Messager Évangélique:La grâce au milieu de la contradiction des pécheurs
Adam apparaît en Éden sur la scène du monde au milieu d’une création sur laquelle le regard de Dieu pouvait se reposer et que Dieu déclarait Lui-même « très bonne ». Dieu avait achevé toute Son œuvre et avait béni le septième jour comme le jour de Son repos ; et ainsi Adam, innocent, créé à l’image de Dieu, fait seigneur de la création, pouvait, lui aussi, promener ses regards tout autour de lui en paix : tout lui parlait de Dieu et de Sa bonté ; et dans ce lieu de délices dans lequel Dieu l’avait placé et dont rien n’altérait la pure et glorieuse sérénité, son âme heureuse pouvait jouir sans entrave de tout ce que l’amour de son Dieu avait préparé pour lui. Mais le Fils de Dieu, quand Il vient dans le monde, trouve sur la terre le pouvoir de Satan, la misère, le péché, les ténèbres, la mort, et pour Lui-même point de place, pas un lieu où Il puisse reposer Sa tête. Au lieu du jardin d’Éden, Il voit autour de Lui tout ce qui peut briser Son cœur et exercer Son âme sainte et juste ; au lieu qu’Il soit accueilli, béni, adoré, le bruit de Sa naissance trouble tout Jérusalem et Hérode cherche à faire mourir le petit enfant, et quand Dieu le rappelle d’Égypte, comme il en avait jadis rappelé Israël, Archélaüs est là encore sur le trône et le Fils de Dieu ne trouve d’abri que dans la ville méprisée dont on disait : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? ». Adam avait dominé sur une création « très bonne », le Fils de Dieu se fait serviteur sur une terre de misère et de péché où Satan règne ; Il vient servir et donner Sa vie en rançon pour plusieurs ; Il vient chercher et sauver ce qui était perdu. La grâce L’a fait descendre là où le péché a placé l’homme chassé de devant la présence de Dieu. Qu’est-ce qu’Il rencontre partout sur Ses pas ?… le péché sous toutes ses formes et avec toutes ses conséquences, des pauvres, des aveugles, des boiteux, des sourds, des lépreux, des mourants et des morts, l’indifférence et l’incrédulité des uns, le mépris ou l’inimitié acharnée des autres. Son abaissement,… on le tourne contre Lui : « N’est-ce pas ici le fils du charpentier ? ». Sa grâce, on la dénature : « Voilà un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs » ; les œuvres de Son amour, on les attribue au chef des démons : « Il chasse les démons par Béelzébul, chef des démons » ! Pharisiens, sadducéens, hérodiens, sacrificateurs et scribes, principaux du peuple, L’enserrent pour l’éprouver, L’embarrasser, Le surprendre dans leurs pièges, pour s’opposer à Lui et pour détourner de Lui les âmes que Sa grâce cherche et appelle.
Suivons les pas du Sauveur, depuis Son apparition dans le monde, au chapitre 2 de l’évangile selon Matthieu, jusqu’à ces scènes solennelles des chapitres 26 et 27 du même évangile ; oui, suivons les pas bénis de Jésus depuis le jour où l’épée d’Hérode Le cherchait à Son berceau jusqu’à cette heure où les principaux sacrificateurs et les anciens L’accusant, tout un peuple se lève contre Lui, renforçant ses cris et disant : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !… ». Crucifie ! crucifie ! Écoutons les injures et les outrages de ceux qui passent sous la croix où le Fils de Dieu, portant le péché, est abandonné de Dieu ; la voix même des brigands qui ont été crucifiés avec Lui, s’élève contre Lui. Enquérons-nous aussi de ceux que Sa grâce avait appelés autour de Lui : Comment L’ont-ils suivi ? Où sont-ils ? Hélas ! sur le chemin déjà, leurs pensées n’étaient pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes ; ils ne comprenaient rien aux discours de leur Maître quand Il leur parlait de Sa mort et de Sa résurrection ; ils ne savaient pas user de la puissance qu’Il leur avait conférée, s’il fallait qu’ils l’exerçassent dans le jeûne et la prière ; l’éclat de Sa gloire avait appesanti leurs yeux à la transfiguration ; la pensée de Ses souffrances et de Sa mort prochaine ne les avait pas empêché de se disputer entre eux pour savoir lequel serait estimé le plus grand ; à Gethsémané, ils s’étaient endormis, et maintenant, l’un d’eux vient de Le livrer, un autre L’a renié, tous L’ont abandonné ! Et puis, quand nous aurons vu ainsi ce que Jésus a trouvé dans le monde et ce au milieu de quoi Il a vécu, considérons le Sauveur Lui-même et apprenons ce qu’Il a été en face de la contradiction des pécheurs.
Tout est contre Jésus, mais rien ne peut L’arrêter, ni Le rebuter. Que Satan nourrisse l’indifférence ou l’incrédulité des cœurs, qu’il suscite l’opposition ou une haine insatiable, qu’il se présente lui-même sur la scène avec ses tentations ou ses terreurs, Jésus reste le même et les difficultés et toute la puissance du mal, au lieu de Le surmonter, ne sont que des occasions pour la manifestation de Sa perfection. Satan n’a rien en Lui, et la contradiction des hommes ne peut atteindre à cette grâce inaltérable, toujours prête à déborder de Son cœur et à répandre sous Ses pas la santé, la vie, la bénédiction. Adam, innocent, entouré des témoignages de la bonté de Dieu dans une création « très bonne », s’est élevé et a désobéi ; Jésus, le Fils de l’homme, Fils de Dieu, placé au milieu d’un monde déchu et corrompu, s’abaisse et se rend obéissant jusqu’à la mort. Saint au milieu des pécheurs, Il compatit à toutes leurs douleurs et à toutes leurs maladies ; les hommes peuvent Le mépriser et consulter ensemble contre Lui, mais Lui va de lieu en lieu faisant du bien, guérissant ceux que le diable tenait asservis à sa puissance ; Ses disciples peuvent ne pas savoir veiller avec Lui, ils peuvent Le renier et L’abandonner, Sa grâce sait voir en eux ceux qui ont persévéré avec Lui dans Ses tentations, et devant Gethsémané et la croix, leur salut occupe Ses pensées et Il les entoure des témoignages de Son amour ; le péché peut venir à son comble, mais Lui, seul, abandonné de Dieu, au milieu d’une multitude acharnée, Il demeure élevé au-dessus de tout le mal, et Il dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font », et Son cœur libre est ouvert à la demande du pauvre brigand. Toute la puissance du mal est incapable de tarir cette grâce parfaite, pure, libre, qui demeure en Jésus, et qui en Lui a surabondé là où le péché a abondé.
Cher lecteur, vous aussi vous traversez ce monde où Jésus a passé ; vous aussi vous rencontrez toute sorte de difficultés sur votre route ; vous avez à faire aux mêmes hommes que Jésus : au-dehors, dans le monde, vous trouvez l’indifférence, l’égoïsme, le mépris, l’opposition, la haine peut-être ; au-dedans, parmi les croyants, la faiblesse, l’hésitation, l’inconstance — des hommes sujets aux mêmes passions que vous-même. Eh bien, en présence de ces difficultés, sur ce chemin qui, à travers le désert, vous conduit vers le repos, considérons Jésus et suivons Son exemple ; marchez comme Lui a marché ; ne vous lassez pas de bien faire. Au lieu de vous laisser abattre et de donner occasion à la chair et au diable, voyez l’amour, la sainteté, l’humilité, la douceur, la débonnaireté, la fidélité de Celui qui vint, non pour être servi, mais pour servir et pour mettre Sa vie en rançon pour plusieurs, et qui jusqu’à la fin, et dans toutes les circonstances, a toujours été, en pensées et en œuvres, « le témoin fidèle », la parfaite manifestation de l’amour du Père. Il était là pour nous ; rien ne Lui a coûté ; Il nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous ; notre inimitié, nos péchés ont pesé sur Lui de tout leur poids, et Il s’est soumis à tout de Sa propre bonne volonté. Oh ! que Sa grâce nous attire et nous enseigne ; « il était convenable pour Lui à cause de qui sont toutes choses, et par qui sont toutes choses, que, amenant plusieurs enfants à la gloire, il consommât le chef de leur salut par les afflictions ». Comme les enfants ont part à la chair et au sang, Lui aussi semblablement y a participé ; Il a été tenté en toutes choses comme l’un de nous, à part le péché, et dans Sa mort, ayant triomphé maintenant et renversé tous les obstacles, Il nous a ouvert un chemin libre jusqu’auprès du trône de Dieu. Toute puissance Lui a été donnée dans les cieux et sur la terre, et Il comparaît pour nous devant la face de Dieu, souverain sacrificateur, fidèle et miséricordieux, qui est à même de recevoir ceux qui sont tentés, parce qu’Il a souffert Lui-même, étant tenté. Rien dans les épreuves de notre foi ne Lui est étranger ; Il s’intéresse à nous selon l’amour qu’Il nous a témoigné en se livrant Lui-même pour nous, et Il veut nous faire trouver auprès du trône de la grâce, miséricorde et grâce pour notre secours au moment opportun.
Rejetant donc tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui nous est proposée, fixant les yeux sur Jésus le chef et le consommateur de la foi, lequel à cause de la joie qui Lui était proposée, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu ; et considérons attentivement Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre Lui-même, afin que nous ne soyons pas, en étant découragés, las dans nos âmes. « Vous aurez de l’angoisse au monde, mais ayons bon courage, j’ai vaincu le monde ! ».