Messager Évangélique:La grâce qui apporte le salut

De mipe
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« Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement et justement et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné Lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité, et qu’il purifiât pour Lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres ».

Il est intéressant de remarquer au milieu de quel courant d’idées le résumé de la vérité divine contenu dans ces versets, est introduit par l’apôtre. Le chapitre dont ce passage est tiré s’occupe de la conduite qui convient à ceux qui professent le christianisme, dans les différentes positions dans lesquelles ils peuvent se trouver placés ici-bas ; il nous dit ce qui sied aux vieillards et aux femmes âgées ; il nous apprend également ce que doit être la vie des jeunes femmes et ce qui doit distinguer les jeunes hommes. Le chapitre passe ensuite aux relations ordinaires et de tous les jours des serviteurs avec leurs maîtres, exhortant les serviteurs à obéir à leurs maîtres et à leur complaire en toutes choses, n’étant pas contredisants, ne détournant rien, mais montrant toute bonne fidélité, « afin qu’ils ornent en toutes choses l’enseignement de notre Dieu Sauveur » ; et après cela il ajoute : « car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement, et justement et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ qui s’est donné Lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il se purifiât, pour Lui-même, un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres ».

Si la Parole introduit ici ce passage, au milieu de toutes sortes de détails sur la conduite qui convient aux chrétiens dans leurs différentes relations en ce monde, c’est que si les hommes ne peuvent pas aller au-delà de ce qui se voit, la Parole divine s’occupe de créer et de corriger les motifs et les ressorts qui doivent diriger notre vie, et que de plus aucune conduite ne peut être agréable à Dieu, si elle ne provient pas d’un cœur soumis à Sa « grâce qui apporte le salut », et gouverné chaque jour par la puissance de cette grâce.

Le monde juge le christianisme d’après ses résultats indirects, tels que la réformation des mœurs et l’influence conservatrice qu’il exerce sur la société ; les chrétiens de leur côté sont souvent plus portés à s’occuper de ce que la grâce enseigne que de ce qu’elle apporte ; ils oublient qu’avant d’enseigner elle apporte le salut. Nous ne voulons certes pas diminuer l’importance de l’enseignement de la grâce, ni rien ôter de la nécessité qu’il y a pour le chrétien de veiller sérieusement à ce qu’il soit réellement soumis en toutes choses à cet enseignement qui nous dit « que reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle, sobrement, et justement et pieusement ». Mais, je le répète, avant d’enseigner, la grâce apporte le salut, et il est fâcheux de perdre de vue ou de déprécier le caractère et la puissance propre et absolue de cette grâce dans ce qu’elle apporte. Elle apporte le salut à l’homme ruiné et perdu ; et puis, elle enseigne celui qu’elle a sauvé. « La grâce qui apporte le salut est apparue », tel est le résumé succinct de l’intervention de Dieu en amour par l’apparition de notre Seigneur Jésus Christ pour l’accomplissement de la rédemption.

À part tous les effets et tous les fruits de la grâce dans ceux qui en sont les objets, il y a l’intervention de Dieu en bonté parfaite et absolue au milieu de la scène de misère et de mort que le péché a introduite, l’intervention par laquelle Dieu délivre et transporte hors de cette scène. La grâce de Dieu apporte le salut dans ce monde où le péché et la mort et la puissance de Satan caractérisent la condition de l’homme : elle apporte le salut, à part tous les effets qu’elle produit, paix de la conscience, sainteté, bonheur, chez ceux qui croient. Il y a d’abord la grâce elle-même, et puis les fruits qu’elle produit. Le salut qu’elle apporte a son caractère propre et particulier comme intervention de Dieu en amour et en puissance, aussi bien qu’il a ses propres et bienheureux résultats dans la position nouvelle dans laquelle il transporte ceux qui sont les objets de la grâce, leurs âmes étant désormais tournées vers Dieu.

Le commencement, aussi bien que le terme de la carrière du chrétien, le salut et la gloire, sont présentés ici comme les conséquences de cette intervention de Dieu en grâce. Le sentier du chrétien, la Parole nous le montre ici, est placé entre le point de départ qui est le salut, et le but qui est la gloire. La grâce et la gloire sont inséparables (Ps. 84, 11). La marche, les exercices du cœur, l’épreuve, la lutte, le service, se trouvent entre ces deux points, et reçoivent d’eux leur vrai caractère selon Dieu ; mais le salut fut accompli par l’apparition de Christ en grâce et par elle seule, car « la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ », et la gloire, elle aussi, sera accomplie par l’apparition de Christ en gloire, et par elle seule. C’est ce que constate aussi le passage qui nous occupe : « la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes », et puis « attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ », plaçant entre ces deux termes ce que nous enseigne la grâce qui apporte le salut, savoir « que renonçant à toute impiété et aux convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement et justement et pieusement » — et puis (au v. 14) nous présentant le but pour lequel Christ se donna Lui-même pour nous : comme le vrai et puissant mobile de toute sainteté pratique : « qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité, et qu’il se purifiât pour Lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres ».

Tout ceci est pratique, comme étant le but de l’amour infini de Christ, en nous, dans ce monde.

Arrêtons-nous donc d’abord au caractère de la délivrance ou du salut apporté par cette merveilleuse intervention de Dieu en grâce. Les rubriques de la théologie systématique sont insuffisantes pour nous initier à de telles choses ; pour les connaître, il faut les considérer en vue de la condition de l’homme dans son état de péché, tel que cet état nous est dévoilé par la Parole de Dieu et manifesté par les souffrances et la mort du Christ. Quelle que soit la distance morale à laquelle nous nous trouvons de Dieu par le péché, le salut apporté par la grâce comble cette distance et l’anéantit : « car aussi Christ a souffert une fois, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ». Le péché, par sa nature même, sépare de Dieu, car la lumière ne peut pas avoir de communication avec les ténèbres ; mais à ceux qui étaient « autrefois loin », la Parole dit : « Vous êtes approchés par le sang de Christ » (Éph. 2). Le péché, la mort, la puissance de Satan, le jugement de Dieu, sont autant de caractères de la condition misérable de l’homme ; il fallait quelque chose qui y répondît et y fît face, et qui les abolît, avant qu’un salut plein et entier pût être proclamé. Il ne suffit pas de tirer l’homme de sa dégradation et de sa souillure morale, si pareille chose était possible, et de le placer ensuite sur le chemin du bonheur : il faut que la conscience soit tranquillisée et que la paix repose sur cette base, que toutes les justes exigences de la sainteté de Dieu ont reçu pleine satisfaction et que toutes les conséquences possibles du péché ont été ainsi à jamais écartées.

Tel est le salut que la grâce de Dieu apporte : elle apporte la vie éternelle dans la région de la mort, car « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5) ; elle apporte la justice de Dieu au milieu de la condamnation, car « il a fait celui qui n’a pas connu le péché, être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. 5) ; elle apporte la délivrance de la puissance de Satan, car « par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2). Il y a plus encore : le salut apporté par la grâce de Dieu nous met dans la place même de Christ, dans Sa position et Son acceptation devant Dieu, et nous fait partager la vie et la gloire de Celui par qui ce salut a été accompli. Le salut de Dieu n’a pas d’autre mesure que celle-là, et Sa gloire n’est pas moindre ! Y eut-il jamais amour semblable à celui-là, à cette grâce qui apporte le salut ?

À côté de ce que la grâce apporte, il y a certainement aussi enseignement de la grâce, et nous ne voulons rien ôter à son importance ; mais avant tout il faut que le cœur comprenne le caractère de cette grâce d’un Dieu tout bon : elle est la grâce qui a la puissance de sauver — la grâce qui apporte le salut. Sans cette connaissance, l’enseignement de la grâce sera mal compris et stérile.

Ainsi donc cette grâce de Dieu apporte d’abord à l’âme une délivrance absolue et parfaite de toutes les conséquences du péché, et elle l’amène dans la présence de Dieu selon toute la faveur de l’acceptation de Jésus Christ Lui-même, car le salut tient à Son obéissance et à Ses souffrances pour le péché, il tient au mérite de Son sacrifice et à la puissance de Sa résurrection, et « comme il est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4). Ceci est absolu, c’est le caractère propre de la grâce. Et puis, de même qu’elle est absolue dans son caractère, la grâce qui apporte le salut est universelle dans son aspect et dans sa portée : « La grâce de Dieu… est apparue à tous les hommes ». Elle est sans restrictions, dans son caractère ; elle n’exclut personne, elle est comme le soleil qui luit pour tous, quoique quelques-uns se cachent de devant sa lumière. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3). « Et que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22).

Mais la grâce devient enseignement dans le cœur de ceux qui l’ont reçue et qui sont les objets du salut qu’elle apporte. Elle nous enseigne « que renonçant à toute impiété et aux convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement et justement et pieusement ». C’est la grâce qui enseigne : ce n’est pas la sagesse de l’homme ou sa moralité qui viennent se mêler à ce qu’il y a de divin dans le salut qu’elle apporte et dans la nature qu’elle communique. C’est elle encore qui agit, c’est elle, la grâce, qui apporte le salut ; seulement elle agit maintenant dans ceux qui en sont les propres objets et dans la nature divine à laquelle elle fait participer. Ce ne sont pas des motifs humains qui créent, font et forment la moralité d’un chrétien, pas plus qu’il ne doit son salut à la puissance de l’homme : c’est la grâce de Dieu qui enseigne le chrétien, comme c’est elle qui le sauve.

La première épître à Timothée nous enseigne cette même vérité dans un passage dont souvent on ne saisit pas la vraie portée. Paul voulait apprendre à Timothée comment il faut se conduite « dans la maison de Dieu », et dans ce but, il lui présente la puissance formative de toute vraie piété, en ces mots : « Sans contredit, le mystère de piété est grand — Dieu a été manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru au monde et élevé dans la gloire » (1 Tim. 3, 16).

On a souvent cité ce passage comme s’il parlait du mystère de la divinité ou du mystère de la personne de Christ. Mais la Parole nous dit que « le mystère de piété » est grand, c’est-à-dire le mystère ou le secret qui produit toute vraie piété, la source divine de tout ce qui peut être appelé piété dans l’homme ! « Dieu manifesté en chair » est le modèle et la puissance de la piété, sa mesure et sa source. La piété, maintenant, n’est pas produite, comme sous le régime de la loi, par des ordonnances divines, pas plus qu’elle n’est le fruit d’un esprit de servitude dans ceux qui, lors même qu’ils fussent pieux, ne pouvaient pas approcher de Dieu caché derrière le voile : « la piété », maintenant, découle de la connaissance de l’incarnation, de la mort, de la résurrection et de l’ascension du Seigneur Jésus Christ. Sa source et son caractère, elle les trouve dans la connaissance de Sa personne comme « Dieu manifesté en chair », dans la perfection de Son obéissance comme « justifié en Esprit » ; l’objet de l’adoration des anges, et du témoignage et de la foi dans le monde ; et dans Sa position présente comme « élevé dans la gloire ».

C’est ainsi qu’on apprend à connaître Dieu et que, par la connaissance de Dieu, on est formé à la piété : entre le salut qui est le fruit de l’apparition de la grâce, et « la bienheureuse espérance » dans « l’apparition de la gloire », la Parole place l’enseignement de la grâce qui a apporté le salut. Cette grâce enseigne le renoncement à l’impiété et aux convoitises mondaines, parce qu’elles sont en opposition ouverte avec le but même de la rédemption et avec le caractère et la position dans lesquels le salut nous a placés comme « délivrés de ce présent siècle mauvais ». La croix et la gloire également s’élèvent contre toute impiété et toute convoitise mondaine. C’est le monde qui a crucifié Christ, et dans l’apparition de la gloire les désirs mondains ne peuvent pas avoir place, « car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va avec sa convoitise » (1 Jean 2). Mais être sobre, juste et pieux, c’est le devoir du croyant, comme témoin à l’égard du monde, et son devoir à l’égard de Dieu en témoignage de la puissance régénératrice de Sa merveilleuse grâce.

Nous avons déjà fait remarquer que le passage qui nous occupe présente le sentier du fidèle comme placé entre le salut, accompli par l’apparition de Christ en grâce, et l’accomplissement de la bienheureuse espérance dans l’apparition de Christ en gloire. « Attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ ». Le salut qui apporte la grâce de Dieu met toutes choses en règle entre Dieu et l’âme quant au péché et à la condamnation ; et l’apparition de la gloire introduira ceux qui sont de Christ dans la jouissance de la présence de Dieu et de Christ, Christ ayant vaincu le dernier ennemi, et elle les fera entrer en possession de tout ce qui convient à Sa présence en gloire. « Notre conversation est dans les cieux d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement afin qu’il soit conforme au corps de sa gloire, selon l’opération de cette puissance par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses » (Phil. 3, 20-21). « Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent » (Héb. 9, 28).

Si nous considérons le salut dans son plein accomplissement dans la gloire, « nous avons été sauvés en espérance » (Rom. 8, 24), et rien ne forme autant les affections pour le ciel, que « d’attendre des cieux son Fils… Jésus, qui nous délivre de la colère à venir » (1 Thess. 1, 10). Possédant le salut de l’âme et en jouissant, le croyant a devant lui la gloire : « dans la foi, par l’Esprit, il attend l’espérance de la justice » (Gal. 5, 5). Celui qui, dans la douleur et par Ses souffrances, dans l’amour parfait, accomplit le salut, Lui-même reviendra pour nous prendre à Lui, afin que là où Il est, nous, nous soyons aussi avec Lui. « Nous sommes maintenant les enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3, 2).

Tout est divin et infini dans les voies d’amour et de miséricorde par lesquelles Dieu forme nos âmes. Combien est touchant le motif qu’Il nous présente pour que nous soyons saints dans toute notre conduite : « Qui s’est donné Lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour Lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres ». Ce passage nous présente le but de la rédemption dans la conduite pratique du croyant dans ce monde, et quel motif pourrait être plus puissant que cette déclaration : qu’Il « s’est donné Lui-même pour nous » !

Puissent nos cœurs en éprouver la puissance et qu’ils disent en vérité avec l’apôtre Paul : « … Et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu qui s’est livré Lui-même pour moi » (Gal. 2, 20).