Traité:Ceux qui dorment

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

(1 Thess. 4, 13-18)F. Prod’hom

L’attente du Seigneur, on l’a souvent rappelé, était, pour le cœur des Thessaloniciens, un fait vital et pratique qui imprimait son caractère sur toute leur marche. Le monde racontait d’eux, comment ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux Son Fils (1, 9-10). Aussi tout, dans ces deux épîtres, tourne autour de ce fait merveilleux : la venue du Seigneur. Il y avait cependant, chez ces frères de Thessalonique, une lacune au sujet de la manière dont elle aurait lieu et sur la part que leurs frères délogés pourraient y avoir. C’était chez eux manque de connaissance ; ils pensaient que ceux qui les avaient quittés seraient privés du privilège d’avoir part, comme eux, à la venue du Seigneur. Mais leur méprise même était une preuve de l’attachement de leurs cœurs à cette venue. Nous serions capables aujourd’hui de la leur enseigner comme doctrine, mais eux-mêmes nous enseigneraient, d’une manière très humiliante pour nous, combien cette venue est et doit être une réalité pratique dans le cœur et la marche des enfants de Dieu. Hélas ! ce que le monde peut raconter de nous aujourd’hui, c’est comment nous avons perdu de vue cet événement pour nous identifier avec le monde quant aux affaires, au confort, etc., comme si nous faisions partie de « ceux qui habitent sur la terre » et sur lesquels va venir l’heure de la tentation (Apoc. 3, 10).

Chaque chapitre de la première épître aux Thessaloniciens fournit une preuve du fait que tout y converge vers cet événement merveilleux. Le premier chapitre établit, pour ainsi dire, le motif et le but de la conversion, qui est de servir le Dieu vivant et vrai, et d’attendre des cieux Son Fils (v. 9, 10). Le chapitre 2 présente la venue du Seigneur comme une espérance pour les saints vivant sur la terre, mais privés par l’éloignement de la réalisation des rapports fraternels que leurs cœurs désireraient. Ce passage parle surtout des relations entre les ouvriers du Seigneur et les saints dont ils s’occupent. Paul était privé de voir les Thessaloniciens, comme son cœur l’aurait désiré. Dès lors il regarde à la venue du Seigneur qui le réunirait pour toujours à eux et où ils seraient sa joie et sa couronne. Cela prouvait que Paul et les Thessaloniciens se trouveraient en compagnie les uns des autres (2, 17-20).

Les derniers versets du chapitre 3 exhortent à l’amour et à la sainteté, et cette marche aboutit en fin de compte à la venue de notre Seigneur Jésus avec tous Ses saints. Au chapitre 4, sur lequel nous reviendrons, la venue est présentée comme la consolation dans la souffrance causée par la séparation d’avec ceux qui nous ont quittés (v. 13-18).

Les versets 8-10 du chapitre 5 présentent la venue du Seigneur comme un stimulant à la vigilance. Ils montrent que Dieu a destiné les saints à atteindre immanquablement ce moment glorieux, qu’ils soient trouvés veillant ou dormant, présents dans le corps ou absents du corps.

Enfin le verset 23 exprime le souhait — et le verset 24 la certitude — que le Dieu de paix Lui-même nous sanctifie entièrement, et que notre esprit, notre âme, et notre corps tout entiers soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ.

*
*     *

Dans les versets indiqués en tête de ces pages et que nous désirons examiner avec quelque détail, l’apôtre redresse la méprise des Thessaloniciens à l’égard de ceux qui s’étaient endormis. Il les met au clair sur ce point, puis y ajoute dans une parenthèse (v. 15-18) la révélation de l’enlèvement des saints, comme le tout premier événement auquel participeront sans restriction tous les saints endormis et tous les saints qui vivront à ce moment glorieux.

Il peut paraître étrange que l’apôtre n’aborde cette question qu’au verset 13 du chapitre 4 ; mais il aimait à reconnaître en premier lieu leur attachement à la venue du Seigneur, et il en rendait grâces. Ensuite il ouvre graduellement leur intelligence pour corriger leur méprise. Le dernier verset du chapitre 3 : « En la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints », leur donnait déjà matière à réflexion. Si c’est avec tous les saints, devaient-ils se dire, ceux que nous pleurons n’y manqueront pas !

Alors l’apôtre dit ouvertement (4, 13) : « Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment ».

Arrêtons-nous d’abord sur ces mots : « Ceux qui dorment », puis sur ceux du verset 14 : « Avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus (ou en Jésus) ». Ils se sont endormis. C’est un fait, un acte qui a eu lieu au moment où leur âme a été séparée du corps. Ils se sont reposés, pour ainsi dire, sur le sein de leur Sauveur et se sont endormis en Lui, comme à la fin d’une journée de fatigue on pose la tête sur l’oreiller pour s’endormir paisiblement. Dès lors ils dorment. Si s’endormir est un acte, dormir est un état dans lequel on entre en s’endormant. C’est pourquoi, en pensant à ceux qui s’étaient endormis, l’apôtre les appelle : « ceux qui dorment ». Nous trouvons la même expression au chapitre 5, 10 : « Soit que nous dormions ». En 1 Corinthiens 15, 51, l’apôtre, parlant au futur, dit : « Nous ne nous endormirons pas tous ». Nous n’entrerons pas tous dans ce sommeil. La mort est comparée à un sommeil, mais, hâtons-nous de le dire, cela est relatif au corps seulement et non pas à l’esprit. L’état de l’âme séparée du corps n’a rien du tout à faire avec cet état de sommeil. Jésus, sur la croix, dit au malfaiteur qui se recommandait à Son souvenir, pour le moment où Il viendrait dans Son royaume : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 43). Or ce n’était pas en vue d’y aller dormir. Paul dit : « Nous savons qu’étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur… et nous aimons mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur » (2 Cor. 5, 6-8). Parlant de lui-même, Paul dit encore : « Mais je suis pressé des deux côtés, ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur » (Phil. 1, 23).

C’est ainsi que la Parole s’exprime, pour désigner l’état bienheureux des rachetés qui sont auprès du Seigneur, en attendant la résurrection de vie. Il n’est pas question de dormir dans le paradis !

Il faut encore remarquer que, si c’est l’âme du racheté qui est présente avec le Seigneur, tandis que son corps est couché dans la poussière, la Parole nous parle toujours de lui comme d’une personne, quelle que soit la phase qu’il traverse. Le Seigneur ne dit pas au brigand : Aujourd’hui, ton âme sera avec la mienne, mais : Tu seras avec moi dans le paradis. L’apôtre ne dit pas : Nous aimons mieux être absents du corps pour que notre âme soit présente avec le Seigneur ; c’est un être, jusqu’ici logé dans le corps, qui se trouve présent avec Lui. Il ne dit pas, en Philippiens 1 : Ayant le désir de déloger pour que mon âme soit avec Christ, mais pour y être, moi, personne spirituelle.

Cette manière de parler s’applique aussi au corps. Il est dit de Christ, au psaume 16 : « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption », ce que le Saint Esprit, par l’apôtre Pierre, traduit ainsi : « Il n’a pas été laissé dans le hadès, et sa chair non plus n’a pas vu la corruption » (Act. 2, 31). Le Seigneur Lui-même dit : « Ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix » (Jean 5, 28). Et encore : « Lazare, notre ami, s’est endormi ». Et encore : « Où l’avez-vous mis ? » (Jean 11, 11, 33). De même, dans notre passage : « Ceux qui dorment » (1 Thess. 4, 13). Étienne, lapidé par les Juifs, dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». « Et quand il eut dit cela, il s’endormit ».

Cela nous ramène à ces mots qui désignent un état : « Ceux qui dorment ».

La mort a pour effet de séparer les deux parties qui constituent notre personne, l’âme et le corps. L’esprit est auprès du Seigneur — je parle des rachetés — le corps dans le sépulcre. Avant le délogement cette personne était vivante, corps et âme réunis. Nous trouvons cela dans un des versets inscrits en tête de ces pages : « Nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur », et encore, dans cette parole du Seigneur à Marthe : « Quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais » (Jean 11, 26). À la résurrection de vie, cette même personne, dont le corps sera ressuscité en incorruptibilité, en gloire, en puissance, corps spirituel (1 Cor. 15, 42-44), et aura revêtu son domicile qui est du ciel (2 Cor. 5, 2), se trouvera, de nouveau vivante, corps et âme réunis. Voilà pourquoi, dans plusieurs passages, vivre équivaut à ressusciter : « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra » (Jean 11, 25). « Car puisque la mort est par l’homme, c’est par l’homme aussi qu’est la résurrection des morts ; car comme dans l’Adam tous meurent, de même aussi, dans le Christ, tous seront rendus vivants » (1 Cor. 15, 21-22). « Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (1 Thess. 5, 9, 10). Enfin, en Apocalypse 20, il est dit des martyrs de l’économie future qui auront part au dernier acte de la première résurrection : « Et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans » ; et quant aux méchants qui ressusciteront pour être jugés : « Le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ». Mais des croyants il est dit : « C’est ici la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (Apoc. 20, 4-6).

Ces déclarations montrent qu’une personne n’est appelée vivante que dans la réunion de l’âme et du corps, soit avant la mort, soit après la résurrection. Dans l’état intermédiaire entre la mort et la résurrection, cette même personne existe, ayant, à titre provisoire, son corps en terre, son âme auprès du Seigneur, comme dit l’Ecclésiaste : « Et que la poussière retourne à la terre, comme elle y avait été, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (12, 7).

Revenons maintenant au terme : « ceux qui dorment ». C’est une image qui s’applique, comme nous l’avons vu, au corps et non à l’âme, mais qui, dans le Nouveau Testament, n’est jamais employée que pour les rachetés. Image précieuse, indiquant le repos qui suit le travail et la lutte d’ici-bas, mais indiquant aussi la certitude du réveil en résurrection. Comment parlerait-on de la mort d’un homme qui l’instant d’après pourrait ressusciter ? De plus, à ce moment-là, celui qui déloge ferme les yeux à tout l’univers visible, comme une personne qui s’endort, et reste dans cet état jusqu’au réveil. Il y a toutefois cette différence que, dans le sommeil d’ici-bas, on perd plus ou moins conscience de soi, tandis que dans le « dormir », l’âme toujours active vit auprès de Christ dans la jouissance des réalités invisibles, dans le repos, en attendant ce qui est plus excellent encore et ne peut être réalisé que dans l’homme complet, corps et âme : la gloire et Le voir tel qu’Il est, Lui étant rendus semblables.

Cet état de sommeil interrompt les communications entre ceux qui sont délogés et ceux qui restent. Nous savons qu’ils sont dans la félicité avec le Seigneur, mais nous ne pouvons avoir de relations avec eux et nous pensons avec joie au moment où elles se renoueront en résurrection.

*
*     *

Cette digression nous ramène aux versets 13-18 de 1 Thessaloniciens 4. L’apôtre dit : « Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance ». Il ne dit pas : afin que vous ne soyez pas affligés du tout. L’affliction du deuil est reconnue dans la Parole, et la rupture momentanée des relations mutuelles est cruelle pour le cœur. Un chrétien n’est pas appelé à prendre le deuil à la façon des stoïques. Mais d’autre part l’apôtre ne voulait pas que les chrétiens de Thessalonique s’affligeassent à la manière de ceux qui n’ont pas d’espérance. En effet, ce sentiment s’exprime souvent chez les mondains par cette exclamation désespérée : « Je ne te reverrai donc jamais » ! Mais les enfants de Dieu ont la certitude que cette séparation n’est que momentanée et cette espérance est un baume précieux sur la plaie de leur cœur : « Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (v. 18).

« Car si nous croyons que Jésus mourut, et qu’il est ressuscité » (v. 14). Telle est la foi du chrétien dans toute sa simplicité et dans toute sa vérité : il croit, non seulement que son Sauveur mourut, mais aussi qu’Il est ressuscité ; « lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25). « Car je vous ai communiqué avant toutes choses ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Cor. 15, 3, 4).

Ensuite l’apôtre tire du fait que Jésus mourut et qu’Il est ressuscité, la conclusion qu’il est impossible à ceux des siens qui ont passé par la mort de ne pas suivre le même chemin que leur Sauveur. Ils devront donc ressusciter. Ceux qui se sont endormis en Jésus ne peuvent manquer au cortège glorieux du Seigneur, quand Il reviendra prendre en main toutes choses et établir Son règne. Le dernier verset du chapitre 3 le leur disait déjà : « En la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ».

Dieu qui a ressuscité Jésus, ne manquera pas de ramener avec Lui ceux qui se sont endormis en Jésus. Comment laisser en arrière des rachetés pour lesquels l’acte de mourir a été transformé en celui de s’endormir dans le sein de leur Sauveur ? Remarquez encore que l’apôtre ne pouvait pas dire : « Si nous croyons que Jésus s’endormit… » car notre adorable Sauveur a dû goûter la mort, comme jugement de Dieu à cause de nos péchés, mais, en la subissant, Il l’a annulée pour Ses rachetés, en sorte qu’ils peuvent s’endormir au lieu de mourir.

Il est important de saisir que la fin du verset 14 a trait au retour du Seigneur Jésus en gloire, accompagné de tous Ses saints, et non à leur enlèvement. Ce verset 14 répondait d’une manière complète à l’erreur des Thessaloniciens au sujet de leurs frères qui s’étaient endormis. Ils n’étaient plus désormais dans l’ignorance à leur sujet ; ils savaient qu’aucun d’entre eux ne manquerait au glorieux cortège du Seigneur, et que Dieu les ramènerait avec Lui. S’il ne s’agissait que de les mettre au clair sur ce sujet, l’apôtre aurait pu s’en tenir là et lier, comme il le fait du reste, le verset 14 au premier verset du chapitre 5. Mais il introduit (v. 15-18) une parenthèse, et quelle parenthèse !… une révélation toute nouvelle sur ce qui arrivera à tous les saints, avant leur retour en gloire avec le Seigneur ! Pour être ramenés avec Lui, il faut qu’ils soient préalablement emmenés en haut par Lui.

La révélation contenue dans ces versets fait, sans doute, allusion à ce que les Thessaloniciens avaient craint au sujet de leurs morts, mais elle leur apprend qu’eux-mêmes, aussi bien que ceux-ci, seront auparavant enlevés en haut dans la gloire. « Car nous vous disons ceci, par la parole du Seigneur, que nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis ». Ils avaient pensé que ces derniers resteraient en arrière ; ils apprennent maintenant que les saints endormis auront au contraire le pas sur eux. « Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement (ou de rassemblement), avec une voix d’archange (ou la voix de l’archange, car il n’y a qu’un archange dans la Parole), et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ». Remarquons d’abord que c’est le Seigneur en personne, et non un de ses agents, qui vient à la rencontre de Ses bien-aimés. Il est dit d’une autre catégorie de Ses rachetés : « Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette ; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout » (Matt. 24, 31). C’est le rassemblement des élus du peuple d’Israël dans leur pays à la venue du Fils de l’homme. Mais lorsqu’il s’agit de l’enlèvement des saints, Sa chère Église se trouvant au milieu d’eux, Il vient Lui-même, selon ce qu’Il avait dit à Ses disciples : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi » (Jean 14, 3). Quand un ami m’annonce l’heure de son arrivée à la gare, je puis l’envoyer chercher par mon domestique, mais si c’est mon épouse, j’y vais moi-même.

Le Seigneur fera entendre le cri de rassemblement, l’archange transmettra le mot d’ordre, la trompette sonnera, et tous les saints partiront ensemble. Cependant divers actes se succèdent à ce moment glorieux : « Les morts en Christ ressusciteront premièrement ». Au lieu d’être en retard ils ont le pas sur les vivants, parce qu’ils ont suivi le même chemin que leur Sauveur, à travers la mort, pour atteindre la résurrection. Il faut être mort en Christ pour y avoir part. Ceux-là sortiront du milieu des morts, en les laissant où ils se trouvent jusqu’à la résurrection de jugement. À ce moment-là, la grande majorité des saints était, à l’état d’esprits, depuis longtemps avec le Seigneur, mais il faut encore qu’ils sortent d’entre les morts, comme leur Sauveur en est sorti, et que, comme Lui, ils montent en personne de la terre au ciel.

De chers enfants de Dieu qui croient à l’enlèvement des saints, pensent à tort que cette parole du verset 14 : « Avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis en Jésus », a trait à leur résurrection. Ils croient que leurs âmes reviendront avec le Seigneur pour rejoindre leurs corps sortis de la poussière. Si l’apôtre s’était arrêté au verset 14, personne ne pourrait avoir une telle pensée. Le fait est que, selon les versets 15-18, Il les emmènera avec Lui et que, selon le verset 14, Il les ramènera ensuite avec Lui.

« Puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis, ensemble avec eux, dans les nuées, à la rencontre du Seigneur, en l’air ». Le Seigneur descend du ciel, mais non pas jusque sur la terre ; en descendant, Il nous appelle ; nous montons tous ensemble à Sa rencontre qui a lieu en l’air. Le rendez-vous des ressuscités et des transmués n’est pas la terre ; ils sont ravis ensemble, mais c’est pour être réunis avec le Seigneur.

Il peut être utile de rappeler que les « morts en Christ » qui seront ressuscités comprennent les justes de l’Ancien Testament qui, depuis Abel, ont passé par la mort, aussi bien que ceux qui font partie de l’Église. Hébreux 11, 40 nous apprend qu’ils nous attendent et ne parviendront pas à la perfection sans nous. La perfection, c’est la résurrection d’entre les morts (Phil. 3, 11-12). Les vingt-quatre anciens de l’Apocalypse (chap. 4-5) représentent les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament qui seront enlevés à la venue du Seigneur. Ces chapitres nous les présentent d’abord comme un ensemble, mais à la célébration des noces de l’Agneau (chap. 19), les deux classes dont ils se composent prennent chacune sa place respective. L’Épouse, la femme de l’Agneau, est l’Église, les bienheureux conviés au banquet des noces sont ceux qui n’en font pas partie. Dès lors on ne retrouve plus les vingt-quatre anciens.

« Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Une fois réunis tous ensemble avec le Seigneur, notre bonheur est accompli ; nous serons avec Lui pour toujours. Cela suffit ; la révélation se termine là, sans parler de toutes les gloires qui suivront. « Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles ».

En 1 Corinthiens 15, le même apôtre, après avoir donné beaucoup de détails sur la résurrection des « morts en Christ », ajoute (v. 51-52) : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés ». Il n’est pas nécessaire de s’endormir pour entrer dans la gloire, mais il faut être changés. « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3, 20-21). Ce pouvoir s’exercera sur les saints vivants pour les revêtir de leurs corps glorieux, sans que leur âme soit un instant séparée du corps. Ce qui est mortel en eux sera absorbé par la vie. La mort ne sera pas l’instrument pour les délivrer de ce qui est mortel, mais bien la puissance de vie, pour l’absorber (2 Cor. 5, 4-5).

L’apôtre dit : « À la dernière trompette, car la trompette sonnera ». Ce sera le dernier signal, le signal connu dans les armées pour la levée du camp et non pas, comme le pensent quelques-uns, la dernière des sept trompettes de l’Apocalypse.

« Et les morts ressusciteront incorruptibles ». Dans ce chapitre, les détails de la résurrection ne s’appliquent qu’à celle des rachetés, aussi n’est-il pas nécessaire de dire : « les morts en Christ ». Mais auparavant l’apôtre dit : « En un instant, en un clin d’œil ». Cela est difficile à concevoir, vu notre imperfection actuelle. Le Seigneur descend du ciel avec trois choses successives : le cri de commandement, la voix d’archange, la trompette de Dieu ; puis les morts, ayant le pas sur les vivants, ressuscitent premièrement, puis les vivants sont transmués, et tous sont enfin ravis ensemble. Et cette transmutation se passe « en un instant, en un clin d’œil » ; le temps pour un clignement des paupières. Tous les morts en Christ seront ressuscités en gloire et, joints aux vivants, réunis auprès du Seigneur en un clin d’œil — pour ces derniers l’instant d’avant, le travail, la fatigue, la souffrance, et l’instant d’après, ayant à peine le temps de s’en apercevoir, auprès du Seigneur, dans la gloire !

Pourquoi donc nos cœurs ne bondissent-ils pas de joie, en pensant à ce moment merveilleux qui sera la réponse finale à tant de cris, de soupirs, de besoins et de larmes, qui comprendra, du même coup, la délivrance complète de tout l’ordre de choses actuel et l’introduction complète dans tous les résultats glorieux et éternels de l’œuvre de notre bien-aimé Sauveur ? Moment béni, où nous en aurons fini individuellement avec tout ce qui se rapporte à notre présence dans un corps d’abaissement, dans un monde de péché, et où même nous retrouverons nos relations en Christ, mais dans la gloire, avec nos bien-aimés qui se sont endormis ! Moment merveilleux, où nous savourerons, dans son ensemble et tous ses détails, le bonheur éternel en la présence radieuse de notre Sauveur, dont nous verrons les traits adorables avec des yeux capables de les contempler, car nous Lui serons semblables, en Le voyant comme Il est ! Oui, quel moment quand notre premier sentiment sera que c’est pour toujours !

Or ce moment ne peut manquer à aucun racheté, qu’il soit mort depuis six mille ans, qu’il le soit depuis l’accomplissement de l’œuvre de la croix, ou qu’il vive à ce moment-là. Tous s’y trouveront et monteront ensemble de la terre au ciel, comme leur Sauveur y est monté. « Soit que nous veillions — dans le corps — soit que nous dormions — absents du corps — nous vivrons ensemble avec lui » (1 Thess. 5, 10).

Puissions-nous, avec des cœurs attachés à la personne du Seigneur, réaliser cette parole de l’apôtre Jean : « Et quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme Lui est pur » (1 Jean 3, 3).



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1899.