « crucifié » et pour « être mort véritablement au péché », et agissait en conséquence ; car il savait qui avait dit : « Car le péché n’aura pas d’empire sur vous ». Au lieu d’une foi pareille à ceci, nous trouvons de nos jours qu’il n’y en a que peu qui reçoivent et tiennent ferme ce que Dieu a dit touchant le fait que le vieil homme a été crucifié et qu’il est mort, même dans la portée de cette doctrine à l’égard de leur justification ; et il y en a moins encore qui le reçoivent et le tiennent quant au principe du péché en eux.

Maintenant, la chose difficile n’est point que la foi donne les résultats de la foi, car les résultats de la foi découlaient aussi naturellement de la foi dans le cas de Paul, que les résultats de l’incrédulité, aujourd’hui, découlent naturellement de l’incrédulité. Paul se tenait lui-même pour crucifié et mort, parce que Dieu disait qu’Il le tenait pour tel, par Christ — et le péché n’avait pas d’empire sur Paul. De nos jours, les chrétiens reconnaissent la croix et la mort de Christ comme la seule porte du repos, mais ils ne tiennent pas que, pour ce qui tient au châtiment dû et à la puissance du péché en eux, ils sont morts par la crucifixion et la mort de Christ, et ainsi ils continuent à douter et à pécher. La difficulté ne consiste point dans la connexion entre la foi et les bonnes œuvres, ou entre l’incrédulité et les mauvaises œuvres ; la connexion est naturelle et assez facile dans les deux cas. Non ; voici plutôt où sont les difficultés : laisser Dieu être véritable et tout homme menteur ; croire Dieu et nous confier nous-mêmes implicitement à Lui et à Sa main.

Quelle différence entre être crucifié avec Christ (comme en Matt. 27, 44 ; Marc 15, 32 ; Jean 19, 32, nous lisons que deux larrons furent crucifiés sur le calvaire, quand le Seigneur fut crucifié) et cette bénédiction d’être crucifiés avec Christ, par grâce (Rom. 6, 6 ; Gal. 2, 20) !

Dans le premier cas (précisément comme dans la crucifixion du romaniste, et des autres religions charnelles qui se proposent de punir les corps des hommes pour les péchés de leurs âmes), toute la peine tombe sur la chair de péché ; dans le dernier cas, elle est tombée toute, et tombée dans des temps qui sont passés — la rétribution qui nous revenait justement — sur l’innocent Jésus, qui a porté nos péchés en Son propre corps sur le bois.

Voilà sur Romains 6, 6, et Galates 2, 20, et sur le croyant un avec Jésus, et qui doit tenir que son vieil homme et son ancien moi sont tenus par Dieu comme crucifiés avec le Christ Jésus.

La croix de Christ m’a marqué (dans tout ce que j’étais en tant qu’homme tombé) comme d’un stigmate ; mais, par contre, Sa mort m’a affranchi, sur-le-champ, de la peine due au péché, et de la liberté de continuer de pécher. Puissions-nous agir en conséquence !

Ensevelis avec Lui

Romains 6, 4 ; et Colossiens 2, 12.

Nous avons donc été ensevelis avec Lui, par le baptême pour la mort.

Ensevelis avec Lui dans le baptême.

Ce qui est enseveli est ôté de devant les yeux. Dieu a, dans Sa grâce, révélé, et la foi a reçu le témoignage, que tout ce que nous étions a disparu de la vue, par notre association avec le Seigneur qui mourut. Moi, non pas moi pourtant, mais Christ qui vit en moi, telle est l’expression dont se servit Paul en parlant de l’énergie qui agissait en lui comme apôtre. Mais que cela fût vrai de lui, en tant que Paul, il y avait eu à pourvoir au cas de Saul. Il avait eu à dire auparavant comme parlant de celui-là : « je suis (ou j’ai été) crucifié avec Christ » ; ce fut là son sort et sa fin en tant que Saul. La lumière d’un Christ vivant, ressuscité et monté en haut, avait brillé sur son âme, et il apprit que la grâce considérait tout ce qu’avait été Saul, tout ce qui était de Saul, comme tellement identifié avec ce Christ, que la fin de tout cela, en fait de mort et de jugement, était estimée de Dieu comme étant là — en Christ crucifié. Si Dieu l’estimait ainsi, il ferait de même ; et, en conséquence, il dit : « Je suis (ou j’ai été) crucifié avec Christ ». Mais si le chapitre relatif à Saul contenait cette vérité bénie, le chapitre relatif à Paul continuait par un : « Mais je vis, non pas moi pourtant, mais Christ vit en moi ». Mais il y avait cette très miséricordieuse provision à noter, quant à Saul, non pas moribond, mais défunt — à noter à la louange de la grâce qui voyait que la gloire de Dieu le requérait, et qu’il fallait cela pour la consolation de la personne ainsi trouvée et bénie — savoir, que le mort était aussi enseveli, ôté de la vue par la grâce de Dieu par Christ — enseveli avec Lui par le baptême. « Ensevelir nos morts de devant nous » est parfait en son temps et à sa place.

Abraham, et Isaac, et Jacob, et Joseph sentirent cela, et, par la foi, virent Dieu en rapport avec leur lieu de sépulture. Dieu vit d’avance le tombeau où le corps de notre Seigneur devait reposer, comme nous le montre Ésaïe 53. Des hommes pieux emportèrent aussi Étienne à son sépulcre ; et la sagesse et la grâce divines ont pourvu à un tombeau pour le « moi » qui fut Saul le persécuteur, et pour le « moi » quelconque, trouvé mort dans les offenses et dans les péchés, qui trouve grâce pour la vie éternelle. La loi pouvait maudire un tel être — elle pouvait le percer de part en part de ses foudres — elle pouvait faire voir qu’il n’y avait de vie en aucun de ceux qui se tenaient aux pieds de la montagne de Sinaï, et que la mort morale régnait dans chacun d’eux et chez tous ; — mais Moïse ne pouvait ni tuer ni mener à une fin la vie de quelqu’un comme Saul, ni lui donner une vie nouvelle. Mais Christ lui a assuré pleinement tous les avantages de la mort — lui a transféré Sa propre mort dans toute sa plénitude — a partagé avec lui la croix dans tout son fruit — et se déclare Lui-même le lieu de sépulture. Ensevelis avec Lui par le baptême pour la mort ; ensevelis avec Lui dans le baptême.

Toutes ces choses appartiennent à la foi, et par conséquent, sont ratifiées aux individus par la foi, et c’est par la foi que les individus en jouissent. Ce peut être vrai individuellement de chaque membre d’une famille ou d’une communauté, que cette famille ne se compose que de trois membres, comme un homme, sa femme et un enfant, ou que la communauté soit aussi nombreuse que l’est l’Église de Dieu ; — mais ces choses ne sont pas vraies de la famille, ou d’une communauté quelconque, comme telle. On ne saurait dire d’aucune famille, d’aucune communauté comme telle, qu’elle est « crucifiée, morte et ensevelie, en Christ ». Dire que l’Église est morte, crucifiée et ensevelie avec Christ, serait une proposition absurde ; et si elle signifiait quelque chose, elle signifierait quelque chose de bien éloigné de la vérité. C’est vrai cependant de tout membre de l’Église, quant à ce qu’il était ; et Dieu tient quiconque croit, pour crucifié, mort et enseveli avec Christ, pour ce qui est du vieil homme ; et la Parole nous commande de tenir cela comme la mesure et l’estimation que Dieu fait du moi en nous, en tant que formés ainsi en Christ — le crucifié.

« Être comme Dieu, connaissant le bien et le mal », c’est la folie pratique de notre « moi » tombé ; la croix pour Son Christ, est l’équivalent, selon Dieu, de cette folie en nous. Ainsi agit-Il, quand Il agit envers Christ selon Son estimation de nous — c’est ainsi qu’Il a flétri comme d’un stigmate notre moi, notre sagesse si contente d’elle-même, et notre amour du pouvoir.

Voilà donc pour ce qui concerne le « moi » qui était, et était envisagé comme se trouvant sur son propre fondement en tant que créature, sur les mérites et l’être de ce qui est, et est trouvé en nous-mêmes et de nous-mêmes devant Dieu. Par grâce, Dieu a dit de tout cela : « crucifié avec Christ, mort avec Christ, enseveli avec Lui ». L’estimation que Dieu fait de ce que chacun de nous était, le jugement de Dieu sur cela, et l’acte par lequel Dieu l’ôte, pour ainsi dire de devant les yeux, nous sont présentés dans la crucifixion, la mort et la sépulture du Seigneur. Ce qui était vrai de nous moralement, a été visité sur Lui d’une manière pénale. Dieu nous identifie tellement, nous tient tellement (dans tout ce que nous étions et avions de nous-mêmes) pour un avec Christ dans Sa crucifixion, Sa mort et Sa sépulture, que nous pouvons compter que c’est accompli, et que comme croyants nous sommes tenus de le faire. Dieu, qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient (Rom. 4, 17), est Celui avec lequel nous avons à faire. Il l’a compté ainsi. Qui Lui dira : Que fais-tu ? ou, qu’est-ce que tu as fait ? Ses droits sont-ils limités ? Son pouvoir est-il restreint qu’Il n’ait pas le droit de faire comme il Lui semble bon, ni le pouvoir d’accomplir ce qu’Il veut ? Non ; mais plutôt, Il a parlé et ne le ratifiera-t-Il point ? Si ce n’eût été pour tenir dans Sa grâce quiconque croit, pour un, selon tout ce qu’il avait ou ce qu’il est, pour un avec Christ, Christ n’aurait jamais été crucifié, ne serait jamais mort ou n’eût jamais été enseveli. Mais Il a été crucifié, mort et enseveli ; et la foi dit : « Et je suis crucifié, mort et enseveli avec Lui ».

La grâce divine est merveilleuse en puissance et en sagesse. Elle a fait que la mort et le jugement, qui sont en perspective devant l’homme dans l’avenue de la vie humaine, se trouvent dans une place rétrospective derrière le croyant dans le cours de la grâce. La grâce a su aussi comment substituer la mort du seul innocent et du seul juste, et le jugement sur la croix de Celui qui doit juger les vivants et les morts, à la place du pécheur qui croit et à la place du jugement du coupable qui s’accuse lui-même. Et non seulement la grâce a ainsi répondu par anticipation aux besoins du pécheur qui croit, mais elle a aussi dans la même et unique délivrance par la crucifixion, la mort et l’ensevelissement avec Christ, éteint tous les vieux comptes, toutes les vieilles dettes de famille. Il y avait un compte à régler en jugement à cause de la rébellion du premier chef de la famille ; un autre, à cause d’une nature en état de corruption provenue de lui — mise à l’épreuve, comme elle l’avait été, de toutes sortes de manières depuis la chute d’Adam, et toujours néanmoins se trouvant rebelle. La grâce a répondu à tout cela, a annulé tout cela : car si la peine portée par le Fils de l’homme sur la croix a été portée parce qu’Il était identifié avec des personnes dont le cas appelait le jugement, parce qu’Il a été substitué à elles dans le jugement, il a été pourvu à tout ; et la foi peut dire : « Je me tiens moi-même (tout ce que j’étais, comme simple créature, comme descendu d’Adam) pour crucifié, mort et enseveli ; et toute l’affaire est terminée pour moi, du moins, parmi les hommes, parce que Dieu a dit que c’est la fin de toute l’affaire avec Lui pour quiconque croit ».

Si un homme ne se tient pas lui-même pour crucifié, pour mort, pour enseveli avec Christ, où est sa foi — où est son intelligence de ce que Dieu tient pour vrai à l’égard de quiconque croit ? J’insiste là-dessus, 1° parce que je connais, par l’Écriture, et aussi par l’expérience, les besoins de l’âme et de la conscience du pauvre pécheur devant Dieu. Il n’y a pas de mesure du moi — c’est-à-dire, de mesure divine et parfaite — capable de satisfaire l’âme dans la présence de Dieu, parce qu’elle a satisfait Dieu Lui-même — sauf la croix du Christ Jésus ; il n’y a pas de fin pour le moi, sauf la mort du Christ Jésus ; il n’y a pas de lieu de sépulture pour le moi, à moins que ce ne soit le Christ Jésus Lui-même ; et 2° parce que à moins qu’un homme n’ait dit « mort », comment peut-il dire : « Je suis de nouveau vivant » ? Ceci nous mène au terme de la première partie de notre sujet.

Je désirerais placer devant ma propre conscience et celle de mon lecteur, cette question : — Jusqu’à quel point la conscience, dans la solitude secrète de la présence de Dieu — là où elle pense à la justice, à la tempérance et au jugement éternel à venir — connaît-elle ces choses comme réelles et existantes, selon les pensées que Dieu a de nous et de nos propres pensées de nous-mêmes ?

Crucifiés,
Morts et ensevelis,
avec Christ.

Quatrième partie

Dans les trois articles précédents, nous avons examiné ce que le Saint Esprit nous enseigne dans l’Écriture, relativement à la provision faite par Dieu pour faire face à tout le mal de notre vieux premier moi de nous-mêmes, envisagés dans notre nature déchue et selon notre descendance d’Adam. En Christ, il y avait la vie ; et l’œuvre de Christ fut telle, que par elle Dieu put faire face (leur faire face et les mettre de côté) à toutes les conséquences de ce qu’Il trouve qu’il y a en nous par nous. Crucifiés avec Christ ; morts avec Christ ; ensevelis avec Christ, sont trois bénéfices bien précieux que nous recueillons de l’humiliation du Seigneur. Quelle épitaphe, digne du Dieu de toute grâce, à mettre sur Saul le persécuteur, et ses pareils, quand, par grâce, ils viennent à croire : « Crucifiés, morts, et ensevelis avec Christ » ! D’autre remède, d’autre refuge — il n’y en avait, il n’y en a, il ne saurait y en avoir, pour un fils ou une fille d’Adam ayant hérité de lui la perdition, aucun que celui qui est présenté ici. Mais la pensée de Dieu n’était pas seulement de nous rencontrer dans notre mal, et de nous délivrer de ses conséquences terribles ; — l’amour qui jeta les yeux sur nous quand nous étions dans nos péchés (et quand nous étions des enfants de colère, jeta les yeux sur nous et pensa à s’interposer entre nous et les fruits de nos péchés, par l’œuvre de Christ), cet amour avait en lui une longueur et une largeur qui ne pouvaient se déployer pleinement dans les limites de notre misère ; mais nous ayant aimés, en dépit de ce que nous étions, et ayant pleinement fait face à tout le mal, à ses propres dépens, cet amour a pris pour lui-même une arène qui est assez vaste pour qu’il puisse y faire voir toute son étendue. Le Fils de Dieu s’est associé comme Fils de l’homme avec toutes les circonstances de notre misère, a été exposé à l’ignominie à notre place sur la croix ; est mort là à notre place et a été enseveli. Tel fut Son sentier ici-bas : obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix. « Il est mort pour nos péchés selon les Écritures ; et — Il a été enseveli » (1 Cor. 15, 3, 4). Mais « Il est aussi ressuscité d’entre les morts, etc. » et, comme nous le verrons, Il nous a associés avec Lui dans toutes les phases de Sa carrière d’honneur et de bénédiction dans le ciel. En s’associant Lui-même avec nous, Il eut à souffrir pour nous : en nous associant avec Lui-même. — Oh ! de quelles riches bénédictions Il nous rend participants et possesseurs en Lui ! Ce sont elles que nous voulons considérer maintenant.

Vivifiés ensemble avec Christ (Éph. 2, 4, 5, et Col. 2, 13)

« Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ » (Éph. 2, 4, 5).

« Et vous lorsque vous étiez morts dans vos offenses, et dans l’incirconcision de votre chair, Il vous a vivifiés ensemble avec Lui » (Col. 2, 13).

Remarquez d’abord ce que nous étions, selon que l’établissent ces deux passages. Morts dans les offenses et les péchés — ayant marché autrefois selon le train de ce monde — lequel est caractérisé comme étant selon le prince de l’autorité de l’air — l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance — entre lesquels aussi nous avons tous conversé autrefois, dans les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et des pensées ; et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. Remarquez-le. La mort dans les offenses et dans les péchés ; une marche selon le siècle de ce monde (en inimitié contre Dieu et contre le Père) ; un siècle où tout se fait par l’énergie de Satan, qui a autorité sur les rebelles ; une conduite habituelle caractérisée par les convoitises de la chair, les volontés de la chair et des pensées ; enfants de colère : voilà dans quel lieu, dans quelle condition la grâce nous a trouvés, si nous pouvons ajouter foi à l’épître aux Éphésiens. Et l’épître aux Colossiens ne nous présente pas un tableau plus favorable, qu’il s’agisse des Juifs ou des Gentils. Mais tandis qu’Il ne pouvait pas trouver de réponse dans un pareil état de choses, considéré en la présence de Dieu, Dieu a fait voir qu’il se trouvait une réponse en Lui-même : Il était riche en miséricorde et aussi en puissance. Si l’objet sur lequel Il portait Ses regards était le contraste même de ce qu’Il aimait, de ce qui faisait Ses délices dans le Christ Jésus, Il pouvait toutefois montrer Sa compassion et Sa miséricorde — miséricorde et compassion envers ce qui était en contraste avec Lui-même et avec Sa propre beauté morale comme elle trouvait son expression dans le Christ Jésus — Il pouvait sauver le pécheur ; cependant, dans l’acte même qui Le justifiait d’agir de cette manière, Il donnerait la parfaite expression de Sa propre puissance, et en même temps de Sa haine contre le péché. Son Fils, Son Fils unique, prendrait, comme Fils de l’homme, la place due pénalement au pécheur, et porterait en Son propre corps sur le bois le parfait jugement dû au péché. Substitué au pécheur — Lui (le juste en lieu et place de plusieurs injustes) a porté le péché en Son corps sur le bois. En faisant cela, Il s’est montré en parfaite sympathie avec le divin et céleste conseil de miséricorde de Son Père — Il est devenu obéissant jusqu’à la mort, la mort de la croix. Le jugement est passé ; bien passé par Christ, tout seul — tout ce que Dieu pensait, sentait, savait, être dû au péché en Sa présence. Celui qui a passé par ces souffrances (qui nous étaient dues selon la justice, mais nous auraient plongés dans l’enfer pour l’éternité), est maintenant de nouveau vivant. Car si la justice divine a parfaitement exprimé son jugement et son action contre moi, mon péché et mon iniquité, lorsque Christ s’est présenté pour être puni à ma place[9] — la justice divine avait aussi à s’exprimer, si elle voulait être claire et nette, au sujet tant de la gloire personnelle que de la gloire essentielle de Celui qui pouvait accomplir une œuvre pareille — Dieu L’a ressuscité des morts et Lui a donné la gloire, en sorte que notre foi et notre espérance fussent en Dieu. Il L’a ressuscité d’entre les morts et L’a placé à Sa droite dans les lieux célestes bien au-dessus de toute principauté et autorité, et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et Il a assujetti toutes choses sous Ses pieds, et L’a donné pour être chef sur toutes choses à l’Église qui est Son corps, et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous (Éph. 1, 20-23) ; Dieu L’a haut élevé et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes et terrestres et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2, 9-11).

Le chef de toute principauté et autorité (Col. 2, 10). Oui, il en est ainsi : Celui qui fut l’homme de douleurs, est maintenant assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux, couronné d’honneur et de gloire ; et, comme Seigneur de tous et établi juge des vivants et des morts, Il sait comment appeler un pauvre pécheur, un Saul de Tarse ou un Jean de Bedford, et placer devant lui et en lui le contraste entre

Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d’être jugés.

Ainsi le Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui L’attendent.

Il sait très bien comment placer Sa propre mort et Ses propres souffrances merveilleuses devant l’âme d’un pauvre pécheur qui mérite le jugement éternel, et montrer Lui-même, établi pour juge des vivants et des morts, comment la grâce L’a donné Lui-même comme une victime, afin que tous ceux qui croient puissent, en acceptant le jugement qu’Il a porté comme ayant été à la place de leur propre, échapper eux-mêmes au jugement. Et que dira le pauvre pécheur ? Dieu veut-Il réellement reconnaître que le juge a porté la peine du prisonnier ? Le juge attend-il comme en un temps agréable, de voir quel effet aura un pareil message sur le cœur d’un misérable perdu ? Oh ! la nouvelle n’est que trop bonne ! quoique, béni soit Son nom, elle n’est pas moins vraie que bonne. C’est accompli ! Je m’incline devant la parole bénie de la grâce de Dieu, par Christ, proclamée au premier des pécheurs. Par grâce, elle m’a atteint ; par grâce, elle a soumis mon âme. Qu’il en soit ainsi ; que Dieu soit juste, et qu’Il me justifie moi pécheur. Qu’Il ait la gloire d’avoir imputé tous mes péchés à Jésus ; qu’Il ait la gloire d’avoir trouvé le moyen, par ce Fils, de me tenir pour crucifié avec Lui, pour mort avec Lui, pour enseveli avec Lui. Que Dieu mette ainsi honneur et gloire sur l’œuvre de Son Fils, accomplie pour nous ; cette œuvre par laquelle Il fait face à tout ce qui nous appartenait comme étant dans la nature humaine déchue, et par le moyen de laquelle Il fait disparaître tout cela.

L’œuvre de Christ pendant qu’Il était sur la terre était pour nous — et nous est imputée. Lui, le Fils de l’homme, l’Agneau de Dieu, Il fut crucifié, Il mourut, et fut enseveli. Dieu tient que tout ce qu’un Saul de Tarse, un Jean de Bedford, et leurs pareils, avaient et étaient, trouve sa réponse dans la crucifixion, la mort et la sépulture du Seigneur Jésus ; c’est-à-dire, quand eux, les premiers pécheurs, ils viennent à croire. Toutefois, cela leur est compté ainsi. Mais les autres parties de la bénédiction ne sont pas simplement imputées, mais elles renferment en elles quelque chose de réel, d’essentiel. Être vivifié avec Christ est quelque chose de plus que ce qui est simplement imputé. Christ dans toute Sa perfection, fut crucifié, mourut et fut enseveli. Dieu m’impute dans toute mon imperfection et tout mon mal positif, le plein bénéfice de cela. Lui, Christ, le juste, a enduré tout cela, selon le bon plaisir de Dieu pour moi, injuste, et à ma place. Dieu m’impute tellement cela, que c’est Son épitaphe pour moi, conformément à ce que j’étais. Mais cette épitaphe ou inscription sur la tombe ou le lieu de repos final du vieil homme en moi, est encore un Christ parfait — parfait quoiqu’Il porte (déploiement de Sa perfection) les marques du jugement qu’Il subit jadis pour moi. Toutefois, le moi qui mérita d’être stigmatisé de Dieu, je ne le suis plus actuellement en Lui. Ce que Dieu compte, la foi le compte aussi ; et ainsi, nous tenant nous-mêmes pour morts pénalement au péché, nous comptons que nous avons cessé d’agir dans le péché, et non pas seulement que nous avons à cesser de le faire. Maintenant il y a, en un certain sens, un contraste avec cela dans ce qui suit ; car la « vie » est une chose très positive, très réelle. Et la vie ne nous est pas comptée simplement, mais nous a été donnée d’une manière absolue à nous qui croyons, et est positivement possédée par nous en Christ, en même temps que nous en jouissons en nous-mêmes. Il importe d’avoir une vue claire de cette différence : arrêtons-nous y un moment.

Tout ce qui nous était dû comme pécheurs a été compté à Christ. Il en a porté le jugement et Il garde encore les marques du jugement ainsi porté. Or, de même que nous voyons quelquefois sur les murs des chapelles et des églises une tablette érigée en mémoire d’une personne morte en un pays étranger et dont le corps y repose encore, de même on peut envisager ainsi, sous un point de vue, les marques de la passion qui restent encore et peuvent être vues par la foi en la personne du Seigneur. Mon méchant moi n’est point en Lui. La mémoire de toute ma culpabilité, de tout ce que Dieu avait contre moi, a trouvé jadis son lieu de repos définitif dans la personne de Christ quand Il but la coupe de la colère sur la croix. Et à présent lorsque, par la foi, je regarde à Lui, je vois en Lui la relation authentique, le mémorial de ce qu’Il a porté à ma place. Ceci est de toute importance quand il s’agit de la question comment je puis, moi, en moi-même créature coupable, trouver la paix avec Dieu. Le juste, Celui qui doit tout juger, a porté sur la croix le jugement qui m’était dû, à moi l’injuste. Je n’ai ni crainte ni doute sur la question, s’Il voudra ou non se souvenir de Ses propres souffrances sur lesquelles Il a fait trouver le repos à mon âme. Mais cela n’est pas tout. Non seulement c’en est fini du châtiment, du pouvoir, et de l’existence du vieil homme, mais il en est introduit un autre, un nouvel homme, ayant être, pouvoir et liberté, pour remplacer le vieil homme. Et ce nouvel homme est une chose positive, et une chose entièrement nouvelle. Adam dans la condition où il était en Éden, ne possédait pas ce que le plus faible croyant en Christ possède aujourd’hui : « Régénérés non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu vivante et permanente » (1 Pier. 1, 23). « La parole du Seigneur… cette parole qui vous a été annoncée » (v. 25), est le moyen instrumental de la communication de cette chose, mais la chose communiquée est elle-même une chose nouvelle. Christ est le donateur — « l’eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle » — une telle portion n’est pas de la nature humaine, mais est de Dieu. Et lorsque nous en venons aux Écritures, que trouvons-nous relativement à cette vie-là ? Premièrement : si Adam était une âme vivante, Christ est un Esprit qui donne la vie : « si le premier homme, Adam, devint âme vivante, le dernier Adam esprit vivifiant » (1 Cor. 15, 45). Ensuite, non seulement Sa gloire est décrite en ces termes : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement auprès de Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et sans elle rien ne fut fait de ce qui a été fait », mais aussi une autre gloire est sienne : « En elle était la vie ; et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 1-4). « Vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec Lui en gloire » (Col. 3, 3-4). « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils » (1 Jean 5, 11). Je cite ces passages comme montrant que la « vie » est, pour nous qui croyons, non pas simplement l’ordre moral rétabli dans les éléments du vieil homme, mais quelque chose que ne possédait pas non seulement l’humanité déchue, mais aussi l’humanité avant la chute, telle qu’elle fut d’abord placée dans le jardin d’Éden ; quelque chose qui nous rend propres non pas seulement pour le ciel, son pays natal ; mais pour « la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1, 3). Mais l’Écriture nous donne de nombreuses instructions sur les détails en rapport avec ce sujet.

Ces paroles, « vivifiés ensemble avec Christ » si nous pouvons Le goûter et Le voir, offrent beaucoup à notre attention. J’en ai entendu des expositions qui, tout en contenant beaucoup de vérité, et aussi de vérité précieuse, n’étaient pas des expositions de ce que renferme notre texte. Ainsi par exemple, être « vivifiés ensemble avec Christ » ne signifie point que, comme Il fut vivifié Lui qui était mort et enseveli dans le tombeau, dans le jardin, de même nos âmes qui étaient moralement mortes deviennent moralement vivantes si nous avons cru. Si, à l’expression « moralement vivantes », nous substituions l’expression « spirituellement aussi bien que moralement vivantes », cela serait vrai ; mais évidemment, cela ne mettrait pas l’emphase sur les mots ensemble avec. Et une vérité pareille eût été mieux exprimée ainsi : « avons été vivifiés quant à l’âme, comme Christ le fut quant au corps ». Notre passage ramène réellement à l’heure où Christ fut vivifié, et signale une gloire spéciale comme se rattachant à Lui quand Il fut ainsi vivifié, et une gloire qui se rattache aujourd’hui au croyant. Ayant mis Sa vie comme se substituant aux pécheurs, Il l’a reprise comme le second Adam ; esprit qui donne la vie, chef de race. Dans la rédemption, il n’existe rien devant Dieu ou ne sera trouvé stable, sauf ce qui procède de Christ. Il est le Rocher, Lui seul. Il fut frappé à mort. Mais les eaux vivifiantes, expression de la vie qui était en Lui, qu’Il était Lui-même, jaillirent en vie — vie après la mort, vie qui était en elle-même au-delà de la mort et qui était manifestée telle par le fait qu’Il avait passé par la mort. C’était nécessaire pour la gloire de Dieu et pour la conscience du pécheur, qu’il fut pleinement satisfait aux outrages faits par le péché à Dieu, et au péché lui-même, par Celui qui seul pouvait le faire. Christ fit cela par Sa mort. Mais Sa mort ayant pourvu à tout ce qui concernait le péché passé, présent ou à venir — Sa vie qu’Il reprenait allait avec l’aveu de Son caractère de chef de race. Jamais vie ne découla si ce n’est de Lui. De quelle autre source pourrait-elle couler ? Vivifiés ensemble avec Christ ! Alors je dois revenir dans ma pensée, pour ce qui est de cette vie que je sais avoir dans le Fils, à Celui en qui est la vie ; et revenir à Lui, non pas seulement comme Celui de qui cela était vrai en tant que la Parole de Dieu — mais comme Celui de qui cela est déclaré par l’Écriture être manifesté comme vrai — à l’heure même où Il fut vivifié en tant que Fils de l’homme, qui était mort mais ne pouvait pas voir la corruption. Une vue simple de cela change tout pour une âme qui croit, parce que cela ramène la pensée sur le moment et les circonstances mêmes que Dieu avait arrangés comme témoignage pour l’homme. Il savait qui Son Fils était, et ce que Son Fils était et voulait faire ; Il n’avait pas besoin, dans Sa nature infinie, du développement et de l’accomplissement de Ses plans et de Ses conseils pour voir ce qu’Il pourrait savoir et comprendre. Mais, dans Sa grâce, Il a présenté, dans un temps et des circonstances qui sont appropriés à l’homme, de grands faits manifestes, de nature à faire appel à l’homme comme homme, et tels, que l’homme, quand il est sous la grâce et dans la lumière, peut en avoir l’intelligence. La crucifixion, la mort, la sépulture de Christ furent des faits manifestes, solennels. Accomplis par l’homme, et, en grâce et dans un but de miséricorde, permis par Dieu, ils dirent d’abord la méchanceté de l’homme, et, par la grâce de Dieu, sa fin pour le croyant. La vivification, la résurrection, l’élévation et la glorification de Christ sont aussi de grands faits manifestes, des actes accomplis par Dieu pour la confusion de l’homme pécheur et pour le salut du croyant. Et ils disent (oh ! de quelle manière bénie !) la source, pleine de toute bénédiction, d’où Dieu fait découler tous les privilèges, toutes les grâces dont Il nous comble.

Ai-je la vie éternelle ? Oui, dans le Fils. Comment est-ce que je le sais ? Premièrement, parce que Dieu identifie la foi et la vie d’une manière inséparable ; et, secondement, parce que je connais par la foi ces choses que la Parole déclare ne pouvoir être connues si ce n’est là où il y a la vie — la vie divine. Cette vie est dans le Fils et vient du Fils. Mais à quel moment du temps, à quelles circonstances la Parole de Dieu me renvoie-t-elle comme au lieu de naissance, à la scène de la venue à la lumière pour la première fois, de cette vie qui est mienne ? À la vivification et à la résurrection d’entre les morts du Christ de Dieu, honoré de Dieu, quoique rejeté par l’homme. Il a été vivifié, et Il a été vivifié comme un chef. Immédiatement, je crois et comprends la Parole — la tombe de Christ resplendit de lumière, non plus maintenant fermée et sombre comme le lieu de repos de Celui qui a été enseveli, mais ouverte et pleine de lumière (car le Fils de Dieu, la Parole, et le Jésus de Nazareth étaient là prouvés justement n’être qu’une seule et même personne) — que c’est là la scène à laquelle la Parole me ramène. Je crains qu’il y en ait peu parmi nous qui reviennent simplement à cette scène comme à la scène d’où notre nouvelle vie a sa date et la manifestation de son origine. L’homme (nous-mêmes selon ce que nous étions) ne voulut de Christ à aucun prix. Dieu voulut L’avoir, et voulut L’avoir comme le second Adam — avec primauté et relation vis-à-vis de l’homme trouvé rattaché à Lui tant pour le ciel que pour la terre. Je n’ai pas besoin de dire que mon vieil homme ne fut point vivifié — il fut crucifié, il mourut, et fut enseveli avec Lui. Non, mais Dieu me communique une nouvelle nature, la nature divine ; et Il m’a donné avec elle pouvoir pour devenir un fils de Dieu, pouvoir pour entrer non seulement dans la jouissance des choses et des circonstances de Dieu, mais dans Ses propres pensées et Ses propres affections, et d’y entrer conformément à la manière dont elles ont été révélées, comme manifestées par Dieu manifesté en chair — par le Fils de l’homme ; par Celui qui, quoique Dieu sur toutes choses béni éternellement et le compagnon de Jéhovah, fut jadis, en effet et en vérité, l’homme de douleurs et sachant ce que c’est que la langueurcrucifié en faiblesse.

La parole : « Vivifiés ensemble avec Christ » me donne trois vérités profondes : 1° la source de la vie, présentée selon la forme et les circonstances dans lesquelles il devait y avoir communication de la vie ; 2° que le trait principal, le plus marquant de la scène, est la vivification de Christ du sein du tombeau. Dans le temps, au point de vue de l’importance, sous tous les rapports, quand Dieu parle, Christ doit avoir la prééminence, la première place — cela doit être ainsi ; 3° qu’il y avait une unité, quelque chose que Dieu et l’Esprit de Dieu ne voulaient pas briser en deux, dans la vie ainsi communiquée, dans la communication de la vie — d’abord pour le Christ, en tant que Fils de l’homme, se réveillant du sein du tombeau dans lequel Il était descendu afin de nous décharger de notre culpabilité, et en second lieu, pour le croyant déchargé de sa culpabilité ; une vie en nous pour Dieu.

Le Fils de l’homme devait être trois jours dans le sein de la terre. Quant à voir la corruption, Il ne le pouvait point — et il était aussi impossible qu’il y eût en Lui un changement moral quelconque. Mais Il avait le pouvoir de laisser Sa vie (et Il la laissa) et le pouvoir de la reprendre (et Il la reprit) ; car Il avait reçu ce commandement du Père. Il laissa Sa vie à notre place, Il la reprit et nous en rendit participants.

Que le vieil homme et l’homme nouveau ne sont pas simplement des états d’un seul et même être à des époques différentes, c’est une chose évidente ; car, premièrement, ils coexistent — ils se trouvent tous les deux en moi croyant ; et, en second lieu, ils sont en contraste l’un avec l’autre : le vieil homme ne peut pas connaître et aimer Dieu — la nouvelle nature qui nous a été donnée de Dieu, aime Dieu ; le premier ne peut s’élever jamais plus haut que l’âme vivante — le second a été amené à l’existence en nous par Christ.

Les expressions « être dans la chair » et « être dans l’Esprit » (Rom. 8, 9) se rapportent à la position. Nous ne sommes pas dans la chair (notre position n’est point selon la chair) mais dans l’Esprit (notre position est selon l’Esprit) si du moins l’Esprit de Dieu habite en nous. Mais, alors, quoique notre position devant Dieu soit selon l’Esprit, et cela, d’après le contexte, ne met évidemment pas la chair, le vieil homme, etc., hors de nous ; il se trouve encore en nous ; mais notre position devant Dieu étant selon une relation formée avec Christ par la foi, par le moyen de l’Esprit, nous ne sommes point sous la culpabilité, et nous sommes tenus d’agir contre la vieille nature de laquelle nous ne retirions aucun avantage, et conformément à la nature nouvelle qui nous a été donné, par le moyen de la foi, relation et position avec Christ. La doctrine de l’Écriture est très simple et très claire, quoique, par manque de simplicité en nous-mêmes, nous la trouvions souvent pleine de difficultés.

Pour Dieu, l’unité qu’il y a entre le Fils de Dieu parfait et le Fils de l’homme dans toute Sa perfection, n’offre aucune difficulté ; — car Dieu était manifesté en chair. Pour Lui, il n’y a pas non plus de difficulté à ce que cet Être béni communique, en tant que Fils de l’homme, esprit vivifiant, une nouvelle nature au pécheur ; pas de difficulté pour Lui à fournir ce qui rend capables, et cette nature, comme semence incorruptible, de demeurer dans un pauvre pécheur, et l’Esprit de Dieu de la servir — pendant que le péché demeure dans le corps du pécheur. La croix de Christ répond à la difficulté sous une forme ; l’intercession et le ministère du souverain Sacrificateur le font sous une autre, et la puissance de Christ le fera sous une troisième. Mais cette nature introduite en nous par Christ ressuscité du tombeau, par le moyen de la foi, par la Parole, peut et veut supplanter avec toute sa propre supériorité de nature et de caractère, la vieille nature ; et finalement à la fin, quand nous aurons vu le Christ, elle ne laissera absolument pas de trace en nous de la vieille nature. Si, par un changement continu qu’effectue dans mon corps naturel le jeu de la vie naturelle, etc., mon corps est, comme on le dit, graduellement changé dans toutes ses molécules, je n’en reste pas moins toujours le même ; je ne vois pas de difficulté, même pour mon propre esprit, à comprendre qu’une nouvelle nature d’un ordre plus élevé, peut m’avoir été donnée — une nature introduisant d’autres objets, d’autres motifs, d’autres affections et d’autres désirs ; et que sa coexistence en moi, pour un temps, avec l’autre nature, peut amener pour un temps un certain état de lutte ; et que toutefois, à la fin, lorsque j’aurai vu Christ, elle peut être tellement rendue parfaite quant à sa possession à elle seule de moi, esprit, âme et corps, qu’il ne reste plus un élément de la vieille nature dans son premier état, sans qu’il ait été néanmoins porté l’atteinte la plus légère à mon identité et à mon individualité.

Je ne dis pas ceci comme ayant une théorie à établir ; mais comme réponse aux questions et aux difficultés qui ont été soulevées par quelques-uns qui (avec l’idée de rester hommes de bien, et de conserver leur position simplement comme tels) ont repoussé le témoignage de la Parole sur la nature divine par un — comment se peuvent faire ces choses ? Je reçois ce que l’Écriture dit, parce que Dieu le dit ; mais, en vérité, je ne puis voir dans ces choses des difficultés plus grandes que celles que présentent des vérités appartenant au domaine de la nature et de la providence ; ni aussi grandes que celles que le sens et l’orgueil de l’homme trouveraient aux sujets les plus élevés de la révélation — tels que l’incarnation, l’expiation, la rédemption, etc.

Selon 1 Jean 1, 1-3, la vie éternelle qui était auprès du Père, a été manifestée en Christ. Mais le Fils de l’homme avait le pouvoir de laisser Sa vie et le pouvoir de la reprendre (Jean 10, 18). Il est important de remarquer la différence entre la vie éternelle dans le Fils de Dieu comme en 1 Jean 5, 11, ainsi que Jean 1, 4 (en elle (la Parole) était la vie) — et le Fils de l’homme ayant le pouvoir de laisser Sa vie, de donner Sa vie en rançon pour plusieurs, et le pouvoir de la reprendre pour leur bénédiction. Le Fils de Dieu (le Fils unique de Dieu) a été donné de Dieu ; — mais le Fils de l’homme a été élevé sur la croix. La vie éternelle était dans le Fils, dans la Parole, et elle nous a été manifestée dans le Fils de l’homme ; la vie de cet homme Jésus pouvait être laissée — elle a été laissée comme une rançon pour nos péchés ; elle pouvait être reprise — elle a été reprise — et, de plus, c’est d’une manière différente et dans des circonstances différentes de ce que c’était avant Sa mort que le Fils de l’homme posséda la vie après Sa résurrection. Sa naissance, comme un petit enfant, se fit en tant que semence de la femme par l’opération du Saint Esprit couvrant de Son ombre la vierge Marie. Tel était le Fils de l’homme, la semence de la femme comme l’homme de douleurs. C’est pourquoi cette chose sainte qui était née d’elle fut appelée Fils du Très-haut, devenu de cette manière homme, le Fils de l’homme, la semence de la femme, l’homme de douleurs. Mais après avoir laissé Sa vie, en faisant l’abandon Lui-même pendant que l’homme de ses mains criminelles Le crucifiait et Le tuait — Il la reprit sans aucune intervention comme il y en avait eu à Sa naissance. C’était un acte qui est en dehors des limites du premier Adam, qui, s’il eût été obéissant, ne fût jamais mort, n’eût jamais pu être en position de faire l’expérience de la résurrection. Il n’en était pas ainsi de Christ — Christ avait le pouvoir de laisser Sa vie, et le pouvoir de la reprendre ; Il fut vivifié de Dieu ; mais en prenant une vie au-delà des limites et de la sphère du premier Adam, Il la prit quant à sa forme et à ses circonstances conformément aux limites et à la sphère dans lesquelles Il la prit ; c’est-à-dire dans les limites et la sphère d’une rédemption éternelle.

En se révélant à Saul, Il révéla une gloire en Lui-même qui est Fils de Dieu et Fils de l’homme et sur le trône du Père — une gloire qui communique une semence incorruptible à quiconque en qui elle brille. Or, cette bénédiction procède de Lui comme Fils de l’homme ressuscité d’entre les morts et monté sur le trône du Père, mais assis et reconnu là comme Fils de l’homme. Beaucoup se perdent ici dans leurs pensées, en ne voyant pas que la gloire du Fils envers nous est d’agir comme « le second Adam, esprit vivifiant ». Or, la semence incorruptible que je reçois, est reçue du Fils Lui-même — elle est appropriée, dans l’ordre dans lequel elle est donnée (comme donnée de Celui qui porta mon jugement avant qu’Il prît la position formelle de vivificateur, et qui maintenant attend à la droite de Dieu que vienne pour Lui le temps d’être manifesté comme la puissance de Dieu) à répondre à toutes les difficultés qui me concernent comme simplement homme en état de ruine et dans des circonstances ruinées ; à répondre, dis-je, à toutes les questions provenant de la forme et du mode de vie de l’homme ruiné. C’est une vie qui est aussi propre à entrer dans les choses de Dieu et de l’homme, que l’est la vie du Fils de l’homme, qui est maintenant glorifié sur le trône du Père de la gloire que, comme Fils de Dieu, Il avait auprès de Dieu avant que le monde fût. Elle est Sa vie en moi, comme Il est Lui-même ma vie. S’Il est ma vie et Sa vie en moi, c’est selon Lui-même et non selon mon moi déchu, ruiné, et c’est selon Lui conformément à ce qu’Il est maintenant, ressuscité d’entre les morts parmi lesquels Il a été en raison de ce que j’étais et, dans ma nature ruinée, suis encore. Cette nouvelle nature est en nous en contraste avec la vieille. La première supplantera la dernière. Il peut, il doit y avoir maintenant lutte entre les deux. Le moi, créature, sur le terrain et dans la condition de la créature, ayant à faire avec Dieu comme Créateur dans un monde ruiné où Satan sait comment faire agir la chair contre Dieu, et la nature nouvelle mise en moi par l’Esprit de Christ au moyen de la foi, ayant un monde à elle, ainsi que des motifs et des objets particuliers à elle, ne peuvent qu’être en lutte. Mais la vieille nature peut être tenue par nous pour morte, parce que Dieu la tient pour telle à ceux qui croient, et nous pouvons marcher en nouveauté de vie. La vieille n’est pas changée en la nouvelle et la nouvelle ne travaille pas non plus (pareille au levain) à remplir la vieille. La vieille a encore à être changée. La miséricorde et la grâce ne suffiraient pas pour cela, c’est-à-dire sans la puissance divine, et cette sagesse qui sait de quelle manière changer ce corps de notre abaissement afin qu’il soit rendu conforme au corps de la gloire de Christ.

Il y a, dans le temps présent, à se garder de deux erreurs sur ce sujet, si nous voulons retenir la vérité dans sa pureté. La vérité scripturaire sur ce sujet semble, en effet, se trouver entre deux extrêmes où l’erreur a pris position.

D’un côté, la religion des écoles a effacé les déclarations de l’Écriture, de telle sorte que la précieuse vérité que nous sommes vivifiés avec Christ est réduite à une simple amélioration de la nature déchue. Dans cette théorie, la nouvelle naissance n’est qu’un redressement de la vieille nature, et tout ce à quoi on vise ou on pense, c’est à rétablir, dans le cœur, l’esprit et la vie, ce qu’Adam possédait en Éden. D’après elle, la rédemption peut être la rédemption du péché et de l’enfer, mais elle n’est pas la rédemption pour placer dans la communion avec Dieu au moyen de la nature divine qui nous est donnée de Dieu par la foi.

De l’autre côté, il existe une autre erreur bien terrible, qui, si elle se glisse par les mailles d’un système, a pour conséquence les écarts du plus extravagant fanatisme. D’après elle, les rachetés doivent posséder la toute-puissance, l’omniscience, l’omniprésence ; et au lieu d’un seul Dieu (Père, Fils et Saint Esprit), il doit y avoir beaucoup de dieux. Car chacun des rachetés doit être Dieu, tout-puissant, connaissant toute chose, présent partout. Hélas ! qu’est-ce que l’homme ? Corrupteur de tout ce qu’il touche. Notre privilège, notre portion, notre bénédiction, comme rachetés, n’est ni selon Éden qui est passé, ni selon la gloire propre à Dieu et dont Dieu seul peut porter le poids. Le Fils de Dieu, Lui, est Dieu, essentiellement et éternellement Dieu, et comme tel est tout-puissant, connaît toute chose, est présent partout. Mais Il a opéré un salut comme Fils de l’homme, et, selon la gloire de ce nom, comme le second Adam, le Seigneur venu du ciel, Il a ouvert un lieu, une sphère et une gloire appropriés à la nature que, comme tel, Il nous a communiquée — une nature qui, tout en étant capable de goûter les choses, les pensées, les sentiments de Dieu Lui-même, reconnaît toujours Celui de qui elle a découlé à nous, comme Dieu au-dessus de toutes choses béni éternellement, et nous reconnaît nous-mêmes, nous, qui sommes participants de sa grâce, comme quelque rapprochés de Lui-même que nous soyons, absolument et éternellement dépendants de Lui comme adorateurs et serviteurs. Si nous avons la vie, la vie éternelle, c’est conformément à sa source avouée et manifestée, savoir la vivification, du sein du tombeau, du Christ, du Fils de l’homme venu du ciel — et le saint a cette précieuse parole pour son abri, sa sécurité — Vivifiés ensemble avec Christ.

De « la vie avec lui »

Dans le dernier article sur ce sujet ([[../Partie 4#vie|p. 29]]), nous considérâmes quelques-uns des témoignages fournis par le Saint Esprit dans l’Écriture, sur la vérité que le croyant a été vivifié ensemble avec Christ. Les passages que nous citâmes alors nous conduisirent plus spécialement à considérer l’acte par lequel Christ reprit Sa vie, et le moment où Il le fit, comme l’acte et le moment dans lesquels le lieu de naissance (pour ainsi dire) de cette vie que nous, croyants, possédons en Christ, et tenons de Lui, est marqué pour nous. À la vérité, la teneur de ces passages limite dans une certaine mesure les pensées de l’Esprit à l’acte de prendre la vie. Mais il y a d’autres passages qui se rapportent à cette même vie, et dans lesquels la pensée n’est pas limitée à sa réception, sa communication, mais dans lesquels il s’agit plutôt de la possession de la vie elle-même.

Ce que je veux dire sera compris tout de suite par les esprits les plus simples, si on fait attention à la différence qu’il y a entre les deux verbes grecs συσωοποιεω et συσαω qui sont exactement rendus en français par leurs équivalents « vivifier (ou rendre vivant) avec » et « vivre avec ».

Dieu nous a vivifiés (ou nous a rendus vivants) ensemble avec Christ, est ce que nous avons vu en Éphésiens 2, 5 et Colossiens 2, 13 ; c’est Dieu dans Sa grâce qui a agi, et Son Christ est Celui en qui cette œuvre de notre vivification a été formellement effectuée pour nous, quand Il a repris Sa vie. Voilà ce qu’enseignait notre dernier article. Que déjà nous possédons la vie en Christ — et que nous serons bientôt manifestés comme possédant nous-mêmes cette vie lorsqu’Il sera manifesté en vie, tel est l’enseignement contenu dans les passages auxquels nous arrivons maintenant. Ils nous font voir non seulement que nous avons été vivifiés avec Lui, mais aussi que nous participons d’une manière si manifeste à Sa vie maintenant, que nous savons que, lorsqu’Il sera manifesté dans la vie à tous et qu’Il régnera sur tous, nous serons alors manifestés aussi avec Lui dans la vie (car nous participons déjà à Sa vie, et nous le savons) et nous régnerons avec Lui. C’est à ces passages-là, d’une portée plus étendue que ceux de notre dernier article, que nous en venons maintenant. Ce sont :

Romains 6, 8. « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ». Et

2 Timothée 2, 11. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui ».


Romains 6, 8. « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ».

La doctrine du baptême, du baptême chrétien, c’est que Dieu a pourvu à un lieu de sépulture pour notre vieil homme ; Il peut tenir le vieil homme de ceux qui croient pour crucifié, mort et enseveli avec Christ. Le baptême chrétien est l’acte par lequel le croyant met son propre sceau à la vérité de cette divine doctrine — sa déclaration qu’il tient, par grâce, que la sépulture que Dieu propose, suffit parfaitement ; car le croyant peut se confier en Dieu, qui, après avoir ressuscité Son Fils, Lui a donné la gloire, pour que notre foi et notre espérance fussent en Dieu. C’est pourquoi il tient ou compte qu’il est enseveli avec Christ par le baptême, pour la mort (Rom. 6, 1-14). Mais si la foi peut compter que le vieil homme mourut avec Christ, parce que Dieu déclare qu’Il le compte ainsi, la foi est aussi occupée d’une autre vie. — « Nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ». Le premier grand point à remarquer ici est qu’il y a une autre vie que la vie du premier Adam. Si tout ce que nous étions ou avions de nous-mêmes, du chef du premier Adam, est tenu pour être mort avec Christ — nous ne sommes pas sans vie — car, secondement, la vie de Christ prise par Lui en résurrection, nous est donnée, richement donnée, comme tout le chapitre (Rom. 6) le montre. Remarquez qu’il ne s’agit pas simplement de notre existence future dans un autre monde que celui-ci — chose qui est, certes, véritable, mais qui n’est pas le grand point ici — mais plutôt de notre possession actuelle d’une vie, maintenant ensemble avec Christ — de la vie qu’Il prit, quand Il ressuscita du tombeau, vie sur la possession certaine de laquelle actuellement par nous, l’apôtre pouvait faire reposer notre obligation de vivre pour Dieu : tel est le sujet qu’il traite. Et que le lecteur remarque ici, en troisième lieu, quelques-uns des traits caractéristiques essentiels de cette vie, selon que ce contexte la présente. C’est une « vie éternelle » (chap. 5, 21) ; elle est ce par quoi nous pouvons « marcher en nouveauté de vie » (chap. 6, 4) ; elle nous assure « la ressemblance de sa résurrection » (v. 5) ; c’est la vie « avec Christ » (v. 8) ; une vie sur laquelle « la mort n’a plus d’empire » (v. 9) ; une vie par laquelle nous sommes « vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11) ; « vivants d’entre les morts », et nos « membres à Dieu comme instruments de justice » (v. 13) ; « sous la grâce » (v. 14).

Nous voyons donc, premièrement, que si la grâce porte et exécute sa sentence sur la vie de la nature en nous, sur la vie du premier Adam, elle nous donne aussitôt une autre naissance ; secondement, que cette nouvelle vie en nous est la vie de Christ, le Christ qui ressuscita du tombeau ; et, en troisième lieu, qu’il faut juger de cette vie et l’apprécier conformément à son origine et à sa source — le Christ qui est en Dieu. C’est la vie éternelle — elle a une voie nouvelle qui lui est propre — en harmonie avec la gloire du ressuscité — car c’est une vie de communion avec Lui — une vie au-delà de la puissance de la mort — une vie pour Dieu — d’entre les morts ; une vie de piété pratique sous la grâce.

Qu’on fasse bien attention qu’il y a trois déclarations distinctes quant à cette vie : 1° la vie était dans le Fils en tant que la Parole (Jean 1, 4) ; 2° le Prince de la vie qui fut mis à mort (Act. 3, 15) avait la vie éternelle en Lui-même (comp. Jean 5, 26, 27) ; et, 3° la vie éternelle nous est donnée dans le Fils (1 Jean 5, 11, 12).

Le premier de ces passages rapporte la gloire de la vie qui doit nous être donnée, au Fils, en tant que la Parole ; et son contexte rapporte toute autre gloire de Dieu, qui ait jamais été déployée, au Fils en tant que la Parole de Dieu. Le second affirme que cette vie était dans l’homme Jésus qui a été crucifié. Le troisième nous signale un Christ ressuscité et monté dans le ciel, Fils de l’homme et Fils de Dieu, actuellement dans la gloire, comme Celui en qui cette vie nous est maintenant présentée.

Cette distinction est importante à faire pour plusieurs motifs. Ainsi, par exemple, en la faisant, nous sommes gardés, d’un côté, de supposer que notre communion est une association avec le Fils de Dieu dans Son caractère de la Parole ; de la folie de s’attendre à s’asseoir sur le trône de Dieu, à être revêtu de la divinité, à connaître toutes choses, à être présent partout, et absurdités pareilles. Secondement, nous sommes gardés de la pensée que notre association avec Christ est selon ce qu’Il était pendant qu’Il se trouvait sur les principes juifs et n’avait pas encore accompli l’expiation, chose qui mène à l’esclavage de l’esprit et au légalisme ; et troisièmement, retenus à la vérité que notre association est avec un homme ressuscité et monté dans le ciel, qui est dans le ciel et non sur la terre, est assis comme Fils de l’homme sur le trône du Père, et est assis là comme Celui qui est hors du jugement qu’Il a porté à cause de nous, et n’est pas seulement Tête de Son corps, l’Église, mais est aussi Celui en qui est notre vie. Tant que ce point n’est pas nettement saisi, je ne pense pas que le chrétien soit affranchi de ce dont il doit être affranchi, ni libre pour ce pour quoi il doit être libre. Je m’y arrêterai donc un peu, et j’attirerai l’attention sur lui en citant quelques versets qui font voir quelle est la position et la place de notre Seigneur Jésus Christ, lorsque l’Écriture parle de Lui comme notre vie.

1° La doctrine telle qu’elle est enseignée par le Seigneur :

Jean 14, 19, 20. « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous me verrez : parce que je vis, vous aussi vous vivrez ; en ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ».

2° La réalisation de cela par les apôtres et les premiers chrétiens :

Colossiens 3, 1-4. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec Lui en gloire ».

L’épître aux Éphésiens tout entière envisage aussi l’Église comme étant en Christ, et ayant sa vie là, en Lui, dans le ciel (lisez les chapitres 1 ; 2 ; 3).

3° Nous pouvons remarquer la même chose dans les passages où l’Esprit de Dieu argumente touchant la manière dont Dieu bénit, c’est-à-dire seulement en Christ et par Christ, en Romains 5 et 6. Prenez par exemple, ces versets :

Chapitre 5, 10. « Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » ; et (v. 17) « régneront en vie par un seul, Jésus Christ ».

Chapitre 6, 4. « Nous avons donc été ensevelis avec Lui (Christ) par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie ». Verset 23 : « Les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur ».

Chapitre 8, 2, 6, 10 rendent le même témoignage. Ici, le sujet est ce que la vie du chrétien ici-bas devrait être, une vie découlant du salut que l’apôtre venait précisément de montrer consister dans l’amour, dans la vie avec le Christ qui avait passé par la mort.

Prenez, encore, la forme même de l’évangile tel qu’il fut révélé à Saul — de Christ, comme le Sauveur et le salut de Paul.

Nous pouvons bien en vérité citer la parole : « J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient point » (Rom. 10, 20). C’est le Christ monté en haut et glorifié qui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu, etc. » (Act. 9), et nous trouvons indiquée en 1 Timothée 1, 16 l’une des fins de cette révélation : « Mais miséricorde m’a été faite à cause de ceci, savoir, afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle ».

Prenez encore l’évangile tel qu’il est formulé par Paul : « Et si notre évangile est voilé, il est voilé pour ceux qui périssent, chez lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules, pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu, ne leur resplendît pas. Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur, et nous-mêmes comme vos esclaves pour l’amour de Jésus. Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ » (2 Cor. 4, 3-6).

C’est à cette position de Christ évidemment qu’il faut rattacher 2 Timothée 1, 1 et 10, ainsi que 1 Jean 1, 2 ; 5, 11, 12 ; et non pas à Sa position sur la terre avant qu’Il souffrît.

J’en viens maintenant à mon deuxième texte.

2 Timothée 2, 11. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui ».

Nous avons signalé plus haut, comme on les trouve en Romains 5 et 6, quelques-uns des caractères essentiels de la vie que nous avons de Christ et avec Lui. Elle est « éternelle », donne puissance pour « marcher avec Dieu », nous assure la ressemblance de la résurrection de Christ, est une vie sur laquelle la mort n’a pas d’empire, est la vie avec Christ ; une vie pour Dieu d’entre les morts, etc. Dans la portion où elle se trouve dans l’épître aux Romains, le sujet dont l’apôtre traite, c’est le comment nous sommes sauvés. Dans l’épître à Timothée, le sujet est plutôt la marche qui convient ici-bas à une telle vie. Et en conséquence, voici quelle est, à ce qu’il me semble, la force du passage que nous considérons à présent : il faut vous décider, si la vie de Christ est véritablement votre portion, à avoir ici-bas des expériences semblables à celles qu’Il eut. Paul s’efforçait, à ce qu’il me semble, de resserrer un peu la ceinture de Timothée à l’égard de la patience dans la souffrance. « Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (v. 1) ; « Endure les souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (v. 3). « Nul homme qui va à la guerre, ne s’embarrasse dans les affaires de la vie ». Ces expressions « un bon soldat » (v. 4) ; « combattre dans la lice… combattre selon les lois » (v. 5) indiquent toutes la position et la portion de serviteur. Puis il ajoute : « Considère ce que je dis, et que le Seigneur te donne de l’intelligence en toutes choses. Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts (et) de la semence de David selon mon évangile, pour lequel j’endure des souffrances jusqu’à être mis dans les chaînes comme un malfaiteur ; cependant la Parole de Dieu n’est pas liée. C’est pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle. Cette parole est certaine ; car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui. Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui ; si nous le renions, Lui aussi nous reniera. Si nous sommes incrédules, Lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (v. 7-13).

Si Christ était ressuscité d’entre les morts, si Paul prêchait aussi l’évangile de Christ ressuscité d’entre les morts (c’est-à-dire, d’un Christ qui avait souffert jusqu’à la mort), qu’avait Timothée, qu’avons-nous à attendre ici-bas, si nous sommes devenus un avec Christ (Lui, la Tête, et nous les membres, et devant être manifestés plus tard comme tels, vivant et régnant avec Lui), qu’avons-nous, dis-je, à attendre dans le monde et de sa part, si ce n’est la souffrance ?

Telle est, je le suppose, la pensée de l’apôtre. Évidemment, nous qui, par grâce, mourûmes avec Christ, nous avons déjà une vie en Lui, et de Lui. La manifestation de cette vie aura lieu plus tard dans la gloire ; car dans le ciel et devant Dieu, qu’est-ce qui brillera si ce n’est ce qui est de Christ ? Et quel brillant éclat jettera alors tout ce qui sera l’expression de Sa vie ! Mais à présent, cette même vie, qui, plus tard, dans la présence de Dieu, se produira en une brillante gloire, à présent, en présence d’un monde impie, et devant la chair et Satan, se traduit, comme fit celle de Christ, dans la souffrance.

Je ne parle pas des souffrances de Christ sur la croix, quand Il fit propitiation pour nous, mais de Ses souffrances comme le Fils et le serviteur de Dieu dans Sa vie sur la terre. Pour un être tel que le Christ de Dieu, il ne pouvait résulter que douleur et souffrance de Sa lutte avec Satan, de Son opposition au monde, de Son train de sainte vie, de Son témoignage pour Dieu, de Sa sympathie pour Ses disciples, et de Sa compassion pour un monde mort dans les offenses et les péchés. La vie que nous avons, nous l’avons en Lui et de Lui ; et, par conséquent, dans quelque mesure que Sa vie soit développée et manifestée en nous, cette vie qui doit être pleinement déployée en nous quand nous régnerons avec Lui, dans la même proportion, il y aura, sans aucun effort de notre part, rapprochement et expérience de la portion de Celui qui fut « l’homme de douleurs, et sachant ce que c’est la langueur » dans tout le cours de Sa vie, de la crèche à la croix ; cette croix où Il fut entièrement seul, où nul ne fut avec Lui ; la douleur fut Sa portion — la douleur parfaite — la douleur à un degré tel qu’il n’y en a pas qu’on puisse lui comparer. Dans notre mesure (oh, combien elle est petite ! toutefois, dans notre mesure, parce que nous avons Sa vie, et que nous sommes dans le même monde où Il était, monde déclaré aussi maintenant être inimitié contre Dieu), nous avons la douleur et la souffrance. Puissions-nous ceindre les reins de notre entendement et être sobres, endurant jusqu’à la fin !

La vie dans le Fils en tant que la Parole ; vie vécue par Lui sur la terre même où nous sommes ; vie donnée en rançon pour nous, et maintenant reprise par Lui, et se déployant en Lui pour la foi ; devenue nôtre pour notre entière liberté, notre privilège, notre service, dès à présent, et comme la puissance de la communion avec Lui dans toutes Ses souffrances (sauf celles de l’expiation, dans lesquelles Il souffrit seul, et nous sommes faits gratuitement participants de ce qu’Il fit pour nous) : c’est ce que nous venons précisément de considérer d’une manière rapide. Puissent les saints peser ces choses ! Nous aurons plus tard à considérer cette vie telle qu’elle doit être déployée dans la gloire ; mais les deux pensées sur lesquelles nous nous sommes arrêtés plus particulièrement ici, constituent les qualités essentielles de la vie de Christ, comme sienne et (par grâce) nôtre, et sa conséquence nécessaire, pendant que nous sommes sur la terre, la souffrance.

L’importance qui s’attache à cette partie de notre sujet, ressortira à mesure que nous avancerons. Mais, évidemment, si notre évangile est l’évangile de la vie, de la vie éternelle dans le Fils, la vie dont nous avons parlé est d’un intérêt devant lequel tout autre s’efface. Pareillement, aussi, en traitant le sujet de la « communion avec Christ », quelle place immense nous devons donner à la vie à laquelle nous participons ! vie qui est, en nous, la puissance de notre communion avec Lui-même d’abord, et ensuite avec Lui dans la portion dans laquelle, par grâce, Il nous introduit. Pour un cœur simple, cela suffirait ; mais (nous sommes si peu simples lorsque nous sommes occupés des choses de Dieu et du ciel et non des choses de nous-mêmes et de la terre, que) je m’aventurerai à présenter une ou deux pensées qui puissent aider quelques esprits.

D’abord, regardez en arrière aux temps que Genèse 1, 1 nous révèle, et voyez le Dieu infini à l’œuvre, appelant à l’existence ce qu’Il veut avec un pouvoir tout-puissant, avec sagesse et bonté. Regardez ensuite, en Éden, tel qu’Il est révélé en Genèse 2 : les circonstances — l’Être, et les attributs et les actions du Dieu infini. Combien cela est différent des circonstances — l’être, les attributs, et les actions de la créature finie, dans le chapitre 2 ! L’aptitude à jouir de la possession d’Éden, supposait la possession d’un être, d’un cœur et d’un esprit tels que ceux d’Adam. De sorte que lorsque pour la première fois, il regarda autour de lui en Éden, il vit qu’il n’y avait pas d’aide qui lui fût semblable. Ève fut le complément d’Adam sous ce rapport ; son complément à lui-même pour lui-même, et pour la sphère d’alors de bénédiction ; et remarquez aussi quelle distance infinie il y avait entre le Dieu infini et Ses créatures. Selon ce que je puis savoir, depuis l’ange de l’ordre le plus élevé jusqu’à la plus humble créature, il peut y avoir une longue série régulière de degrés. Il semble qu’entre l’homme, seigneur de la création, et la plus humble créature, il a existé une suite de créatures d’une puissance graduellement décroissante ; et, dans cette chaîne aux nombreux chaînons, pas de lacune aussi énorme que celle qui apparaît entre la raison humaine, avec sa capacité de reconnaître Dieu comme le donateur, et l’instinct le plus humble, ou (plus bas encore) la plus faible preuve de vie dans un sens quelconque. Toutefois, cette lacune n’est pas infinie. Mais la distance entre l’infini et le fini est une distance infinie ; ou bien le Dieu infini ne serait pas infini, et l’homme ne serait pas fini. Maintenant, remarquez l’étonnante perspective qui est devant nous : le Fils de Dieu est l’héritier de toutes choses ; mais c’est comme Fils de l’homme qu’Il doit prendre l’héritage (Héb. 1, 2 et 2, 8). Or, si je pense au Fils de l’homme, possédant, de la part de Dieu, le ciel et la terre, et si je Le vois dans la nouvelle Jérusalem en haut, dans le ciel, avec l’Église, Son Épouse, je puis voir quelque peu du genre de vie, d’esprit, de cœur, d’habitudes que doivent avoir ceux qui doivent jouir réellement d’une telle position et d’une scène pareille avec Lui, pour Lui et pour Sa gloire. La vie de Dieu n’eût pas été appropriée à Adam dans le jardin d’Éden ; il avait été fait pour remplir une scène appropriée à une âme vivante ; la vie d’Adam ne ferait pas pour la nouvelle Jérusalem. La capacité d’avoir communion avec Christ, d’être là Sa joie, aussi bien que de trouver là toute notre joie en Dieu et en l’Agneau, suppose que nous avons part, communion, avec Lui, conformément à la vie qu’Il veut alors déployer là et en gloire ; et (remarquez-le) ce n’est pas une gloire de création, mais de rédemption, dans le ciel et non sur la terre. Le Dieu infiniment bienheureux, Père, Fils, et Saint Esprit ; le ciel (aussi bien que la terre) réorganisé et organisé selon un ordre nouveau ; et le Fils de l’homme, comme fils de l’homme, centre de toute la sphère de gloire, l’Église avec Lui, objet de Son amour, participante de la gloire alors, comme elle l’est même déjà de la vie de sa Tête glorifiée, et, par conséquent, de Sa souffrance maintenant.

Une vie d’âme vivante, de la plus belle sphère de la création, ne rendrait pas capable d’avoir part à la sphère plus élevée du Tout-puissant vivificateur, divine et céleste qu’elle est, de Sa gloire de rédemption. Aussi, le second Adam est-Il un Esprit vivifiant ; et nous avons la vie éternelle en Lui, et nous la tirons de Lui, afin d’être capables de goûter les cours célestes en haut, d’y avoir part, d’en jouir, et de leur faire honneur[10].

Napoléon premier passa sa vie à renverser ce qui ne lui appartenait pas, et à le relever pour lui-même. La carrière publique de Wellington, comme soldat, ne fut pas caractérisée ainsi par l’injustice et l’égoïsme, mais par une fidélité de serviteur du roi sous lequel la providence de Dieu l’avait placé. Il travailla, comme serviteur, à contrecarrer les ennemis de son roi et de son pays. À leur service, il eut toujours à la main sa vie mortelle, prêt à la sacrifier pour leur bien. Paul, dans la puissance d’une vie nouvelle, éternelle, qui lui avait été donnée, tenait sa vie mortelle toujours prête à être laissée, si le Christ, qu’il servait, pouvait par là être servi, même dans les besoins et les nécessités de Ses plus faibles membres ici-bas. Mais la vie nouvelle était le moyen par lequel son objet était vu et recherché. Jésus, en haut dans le ciel, Seigneur de tout, Lui-même, le centre et la fin de tous les conseils divins, était Celui en qui l’Esprit avait révélé à Paul ce qui était la source de sa nouvelle vie. Chrétien ! vous avez à vivre ici-bas, comme étant déjà vous-même partie intégrante de cette gloire qui a encore à être révélée aux yeux mortels, quoique connue maintenant à la foi ; comme étant déjà vous-même associé, et vous sachant vous-même associé, avec ce même Jésus, Seigneur de tous, qui est assis dans le ciel, centre et fin de tous les conseils, de toutes les pensées, de tous les désirs, de tous les plans de Dieu. Avez-vous réalisé cela ? Vivez-vous en ce temps-ci dans la puissance d’une telle vie ? La vie éternelle qui sera plus tard déployée en gloire, est maintenant rattachée, se rattache maintenant elle-même, à Jésus, assis comme Seigneur à la droite du Père, et, à proprement parler, n’a pas de rapport avec quoi que ce soit envisagé comme à part de Lui et qui ne soit pas pour Lui un sujet d’intérêt.

Ressuscités ensemble avec lui (Éph. 2, 6 ; Col. 2, 12 ; 3, 1)

Le verbe grec εγειρω n’implique pas nécessairement l’idée de la résurrection. La première idée que ce mot suggère est celle de faire surgir, faire lever, et en lui-même, il s’applique parfaitement à une foule de circonstances diverses. C’est ainsi que les auteurs classiques s’en servent quand ils veulent dire, « réveiller des dormeurs » ; « éveiller l’esprit » ; « animer le combat » ; « exciter la flamme, le chant » ; « se relever d’un lit de maladie » ; « élever un bâtiment », etc. ; et dans le sens passif, « s’éveiller du sommeil », « se réveiller », (être réveillé de manière à) « veiller ».

La résurrection est une idée, une vérité, si essentiellement biblique et évangélique, que nous ne saurions nous attendre à la trouver jamais dans les historiens et les poètes grecs. D’un autre côté, c’est une doctrine de l’évangile si fondamentale, que nous ne sommes pas surpris de trouver que les cœurs des chrétiens (comme gens qui savent que le Seigneur est ressuscité et que toute leur bénédiction dépend de Lui et dans la résurrection) sont inconsciemment enclins à tordre tous les passages qui peuvent être tordus ainsi, et à les faire rapporter à la résurrection. Plusieurs des passages dans lesquels ce mot se trouve, ont, à mon avis, été tordus de cette manière ; car, quoiqu’il soit employé dans le Nouveau Testament pour exprimer la résurrection, ce n’est pas là son sens principal. Nous le trouvons diversement traduit ; par exemple en

Matthieu 2, 13 : Lève-toi, et prends le petit enfant.

3, 9 : Susciter des enfants à Abraham.

8, 15 : Elle se leva (de son lit de maladie) et les servit.

8, 25 : Le réveillèrent disant : Seigneur sauve-nous.

11, 11 : Il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean.

12, 11 : Ne la prenne et ne la relève.

24, 7 : Nation s’élèvera contre nation.

24, 11 : Plusieurs faux prophètes s’élèveront.

Luc 1, 69 : Nous a suscité une corne de délivrance[11].

Trois passages dont le sens me semble avoir été forcé à tort pour leur faire parler de la résurrection, sont Actes 5, 30 et 13, 23 ; et Colossiens 3, 1. Actes 5, 30 : « Le Dieu de nos pères ηγειρεν a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir, le pendant au bois. C’est lui que Dieu a exalté par Sa droite pour être Prince et Sauveur, afin de donner la repentance à Israël, et la rémission des péchés » (v. 31).

L’expression ηγειρεν a trait ici, je crois, à l’humiliation du Seigneur, et ainsi fait ressortir ce que fut le péché des Juifs. Jésus avait été suscité comme « une corne de délivrance » (Luc 1, 69)[12], vous L’avez fait mourir ; Dieu L’a relevé d’entre les morts : exposé concis mais expressif de l’ensemble des faits ; et comme exposé, beaucoup plus naturel, aussi bien que beaucoup plus complet, que si, au lieu de voir dans le relèvement du Seigneur l’intervention de Dieu Le faisant apparaître, on y voit tout simplement Sa résurrection.

Quant au passage, Actes 13, 23, je le lis comme ayant le même sens que le verset précédent (le 22) : « Il leur suscita David pour roi »… (v. 23). « De la semence de cet homme, Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël, Jésus pour Sauveur, Jean ayant déjà prêché » etc. Et je pense que quiconque lira attentivement les versets 24-30 reconnaîtra combien cela est raisonnable. D’abord, un Sauveur suscité ; puis, immédiatement avant Son arrivée, la prédication et la carrière de Jean ; ensuite, l’allusion à la conduite des habitants de Jérusalem ; puis la mort et la sépulture du Seigneur (v. 29), et enfin (v. 30) Sa résurrection : « mais Dieu l’a relevé d’entre les morts ».

Colossiens 3 ne se rapporte ni au fait que le Seigneur a été suscité comme « une corne de délivrance », ni au fait qu’Il a été relevé « d’entre les morts », mais à celui que nous avons été élevés de la terre au ciel avec Lui — « Si donc vous êtes συνηγερθητε avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Nous allons maintenant considérer cela d’une manière plus détaillée ; mais, et il est nécessaire qu’on le remarque bien, le terme εγειρω convient au Seigneur, en tant que Sauveur, manifesté soit dans Son incarnation soit dans Sa résurrection, ou dans Son ascension[13].

Il peut être utile d’appeler ici l’attention sur la différence qu’il y a dans les diverses manières dont se déploie le pouvoir de résurrection. Quelques-uns ont été relevés d’entre les morts pour posséder de nouveau la même vie qu’ils avaient antérieurement à leur mort : Lazare[14] par exemple, le fils de la veuve de Naïn ; puis il y a la première résurrection (au commencement du millénium, ou juste au moment qui précède son établissement) de ceux qui doivent vivre et régner avec Christ mille ans ; et enfin la résurrection générale, où tous ceux qui n’auront pas été antérieurement ressuscités d’entre les morts, seront ressuscités. Mais toutes ces opérations, tous ces déploiements du pouvoir de résurrection[15] se rattachent au Seigneur Jésus, comme le seul qui pouvait dire : « Je suis la résurrection » (Jean 11). L’Écriture déclarant que les gages du péché, c’est la mort, et en outre, que celui qui a la puissance de la mort, c’est le diable (Héb. 2), il est évident qu’il n’y a que Dieu, Lui qui a fixé la mort comme gages du péché, et qui est plus fort, plus puissant que celui qui a en tant qu’exécuteur[16] la puissance de la mort — qui puisse renverser la puissance de la mort ; et c’est en Christ, comme étant « la résurrection », que réside le pouvoir de le faire. Mais, béni soit Dieu ! le même passage nous signale une autre gloire rattachée à ce titre de résurrection, celle d’être « la vie » — « Je suis la résurrection et la vie ». La puissance de résurrection nous fait remonter hors du tombeau, conformément à ce que nous étions essentiellement et devant Dieu, quand nous y sommes descendus. Et ceux qui y descendent sans avoir été jamais faits participants de la bénédiction d’être vivifiés ensemble avec Christ, seront ressuscités dans le même état dans lequel ils se trouvaient quand ils descendirent dans le sépulcre. De cette manière, il y a une connexion manifeste entre la gloire personnelle du Fils de Dieu, parce qu’Il est Fils de l’homme, et tous les hommes.

« Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais ». Cette parole en Jean 11 donne la connexion bénie entre la résurrection et la vie en Christ pour le croyant (c’est à Marthe, un vrai disciple, qu’elle était adressée) et le croyant ; mais elle laisse l’incrédule entièrement de côté. D’un autre côté, voici comment le Seigneur s’exprime en parlant aux Juifs rebelles (chap. 5, 19-30) : « Comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’Il veut. Car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils ». Remarquez-le : le Père réveille les morts et les vivifie, et le Fils pareillement vivifie ceux qu’Il veut ; et tout jugement est remis en Sa main. Ce jugement, Il semble l’exercer de différentes manières. C’est ainsi, d’abord, qu’Il met les hommes à l’épreuve par Sa Parole, et là où l’efficace vivifiante de Sa Parole est rendue manifeste, la ruine de la créature est jugée et mise de côté ; — « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie ». « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l’ayant entendue, ils vivront. Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (v. 24-26). Quand Dieu veut bénir un homme quelconque, il faut absolument qu’Il ne tienne aucun compte de ce que l’homme est ; Il le transfère de la manière la plus complète possible à Christ pour une partie intégrante de Sa gloire. Les droits d’un homme se trouvent dans l’enfer, s’il est un esclave de Satan ; les droits de Dieu et la valeur de Christ peuvent seuls expliquer ma présence dans le ciel. En s’en allant en son propre lieu, un Judas trouvera d’une manière terrible la juste sentence de Dieu contre son propre goût pour la compagnie de Satan ! Sûrement, il le trouvera là lui-même et il en sera aussi reconnu. Car l’homme a perdu par le péché son héritage propre : et le lac de feu et de soufre fut préparé non pas pour l’homme, mais pour le diable et ses anges (Matt. 25, 41). D’un autre côté, c’est pour le Christ de Dieu qu’est préparée la gloire dans les cieux. Dans l’un de ces lieux comme dans l’autre, nous ne devons avoir qu’une importance secondaire ; mais je n’ai pas besoin de dire combien il en est plus encore ainsi dans le ciel que dans l’enfer. Mais ce sur quoi je voulais insister, c’est le fait que la rédemption, en tant que nous ayant été communiquée, est trouvée par nous être, non pas seulement l’expression de l’estime que Dieu fait de la valeur et de la puissance de Christ, mais le jugement le plus complet de tout ce que nous étions ; et d’autant plus ainsi, qu’une âme ne se séparera jamais réellement d’elle-même, ne sera jamais capable de se juger, de se prendre en dégoût, si ce n’est par la connaissance de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Je désirerais que nous connussions tous un peu plus de ce dégoût de soi-même[17]. Puis après avoir ainsi montré que toutes les sources du pauvre pécheur perdu étaient en Lui, le Sauveur, notre Seigneur continua en parlant des méchants. Il a « autorité aussi de juger, parce qu’il est Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car, l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait en résurrection de jugement ». Qui est-ce qui s’appuiera sur ses propres œuvres et sera sauvé ? Et, qu’on le remarque, c’est là un résultat du fait qu’Il est Fils de l’homme. Tous les hommes se relèveront, donc, du tombeau : quelques-uns, d’abord, pour parler des vertus vivifiantes trouvées en Lui, le Fils, et par grâce, goûtées par eux-mêmes — eux-mêmes assujettis à ces vertus ; — ressuscités pour déclarer qu’ils avaient connu ce que c’était qu’être vivifiés avec Lui du tombeau ; et leurs œuvres rendront témoignage et obtiendront aussi une récompense en la résurrection. Ensuite, à la fin, tous seront ressuscités ; et ceux-là aussi moissonneront la récompense de la racine sur laquelle ils ont crû, et de leur séparation d’avec Celui qui seul donne à l’âme la nouvelle vie (la vie de Dieu) ; mais leurs œuvres ne pourront point soutenir le jugement. La racine, l’arbre et le fruit vont ensemble, qu’il s’agisse d’Adam ou de Christ. Puissions-nous nous en bien souvenir.

Il est un sujet que nous devons signaler ici en quelques mots, la transmutation des saints qui sont vivants quand le Seigneur vient : leur changement à Sa venue sans qu’ils passent par la mort. On peut voir cela en 1 Thessaloniciens 4, 15-17, et Philippiens 3, 20. « Notre conversation est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ; qui transformera le corps de notre abaissement afin qu’il soit rendu conforme au corps de sa gloire, selon l’opération de cette puissance par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses ». C’est une pensée ineffablement précieuse que, du moment où nous qui restons, verrons Christ Lui-même, il sortira de Lui une vertu pour changer ces corps d’humiliation et les transformer à la ressemblance de Son propre corps en gloire.

J’ai à peine besoin de dire que la différence parfaite qu’il y a entre Celui qui ressuscite et ceux qui sont ressuscités (ou changés), ne doit jamais être oubliée. Toute la vertu et toute la puissance sont de Christ et de Christ seul, mais elles peuvent se déployer, par grâce, envers nous. Néanmoins, c’est une chose trop douce pour mon cœur pour que je néglige de rappeler qu’il n’y en a qu’un seul (notre Seigneur et notre Dieu) dont il peut être dit qu’Il est « la résurrection et la vie » ; qu’un seul qui avait le pouvoir de laisser Lui-même Sa vie, et de la reprendre Lui-même ; qu’un seul dont il pût être dit qu’Il a été déterminé Fils de Dieu en puissance par la résurrection des morts ; qu’un seul qui puisse vivifier maintenant ceux qu’Il veut, et à la voix duquel tous ceux qui sont dans les sépulcres en sortiront plus tard. Sa gloire et Son honneur sont notre bénédiction la plus élevée ; et il est doux pour ceux qui L’ont connu comme leur ami éternel de penser à la gloire qui les attend — non pas comme ce qui servira pleinement et parfaitement à leur propre jouissance, mais comme ce que Son amour opérera en eux : — expression à la fois de Sa propre gloire native, du choix que Dieu a fait d’eux dans Sa grâce souveraine, et de Son désir de les avoir rendus parfaitement propres pour Sa compagnie et pour la présence de Dieu. Oh ! combien peu nos pauvres âmes — bénies, toutefois, richement bénies — savent penser à Christ et à Son amour ! Et malgré tout, pourtant, nous sommes aimés par Lui, et Il nous fait connaître le caractère divin de Son amour qui met Sa joie à donner, à donner abondamment, à ceux sur lesquels il repose.

J’en viens maintenant à mes textes.

Éphésiens 2, 6. — « Nous a ressuscités ensemble ». Lisons d’abord le contexte. « Nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus » (v. 3-6).

Quelques-uns ont signalé l’union dans l’Église de ceux qui avaient été distingués sur la terre en Juifs et Gentils, comme la raison de l’expression ensemble (ressuscités ensemble). Or, c’est un fait incontestable que le corps céleste, l’Église, renferme ceux qui étaient autrefois Gentils, aussi bien que ceux qui étaient autrefois Juifs. Mais ce n’est point là du tout ce que veut dire l’apôtre. Qu’on n’oublie pas, en effet, que les gens ne sont pas ensemble, dans l’Église, comme Juifs et Gentils : comme tels ils étaient séparés les uns des autres par Dieu Lui-même ; mais ceux qui étaient tels sont ensemble dans l’Église, comme membres du corps de Christ. Mais assurément, le fait que je suis de compagnie avec un Paul dans le ciel n’est point la merveille étonnante (quoique véritablement, avoir une place là, et être là, et dans une heureuse association avec d’autres hommes, ce soit une chose très précieuse) ; mais la merveille, dans ce passage, est le privilège béni qui se trouve dans l’entrée même de toute âme dans la condition et la position de cette communion les uns avec les autres, c’est-à-dire, la communion personnelle et individuelle avec Christ la tête[18]. Je suis un membre de Christ ; Il a dépouillé tout ce qui selon la nature reposait en moi et sur moi lorsque cela Lui a été imputé. En conséquence, Il a été crucifié, est mort, et a été enseveli ; et je suis tenu, et je me tiens moi-même, par la foi, pour quitte de tout cela, en tant que tenu par Dieu pour crucifié, mort et enseveli ensemble avec Lui. Mais Il m’a aussi rendu un seul et même esprit avec Lui-même ; et, par une grâce divine qui est infiniment grande, je partage[19] certaines choses ensemble avec Lui-même. La Parole me ramène au fait qu’Il a repris la vie, comme le Fils de l’homme, dans le sépulcre, afin que je comprenne comment, ayant été vivifié — rendu vivant — ensemble avec Lui, je suis libre parmi les morts. Et la vie que j’ai, est une vie ensemble avec Lui. Lui la Tête et moi rien que comme un membre. Il est vrai que la bénédiction que je possède en Lui, je la possède en commun avec tous les autres membres de Son corps ; mais la puissance qui me rend capable d’être étroitement lié de cœur avec un Paul, se trouve dans le privilège connu et dont je suis conscient que je possède des bénédictions ensemble avec Christ. Oui, certainement ; et c’est parce qu’Il trouve Son intérêt dans tous Ses membres, que le nôtre peut aussi s’épancher librement sur eux. Car la conscience de la communauté de bénédiction entre les membres, ne suffit pas pour donner puissance à un membre individuel quelconque d’agir d’une manière conséquente avec cette communauté de bénédiction ; il a besoin de l’amour de Christ répandu dans son cœur par le Saint Esprit qui lui a été donné, et de la communion avec le cœur du Seigneur Jésus.

J’admets pleinement, d’abord, que les voies de Dieu relatives à la terre avaient séparé (depuis les jours d’Abraham, sinon même depuis les jours des fils de Noé) le Juif du Gentil ; et secondement, que c’est là un ordre de choses qui non seulement a existé pendant que les choses étaient laissées entre les mains de l’homme pour son épreuve et sa manifestation, comme ç’a été le cas de Noé à Christ, mais qui existera lorsque le Fils de l’homme viendra du ciel pour bénir l’homme et prendre en Ses propres mains le gouvernement de la terre ; car les Juifs, les Gentils et les nations extérieures auront encore alors respectivement des bénédictions particulières et distinctes. Et, en troisième lieu, j’admets pleinement aussi que l’Église, comme n’étant pas pour la terre mais pour les cieux — faisant partie, non pas des voies gouvernementales de Dieu à l’égard de la terre, mais de Son conseil de grâce et pour le ciel — met de côté (ainsi que le font aussi les autres conseils pour le ciel) cette distinction de classes, quoiqu’elle puisse sanctionner une autre classification. Je dis que j’admets tout cela ; mais je nie que ce soit là la grande merveille du « nous a ressuscités ensemble » du passage qui nous occupe. Pour le Juif inconverti, c’était un scandale que la pensée même d’une association avec un chien de Gentil ; pour le Gentil inconverti, l’étroite bigoterie du Juif était une méprisable folie ; et pour l’homme converti gentil ou juif était ouverte une nouvelle et merveilleuse scène — le ciel. Et la vérité proposée était merveilleuse au-delà de toutes les autres : que Dieu a fait celui qui croit être vitalement un avec Jésus de Nazareth rejeté sur la terre et méprisé de l’homme, mais reconnu dans le ciel et honoré de Dieu. La séparation du Juif d’avec le Gentil était, est, et sera pour la terre : mais ni Juif ni Gentil n’attendaient le ciel. La merveille étonnante pour un Paul n’était pas qu’un homme jadis adorateur de Diane, la grande déesse des Éphésiens, fût estimé une compagnie convenable pour lui, pharisien, qui avait pensé rendre service à Dieu (non seulement en s’efforçant d’effacer de la terre le nom de Jésus de Nazareth, mais aussi) en cherchant à détruire l’Église, le conseil de Dieu le plus cher à Son cœur concernant Christ. Mais voici quelle était la merveille : qu’il y eût union vitale, communion de vie entre lui et ce même Christ Jésus qu’il avait persécuté, et cela, aussi, dans le ciel où Christ est assis à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts ; bénédiction aussi accessible au Gentil qu’au Juif, dans sa teneur et dans sa place, et si entièrement divine et en dehors de l’homme, si entièrement céleste et en dehors de la terre, que nul n’était capable de communiquer même une pensée juste à son sujet, si ce n’est Dieu le Saint Esprit[20].

Puisse le croyant en Christ ne jamais oublier que le ciel est sa patrie, son lieu natal ; et qu’il en est ainsi, précisément, parce qu’il est un seul et même esprit avec le Seigneur Jésus le Christ, participant de la nature divine comme fait un avec le Christ céleste, et, en conséquence, devant partager toutes choses ensemble avec Lui en tant que le Christ.

Mais continuons. Nous avons déjà considéré (dans [[../Partie 4#Quatrième partie|l’article 4]]) 1° le privilège d’être vivifiés ensemble avec le Christ. Celui qui avait laissé Sa vie comme une rançon et pour faire propitiation, reprit Sa vie comme Fils de l’homme dans le sépulcre. Et le sujet de prières de l’apôtre est encore un bon sujet de prières ; afin que nous sachions « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance (sa se rapporte ici au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ) envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (Éph. 1, 19, 20). Toutes choses placées sous Lui, et Lui donné pour être Tête sur toutes choses à l’Église, qui est Son corps et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.

Et, 2° nous avons vu que la vie ainsi donnée est la vie de Christ Lui-même — vie qui, si elle nous identifie maintenant avec Dieu d’une manière consciente, et nous met ici-bas en lutte avec tout ce qui, en dedans de nous et autour de nous, est en lutte avec Dieu, se déploiera néanmoins, sous peu, librement en nous dans sa sphère propre, dans le ciel, et sera l’efficace de notre association désormais en gloire avec Christ. À présent nous avons à examiner quelle est la force de l’expression de Éphésiens 2, 6 qui dit que nous sommes ressuscités ensemble avec Christ. D’abord, elle a trait évidemment à quelque chose qui se place naturellement, pour autant qu’il s’agit du Christ, entre l’acte par lequel Il reprend Sa vie pendant que Son corps est encore dans le sépulcre, et celui par lequel Il s’assied dans les lieux célestes. Il intervient ici nécessairement, peut-être, deux actes de Sa part : l’un, par lequel Il laisse la tombe et manifeste Sa résurrection d’entre les morts ; l’autre, Son ascension. Je n’ai pas même besoin de dire peut-être, car il est tant insisté avec force sur Sa résurrection indépendamment de Son ascension, et l’Écriture rattache à ces deux actes du Seigneur des passages et des vérités d’un caractère si entièrement différents, qu’il est parfaitement clair que Dieu entendait nous signaler leur différence. Il a été dit, par exemple — « Il faut donc que… quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection ». Ainsi parle Pierre (Act. 1, 22). Et cela est confirmé par Paul là où il dit (1 Cor. 15, 3-7) — « Car avant toutes choses je vous ai communiqué ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et qu’il a été vu de Céphas, puis des douze. Ensuite il a été vu en une seule fois de plus de cinq cents frères, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu’à présent, mais quelques-uns aussi se sont endormis. Ensuite il a été vu de Jacques, puis de tous les apôtres ». L’importance de cette démonstration de la résurrection du Seigneur est ensuite signalée — « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et vous êtes encore dans vos péchés » (v. 14, 17). La doctrine même du pardon des péchés — du pardon des péchés pour qui que ce soit, où que ce soit — dépend de la réalité de la résurrection de Christ. À nous aussi, la justice « sera imputée si nous croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 24, 25). « L’engagement envers Dieu d’une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ » (1 Pier. 3, 21). Il est évident que sans elle, il ne saurait y avoir de bénédiction dans la présence de Dieu pour qui que ce soit, non plus que rien de tel qu’une bonne conscience, qu’il s’agisse de la conscience dans un chrétien, dans les membres des résidus d’entre les Juifs et d’entre les Gentils qui entrent dans le ciel sans y faire partie de l’Église, ou de la conscience dans le Juif, le Gentil ou l’adorateur extérieur. La mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ ont été et sont la voie par laquelle Dieu se montre juste tout en justifiant un pécheur d’une classe quelconque, et fait à tout croyant une bonne conscience. Le péché était contre Dieu. Si Dieu a établi que les conséquences du péché de l’homme vinssent sur Son Fils comme Fils de l’homme — il faut qu’Il meure. Il est mort, et s’est relevé, et a repris vie de nouveau. Désormais, la voie était ouverte à Dieu pour rencontrer l’homme en grâce et en bénédiction où il Lui plairait et de la manière qu’il Lui plairait, mais (comme Il l’entendait), le rencontrer ainsi seul et en tant que pécheur accepté — où que lui soit assignée la place pour rencontrer ainsi Dieu, quel que soit le trait particulier de bénédiction que la grâce puisse lui assigner quand il rencontre ainsi Dieu — c’est là, dis-je, ce que trouvera tout pécheur accepté. Un Christ ressuscité peut seul être le canal par lequel Dieu atteint la conscience d’un pécheur ainsi que la véritable réponse de la conscience ; et cela simplement par la raison que la conscience trouve seulement dans ce Christ ainsi considéré, de même que la réponse de Dieu à ses besoins, la réponse même que Dieu a préparée pour elle aux exigences de Son propre caractère à Lui. Ce qui a satisfait Dieu, peut bien me satisfaire aussi.

Mais c’est avec intention que j’ai passé sous silence la citation que Paul fait de lui-même comme un des témoins de la résurrection.

« Et après tous, il a été vu de moi aussi, comme d’un avorton ». Or, lorsque Christ fut vu de Paul, ce ne fut pas simplement dans Son caractère de ressuscité. Quand Il fut sorti du tombeau, Son évangile dut commencer par Jérusalem ; après que Jérusalem eut refusé de le recevoir, il retentit par la Judée et la Samarie ; et lorsque Étienne fut lapidé, les cieux s’ouvrirent sur lui, et il y eut, entre Jésus se tenant à la droite de Dieu, et le martyr, des rapports précieux. Mais Saul, l’arc-boutant de la persécution contre l’Église, ne vit rien alors, n’entendit et ne comprit rien. Mais à un moment un peu plus avancé dans l’histoire, Jésus ressuscité et monté en haut, l’appelle par son nom : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » etc. Or, la gloire de l’ascension prit évidemment dans l’esprit de Paul une place tout à fait distinctive, et en garda dans son ministère une toute particulière. Voyez, par exemple, pour la place qu’elle eut dans son esprit, comment il la fait ressortir et insiste sur elle, Actes 22, 6-11, dans son discours au peuple en langue hébraïque, et encore au chapitre 26, 12-18, quand il parle en présence d’Agrippa. Ces passages, comparés avec le récit de sa conversion au chapitre 9, 3-9, sont d’un grand intérêt. Et pour voir la place que l’ascension occupait dans sa doctrine, on n’a qu’à se reporter, pour en être pleinement persuadé, à ce qu’il dit de son évangile en 2 Corinthiens 4, 3-6, au commencement de sa lettre aux Galates, chapitre 1, 11-16, et à toute la teneur de ses lettres aux Éphésiens et aux Colossiens.

Mais, en outre, toute la position distinctive de l’Église, toute la doctrine selon laquelle tout particulièrement chaque croyant a aujourd’hui à diriger sa conduite individuelle, se trouvent dans l’ascension du Seigneur Jésus Christ. Un pauvre pécheur peut aujourd’hui penser à la miséricorde qu’il y a en Dieu, d’une manière qui eût été assez exacte aux jours des patriarches (c’est-à-dire la miséricorde sans explication à l’égard du mode de Sa manifestation) ; mais la miséricorde de Dieu qui est mise maintenant sous nos yeux, c’est cette miséricorde et cette compassion de Dieu qui, ayant substitué le Christ, le juste, à la place de plusieurs injustes, déclare qu’elle prend ses délices à couler avec toutes ses bénédictions par un Christ qui est maintenant assis sur le trône de la Majesté dans les lieux très hauts. Nous ne pouvons rencontrer Dieu que dans le lieu où Christ nous est présenté comme nous rencontrant ; pour nous, ce lieu de rencontre est le lieu très saint en dedans du voile ; pour le Juif, ce sera dans le pays ; et le caractère de la conscience est conforme au lieu où nous le rencontrons. La lumière est plus parfaite en dedans du voile, et la conscience est d’un caractère plus élevé, c’est-à-dire, selon que la vérité qui nous est présentée est plus manifeste dans son expression, et selon que la puissance donnée est d’un ordre plus élevé ! Car la conscience a besoin pour rencontrer Dieu de ce dont Dieu a besoin pour la rencontrer elle ; et il faut à la conscience un pouvoir en conséquence. Il n’existe qu’un seul sang d’expiation ; il n’existe qu’un seul Esprit pour l’appliquer : cela est de toute évidence. Mais si quelqu’un voulait conclure de là que, parce que, pour ce qui est de lui et relativement à lui, tout homme qui est sauvé est sauvé par l’Esprit et uniquement par le moyen du sang, il en résulte que, pour ce qui est de Dieu, relativement à Dieu, tout pécheur sauvé doit être aussi rapproché qu’un autre, il se tromperait complètement. La miséricorde et la compassion n’appartenaient qu’à Dieu ; Il leur donne cours comme Il veut ; elles s’appliquent à qui Il veut ; elles établissent aussi des classes diverses, et placent une âme dans une classe et une autre âme dans une classe différente, suivant que Dieu a trouvé convenable dès avant la fondation du monde. Un saint a plus besoin pour être dans la nouvelle Jérusalem, pour faire partie de l’Épouse de Christ, d’une conscience et d’une puissance spirituelles, que n’en avait besoin un saint qui avait à faire partie du royaume d’Israël — du peuple de l’Éternel sur la terre. Or une âme qui ne connaît pas un Seigneur monté en haut, ne saura jamais ce que c’est qu’être échappé à la ruine dans laquelle sont toutes choses autour de nous. Une telle âme est étrangère à cette forme de vérité qui caractérise notre économie, et ne saurait avoir cette intelligence et ce pouvoir dont on a besoin pour marcher comme quelqu’un qui est ressuscité avec Christ, et qui, par conséquent, sa bourgeoisie étant dans le ciel, a à rechercher les choses qui sont dans le ciel et à s’y affectionner. Mais nous parlerons plus en détail de cela un peu plus loin.

À laquelle donc des deux choses qui se sont passées entre la vivification de Christ dans le tombeau et Sa séance dans les lieux célestes (c’est-à-dire Sa sortie du tombeau et Son ascension dans le ciel), l’expression « nous a élevés ensemble » (Éph. 2, 6, vers. angl.) s’applique-t-elle ?

Je puis en réponse à cette question dire 1° que pour ce qui concerne la vérité, je ne vois pas qu’il s’attache quelque importance à la manière de rendre cette expression ; car quelle que soit celle des deux que l’on adopte, il s’agit toujours d’un des deux faits qui se placent entre notre bénédiction d’être « vivifiés ensemble avec Christ » et celle d’être « assis ensemble avec Lui dans les lieux célestes » ; et 2° que la manière la plus commune de la rendre, et par conséquent, peut-être, la plus naturelle, c’est comme se rapportant au premier de ces deux faits. Remarquez-le bien, entre la communication de la vie, et le fait d’être assis dans le ciel, deux choses sont supposées : d’abord, l’acte de remonter du tombeau (dans lequel Sa vie fut reçue) au milieu des hommes ; et en deuxième lieu, l’acte de monter d’entre les hommes dans le ciel.

J’admets que la première de ces choses se rattache, en réalité, au fait précédent, et, si vous voulez, que la résurrection implique deux choses : la communication nouvelle de la vie, et la manifestation de la vie, s’il s’agit de quelqu’un qui vient de mourir et qui n’a pas été enseveli, ou le fait par lequel la personne remonte hors du tombeau, si après avoir expiré elle a été aussi ensevelie. Toutefois, elles ne constituent pas réellement une seule et même chose ; et, dans le cas de notre Seigneur bien-aimé, ce sont deux faits, deux actes parfaitement distincts, que celui par lequel Il reprend Sa vie dans le tombeau, dans toute la vérité que ce fait implique relativement à Dieu et relativement à Lui-même, à l’Esprit, et aussi au monde spirituel — et celui par lequel Il est vu et connu parmi les hommes comme ressuscité, et s’arrêtant parmi Ses disciples un certain temps avant de monter dans le ciel. Cette distinction peut être d’une grande utilité dans l’action à exercer à l’égard des âmes individuellement à une époque nébuleuse et sombre ; le récit de la conversion de Paul en Actes 9 autorise à la faire, et on peut en suivre la trace au point de vue dispensationnel (selon l’analogie de la foi) dans l’entrée de l’Église dans la gloire et la bénédiction à venir de la terre. Paul fut vivifié avant qu’il prît sa place avec les disciples — avant qu’il pût montrer rien de ce qui leur prouverait qu’il vivait à Dieu.

Je n’insiste pas sur l’argument tiré de l’analogie de la foi, bien que, selon moi, il ait de l’importance pour confirmer la vérité (si on a reçu de Dieu capacité pour saisir des analogies) ; mais il est bien certain que l’Église sera dans la gloire avant d’être manifestée en gloire, et que le résidu juif et le résidu gentil auront la vie l’un et l’autre avant que l’homme les voie en possession de la vie ; pareillement, la nation juive possédera la vie, avant que cette vie se soit manifestée extérieurement de manière à amener les résultats précieux qu’elle doit amener pour la nation en bénédiction extérieure.

Je voudrais toutefois, pour ce qui concerne le croyant individuellement, insister sur cette pensée, que, si « la vie de Dieu » (comme Paul s’exprime en Éph. 4, 18) appartient à ceux qui ont connu Christ, ou plutôt qui ont été connus de Lui, elle se montre en ceux qui L’ont entendu et qui ont été instruits en Lui « selon que la vérité est en Jésus ». Si notre évangile dans lequel nous nous glorifions est l’évangile de la vie — de la vie éternelle, en et par Jésus Christ notre Seigneur, il s’ensuit que notre témoignage est pareillement le témoignage de la vie — de la vie éternelle. Si nous sommes cachés en Christ en Dieu, Christ doit être manifesté en nous dans le monde. Paul ne connaissait pas seulement Christ comme vie — sa vie, et ne savait pas seulement que lui, Paul, avait sa vie éternelle en Christ, mais il marchait aussi ici-bas de manière à ce qu’il pouvait dire : « Nous sommes manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous sommes manifestés dans vos consciences » (2 Cor. 5, 11). Et il explique quel était le mode de cette manifestation. C’était non seulement dans une manifestation extérieure, mais dans le cœur ; mais alors, ce n’était pas seulement quelque chose dans le cœur, mais il y avait aussi une manifestation extérieure. Sa vie avait des motifs, des fins, et des objets : une manière de voir aussi particulière, qui lui était propre, qui lui donnait son caractère devant Dieu, et menait à un témoignage tel que les Corinthiens pouvaient le lire. Le moi n’était ni sa fin, ni son point de départ, ni la source de son énergie, comme, hélas ! c’est si souvent le cas avec les chrétiens de profession d’aujourd’hui. Moi, moi, moi, moi, moi, moi, moi — un nombre parfait en égoïsme — est une triste chose chez un chrétien. Telle n’était point la vie chrétienne de Paul. « Car si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis c’est pour vous » (v. 13). C’est pour Dieu seul qu’il vivait ; mais Dieu avait ici-bas des objets de Son affection, et, par suite, l’homme que l’Esprit de Dieu conduisait, avait à chercher les intérêts de ceux dont Dieu, qui les menait captifs dans Ses cordeaux d’amour, poursuivait Lui-même les intérêts. Nous apprenons ensuite quelle était la chose qui agissait avec tant de force sur son cœur et sur son esprit (heureux homme qu’il était !). « Car l’amour de Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (v. 14, 15, etc.). Quel contraste entre ce genre de vie et le genre de vie d’un si grand nombre : « faire ceci, et faire cela » ; « ne pas faire ceci, et ne pas faire cela » ! Les actions de l’homme du monde sont la manifestation de ce qui règne au-dedans de lui, et si les actions du chrétien sont aussi la manifestation de ce qui règne au-dedans de lui, alors la vie de l’homme du monde et la vie du chrétien doivent être fort différentes l’une de l’autre.

Le moi, cette vie-ci, la terre, les circonstances et Satan, remplissent l’intérieur de la vie du mondain ; Christ, l’éternité, le ciel, l’amour rédempteur, et le Père, le Fils et le Saint Esprit sont tout ce que connaît la vie intérieure du chrétien. Est-ce que les chrétiens, ceux qui sont réellement chrétiens, sentent cela suffisamment ? Qu’est-ce que c’est que l’excellence du travail, des matériaux, dans une montre, si elle n’a pas d’aiguilles pour indiquer le temps qu’elle marque ? Lecteur, pour quelle fin es-tu laissé ici-bas sur la terre ? Tu possèdes une rédemption éternelle et un salut parfait, et pour garantie de ta sécurité, tu as été empreint d’un tel sceau que personne ne peut te ravir ta bénédiction. À quelle fin es-tu donc laissé ici-bas ? Assurément, c’est pour y être un témoin pour le Seigneur Jésus, dans la puissance de ta vie, aussi bien que de tes lèvres, et si par là nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui.

C’est une chose touchante de voir comment, aussitôt que Christ fut redevenu vivant d’entre les morts, Il ne descendit pas seulement vers Lui des anges pour le saluer, mais Son propre cœur et Son esprit furent occupés du besoin de se présenter devant Son Père comme le Fils de l’homme, et remplis de pensées d’amour et de sollicitude pour chacun des siens. Il peut à l’égard de chacun d’eux, prendre une manière différente de se présenter à lui ; mais les disciples qu’Il avait laissés comme des brebis qui étaient dispersées (parce que Lui, le Berger, Il avait été frappé) devaient être rassemblés de nouveau — c’étaient les brebis de Son Père ; et en conséquence, Il monte dans le ciel pour devenir Lui-même, dans une nouvelle position, le sujet du témoignage de Ses disciples, garantir en même temps les plus chers intérêts de Ses disciples, leur envoyer aussi le Saint Esprit, et, pendant qu’Il reste là et prend soin des siens qui sont dans le monde, les former, les diriger et les aider dans leur service, Lui-même étant le sujet de leur prédication aussi bien que la joie de leurs cœurs. Oh ! comme nous vivons peu dans la puissance de la vocation céleste et de la communion du mystère de Christ et de l’Église ! Que le Seigneur nous regarde pour renouveler en nous l’efficace de ces choses ! Puissions-nous bien remarquer que Christ, après être redevenu vivant, eut à accomplir des choses propres à cette vie, en tant qu’ainsi reprise par Lui, et qu’il nous soit donné d’aller et de faire de même.

2. Notre deuxième verset est Colossiens 2, 12. « Ensevelis avec lui dans le baptême dans lequel aussi vous avez été ressuscités (angl. risen) ensemble par la foi dans l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Bien des expressions dans ce passage, aussi bien que sa portée générale, tendent à prouver que c’est de la résurrection qu’il parle. La dernière clause, par exemple, en est une preuve décisive. « Dieu qui l’a relevé (Christ) d’entre les morts ». Le grand sujet dont l’apôtre s’occupe ici est — non pas le Christ montant de la terre dans le ciel, ni la présentation de Christ tel qu’Il est dans le ciel — mais la résurrection de Christ d’entre les morts. « Dieu l’a relevé d’entre les morts ». Il s’agit de Son relèvement du sein du tombeau où Il avait été enseveli après avoir laissé Sa vie pour nos péchés ; de Sa sortie de ce tombeau pour être vu de Ses disciples et être le sujet de leur prédication à Ses ennemis ; et ce n’est pas seulement le sujet principal du verset, mais c’est celui qui le donne tout entier, car ce qui est déclaré dans la dernière clause, avoir été effectué en Christ, en ce qu’Il fut comme homme ressuscité d’une façon manifeste d’entre les morts, est affirmé être vrai de nous qui croyons en Lui : Dieu nous envisageant et jugeant selon l’Esprit de Christ qu’Il nous a donné, juge de nous qu’étant un même esprit avec le Seigneur, nous sommes ressuscités avec Lui. Cela est vrai de tous ceux qui croient en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Christ, qui a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification.

Les corps des croyants, s’ils sont retournés en poudre, ressusciteront comme ressuscita le corps de Christ ; ils ressusciteront à Sa venue et seront ressuscités par Son pouvoir à Lui-même présent alors pour faire cela. Mais ces corps seront ressuscités parce qu’ils appartiennent à des âmes qui ont été vivifiées, qui, si elles sont absentes du corps, sont présentes avec le Seigneur. L’esprit d’Étienne, l’esprit de Paul, celui de Pierre, sont avec le Seigneur ; leurs corps sont dans la poussière. Dans Son conseil et dans Sa pensée, Dieu unit la poussière de ces corps — de ces vases de terre, avec les âmes que Son Fils vivifia, et, plus tard, les corps ressusciteront en preuve de cela. Mais, lorsqu’ils étaient vivants sur la terre, ces hommes, Étienne, Paul, Pierre, etc., ayant cru en Christ, avaient été vivifiés par Lui, comme Celui qui s’était relevé du tombeau, et étaient considérés par Dieu comme vitalement un avec Son Christ ; et Il pouvait leur dire (non pas toutefois de leurs corps, mais d’eux-mêmes) — Vous êtes ressuscités avec Celui que j’ai ressuscité d’entre les morts. Que Christ était ressuscité d’entre les morts, c’était un fait manifeste quand Paul écrivit aux Colossiens ; pareillement, c’était, en cette même époque, un fait aussi manifeste, que Paul et ces Colossiens avaient reçu l’Esprit de Christ, et que Dieu les considérait (non pas comme si leur position devant Lui était selon la chair et la nature en tant que reçues du premier Adam et dont il fallût les dégager — toutes les conséquences de cette position avaient été imputées à Christ, et, en conséquence, Il avait été crucifié, était mort, et avait été enseveli ; ils devaient tenir tout cela comme vrai d’eux-mêmes, car c’est ainsi que Dieu faisait réellement — mais) comme ayant devant Lui une position selon l’Esprit et la grâce. Cet Esprit était abondamment découlé de Christ quand Il avait de nouveau repris Sa vie — leur avait été abondamment donné. Son point de départ était le Christ Jésus reprenant vie dans le tombeau ; mais c’était la vie éternelle, la vie divine quoique dans l’homme ; et elle était envisagée par Dieu, telle qu’elle se trouvait en eux, non pas comme quelque chose qui resterait encore couché dans le tombeau, mais comme quelque chose qui se manifestera comme ayant été ressuscité du tombeau et d’entre les morts. Et nous pouvons remarquer ici comment le verset qui précède est à l’unisson avec cette pensée. Nous sommes « circoncis d’une circoncision faite sans main, dans le dépouillement du corps de la chair » (v. 11) ; circoncision (c’est la seule circoncision que nous connaissions comme ce que Christ est pour nous) qui est ainsi expliquée (Phil. 3, 3) : « Car nous sommes la circoncision, nous qui servons Dieu en esprit, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus et n’avons aucune confiance dans la chair ».

Le contexte du verset qui nous occupe me semble renfermer, premièrement, la doctrine du dégagement du nouvel homme de la coquille, de l’enveloppe, du vieil homme ; et en second lieu, l’édification de l’homme nouveau : les deux choses effectuant ensemble le résultat dont parle le verset 10, savoir le fait que nous sommes « accomplis en lui qui est le chef de toute principauté et autorité ».

Je voudrais, en outre, faire remarquer, quant à la première partie, de quelle manière positive et nette, notre délivrance, le Christ mort comme subissant la peine du péché mais ressuscité, et nous-mêmes autrefois moralement morts, sommes présentés ensemble (Christ et nous) dans les versets 12 et 13. « Ressuscités ensemble » — « Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts », « Vous qui étiez morts dans vos offenses… vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses » ; et puis il ajoute comme ayant en vue le Juif, et toutes les ordonnances clouées « à la croix » (v. 14).

Jusqu’à quel point éprouvons-nous notre vie et notre marche ici-bas, en nous demandant si elles sont en harmonie avec la vie que nous avons en commun avec le Christ relevé d’entre les morts ? Il est le même avant la mort et après, mais Sa position est différente. Lorsqu’Il était sur la terre, Il était le serviteur de Dieu au milieu d’Israël sur la terre — peuple reconnu de Dieu et qui doit être béni sur la terre ; et Sa vie extérieure se donnait carrière, non seulement en zèle pour Dieu, mais en zèle pour Sa maison sur la terre, et aussi pour Son peuple sur la terre. Il honorait le temple dans la mesure dans laquelle Il y avait accès ; la maison du roi Lui était fermée et contraire, un autre la possédait. Toutefois, Il était Berger d’Israël, et Ses sympathies se manifestaient en sa faveur. Tel n’est pas le cas maintenant. Il a été mis à mort, et depuis Sa résurrection, Il a été rejeté de nouveau par Israël ; et à présent, Il ne s’identifie avec rien d’autre qu’une compagnie de personnes qui gardent le caractère de pèlerins et d’étrangers, tout le peu de temps qu’ils restent sur la terre en attendant qu’Il revienne une seconde fois.

Quelle merveilleuse vocation que d’être appelé sur la terre à une marche qui soit en harmonie avec cette vérité, que Dieu nous considère et juge de nous comme des hommes qu’Il a fait être un même Esprit avec Son Fils qui est ressuscité d’entre les morts ! C’est la liberté devant Dieu ; délivrance de tous les éléments de la religion naturelle aussi bien que de la religion terrestre ; liberté pour Dieu ; liberté pour souffrir et pour faire Sa volonté, quoique dans un corps de péché et de mort — dans un monde méchant, tout ce qui nous entoure étant sous la puissance de Satan, jusqu’à ce que la gloire vienne.

3. Nous arrivons maintenant à notre troisième et dernier passage sur ce très intéressant sujet. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3, 1). « Pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec Lui en gloire » (v. 2-4).

Ici le Christ est envisagé, non seulement comme ressuscité du tombeau, mais comme monté de la terre au ciel. « Il fut élevé au ciel » (comme nous lisons en Luc 24, 51). « Et… comme ils regardaient, une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux. Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu’il s’en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs, se tinrent là à côté d’eux, qui aussi dirent : Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel ? Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Act. 1, 10, 11). Telle est la doctrine de l’Écriture. La grâce par laquelle Il se montra vivant à Ses disciples sur la terre — « étant vu par eux durant quarante jours, et parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu » (Act. 1, 3) ne doit pas être oubliée, non plus que la parfaite distinction qui existe entre l’ascension, en tant que doctrine, et la doctrine de la résurrection du Seigneur. Dans notre verset actuel, Il est signalé comme assis à la droite de Dieu — après être monté. Et l’exhortation qui nous est adressée est de penser « aux choses qui sont en haut » (c’est-à-dire dans le ciel), et non pas à celles qui sont sur la terre : conséquence assez naturelle, si nous réalisons en effet que nous sommes ressuscités ensemble avec Lui ; car la place dans laquelle nous sommes ressuscités est celle où se trouveront les objets de notre intérêt, nos circonstances propres pour ainsi dire. Ensuite, comme pour donner du poids à ce qu’Il vient de leur dire, Il leur rappelle leur position : « car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Telle est notre bénédiction actuelle. « Nous sommes morts » et « notre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». La sûreté dans laquelle était gardée au-dedans de l’arche, où elle était enfermée par Dieu, la manne contenue dans la cruche d’or, n’est qu’une faible image de la sécurité qui est notre partage si notre vie est cachée avec Christ en Dieu. C’est la vie, la vie éternelle ; c’est la vie inséparable de Christ ; et Christ, non seulement occupe un siège de puissance dans le ciel, mais est en Dieu. Nous avons à chercher les choses qui sont en haut. Voilà pour le moment notre occupation convenable ; et c’est une occupation à laquelle le Saint Esprit veut avoir des gens occupés sur la terre jusqu’à ce temps-là. Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi nous serons manifestés avec Lui en gloire. C’est la foi qui Le reconnaît comme « notre vie » : l’œil ne voit pas cela ; bientôt Il prendra la place dans laquelle nous Le verrons pour nous-mêmes, et alors que nous adviendra-t-il, sinon d’être vus ensemble avec Lui en gloire ?

Je puis faire remarquer précisément ici que l’emploi que l’apôtre fait ici du petit mot « si » (v. 1) : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ », n’implique pas, ne doit pas être pris comme impliquant la moindre incertitude quelconque, comme si Paul doutait, comme s’il sanctionnait un doute de leur part, comme si même il supposait qu’ils doutassent s’ils étaient ou n’étaient pas en Christ, et ressuscités avec Lui. Toute l’argumentation de l’apôtre se fonde sur le fait qu’il n’y avait pas un doute quelconque à cet égard — pour la foi, la chose était claire et sûre. Il avait quitté le judaïsme en raison de cela ; il cherchait à prouver que ces Colossiens étaient exposés au danger de judaïser, parce qu’ils ne retenaient pas ce fait devant eux ; et dans les chapitres 2 et 3, il expose devant eux cette précieuse grâce de Dieu afin qu’ils puissent trouver la force de chercher les choses qui sont en haut.

« Mais », diront quelques-uns, « nous sommes ici-bas », « nos corps sont sur la terre ». — Eh bien ! après ? Dieu ne peut-Il pas nous envisager, non pas selon ce que nous sommes dans la chair, mais selon ce que nous sommes dans l’esprit, comme participants d’une vie nouvelle en Christ, vie qui nous rend capables de savoir que Dieu nous identifie avec Celui qui est assis à Sa droite et nous considère comme un même esprit avec Lui ? Ou, Dieu ne peut-Il pas, après avoir effectué cela pour un Paul, pour de pauvres Colossiens, les exhorter à marcher par la foi en cette bénédiction ? Certainement, Il l’a fait ; et la foi, en nous, aussi certainement qu’elle sait ce qu’Il a fait, saisit Sa parole, Sa pensée, et la tient pour vraie et pour n’être que l’expression de quelque chose qui renferme plus de vérité positive et de réalité éternelle que tout ce que Satan et la chair de l’homme peuvent alléguer de contraire. C’est une chose profondément triste de voir les chrétiens mettre en avant l’expérience et le sentiment de ce qu’ils sont en eux-mêmes, de ce qu’est le monde qui les entoure, et de la puissance que Satan a sur eux, et refuser de se saisir de l’appréciation que Dieu fait du monde, de la chair, et de Satan ; et par suite, ne pas trouver un refuge pratique en Christ pour eux-mêmes, ni en Lui, aussi, cette nouvelle vie, nouvelle dans sa nature — une vie en Christ, vie de Christ ressuscité du tombeau, et après monté dans le ciel.

Je voudrais ajouter quelques mots sur l’expression : « Cherchez les choses qui sont en haut ». Et d’abord, quant à la détermination précise du lieu dont l’Esprit parle ici ; rien ne saurait être plus marqué ; « les choses qui sont en haut ». Où ? « Où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Or, pour beaucoup d’esprits, tout cela est dans les nuages, très vague en vérité. Du moins, c’est ainsi qu’ont parlé plusieurs. Mais remarquons précisément dans cette même épître, comment Paul, marchant par la foi, tel qu’un homme ressuscité avec Christ, vit en Christ gloire sur gloire, par quoi il put répondre (avec une perfection divine dans son cas, comme quelqu’un d’inspiré pendant qu’il écrivait ainsi) à tous les sophismes et à toutes les vaines déceptions de l’adversaire. À la lumière de Christ, il vit la lumière, et il vit gloire sur gloire dans le Christ. Il vit aussi en Lui des offices et des relations d’où non seulement jaillissait une lumière dans laquelle il put marcher comme homme vivant, de manière à éviter les fosses, les pièges et les embûches dans lesquelles d’autres tomberaient, mais qui aussi donnèrent à son âme nourriture et force, et lui fournirent un sujet salutaire d’occupation dont quelques-uns de ces Colossiens avaient un pressant besoin. Oh ! si les chrétiens d’aujourd’hui avaient les yeux de leur entendement rivés sur le Christ de Dieu — sur Celui qui ne doit pas être maintenant uniquement vu par la foi couronné d’honneur et de gloire (comme l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse le présentent), mais dans lequel est en jeu là toute cette vivacité d’affection pour les enfants adoptifs de Son Père, ainsi que des milliers de grâces et de gloires brillantes et magnifiques — quel changement dans la vie et dans le témoignage de plusieurs ! La religion naturelle apportera ses enfilades de grains de chapelet pour y compter ses prières : est-ce que la religion spirituelle ne trouve rien en Christ pour répondre à cela ? Oui certainement ; Il fournit tout un enchaînement de gloires sur gloires et de grâces sur grâces que nous devons dérouler en louanges devant Dieu. Et quelle auréole de lumière brillante, mais douce et belle, est vue autour de Lui par ceux qui Le connaissent dans le ciel ! Que Dieu daigne raviver et restaurer le cœur des siens pour le culte spirituel, céleste ! Si le silence nous convient pour nous-mêmes, sûrement il y a beaucoup à dire pour notre précieux Seigneur Jésus et à Son sujet.

L’exhortation est double : d’abord, « cherchez-les », ces choses qui sont en haut, et, ensuite, secondement, « pensez-y », aux choses d’en haut.

Il y a quelque chose digne d’être remarqué dans la manière pleine de grâce dont est introduite la vérité exprimée par le verset 3. « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Cela répond au besoin de l’homme quant à la double manière dont la petitesse de la foi, ou l’état charnel, ou le penchant mondain du cœur pourraient objecter. « Comment puis-je faire cela ? ». La réponse est : « Vous êtes morts ». Et, de l’autre côté, la conscience que l’on peut avoir de sa faiblesse et de sa petitesse est attiré et amorcé par la contrepartie de la déclaration qui doit être à jamais précieuse à tout saint : « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Combien cette parole fait face à toute disposition qui peut se trouver dans l’âme ! « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ».

Pour terminer, il est évident que la communion avec Christ en vie ne renferme pas tout ce que Dieu nous a donné, ni tout ce à l’égard de quoi Dieu a voulu engager notre responsabilité. Et la vie ne serait pas assez non plus, tout en étant la vie de Christ en tant que ressuscité des morts — car comme tel, Il régnera sur les Juifs et aura les Gentils sous Son pouvoir ; et même, la connaissance de la gloire du Seigneur couvrira la terre, comme les eaux couvrent la mer, sous la puissance de Christ, comme ayant la vie en Lui-même, et comme étant dans une position d’où Il peut la communiquer — et donner communion avec Lui-même à de pauvres pécheurs — Lui étant ressuscité du tombeau. Ce n’est que lorsque nous arrivons à Son ascension, et à la place qu’Il a prise dans les lieux célestes, que nous trouvons ce qui, comme rattaché à la vie reprise par le Seigneur, caractérise la position distinctive du croyant, pendant qu’Il est assis comme Fils de l’homme à la droite du Père. Il n’y a pas de vie dégagée des choses terrestres, pas de vie séparée de toute mondanité, comme celle qui découle d’affections formées et développées pour la gloire divine et céleste du Fils de l’homme, affections nourries par la communion avec Celui dont les pensées étaient les premières en toutes ces choses. Le mécontentement d’un mauvais caractère qui n’est satisfait de rien, peut nous porter à nous plaindre du désert ; les souffrances endurées pendant que nous le traversons peuvent nous faire gémir ; et aussi les châtiments de Dieu pour nos inconséquences pratiques peuvent produire un effet pareil ; mais aucune de ces choses ne produira des gémissements pareils à ceux que poussera une âme qui a le mal du pays, un cœur tout rempli du ciel, une âme qui est trop occupée de Christ en Dieu, et de la gloire à venir, pour avoir beaucoup de temps ou de pensées à donner soit à elle-même, soit aux expériences du désert. Christ sentit le désert et les épreuves qui L’assaillirent sous ce rapport de la part de l’homme aussi bien que de celle de Satan, car Son âme était heureusement remplie de la gloire d’où Il était venu, du Père dont les regards étaient toujours sur Lui, et de la maison et du royaume de gloire de ce Père qu’Il devait nous ouvrir. Puissions-nous connaître ces choses, les chercher et y penser !

Assis avec lui dans les lieux célestes

« Et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 6).

Les mots a fait asseoir ensemble sont ici la traduction en français d’un verbe composé d’une préposition signifiant « ensemble avec », et d’un verbe qui signifie asseoir, placer, faire asseoir. Ce verbe, dans sa forme simple, est employé pour exprimer la position qu’occupe le Seigneur Jésus depuis Son ascension dans le ciel. Voici quelques-uns des passages où il se rencontre.

D’abord, Éphésiens 1, 20… « qu’Il (le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire) a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné (pour être) chef sur toutes choses à l’église, qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (v. 20-23). L’idée dominante de ce passage est évidemment celle de la gloire dans laquelle le Seigneur est reconnu. Il avait pris la place de serviteur ; comme Fils de l’homme, Il pouvait dire : « Mon Dieu » à Celui à qui par grâce nous disons : « Notre Dieu » (Jean 20, 17). Ici, c’est Dieu Lui-même comme tel qui agit : le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ — le Père de gloire a agi à Son égard de manière à signaler l’estime qu’Il fait de Lui et nous l’a déclaré dans Sa Parole, afin qu’ayant les yeux de notre cœur éclairés, et étant revêtus de l’esprit de sagesse et de révélation, dans Sa connaissance, nous connaissions ces choses concernant le Christ.

Le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, a fait asseoir à Sa droite dans le ciel, et a comblé là de titres d’honneur et de gloire, Celui qui disait de Lui-même quand Il était sur la terre : « Les renards ont des tanières et les oiseaux des cieux ont des demeures, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». L’acte par lequel Il Le fait asseoir à Sa droite, est la constatation que Dieu reconnaît la dignité de Celui qui est ainsi placé — Lui confère l’honneur qui Lui est dû. Il est vrai, comme nous le verrons bientôt par d’autres passages, que l’expression « s’asseoir », « faire asseoir », implique assez naturellement l’idée d’un repos personnel ; mais elle est employée ici en rapport avec la pensée de la gloire, et dans ces autres passages elle l’est en rapport avec la prise d’une position qui supposait une certaine œuvre achevée, un certain service accompli. Et cela fait une différence importante.

En second lieu, le passage Hébreux 1, 3 qui sous quelques rapports ressemble beaucoup au premier : « Dieu… à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui étant le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux » (v. 2, 3).

Une chose à remarquer, c’est qu’ici l’action est attribuée au Fils, Il s’assied Lui-même ; non pas considéré dans ce genre de gloire qui Lui est propre comme le Fils du Père, mais dans celle qu’Il possède comme Fils de Dieu. Ayant fait par Lui-même la purification de nos péchés, Il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. C’est là que nous Le voyons couronné de gloire et d’honneur. Il ne s’agit nullement dans ce passage de quelque office ou de quelque service de Christ ; ce qui nous y est présenté, c’est uniquement la position de gloire et d’honneur qu’Il a prise Lui-même, que Dieu reconnaît comme justement à Lui, et que ceux qui ont la foi confessent avec bonheur Lui appartenir. Il se repose dans la gloire ; gloire en contraste avec Son humiliation qui a pris fin ; gloire dans la majesté des hauts lieux, prise par Lui-même et reconnue de Dieu comme Lui appartenant en ce qu’Il L’a couronné de gloire et d’honneur : — mais s’Il est ainsi personnellement glorifié, Il attend là, au sein de la gloire qui Lui est propre et que seul d’entre les hommes Il pouvait posséder, jusqu’au moment où Il pourra revêtir celle qu’Il pourra partager avec les siens. Il est assis à cette droite de la Majesté jusqu’à ce que vienne le temps où Il prendra le royaume. Sa position est envisagée dans les chapitres 1 et 2, comme une position en gloire et ayant des gloires nombreuses rattachées à elle ; mais ce n’est qu’au chapitre troisième qu’est introduite l’idée du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme. Il importe d’autant plus de remarquer cela, que, plus tard, nous retrouvons présenté de nouveau le même fait qu’Il s’est assis, après qu’Il a été traité de diverses fonctions se rattachant au culte (voir chap. 10). Le gouvernement et le culte sont pour la pensée deux vérités inséparables lorsque Dieu, connu tel qu’Il est maintenant, est révélé. Les chapitres 1 et 2 contiennent maintes allusions au gouvernement quant à l’homme sous la direction de Dieu. La vérité relativement au culte commence d’être traitée au chapitre 3, et au chapitre 8, 1, nous trouvons la suprématie de Christ dans cette association d’idées.

Nous citerons maintenant ce passage : « Or la somme de ce qui a été dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite de la Majesté dans les cieux ». L’un et l’autre de ces passages (1, 3 et 8, 1) attribuent à Christ la place la plus élevée, mais le premier a trait plutôt à la domination[21] et le dernier au culte. Ils disent tous deux la prééminence de Sa gloire.

Dans un autre passage, l’accent n’est pas mis sur la gloire dans laquelle Christ est assis, ni sur ce qui s’attache à Celui qui est assis ; mais on y trouve signalé un contraste entre la position de se tenir debout et celle d’être assis. Sous la loi, « tout sacrificateur se tient debout chaque jour faisant le service et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés ; mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis (et demeure assis) à perpétuité à la droite de Dieu » (Héb. 10, 11, 12).

Les nombreux sacrificateurs, et Celui qui devait venir, et dont ils étaient tous le type ; le service de chaque jour et les offrandes répétées — le sacrifice offert une seule fois ; le fait aussi de se tenir debout pour faire l’œuvre — le fait d’être assis parce que l’œuvre était finie ; voilà les points qui sont mis en contraste. Le sacrificateur de l’ordre lévitique avait nécessairement à répéter le sacrifice, parce que le tabernacle était sur la terre et avait simplement pour but la gloire de Dieu comme Roi d’Israël, et les besoins de ce peuple, et que tout le service était achevé dans un cycle limité à une année. C’est bien aussi sur la terre que Christ a répandu Son sang, mais c’est dans le vrai tabernacle que le Seigneur a dressé et non pas l’homme, qu’Il s’est présenté dans la puissance du sang ; Son œuvre a servi à glorifier Dieu, comme Dieu, pour l’éternité, et à pourvoir aux besoins de tous ceux qui croient, qu’ils fassent partie des saints célestes ou des saints terrestres, et c’est dans la propre éternité de Dieu que Son œuvre a été faite. « S’est assis (et demeure assis) à perpétuité à la droite de Dieu » peut très bien s’appliquer à l’œuvre dont il s’agit dans le passage — qui ne traite pas du lieu où doit se déployer la dernière gloire de Christ, ni de ce en quoi consiste Son service actuel, mais de la valeur du sacrifice expiatoire offert en ce grand jour des propitiations auquel Il présidait : — l’œuvre était achevée, achevée pour toujours ; et, quant à elle, Il s’est assis. Et Il l’a fait avec d’autant plus de raison aussi, que, par cette seule offrande, « il a rendu parfaits, à perpétuité, ceux qui sont sanctifiés » (v. 14). Or, si par la foi dans le sang je suis sanctifié, je suis, par cette seule offrande, rendu parfait à perpétuité : ma conscience a pour sa réponse devant Dieu ce que Dieu a fait pour se justifier Lui-même, en agissant en miséricorde, comme sur le trône du ciel : Christ qui a la pleine intelligence de l’estime que Dieu fait des choses et de l’exactitude de cette estime, ne pouvait pas affirmer qu’il était encore besoin de sacrifice, sans dépriser Sa propre œuvre et l’estimation que Dieu en fait ; et ainsi, l’estime que fait l’âme qu’elle n’a besoin de rien en fait de sacrifice, est prouvée être exacte et juste.

Dans les passages où il ne s’agit pas de la pleine suffisance et de la perfection du sacrifice de Christ offert une seule fois, mais des sympathies de Christ pour les souffrances de Ses fidèles témoins (comme en Act. 7, 55, 56), le Seigneur Jésus est représenté, non pas comme assis, mais comme debout. « Mais lui (Étienne) étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus se tenant à la droite de Dieu, et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme se tenant à la droite de Dieu ». D’un autre côté, dans les passages qui nous Le présentent, non comme sympathisant avec les souffrances des siens encore dans le désert, mais comme en ayant fini (non pas avec Son offrande sacerdotale, parce qu’Il était Lui-même la seule offrande qui pût être offerte, et qui l’a été et a été acceptée, mais) avec Ses souffrances, comme l’homme de douleurs, nous trouvons le repos dans lequel Il est entré à cet égard, signalé par le mot s’asseoir.

« Rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui nous est proposée, fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (12, 1, 2). Véritablement Il est dans la gloire, mais c’est une gloire dont le repos est mis en contraste avec le sentier de douleur qui L’y a conduit et que nous avons à fouler maintenant. Apocalypse 3, 21 est un verset semblable sous quelques rapports. « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône »[22]. Un repos dans la gloire, voulu et préparé par l’amour, tel est le prix du vainqueur, ou l’un des prix nombreux par la pensée desquels notre Seigneur veut réjouir nos cœurs.

Dans le passage, Apocalypse 20, 4 : « Je vis des trônes ; et ils étaient assis dessus », il semble que le mot emporte surtout l’idée d’« installation dans une charge ». Ils étaient rois et sacrificateurs avant — et ils l’avaient su ; ils avaient été les bienvenus en la présence de Christ ; la gloire avait déjà commencé. — Mais c’est à présent qu’ils commençaient à être assis sur les trônes et à régner avec Lui.

On peut parfaitement recueillir de ces précieux passages, quelque juste idée de ce que sont les pensées de l’Esprit de Dieu en rapport avec la séance de Christ à la droite de Dieu. « Le Christ », en tant qu’espérance juive sur la terre, devait être roi et avoir des sujets ; mais le Seigneur Jésus, comme tel, fut rejeté, et nous trouvons, dans les écrits de Paul aux Éphésiens, ce qu’est « le Christ » que le ciel accueillit quand la terre L’eut rejeté. Il fut donné pour être Tête sur toutes choses à Son Église, qui est (de même que le corps avec ses divers membres l’est pour la tête) nécessaire pour faire l’homme parfait. Le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, nous connaît comme membres de Son corps, comme un seul Esprit avec le Seigneur. Et, en conséquence, non seulement il ne peut exister de séparation entre la Tête et les membres, mais le membre est nécessairement et toujours considéré par Dieu comme un membre et vu comme un membre du corps dont Christ est la Tête. A-t-Il repris Sa vie ? Nous avons été vivifiés avec Lui. A-t-Il quitté le tombeau et s’est-Il montré de nouveau vivant ? Nous avons la vie ensemble avec Lui. Est-Il monté en haut ? Nous y sommes montés avec Lui ! Dieu L’a-t-Il fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes ? Dieu nous voit comme assis ou placés également avec Lui dans les lieux célestes. Plus bénie, infiniment plus bénie que la gloire, que tous les privilèges, tout l’honneur possible, est cette grande vérité de notre identification, dans la pensée divine, avec la personne de Christ Lui-même. Lui la Tête — nous, rien que les membres, il est vrai, mais quelle union, quelle communion, est pareille à l’union, à la communion de la vie — une vie en commun ! Et, chose merveilleuse, nous avons une vie, Sa propre vie, si complètement en communion, si inséparablement en union avec le Christ qui est assis en haut dans les lieux célestes, que Dieu parle de nous (faibles et toutefois riches) comme assis ensemble avec Christ dans les lieux célestes. C’est une chose tout à fait accidentelle que nos corps soient encore ici-bas : que seulement le Christ se lève du trône de Son Père (Son Père et le nôtre), et nous sommes aussitôt trouvés, corps, âme et esprit, là où nous sommes maintenant ; c’est-à-dire, maintenant au moyen de la vie qui est dans le Christ qui est là-haut, et en nous qui sommes ici-bas. C’est pour un homme une anomalie, quelque chose d’anormal, d’avoir son corps sur la terre, et de posséder une vie divine et céleste, coulant par Lui du ciel et revenant au ciel. Cette vie est une réalité éternelle ; son principe et sa source, c’est Christ, et l’union vitale que nous avons avec Lui est une chose beaucoup plus réelle, efficace et importante, que le fait accidentel de la présence de nos corps ici-bas. Il me semble que beaucoup méconnaissent l’unité de vie du Christ et de Ses membres : ils peuvent penser qu’il y a une abondance de vie en Lui en Dieu pour eux ; ils peuvent admettre qu’Il leur a donné la vie éternelle, que l’Esprit habite en eux pour nourrir une semence incorruptible, etc. ; mais quant à l’unité de vie entre eux-mêmes et le Christ, ils ne la voient pas ou ne la reconnaissent pas, et, en conséquence, ils ne peuvent pas agir selon elle et d’après elle. Tous ceux en qui l’Esprit de Dieu et de Christ habite, sont réellement et vitalement un avec le Christ qui est en haut. Cette union est dans l’Esprit, mais elle existe réellement et est connue de nous comme existant — et c’est une union qui exclut pour toujours toute idée de séparation entre la Tête et les membres. La voir et en jouir, et voir la grâce à laquelle nous en sommes redevables, donne intelligence à l’esprit et chaleur aux affections du croyant, comme rien autre ne saurait le faire : une intelligence et des affections telles qu’il les faut, pour leur marche céleste ici-bas, à des gens qui sont fils et filles du Seigneur Dieu Tout-puissant.

J’ai pensé plus d’une fois qu’entre tous les passages qui enseignent la doctrine de la communion du croyant avec Christ, aucun ne montre que c’est réellement une communion en vie avec autant de force que le passage qui nous occupe en ce moment, et d’autres semblables qui font voir que Dieu reconnaît notre union avec Son Fils, comme le Christ, dans l’intervalle qui s’écoule entre la réjection de Christ par l’homme et Sa prise de possession de la gloire qui doit encore Lui échoir. Le Fils de Dieu « étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu » (Phil. 2, 6). Comme Fils du Père, il est écrit de Lui : « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est au sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1, 18). La gloire divine Lui était propre personnellement. Il avait la gloire auprès du Père avant que le monde fût (17, 5). Lorsqu’Il devint Fils de l’homme, Il devint en grâce et en miséricorde homme de douleurs et sachant ce que c’est que la langueur — de manière (car cela ne pouvait avoir lieu qu’ainsi) à pouvoir partager avec d’autres hommes les titres de gloire appartenant au Fils de l’homme. Son œuvre sur la terre achevée, mais le peuple terrestre n’étant pas prêt à recevoir la bénédiction, et bien plus la rejetant — Il s’en alla en haut et prit Son siège sur le trône de la Majesté, dans les lieux très hauts, glorifié comme Fils de l’homme de la gloire qu’Il avait comme Fils de Dieu auprès du Père avant que le monde fût.

Ce n’est point qu’il y ait plus d’une source, plus d’une puissance de bénédiction permanente, durable, pour les Juifs, les Gentils ou l’Église de Dieu. Mais ce qui, selon la sagesse divine, donne sa forme caractéristique et sa limite à l’action de cette puissance en ceux qui sont bénis — c’est la relation dans laquelle les parties diverses (toutes participantes de la source unique de bénédiction) sont avec Christ ; et cette relation est en rapport avec la place dans laquelle elles rencontrent Dieu et le Seigneur. C’est ainsi que l’a trouvé bon la sagesse divine. Pour nous, nous rencontrons Dieu en Christ sur le trône, et nous connaissons ce qu’il a plu à Dieu de révéler en la face sans voile de Son Fils, rejeté sur la terre, mais assis sur le trône de Dieu et dans la gloire qu’Il avait auprès du Père, comme Fils de Dieu, avant que le monde fût. Mais Il ne se trouve pas là sans que nous soyons reconnus comme y étant nous-mêmes ; oui, nous-mêmes là en Lui : assis ensemble avec Lui dans les lieux célestes. Ceci fait ressortir, au moins pour moi, combien est chère au cœur de Dieu et du Père la pensée — la vérité — de l’union vitale de Christ et de l’Église ; car quand Il signale la présence du Christ avec Lui-même pendant cette durée, de maintenant presque deux mille ans, de Sa séance là-haut comme Fils de l’homme, Dieu nous y fait asseoir ensemble en Lui. Il est plus facile à notre esprit de saisir la pensée d’être « crucifiés avec », « morts avec », « ensevelis avec », parce que les premières pensées que de telles doctrines font naître en nous sont celles de notre délivrance de l’état de ruine ; ou bien, encore, la doctrine que nous sommes « vivifiés avec », « ressuscités avec », « montés avec », tout en nous parlant de vie, comme les autres parlent de délivrance de la mort, peut nous présenter des actions se rattachant davantage avec l’activité et les opérations de Christ occupé à accomplir l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire[23].

Mais il y a quelque chose de très particulier dans Sa position actuelle que nous considérons maintenant : — c’est une position ad interim, en attendant — Sa gloire personnelle la plus élevée est reconnue. Nul autre que Lui ne pouvait s’asseoir où Il est assis ; pour participer à cette partie de la gloire de Dieu, ainsi qu’Il le fait, il fallait qu’Il fût Dieu ; et Il se trouve là, en tant que Fils de l’homme, en un certain sens d’une manière anormale, car le trône de Dieu et du Père n’est pas la sphère du déploiement de Sa gloire comme Fils de l’homme ; toutefois c’est une chose très précieuse et très bénie qu’Il soit là ; et le fait d’y avoir été si longtemps reconnu dans cette gloire de Fils de l’homme, jettera un éclat particulier sur toute la gloire qui est encore à venir. Car Dieu s’associera Lui-même avec le Fils de l’homme dans Sa gloire spéciale, de même qu’Il a associé le Fils de l’homme avec la plénitude de Sa gloire comme Dieu et de Sa gloire comme Père. Mais alors, quelle position merveilleuse c’est, qu’Il reconnaisse l’unité de l’Église avec le Fils de l’homme dans celle qu’expriment ces paroles — assis avec Lui dans les lieux célestes ! La pensée, le plan, l’accomplissement de cette œuvre merveilleuse de l’Église, l’Épouse de Christ, tout est divin. Et, béni soit Dieu, il y a une puissance divine prête à nous la faire connaître, à nous en faire jouir — puissance suffisante pour ouvrir plein et libre accès à Dieu et à cette bénédiction même dans mon pauvre cœur ; — puissance et empressement pour faire que la coupe déborde de toute part de la bénédiction accordée.

Ce peut être ici le lieu d’introduire quelques passages de l’Écriture, dans lesquels les associations les plus intimes et les plus bénies sont présentées comme provenant pour le croyant de cette racine de toute Sa bénédiction, savoir, de Son association et de Son union vitale avec le Christ de Dieu. Et j’introduis d’autant mieux ces passages ici, qu’ils font voir tout de suite les délices merveilleuses que Dieu prend dans l’Église, et, en conséquence de cela, les merveilleux privilèges que, de Sa propre riche grâce illimitée, Il avait préparés pour elle dès avant la fondation du monde.

Voici les passages que je désire faire remarquer :

1. 1 Corinthiens 3, 9 : « Nous sommes collaborateurs de Dieu, vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu ».

Qui donc était Paul ? Qui était Apollos ? Des serviteurs par l’instrumentalité desquels était prêché l’évangile que ces Corinthiens avaient cru. Mais Celui concernant lequel était l’évangile, savoir, le Dieu de miséricorde et de compassion, qui avait placé toute Sa gloire dans la croix du Christ — était Celui, et c’était Lui seul, qui choisissait les messagers de Son évangile et allait avec eux « et comme le Seigneur donnait à chacun d’eux ». Et plus que cela ; car Il n’allait pas seulement avec eux, mais Il était l’auteur de toute la bénédiction qui accompagnait leur service. Un Paul pouvait planter, un Apollos arroser ; mais c’était Dieu seul qui donnait l’accroissement : « Ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont rien ; mais Dieu qui donne l’accroissement ». Il est tout. C’est tout une même chose que planter et arroser, et toutefois chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. « Car nous sommes collaborateurs de Dieu : vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu ». Quel honneur la grâce, la libre grâce, ne mettra-t-elle pas sur Ses serviteurs ? Dieu a un labourage — Dieu a un édifice. Dieu emploie-t-Il quelque homme que ce soit en rapport avec Son labourage, avec Son édifice ? Il ne s’en sert pas comme d’outils morts, mais comme de saints vivifiés, pleins de franche volonté au jour de Sa puissance. Dans ce labourage, dans cet édifice, tout est de Dieu ; et Dieu est le tout — pour la bénédiction. Toutefois, il met cet honneur sur Ses serviteurs de les rendre capables de dire : « Nous sommes collaborateurs de Dieu ». Qu’est l’énergie d’un Alexandre, d’un César, d’un Napoléon, comparée à celle qui opérait en un Paul, un Apollos ? Qu’est l’exaltation propre d’un moment que recherchaient les premiers, comparée à l’exaltation conduisant à « une félicité éternelle » que les derniers possédaient ? La présence de Dieu, de Dieu en puissance d’opération, peut bien, doit même avoir pour effet que toute âme qui sait ce qu’elle est s’abatte devant elle ; mais si, d’un côté, elle renverse le moi d’un « il n’est rien » (v. 7) ; de l’autre, comme elle exalte les serviteurs en leur donnant le pouvoir de dire : « Nous sommes collaborateurs de Dieu » ! Des choses pareilles ne furent jamais dites, si ce n’est de gens qui étaient un même esprit avec le Seigneur Jésus Christ.

Le mot employé ici est le substantif συνεργος, ou collaborateur ; quelqu’un associé dans un travail avec un autre. C’est le même mot que celui qui se trouve en Romains 16, 3, 9, 21. Quand on examine un passage, on doit naturellement avoir toujours dans l’esprit le sujet principal du contexte : dans ceux que nous avons déjà considérés, Dieu est le tout, bien qu’il Lui plaise dans Sa grâce d’agir et de travailler par l’homme ; et parce que les affections, les pensées et l’énergie de l’homme qu’Il emploie sont ainsi mues et dirigées par Dieu — ce que cet homme était en lui-même est tenu pour mort et enseveli — et lui pour vivant ; toutefois non pas lui, mais Christ qui vit en lui — c’est pourquoi Dieu parle de ceux qui sont tels comme d’ouvriers avec Lui. Dans les passages suivants, ils sont considérés comme collaborateurs les uns des autres. Ainsi :

Romains 16, 3 : « Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d’œuvre dans le Christ Jésus ».

Romains 16, 9 : « Saluez Urbain, notre compagnon d’œuvre en Christ ».

Romains 16, 21 : « Timothée, mon compagnon d’œuvre, et Lucius vous saluent ».

Puissent nos cœurs connaître non seulement la communion avec un Paul, dans ses travaux et les souffrances qui s’y rattachent, mais aussi la communion de cette toute-puissante grâce avec toute la bénédiction et la liberté qui s’y rattachent et qui formaient pour Paul la base et la racine même de sa vie, aussi bien que de tout ce qu’elle produisait !

2. Mon second passage est 2 Corinthiens 6, 1 : « Or, travaillant ensemble avec Lui (vers. angl.), nous vous supplions que vous n’ayez pas reçu la grâce de Dieu en vain » (ou comme une chose vaine, légère, insignifiante).

Le mot employé ici est le verbe qui correspond au substantif employé dans les derniers passages cités. Les deux passages se ressemblent beaucoup, il y a cependant une différence. Dans celui que nous avons déjà examiné, le champ de travail est l’Église qui est sur la terre. Paul pouvait planter, poser, comme un sage architecte, le fondement des églises ; Apollos pouvait les arroser. Ni Paul, ni Apollos n’étaient rien ; mais Dieu était Celui qui bénissait. Toutefois, Celui qui bénissait appelait ceux par les travaux desquels Il opérait, Ses compagnons d’œuvre. Quelle grâce ineffable ! Dans ce passage-ci, le Seigneur, devant le jugement duquel l’homme comparaîtra (v. 10), a pourvu pour les hommes à un évangile de bonnes nouvelles d’une grande joie. Cet évangile avait fait que Paul était manifesté devant Dieu (v. 11), et manifesté aussi devant ceux parmi lesquels il travaillait. Et qu’est-ce qu’il avait rendu manifeste ? Que si Paul était hors de lui-même, c’était pour Dieu (v. 13), et que s’il était de sens rassis, c’était pour ceux parmi lesquels il travaillait. Car l’amour de Christ le menait captif dans son étreinte bénie ; un amour qui déclarait que comme Christ était mort, de même tous ceux qui croyaient en Lui étaient morts ensemble avec Lui ; et que Son but en faisant cela pour tous les siens était, que ceux qui vivent ne vécussent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui était mort et ressuscité pour eux. Ceci plaçait Paul dans un système de choses tout autre que celui de ce monde ; et, en conséquence, il ne connaissait personne selon la chair ; il avait connu Christ selon l’Esprit, et toutes choses prenaient leur place en harmonie avec cela. Si quelqu’un était en Christ, c’était une nouvelle création ; les vieilles choses étaient passées, un nouvel ordre de choses était introduit — non pas encore en gloire, mais toutefois dans le principe de toute véritable gloire et de toute vraie bénédiction — toutes choses sont de Celui qui, d’abord, nous a réconciliés avec Lui-même, par Jésus Christ notre Seigneur, et qui, là-dessus, nous a confié le ministère de la réconciliation. Tel était Son amour. Non pas seulement de faire de nous de nouvelles créatures, mais de nous faire connaître que toutes choses sont de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même, et, après avoir fait cela, nous a identifiés avec l’œuvre dont, dans Son amour, Il est occupé — œuvre que notre propre salut, notre position de bénédiction, notre nouvelle vie et nos privilèges nous ont rendue chère — c’est-à-dire l’annonce de Son propre caractère et de Son évangile. Ce n’est pas simplement que nous sommes appelés à plaider avec les pauvres pécheurs, et à leur dire : « Pourquoi mourriez-vous ? » ; « Nous vous supplions que vous n’ayez pas reçu la grâce de Dieu en vain », etc. (comme dans le chap. 6 qui est notre texte) ; mais plus que cela, nous sommes associés par Dieu avec Lui-même comme Celui qui se révèle, qui a confié la parole de la réconciliation à nous qui l’avons goûtée, car nous connaissons nous-mêmes la miséricorde de Dieu ; l’œuvre par laquelle cette miséricorde ouvrait un chemin pour elle-même vers nous et pour nous vers elle ; nous avons goûté combien elle est convenable pour nous-mêmes et pour les pécheurs ; et nous savons aussi comment Dieu y prend plaisir (v. 18-21), et comment s’Il nous convie, s’Il invite et convie ceux que nous pouvons rencontrer, Il se tient là Lui-même pour bien accueillir ceux qui viennent. Car Il dit : « Je t’ai exaucé au temps agréé et t’ai secouru dans un jour de salut ; voici maintenant le temps agréable, voici maintenant le jour du salut ». Le contexte est toujours la plus sûre lumière à laquelle il faut considérer un texte. Et tandis que ces deux textes sont fort semblables par leurs termes, la lumière des contextes respectifs fait voir entre eux une différence. Dans le premier, l’auteur parle comme travaillant dans l’Église sur la terre ; dans le dernier, comme travaillant à la lumière du trône du Seigneur du jugement, et comme proclamant Sa miséricorde et les bonnes nouvelles que « Celui qui n’a pas connu le péché (le juge) avait été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui ». Dans ce service, il était associé par grâce avec l’œuvre, et aussi avec toute l’affection de Dieu[24].

3. J’arrive maintenant à Éphésiens 2, 19, où il est fait allusion à un autre genre d’association intime et bénie qui est aussi une des précieuses conséquences de notre communion avec Christ. « Ainsi donc, vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu ». Le « vous » s’adresse aux Éphésiens croyants, qui avaient été païens, et par conséquent, n’avaient pas eu, comme les Juifs, de position de relation avec Dieu dans le monde — sans Dieu dans le monde. Car cette expression ne signifie point qu’ils avaient été impies, athées, et plongés dans la méchanceté du monde en tant qu’individus — cela, hélas ! bien des Juifs l’étaient aussi — mais, que les Gentils, comme tels, n’avaient pas de relation désignée pour eux avec la seule chose qui fût reconnue devant Dieu comme religieuse sur la terre, je veux dire, le peuple juif. Voilà ce qu’ils avaient été. Ils n’avaient eu rien à faire avec le culte juif. Mais maintenant, depuis qu’ils croyaient dans le Christ ressuscité et monté en haut, ils avaient une relation très particulière avec Dieu dans le ciel ; — ils étaient parmi Ses saints célestes, gens de Sa maison ; comme nous l’avons vu, ils avaient trouvé cela par le moyen du Christ et en Lui ; chacun l’avait trouvé pour lui-même, chacun avait été trouvé de Dieu — il y avait communion, dans le caractère de citoyens, de tous ceux qui étaient tels, qu’ils eussent été tirés du terrain juif ou du terrain gentil. Ils étaient concitoyens des saints (du ciel) et membres de la famille de Dieu. « Notre conversation[25] est dans les cieux » (Phil. 3, 20).

Ce n’est que quand on pèse la portée de l’épître aux Éphésiens, et que l’on considère le caractère particulier de ses bénédictions dans leur contraste avec les bénédictions terrestres, que l’on voit la merveilleuse excellence de ce lot d’être concitoyen des saints du ciel, et de faire partie de la maison de Dieu. Mais ce rang, cette bénédiction, n’est pour chacun de nous qu’une des nombreuses bénédictions qui résultent de notre association en vie avec le Fils de l’homme. Ceux qui sont ainsi associés au Christ ont, très certainement, leur plus grande bénédiction dans l’association qu’ils ont avec Lui-même — c’est-à-dire, dans la vie et dans l’association, comme d’un membre avec la Tête, de tout ce qui est à Lui : elle les introduit, par la plus pure grâce, dans le privilège de certaines associations avec Dieu en fait de service ; mais elle les place aussi tous, comme nous le voyons ici, en association très précieuse les uns avec les autres, dans la liberté de la cité qui est dans le ciel, et aussi dans la liberté de la maison du Père. Et ces choses sont tellement liées et unies ensemble dans la pensée de l’Esprit, que l’apôtre n’a pas plus tôt mentionné ce privilège d’être « concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu », qu’immédiatement il poursuit en disant qu’ils sont « édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur… édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ».

4. Il y a un autre passage dans lequel il est fait allusion à une sorte de bénédiction quelque peu semblable ; nous l’examinerons maintenant :

C’est Éphésiens 3, 6. « Que les nations seraient cohéritières et d’un même corps, et coparticipantes de sa promesse dans le Christ par l’évangile ». Tout est en Christ ; toutes nos bénédictions, de quelque nature qu’elles soient, ont leur racine et leur source en Lui. Rien de ce qui ne L’a pas, Lui, pour sa racine, n’est bénédiction, ou ne peut nous être donné par Dieu comme estimé par Lui propre à être une bénédiction pour nous.

La participation signalée dans ce verset a trait à trois choses : 1° une place dans l’attente de l’héritage ; 2° une place dans le corps ; et 3° une place dans la bonne promesse — elles appartenaient toutes trois à autant de ces pauvres Éphésiens (tout Gentils qu’ils avaient été), qu’il y en avait qui croyaient — position en commun avec ceux d’entre les Juifs aussi qui avaient cru — mais la position était en Christ et en Lui seul ; et c’est « en Lui » qu’on avait participation, car l’héritage était sien, Il était aussi la Tête de Son corps l’Église, et c’est en Lui seul que toute promesse pouvait être accomplie ; et elles étaient toutes oui et amen en Lui à la gloire de Dieu par nous. Celui qui avait été un pauvre Gentil idolâtre pouvait rencontrer en Christ celui qui avait été un pharisien, fils de pharisiens — mais en Christ la vieille histoire de chacun perdait sa place de prééminence. Une fois en Christ, vous vous trouvez là où tout est gouverné et s’arrange selon un ordre nouveau, c’est-à-dire selon les délices que Dieu prend en Christ qui est l’héritier, la Tête du corps, l’Église, et à qui appartiennent toutes les promesses de Dieu. Quelques-uns, en traitant de ce verset, se sont tant préoccupés de l’union des croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils, qu’ils ont négligé la question de savoir en qui et en quoi il y a union.

En Christ il n’y a ni Juif ni Grec ; ceux qui sont en Lui sont un peuple céleste ; ils sont, par grâce, tous cohéritiers, les uns avec les autres, dans cet héritage qui est dû à Celui en qui ils sont ; ils forment un corps ensemble, chacun d’eux étant, en particulier, un membre du corps (et ils sont ainsi unis les uns avec les autres) dont Il est la Tête ; savoir, comme chacun d’eux participe, ainsi que tous les autres, dans la promesse. Quelque variés que soient les privilèges dans lesquels ils ont communion les uns avec les autres, ces privilèges sont tous en Christ, et Christ est la seule voie pour les posséder et en jouir.

Les passages suivants se rattachent naturellement à notre sujet, et montrent, d’une manière frappante, la nature du lien qui unit les membres ensemble, après les avoir d’abord unis à la Tête.

Éphésiens 2, 20, 21 : « Jésus Christ étant Lui-même la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ».

Éphésiens 4, 15, 16 : « Le Christ : duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble… produit l’accroissement du corps ».

Dans l’un et l’autre de ces passages, le terme qui exprime le fait d’être ajusté ensemble, est συναρμολογουμενος[26].

Dans les passages des Éphésiens, cette intimité d’adaptation des parties les unes avec les autres, en vue d’accomplir une fin commune, est évidente. D’abord, dans l’édifice, Christ est la maîtresse pierre de l’angle, choisie et précieuse, d’un temple saint pour le Seigneur ; — et ensuite chaque pierre qui est en Lui, est ajustée et soigneusement rendue propre à occuper la place qui lui est réservée et préparée en vue de l’accomplissement de cette fin commune. Secondement, dans le corps, Christ est la Tête, chaque membre en particulier est un membre de Christ, et, comme tel, a une place qui lui est bien appropriée, dans le corps dans lequel il est en relation avec les autres membres. Mais aucun membre ne peut se dire membre d’un autre membre ; ce serait faire de cet autre membre la tête, et déplacer Christ, comme faisaient quelques-uns à Corinthe. Le corps est le corps de Christ, et chacun en particulier est un membre ; et parce qu’il est en particulier un membre de ce corps dont Christ est la Tête, il a une responsabilité comme tel à l’égard des autres membres, et aussi il possède, ce qui est infiniment meilleur, le privilège d’être employé comme tel par la Tête pour la bénédiction des autres membres.

Être bien approprié à des places si près de Christ, quand il s’agit du temple (l’habitation de Dieu), et du corps de Christ, est un précieux privilège. Dans l’un et l’autre cas, ce n’est ni par armée, ni par force, mais par l’Esprit du Seigneur ; et cette appropriation unit — si elle est à toujours — pour des scènes dont Dieu et l’Agneau seront la gloire ; toutefois elle nous unit (les hommes qui croient en Christ durant les jours de Sa réjection), en un faisceau de vie, dans lequel, non pas notre individualité, mais celle de Christ, comme homme — homme céleste — aura toute la prééminence.

Ensuite, nous avons encore le mot συμβιβαζω[27] employé par exemple en Éphésiens 4, 16, et Colossiens 2, 2, 19 :

« Duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de soi-même, en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure » (Éph. 4, 16).

« Car je veux que vous sachiez combien grand est le combat que j’ai pour vous… et pour tous ceux qui n’ont point vu mon visage en la chair, afin que leurs cœurs soient consolés, étant bien unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses d’une pleine certitude d’intelligence pour la connaissance du mystère de Dieu » (Col. 2, 1, 2).

« Ne tenant pas ferme le Chef, duquel tout le corps fourni et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît d’un accroissement de Dieu » (Col. 2, 19).

L’opération par laquelle on est lié ensemble, bien uni ensemble, a lieu dans chaque cas, par l’efficace de la vie de ce corps, dont Christ est la Tête. Paul, envisagé comme un individu, n’était qu’un membre en particulier ; de même Apollos, et de même Céphas. Mais la puissance de la vie qui les unissait à la Tête, leur donnait toujours en subordination à Christ, une puissance de communion — quelque chose par suite de quoi ils étaient bien liés ensemble, faisaient un tout bien uni les uns avec les autres.

De nos jours, l’union vitale avec le Christ a été trop considérée comme une doctrine avancée, la doctrine des classes aînées dans l’école de Dieu. Et, hélas ! là où elle a été recouvrée comme la doctrine de la famille de Dieu comme telle, elle a été, en plus d’un cas, tellement corrompue que, tout en retenant la doctrine de la communion des membres, on ne l’a pas gardée dans sa subordination à la suprématie de Christ comme Tête. Et ainsi, la vérité la plus précieuse a été tournée contre le Seigneur en tant que l’auteur et le donateur de cette union vitale.

Jusqu’ici nous avons vu trois grandes choses distinctes : 1° Dieu imputant ; 2° Dieu communiquant ; 3° la position en bénédiction (devant Dieu et dans la relation mutuelle des parties les unes avec les autres), de ce en quoi la bénédiction de Dieu s’est présentée dans ces derniers jours.

Dieu imputant. Il a imputé à Christ tout ce que nous étions comme hommes descendus d’Adam, et tout ce que nous avions fait ; Il a visité tout cela sur Lui, et a reçu comme une rançon Sa vie, donnée par Lui comme Fils de l’homme. Il tient ces trois choses être vraies de nous qui croyons, et nous commande de les tenir pour telles à l’égard de nous-mêmes et d’agir en conséquence.

Dieu communiquant. Le Fils de l’homme reprenant la vie dans le tombeau est la fontaine d’où la vie divine découle pour nous ; mais si c’est la vie divine, elle est toutefois la vie divine dérivée et appropriée à l’homme ; — c’est la vie avec le Christ, la vie dans laquelle Il sortit du tombeau et, après s’être fait voir sur la terre, monta dans le ciel.

La position en bénédiction de ce en quoi la bénédiction de Dieu se présente maintenant. Dans le ciel nous sommes assis ensemble avec Christ, dans les lieux célestes. Sur la terre, nous sommes reconnus comme associés avec l’œuvre que Dieu fait ; comme entièrement identifiés avec la cité et la maison de Dieu, et avec le corps et les membres dont Christ est la Tête ; entièrement identifiés parce que nous sommes identifiés avec ces choses dans la puissance d’une vie qui est Christ — une vie qui est cachée avec Christ en Dieu, notre vie éternelle.

Dans ce qui va suivre, nous aurons à considérer, 4°, ce qui résulte de tout cela. Étant fait un avec le Christ, déjà un avec Lui, il s’en suit naturellement deux choses : 1° nous avons maintenant à souffrir avec Lui ; et, 2°, il faut que nous soyons glorifiés ensemble plus tard. Nos souffrances peuvent être maintenant de diverses sortes, comme le furent les siennes ; la gloire peut aussi être envisagée, dans les différents passages de l’Écriture, sous des aspects différents, comme nous verrons qu’elle l’est. Mais il ne faut jamais oublier ceci : que, pour tout ce qui concerne notre pèlerinage et notre caractère d’étrangers ici-bas, avec toute l’immense variété de manières dont nous pouvons être appelés à souffrir de la part du monde, de la chair et du diable ; et pour tout ce qui tient à la vie de gloire et de puissance réservée pour nous plus tard, l’une et l’autre de ces choses sont pour nous des résultats — des résultats nécessaires et inséparables de notre union vitale avec le Christ de Dieu. Il a ôté de la voie tout ce que Dieu avait contre nous ; Il nous introduit dans cette position et ces choses en connexion avec nous, en vertu desquelles Dieu, non seulement ne pouvait avoir rien à dire contre nous, mais pouvait prendre Son plaisir en nous ; et tout cela, dans la puissance de cette bénédiction qu’Il avait donnée Lui-même en Christ, pour entreprendre de nous conduire à Sa propre maison, formant et façonnant nos cœurs, et nous enseignant Ses voies en contraste avec les nôtres durant tout notre pèlerinage à travers le désert. Toute la colère qui nous était due est tombée sur le Christ — et c’est accompli. La croix a réglé toute la question de la colère de Dieu contre nous qui croyons — Christ l’a toute portée, et moi qui crois je n’en porterai point. En Christ a été aussi réglée toute la question de notre acceptation devant Dieu et de la nature de cette acceptation. — Il est ressuscité et monté : Dieu Lui a confié toute la gloire qu’Il avait à donner — la Lui a conférée comme à Jésus qui était mort, le Juste pour les injustes ; et ainsi la justice de Dieu en Christ est inséparable de la pleine acceptation du croyant. Le croyant est accepté (objet de faveur) dans le Bien-aimé. Mais la même grâce qui nous a liés, rattachés à Dieu par et dans le Christ, a trouvé bon de nous lier aussi, de nous associer à la fortune de Christ tant dans ce monde que dans celui qui est à venir. Dans notre prochain article, nous aurons donc à considérer ces résultats de la vie dont nous jouissons ainsi déjà, savoir : « que si nous souffrons maintenant, plus tard nous serons glorifiés ».

Souffrir avec Lui

Trois passages de l’Écriture peuvent servir comme d’introduction à notre méditation :

1. Romains 8, 17 : « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, si du moins nous souffrons avec Lui (ειπερ συμπασϰομεν) afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».

2. 2 Timothée 1, 8 : « Ne prends donc pas à honte le témoignage de notre Seigneur, ni moi son prisonnier ; mais prends part aux souffrances (συγϰαϰοπαθησον) de l’évangile, selon la puissance de Dieu ».

3. 2 Timothée 2, 12 : « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui » (ει υπομενομεν ϰαι συηϐασιλευσομεν).

Le dernier de ces passages (2 Tim. 2, 12) rattache et fait contraster la souffrance ou le support patient de l’épreuve maintenant, avec la participation future à la domination de Christ. Maintenant, la patience ; alors, la domination avec Christ. Cette manière de rendre la chose est plus expressive que si on disait : « la souffrance, maintenant ; la domination, alors ».

Le second (2 Tim. 1, 8) rattache la souffrance des afflictions avec l’œuvre du témoignage de Paul, et invite les autres à prendre part aux épreuves. Il rappelle naturellement à l’esprit un texte bien connu de l’épître aux Hébreux qui nous présente un autre témoin qui vivait en d’autres jours (chap. 11, 24-26) : « Par la foi, Moïse étant devenu grand refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, choisissant plutôt d’être affligé avec (συγϰαϰουϰεισθαι) le peuple de Dieu que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte : car il regardait à la rémunération ». En Égypte, place honorable : être appelé fils de la fille de Pharaon ; et posséder là assez de trésors pour servir à goûter pour un temps de telles choses que les délices du péché. Mais la foi qui révéla Dieu à Moïse fit préférer à Moïse les afflictions du peuple de Dieu et l’opprobre de Christ.

Qu’avaient de commun Dieu et l’Égypte, ou Dieu et la maison de Pharaon et les richesses de cette maison ? Absolument rien ; et Moïse le savait et agit en conséquence. Le monde d’aujourd’hui est pour nous chrétiens, d’après la Parole de Dieu, ce que l’Égypte était pour Moïse. L’estime morale que nous en faisons et la conduite que nous tenons à son égard, ressemblent-elles à celles de Moïse à l’égard de l’Égypte ? (Lecteur, votre choix et votre goût sont-ils, dans la pratique, les mêmes que ceux de Moïse ?) Quelles que soient les souffrances à endurer, quelles que soient les afflictions qui attendent maintenant les prédicateurs de l’évangile, en toutes ces choses, la foi réclamera sa part.

Mais ce n’est pas simplement que nous devons être patients pendant que nous attendons le royaume qui nous est réservé, ou qu’il y a certaines afflictions qui accompagnent naturellement le travail donné à faire au serviteur du Seigneur ; la position dans laquelle il est placé, le peuple auquel il est rattaché, l’œuvre du témoignage, tout cela amènera maintenant de la souffrance ; c’est parfaitement vrai. Mais l’enseignement contenu dans notre premier texte est d’une portée plus étendue encore. Cette parole : si nous souffrons avec Christ, met devant nous le Fils de l’homme.

C’était d’un don de pure grâce aux Philippiens que Paul parlait (chap. 1, 29) : « Il vous a été gratuitement donné dans ce que vous faites pour Christ, non seulement de croire en Lui, mais aussi de souffrir pour Lui ; ayant à soutenir le même combat que vous avez vu en moi, et que vous apprenez être maintenant en moi ». Mais ensuite, il continue (chap. 2) en leur montrant qu’il y avait encore quelque chose de plus à quoi l’accès leur était ouvert, savoir d’agir comme des gens qui avaient la pensée de Christ. Car il était un serviteur de Christ qui pouvait dire de lui-même par grâce : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et, ce qui manque aux afflictions du Christ, je l’accomplis pour ma part dans ma chair, pour son corps qui est l’assemblée » (Col. 1, 24).

Pour ce qui est de la croix, Christ l’avait portée tout seul ; il y avait pris sur Lui seul toute la colère due au pécheur. Mais la croix ne constituait pas toutes les afflictions de Christ ; il y avait encore ce qui manquait aux afflictions de Christ pour nous aussi ; et lorsque nous considérons que l’Esprit rendit témoignage aux prophètes des « souffrances de Christ » en un temps où la manifestation de la condition réelle de l’homme était plus l’objet des voies de Dieu que maintenant, où, l’homme s’étant montré irrémédiablement mauvais par son rejet de l’amour du Fils de Dieu, Dieu manifeste Son propre amour envers l’homme comme pécheur ; quand, dis-je, nous considérons cela, nous ne devons pas être surpris de trouver ces souffrances de Christ, qu’Il endura de la main de l’homme, et comme fruits de la condition de l’homme, largement développées dans l’Ancien Testament. L’apôtre eut sa part dans beaucoup de ces souffrances, et porta par grâce sa portion. Jaloux contre ceux qui désiraient éviter ces souffrances de Christ, il combattait avec force et sans ménagement ceux qui prétendaient détourner la colère de Dieu contre le péché par une autre voie que par la croix de Christ endurée par Lui seul sur le Calvaire. Jamais apôtre ne songea follement à partager lui-même la colère de Dieu due au péché, qui avait été déjà portée par Christ le juste, à la place de plusieurs injustes.

Je ne trouve pas, dans les huit premiers psaumes, d’allusion aux souffrances expiatoires ; mais je ne saurais lire ces psaumes sans y voir ces souffrances de Christ auxquelles le serviteur de Dieu peut participer.

La perfection du Bien-aimé, dont il est parlé dans le psaume 1, est présentée de cette manière : — « Il prend plaisir en la loi de l’Éternel, et il médite jour et nuit en sa loi ». Mais quel est l’effet de cela sur lui-même quand autour de lui, tout ne présentait que le spectacle du conseil des méchants, de la voie des pécheurs, du banc des moqueurs ? L’isolement pour quelqu’un qui aime la communion ; le rejet pour un cœur dont les affections sont expansives ; l’amour et le zèle ardent pour le Seigneur et la dépendance de Lui au milieu d’une scène pareille — dans un lieu aimé de Lui, mais parmi un peuple qui n’avait pas de cœur pour le Seigneur — sont autant de causes de souffrance. Mais être pénétré et jouir de la Parole de Dieu ; trouver que demeurer en elle est le but même de la vie, et savoir quel misérable sort elle annonce à ceux qui la rejettent à cause de son contraste avec leurs propres plans, leurs voies et leurs desseins arrêtés, c’est là une profonde douleur pour quelqu’un qui connaît Dieu et sait ce qu’Il est, et qui voit ce qu’est l’homme pour s’opposer à Dieu. Or, en tout cela, ce qui fut pleinement développé dans le Christ peut être partagé par tous ceux qui ont jamais eu l’esprit et la foi des élus du Seigneur.

Dans le psaume 2, nous voyons que non seulement l’homme individuellement est méchant, mais qu’il existe un pouvoir qui gouverne le monde dans son ensemble, et qui mène à l’entière réjection, de la part de la terre, tant de Christ que de ceux qui sont à Lui.

Le Seigneur Jésus a fait pleinement et tout seul l’expérience de cela ; mais Pierre, Jacques et Jean la firent ensemble, quand, en Actes 4, par exemple, ils citent la fin du psaume 2 comme s’appliquant à la fois à la réjection de Christ et à leur propre position.

Dans le psaume 3, nous trouvons quelqu’un n’ayant que des multitudes de difficultés devant lui et autour de lui, et pas de réponse à aucune d’elles si ce n’est dans le Seigneur. Qui, sauf le Christ, a goûté cela pleinement ? Qui a jamais marché réellement avec le Seigneur, et ne l’a pas, selon la mesure de sa foi, goûté aussi et l’affliction qui en résulte ?

C’est une chose bénie, et non sans douceur, bien que l’amer y soit mêlé avec le doux, quand, au milieu de milliers et dizaines de milliers d’épreuves, l’énergie de l’âme est réveillée, comme dans le psaume 4, par le sentiment du contraste entre sa propre intégrité envers Dieu, et l’entière corruption dans la méchanceté de tout ce qui est autour d’elle ; et ce genre de souffrance a son propre genre de consolation — consolation qui lui est aussi particulière que l’espérance est la consolation particulière de l’état décrit dans le psaume 1 ; l’attente, celle de l’état présenté au psaume 2 ; le privilège de se fortifier en Dieu, la consolation de celui que décrit le psaume 3.

L’appel à Dieu contre les méchants caractérise le psaume 5, comme la patience sous la discipline et le châtiment caractérise le psaume 6, et l’appel du jugement sur l’ennemi, le psaume 7.

La pensée de Christ peut n’être que peu connue, si on ne connaît pas Ses souffrances au sujet de la méchanceté des méchants qui L’entouraient. Son cœur peut ne nous avoir été que bien peu révélé, si nous n’avons jamais vu Sa douleur quant à l’état du peuple d’Israël, humilié par la discipline et le châtiment à cause de sa marche insouciante avec Dieu. Comment pouvait-Il être le Fils, le serviteur de Dieu — Celui auquel étaient échus tous les devoirs de roi, de prophète et de sacrificateur de cette nation — et ne pas souffrir douloureusement de la discipline sous laquelle se trouvait la nation ? Et Ses sévères paroles contre les cœurs endurcis de cette race de vipères — Ses larmes sur Jérusalem qui lapidait les prophètes, etc., tout cela était pour Lui un service de souffrance — service dans lequel Paul avait part avec son Maître, à quelque distance qu’il s’y tînt de Lui, d’ailleurs, quant à la mesure. Nous pouvons appliquer à tout cela la précieuse déclaration : « Si du moins nous souffrons avec Lui, pour que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».

Le psaume 8 est un psaume de gloire ; mais comme le chapitre 2 de l’épître de Paul aux Philippiens nous l’enseigne, la gloire due au Fils de l’homme était au terme d’un sentier de souffrance et de douleur. Celui qui devait, selon le conseil divin, être le centre d’un système nouveau en tant que Fils de l’homme, avait à s’abaisser à suivre un sentier de service plein de souffrance, et à être obéissant jusqu’à la mort — la mort de la croix, avant d’être souverainement exalté, de recevoir un nom au-dessus de tout nom, et d’être placé comme Fils de l’homme à la droite du Père. La croix n’est pas envisagée en Philippiens 2, comme l’expression soit de l’amour de Dieu pour l’homme dans Sa miséricorde à procurer un agneau, soit de l’amour de Christ pour l’homme dans Sa grâce à se donner Lui-même, le juste pour plusieurs injustes, mais comme l’expression de la perfection de Son obéissance — obéissant jusqu’à la mort, la mort de la croix. Béni soit Dieu, nous savons que c’est là, et là seulement, que fut trouvée cette unique chose sans laquelle Dieu ne pouvait être juste tout en justifiant le pécheur — sans la connaissance de laquelle aucune âme ne peut jamais avoir à faire avec Dieu dans la paix ; mais le but de ce passage n’est pas de nous montrer cela, mais bien une autre vérité. Et nous n’honorons pas la Parole de Dieu et n’avançons pas non plus une pensée juste, lorsque, quoique sans intention de le faire, nous imposons à des passages un sens autre que leur simple signification. Or, le sens de Philippiens 2, aussi bien que le but de l’apôtre en l’écrivant, est d’insister auprès du disciple sur la conformité pratique de ses pensées et de sa conduite avec celles de Christ, et non pas de faire voir à celui qui cherche, où il pourra trouver la paix. Et certainement, ceux qui se sont connus bénis ainsi avec Christ, par grâce, et ont essayé de faire voir en eux le sentiment et la marche de leur Maître, ont appris que c’est un sentier de souffrance, de soumission et de renoncement.

Les fidèles de l’Ancien Testament doivent avoir trouvé dans les Psaumes (non pas tout ce que nous y trouvons), mais un témoignage manifeste que, indépendamment de toutes les bénédictions de Dieu pour un peuple sur la terre, la maison de la foi, qui, d’une manière ou d’une autre, fut toujours éprouvée, avait à faire avec Dieu dans le ciel. Le sentier de leur foi fut toujours un sentier de souffrance.

Ces quelques remarques peuvent suffire quant au fait qu’il y a pour notre précieux Seigneur des souffrances tout à fait distinctes de celles qu’Il endura comme portant le péché, ou même de Ses souffrances dans le témoignage. Si nous reposons sur l’œuvre qu’Il opéra en souffrant sur la croix, nous pouvons participer à Ses souffrances, dans le témoignage, etc. et de cette manière seulement.

La vie du Seigneur se divise en trois parties.

Il y a, d’abord, Sa vie privée, depuis Sa naissance jusqu’à Sa manifestation publique à Israël ; en deuxième lieu, Sa vie publique comme témoin pour Dieu à Israël ; et, troisièmement, cette portion seule, et en un certain sens, séparée du reste, dans laquelle Il porta nos péchés en Son propre corps sur le bois.

Une âme, enseignée de Dieu, aura appris la différence qu’il y a pour elle-même entre ces trois parties de la vie du Seigneur, bien qu’elle n’en ait peut-être jamais remarqué par elle-même les traits de distinction. La question concernant la manière dont Dieu peut recevoir un pécheur, la manière dont un pécheur peut aller à Dieu, ne peut jamais être vue si ce n’est par la croix où toute la colère de Dieu fondit sur Celui qui était le substitut. Il a fait Celui qui n’a pas connu le péché, être fait péché pour nous — afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Je n’ai en aucune façon l’idée que j’aie à endurer moi-même la colère de Dieu, ou quelque portion de Sa colère, comme colère de Dieu contre une créature : ce serait pour moi la misère et la ruine éternelle. Dieu n’a pas vu d’autre moyen que la croix de Christ, pour introduire et rendre efficace Sa miséricorde envers une créature trouvée sur le terrain de la rébellion. Et la foi ne connaît pas d’autre règlement de la question de la culpabilité de l’homme que celui-ci, savoir que toute la pénalité en a été portée par Christ — le juste à la place de plusieurs injustes.

Que, dans Sa vie, Christ ait souffert pour la justice, ait souffert en tant que juste et comme un juste témoin pour tous les droits de Dieu, et pour avoir insisté auprès de l’homme sur sa responsabilité vis-à-vis de Dieu, c’est ce qui ne peut être nié. Et ceux qui sont un avec Lui auront pareillement à souffrir. Ce serait impossible de tenir la parole de la justice, d’insister sur les justes droits de Dieu comme Créateur, Dieu de providence, et de presser sur le cœur de l’homme la responsabilité sous laquelle il est de satisfaire à ces droits dans un monde tel que celui-ci, et de ne pas souffrir pour cela. Mais tout en souffrant parfaitement pour la justice — comme quelques-uns ont fait et d’autres font maintenant d’une manière imparfaite — Christ introduisit pour ainsi dire une nouvelle espèce de souffrance — car Dieu fut pour la première fois publiquement présenté en Lui, comme agissant en grâce — « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même ». Non que la responsabilité en l’homme eût pris fin, mais il était introduit un nouvel élément qui avait en lui-même un caractère entièrement nouveau. L’homme était redevable à Dieu pour tout ce en quoi Il avait successivement béni les hommes. La création, la providence, le gouvernement, ne constituaient pas seulement des courants de bénédiction pour l’homme, mais par ces mêmes courants rendaient l’homme responsable. Mais lorsque Christ vint, quoiqu’Il pût rappeler et qu’Il rappelât en effet toute cette bénédiction et cette responsabilité au cœur de l’homme, Il vint dans un système ruiné comme Sauveur en grâce, et c’était là une tout autre chose. Si Israël n’avait pas voulu reconnaître Jéhovah habitant entre les chérubins, et être préservé ainsi de la famine, de la maladie et de l’oppression, voudrait-on reconnaître Jéhovah venant comme Fils de l’homme au milieu de la ruine que leurs péchés avaient amenée — pour nourrir ceux qui avaient faim, guérir les malades, sauver les pauvres et les débonnaires ?

Telle était la position nouvelle prise par Dieu en Christ : Christ fit ressortir avec force toutes les obligations de l’homme envers Dieu, mais Il était là Lui-même comme la réponse en grâce à tous les besoins. Lorsqu’Il agira en justice et soutiendra cette justice de Sa puissance, ce sera la révélation du jugement ; mais Il agissait en justice — reconnaissait tous les droits de Dieu — reconnaissait toutes les dettes de l’homme — mais se tenait là humble et débonnaire, s’offrant Lui-même pour satisfaire à tous les droits, à toutes les dettes, et faire cela à Ses propres dépens. Il fut ainsi continuellement repoussé de la muraille, et Il supporta tout cela avec une débonnaireté et une patience merveilleuses.

Les apôtres, et Paul en particulier, ne songèrent jamais un moment à nier les justes droits de Dieu, ou la responsabilité de l’homme à l’égard de la création, de la providence et du gouvernement — et ils souffrirent tous pour cela ; mais ce qui donna son caractère à leur souffrance comme souffrance avec Christ, c’est qu’ils étaient des témoins de la miséricorde et de la grâce de la part de Dieu envers l’homme, par le moyen de Christ et par la puissance du Saint Esprit, dans la résurrection. La place même que la résurrection tenait en rapport avec leur témoignage — « Jésus et la résurrection » — disait comment ils avaient à s’estimer comme des brebis pour la tuerie.

Il est impossible d’obéir à la Parole de Dieu et de ne pas souffrir ; et la Parole de Christ est inséparable des souffrances pour la grâce. Il en est beaucoup qui ne font pas de différence entre souffrir pour la justice et souffrir pour la grâce.

Mais de plus, dans le passage qui nous occupe (Rom. 8, 17), la souffrance est nettement définie par le contexte. Il ne s’agit pas ici de souffrance pour la justice, en quelque sens que ce soit : ni dans le sens que souffrit Abel qui fut tué parce que ses œuvres étaient bonnes, et qui était haï par son meurtrier dont les œuvres étaient mauvaises ; ni dans le sens que souffrirent Jérémie et d’autres prophètes pour le juste témoignage qu’ils rendaient pour Dieu contre un peuple injuste ; et même dans ce passage, la souffrance n’est pas limitée non plus aux souffrances qui accompagnent le service et le témoignage en rapport avec la grâce, comme faisant contraste avec la justice. Mais le contexte définit une certaine position, maintenant la position des croyants, et qui a des privilèges, une puissance, des espérances et des souffrances qui lui sont propres. Et tout cela est d’autant plus précieux que la position, les privilèges, la possession de la puissance, et la jouissance des espérances, sont présentement inséparables de la souffrance. Christ a goûté la mort pleinement, et réalisé la résurrection pleinement aussi — pour nous ouvrir cette position. Et bien qu’Il n’ait pas laissé de colère à goûter à nos âmes, et qu’Il soit Lui-même la résurrection et la vie pour nous, toutefois Il nous donne de connaître d’une manière pratique les principes de la mort et de la résurrection ; et cela, non seulement comme parfaitement mises devant nous en principe, comme réalisées par et en Lui-même, mais à cause qu’elles sont ainsi réalisées pour nous dans l’Esprit, Il ajoute pour chaque membre qui a participé à la bénédiction un goût expérimental de la mort et de la résurrection en eux-mêmes et dans leur carrière à travers leurs circonstances.

Le privilège d’une inséparable association avec Lui, comme le premier-né entre plusieurs frères, est un préliminaire au privilège de souffrir avec Lui. Il est maintenant dans le ciel comme Fils de l’homme ; mais Il y est avec un cœur capable d’être touché de tout ce qui touche Dieu et les siens là-bas dans le désert. Si nous avons besoin d’avoir Sa mesure d’une marche dans le désert, nous la trouvons parfaitement dans Sa vie quand Il était ici-bas. Mais la vie et la puissance pour marcher avec Lui, et (selon la mesure de notre foi) comme Il a marché, ne commence pour nous que dans notre connaissance de Lui comme monté en haut et comme restant là un certain temps pour l’amour de nous ; et la puissance pour continuer dans cette vie se trouve dans notre communion avec Lui dans le ciel. Dans la bénédiction d’être amenés à Lui, et dans notre communion avec Lui en haut, nous trouvons, en l’une, le commencement de la puissance, et, dans l’autre, le torrent par le chemin pour renouveler notre capacité d’être ici-bas dans les affections, les sentiments, et les pensées qui soient l’expression actuelle de Christ dans le ciel. Oh, combien tout est déchu en nos jours ! Où sont ceux qui montrent pratiquement la grâce régnant par la justice comme témoignage de leur jouissance présente de leur association avec le Fils de l’homme dans le ciel ? « Si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».

Dans un monde dont les fondements sont si ébranlés, où la puissance du mal domine, et où nous sommes nous-mêmes dans des corps de mort et de péché, la souffrance doit sûrement être la portion de l’homme. Les « souffrances de l’humanité » ne sont pas, cependant, les souffrances avec Christ. Le mondain les partage avec nous ; et la seule manière pour nous de les rattacher à Christ, c’est de les supporter dans la force de Christ et pour l’amour de Lui, en reconnaissant que toutes choses nous viennent de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même. Si on les supporte en chrétien dans la force de Christ, il y a une récompense de chrétien.

Il y a aussi une sorte de souffrances dans lesquelles, quoique la douleur en provienne pour nous de notre fidélité aux droits de Dieu, et de notre fidélité à reconnaître nos responsabilités propres comme créatures, nous ne pouvons être dits « souffrir comme chrétiens » comme s’exprime Pierre (1 Pier. 4, 16).

La fracture d’un membre, une fièvre, la pauvreté, peuvent être communes à moi et à mon voisin inconverti. Il peut murmurer ; et je puis trouver dans chaque souffrance pareille une occasion de patience, et de courage, et comme il convient à un chrétien. Puis encore, dans bien des questions concernant le gouvernement, le commerce, etc., la crainte de Dieu et le respect pour les justes droits de l’homme distingueront du mondain le chrétien conséquent. Mais dans aucun de ces deux cas, l’épreuve ne provient de la position dans laquelle nous a placés la foi de Christ ; dans aucun de ces deux cas, un chrétien conduit par l’Esprit, ayant ses pensées aux choses célestes, n’agirait autrement que ne ferait un Juif dont les espérances et les pensées n’allaient pas au-delà de la terre.

Mais il y a des souffrances qui proviennent de la foi en un Christ rejeté sur la terre et honoré dans le ciel, et qui, depuis le ciel, s’est révélé par la foi. Christ a Ses sympathies et Ses sentiments concernant les choses d’ici-bas, et c’est par un sentier de souffrance, de mort et de résurrection qu’Il veut faire passer Son troupeau élu. Les souffrances de ce sentier proviennent de la communion en vie avec Christ et sont l’expression de l’intelligence de Sa pensée et de la sympathie avec Son cœur. Telles sont les souffrances, avec Christ, que nous sommes occupés à considérer.

Le pèlerinage et la position d’étrangers ici-bas ; les exercices de cœur et d’esprit comme cherchant la gloire de Christ parmi les siens ; la douleur que l’on éprouve de la chute du témoignage et de l’état de faiblesse du troupeau avec toute la souffrance qui vient du privilège d’être placé dans la position par laquelle nous sommes un, pratiquement un, un de cœur et de pensées, un d’intérêts et de sentiments (hélas ! comme nous y atteignons peu !) avec un Christ honoré dans le ciel, qui est toujours visible pour nous par la foi, pendant que nous sommes dans le lieu où et d’où Il fut rejeté, et qui, comme lieu, ne nous connaît point parce qu’il ne L’a point connu : voilà l’espèce de souffrances que comprend l’expression « souffrir comme chrétien ». L’onction de Christ est sur nous, et nous sommes un avec Lui ; et il faut que nous souffrions, comme mourant nous-mêmes tous les jours, si la vie de Christ doit être manifestée en nous.

Tous les conseils de Dieu ont pour ainsi dire leur centre en Son Oint. C’est parce que le Fils de Dieu est en haut dans le caractère de créateur, de providence, et d’auteur des dispensations, que tous les desseins de Dieu demeurent fermes, et que Dieu peut agir d’après eux et à leur égard. Je ne saurais douter que c’est parce que le Messie est en haut que Dieu se souvient en haut d’Israël ; que c’est aussi parce que le Messie, qui est le chef du gouvernement et du culte sur la terre, est en haut, que Dieu pense aux nations telles qu’elles sont, et aux nations telles qu’elles seront, et agit à leur égard. Mais alors le croyant spirituel, céleste, en même temps que sa foi voit tout cela, et trouve en cela sa joie par rapport à Christ et son repos par rapport à lui-même, sait que la sphère de la vie et de l’action positive de l’Esprit en fait de vie et comme le Consolateur ou paraclet, est une sphère circonscrite. Le témoignage actuel du Seigneur Jésus se rattache à sa position présente, et l’œuvre actuelle du paraclet se rattache à la foi présente. Dieu nous a faits ce que nous sommes, Dieu nous a trouvés où nous sommes, et Il nous voit là où nous sommes ; mais ce qui est de nous, tout en pouvant être, et étant l’occasion pour Dieu et pour Christ d’être reconnus et honorés par nous, est une chose très différente de ce qui découle de l’onction, laquelle se rattache à la personne de l’Oint qui est dans le ciel, et de laquelle nous devons vivre, en agissant d’après elle et la reconnaissant ici-bas, selon la pensée de Christ, et par l’Esprit. Cette onction se rattache, dans toutes ses parties, à la grâce divine et céleste ; mais se rattache, pour nous, si nous vivons en elle, avec la souffrance. Non seulement le Fils de Dieu a appris l’obéissance comme Fils de l’homme, par les choses qu’Il a souffertes, mais, en outre, il était impossible que la vie de Dieu fût parfaitement déployée dans un monde tel que celui-ci, si ce n’est au milieu des souffrances. La grâce a besoin des circonstances difficiles de la nécessité et de la disette où elle puisse se manifester ; et elle ne peut voir des circonstances pareilles sans en faire une juste et, quant à elle, une triste appréciation en elles-mêmes, ainsi que du péché qui les a produites.

L’homme peut voir l’affliction et peut tâcher de l’alléger sans que le cœur goûte l’amertume, non pas de celle qui se trouve dans les circonstances seulement, mais de ce qui a amené les circonstances. Il n’en fut jamais ainsi de Christ ; il n’en est jamais ainsi de l’homme conduit par l’Esprit pour autant qu’il est enseigné de Dieu. Et qui peut voir ce qu’est la condition ruinée de l’Église, ce qu’est le triomphe du mal, ce qu’est la souverainement bonne opinion que l’homme a maintenant de lui-même, et voir cela avec des yeux éclairés par la gloire de Christ et avec une affection vivante pour Christ par l’Esprit, et ne pas trouver que c’est ici un monde de malheur pour lui, comme chrétien, comme quelqu’un qui s’occupe de Dieu et de Son Christ, comme quelqu’un qui entre en vraie et pleine sympathie avec Christ dans Ses pensées, Ses sentiments et Ses désirs, pour la gloire de Dieu et la bénédiction du peuple de Dieu ici-bas sur la terre ? Telle est la communion de Ses souffrances. Entrer dans Ses sympathies — sympathiser avec Lui, et vivre selon cette sympathie, c’est « souffrir avec Christ ».

Glorifiés avec Lui ; régnant avec Lui

Il y a entre ces deux pensées — domination et gloire — un rapport suffisant pour engager l’esprit à les considérer ensemble. Qu’on se souvienne, toutefois, que, dans l’Écriture, le Saint Esprit n’a pas trouvé à propos de présenter les vérités par sujets traités séparément l’un après l’autre (ainsi que l’homme aurait fait) jusqu’à ce qu’ils fussent tous considérés, et en présentant chacune d’elles sous une forme aussi abstraite et aussi parfaite en elle-même que possible. Un symbole, ou une confession de foi rédigés par l’homme, peuvent nous donner ainsi la vérité ou son squelette, par voie de dissection, dirai-je. Ce que Dieu révèle arrive au contraire tout empreint de la puissance divine et rempli de l’énergie de la vie — et arrive dans la puissance des associations qui lui appartiennent. L’oubli ou la négligence de cela conduira à la faiblesse et à la langueur dans la foi.

1. En Romains 8, 17, nous lisons : ινα και συνδοασθωμεν « l’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».

La personne de Christ, tel qu’Il est maintenant dans le ciel, est le centre même et le régulateur de la vérité qui nous est présentée dans ce chapitre : Christ là-haut ; Christ en Dieu et devant Dieu — l’objet présent des fidèles, tel que le Saint Esprit leur en rend témoignage ; et leur place et leur position présentes ; leurs privilèges, leurs expériences, leur vocation et leurs espérances — tout selon cette vérité bénie qu’ils sont considérés par Dieu comme un avec le Christ. Conduits par l’Esprit de Dieu, et soumis à Lui, ils sont fils de Dieu. Ils le savent ; car c’est selon cette position qu’ils ont reçu l’Esprit, qui n’est pas un esprit de servitude pour qu’ils soient encore dans la crainte, mais un esprit d’adoption par lequel ils crient : Abba ! Et le Saint Esprit rend témoignage, selon la Parole, à la même vérité de cette position de fils appartenant à la nouvelle nature qui nous a été divinement donnée.

Dans les épîtres de Paul aux Éphésiens et aux Colossiens, les bénédictions des croyants nous sont souvent présentées selon la loi de la relation qui existe, 1° entre Christ en tant que Tête de Son corps, et les membres de ce corps, et 2° entre Christ, considéré comme le second homme, et Son Épouse : bénédiction selon les positions prises par le Fils comme le Christ, et qui nous ont été assignées. Dans l’épître aux Romains[28], nous sommes considérés davantage dans l’individualité de notre être : et en conséquence, cette épître nous fait pénétrer davantage que celle aux Éphésiens dans toute la question du péché dans l’homme et dans l’individu ; et la bénédiction y est présentée en harmonie avec la place que Dieu nous a assignée dans Sa famille, en tant que placés là autour du Christ qui est Son Fils. La nature qui nous a été donnée et la place qui nous a été assignée dans cette nouvelle nature correspondent l’une à l’autre. Nous « étions par nature des enfants de colère » (Éph. 2, 3) ; nous avons été faits « participants de la nature divine » (2 Pier. 1, 4). Ayant la nature divine, nous sommes (comme nous le voyons en Romains 8) fils de Dieu. Car l’Esprit de Christ (v. 9, 10), « l’Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts », selon qu’Il nous a été donné pour nous conduire, est l’Esprit d’adoption. Nous sommes fils de Dieu (v. 14) ; et nous savons dans quelle position bénie la grâce nous a ainsi établis, car « nous avons reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ». La position qui nous est échue est en harmonie avec la nature qui nous a été donnée.

Les bénédictions qui découlent pour nous de ce don, comme Romains 8 les fait voir, sont nombreuses. Nous trouvons en lui, par la foi dans l’œuvre de Christ : 1° complète délivrance de tout ce qui nous était contraire ; et 2° introduction complète dans un monde nouveau et une nouvelle vie — vie selon laquelle (en marchant dans la lumière de cet autre monde dans lequel nous sommes introduits) nous pouvons vivre pour Dieu et Le servir dans l’Esprit — quoique le corps soit mort à cause du péché. Et quelle bénédiction d’être fils de Dieu selon le modèle de Christ ! Non pas fils, comme l’était Adam par la création ; ni comme l’était Israël, dans les dispositions gouvernementales de Dieu sur la terre ; mais fils par grâce, par adoption, rendus capables, par la capacité qui nous a été donnée, de savoir que Celui qui est le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, est aussi notre Dieu et Père ; et capables de Lui dire, dans l’énergie de la nouvelle nature et en harmonie avec elle : Abba ! Père. Mais alors, non seulement le cœur, instinctivement avec la nouvelle nature, dans sa joie confiante, heureuse, paisible, dit : Abba ! mais « l’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu » (v. 16). Oui ; le témoignage du Saint Esprit dans la Parole, et toute Son action divine à notre égard comme personne vivante (dans la sollicitude avec laquelle, comme paraclet, Il s’occupe de nous) — tout rend témoignage qu’Il nous reconnaît et nous avoue pour enfants de Dieu. Mais quelle place de sainte sécurité, d’heureux privilège et d’honneur étonnant, est celle-là ! Nous sommes déjà fils de Dieu ; déjà appelés et nommés fils de Dieu ; et nous le savons ; et nous avons des cœurs pour en jouir ; et un témoin sûr, plus grand que nous-mêmes (par lequel est la Parole, et duquel procède toute action, toute impulsion et toute mesure de bénédiction) agit envers nous comme Dieu le Consolateur (ou plutôt paraclet, gardien) s’occupant de nous tout le long de notre carrière, comme de gens dont les noms sont écrits dans le livre de vie, et qu’Il sait être chers à Dieu et au Seigneur Jésus Christ. Une relation est au-dessus de toutes ses conséquences, et contient plus en elle que toutes ses conséquences. Être enfant de Dieu, et le savoir ; être reconnu présentement dans une telle relation non seulement par Dieu et par Christ dans le ciel, mais par l’Esprit de Dieu dans la Parole et dans toutes Ses voies personnelles et individuelles envers moi présentement, c’est une bénédiction qui me rattache au Dieu vivant dans toutes les affections de Son cœur comme Père de notre Seigneur Jésus Christ ; et c’est là pour le cœur une joie très précieuse.

Mais les bénédictions ne s’arrêtent pas là. Quand la fontaine de Dieu est ouverte, les ruisseaux jaillissent, et chaque bénédiction a une histoire de plénitude éternelle à raconter ; une bénédiction de la part de Dieu ne vient jamais seule. Aussi lisons-nous, verset 17 : « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ ». Telles sont les espérances inséparables de l’adoption. Les enfants appartiennent à une famille, ils sont appelés maintenant à aimer comme membres d’une famille qui a un brillant lendemain. La rédemption a un héritage pour Christ avec Dieu. Celui qui est l’héritier, attend l’héritage — c’est l’héritage de Dieu comme rattaché à la rédemption ; c’est le nôtre aussi, à nous, qui avons, comme dès à présent fils, les espérances de la famille de Dieu — héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Les hommes ont à attendre que leurs pères, aimés selon la nature, soient morts, avant de pouvoir hériter, et bien des cœurs aimeraient mieux ne pas avoir l’héritage et garder leurs parents. Mais lorsque Dieu prendra possession, ensemble avec Son Christ, de la gloire de la rédemption — nous, comme fils, nous serons là ; et nous savons qu’Il en contemple maintenant la perspective Lui-même, car Il nous a invités à nous réjouir dans l’espérance de la gloire de Dieu ; et plus que cela, Lui, le Christ, nous a donné la gloire qui Lui a été donnée. Assurément, indépendamment de l’héritage lui-même et de la manière dont nous le recevons, comme associés avec Christ, il y a une nourriture divine dans l’amour qui dore ainsi à ses yeux l’horizon du chrétien : — Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Certes, il est évident que notre association avec Dieu et avec Son Christ est l’objet même qu’a en vue cette portion de la Parole, car l’apôtre continue en disant : « Si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui », Christ ; et jamais séparés de Christ ! Nos cœurs peuvent bien s’humilier quant au peu d’association pratique que nous réalisons, dans le privilège de souffrir avec Christ. Le Seigneur nous montre Lui-même de la miséricorde sous ce rapport et nous donne de cette gloire morale qui remplissait Son Fils et qui peut nous remplir, comme elle a fait pour beaucoup de chrétiens, jusqu’à faire déborder leurs petits vaisseaux ; mais cette gloire morale et ce caractère ne peuvent jamais exister et briller sans souffrance, dans un monde tel que celui-ci. Le dévouement de l’amour éclairé, qui ne cherche pas ses propres intérêts, mais ceux de Dieu, et qui cherche, quant à l’homme, sa bénédiction en ce qui est de Dieu, ne peut exister ici-bas sans souffrance. Que personne ne se séduise lui-même quant à cela.

Mais, de plus, comme le privilège de souffrir avec Christ maintenant est le résultat de notre association en vie avec Lui, car la vie n’est pas en harmonie avec l’état soit de notre corps soit du monde autour de nous, ainsi, lorsque le Seigneur de la vie aura expulsé Satan de la position qu’il a usurpée, Il changera de telle manière nos corps, et aussi les mènera dans une sphère où tout sera en harmonie avec Lui-même et avec cette vie dont nous sommes en possession maintenant, que la gloire de cette vie alors résultera aussi naturellement du fait qu’elle sera là, que la souffrance résulte maintenant du fait que nous sommes ici. La vie a sa propre gloire morale qui lui est particulière, de sympathie avec Dieu, et de dévouement à Lui, à Ses plans, et à Ses voies. Elle fut parfaitement manifestée en Christ, en humiliation ; elle sera aussi manifestée dans toute la plénitude éternelle de sa source en Lui, dans la gloire de la rédemption. Elle est en nous, et sa gloire morale peut maintenant être déployée dans la pensée de Christ ici-bas ; plus tard sa gloire morale, native, intrinsèque, aura un brillant éclat ; mais la partie la plus douce de la portion de gloire à venir sera encore que c’est une gloire avec Lui.

La gloire dont il s’agit ici peut, naturellement, être d’abord en rapport avec le royaume ; mais elle est séparable du royaume, car elle dure plus que lui, et a une plus grande portée. C’est le déploiement en gloire de l’association avec le Seigneur.

C’est « la gloire qui doit être révélé en nous » (v. 18), ainsi que le Seigneur dit ailleurs Lui-même — « Moi en eux, et toi en moi ; afin qu’ils soient consommés en un » (Jean 17, 23). C’est « la révélation des fils de Dieu » (v. 19) — « la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (v. 21). Et c’est à cette heure brillante que Dieu a rattaché les espérances de la création (v. 20), quoique nul cœur ne possède l’espérance, sciemment et avec intelligence, sauf les nous, qui, ayant reçu les prémices de l’Esprit, soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps. Cette espérance dans le cœur, divinement soutenue, et en accord avec ce pour quoi la création est gardée par Dieu, caractérise notre association et l’intelligence de notre association avec le Christ que la grâce nous a donnée. Nous connaissons avec certitude une gloire qui ne se voit pas encore, qui vient ; et, en conséquence, nous l’attendons avec patience (v. 25).

Puis (v. 26) l’Esprit continue en faisant voir les résultats de cette association actuelle en vie avec le Christ, association qui mène maintenant à la souffrance dans la chair et de la part du monde, comme elle donne aussi l’assurance d’une future révélation en gloire. Mais elle a un côté céleste, qui, même maintenant, dans le temps présent, est rempli de bénédiction. Car Dieu travaille en notre faveur au milieu de toutes nos infirmités présentes, et elles peuvent n’être que l’occasion de nous faire pénétrer dans l’immense grâce de Dieu. Nous avons des infirmités, de la faiblesse, et nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient. Ceci serait triste si l’instruction s’arrêtait là ; mais elle continue en nous montrant de quelle manière l’Esprit, Christ, et Dieu se servent de ces mêmes infirmités qui se trouvent présentement en nous, pauvres et toutefois bénis, comme d’autant de moyens de déployer les richesses de la grâce. « De même aussi l’Esprit nous est en aide dans nos infirmités, car nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs inexprimables. Et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, car il intercède pour les saints selon Dieu » (v. 26, 27). Et de cette manière nos infirmités mêmes, au lieu de nous décourager, nous amènent à mieux connaître, à mieux apprécier la valeur insondable de cette vie qui nous a été donnée, qui est insondable pour l’esprit humain dans ses sympathies maintenant, dans l’étendue de sa gloire plus tard, et qui, précisément lorsque nous faisons l’expérience des infirmités, est le moyen de nous faire mieux sentir notre dépendance et la tendre et attentive sollicitude de Dieu. Nous connaissons aussi (v. 28) notre relation avec les conseils de Dieu comme concourant tous à notre bénédiction, parce que (v. 29) la fin de ce conseil est la gloire de Son Fils qui ne doit pas être tout seul dans la gloire de la rédemption, mais doit y être environné d’un grand nombre.

« Et nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté. Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » (v. 28, 29). Celui dont les souffrances ont dépassé celles de tous les autres, sera encore le premier dans la joie ; mais le conseil et le plan divin sont qu’Il ne soit pas tout seul dans Sa joie et Sa gloire, mais qu’Il soit environné de plusieurs frères. Aussi lisons-nous (v. 30) : « Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés ».

La dernière partie du chapitre dirige pareillement la pensée, non pas sur la domination, mais sur l’association avec Christ, selon la pensée de Dieu.

« Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement de toutes choses avec lui ? Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? — C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? — Christ est celui qui est mort, mais plutôt qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ; qui est-ce qui nous séparera de l’amour de Christ ? Affliction, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ? Ainsi qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort pour l’amour de toi, tout le jour, et nous avons été estimés comme des brebis de la boucherie. Au contraire, en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (v. 31-39).

La foi peut méditer la merveilleuse, immense, révélation qui nous est donnée ici. Certainement — oui, très certainement, elle décrit les privilèges de l’association avec Dieu et avec Son Fils, association qui est notre partage, comme possédant l’Esprit du Christ Jésus. Celui qui place nos infirmités devant nous, pour nous révéler notre bénédiction, pour nous faire nous prosterner et admirer ici dans le silence, fait passer devant nous la vision de Son plan, de Ses œuvres, et de Sa tendre sollicitude divine ; pendant que Son Esprit meut intérieurement nos cœurs à s’écrier : Que dirons-nous à ces choses ?


Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui.

Le caractère moral, la relation et la manifestation extérieure, sont naturellement et nécessairement, étroitement liés ensemble devant Dieu, soit dans le bien soit dans le mal. Celui qui a usurpé la puissance dans ce monde a un caractère (celui de menteur et de meurtrier dès le commencement), et tout ce qui est opposé à Dieu peut se grouper autour de lui et se ranger sous sa loi. Il peut, durant le jour de l’homme, faire passer les ténèbres pour la lumière et la lumière pour ténèbres ; mais il vient un jour, le jour du Seigneur et de Dieu, où tout sera vu sous sa véritable couleur, et sera manifesté en conséquence. D’un autre côté, le prince de la vie a un caractère moral à Lui ; — Il a des relations de la nature la plus précieuse, en sympathie parfaite avec tout le bon plaisir de Dieu, et en parfaite soumission à ce bon plaisir ; et un temps approche où Il ne sera pas seulement reconnu sur le trône du Père, comme Il y est maintenant, quoique d’une manière cachée, mais où Il s’avancera confessé comme le champion et le vainqueur que Dieu prend plaisir d’honorer. C’est encore dans le caractère de serviteur qu’Il prendra Sa puissance et Son règne. Il est bon, avec des cœurs tels que les nôtres, de nous rappeler cela ; car beaucoup regardent en avant au jour de la puissance, sans se souvenir qu’en ce jour-là, le don de la puissance ne sera pas pour nous la bride lâchée au moi, mais l’expression de notre parfait affranchissement de tout égoïsme, et de toute recherche du moi. La puissance de ce jour-là est la puissance de Dieu et de l’Agneau.

De même que, dans l’épître aux Romains, notre privilège d’être glorifiés avec Christ fait ressortir la bénédiction de notre association avec Lui, en tout ce avec quoi Il sera en rapport en ce jour qui approche ; de même, ce passage-ci (2 Tim. 2, 12) fait ressortir la vérité, fort importante à sa place, que, si maintenant nous sommes les associés de Christ pendant qu’Il fait l’expérience de notre faiblesse et de notre souffrance de la part d’un monde rude et grossier, ainsi que l’était Timothée, le temps approché où la puissance et la domination seront à nous. « Nous régnerons aussi avec Lui ». Car Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans Son sang, nous a faits un royaume de sacrificateurs pour Son Dieu et Père ; et nous régnerons avec Lui (Apoc. 1, 6). Lorsqu’Il viendra pour renverser Ses ennemis, Il nous amènera avec Lui (Apoc. 2, 26, 27). Pendant qu’Il les abattra, nous serons avec Lui (1 Cor. 15).

Et lorsqu’Il régnera, nous régnerons avec Lui (Apoc. 1, 6 ; 21). Comme stimulant pour faire endurer patiemment la souffrance et combattre courageusement, rien n’est meilleur pour l’âme, au milieu de ses souffrances, que de s’occuper, de se nourrir, de la gloire et de la puissance qui lui sont réservées. Seulement, comme il a été dit déjà, que nous soyons bien établis dans la pensée que c’est de communion avec le Christ, soit dans la souffrance soit dans la gloire, qu’il s’agit. Si nous sommes associes avec Lui, aucun fardeau de souffrance, de faiblesse, de peine ou d’angoisse, ne sera trouvé trop pesant pour nous, car Il a porté le poids de notre charge ; et si notre perspective est d’être associés avec Lui dans la gloire et la domination, il n’y a pas à craindre que le cœur s’enfle ou s’élève. La gloire est à Christ, et la part que nous y avons, bien que ce soit un poids de gloire éternelle et souverainement excellent, est un don purement gratuit de Sa part ; et Sa grandeur même ne fera qu’humilier nos âmes, si nous avons bien dans l’esprit la personne et la pensée de Christ. Qui suis-je ou que suis-je, qu’est-ce que je possède, ou que puis-je être ou faire, que le Seigneur de toute gloire ait daigné me dire clairement, que, lorsqu’Il prendra Sa domination et Sa gloire, Il veut que je sois là, comme participant avec Lui à cette gloire et à cette domination ?



  1. Le mot rendu par identifiés avec est l'adjectif συμφυτος qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Il se trouve deux fois dans les Septante : 1° en Zacharie 11, 2, « la forêt plantée serré », où il représente le mot hébreu batsir rendu dans la version de Martin par « comme une place forte » ; 2° en Amos 9, 13, « les coteaux seront plantés », où il exprime la forme Hith-pahel de moy : Martin dit « les coteaux en découleront ». L’idée de « consolidation en un » de quelque chose qui pourrait être envisagé comme se composant de parties nombreuses, se découvre aisément dans toutes ces diverses manières de rendre le terme grec. Dans le grec ordinaire (comme en contraste avec le grec de la Bible), nous pourrions donner comme en étant la signification — Croissant ensemble, lié naturellement ou nécessairement ensemble ; comme, par exemple, les querelles vont naturellement avec un caractère disputeur, le courage avec un caractère viril, etc. Dans un sens secondaire, le mot s’applique à une blessure fermée, guérie, où les parties ont crû ensemble et ne font plus qu'un.
    Le mot φυσις vient de la même racine (sans le συν). Il est ainsi rendu en Éphésiens 2, 3 : « par nature des enfants de colère » ; et en 2 Pierre 1, 4 : « vous participiez à la nature divine ». La force de la préposition συν, en tant qu'ajoutée à l'adjectif, serait celle de co — associés avec, faits participants de ceci ou de cela, etc. — « faits d'une même nature ». La signification propre de φυτος est celle de croissance, comme de nature (en contraste avec l’art). Les expressions, « quand elle fut levée », « elle leva » (Luc 8, 6, 8), et « une racine d’amertume bourgeonnant en haut » (Héb. 12, 15) suggèrent la pensée (c’est ce qu’il me semble) du développement, selon la nature, de quelque chose qui existe, et naturellement, comme en contraste avec l’art.
  2. Par mort morale, et mort dans les offenses et les péchés, je comprends ce qui apparut dans l’homme aussitôt qu’il eut péché. Il fut incapable de se faire une juste idée de Dieu ou de lui-même. D’un côté, après avoir fait outrage à Dieu, il se défia, lui, comme transgresseur, de Celui qu’il avait outragé — il avait perdu toute capacité de reconnaître ce qui était vrai de Dieu. D’un autre côté, il se crut en état, après être tombé, de déjouer la toute-puissance et la toute-science, tandis qu’il n’était lui-même que la proie de Satan, qui s’était prise dans ses pièges (voir Gen. 3). Il était moralement mort à l’égard de Dieu.
  3. La loi de la souveraineté du Créateur sur la créature, ainsi que de l’obéissance et de la dépendance volontaire de la créature à l’égard du Créateur, avait été violée une fois pour toutes, en Éden par Adam ; et toute sa race était coupable, qu’elle le sût ou qu’elle ne le sût point.
  4. Il est intéressant de comparer des passages comme psaume 103 et Éphésiens 1 et 2. Le premier nous présente la manière dont un Juif bien enseigné, l’homme selon le cœur de Dieu, envisageait la miséricorde ; et le dernier, la manière dont l’envisageait l’apôtre de l’incirconcision. Puis aussi la manière dont un Juif apprenait le péché, par des actes accomplis, en 2 Samuel 11 et 12 (les terribles actes du péché du roi d'Israël revêtu de l’onction), mise en contraste avec ce que se trouvaient avoir été ceux que Dieu prenait pour qu’ils devinssent membres de Christ, en Éphésiens 1, 20 ; 2, 5, est fort instructive. Le principe est plus profond que la pratique ; il en est la racine.
  5. En ce qu’Il est mort, Il est mort une fois pour toutes au péché. Il n’y a qu’un sens dans lequel il peut être dit que Christ est mort au péché, celui qu’Il mourut au jugement, à la peine du péché, quand Il fut notre substitut dans le jugement. Il était Lui-même, ainsi que Sa position, d’une nature toute particulière. Ève était une côte prise d’Adam, et que la puissance divine avait bâtie en une femme ; et le Seigneur était la semence de la femme par le Saint Esprit qui l’avait couverte de Son ombre, et, en conséquence, cette sainte chose qui naquit d’elle fut appelée Fils du Très-haut. Mais de cette manière, il n’y avait pas seulement un corps humain, une âme humaine, et un esprit humain ; le Fils éternel de Dieu habitait dans cette chair sainte, innocente, et pure. Satan n’avait rien en Lui. La mort, en tant que gages du péché, ne Lui revenait point, ni par suite de Sa position, comme descendant d’Adam, ni par suite de Sa nature ; dire autrement serait un blasphème. Il avait le pouvoir de laisser Sa vie, et Il avait le pouvoir de reprendre Sa vie, et personne n’avait le pouvoir de la Lui ôter. Étant ainsi en Lui-même et dans Sa position, entièrement libre et net, Il se chargea volontairement de la peine due à d’autres ; et après l’avoir subie en mourant — étant mort à elle, sous son effet — Il en fut délivré, et ceux pour lesquels Il mourut trouvent en Lui leur délivrance de cette peine. Mais si nous trouvons la délivrance du châtiment, nous y trouvons aussi délivrance de beaucoup d’autres choses encore : comme 1° de la position des descendants d’Adam ; 2° délivrance de la puissance de la loi, et 3° des convoitises excitées par la loi, 4° délivrance de la domination de Satan, 5° du train de ce monde, et 6° délivrance de l’esclavage du péché dans la nature. Évidemment, on ne pourrait dire sans blasphème que l’une ou l’autre de ces choses ont été pour notre Seigneur Lui-même des fruits de Sa mort. Elles existaient toutes de fait, quant à Lui, antérieurement, sans quoi Il n’aurait pu devenir notre substitut ; Il n’aurait pas été propre à se donner pour les autres, s’Il se fût trouvé Lui-même, en quelque manière, sous le joug du péché.
  6. Ici pourrait venir la question de la responsabilité, simplement comme hommes, de ceux qui ne sont pas croyants, bien qu’ils aient les oracles de Dieu, et qui sont des professants. Mais je n’y entre pas ici, parce que, comme parlant à des croyants, je parle à des personnes qui n’ont pas besoin d’être convaincues de responsabilité comme hommes ayant la lumière, puisqu’ils se savent eux-mêmes perdus en Adam et trouvés en Christ.
  7. C’est peut-être en raison de cela que l’homme réserve le mot saint, contrairement à l’usage de la Bible, à ceux qui sont morts.
  8. Dans l’expression « morts avec », remarquez la différence qu’il y a entre « être mort judiciairement » selon Dieu, « ensemble avec Christ », et le fait d’être mort, selon l’homme, selon la nature, ensemble avec Christ. Les deux larrons sur la croix moururent tous les deux, selon l’homme, selon la nature, comme dirait l’homme, avec Christ. L’un mourut endurci dans le péché, l’autre crut pour la vie. C’est du dernier seulement que nous pouvons dire qu’il fut judiciairement identifié par Dieu avec Christ dans Sa mort, de telle sorte que toute la peine du péché fut ôtée de dessus lui par la mort de Christ. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Pour le croyant, Dieu a uni d’une manière indissoluble « le péché » à la mort de Christ — c’en est fait, et pour toujours, de son châtiment, et aussi de la liberté de vivre en lui.
  9. Le jugement fut parfait, même jusqu’à ce point, qu’il fut montré sur la croix que le péché ne pouvait venir en la lumière de la présence de Dieu. Il n’était pas possible que les péchés de l’homme, qui n’est que d’hier, et dont le souffle est dans ses narines, fussent portés, même par imputation, par le parfait serviteur de Dieu, le Fils de l’homme, et que, en même temps, Celui-ci jouît de la clarté de la face de Dieu : la parole si solennelle : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » prouve l’éternelle impossibilité que Dieu et le péché se rencontrent, pour ainsi dire. Mais cet Être infini qui était là, but la coupe de colère qui nous était due ; et la colère même qui vint, par grâce, sur Lui, ne fit que donner à Sa perfection l’occasion de se déployer. Abandonné de Dieu, Il ne voulut pas abandonner Dieu, Il ne L’abandonna pas ; mais, au contraire, ainsi que le psaume 22 nous le montre, Il justifia les voies de Dieu à Son égard, disant qu’elles étaient toutes justifiées vu la place qu’Il avait prise en grâce. Après que la colère du Dieu infini contre le péché de la créature finie avait été pleinement déclarée, comment aurait-il pu se faire que Dieu n’exprimât pas Ses pensées à l’égard de Celui (le compagnon de Jéhovah) qui pour l’amour de la miséricorde, s’était présenté et avait porté la colère — et en justifiant la justice et la miséricorde, avait été obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix — et donné Sa vie en rançon pour nous ?
  10. « Vous êtes dans nos cœurs à mourir ensemble et à vivre ensemble » (2 Cor. 7, 3). Telles furent les énergiques paroles de Paul lorsqu’il fit part aux Corinthiens de son empressement à se regarder complètement comme leur serviteur. S’ils vivaient, il voulait vivre avec eux ; s’ils mouraient, il voulait mourir avec eux. Car s’ils étaient un seul esprit avec le Seigneur, il en était de même de lui aussi ; et de cette manière, aussi, il était un seul esprit avec eux ; et prêt, par conséquent, à tenir la vie ou la mort de son corps comme étant tout à fait à leur service. Uni à eux par le lien le plus élevé, savoir, celui qui était de Dieu et en Dieu, il pouvait regarder sa vie ou sa mort quant au corps comme un rien en comparaison de son association avec eux. La grâce avait opéré cela en Paul. Pierre et les douze avaient vécu avec Christ, et déclaré qu’ils étaient prêts à mourir avec Lui ; mais à l’heure de l’épreuve, lorsque le Berger fut frappé, les brebis furent dispersées.
    « Chacun donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a pour sa vie » (Job 2, 4) : telle est l’idée que Satan se faisait de l’homme ; et plus encore, car il y ajoute ce trait : « Mais étends maintenant ta main, et frappe ses os et sa chair, et tu verras s’il ne te blasphème point en face ». L’homme, par ses propres forces, ne peut demeurer ferme — la volonté de l’homme n’ira que fort peu de chemin à la suite de Christ. « Tu laisseras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis, le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois » (Jean 13, 38). Mais la force de Paul n’était pas dans la chair, mais dans l’Esprit ; et la puissance sur laquelle il comptait, quand il écrivait ainsi, était celle dont notre Seigneur parlait à Pierre. « En vérité, en vérité, je te dis, quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne veux pas. Or, il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il eut dit ces choses, Il lui dit : Suis-moi » (Jean 21, 18-19).
    Toutefois, le point que je désirais plus spécialement signaler, était la différence entre la bonne volonté de Paul de mourir et de vivre avec les Corinthiens quant à la vie de son corps, et le fait qu’il était mort avec Christ, et vivait avec Lui quant à l’esprit. Dans le premier cas, il avait une vie qu’il était disposé et prêt à laisser, à répandre pour en faire une libation à Dieu, si la vie que les disciples avaient le demandait en quelque manière. Son désir était que sa vie fût conservée ou sacrifiée, selon que la conservation ou le sacrifice de sa vie semblerait plus utile. Dans le second cas, Christ était mort sous le jugement, avait subi la peine de la mort, parce que lui, Paul, était moralement mort : il était tenu pour mort, il se tenait lui-même pour tel : mais il avait la vie en commun avec Christ qui était ressuscité du tombeau ; et cette vie était la vie éternelle, une vie que lui, Paul, ne pouvait jamais laisser, qui ne pouvait jamais voir la mort ; et dont la puissance et la valeur ne feraient que ressortir avec plus d’éclat, s’il était appelé à laisser sa vie corporelle, et à être absent du corps, et présent avec le Seigneur.
  11. Je ne connais pas d’exemple, sauf dans le Nouveau Testament, de l’emploi de ce mot en rapport avec la résurrection finale du corps. Dans les Septante, on peut le trouver rattaché au rétablissement de cette vie-ci dans un mort (comme en 2 Rois 4, 31, et (dans une figure), És. 26, 19). En tout, il peut se rencontrer dans le Nouveau Testament environ cent quarante-trois fois, sur lesquelles en soixante-dix cas il a trait à la résurrection du corps.
    Quel changement il se fait en toute chose aussitôt que d’une manière ou d’autre elle se rattache à Dieu ! Quel changement s’opère même dans la langue grecque lorsqu’elle fut adoptée pour celle dans laquelle le Nouveau Testament devait être écrit. Les philosophes grecs n’avaient aucune idée de la résurrection ; et lorsque Paul parla de Jésus et d’elle, ils pensèrent que « Jésus » et « la résurrection » étaient deux nouveaux dieux (Act. 17).
  12. Ici (c’est-à-dire en Luc 1, 69), c’est évidemment de l’incarnation qu’il s’agit, et non de la résurrection.
  13. Si tout cela semble à quelques-uns une digression de mon sujet, j’en suis fâché ; mais un passage dégagé d’une interprétation erronée et restitué à son véritable sens, est toujours une chose importante pour le lecteur de la Bible.
  14. Nous ne trouvons que trois récits au sujet de trois personnes rendues à la vie par notre Seigneur : une jeune fille (Matt. 9, 25), le fils de la veuve de Naïn (Luc 7, 14), et Lazare (Jean 11). Toutefois, les termes dans lesquels Il avait donné leur mission à Ses disciples (Matt. 10, 8) : « ressuscitez les morts », et Sa parole aux disciples de Jean (11, 5) : « les morts sont ressuscités », conduiraient à supposer qu’il y a eu d’autres cas de résurrection, et pas en petit nombre.
  15. On dit souvent que le printemps est l’époque de la résurrection dans le règne végétal. C’est là une de ces notions fausses qui neutralisent parmi les hommes la puissance de la vérité. Un arbre, une plante qui possède la vie, se revêt de nouveau de feuilles au retour du printemps, et devient ainsi une expression de la puissance de Dieu, conformément à une loi de la création. Mais la résurrection est une tout autre chose. Dieu seul peut ressusciter les morts ; et le déploiement de Sa puissance, dans un acte par l’effet duquel l’âme est ramenée avec Christ pour être revêtue d’un corps rendu conforme au corps glorieux du Seigneur Jésus Christ, quoique ce corps ait pu être réduit en une poussière dispersée aux quatre vents, est une chose tout autre que le retour de la végétation au printemps.
  16. Je crois que c’est là un point de grande importance pour les saints dans plus d’un combat encore à venir.
  17. Voici comment avait coutume de prier quelqu’un qui est à présent avec le Seigneur : « Seigneur, donne-nous de la patience envers nous-mêmes », tant il sentait profondément le mal intérieur.
  18. On ne doit pas oublier qu’outre l’Église, il se trouvera dans le ciel d’autres classes de personnes avec lesquelles Christ n’aura pas la relation d’une tête avec un corps qui a des membres.
  19. Je ne partage pas seulement Sa gloire qui Lui est donnée, et plusieurs de Ses positions les plus bénies dans la gloire, mais j’y ai part comme une conséquence (oh ! la merveilleuse grâce !) du fait que je partage Sa vie. Un croyant est si indissolublement un avec Lui, quant à la vie (Christ est notre vie), que Dieu Lui-même ne pourrait pas me faire plus un avec Christ qu’Il n’a fait déjà. Un seul et même esprit avec le Seigneur — pas de ce monde, de même que Lui n’est pas de ce monde.
  20. J’ai vu bien des articles sur l’épître aux Éphésiens qui s’étendent si immodérément sur la merveille de la réunion en un du Juif et du Gentil qu’on est conduit à supposer que la religion de leurs auteurs est une religion purement pour la terre, et qu’ils ne voient pas que ce qui est prêché maintenant, ce sont les merveilles du ciel ouvert et de l’union vitale avec Christ. J’accorde la vérité des merveilles du contraste qu’il y a entre les conseils de Dieu pour le ciel et Ses voies pour la terre : elles envisagent la matière simplement comme parmi les hommes et laissent entièrement de côté l’union vitale.
  21. La lecture des Psaumes et des passages cités dans le chapitre 1 démontre abondamment cela : — la domination est leur principale pensée à tous ; pareillement les citations contenues dans les chapitres 8, 9 et 10 font voir que dans ces chapitres, le culte est la pensée dominante.
  22. Ceci rappelle naturellement à la pensée Jean 17, 5 ; une gloire très précieuse dont nul autre que Lui ne pouvait porter le poids.
  23. Il eût fallu qu’Il mourût, qu’Il ressuscitât et qu’Il montât en haut — lors même qu’Israël sur la terre eût dû seul être béni.
  24. Le même mot que nous venons d’examiner se trouve aussi en Marc 16, 20 ; Romains 8, 28 ; et Jacques 2, 22.
    Marc 16, 20 : « Et eux étant partis prêchèrent partout, le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient ».
    Romains 8, 28 : « Mais nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté ».
    Jacques 2, 22 : « Tu vois que sa foi agissait avec ses œuvres ».
    La foi était le pouvoir qui faisait travailler — les œuvres étaient le fruit de cette énergie. Tous ces passages donnent l’idée et le sentiment d’une coopération, d’un travail en commun — dans toute la portée du sens que leurs sujets respectifs admettent, et ainsi confirment ce qui vient d’être dit.
  25. Politeuma (conversation) — notre train de vie, notre état civil et politique, si on peut parler ainsi : c’est là que nos noms sont inscrits (Luc 10, 20) ; car c’est là que se trouvent le livre de vie de l’Agneau, et le livre des vivants (Phil. 4, 3).
  26. Ce verbe sunarmologeô n’est employé dans le Nouveau Testament que dans ces deux passages. Liddell et Scott disent dans leur Lexicon que sa force dans le Nouveau Testament est la même que celle de sunarmozô dans le grec classique ; et ils donnent comme exemples de la force de sunarmozô la parfaite jointure des paupières ; s’unir en mariage ; de deux mots en faire un seul ; approprier deux choses l’une à l’autre, comme la flûte avec la harpe, etc.
  27. Littéralement : 1° réunir ; de là métaphoriquement, réconcilier, accorder ; 2° mettre ensemble, comparer ; de là, déduire, prouver, enseigner.
  28. Dans l’épître aux Romains, nous avons l’homme et les voies de Dieu avec l’homme comme une créature sur la terre, quoique ce puisse être pour le ciel. Dans celle aux Éphésiens, c’est l’homme céleste et ceux qui sont célestes ; et dans les épîtres de Jean, la vie éternelle envisagée en elle-même. L’âme bénie jouit pour elle-même de chacune de ces portions de la Parole, et a besoin de l’instruction contenue dans elles toutes. Comme elles sont toutes divinement parfaites, il n’y a pas possibilité qu’une créature qui reste dans sa juste position les préfère l’une à l’autre ; bien qu’il se puisse que nous ayons besoin en un temps, de l’enseignement de l’une, et dans un autre temps, des enseignements de l’autre.