Écho du Témoignage:Communion avec Christ/Partie 4

De mipe
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Ressuscités ensemble avec lui (Éph. 2, 6 ; Col. 2, 12 ; 3, 1)

Le verbe grec εγειρω n’implique pas nécessairement l’idée de la résurrection. La première idée que ce mot suggère est celle de faire surgir, faire lever, et en lui-même, il s’applique parfaitement à une foule de circonstances diverses. C’est ainsi que les auteurs classiques s’en servent quand ils veulent dire, « réveiller des dormeurs » ; « éveiller l’esprit » ; « animer le combat » ; « exciter la flamme, le chant » ; « se relever d’un lit de maladie » ; « élever un bâtiment », etc. ; et dans le sens passif, « s’éveiller du sommeil », « se réveiller », (être réveillé de manière à) « veiller ».

La résurrection est une idée, une vérité, si essentiellement biblique et évangélique, que nous ne saurions nous attendre à la trouver jamais dans les historiens et les poètes grecs. D’un autre côté, c’est une doctrine de l’évangile si fondamentale, que nous ne sommes pas surpris de trouver que les cœurs des chrétiens (comme gens qui savent que le Seigneur est ressuscité et que toute leur bénédiction dépend de Lui et dans la résurrection) sont inconsciemment enclins à tordre tous les passages qui peuvent être tordus ainsi, et à les faire rapporter à la résurrection. Plusieurs des passages dans lesquels ce mot se trouve, ont, à mon avis, été tordus de cette manière ; car, quoiqu’il soit employé dans le Nouveau Testament pour exprimer la résurrection, ce n’est pas là son sens principal. Nous le trouvons diversement traduit ; par exemple en

Matthieu 2, 13 : Lève-toi, et prends le petit enfant.

3, 9 : Susciter des enfants à Abraham.

8, 15 : Elle se leva (de son lit de maladie) et les servit.

8, 25 : Le réveillèrent disant : Seigneur sauve-nous.

11, 11 : Il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean.

12, 11 : Ne la prenne et ne la relève.

24, 7 : Nation s’élèvera contre nation.

24, 11 : Plusieurs faux prophètes s’élèveront.

Luc 1, 69 : Nous a suscité une corne de délivrance[1].

Trois passages dont le sens me semble avoir été forcé à tort pour leur faire parler de la résurrection, sont Actes 5, 30 et 13, 23 ; et Colossiens 3, 1. Actes 5, 30 : « Le Dieu de nos pères ηγειρεν a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir, le pendant au bois. C’est lui que Dieu a exalté par Sa droite pour être Prince et Sauveur, afin de donner la repentance à Israël, et la rémission des péchés » (v. 31).

L’expression ηγειρεν a trait ici, je crois, à l’humiliation du Seigneur, et ainsi fait ressortir ce que fut le péché des Juifs. Jésus avait été suscité comme « une corne de délivrance » (Luc 1, 69)[2], vous L’avez fait mourir ; Dieu L’a relevé d’entre les morts : exposé concis mais expressif de l’ensemble des faits ; et comme exposé, beaucoup plus naturel, aussi bien que beaucoup plus complet, que si, au lieu de voir dans le relèvement du Seigneur l’intervention de Dieu Le faisant apparaître, on y voit tout simplement Sa résurrection.

Quant au passage, Actes 13, 23, je le lis comme ayant le même sens que le verset précédent (le 22) : « Il leur suscita David pour roi »… (v. 23). « De la semence de cet homme, Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël, Jésus pour Sauveur, Jean ayant déjà prêché » etc. Et je pense que quiconque lira attentivement les versets 24-30 reconnaîtra combien cela est raisonnable. D’abord, un Sauveur suscité ; puis, immédiatement avant Son arrivée, la prédication et la carrière de Jean ; ensuite, l’allusion à la conduite des habitants de Jérusalem ; puis la mort et la sépulture du Seigneur (v. 29), et enfin (v. 30) Sa résurrection : « mais Dieu l’a relevé d’entre les morts ».

Colossiens 3 ne se rapporte ni au fait que le Seigneur a été suscité comme « une corne de délivrance », ni au fait qu’Il a été relevé « d’entre les morts », mais à celui que nous avons été élevés de la terre au ciel avec Lui — « Si donc vous êtes συνηγερθητε avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Nous allons maintenant considérer cela d’une manière plus détaillée ; mais, et il est nécessaire qu’on le remarque bien, le terme εγειρω convient au Seigneur, en tant que Sauveur, manifesté soit dans Son incarnation soit dans Sa résurrection, ou dans Son ascension[3].

Il peut être utile d’appeler ici l’attention sur la différence qu’il y a dans les diverses manières dont se déploie le pouvoir de résurrection. Quelques-uns ont été relevés d’entre les morts pour posséder de nouveau la même vie qu’ils avaient antérieurement à leur mort : Lazare[4] par exemple, le fils de la veuve de Naïn ; puis il y a la première résurrection (au commencement du millénium, ou juste au moment qui précède son établissement) de ceux qui doivent vivre et régner avec Christ mille ans ; et enfin la résurrection générale, où tous ceux qui n’auront pas été antérieurement ressuscités d’entre les morts, seront ressuscités. Mais toutes ces opérations, tous ces déploiements du pouvoir de résurrection[5] se rattachent au Seigneur Jésus, comme le seul qui pouvait dire : « Je suis la résurrection » (Jean 11). L’Écriture déclarant que les gages du péché, c’est la mort, et en outre, que celui qui a la puissance de la mort, c’est le diable (Héb. 2), il est évident qu’il n’y a que Dieu, Lui qui a fixé la mort comme gages du péché, et qui est plus fort, plus puissant que celui qui a en tant qu’exécuteur[6] la puissance de la mort — qui puisse renverser la puissance de la mort ; et c’est en Christ, comme étant « la résurrection », que réside le pouvoir de le faire. Mais, béni soit Dieu ! le même passage nous signale une autre gloire rattachée à ce titre de résurrection, celle d’être « la vie » — « Je suis la résurrection et la vie ». La puissance de résurrection nous fait remonter hors du tombeau, conformément à ce que nous étions essentiellement et devant Dieu, quand nous y sommes descendus. Et ceux qui y descendent sans avoir été jamais faits participants de la bénédiction d’être vivifiés ensemble avec Christ, seront ressuscités dans le même état dans lequel ils se trouvaient quand ils descendirent dans le sépulcre. De cette manière, il y a une connexion manifeste entre la gloire personnelle du Fils de Dieu, parce qu’Il est Fils de l’homme, et tous les hommes.

« Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais ». Cette parole en Jean 11 donne la connexion bénie entre la résurrection et la vie en Christ pour le croyant (c’est à Marthe, un vrai disciple, qu’elle était adressée) et le croyant ; mais elle laisse l’incrédule entièrement de côté. D’un autre côté, voici comment le Seigneur s’exprime en parlant aux Juifs rebelles (chap. 5, 19-30) : « Comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’Il veut. Car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils ». Remarquez-le : le Père réveille les morts et les vivifie, et le Fils pareillement vivifie ceux qu’Il veut ; et tout jugement est remis en Sa main. Ce jugement, Il semble l’exercer de différentes manières. C’est ainsi, d’abord, qu’Il met les hommes à l’épreuve par Sa Parole, et là où l’efficace vivifiante de Sa Parole est rendue manifeste, la ruine de la créature est jugée et mise de côté ; — « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie ». « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l’ayant entendue, ils vivront. Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (v. 24-26). Quand Dieu veut bénir un homme quelconque, il faut absolument qu’Il ne tienne aucun compte de ce que l’homme est ; Il le transfère de la manière la plus complète possible à Christ pour une partie intégrante de Sa gloire. Les droits d’un homme se trouvent dans l’enfer, s’il est un esclave de Satan ; les droits de Dieu et la valeur de Christ peuvent seuls expliquer ma présence dans le ciel. En s’en allant en son propre lieu, un Judas trouvera d’une manière terrible la juste sentence de Dieu contre son propre goût pour la compagnie de Satan ! Sûrement, il le trouvera là lui-même et il en sera aussi reconnu. Car l’homme a perdu par le péché son héritage propre : et le lac de feu et de soufre fut préparé non pas pour l’homme, mais pour le diable et ses anges (Matt. 25, 41). D’un autre côté, c’est pour le Christ de Dieu qu’est préparée la gloire dans les cieux. Dans l’un de ces lieux comme dans l’autre, nous ne devons avoir qu’une importance secondaire ; mais je n’ai pas besoin de dire combien il en est plus encore ainsi dans le ciel que dans l’enfer. Mais ce sur quoi je voulais insister, c’est le fait que la rédemption, en tant que nous ayant été communiquée, est trouvée par nous être, non pas seulement l’expression de l’estime que Dieu fait de la valeur et de la puissance de Christ, mais le jugement le plus complet de tout ce que nous étions ; et d’autant plus ainsi, qu’une âme ne se séparera jamais réellement d’elle-même, ne sera jamais capable de se juger, de se prendre en dégoût, si ce n’est par la connaissance de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Je désirerais que nous connussions tous un peu plus de ce dégoût de soi-même[7]. Puis après avoir ainsi montré que toutes les sources du pauvre pécheur perdu étaient en Lui, le Sauveur, notre Seigneur continua en parlant des méchants. Il a « autorité aussi de juger, parce qu’il est Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car, l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait en résurrection de jugement ». Qui est-ce qui s’appuiera sur ses propres œuvres et sera sauvé ? Et, qu’on le remarque, c’est là un résultat du fait qu’Il est Fils de l’homme. Tous les hommes se relèveront, donc, du tombeau : quelques-uns, d’abord, pour parler des vertus vivifiantes trouvées en Lui, le Fils, et par grâce, goûtées par eux-mêmes — eux-mêmes assujettis à ces vertus ; — ressuscités pour déclarer qu’ils avaient connu ce que c’était qu’être vivifiés avec Lui du tombeau ; et leurs œuvres rendront témoignage et obtiendront aussi une récompense en la résurrection. Ensuite, à la fin, tous seront ressuscités ; et ceux-là aussi moissonneront la récompense de la racine sur laquelle ils ont crû, et de leur séparation d’avec Celui qui seul donne à l’âme la nouvelle vie (la vie de Dieu) ; mais leurs œuvres ne pourront point soutenir le jugement. La racine, l’arbre et le fruit vont ensemble, qu’il s’agisse d’Adam ou de Christ. Puissions-nous nous en bien souvenir.

Il est un sujet que nous devons signaler ici en quelques mots, la transmutation des saints qui sont vivants quand le Seigneur vient : leur changement à Sa venue sans qu’ils passent par la mort. On peut voir cela en 1 Thessaloniciens 4, 15-17, et Philippiens 3, 20. « Notre conversation est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ; qui transformera le corps de notre abaissement afin qu’il soit rendu conforme au corps de sa gloire, selon l’opération de cette puissance par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses ». C’est une pensée ineffablement précieuse que, du moment où nous qui restons, verrons Christ Lui-même, il sortira de Lui une vertu pour changer ces corps d’humiliation et les transformer à la ressemblance de Son propre corps en gloire.

J’ai à peine besoin de dire que la différence parfaite qu’il y a entre Celui qui ressuscite et ceux qui sont ressuscités (ou changés), ne doit jamais être oubliée. Toute la vertu et toute la puissance sont de Christ et de Christ seul, mais elles peuvent se déployer, par grâce, envers nous. Néanmoins, c’est une chose trop douce pour mon cœur pour que je néglige de rappeler qu’il n’y en a qu’un seul (notre Seigneur et notre Dieu) dont il peut être dit qu’Il est « la résurrection et la vie » ; qu’un seul qui avait le pouvoir de laisser Lui-même Sa vie, et de la reprendre Lui-même ; qu’un seul dont il pût être dit qu’Il a été déterminé Fils de Dieu en puissance par la résurrection des morts ; qu’un seul qui puisse vivifier maintenant ceux qu’Il veut, et à la voix duquel tous ceux qui sont dans les sépulcres en sortiront plus tard. Sa gloire et Son honneur sont notre bénédiction la plus élevée ; et il est doux pour ceux qui L’ont connu comme leur ami éternel de penser à la gloire qui les attend — non pas comme ce qui servira pleinement et parfaitement à leur propre jouissance, mais comme ce que Son amour opérera en eux : — expression à la fois de Sa propre gloire native, du choix que Dieu a fait d’eux dans Sa grâce souveraine, et de Son désir de les avoir rendus parfaitement propres pour Sa compagnie et pour la présence de Dieu. Oh ! combien peu nos pauvres âmes — bénies, toutefois, richement bénies — savent penser à Christ et à Son amour ! Et malgré tout, pourtant, nous sommes aimés par Lui, et Il nous fait connaître le caractère divin de Son amour qui met Sa joie à donner, à donner abondamment, à ceux sur lesquels il repose.

J’en viens maintenant à mes textes.

Éphésiens 2, 6. — « Nous a ressuscités ensemble ». Lisons d’abord le contexte. « Nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus » (v. 3-6).

Quelques-uns ont signalé l’union dans l’Église de ceux qui avaient été distingués sur la terre en Juifs et Gentils, comme la raison de l’expression ensemble (ressuscités ensemble). Or, c’est un fait incontestable que le corps céleste, l’Église, renferme ceux qui étaient autrefois Gentils, aussi bien que ceux qui étaient autrefois Juifs. Mais ce n’est point là du tout ce que veut dire l’apôtre. Qu’on n’oublie pas, en effet, que les gens ne sont pas ensemble, dans l’Église, comme Juifs et Gentils : comme tels ils étaient séparés les uns des autres par Dieu Lui-même ; mais ceux qui étaient tels sont ensemble dans l’Église, comme membres du corps de Christ. Mais assurément, le fait que je suis de compagnie avec un Paul dans le ciel n’est point la merveille étonnante (quoique véritablement, avoir une place là, et être là, et dans une heureuse association avec d’autres hommes, ce soit une chose très précieuse) ; mais la merveille, dans ce passage, est le privilège béni qui se trouve dans l’entrée même de toute âme dans la condition et la position de cette communion les uns avec les autres, c’est-à-dire, la communion personnelle et individuelle avec Christ la tête[8]. Je suis un membre de Christ ; Il a dépouillé tout ce qui selon la nature reposait en moi et sur moi lorsque cela Lui a été imputé. En conséquence, Il a été crucifié, est mort, et a été enseveli ; et je suis tenu, et je me tiens moi-même, par la foi, pour quitte de tout cela, en tant que tenu par Dieu pour crucifié, mort et enseveli ensemble avec Lui. Mais Il m’a aussi rendu un seul et même esprit avec Lui-même ; et, par une grâce divine qui est infiniment grande, je partage[9] certaines choses ensemble avec Lui-même. La Parole me ramène au fait qu’Il a repris la vie, comme le Fils de l’homme, dans le sépulcre, afin que je comprenne comment, ayant été vivifié — rendu vivant — ensemble avec Lui, je suis libre parmi les morts. Et la vie que j’ai, est une vie ensemble avec Lui. Lui la Tête et moi rien que comme un membre. Il est vrai que la bénédiction que je possède en Lui, je la possède en commun avec tous les autres membres de Son corps ; mais la puissance qui me rend capable d’être étroitement lié de cœur avec un Paul, se trouve dans le privilège connu et dont je suis conscient que je possède des bénédictions ensemble avec Christ. Oui, certainement ; et c’est parce qu’Il trouve Son intérêt dans tous Ses membres, que le nôtre peut aussi s’épancher librement sur eux. Car la conscience de la communauté de bénédiction entre les membres, ne suffit pas pour donner puissance à un membre individuel quelconque d’agir d’une manière conséquente avec cette communauté de bénédiction ; il a besoin de l’amour de Christ répandu dans son cœur par le Saint Esprit qui lui a été donné, et de la communion avec le cœur du Seigneur Jésus.

J’admets pleinement, d’abord, que les voies de Dieu relatives à la terre avaient séparé (depuis les jours d’Abraham, sinon même depuis les jours des fils de Noé) le Juif du Gentil ; et secondement, que c’est là un ordre de choses qui non seulement a existé pendant que les choses étaient laissées entre les mains de l’homme pour son épreuve et sa manifestation, comme ç’a été le cas de Noé à Christ, mais qui existera lorsque le Fils de l’homme viendra du ciel pour bénir l’homme et prendre en Ses propres mains le gouvernement de la terre ; car les Juifs, les Gentils et les nations extérieures auront encore alors respectivement des bénédictions particulières et distinctes. Et, en troisième lieu, j’admets pleinement aussi que l’Église, comme n’étant pas pour la terre mais pour les cieux — faisant partie, non pas des voies gouvernementales de Dieu à l’égard de la terre, mais de Son conseil de grâce et pour le ciel — met de côté (ainsi que le font aussi les autres conseils pour le ciel) cette distinction de classes, quoiqu’elle puisse sanctionner une autre classification. Je dis que j’admets tout cela ; mais je nie que ce soit là la grande merveille du « nous a ressuscités ensemble » du passage qui nous occupe. Pour le Juif inconverti, c’était un scandale que la pensée même d’une association avec un chien de Gentil ; pour le Gentil inconverti, l’étroite bigoterie du Juif était une méprisable folie ; et pour l’homme converti gentil ou juif était ouverte une nouvelle et merveilleuse scène — le ciel. Et la vérité proposée était merveilleuse au-delà de toutes les autres : que Dieu a fait celui qui croit être vitalement un avec Jésus de Nazareth rejeté sur la terre et méprisé de l’homme, mais reconnu dans le ciel et honoré de Dieu. La séparation du Juif d’avec le Gentil était, est, et sera pour la terre : mais ni Juif ni Gentil n’attendaient le ciel. La merveille étonnante pour un Paul n’était pas qu’un homme jadis adorateur de Diane, la grande déesse des Éphésiens, fût estimé une compagnie convenable pour lui, pharisien, qui avait pensé rendre service à Dieu (non seulement en s’efforçant d’effacer de la terre le nom de Jésus de Nazareth, mais aussi) en cherchant à détruire l’Église, le conseil de Dieu le plus cher à Son cœur concernant Christ. Mais voici quelle était la merveille : qu’il y eût union vitale, communion de vie entre lui et ce même Christ Jésus qu’il avait persécuté, et cela, aussi, dans le ciel où Christ est assis à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts ; bénédiction aussi accessible au Gentil qu’au Juif, dans sa teneur et dans sa place, et si entièrement divine et en dehors de l’homme, si entièrement céleste et en dehors de la terre, que nul n’était capable de communiquer même une pensée juste à son sujet, si ce n’est Dieu le Saint Esprit[10].

Puisse le croyant en Christ ne jamais oublier que le ciel est sa patrie, son lieu natal ; et qu’il en est ainsi, précisément, parce qu’il est un seul et même esprit avec le Seigneur Jésus le Christ, participant de la nature divine comme fait un avec le Christ céleste, et, en conséquence, devant partager toutes choses ensemble avec Lui en tant que le Christ.

Mais continuons. Nous avons déjà considéré (dans l’article 4) 1° le privilège d’être vivifiés ensemble avec le Christ. Celui qui avait laissé Sa vie comme une rançon et pour faire propitiation, reprit Sa vie comme Fils de l’homme dans le sépulcre. Et le sujet de prières de l’apôtre est encore un bon sujet de prières ; afin que nous sachions « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance (sa se rapporte ici au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ) envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (Éph. 1, 19, 20). Toutes choses placées sous Lui, et Lui donné pour être Tête sur toutes choses à l’Église, qui est Son corps et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.

Et, 2° nous avons vu que la vie ainsi donnée est la vie de Christ Lui-même — vie qui, si elle nous identifie maintenant avec Dieu d’une manière consciente, et nous met ici-bas en lutte avec tout ce qui, en dedans de nous et autour de nous, est en lutte avec Dieu, se déploiera néanmoins, sous peu, librement en nous dans sa sphère propre, dans le ciel, et sera l’efficace de notre association désormais en gloire avec Christ. À présent nous avons à examiner quelle est la force de l’expression de Éphésiens 2, 6 qui dit que nous sommes ressuscités ensemble avec Christ. D’abord, elle a trait évidemment à quelque chose qui se place naturellement, pour autant qu’il s’agit du Christ, entre l’acte par lequel Il reprend Sa vie pendant que Son corps est encore dans le sépulcre, et celui par lequel Il s’assied dans les lieux célestes. Il intervient ici nécessairement, peut-être, deux actes de Sa part : l’un, par lequel Il laisse la tombe et manifeste Sa résurrection d’entre les morts ; l’autre, Son ascension. Je n’ai pas même besoin de dire peut-être, car il est tant insisté avec force sur Sa résurrection indépendamment de Son ascension, et l’Écriture rattache à ces deux actes du Seigneur des passages et des vérités d’un caractère si entièrement différents, qu’il est parfaitement clair que Dieu entendait nous signaler leur différence. Il a été dit, par exemple — « Il faut donc que… quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection ». Ainsi parle Pierre (Act. 1, 22). Et cela est confirmé par Paul là où il dit (1 Cor. 15, 3-7) — « Car avant toutes choses je vous ai communiqué ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et qu’il a été vu de Céphas, puis des douze. Ensuite il a été vu en une seule fois de plus de cinq cents frères, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu’à présent, mais quelques-uns aussi se sont endormis. Ensuite il a été vu de Jacques, puis de tous les apôtres ». L’importance de cette démonstration de la résurrection du Seigneur est ensuite signalée — « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et vous êtes encore dans vos péchés » (v. 14, 17). La doctrine même du pardon des péchés — du pardon des péchés pour qui que ce soit, où que ce soit — dépend de la réalité de la résurrection de Christ. À nous aussi, la justice « sera imputée si nous croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 24, 25). « L’engagement envers Dieu d’une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ » (1 Pier. 3, 21). Il est évident que sans elle, il ne saurait y avoir de bénédiction dans la présence de Dieu pour qui que ce soit, non plus que rien de tel qu’une bonne conscience, qu’il s’agisse de la conscience dans un chrétien, dans les membres des résidus d’entre les Juifs et d’entre les Gentils qui entrent dans le ciel sans y faire partie de l’Église, ou de la conscience dans le Juif, le Gentil ou l’adorateur extérieur. La mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ ont été et sont la voie par laquelle Dieu se montre juste tout en justifiant un pécheur d’une classe quelconque, et fait à tout croyant une bonne conscience. Le péché était contre Dieu. Si Dieu a établi que les conséquences du péché de l’homme vinssent sur Son Fils comme Fils de l’homme — il faut qu’Il meure. Il est mort, et s’est relevé, et a repris vie de nouveau. Désormais, la voie était ouverte à Dieu pour rencontrer l’homme en grâce et en bénédiction où il Lui plairait et de la manière qu’il Lui plairait, mais (comme Il l’entendait), le rencontrer ainsi seul et en tant que pécheur accepté — où que lui soit assignée la place pour rencontrer ainsi Dieu, quel que soit le trait particulier de bénédiction que la grâce puisse lui assigner quand il rencontre ainsi Dieu — c’est là, dis-je, ce que trouvera tout pécheur accepté. Un Christ ressuscité peut seul être le canal par lequel Dieu atteint la conscience d’un pécheur ainsi que la véritable réponse de la conscience ; et cela simplement par la raison que la conscience trouve seulement dans ce Christ ainsi considéré, de même que la réponse de Dieu à ses besoins, la réponse même que Dieu a préparée pour elle aux exigences de Son propre caractère à Lui. Ce qui a satisfait Dieu, peut bien me satisfaire aussi.

Mais c’est avec intention que j’ai passé sous silence la citation que Paul fait de lui-même comme un des témoins de la résurrection.

« Et après tous, il a été vu de moi aussi, comme d’un avorton ». Or, lorsque Christ fut vu de Paul, ce ne fut pas simplement dans Son caractère de ressuscité. Quand Il fut sorti du tombeau, Son évangile dut commencer par Jérusalem ; après que Jérusalem eut refusé de le recevoir, il retentit par la Judée et la Samarie ; et lorsque Étienne fut lapidé, les cieux s’ouvrirent sur lui, et il y eut, entre Jésus se tenant à la droite de Dieu, et le martyr, des rapports précieux. Mais Saul, l’arc-boutant de la persécution contre l’Église, ne vit rien alors, n’entendit et ne comprit rien. Mais à un moment un peu plus avancé dans l’histoire, Jésus ressuscité et monté en haut, l’appelle par son nom : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » etc. Or, la gloire de l’ascension prit évidemment dans l’esprit de Paul une place tout à fait distinctive, et en garda dans son ministère une toute particulière. Voyez, par exemple, pour la place qu’elle eut dans son esprit, comment il la fait ressortir et insiste sur elle, Actes 22, 6-11, dans son discours au peuple en langue hébraïque, et encore au chapitre 26, 12-18, quand il parle en présence d’Agrippa. Ces passages, comparés avec le récit de sa conversion au chapitre 9, 3-9, sont d’un grand intérêt. Et pour voir la place que l’ascension occupait dans sa doctrine, on n’a qu’à se reporter, pour en être pleinement persuadé, à ce qu’il dit de son évangile en 2 Corinthiens 4, 3-6, au commencement de sa lettre aux Galates, chapitre 1, 11-16, et à toute la teneur de ses lettres aux Éphésiens et aux Colossiens.

Mais, en outre, toute la position distinctive de l’Église, toute la doctrine selon laquelle tout particulièrement chaque croyant a aujourd’hui à diriger sa conduite individuelle, se trouvent dans l’ascension du Seigneur Jésus Christ. Un pauvre pécheur peut aujourd’hui penser à la miséricorde qu’il y a en Dieu, d’une manière qui eût été assez exacte aux jours des patriarches (c’est-à-dire la miséricorde sans explication à l’égard du mode de Sa manifestation) ; mais la miséricorde de Dieu qui est mise maintenant sous nos yeux, c’est cette miséricorde et cette compassion de Dieu qui, ayant substitué le Christ, le juste, à la place de plusieurs injustes, déclare qu’elle prend ses délices à couler avec toutes ses bénédictions par un Christ qui est maintenant assis sur le trône de la Majesté dans les lieux très hauts. Nous ne pouvons rencontrer Dieu que dans le lieu où Christ nous est présenté comme nous rencontrant ; pour nous, ce lieu de rencontre est le lieu très saint en dedans du voile ; pour le Juif, ce sera dans le pays ; et le caractère de la conscience est conforme au lieu où nous le rencontrons. La lumière est plus parfaite en dedans du voile, et la conscience est d’un caractère plus élevé, c’est-à-dire, selon que la vérité qui nous est présentée est plus manifeste dans son expression, et selon que la puissance donnée est d’un ordre plus élevé ! Car la conscience a besoin pour rencontrer Dieu de ce dont Dieu a besoin pour la rencontrer elle ; et il faut à la conscience un pouvoir en conséquence. Il n’existe qu’un seul sang d’expiation ; il n’existe qu’un seul Esprit pour l’appliquer : cela est de toute évidence. Mais si quelqu’un voulait conclure de là que, parce que, pour ce qui est de lui et relativement à lui, tout homme qui est sauvé est sauvé par l’Esprit et uniquement par le moyen du sang, il en résulte que, pour ce qui est de Dieu, relativement à Dieu, tout pécheur sauvé doit être aussi rapproché qu’un autre, il se tromperait complètement. La miséricorde et la compassion n’appartenaient qu’à Dieu ; Il leur donne cours comme Il veut ; elles s’appliquent à qui Il veut ; elles établissent aussi des classes diverses, et placent une âme dans une classe et une autre âme dans une classe différente, suivant que Dieu a trouvé convenable dès avant la fondation du monde. Un saint a plus besoin pour être dans la nouvelle Jérusalem, pour faire partie de l’Épouse de Christ, d’une conscience et d’une puissance spirituelles, que n’en avait besoin un saint qui avait à faire partie du royaume d’Israël — du peuple de l’Éternel sur la terre. Or une âme qui ne connaît pas un Seigneur monté en haut, ne saura jamais ce que c’est qu’être échappé à la ruine dans laquelle sont toutes choses autour de nous. Une telle âme est étrangère à cette forme de vérité qui caractérise notre économie, et ne saurait avoir cette intelligence et ce pouvoir dont on a besoin pour marcher comme quelqu’un qui est ressuscité avec Christ, et qui, par conséquent, sa bourgeoisie étant dans le ciel, a à rechercher les choses qui sont dans le ciel et à s’y affectionner. Mais nous parlerons plus en détail de cela un peu plus loin.

À laquelle donc des deux choses qui se sont passées entre la vivification de Christ dans le tombeau et Sa séance dans les lieux célestes (c’est-à-dire Sa sortie du tombeau et Son ascension dans le ciel), l’expression « nous a élevés ensemble » (Éph. 2, 6, vers. angl.) s’applique-t-elle ?

Je puis en réponse à cette question dire 1° que pour ce qui concerne la vérité, je ne vois pas qu’il s’attache quelque importance à la manière de rendre cette expression ; car quelle que soit celle des deux que l’on adopte, il s’agit toujours d’un des deux faits qui se placent entre notre bénédiction d’être « vivifiés ensemble avec Christ » et celle d’être « assis ensemble avec Lui dans les lieux célestes » ; et 2° que la manière la plus commune de la rendre, et par conséquent, peut-être, la plus naturelle, c’est comme se rapportant au premier de ces deux faits. Remarquez-le bien, entre la communication de la vie, et le fait d’être assis dans le ciel, deux choses sont supposées : d’abord, l’acte de remonter du tombeau (dans lequel Sa vie fut reçue) au milieu des hommes ; et en deuxième lieu, l’acte de monter d’entre les hommes dans le ciel.

J’admets que la première de ces choses se rattache, en réalité, au fait précédent, et, si vous voulez, que la résurrection implique deux choses : la communication nouvelle de la vie, et la manifestation de la vie, s’il s’agit de quelqu’un qui vient de mourir et qui n’a pas été enseveli, ou le fait par lequel la personne remonte hors du tombeau, si après avoir expiré elle a été aussi ensevelie. Toutefois, elles ne constituent pas réellement une seule et même chose ; et, dans le cas de notre Seigneur bien-aimé, ce sont deux faits, deux actes parfaitement distincts, que celui par lequel Il reprend Sa vie dans le tombeau, dans toute la vérité que ce fait implique relativement à Dieu et relativement à Lui-même, à l’Esprit, et aussi au monde spirituel — et celui par lequel Il est vu et connu parmi les hommes comme ressuscité, et s’arrêtant parmi Ses disciples un certain temps avant de monter dans le ciel. Cette distinction peut être d’une grande utilité dans l’action à exercer à l’égard des âmes individuellement à une époque nébuleuse et sombre ; le récit de la conversion de Paul en Actes 9 autorise à la faire, et on peut en suivre la trace au point de vue dispensationnel (selon l’analogie de la foi) dans l’entrée de l’Église dans la gloire et la bénédiction à venir de la terre. Paul fut vivifié avant qu’il prît sa place avec les disciples — avant qu’il pût montrer rien de ce qui leur prouverait qu’il vivait à Dieu.

Je n’insiste pas sur l’argument tiré de l’analogie de la foi, bien que, selon moi, il ait de l’importance pour confirmer la vérité (si on a reçu de Dieu capacité pour saisir des analogies) ; mais il est bien certain que l’Église sera dans la gloire avant d’être manifestée en gloire, et que le résidu juif et le résidu gentil auront la vie l’un et l’autre avant que l’homme les voie en possession de la vie ; pareillement, la nation juive possédera la vie, avant que cette vie se soit manifestée extérieurement de manière à amener les résultats précieux qu’elle doit amener pour la nation en bénédiction extérieure.

Je voudrais toutefois, pour ce qui concerne le croyant individuellement, insister sur cette pensée, que, si « la vie de Dieu » (comme Paul s’exprime en Éph. 4, 18) appartient à ceux qui ont connu Christ, ou plutôt qui ont été connus de Lui, elle se montre en ceux qui L’ont entendu et qui ont été instruits en Lui « selon que la vérité est en Jésus ». Si notre évangile dans lequel nous nous glorifions est l’évangile de la vie — de la vie éternelle, en et par Jésus Christ notre Seigneur, il s’ensuit que notre témoignage est pareillement le témoignage de la vie — de la vie éternelle. Si nous sommes cachés en Christ en Dieu, Christ doit être manifesté en nous dans le monde. Paul ne connaissait pas seulement Christ comme vie — sa vie, et ne savait pas seulement que lui, Paul, avait sa vie éternelle en Christ, mais il marchait aussi ici-bas de manière à ce qu’il pouvait dire : « Nous sommes manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous sommes manifestés dans vos consciences » (2 Cor. 5, 11). Et il explique quel était le mode de cette manifestation. C’était non seulement dans une manifestation extérieure, mais dans le cœur ; mais alors, ce n’était pas seulement quelque chose dans le cœur, mais il y avait aussi une manifestation extérieure. Sa vie avait des motifs, des fins, et des objets : une manière de voir aussi particulière, qui lui était propre, qui lui donnait son caractère devant Dieu, et menait à un témoignage tel que les Corinthiens pouvaient le lire. Le moi n’était ni sa fin, ni son point de départ, ni la source de son énergie, comme, hélas ! c’est si souvent le cas avec les chrétiens de profession d’aujourd’hui. Moi, moi, moi, moi, moi, moi, moi — un nombre parfait en égoïsme — est une triste chose chez un chrétien. Telle n’était point la vie chrétienne de Paul. « Car si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis c’est pour vous » (v. 13). C’est pour Dieu seul qu’il vivait ; mais Dieu avait ici-bas des objets de Son affection, et, par suite, l’homme que l’Esprit de Dieu conduisait, avait à chercher les intérêts de ceux dont Dieu, qui les menait captifs dans Ses cordeaux d’amour, poursuivait Lui-même les intérêts. Nous apprenons ensuite quelle était la chose qui agissait avec tant de force sur son cœur et sur son esprit (heureux homme qu’il était !). « Car l’amour de Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (v. 14, 15, etc.). Quel contraste entre ce genre de vie et le genre de vie d’un si grand nombre : « faire ceci, et faire cela » ; « ne pas faire ceci, et ne pas faire cela » ! Les actions de l’homme du monde sont la manifestation de ce qui règne au-dedans de lui, et si les actions du chrétien sont aussi la manifestation de ce qui règne au-dedans de lui, alors la vie de l’homme du monde et la vie du chrétien doivent être fort différentes l’une de l’autre.

Le moi, cette vie-ci, la terre, les circonstances et Satan, remplissent l’intérieur de la vie du mondain ; Christ, l’éternité, le ciel, l’amour rédempteur, et le Père, le Fils et le Saint Esprit sont tout ce que connaît la vie intérieure du chrétien. Est-ce que les chrétiens, ceux qui sont réellement chrétiens, sentent cela suffisamment ? Qu’est-ce que c’est que l’excellence du travail, des matériaux, dans une montre, si elle n’a pas d’aiguilles pour indiquer le temps qu’elle marque ? Lecteur, pour quelle fin es-tu laissé ici-bas sur la terre ? Tu possèdes une rédemption éternelle et un salut parfait, et pour garantie de ta sécurité, tu as été empreint d’un tel sceau que personne ne peut te ravir ta bénédiction. À quelle fin es-tu donc laissé ici-bas ? Assurément, c’est pour y être un témoin pour le Seigneur Jésus, dans la puissance de ta vie, aussi bien que de tes lèvres, et si par là nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui.

C’est une chose touchante de voir comment, aussitôt que Christ fut redevenu vivant d’entre les morts, Il ne descendit pas seulement vers Lui des anges pour le saluer, mais Son propre cœur et Son esprit furent occupés du besoin de se présenter devant Son Père comme le Fils de l’homme, et remplis de pensées d’amour et de sollicitude pour chacun des siens. Il peut à l’égard de chacun d’eux, prendre une manière différente de se présenter à lui ; mais les disciples qu’Il avait laissés comme des brebis qui étaient dispersées (parce que Lui, le Berger, Il avait été frappé) devaient être rassemblés de nouveau — c’étaient les brebis de Son Père ; et en conséquence, Il monte dans le ciel pour devenir Lui-même, dans une nouvelle position, le sujet du témoignage de Ses disciples, garantir en même temps les plus chers intérêts de Ses disciples, leur envoyer aussi le Saint Esprit, et, pendant qu’Il reste là et prend soin des siens qui sont dans le monde, les former, les diriger et les aider dans leur service, Lui-même étant le sujet de leur prédication aussi bien que la joie de leurs cœurs. Oh ! comme nous vivons peu dans la puissance de la vocation céleste et de la communion du mystère de Christ et de l’Église ! Que le Seigneur nous regarde pour renouveler en nous l’efficace de ces choses ! Puissions-nous bien remarquer que Christ, après être redevenu vivant, eut à accomplir des choses propres à cette vie, en tant qu’ainsi reprise par Lui, et qu’il nous soit donné d’aller et de faire de même.

2. Notre deuxième verset est Colossiens 2, 12. « Ensevelis avec lui dans le baptême dans lequel aussi vous avez été ressuscités (angl. risen) ensemble par la foi dans l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Bien des expressions dans ce passage, aussi bien que sa portée générale, tendent à prouver que c’est de la résurrection qu’il parle. La dernière clause, par exemple, en est une preuve décisive. « Dieu qui l’a relevé (Christ) d’entre les morts ». Le grand sujet dont l’apôtre s’occupe ici est — non pas le Christ montant de la terre dans le ciel, ni la présentation de Christ tel qu’Il est dans le ciel — mais la résurrection de Christ d’entre les morts. « Dieu l’a relevé d’entre les morts ». Il s’agit de Son relèvement du sein du tombeau où Il avait été enseveli après avoir laissé Sa vie pour nos péchés ; de Sa sortie de ce tombeau pour être vu de Ses disciples et être le sujet de leur prédication à Ses ennemis ; et ce n’est pas seulement le sujet principal du verset, mais c’est celui qui le donne tout entier, car ce qui est déclaré dans la dernière clause, avoir été effectué en Christ, en ce qu’Il fut comme homme ressuscité d’une façon manifeste d’entre les morts, est affirmé être vrai de nous qui croyons en Lui : Dieu nous envisageant et jugeant selon l’Esprit de Christ qu’Il nous a donné, juge de nous qu’étant un même esprit avec le Seigneur, nous sommes ressuscités avec Lui. Cela est vrai de tous ceux qui croient en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Christ, qui a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification.

Les corps des croyants, s’ils sont retournés en poudre, ressusciteront comme ressuscita le corps de Christ ; ils ressusciteront à Sa venue et seront ressuscités par Son pouvoir à Lui-même présent alors pour faire cela. Mais ces corps seront ressuscités parce qu’ils appartiennent à des âmes qui ont été vivifiées, qui, si elles sont absentes du corps, sont présentes avec le Seigneur. L’esprit d’Étienne, l’esprit de Paul, celui de Pierre, sont avec le Seigneur ; leurs corps sont dans la poussière. Dans Son conseil et dans Sa pensée, Dieu unit la poussière de ces corps — de ces vases de terre, avec les âmes que Son Fils vivifia, et, plus tard, les corps ressusciteront en preuve de cela. Mais, lorsqu’ils étaient vivants sur la terre, ces hommes, Étienne, Paul, Pierre, etc., ayant cru en Christ, avaient été vivifiés par Lui, comme Celui qui s’était relevé du tombeau, et étaient considérés par Dieu comme vitalement un avec Son Christ ; et Il pouvait leur dire (non pas toutefois de leurs corps, mais d’eux-mêmes) — Vous êtes ressuscités avec Celui que j’ai ressuscité d’entre les morts. Que Christ était ressuscité d’entre les morts, c’était un fait manifeste quand Paul écrivit aux Colossiens ; pareillement, c’était, en cette même époque, un fait aussi manifeste, que Paul et ces Colossiens avaient reçu l’Esprit de Christ, et que Dieu les considérait (non pas comme si leur position devant Lui était selon la chair et la nature en tant que reçues du premier Adam et dont il fallût les dégager — toutes les conséquences de cette position avaient été imputées à Christ, et, en conséquence, Il avait été crucifié, était mort, et avait été enseveli ; ils devaient tenir tout cela comme vrai d’eux-mêmes, car c’est ainsi que Dieu faisait réellement — mais) comme ayant devant Lui une position selon l’Esprit et la grâce. Cet Esprit était abondamment découlé de Christ quand Il avait de nouveau repris Sa vie — leur avait été abondamment donné. Son point de départ était le Christ Jésus reprenant vie dans le tombeau ; mais c’était la vie éternelle, la vie divine quoique dans l’homme ; et elle était envisagée par Dieu, telle qu’elle se trouvait en eux, non pas comme quelque chose qui resterait encore couché dans le tombeau, mais comme quelque chose qui se manifestera comme ayant été ressuscité du tombeau et d’entre les morts. Et nous pouvons remarquer ici comment le verset qui précède est à l’unisson avec cette pensée. Nous sommes « circoncis d’une circoncision faite sans main, dans le dépouillement du corps de la chair » (v. 11) ; circoncision (c’est la seule circoncision que nous connaissions comme ce que Christ est pour nous) qui est ainsi expliquée (Phil. 3, 3) : « Car nous sommes la circoncision, nous qui servons Dieu en esprit, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus et n’avons aucune confiance dans la chair ».

Le contexte du verset qui nous occupe me semble renfermer, premièrement, la doctrine du dégagement du nouvel homme de la coquille, de l’enveloppe, du vieil homme ; et en second lieu, l’édification de l’homme nouveau : les deux choses effectuant ensemble le résultat dont parle le verset 10, savoir le fait que nous sommes « accomplis en lui qui est le chef de toute principauté et autorité ».

Je voudrais, en outre, faire remarquer, quant à la première partie, de quelle manière positive et nette, notre délivrance, le Christ mort comme subissant la peine du péché mais ressuscité, et nous-mêmes autrefois moralement morts, sommes présentés ensemble (Christ et nous) dans les versets 12 et 13. « Ressuscités ensemble » — « Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts », « Vous qui étiez morts dans vos offenses… vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses » ; et puis il ajoute comme ayant en vue le Juif, et toutes les ordonnances clouées « à la croix » (v. 14).

Jusqu’à quel point éprouvons-nous notre vie et notre marche ici-bas, en nous demandant si elles sont en harmonie avec la vie que nous avons en commun avec le Christ relevé d’entre les morts ? Il est le même avant la mort et après, mais Sa position est différente. Lorsqu’Il était sur la terre, Il était le serviteur de Dieu au milieu d’Israël sur la terre — peuple reconnu de Dieu et qui doit être béni sur la terre ; et Sa vie extérieure se donnait carrière, non seulement en zèle pour Dieu, mais en zèle pour Sa maison sur la terre, et aussi pour Son peuple sur la terre. Il honorait le temple dans la mesure dans laquelle Il y avait accès ; la maison du roi Lui était fermée et contraire, un autre la possédait. Toutefois, Il était Berger d’Israël, et Ses sympathies se manifestaient en sa faveur. Tel n’est pas le cas maintenant. Il a été mis à mort, et depuis Sa résurrection, Il a été rejeté de nouveau par Israël ; et à présent, Il ne s’identifie avec rien d’autre qu’une compagnie de personnes qui gardent le caractère de pèlerins et d’étrangers, tout le peu de temps qu’ils restent sur la terre en attendant qu’Il revienne une seconde fois.

Quelle merveilleuse vocation que d’être appelé sur la terre à une marche qui soit en harmonie avec cette vérité, que Dieu nous considère et juge de nous comme des hommes qu’Il a fait être un même Esprit avec Son Fils qui est ressuscité d’entre les morts ! C’est la liberté devant Dieu ; délivrance de tous les éléments de la religion naturelle aussi bien que de la religion terrestre ; liberté pour Dieu ; liberté pour souffrir et pour faire Sa volonté, quoique dans un corps de péché et de mort — dans un monde méchant, tout ce qui nous entoure étant sous la puissance de Satan, jusqu’à ce que la gloire vienne.

3. Nous arrivons maintenant à notre troisième et dernier passage sur ce très intéressant sujet. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3, 1). « Pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec Lui en gloire » (v. 2-4).

Ici le Christ est envisagé, non seulement comme ressuscité du tombeau, mais comme monté de la terre au ciel. « Il fut élevé au ciel » (comme nous lisons en Luc 24, 51). « Et… comme ils regardaient, une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux. Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu’il s’en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs, se tinrent là à côté d’eux, qui aussi dirent : Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel ? Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Act. 1, 10, 11). Telle est la doctrine de l’Écriture. La grâce par laquelle Il se montra vivant à Ses disciples sur la terre — « étant vu par eux durant quarante jours, et parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu » (Act. 1, 3) ne doit pas être oubliée, non plus que la parfaite distinction qui existe entre l’ascension, en tant que doctrine, et la doctrine de la résurrection du Seigneur. Dans notre verset actuel, Il est signalé comme assis à la droite de Dieu — après être monté. Et l’exhortation qui nous est adressée est de penser « aux choses qui sont en haut » (c’est-à-dire dans le ciel), et non pas à celles qui sont sur la terre : conséquence assez naturelle, si nous réalisons en effet que nous sommes ressuscités ensemble avec Lui ; car la place dans laquelle nous sommes ressuscités est celle où se trouveront les objets de notre intérêt, nos circonstances propres pour ainsi dire. Ensuite, comme pour donner du poids à ce qu’Il vient de leur dire, Il leur rappelle leur position : « car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Telle est notre bénédiction actuelle. « Nous sommes morts » et « notre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». La sûreté dans laquelle était gardée au-dedans de l’arche, où elle était enfermée par Dieu, la manne contenue dans la cruche d’or, n’est qu’une faible image de la sécurité qui est notre partage si notre vie est cachée avec Christ en Dieu. C’est la vie, la vie éternelle ; c’est la vie inséparable de Christ ; et Christ, non seulement occupe un siège de puissance dans le ciel, mais est en Dieu. Nous avons à chercher les choses qui sont en haut. Voilà pour le moment notre occupation convenable ; et c’est une occupation à laquelle le Saint Esprit veut avoir des gens occupés sur la terre jusqu’à ce temps-là. Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi nous serons manifestés avec Lui en gloire. C’est la foi qui Le reconnaît comme « notre vie » : l’œil ne voit pas cela ; bientôt Il prendra la place dans laquelle nous Le verrons pour nous-mêmes, et alors que nous adviendra-t-il, sinon d’être vus ensemble avec Lui en gloire ?

Je puis faire remarquer précisément ici que l’emploi que l’apôtre fait ici du petit mot « si » (v. 1) : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ », n’implique pas, ne doit pas être pris comme impliquant la moindre incertitude quelconque, comme si Paul doutait, comme s’il sanctionnait un doute de leur part, comme si même il supposait qu’ils doutassent s’ils étaient ou n’étaient pas en Christ, et ressuscités avec Lui. Toute l’argumentation de l’apôtre se fonde sur le fait qu’il n’y avait pas un doute quelconque à cet égard — pour la foi, la chose était claire et sûre. Il avait quitté le judaïsme en raison de cela ; il cherchait à prouver que ces Colossiens étaient exposés au danger de judaïser, parce qu’ils ne retenaient pas ce fait devant eux ; et dans les chapitres 2 et 3, il expose devant eux cette précieuse grâce de Dieu afin qu’ils puissent trouver la force de chercher les choses qui sont en haut.

« Mais », diront quelques-uns, « nous sommes ici-bas », « nos corps sont sur la terre ». — Eh bien ! après ? Dieu ne peut-Il pas nous envisager, non pas selon ce que nous sommes dans la chair, mais selon ce que nous sommes dans l’esprit, comme participants d’une vie nouvelle en Christ, vie qui nous rend capables de savoir que Dieu nous identifie avec Celui qui est assis à Sa droite et nous considère comme un même esprit avec Lui ? Ou, Dieu ne peut-Il pas, après avoir effectué cela pour un Paul, pour de pauvres Colossiens, les exhorter à marcher par la foi en cette bénédiction ? Certainement, Il l’a fait ; et la foi, en nous, aussi certainement qu’elle sait ce qu’Il a fait, saisit Sa parole, Sa pensée, et la tient pour vraie et pour n’être que l’expression de quelque chose qui renferme plus de vérité positive et de réalité éternelle que tout ce que Satan et la chair de l’homme peuvent alléguer de contraire. C’est une chose profondément triste de voir les chrétiens mettre en avant l’expérience et le sentiment de ce qu’ils sont en eux-mêmes, de ce qu’est le monde qui les entoure, et de la puissance que Satan a sur eux, et refuser de se saisir de l’appréciation que Dieu fait du monde, de la chair, et de Satan ; et par suite, ne pas trouver un refuge pratique en Christ pour eux-mêmes, ni en Lui, aussi, cette nouvelle vie, nouvelle dans sa nature — une vie en Christ, vie de Christ ressuscité du tombeau, et après monté dans le ciel.

Je voudrais ajouter quelques mots sur l’expression : « Cherchez les choses qui sont en haut ». Et d’abord, quant à la détermination précise du lieu dont l’Esprit parle ici ; rien ne saurait être plus marqué ; « les choses qui sont en haut ». Où ? « Où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Or, pour beaucoup d’esprits, tout cela est dans les nuages, très vague en vérité. Du moins, c’est ainsi qu’ont parlé plusieurs. Mais remarquons précisément dans cette même épître, comment Paul, marchant par la foi, tel qu’un homme ressuscité avec Christ, vit en Christ gloire sur gloire, par quoi il put répondre (avec une perfection divine dans son cas, comme quelqu’un d’inspiré pendant qu’il écrivait ainsi) à tous les sophismes et à toutes les vaines déceptions de l’adversaire. À la lumière de Christ, il vit la lumière, et il vit gloire sur gloire dans le Christ. Il vit aussi en Lui des offices et des relations d’où non seulement jaillissait une lumière dans laquelle il put marcher comme homme vivant, de manière à éviter les fosses, les pièges et les embûches dans lesquelles d’autres tomberaient, mais qui aussi donnèrent à son âme nourriture et force, et lui fournirent un sujet salutaire d’occupation dont quelques-uns de ces Colossiens avaient un pressant besoin. Oh ! si les chrétiens d’aujourd’hui avaient les yeux de leur entendement rivés sur le Christ de Dieu — sur Celui qui ne doit pas être maintenant uniquement vu par la foi couronné d’honneur et de gloire (comme l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse le présentent), mais dans lequel est en jeu là toute cette vivacité d’affection pour les enfants adoptifs de Son Père, ainsi que des milliers de grâces et de gloires brillantes et magnifiques — quel changement dans la vie et dans le témoignage de plusieurs ! La religion naturelle apportera ses enfilades de grains de chapelet pour y compter ses prières : est-ce que la religion spirituelle ne trouve rien en Christ pour répondre à cela ? Oui certainement ; Il fournit tout un enchaînement de gloires sur gloires et de grâces sur grâces que nous devons dérouler en louanges devant Dieu. Et quelle auréole de lumière brillante, mais douce et belle, est vue autour de Lui par ceux qui Le connaissent dans le ciel ! Que Dieu daigne raviver et restaurer le cœur des siens pour le culte spirituel, céleste ! Si le silence nous convient pour nous-mêmes, sûrement il y a beaucoup à dire pour notre précieux Seigneur Jésus et à Son sujet.

L’exhortation est double : d’abord, « cherchez-les », ces choses qui sont en haut, et, ensuite, secondement, « pensez-y », aux choses d’en haut.

Il y a quelque chose digne d’être remarqué dans la manière pleine de grâce dont est introduite la vérité exprimée par le verset 3. « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Cela répond au besoin de l’homme quant à la double manière dont la petitesse de la foi, ou l’état charnel, ou le penchant mondain du cœur pourraient objecter. « Comment puis-je faire cela ? ». La réponse est : « Vous êtes morts ». Et, de l’autre côté, la conscience que l’on peut avoir de sa faiblesse et de sa petitesse est attiré et amorcé par la contrepartie de la déclaration qui doit être à jamais précieuse à tout saint : « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Combien cette parole fait face à toute disposition qui peut se trouver dans l’âme ! « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ».

Pour terminer, il est évident que la communion avec Christ en vie ne renferme pas tout ce que Dieu nous a donné, ni tout ce à l’égard de quoi Dieu a voulu engager notre responsabilité. Et la vie ne serait pas assez non plus, tout en étant la vie de Christ en tant que ressuscité des morts — car comme tel, Il régnera sur les Juifs et aura les Gentils sous Son pouvoir ; et même, la connaissance de la gloire du Seigneur couvrira la terre, comme les eaux couvrent la mer, sous la puissance de Christ, comme ayant la vie en Lui-même, et comme étant dans une position d’où Il peut la communiquer — et donner communion avec Lui-même à de pauvres pécheurs — Lui étant ressuscité du tombeau. Ce n’est que lorsque nous arrivons à Son ascension, et à la place qu’Il a prise dans les lieux célestes, que nous trouvons ce qui, comme rattaché à la vie reprise par le Seigneur, caractérise la position distinctive du croyant, pendant qu’Il est assis comme Fils de l’homme à la droite du Père. Il n’y a pas de vie dégagée des choses terrestres, pas de vie séparée de toute mondanité, comme celle qui découle d’affections formées et développées pour la gloire divine et céleste du Fils de l’homme, affections nourries par la communion avec Celui dont les pensées étaient les premières en toutes ces choses. Le mécontentement d’un mauvais caractère qui n’est satisfait de rien, peut nous porter à nous plaindre du désert ; les souffrances endurées pendant que nous le traversons peuvent nous faire gémir ; et aussi les châtiments de Dieu pour nos inconséquences pratiques peuvent produire un effet pareil ; mais aucune de ces choses ne produira des gémissements pareils à ceux que poussera une âme qui a le mal du pays, un cœur tout rempli du ciel, une âme qui est trop occupée de Christ en Dieu, et de la gloire à venir, pour avoir beaucoup de temps ou de pensées à donner soit à elle-même, soit aux expériences du désert. Christ sentit le désert et les épreuves qui L’assaillirent sous ce rapport de la part de l’homme aussi bien que de celle de Satan, car Son âme était heureusement remplie de la gloire d’où Il était venu, du Père dont les regards étaient toujours sur Lui, et de la maison et du royaume de gloire de ce Père qu’Il devait nous ouvrir. Puissions-nous connaître ces choses, les chercher et y penser !



  1. Je ne connais pas d’exemple, sauf dans le Nouveau Testament, de l’emploi de ce mot en rapport avec la résurrection finale du corps. Dans les Septante, on peut le trouver rattaché au rétablissement de cette vie-ci dans un mort (comme en 2 Rois 4, 31, et (dans une figure), És. 26, 19). En tout, il peut se rencontrer dans le Nouveau Testament environ cent quarante-trois fois, sur lesquelles en soixante-dix cas il a trait à la résurrection du corps.
    Quel changement il se fait en toute chose aussitôt que d’une manière ou d’autre elle se rattache à Dieu ! Quel changement s’opère même dans la langue grecque lorsqu’elle fut adoptée pour celle dans laquelle le Nouveau Testament devait être écrit. Les philosophes grecs n’avaient aucune idée de la résurrection ; et lorsque Paul parla de Jésus et d’elle, ils pensèrent que « Jésus » et « la résurrection » étaient deux nouveaux dieux (Act. 17).
  2. Ici (c’est-à-dire en Luc 1, 69), c’est évidemment de l’incarnation qu’il s’agit, et non de la résurrection.
  3. Si tout cela semble à quelques-uns une digression de mon sujet, j’en suis fâché ; mais un passage dégagé d’une interprétation erronée et restitué à son véritable sens, est toujours une chose importante pour le lecteur de la Bible.
  4. Nous ne trouvons que trois récits au sujet de trois personnes rendues à la vie par notre Seigneur : une jeune fille (Matt. 9, 25), le fils de la veuve de Naïn (Luc 7, 14), et Lazare (Jean 11). Toutefois, les termes dans lesquels Il avait donné leur mission à Ses disciples (Matt. 10, 8) : « ressuscitez les morts », et Sa parole aux disciples de Jean (11, 5) : « les morts sont ressuscités », conduiraient à supposer qu’il y a eu d’autres cas de résurrection, et pas en petit nombre.
  5. On dit souvent que le printemps est l’époque de la résurrection dans le règne végétal. C’est là une de ces notions fausses qui neutralisent parmi les hommes la puissance de la vérité. Un arbre, une plante qui possède la vie, se revêt de nouveau de feuilles au retour du printemps, et devient ainsi une expression de la puissance de Dieu, conformément à une loi de la création. Mais la résurrection est une tout autre chose. Dieu seul peut ressusciter les morts ; et le déploiement de Sa puissance, dans un acte par l’effet duquel l’âme est ramenée avec Christ pour être revêtue d’un corps rendu conforme au corps glorieux du Seigneur Jésus Christ, quoique ce corps ait pu être réduit en une poussière dispersée aux quatre vents, est une chose tout autre que le retour de la végétation au printemps.
  6. Je crois que c’est là un point de grande importance pour les saints dans plus d’un combat encore à venir.
  7. Voici comment avait coutume de prier quelqu’un qui est à présent avec le Seigneur : « Seigneur, donne-nous de la patience envers nous-mêmes », tant il sentait profondément le mal intérieur.
  8. On ne doit pas oublier qu’outre l’Église, il se trouvera dans le ciel d’autres classes de personnes avec lesquelles Christ n’aura pas la relation d’une tête avec un corps qui a des membres.
  9. Je ne partage pas seulement Sa gloire qui Lui est donnée, et plusieurs de Ses positions les plus bénies dans la gloire, mais j’y ai part comme une conséquence (oh ! la merveilleuse grâce !) du fait que je partage Sa vie. Un croyant est si indissolublement un avec Lui, quant à la vie (Christ est notre vie), que Dieu Lui-même ne pourrait pas me faire plus un avec Christ qu’Il n’a fait déjà. Un seul et même esprit avec le Seigneur — pas de ce monde, de même que Lui n’est pas de ce monde.
  10. J’ai vu bien des articles sur l’épître aux Éphésiens qui s’étendent si immodérément sur la merveille de la réunion en un du Juif et du Gentil qu’on est conduit à supposer que la religion de leurs auteurs est une religion purement pour la terre, et qu’ils ne voient pas que ce qui est prêché maintenant, ce sont les merveilles du ciel ouvert et de l’union vitale avec Christ. J’accorde la vérité des merveilles du contraste qu’il y a entre les conseils de Dieu pour le ciel et Ses voies pour la terre : elles envisagent la matière simplement comme parmi les hommes et laissent entièrement de côté l’union vitale.