Écho du Témoignage:Communion avec Christ/Partie 6
Souffrir avec Lui
Trois passages de l’Écriture peuvent servir comme d’introduction à notre méditation :
1. Romains 8, 17 : « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, si du moins nous souffrons avec Lui (ειπερ συμπασϰομεν) afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».
2. 2 Timothée 1, 8 : « Ne prends donc pas à honte le témoignage de notre Seigneur, ni moi son prisonnier ; mais prends part aux souffrances (συγϰαϰοπαθησον) de l’évangile, selon la puissance de Dieu ».
3. 2 Timothée 2, 12 : « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui » (ει υπομενομεν ϰαι συηϐασιλευσομεν).
Le dernier de ces passages (2 Tim. 2, 12) rattache et fait contraster la souffrance ou le support patient de l’épreuve maintenant, avec la participation future à la domination de Christ. Maintenant, la patience ; alors, la domination avec Christ. Cette manière de rendre la chose est plus expressive que si on disait : « la souffrance, maintenant ; la domination, alors ».
Le second (2 Tim. 1, 8) rattache la souffrance des afflictions avec l’œuvre du témoignage de Paul, et invite les autres à prendre part aux épreuves. Il rappelle naturellement à l’esprit un texte bien connu de l’épître aux Hébreux qui nous présente un autre témoin qui vivait en d’autres jours (chap. 11, 24-26) : « Par la foi, Moïse étant devenu grand refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, choisissant plutôt d’être affligé avec (συγϰαϰουϰεισθαι) le peuple de Dieu que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte : car il regardait à la rémunération ». En Égypte, place honorable : être appelé fils de la fille de Pharaon ; et posséder là assez de trésors pour servir à goûter pour un temps de telles choses que les délices du péché. Mais la foi qui révéla Dieu à Moïse fit préférer à Moïse les afflictions du peuple de Dieu et l’opprobre de Christ.
Qu’avaient de commun Dieu et l’Égypte, ou Dieu et la maison de Pharaon et les richesses de cette maison ? Absolument rien ; et Moïse le savait et agit en conséquence. Le monde d’aujourd’hui est pour nous chrétiens, d’après la Parole de Dieu, ce que l’Égypte était pour Moïse. L’estime morale que nous en faisons et la conduite que nous tenons à son égard, ressemblent-elles à celles de Moïse à l’égard de l’Égypte ? (Lecteur, votre choix et votre goût sont-ils, dans la pratique, les mêmes que ceux de Moïse ?) Quelles que soient les souffrances à endurer, quelles que soient les afflictions qui attendent maintenant les prédicateurs de l’évangile, en toutes ces choses, la foi réclamera sa part.
Mais ce n’est pas simplement que nous devons être patients pendant que nous attendons le royaume qui nous est réservé, ou qu’il y a certaines afflictions qui accompagnent naturellement le travail donné à faire au serviteur du Seigneur ; la position dans laquelle il est placé, le peuple auquel il est rattaché, l’œuvre du témoignage, tout cela amènera maintenant de la souffrance ; c’est parfaitement vrai. Mais l’enseignement contenu dans notre premier texte est d’une portée plus étendue encore. Cette parole : si nous souffrons avec Christ, met devant nous le Fils de l’homme.
C’était d’un don de pure grâce aux Philippiens que Paul parlait (chap. 1, 29) : « Il vous a été gratuitement donné dans ce que vous faites pour Christ, non seulement de croire en Lui, mais aussi de souffrir pour Lui ; ayant à soutenir le même combat que vous avez vu en moi, et que vous apprenez être maintenant en moi ». Mais ensuite, il continue (chap. 2) en leur montrant qu’il y avait encore quelque chose de plus à quoi l’accès leur était ouvert, savoir d’agir comme des gens qui avaient la pensée de Christ. Car il était un serviteur de Christ qui pouvait dire de lui-même par grâce : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et, ce qui manque aux afflictions du Christ, je l’accomplis pour ma part dans ma chair, pour son corps qui est l’assemblée » (Col. 1, 24).
Pour ce qui est de la croix, Christ l’avait portée tout seul ; il y avait pris sur Lui seul toute la colère due au pécheur. Mais la croix ne constituait pas toutes les afflictions de Christ ; il y avait encore ce qui manquait aux afflictions de Christ pour nous aussi ; et lorsque nous considérons que l’Esprit rendit témoignage aux prophètes des « souffrances de Christ » en un temps où la manifestation de la condition réelle de l’homme était plus l’objet des voies de Dieu que maintenant, où, l’homme s’étant montré irrémédiablement mauvais par son rejet de l’amour du Fils de Dieu, Dieu manifeste Son propre amour envers l’homme comme pécheur ; quand, dis-je, nous considérons cela, nous ne devons pas être surpris de trouver ces souffrances de Christ, qu’Il endura de la main de l’homme, et comme fruits de la condition de l’homme, largement développées dans l’Ancien Testament. L’apôtre eut sa part dans beaucoup de ces souffrances, et porta par grâce sa portion. Jaloux contre ceux qui désiraient éviter ces souffrances de Christ, il combattait avec force et sans ménagement ceux qui prétendaient détourner la colère de Dieu contre le péché par une autre voie que par la croix de Christ endurée par Lui seul sur le Calvaire. Jamais apôtre ne songea follement à partager lui-même la colère de Dieu due au péché, qui avait été déjà portée par Christ le juste, à la place de plusieurs injustes.
Je ne trouve pas, dans les huit premiers psaumes, d’allusion aux souffrances expiatoires ; mais je ne saurais lire ces psaumes sans y voir ces souffrances de Christ auxquelles le serviteur de Dieu peut participer.
La perfection du Bien-aimé, dont il est parlé dans le psaume 1, est présentée de cette manière : — « Il prend plaisir en la loi de l’Éternel, et il médite jour et nuit en sa loi ». Mais quel est l’effet de cela sur lui-même quand autour de lui, tout ne présentait que le spectacle du conseil des méchants, de la voie des pécheurs, du banc des moqueurs ? L’isolement pour quelqu’un qui aime la communion ; le rejet pour un cœur dont les affections sont expansives ; l’amour et le zèle ardent pour le Seigneur et la dépendance de Lui au milieu d’une scène pareille — dans un lieu aimé de Lui, mais parmi un peuple qui n’avait pas de cœur pour le Seigneur — sont autant de causes de souffrance. Mais être pénétré et jouir de la Parole de Dieu ; trouver que demeurer en elle est le but même de la vie, et savoir quel misérable sort elle annonce à ceux qui la rejettent à cause de son contraste avec leurs propres plans, leurs voies et leurs desseins arrêtés, c’est là une profonde douleur pour quelqu’un qui connaît Dieu et sait ce qu’Il est, et qui voit ce qu’est l’homme pour s’opposer à Dieu. Or, en tout cela, ce qui fut pleinement développé dans le Christ peut être partagé par tous ceux qui ont jamais eu l’esprit et la foi des élus du Seigneur.
Dans le psaume 2, nous voyons que non seulement l’homme individuellement est méchant, mais qu’il existe un pouvoir qui gouverne le monde dans son ensemble, et qui mène à l’entière réjection, de la part de la terre, tant de Christ que de ceux qui sont à Lui.
Le Seigneur Jésus a fait pleinement et tout seul l’expérience de cela ; mais Pierre, Jacques et Jean la firent ensemble, quand, en Actes 4, par exemple, ils citent la fin du psaume 2 comme s’appliquant à la fois à la réjection de Christ et à leur propre position.
Dans le psaume 3, nous trouvons quelqu’un n’ayant que des multitudes de difficultés devant lui et autour de lui, et pas de réponse à aucune d’elles si ce n’est dans le Seigneur. Qui, sauf le Christ, a goûté cela pleinement ? Qui a jamais marché réellement avec le Seigneur, et ne l’a pas, selon la mesure de sa foi, goûté aussi et l’affliction qui en résulte ?
C’est une chose bénie, et non sans douceur, bien que l’amer y soit mêlé avec le doux, quand, au milieu de milliers et dizaines de milliers d’épreuves, l’énergie de l’âme est réveillée, comme dans le psaume 4, par le sentiment du contraste entre sa propre intégrité envers Dieu, et l’entière corruption dans la méchanceté de tout ce qui est autour d’elle ; et ce genre de souffrance a son propre genre de consolation — consolation qui lui est aussi particulière que l’espérance est la consolation particulière de l’état décrit dans le psaume 1 ; l’attente, celle de l’état présenté au psaume 2 ; le privilège de se fortifier en Dieu, la consolation de celui que décrit le psaume 3.
L’appel à Dieu contre les méchants caractérise le psaume 5, comme la patience sous la discipline et le châtiment caractérise le psaume 6, et l’appel du jugement sur l’ennemi, le psaume 7.
La pensée de Christ peut n’être que peu connue, si on ne connaît pas Ses souffrances au sujet de la méchanceté des méchants qui L’entouraient. Son cœur peut ne nous avoir été que bien peu révélé, si nous n’avons jamais vu Sa douleur quant à l’état du peuple d’Israël, humilié par la discipline et le châtiment à cause de sa marche insouciante avec Dieu. Comment pouvait-Il être le Fils, le serviteur de Dieu — Celui auquel étaient échus tous les devoirs de roi, de prophète et de sacrificateur de cette nation — et ne pas souffrir douloureusement de la discipline sous laquelle se trouvait la nation ? Et Ses sévères paroles contre les cœurs endurcis de cette race de vipères — Ses larmes sur Jérusalem qui lapidait les prophètes, etc., tout cela était pour Lui un service de souffrance — service dans lequel Paul avait part avec son Maître, à quelque distance qu’il s’y tînt de Lui, d’ailleurs, quant à la mesure. Nous pouvons appliquer à tout cela la précieuse déclaration : « Si du moins nous souffrons avec Lui, pour que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».
Le psaume 8 est un psaume de gloire ; mais comme le chapitre 2 de l’épître de Paul aux Philippiens nous l’enseigne, la gloire due au Fils de l’homme était au terme d’un sentier de souffrance et de douleur. Celui qui devait, selon le conseil divin, être le centre d’un système nouveau en tant que Fils de l’homme, avait à s’abaisser à suivre un sentier de service plein de souffrance, et à être obéissant jusqu’à la mort — la mort de la croix, avant d’être souverainement exalté, de recevoir un nom au-dessus de tout nom, et d’être placé comme Fils de l’homme à la droite du Père. La croix n’est pas envisagée en Philippiens 2, comme l’expression soit de l’amour de Dieu pour l’homme dans Sa miséricorde à procurer un agneau, soit de l’amour de Christ pour l’homme dans Sa grâce à se donner Lui-même, le juste pour plusieurs injustes, mais comme l’expression de la perfection de Son obéissance — obéissant jusqu’à la mort, la mort de la croix. Béni soit Dieu, nous savons que c’est là, et là seulement, que fut trouvée cette unique chose sans laquelle Dieu ne pouvait être juste tout en justifiant le pécheur — sans la connaissance de laquelle aucune âme ne peut jamais avoir à faire avec Dieu dans la paix ; mais le but de ce passage n’est pas de nous montrer cela, mais bien une autre vérité. Et nous n’honorons pas la Parole de Dieu et n’avançons pas non plus une pensée juste, lorsque, quoique sans intention de le faire, nous imposons à des passages un sens autre que leur simple signification. Or, le sens de Philippiens 2, aussi bien que le but de l’apôtre en l’écrivant, est d’insister auprès du disciple sur la conformité pratique de ses pensées et de sa conduite avec celles de Christ, et non pas de faire voir à celui qui cherche, où il pourra trouver la paix. Et certainement, ceux qui se sont connus bénis ainsi avec Christ, par grâce, et ont essayé de faire voir en eux le sentiment et la marche de leur Maître, ont appris que c’est un sentier de souffrance, de soumission et de renoncement.
Les fidèles de l’Ancien Testament doivent avoir trouvé dans les Psaumes (non pas tout ce que nous y trouvons), mais un témoignage manifeste que, indépendamment de toutes les bénédictions de Dieu pour un peuple sur la terre, la maison de la foi, qui, d’une manière ou d’une autre, fut toujours éprouvée, avait à faire avec Dieu dans le ciel. Le sentier de leur foi fut toujours un sentier de souffrance.
Ces quelques remarques peuvent suffire quant au fait qu’il y a pour notre précieux Seigneur des souffrances tout à fait distinctes de celles qu’Il endura comme portant le péché, ou même de Ses souffrances dans le témoignage. Si nous reposons sur l’œuvre qu’Il opéra en souffrant sur la croix, nous pouvons participer à Ses souffrances, dans le témoignage, etc. et de cette manière seulement.
La vie du Seigneur se divise en trois parties.
Il y a, d’abord, Sa vie privée, depuis Sa naissance jusqu’à Sa manifestation publique à Israël ; en deuxième lieu, Sa vie publique comme témoin pour Dieu à Israël ; et, troisièmement, cette portion seule, et en un certain sens, séparée du reste, dans laquelle Il porta nos péchés en Son propre corps sur le bois.
Une âme, enseignée de Dieu, aura appris la différence qu’il y a pour elle-même entre ces trois parties de la vie du Seigneur, bien qu’elle n’en ait peut-être jamais remarqué par elle-même les traits de distinction. La question concernant la manière dont Dieu peut recevoir un pécheur, la manière dont un pécheur peut aller à Dieu, ne peut jamais être vue si ce n’est par la croix où toute la colère de Dieu fondit sur Celui qui était le substitut. Il a fait Celui qui n’a pas connu le péché, être fait péché pour nous — afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Je n’ai en aucune façon l’idée que j’aie à endurer moi-même la colère de Dieu, ou quelque portion de Sa colère, comme colère de Dieu contre une créature : ce serait pour moi la misère et la ruine éternelle. Dieu n’a pas vu d’autre moyen que la croix de Christ, pour introduire et rendre efficace Sa miséricorde envers une créature trouvée sur le terrain de la rébellion. Et la foi ne connaît pas d’autre règlement de la question de la culpabilité de l’homme que celui-ci, savoir que toute la pénalité en a été portée par Christ — le juste à la place de plusieurs injustes.
Que, dans Sa vie, Christ ait souffert pour la justice, ait souffert en tant que juste et comme un juste témoin pour tous les droits de Dieu, et pour avoir insisté auprès de l’homme sur sa responsabilité vis-à-vis de Dieu, c’est ce qui ne peut être nié. Et ceux qui sont un avec Lui auront pareillement à souffrir. Ce serait impossible de tenir la parole de la justice, d’insister sur les justes droits de Dieu comme Créateur, Dieu de providence, et de presser sur le cœur de l’homme la responsabilité sous laquelle il est de satisfaire à ces droits dans un monde tel que celui-ci, et de ne pas souffrir pour cela. Mais tout en souffrant parfaitement pour la justice — comme quelques-uns ont fait et d’autres font maintenant d’une manière imparfaite — Christ introduisit pour ainsi dire une nouvelle espèce de souffrance — car Dieu fut pour la première fois publiquement présenté en Lui, comme agissant en grâce — « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même ». Non que la responsabilité en l’homme eût pris fin, mais il était introduit un nouvel élément qui avait en lui-même un caractère entièrement nouveau. L’homme était redevable à Dieu pour tout ce en quoi Il avait successivement béni les hommes. La création, la providence, le gouvernement, ne constituaient pas seulement des courants de bénédiction pour l’homme, mais par ces mêmes courants rendaient l’homme responsable. Mais lorsque Christ vint, quoiqu’Il pût rappeler et qu’Il rappelât en effet toute cette bénédiction et cette responsabilité au cœur de l’homme, Il vint dans un système ruiné comme Sauveur en grâce, et c’était là une tout autre chose. Si Israël n’avait pas voulu reconnaître Jéhovah habitant entre les chérubins, et être préservé ainsi de la famine, de la maladie et de l’oppression, voudrait-on reconnaître Jéhovah venant comme Fils de l’homme au milieu de la ruine que leurs péchés avaient amenée — pour nourrir ceux qui avaient faim, guérir les malades, sauver les pauvres et les débonnaires ?
Telle était la position nouvelle prise par Dieu en Christ : Christ fit ressortir avec force toutes les obligations de l’homme envers Dieu, mais Il était là Lui-même comme la réponse en grâce à tous les besoins. Lorsqu’Il agira en justice et soutiendra cette justice de Sa puissance, ce sera la révélation du jugement ; mais Il agissait en justice — reconnaissait tous les droits de Dieu — reconnaissait toutes les dettes de l’homme — mais se tenait là humble et débonnaire, s’offrant Lui-même pour satisfaire à tous les droits, à toutes les dettes, et faire cela à Ses propres dépens. Il fut ainsi continuellement repoussé de la muraille, et Il supporta tout cela avec une débonnaireté et une patience merveilleuses.
Les apôtres, et Paul en particulier, ne songèrent jamais un moment à nier les justes droits de Dieu, ou la responsabilité de l’homme à l’égard de la création, de la providence et du gouvernement — et ils souffrirent tous pour cela ; mais ce qui donna son caractère à leur souffrance comme souffrance avec Christ, c’est qu’ils étaient des témoins de la miséricorde et de la grâce de la part de Dieu envers l’homme, par le moyen de Christ et par la puissance du Saint Esprit, dans la résurrection. La place même que la résurrection tenait en rapport avec leur témoignage — « Jésus et la résurrection » — disait comment ils avaient à s’estimer comme des brebis pour la tuerie.
Il est impossible d’obéir à la Parole de Dieu et de ne pas souffrir ; et la Parole de Christ est inséparable des souffrances pour la grâce. Il en est beaucoup qui ne font pas de différence entre souffrir pour la justice et souffrir pour la grâce.
Mais de plus, dans le passage qui nous occupe (Rom. 8, 17), la souffrance est nettement définie par le contexte. Il ne s’agit pas ici de souffrance pour la justice, en quelque sens que ce soit : ni dans le sens que souffrit Abel qui fut tué parce que ses œuvres étaient bonnes, et qui était haï par son meurtrier dont les œuvres étaient mauvaises ; ni dans le sens que souffrirent Jérémie et d’autres prophètes pour le juste témoignage qu’ils rendaient pour Dieu contre un peuple injuste ; et même dans ce passage, la souffrance n’est pas limitée non plus aux souffrances qui accompagnent le service et le témoignage en rapport avec la grâce, comme faisant contraste avec la justice. Mais le contexte définit une certaine position, maintenant la position des croyants, et qui a des privilèges, une puissance, des espérances et des souffrances qui lui sont propres. Et tout cela est d’autant plus précieux que la position, les privilèges, la possession de la puissance, et la jouissance des espérances, sont présentement inséparables de la souffrance. Christ a goûté la mort pleinement, et réalisé la résurrection pleinement aussi — pour nous ouvrir cette position. Et bien qu’Il n’ait pas laissé de colère à goûter à nos âmes, et qu’Il soit Lui-même la résurrection et la vie pour nous, toutefois Il nous donne de connaître d’une manière pratique les principes de la mort et de la résurrection ; et cela, non seulement comme parfaitement mises devant nous en principe, comme réalisées par et en Lui-même, mais à cause qu’elles sont ainsi réalisées pour nous dans l’Esprit, Il ajoute pour chaque membre qui a participé à la bénédiction un goût expérimental de la mort et de la résurrection en eux-mêmes et dans leur carrière à travers leurs circonstances.
Le privilège d’une inséparable association avec Lui, comme le premier-né entre plusieurs frères, est un préliminaire au privilège de souffrir avec Lui. Il est maintenant dans le ciel comme Fils de l’homme ; mais Il y est avec un cœur capable d’être touché de tout ce qui touche Dieu et les siens là-bas dans le désert. Si nous avons besoin d’avoir Sa mesure d’une marche dans le désert, nous la trouvons parfaitement dans Sa vie quand Il était ici-bas. Mais la vie et la puissance pour marcher avec Lui, et (selon la mesure de notre foi) comme Il a marché, ne commence pour nous que dans notre connaissance de Lui comme monté en haut et comme restant là un certain temps pour l’amour de nous ; et la puissance pour continuer dans cette vie se trouve dans notre communion avec Lui dans le ciel. Dans la bénédiction d’être amenés à Lui, et dans notre communion avec Lui en haut, nous trouvons, en l’une, le commencement de la puissance, et, dans l’autre, le torrent par le chemin pour renouveler notre capacité d’être ici-bas dans les affections, les sentiments, et les pensées qui soient l’expression actuelle de Christ dans le ciel. Oh, combien tout est déchu en nos jours ! Où sont ceux qui montrent pratiquement la grâce régnant par la justice comme témoignage de leur jouissance présente de leur association avec le Fils de l’homme dans le ciel ? « Si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui ».
Dans un monde dont les fondements sont si ébranlés, où la puissance du mal domine, et où nous sommes nous-mêmes dans des corps de mort et de péché, la souffrance doit sûrement être la portion de l’homme. Les « souffrances de l’humanité » ne sont pas, cependant, les souffrances avec Christ. Le mondain les partage avec nous ; et la seule manière pour nous de les rattacher à Christ, c’est de les supporter dans la force de Christ et pour l’amour de Lui, en reconnaissant que toutes choses nous viennent de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même. Si on les supporte en chrétien dans la force de Christ, il y a une récompense de chrétien.
Il y a aussi une sorte de souffrances dans lesquelles, quoique la douleur en provienne pour nous de notre fidélité aux droits de Dieu, et de notre fidélité à reconnaître nos responsabilités propres comme créatures, nous ne pouvons être dits « souffrir comme chrétiens » comme s’exprime Pierre (1 Pier. 4, 16).
La fracture d’un membre, une fièvre, la pauvreté, peuvent être communes à moi et à mon voisin inconverti. Il peut murmurer ; et je puis trouver dans chaque souffrance pareille une occasion de patience, et de courage, et comme il convient à un chrétien. Puis encore, dans bien des questions concernant le gouvernement, le commerce, etc., la crainte de Dieu et le respect pour les justes droits de l’homme distingueront du mondain le chrétien conséquent. Mais dans aucun de ces deux cas, l’épreuve ne provient de la position dans laquelle nous a placés la foi de Christ ; dans aucun de ces deux cas, un chrétien conduit par l’Esprit, ayant ses pensées aux choses célestes, n’agirait autrement que ne ferait un Juif dont les espérances et les pensées n’allaient pas au-delà de la terre.
Mais il y a des souffrances qui proviennent de la foi en un Christ rejeté sur la terre et honoré dans le ciel, et qui, depuis le ciel, s’est révélé par la foi. Christ a Ses sympathies et Ses sentiments concernant les choses d’ici-bas, et c’est par un sentier de souffrance, de mort et de résurrection qu’Il veut faire passer Son troupeau élu. Les souffrances de ce sentier proviennent de la communion en vie avec Christ et sont l’expression de l’intelligence de Sa pensée et de la sympathie avec Son cœur. Telles sont les souffrances, avec Christ, que nous sommes occupés à considérer.
Le pèlerinage et la position d’étrangers ici-bas ; les exercices de cœur et d’esprit comme cherchant la gloire de Christ parmi les siens ; la douleur que l’on éprouve de la chute du témoignage et de l’état de faiblesse du troupeau avec toute la souffrance qui vient du privilège d’être placé dans la position par laquelle nous sommes un, pratiquement un, un de cœur et de pensées, un d’intérêts et de sentiments (hélas ! comme nous y atteignons peu !) avec un Christ honoré dans le ciel, qui est toujours visible pour nous par la foi, pendant que nous sommes dans le lieu où et d’où Il fut rejeté, et qui, comme lieu, ne nous connaît point parce qu’il ne L’a point connu : voilà l’espèce de souffrances que comprend l’expression « souffrir comme chrétien ». L’onction de Christ est sur nous, et nous sommes un avec Lui ; et il faut que nous souffrions, comme mourant nous-mêmes tous les jours, si la vie de Christ doit être manifestée en nous.
Tous les conseils de Dieu ont pour ainsi dire leur centre en Son Oint. C’est parce que le Fils de Dieu est en haut dans le caractère de créateur, de providence, et d’auteur des dispensations, que tous les desseins de Dieu demeurent fermes, et que Dieu peut agir d’après eux et à leur égard. Je ne saurais douter que c’est parce que le Messie est en haut que Dieu se souvient en haut d’Israël ; que c’est aussi parce que le Messie, qui est le chef du gouvernement et du culte sur la terre, est en haut, que Dieu pense aux nations telles qu’elles sont, et aux nations telles qu’elles seront, et agit à leur égard. Mais alors le croyant spirituel, céleste, en même temps que sa foi voit tout cela, et trouve en cela sa joie par rapport à Christ et son repos par rapport à lui-même, sait que la sphère de la vie et de l’action positive de l’Esprit en fait de vie et comme le Consolateur ou paraclet, est une sphère circonscrite. Le témoignage actuel du Seigneur Jésus se rattache à sa position présente, et l’œuvre actuelle du paraclet se rattache à la foi présente. Dieu nous a faits ce que nous sommes, Dieu nous a trouvés où nous sommes, et Il nous voit là où nous sommes ; mais ce qui est de nous, tout en pouvant être, et étant l’occasion pour Dieu et pour Christ d’être reconnus et honorés par nous, est une chose très différente de ce qui découle de l’onction, laquelle se rattache à la personne de l’Oint qui est dans le ciel, et de laquelle nous devons vivre, en agissant d’après elle et la reconnaissant ici-bas, selon la pensée de Christ, et par l’Esprit. Cette onction se rattache, dans toutes ses parties, à la grâce divine et céleste ; mais se rattache, pour nous, si nous vivons en elle, avec la souffrance. Non seulement le Fils de Dieu a appris l’obéissance comme Fils de l’homme, par les choses qu’Il a souffertes, mais, en outre, il était impossible que la vie de Dieu fût parfaitement déployée dans un monde tel que celui-ci, si ce n’est au milieu des souffrances. La grâce a besoin des circonstances difficiles de la nécessité et de la disette où elle puisse se manifester ; et elle ne peut voir des circonstances pareilles sans en faire une juste et, quant à elle, une triste appréciation en elles-mêmes, ainsi que du péché qui les a produites.
L’homme peut voir l’affliction et peut tâcher de l’alléger sans que le cœur goûte l’amertume, non pas de celle qui se trouve dans les circonstances seulement, mais de ce qui a amené les circonstances. Il n’en fut jamais ainsi de Christ ; il n’en est jamais ainsi de l’homme conduit par l’Esprit pour autant qu’il est enseigné de Dieu. Et qui peut voir ce qu’est la condition ruinée de l’Église, ce qu’est le triomphe du mal, ce qu’est la souverainement bonne opinion que l’homme a maintenant de lui-même, et voir cela avec des yeux éclairés par la gloire de Christ et avec une affection vivante pour Christ par l’Esprit, et ne pas trouver que c’est ici un monde de malheur pour lui, comme chrétien, comme quelqu’un qui s’occupe de Dieu et de Son Christ, comme quelqu’un qui entre en vraie et pleine sympathie avec Christ dans Ses pensées, Ses sentiments et Ses désirs, pour la gloire de Dieu et la bénédiction du peuple de Dieu ici-bas sur la terre ? Telle est la communion de Ses souffrances. Entrer dans Ses sympathies — sympathiser avec Lui, et vivre selon cette sympathie, c’est « souffrir avec Christ ».