Écho du Témoignage:Communion avec Christ/Partie 5

De mipe
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Assis avec lui dans les lieux célestes

« Et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 6).

Les mots a fait asseoir ensemble sont ici la traduction en français d’un verbe composé d’une préposition signifiant « ensemble avec », et d’un verbe qui signifie asseoir, placer, faire asseoir. Ce verbe, dans sa forme simple, est employé pour exprimer la position qu’occupe le Seigneur Jésus depuis Son ascension dans le ciel. Voici quelques-uns des passages où il se rencontre.

D’abord, Éphésiens 1, 20… « qu’Il (le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire) a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné (pour être) chef sur toutes choses à l’église, qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (v. 20-23). L’idée dominante de ce passage est évidemment celle de la gloire dans laquelle le Seigneur est reconnu. Il avait pris la place de serviteur ; comme Fils de l’homme, Il pouvait dire : « Mon Dieu » à Celui à qui par grâce nous disons : « Notre Dieu » (Jean 20, 17). Ici, c’est Dieu Lui-même comme tel qui agit : le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ — le Père de gloire a agi à Son égard de manière à signaler l’estime qu’Il fait de Lui et nous l’a déclaré dans Sa Parole, afin qu’ayant les yeux de notre cœur éclairés, et étant revêtus de l’esprit de sagesse et de révélation, dans Sa connaissance, nous connaissions ces choses concernant le Christ.

Le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, a fait asseoir à Sa droite dans le ciel, et a comblé là de titres d’honneur et de gloire, Celui qui disait de Lui-même quand Il était sur la terre : « Les renards ont des tanières et les oiseaux des cieux ont des demeures, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». L’acte par lequel Il Le fait asseoir à Sa droite, est la constatation que Dieu reconnaît la dignité de Celui qui est ainsi placé — Lui confère l’honneur qui Lui est dû. Il est vrai, comme nous le verrons bientôt par d’autres passages, que l’expression « s’asseoir », « faire asseoir », implique assez naturellement l’idée d’un repos personnel ; mais elle est employée ici en rapport avec la pensée de la gloire, et dans ces autres passages elle l’est en rapport avec la prise d’une position qui supposait une certaine œuvre achevée, un certain service accompli. Et cela fait une différence importante.

En second lieu, le passage Hébreux 1, 3 qui sous quelques rapports ressemble beaucoup au premier : « Dieu… à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui étant le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux » (v. 2, 3).

Une chose à remarquer, c’est qu’ici l’action est attribuée au Fils, Il s’assied Lui-même ; non pas considéré dans ce genre de gloire qui Lui est propre comme le Fils du Père, mais dans celle qu’Il possède comme Fils de Dieu. Ayant fait par Lui-même la purification de nos péchés, Il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. C’est là que nous Le voyons couronné de gloire et d’honneur. Il ne s’agit nullement dans ce passage de quelque office ou de quelque service de Christ ; ce qui nous y est présenté, c’est uniquement la position de gloire et d’honneur qu’Il a prise Lui-même, que Dieu reconnaît comme justement à Lui, et que ceux qui ont la foi confessent avec bonheur Lui appartenir. Il se repose dans la gloire ; gloire en contraste avec Son humiliation qui a pris fin ; gloire dans la majesté des hauts lieux, prise par Lui-même et reconnue de Dieu comme Lui appartenant en ce qu’Il L’a couronné de gloire et d’honneur : — mais s’Il est ainsi personnellement glorifié, Il attend là, au sein de la gloire qui Lui est propre et que seul d’entre les hommes Il pouvait posséder, jusqu’au moment où Il pourra revêtir celle qu’Il pourra partager avec les siens. Il est assis à cette droite de la Majesté jusqu’à ce que vienne le temps où Il prendra le royaume. Sa position est envisagée dans les chapitres 1 et 2, comme une position en gloire et ayant des gloires nombreuses rattachées à elle ; mais ce n’est qu’au chapitre troisième qu’est introduite l’idée du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme. Il importe d’autant plus de remarquer cela, que, plus tard, nous retrouvons présenté de nouveau le même fait qu’Il s’est assis, après qu’Il a été traité de diverses fonctions se rattachant au culte (voir chap. 10). Le gouvernement et le culte sont pour la pensée deux vérités inséparables lorsque Dieu, connu tel qu’Il est maintenant, est révélé. Les chapitres 1 et 2 contiennent maintes allusions au gouvernement quant à l’homme sous la direction de Dieu. La vérité relativement au culte commence d’être traitée au chapitre 3, et au chapitre 8, 1, nous trouvons la suprématie de Christ dans cette association d’idées.

Nous citerons maintenant ce passage : « Or la somme de ce qui a été dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite de la Majesté dans les cieux ». L’un et l’autre de ces passages (1, 3 et 8, 1) attribuent à Christ la place la plus élevée, mais le premier a trait plutôt à la domination[1] et le dernier au culte. Ils disent tous deux la prééminence de Sa gloire.

Dans un autre passage, l’accent n’est pas mis sur la gloire dans laquelle Christ est assis, ni sur ce qui s’attache à Celui qui est assis ; mais on y trouve signalé un contraste entre la position de se tenir debout et celle d’être assis. Sous la loi, « tout sacrificateur se tient debout chaque jour faisant le service et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés ; mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis (et demeure assis) à perpétuité à la droite de Dieu » (Héb. 10, 11, 12).

Les nombreux sacrificateurs, et Celui qui devait venir, et dont ils étaient tous le type ; le service de chaque jour et les offrandes répétées — le sacrifice offert une seule fois ; le fait aussi de se tenir debout pour faire l’œuvre — le fait d’être assis parce que l’œuvre était finie ; voilà les points qui sont mis en contraste. Le sacrificateur de l’ordre lévitique avait nécessairement à répéter le sacrifice, parce que le tabernacle était sur la terre et avait simplement pour but la gloire de Dieu comme Roi d’Israël, et les besoins de ce peuple, et que tout le service était achevé dans un cycle limité à une année. C’est bien aussi sur la terre que Christ a répandu Son sang, mais c’est dans le vrai tabernacle que le Seigneur a dressé et non pas l’homme, qu’Il s’est présenté dans la puissance du sang ; Son œuvre a servi à glorifier Dieu, comme Dieu, pour l’éternité, et à pourvoir aux besoins de tous ceux qui croient, qu’ils fassent partie des saints célestes ou des saints terrestres, et c’est dans la propre éternité de Dieu que Son œuvre a été faite. « S’est assis (et demeure assis) à perpétuité à la droite de Dieu » peut très bien s’appliquer à l’œuvre dont il s’agit dans le passage — qui ne traite pas du lieu où doit se déployer la dernière gloire de Christ, ni de ce en quoi consiste Son service actuel, mais de la valeur du sacrifice expiatoire offert en ce grand jour des propitiations auquel Il présidait : — l’œuvre était achevée, achevée pour toujours ; et, quant à elle, Il s’est assis. Et Il l’a fait avec d’autant plus de raison aussi, que, par cette seule offrande, « il a rendu parfaits, à perpétuité, ceux qui sont sanctifiés » (v. 14). Or, si par la foi dans le sang je suis sanctifié, je suis, par cette seule offrande, rendu parfait à perpétuité : ma conscience a pour sa réponse devant Dieu ce que Dieu a fait pour se justifier Lui-même, en agissant en miséricorde, comme sur le trône du ciel : Christ qui a la pleine intelligence de l’estime que Dieu fait des choses et de l’exactitude de cette estime, ne pouvait pas affirmer qu’il était encore besoin de sacrifice, sans dépriser Sa propre œuvre et l’estimation que Dieu en fait ; et ainsi, l’estime que fait l’âme qu’elle n’a besoin de rien en fait de sacrifice, est prouvée être exacte et juste.

Dans les passages où il ne s’agit pas de la pleine suffisance et de la perfection du sacrifice de Christ offert une seule fois, mais des sympathies de Christ pour les souffrances de Ses fidèles témoins (comme en Act. 7, 55, 56), le Seigneur Jésus est représenté, non pas comme assis, mais comme debout. « Mais lui (Étienne) étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus se tenant à la droite de Dieu, et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme se tenant à la droite de Dieu ». D’un autre côté, dans les passages qui nous Le présentent, non comme sympathisant avec les souffrances des siens encore dans le désert, mais comme en ayant fini (non pas avec Son offrande sacerdotale, parce qu’Il était Lui-même la seule offrande qui pût être offerte, et qui l’a été et a été acceptée, mais) avec Ses souffrances, comme l’homme de douleurs, nous trouvons le repos dans lequel Il est entré à cet égard, signalé par le mot s’asseoir.

« Rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui nous est proposée, fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (12, 1, 2). Véritablement Il est dans la gloire, mais c’est une gloire dont le repos est mis en contraste avec le sentier de douleur qui L’y a conduit et que nous avons à fouler maintenant. Apocalypse 3, 21 est un verset semblable sous quelques rapports. « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône »[2]. Un repos dans la gloire, voulu et préparé par l’amour, tel est le prix du vainqueur, ou l’un des prix nombreux par la pensée desquels notre Seigneur veut réjouir nos cœurs.

Dans le passage, Apocalypse 20, 4 : « Je vis des trônes ; et ils étaient assis dessus », il semble que le mot emporte surtout l’idée d’« installation dans une charge ». Ils étaient rois et sacrificateurs avant — et ils l’avaient su ; ils avaient été les bienvenus en la présence de Christ ; la gloire avait déjà commencé. — Mais c’est à présent qu’ils commençaient à être assis sur les trônes et à régner avec Lui.

On peut parfaitement recueillir de ces précieux passages, quelque juste idée de ce que sont les pensées de l’Esprit de Dieu en rapport avec la séance de Christ à la droite de Dieu. « Le Christ », en tant qu’espérance juive sur la terre, devait être roi et avoir des sujets ; mais le Seigneur Jésus, comme tel, fut rejeté, et nous trouvons, dans les écrits de Paul aux Éphésiens, ce qu’est « le Christ » que le ciel accueillit quand la terre L’eut rejeté. Il fut donné pour être Tête sur toutes choses à Son Église, qui est (de même que le corps avec ses divers membres l’est pour la tête) nécessaire pour faire l’homme parfait. Le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, nous connaît comme membres de Son corps, comme un seul Esprit avec le Seigneur. Et, en conséquence, non seulement il ne peut exister de séparation entre la Tête et les membres, mais le membre est nécessairement et toujours considéré par Dieu comme un membre et vu comme un membre du corps dont Christ est la Tête. A-t-Il repris Sa vie ? Nous avons été vivifiés avec Lui. A-t-Il quitté le tombeau et s’est-Il montré de nouveau vivant ? Nous avons la vie ensemble avec Lui. Est-Il monté en haut ? Nous y sommes montés avec Lui ! Dieu L’a-t-Il fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes ? Dieu nous voit comme assis ou placés également avec Lui dans les lieux célestes. Plus bénie, infiniment plus bénie que la gloire, que tous les privilèges, tout l’honneur possible, est cette grande vérité de notre identification, dans la pensée divine, avec la personne de Christ Lui-même. Lui la Tête — nous, rien que les membres, il est vrai, mais quelle union, quelle communion, est pareille à l’union, à la communion de la vie — une vie en commun ! Et, chose merveilleuse, nous avons une vie, Sa propre vie, si complètement en communion, si inséparablement en union avec le Christ qui est assis en haut dans les lieux célestes, que Dieu parle de nous (faibles et toutefois riches) comme assis ensemble avec Christ dans les lieux célestes. C’est une chose tout à fait accidentelle que nos corps soient encore ici-bas : que seulement le Christ se lève du trône de Son Père (Son Père et le nôtre), et nous sommes aussitôt trouvés, corps, âme et esprit, là où nous sommes maintenant ; c’est-à-dire, maintenant au moyen de la vie qui est dans le Christ qui est là-haut, et en nous qui sommes ici-bas. C’est pour un homme une anomalie, quelque chose d’anormal, d’avoir son corps sur la terre, et de posséder une vie divine et céleste, coulant par Lui du ciel et revenant au ciel. Cette vie est une réalité éternelle ; son principe et sa source, c’est Christ, et l’union vitale que nous avons avec Lui est une chose beaucoup plus réelle, efficace et importante, que le fait accidentel de la présence de nos corps ici-bas. Il me semble que beaucoup méconnaissent l’unité de vie du Christ et de Ses membres : ils peuvent penser qu’il y a une abondance de vie en Lui en Dieu pour eux ; ils peuvent admettre qu’Il leur a donné la vie éternelle, que l’Esprit habite en eux pour nourrir une semence incorruptible, etc. ; mais quant à l’unité de vie entre eux-mêmes et le Christ, ils ne la voient pas ou ne la reconnaissent pas, et, en conséquence, ils ne peuvent pas agir selon elle et d’après elle. Tous ceux en qui l’Esprit de Dieu et de Christ habite, sont réellement et vitalement un avec le Christ qui est en haut. Cette union est dans l’Esprit, mais elle existe réellement et est connue de nous comme existant — et c’est une union qui exclut pour toujours toute idée de séparation entre la Tête et les membres. La voir et en jouir, et voir la grâce à laquelle nous en sommes redevables, donne intelligence à l’esprit et chaleur aux affections du croyant, comme rien autre ne saurait le faire : une intelligence et des affections telles qu’il les faut, pour leur marche céleste ici-bas, à des gens qui sont fils et filles du Seigneur Dieu Tout-puissant.

J’ai pensé plus d’une fois qu’entre tous les passages qui enseignent la doctrine de la communion du croyant avec Christ, aucun ne montre que c’est réellement une communion en vie avec autant de force que le passage qui nous occupe en ce moment, et d’autres semblables qui font voir que Dieu reconnaît notre union avec Son Fils, comme le Christ, dans l’intervalle qui s’écoule entre la réjection de Christ par l’homme et Sa prise de possession de la gloire qui doit encore Lui échoir. Le Fils de Dieu « étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu » (Phil. 2, 6). Comme Fils du Père, il est écrit de Lui : « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est au sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1, 18). La gloire divine Lui était propre personnellement. Il avait la gloire auprès du Père avant que le monde fût (17, 5). Lorsqu’Il devint Fils de l’homme, Il devint en grâce et en miséricorde homme de douleurs et sachant ce que c’est que la langueur — de manière (car cela ne pouvait avoir lieu qu’ainsi) à pouvoir partager avec d’autres hommes les titres de gloire appartenant au Fils de l’homme. Son œuvre sur la terre achevée, mais le peuple terrestre n’étant pas prêt à recevoir la bénédiction, et bien plus la rejetant — Il s’en alla en haut et prit Son siège sur le trône de la Majesté, dans les lieux très hauts, glorifié comme Fils de l’homme de la gloire qu’Il avait comme Fils de Dieu auprès du Père avant que le monde fût.

Ce n’est point qu’il y ait plus d’une source, plus d’une puissance de bénédiction permanente, durable, pour les Juifs, les Gentils ou l’Église de Dieu. Mais ce qui, selon la sagesse divine, donne sa forme caractéristique et sa limite à l’action de cette puissance en ceux qui sont bénis — c’est la relation dans laquelle les parties diverses (toutes participantes de la source unique de bénédiction) sont avec Christ ; et cette relation est en rapport avec la place dans laquelle elles rencontrent Dieu et le Seigneur. C’est ainsi que l’a trouvé bon la sagesse divine. Pour nous, nous rencontrons Dieu en Christ sur le trône, et nous connaissons ce qu’il a plu à Dieu de révéler en la face sans voile de Son Fils, rejeté sur la terre, mais assis sur le trône de Dieu et dans la gloire qu’Il avait auprès du Père, comme Fils de Dieu, avant que le monde fût. Mais Il ne se trouve pas là sans que nous soyons reconnus comme y étant nous-mêmes ; oui, nous-mêmes là en Lui : assis ensemble avec Lui dans les lieux célestes. Ceci fait ressortir, au moins pour moi, combien est chère au cœur de Dieu et du Père la pensée — la vérité — de l’union vitale de Christ et de l’Église ; car quand Il signale la présence du Christ avec Lui-même pendant cette durée, de maintenant presque deux mille ans, de Sa séance là-haut comme Fils de l’homme, Dieu nous y fait asseoir ensemble en Lui. Il est plus facile à notre esprit de saisir la pensée d’être « crucifiés avec », « morts avec », « ensevelis avec », parce que les premières pensées que de telles doctrines font naître en nous sont celles de notre délivrance de l’état de ruine ; ou bien, encore, la doctrine que nous sommes « vivifiés avec », « ressuscités avec », « montés avec », tout en nous parlant de vie, comme les autres parlent de délivrance de la mort, peut nous présenter des actions se rattachant davantage avec l’activité et les opérations de Christ occupé à accomplir l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire[3].

Mais il y a quelque chose de très particulier dans Sa position actuelle que nous considérons maintenant : — c’est une position ad interim, en attendant — Sa gloire personnelle la plus élevée est reconnue. Nul autre que Lui ne pouvait s’asseoir où Il est assis ; pour participer à cette partie de la gloire de Dieu, ainsi qu’Il le fait, il fallait qu’Il fût Dieu ; et Il se trouve là, en tant que Fils de l’homme, en un certain sens d’une manière anormale, car le trône de Dieu et du Père n’est pas la sphère du déploiement de Sa gloire comme Fils de l’homme ; toutefois c’est une chose très précieuse et très bénie qu’Il soit là ; et le fait d’y avoir été si longtemps reconnu dans cette gloire de Fils de l’homme, jettera un éclat particulier sur toute la gloire qui est encore à venir. Car Dieu s’associera Lui-même avec le Fils de l’homme dans Sa gloire spéciale, de même qu’Il a associé le Fils de l’homme avec la plénitude de Sa gloire comme Dieu et de Sa gloire comme Père. Mais alors, quelle position merveilleuse c’est, qu’Il reconnaisse l’unité de l’Église avec le Fils de l’homme dans celle qu’expriment ces paroles — assis avec Lui dans les lieux célestes ! La pensée, le plan, l’accomplissement de cette œuvre merveilleuse de l’Église, l’Épouse de Christ, tout est divin. Et, béni soit Dieu, il y a une puissance divine prête à nous la faire connaître, à nous en faire jouir — puissance suffisante pour ouvrir plein et libre accès à Dieu et à cette bénédiction même dans mon pauvre cœur ; — puissance et empressement pour faire que la coupe déborde de toute part de la bénédiction accordée.

Ce peut être ici le lieu d’introduire quelques passages de l’Écriture, dans lesquels les associations les plus intimes et les plus bénies sont présentées comme provenant pour le croyant de cette racine de toute Sa bénédiction, savoir, de Son association et de Son union vitale avec le Christ de Dieu. Et j’introduis d’autant mieux ces passages ici, qu’ils font voir tout de suite les délices merveilleuses que Dieu prend dans l’Église, et, en conséquence de cela, les merveilleux privilèges que, de Sa propre riche grâce illimitée, Il avait préparés pour elle dès avant la fondation du monde.

Voici les passages que je désire faire remarquer :

1. 1 Corinthiens 3, 9 : « Nous sommes collaborateurs de Dieu, vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu ».

Qui donc était Paul ? Qui était Apollos ? Des serviteurs par l’instrumentalité desquels était prêché l’évangile que ces Corinthiens avaient cru. Mais Celui concernant lequel était l’évangile, savoir, le Dieu de miséricorde et de compassion, qui avait placé toute Sa gloire dans la croix du Christ — était Celui, et c’était Lui seul, qui choisissait les messagers de Son évangile et allait avec eux « et comme le Seigneur donnait à chacun d’eux ». Et plus que cela ; car Il n’allait pas seulement avec eux, mais Il était l’auteur de toute la bénédiction qui accompagnait leur service. Un Paul pouvait planter, un Apollos arroser ; mais c’était Dieu seul qui donnait l’accroissement : « Ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont rien ; mais Dieu qui donne l’accroissement ». Il est tout. C’est tout une même chose que planter et arroser, et toutefois chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. « Car nous sommes collaborateurs de Dieu : vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu ». Quel honneur la grâce, la libre grâce, ne mettra-t-elle pas sur Ses serviteurs ? Dieu a un labourage — Dieu a un édifice. Dieu emploie-t-Il quelque homme que ce soit en rapport avec Son labourage, avec Son édifice ? Il ne s’en sert pas comme d’outils morts, mais comme de saints vivifiés, pleins de franche volonté au jour de Sa puissance. Dans ce labourage, dans cet édifice, tout est de Dieu ; et Dieu est le tout — pour la bénédiction. Toutefois, il met cet honneur sur Ses serviteurs de les rendre capables de dire : « Nous sommes collaborateurs de Dieu ». Qu’est l’énergie d’un Alexandre, d’un César, d’un Napoléon, comparée à celle qui opérait en un Paul, un Apollos ? Qu’est l’exaltation propre d’un moment que recherchaient les premiers, comparée à l’exaltation conduisant à « une félicité éternelle » que les derniers possédaient ? La présence de Dieu, de Dieu en puissance d’opération, peut bien, doit même avoir pour effet que toute âme qui sait ce qu’elle est s’abatte devant elle ; mais si, d’un côté, elle renverse le moi d’un « il n’est rien » (v. 7) ; de l’autre, comme elle exalte les serviteurs en leur donnant le pouvoir de dire : « Nous sommes collaborateurs de Dieu » ! Des choses pareilles ne furent jamais dites, si ce n’est de gens qui étaient un même esprit avec le Seigneur Jésus Christ.

Le mot employé ici est le substantif συνεργος, ou collaborateur ; quelqu’un associé dans un travail avec un autre. C’est le même mot que celui qui se trouve en Romains 16, 3, 9, 21. Quand on examine un passage, on doit naturellement avoir toujours dans l’esprit le sujet principal du contexte : dans ceux que nous avons déjà considérés, Dieu est le tout, bien qu’il Lui plaise dans Sa grâce d’agir et de travailler par l’homme ; et parce que les affections, les pensées et l’énergie de l’homme qu’Il emploie sont ainsi mues et dirigées par Dieu — ce que cet homme était en lui-même est tenu pour mort et enseveli — et lui pour vivant ; toutefois non pas lui, mais Christ qui vit en lui — c’est pourquoi Dieu parle de ceux qui sont tels comme d’ouvriers avec Lui. Dans les passages suivants, ils sont considérés comme collaborateurs les uns des autres. Ainsi :

Romains 16, 3 : « Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d’œuvre dans le Christ Jésus ».

Romains 16, 9 : « Saluez Urbain, notre compagnon d’œuvre en Christ ».

Romains 16, 21 : « Timothée, mon compagnon d’œuvre, et Lucius vous saluent ».

Puissent nos cœurs connaître non seulement la communion avec un Paul, dans ses travaux et les souffrances qui s’y rattachent, mais aussi la communion de cette toute-puissante grâce avec toute la bénédiction et la liberté qui s’y rattachent et qui formaient pour Paul la base et la racine même de sa vie, aussi bien que de tout ce qu’elle produisait !

2. Mon second passage est 2 Corinthiens 6, 1 : « Or, travaillant ensemble avec Lui (vers. angl.), nous vous supplions que vous n’ayez pas reçu la grâce de Dieu en vain » (ou comme une chose vaine, légère, insignifiante).

Le mot employé ici est le verbe qui correspond au substantif employé dans les derniers passages cités. Les deux passages se ressemblent beaucoup, il y a cependant une différence. Dans celui que nous avons déjà examiné, le champ de travail est l’Église qui est sur la terre. Paul pouvait planter, poser, comme un sage architecte, le fondement des églises ; Apollos pouvait les arroser. Ni Paul, ni Apollos n’étaient rien ; mais Dieu était Celui qui bénissait. Toutefois, Celui qui bénissait appelait ceux par les travaux desquels Il opérait, Ses compagnons d’œuvre. Quelle grâce ineffable ! Dans ce passage-ci, le Seigneur, devant le jugement duquel l’homme comparaîtra (v. 10), a pourvu pour les hommes à un évangile de bonnes nouvelles d’une grande joie. Cet évangile avait fait que Paul était manifesté devant Dieu (v. 11), et manifesté aussi devant ceux parmi lesquels il travaillait. Et qu’est-ce qu’il avait rendu manifeste ? Que si Paul était hors de lui-même, c’était pour Dieu (v. 13), et que s’il était de sens rassis, c’était pour ceux parmi lesquels il travaillait. Car l’amour de Christ le menait captif dans son étreinte bénie ; un amour qui déclarait que comme Christ était mort, de même tous ceux qui croyaient en Lui étaient morts ensemble avec Lui ; et que Son but en faisant cela pour tous les siens était, que ceux qui vivent ne vécussent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui était mort et ressuscité pour eux. Ceci plaçait Paul dans un système de choses tout autre que celui de ce monde ; et, en conséquence, il ne connaissait personne selon la chair ; il avait connu Christ selon l’Esprit, et toutes choses prenaient leur place en harmonie avec cela. Si quelqu’un était en Christ, c’était une nouvelle création ; les vieilles choses étaient passées, un nouvel ordre de choses était introduit — non pas encore en gloire, mais toutefois dans le principe de toute véritable gloire et de toute vraie bénédiction — toutes choses sont de Celui qui, d’abord, nous a réconciliés avec Lui-même, par Jésus Christ notre Seigneur, et qui, là-dessus, nous a confié le ministère de la réconciliation. Tel était Son amour. Non pas seulement de faire de nous de nouvelles créatures, mais de nous faire connaître que toutes choses sont de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même, et, après avoir fait cela, nous a identifiés avec l’œuvre dont, dans Son amour, Il est occupé — œuvre que notre propre salut, notre position de bénédiction, notre nouvelle vie et nos privilèges nous ont rendue chère — c’est-à-dire l’annonce de Son propre caractère et de Son évangile. Ce n’est pas simplement que nous sommes appelés à plaider avec les pauvres pécheurs, et à leur dire : « Pourquoi mourriez-vous ? » ; « Nous vous supplions que vous n’ayez pas reçu la grâce de Dieu en vain », etc. (comme dans le chap. 6 qui est notre texte) ; mais plus que cela, nous sommes associés par Dieu avec Lui-même comme Celui qui se révèle, qui a confié la parole de la réconciliation à nous qui l’avons goûtée, car nous connaissons nous-mêmes la miséricorde de Dieu ; l’œuvre par laquelle cette miséricorde ouvrait un chemin pour elle-même vers nous et pour nous vers elle ; nous avons goûté combien elle est convenable pour nous-mêmes et pour les pécheurs ; et nous savons aussi comment Dieu y prend plaisir (v. 18-21), et comment s’Il nous convie, s’Il invite et convie ceux que nous pouvons rencontrer, Il se tient là Lui-même pour bien accueillir ceux qui viennent. Car Il dit : « Je t’ai exaucé au temps agréé et t’ai secouru dans un jour de salut ; voici maintenant le temps agréable, voici maintenant le jour du salut ». Le contexte est toujours la plus sûre lumière à laquelle il faut considérer un texte. Et tandis que ces deux textes sont fort semblables par leurs termes, la lumière des contextes respectifs fait voir entre eux une différence. Dans le premier, l’auteur parle comme travaillant dans l’Église sur la terre ; dans le dernier, comme travaillant à la lumière du trône du Seigneur du jugement, et comme proclamant Sa miséricorde et les bonnes nouvelles que « Celui qui n’a pas connu le péché (le juge) avait été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui ». Dans ce service, il était associé par grâce avec l’œuvre, et aussi avec toute l’affection de Dieu[4].

3. J’arrive maintenant à Éphésiens 2, 19, où il est fait allusion à un autre genre d’association intime et bénie qui est aussi une des précieuses conséquences de notre communion avec Christ. « Ainsi donc, vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu ». Le « vous » s’adresse aux Éphésiens croyants, qui avaient été païens, et par conséquent, n’avaient pas eu, comme les Juifs, de position de relation avec Dieu dans le monde — sans Dieu dans le monde. Car cette expression ne signifie point qu’ils avaient été impies, athées, et plongés dans la méchanceté du monde en tant qu’individus — cela, hélas ! bien des Juifs l’étaient aussi — mais, que les Gentils, comme tels, n’avaient pas de relation désignée pour eux avec la seule chose qui fût reconnue devant Dieu comme religieuse sur la terre, je veux dire, le peuple juif. Voilà ce qu’ils avaient été. Ils n’avaient eu rien à faire avec le culte juif. Mais maintenant, depuis qu’ils croyaient dans le Christ ressuscité et monté en haut, ils avaient une relation très particulière avec Dieu dans le ciel ; — ils étaient parmi Ses saints célestes, gens de Sa maison ; comme nous l’avons vu, ils avaient trouvé cela par le moyen du Christ et en Lui ; chacun l’avait trouvé pour lui-même, chacun avait été trouvé de Dieu — il y avait communion, dans le caractère de citoyens, de tous ceux qui étaient tels, qu’ils eussent été tirés du terrain juif ou du terrain gentil. Ils étaient concitoyens des saints (du ciel) et membres de la famille de Dieu. « Notre conversation[5] est dans les cieux » (Phil. 3, 20).

Ce n’est que quand on pèse la portée de l’épître aux Éphésiens, et que l’on considère le caractère particulier de ses bénédictions dans leur contraste avec les bénédictions terrestres, que l’on voit la merveilleuse excellence de ce lot d’être concitoyen des saints du ciel, et de faire partie de la maison de Dieu. Mais ce rang, cette bénédiction, n’est pour chacun de nous qu’une des nombreuses bénédictions qui résultent de notre association en vie avec le Fils de l’homme. Ceux qui sont ainsi associés au Christ ont, très certainement, leur plus grande bénédiction dans l’association qu’ils ont avec Lui-même — c’est-à-dire, dans la vie et dans l’association, comme d’un membre avec la Tête, de tout ce qui est à Lui : elle les introduit, par la plus pure grâce, dans le privilège de certaines associations avec Dieu en fait de service ; mais elle les place aussi tous, comme nous le voyons ici, en association très précieuse les uns avec les autres, dans la liberté de la cité qui est dans le ciel, et aussi dans la liberté de la maison du Père. Et ces choses sont tellement liées et unies ensemble dans la pensée de l’Esprit, que l’apôtre n’a pas plus tôt mentionné ce privilège d’être « concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu », qu’immédiatement il poursuit en disant qu’ils sont « édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur… édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ».

4. Il y a un autre passage dans lequel il est fait allusion à une sorte de bénédiction quelque peu semblable ; nous l’examinerons maintenant :

C’est Éphésiens 3, 6. « Que les nations seraient cohéritières et d’un même corps, et coparticipantes de sa promesse dans le Christ par l’évangile ». Tout est en Christ ; toutes nos bénédictions, de quelque nature qu’elles soient, ont leur racine et leur source en Lui. Rien de ce qui ne L’a pas, Lui, pour sa racine, n’est bénédiction, ou ne peut nous être donné par Dieu comme estimé par Lui propre à être une bénédiction pour nous.

La participation signalée dans ce verset a trait à trois choses : 1° une place dans l’attente de l’héritage ; 2° une place dans le corps ; et 3° une place dans la bonne promesse — elles appartenaient toutes trois à autant de ces pauvres Éphésiens (tout Gentils qu’ils avaient été), qu’il y en avait qui croyaient — position en commun avec ceux d’entre les Juifs aussi qui avaient cru — mais la position était en Christ et en Lui seul ; et c’est « en Lui » qu’on avait participation, car l’héritage était sien, Il était aussi la Tête de Son corps l’Église, et c’est en Lui seul que toute promesse pouvait être accomplie ; et elles étaient toutes oui et amen en Lui à la gloire de Dieu par nous. Celui qui avait été un pauvre Gentil idolâtre pouvait rencontrer en Christ celui qui avait été un pharisien, fils de pharisiens — mais en Christ la vieille histoire de chacun perdait sa place de prééminence. Une fois en Christ, vous vous trouvez là où tout est gouverné et s’arrange selon un ordre nouveau, c’est-à-dire selon les délices que Dieu prend en Christ qui est l’héritier, la Tête du corps, l’Église, et à qui appartiennent toutes les promesses de Dieu. Quelques-uns, en traitant de ce verset, se sont tant préoccupés de l’union des croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils, qu’ils ont négligé la question de savoir en qui et en quoi il y a union.

En Christ il n’y a ni Juif ni Grec ; ceux qui sont en Lui sont un peuple céleste ; ils sont, par grâce, tous cohéritiers, les uns avec les autres, dans cet héritage qui est dû à Celui en qui ils sont ; ils forment un corps ensemble, chacun d’eux étant, en particulier, un membre du corps (et ils sont ainsi unis les uns avec les autres) dont Il est la Tête ; savoir, comme chacun d’eux participe, ainsi que tous les autres, dans la promesse. Quelque variés que soient les privilèges dans lesquels ils ont communion les uns avec les autres, ces privilèges sont tous en Christ, et Christ est la seule voie pour les posséder et en jouir.

Les passages suivants se rattachent naturellement à notre sujet, et montrent, d’une manière frappante, la nature du lien qui unit les membres ensemble, après les avoir d’abord unis à la Tête.

Éphésiens 2, 20, 21 : « Jésus Christ étant Lui-même la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ».

Éphésiens 4, 15, 16 : « Le Christ : duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble… produit l’accroissement du corps ».

Dans l’un et l’autre de ces passages, le terme qui exprime le fait d’être ajusté ensemble, est συναρμολογουμενος[6].

Dans les passages des Éphésiens, cette intimité d’adaptation des parties les unes avec les autres, en vue d’accomplir une fin commune, est évidente. D’abord, dans l’édifice, Christ est la maîtresse pierre de l’angle, choisie et précieuse, d’un temple saint pour le Seigneur ; — et ensuite chaque pierre qui est en Lui, est ajustée et soigneusement rendue propre à occuper la place qui lui est réservée et préparée en vue de l’accomplissement de cette fin commune. Secondement, dans le corps, Christ est la Tête, chaque membre en particulier est un membre de Christ, et, comme tel, a une place qui lui est bien appropriée, dans le corps dans lequel il est en relation avec les autres membres. Mais aucun membre ne peut se dire membre d’un autre membre ; ce serait faire de cet autre membre la tête, et déplacer Christ, comme faisaient quelques-uns à Corinthe. Le corps est le corps de Christ, et chacun en particulier est un membre ; et parce qu’il est en particulier un membre de ce corps dont Christ est la Tête, il a une responsabilité comme tel à l’égard des autres membres, et aussi il possède, ce qui est infiniment meilleur, le privilège d’être employé comme tel par la Tête pour la bénédiction des autres membres.

Être bien approprié à des places si près de Christ, quand il s’agit du temple (l’habitation de Dieu), et du corps de Christ, est un précieux privilège. Dans l’un et l’autre cas, ce n’est ni par armée, ni par force, mais par l’Esprit du Seigneur ; et cette appropriation unit — si elle est à toujours — pour des scènes dont Dieu et l’Agneau seront la gloire ; toutefois elle nous unit (les hommes qui croient en Christ durant les jours de Sa réjection), en un faisceau de vie, dans lequel, non pas notre individualité, mais celle de Christ, comme homme — homme céleste — aura toute la prééminence.

Ensuite, nous avons encore le mot συμβιβαζω[7] employé par exemple en Éphésiens 4, 16, et Colossiens 2, 2, 19 :

« Duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de soi-même, en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure » (Éph. 4, 16).

« Car je veux que vous sachiez combien grand est le combat que j’ai pour vous… et pour tous ceux qui n’ont point vu mon visage en la chair, afin que leurs cœurs soient consolés, étant bien unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses d’une pleine certitude d’intelligence pour la connaissance du mystère de Dieu » (Col. 2, 1, 2).

« Ne tenant pas ferme le Chef, duquel tout le corps fourni et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît d’un accroissement de Dieu » (Col. 2, 19).

L’opération par laquelle on est lié ensemble, bien uni ensemble, a lieu dans chaque cas, par l’efficace de la vie de ce corps, dont Christ est la Tête. Paul, envisagé comme un individu, n’était qu’un membre en particulier ; de même Apollos, et de même Céphas. Mais la puissance de la vie qui les unissait à la Tête, leur donnait toujours en subordination à Christ, une puissance de communion — quelque chose par suite de quoi ils étaient bien liés ensemble, faisaient un tout bien uni les uns avec les autres.

De nos jours, l’union vitale avec le Christ a été trop considérée comme une doctrine avancée, la doctrine des classes aînées dans l’école de Dieu. Et, hélas ! là où elle a été recouvrée comme la doctrine de la famille de Dieu comme telle, elle a été, en plus d’un cas, tellement corrompue que, tout en retenant la doctrine de la communion des membres, on ne l’a pas gardée dans sa subordination à la suprématie de Christ comme Tête. Et ainsi, la vérité la plus précieuse a été tournée contre le Seigneur en tant que l’auteur et le donateur de cette union vitale.

Jusqu’ici nous avons vu trois grandes choses distinctes : 1° Dieu imputant ; 2° Dieu communiquant ; 3° la position en bénédiction (devant Dieu et dans la relation mutuelle des parties les unes avec les autres), de ce en quoi la bénédiction de Dieu s’est présentée dans ces derniers jours.

Dieu imputant. Il a imputé à Christ tout ce que nous étions comme hommes descendus d’Adam, et tout ce que nous avions fait ; Il a visité tout cela sur Lui, et a reçu comme une rançon Sa vie, donnée par Lui comme Fils de l’homme. Il tient ces trois choses être vraies de nous qui croyons, et nous commande de les tenir pour telles à l’égard de nous-mêmes et d’agir en conséquence.

Dieu communiquant. Le Fils de l’homme reprenant la vie dans le tombeau est la fontaine d’où la vie divine découle pour nous ; mais si c’est la vie divine, elle est toutefois la vie divine dérivée et appropriée à l’homme ; — c’est la vie avec le Christ, la vie dans laquelle Il sortit du tombeau et, après s’être fait voir sur la terre, monta dans le ciel.

La position en bénédiction de ce en quoi la bénédiction de Dieu se présente maintenant. Dans le ciel nous sommes assis ensemble avec Christ, dans les lieux célestes. Sur la terre, nous sommes reconnus comme associés avec l’œuvre que Dieu fait ; comme entièrement identifiés avec la cité et la maison de Dieu, et avec le corps et les membres dont Christ est la Tête ; entièrement identifiés parce que nous sommes identifiés avec ces choses dans la puissance d’une vie qui est Christ — une vie qui est cachée avec Christ en Dieu, notre vie éternelle.

Dans ce qui va suivre, nous aurons à considérer, 4°, ce qui résulte de tout cela. Étant fait un avec le Christ, déjà un avec Lui, il s’en suit naturellement deux choses : 1° nous avons maintenant à souffrir avec Lui ; et, 2°, il faut que nous soyons glorifiés ensemble plus tard. Nos souffrances peuvent être maintenant de diverses sortes, comme le furent les siennes ; la gloire peut aussi être envisagée, dans les différents passages de l’Écriture, sous des aspects différents, comme nous verrons qu’elle l’est. Mais il ne faut jamais oublier ceci : que, pour tout ce qui concerne notre pèlerinage et notre caractère d’étrangers ici-bas, avec toute l’immense variété de manières dont nous pouvons être appelés à souffrir de la part du monde, de la chair et du diable ; et pour tout ce qui tient à la vie de gloire et de puissance réservée pour nous plus tard, l’une et l’autre de ces choses sont pour nous des résultats — des résultats nécessaires et inséparables de notre union vitale avec le Christ de Dieu. Il a ôté de la voie tout ce que Dieu avait contre nous ; Il nous introduit dans cette position et ces choses en connexion avec nous, en vertu desquelles Dieu, non seulement ne pouvait avoir rien à dire contre nous, mais pouvait prendre Son plaisir en nous ; et tout cela, dans la puissance de cette bénédiction qu’Il avait donnée Lui-même en Christ, pour entreprendre de nous conduire à Sa propre maison, formant et façonnant nos cœurs, et nous enseignant Ses voies en contraste avec les nôtres durant tout notre pèlerinage à travers le désert. Toute la colère qui nous était due est tombée sur le Christ — et c’est accompli. La croix a réglé toute la question de la colère de Dieu contre nous qui croyons — Christ l’a toute portée, et moi qui crois je n’en porterai point. En Christ a été aussi réglée toute la question de notre acceptation devant Dieu et de la nature de cette acceptation. — Il est ressuscité et monté : Dieu Lui a confié toute la gloire qu’Il avait à donner — la Lui a conférée comme à Jésus qui était mort, le Juste pour les injustes ; et ainsi la justice de Dieu en Christ est inséparable de la pleine acceptation du croyant. Le croyant est accepté (objet de faveur) dans le Bien-aimé. Mais la même grâce qui nous a liés, rattachés à Dieu par et dans le Christ, a trouvé bon de nous lier aussi, de nous associer à la fortune de Christ tant dans ce monde que dans celui qui est à venir. Dans notre prochain article, nous aurons donc à considérer ces résultats de la vie dont nous jouissons ainsi déjà, savoir : « que si nous souffrons maintenant, plus tard nous serons glorifiés ».



  1. La lecture des Psaumes et des passages cités dans le chapitre 1 démontre abondamment cela : — la domination est leur principale pensée à tous ; pareillement les citations contenues dans les chapitres 8, 9 et 10 font voir que dans ces chapitres, le culte est la pensée dominante.
  2. Ceci rappelle naturellement à la pensée Jean 17, 5 ; une gloire très précieuse dont nul autre que Lui ne pouvait porter le poids.
  3. Il eût fallu qu’Il mourût, qu’Il ressuscitât et qu’Il montât en haut — lors même qu’Israël sur la terre eût dû seul être béni.
  4. Le même mot que nous venons d’examiner se trouve aussi en Marc 16, 20 ; Romains 8, 28 ; et Jacques 2, 22.
    Marc 16, 20 : « Et eux étant partis prêchèrent partout, le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient ».
    Romains 8, 28 : « Mais nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté ».
    Jacques 2, 22 : « Tu vois que sa foi agissait avec ses œuvres ».
    La foi était le pouvoir qui faisait travailler — les œuvres étaient le fruit de cette énergie. Tous ces passages donnent l’idée et le sentiment d’une coopération, d’un travail en commun — dans toute la portée du sens que leurs sujets respectifs admettent, et ainsi confirment ce qui vient d’être dit.
  5. Politeuma (conversation) — notre train de vie, notre état civil et politique, si on peut parler ainsi : c’est là que nos noms sont inscrits (Luc 10, 20) ; car c’est là que se trouvent le livre de vie de l’Agneau, et le livre des vivants (Phil. 4, 3).
  6. Ce verbe sunarmologeô n’est employé dans le Nouveau Testament que dans ces deux passages. Liddell et Scott disent dans leur Lexicon que sa force dans le Nouveau Testament est la même que celle de sunarmozô dans le grec classique ; et ils donnent comme exemples de la force de sunarmozô la parfaite jointure des paupières ; s’unir en mariage ; de deux mots en faire un seul ; approprier deux choses l’une à l’autre, comme la flûte avec la harpe, etc.
  7. Littéralement : 1° réunir ; de là métaphoriquement, réconcilier, accorder ; 2° mettre ensemble, comparer ; de là, déduire, prouver, enseigner.