Écho du Témoignage:Remarques sur 2 Timothée
Quelques remarques sur la seconde épître à Timothée peuvent, je pense, avoir leur utilité au moment actuel. J’y comprendrai, comme jetant beaucoup de lumière sur la seconde, une courte comparaison avec la première quant à son caractère général.
L’une et l’autre de ces épîtres contiennent, circonstance qui est évidemment du plus profond intérêt, les communications confidentielles de l’apôtre à quelqu’un à qui il pouvait, plus qu’à aucun autre, ouvrir tout son cœur, et avec qui il pouvait s’exprimer librement. Mais elles sont d’un caractère fort différent, et d’autant plus que Paul pouvait y exprimer tous ses sentiments personnels. Mais, indépendamment de l’intérêt qui s’attache à elles par suite de cette considération, l’enseignement général que l’Esprit nous donne en elles est plein d’importance. La première, comme on s’en aperçoit bientôt, porte généralement l’empreinte de la tranquillité qui caractérise un développement paisible de ce qui existait, en général, comme cela avait été établi d’abord. La seconde se rejette sur les devoirs et le zèle individuels, parce que ce qui avait été établi n’était pas demeuré conforme à ce que c’était dans l’origine. La première maintient la vérité dont on était en possession, mais n’en traite que peu : certains individus devaient être empêchés d’enseigner quelque doctrine différente ; quelques-uns, soupirant après la loi, s’étaient déjà écartés et détournés à un vain babil. Mais, en général, l’apôtre pouvait parler de l’Église comme étant, ce qui demeure toujours vrai quant à la responsabilité de la position dans laquelle elle est, la colonne et le soutien de la vérité, et sans que sa vue suggérât un pénible sentiment de désaccord entre le fait et la responsabilité. Plusieurs étaient tombés individuellement dans les rêveries et les fables du judaïsme gnostique, mais l’Assemblée n’en était pas moins de fait, comme elle l’est toujours quant à la responsabilité de sa position, la colonne et l’appui de la vérité. Elle n’avait pas été infidèle à son caractère. L’Église, et l’Église seule, jusqu’à ce que le jugement de Dieu l’ait mise de côté, soutient la vérité devant le monde, quoique la grâce soutienne l’Église ; les hommes peuvent travailler à son service, mais c’est l’Église qui la soutient par sa profession. Cette pensée ne fait pas souffrir pour le moment le cœur de l’apôtre, et donne lieu seulement à la déclaration prophétique qu’aux derniers temps, quelques-uns apostasieraient de la foi. Timothée devait en faire souvenir les frères, afin qu’ils fussent sur leurs gardes quand cela arriverait — mais le corps de l’épître suppose l’Église, en général, tranquille sous ce rapport, quoiqu’il apparût des dangers à l’horizon, comme on le voit en Actes 20, et traite, la vérité étant supposée se maintenir, de l’ordre qui convient à la maison de Dieu — de la manière dont il faut que Timothée se conduise dans l’Église qui est la colonne et l’appui de la vérité. Elle règle l’ordre de la maison dans les divers détails pratiques de son administration sur la terre, depuis les anciens qui devaient présider en elle, jusqu’au soin des veuves et au devoir de l’Église envers elles, prenant aussi en considération les liens de famille et les obligations qui en découlent. C’est l’ordre tout entier de l’Église sur la terre, et son administration convenable. L’Église est considérée comme dans ce monde, non comme le corps de Christ : elle est la maison du Dieu vivant, une Assemblée ici sur la terre, le vaisseau de la vérité ici-bas, celle qui l’y maintient. L’apôtre avait soin d’exercer encore lui-même sa surveillance administrative, mais en attendant il instruisait Timothée sur la manière dont il devait se conduire, en tenant son attention fixée sur les choses divines, et l’exhorte à combattre le bon combat de la foi en vue de l’apparition du Seigneur Jésus Christ. En un mot, ce que nous présente cette épître (1 Timothée), c’est la vraie administration, l’administration normale de l’Église sur la terre, l’apparition du Seigneur étant l’objet de son attente comme le terme de sa responsabilité. Envisagée comme un tout, l’Église est ce à quoi le mystère de la piété était confié, et c’est elle qui le maintient sur la terre : le danger de tomber dans le légalisme et l’ascétisme gnostique lui est signalé, mais l’Église n’en maintient pas moins encore, comme telle, la vérité, et a seulement à être convenablement administrée.
On se souviendra que, quoique recevant des instructions concernant l’ordre et l’administration de l’assemblée, Timothée avait été laissé à Éphèse pour veiller à ce qu’il ne fût prêché aucune doctrine différente (1 Tim. 1, 3). Or, cette pensée se montre tout le long des deux épîtres ; l’apôtre appliquant, d’ailleurs, la vérité à des sujets pratiques, et faisant voir que c’est la vérité telle qu’elle est en Jésus.
Dans la seconde épître, l’Assemblée est encore là ; mais elle est considérée comme une grande maison, dans laquelle doivent se trouver des vaisseaux à déshonneur. Ici, comme dans les écrits de Jean, la vérité prend une place proéminente — c’est-à-dire, le maintien de la vérité, la fidélité individuelle à la vérité, et la piété individuelle. Paul s’attend à trouver du dévouement et du courage dans l’individu, dans l’homme de Dieu. Ce ne sont pas les privilèges de l’Église qui occupent son esprit ; il peut insister sur la foi juive (la vérité en leur temps) de la mère et de la grand-mère de Timothée (et sa mère avait épousé un Grec), et sur celle de Timothée, comme courant toutes dans le même canal divin, et découlant de la même source divine.
L’Assemblée apparaît ici avec un double caractère. Elle est semblable à une grande maison, ayant des vaisseaux à déshonneur aussi bien que des vaisseaux à honneur ; et, dans les temps fâcheux, elle aurait la forme de la piété, mais en renierait la puissance. Pour ce qui concerne les faits à l’occasion desquels les pensées de l’apôtre prirent cette direction, ils sont manifestes. Paul avait été abandonné par les saints ; il s’attendait à quitter bientôt l’Assemblée, et savait ce qui arriverait après son départ, et il donne des avertissements à ce sujet. « Tous ceux d’Asie s’étaient détournés » de lui, et il était heureux d’avoir un seul frère qui se préoccupât de lui dans sa prison ! Le Seigneur n’avait eu personne. Les frères, quelques-uns pour des motifs mondains, d’autres, sans doute, pour le service, mais, dans tous les cas, tous, excepté Luc, l’avaient quitté. Ils n’avaient pas eu à cœur de se tenir près de lui dans son témoignage. Ils n’avaient pas quitté Christ quant à la foi, mais ils n’avaient pu tenir ferme dans une position aussi exposée que celle de Paul. C’est ainsi qu’à sa première défense dans son procès, « personne n’avait été avec lui », « tous l’avaient abandonné » : « mais il savait en qui il avait cru ». C’est à Christ qu’il avait remis le soin de son bonheur, et Il le lui conserverait parfaitement sûr. Une couronne de justice lui était réservée ; il avait combattu le bon combat, il avait gardé la foi. Ce qui caractérise cette épître et lui donne pour ainsi dire son ton, c’est donc une forte foi individuelle avec le sentiment que l’Assemblée avait failli et ne s’était pas tenue sur le terrain sur lequel son âme à lui marchait. Néanmoins, c’est un courage personnel sans nuage qu’il s’attend à trouver.
Mais nous pouvons nous occuper d’abord de l’état de l’Assemblée sur la terre, et ensuite du devoir de l’individu.
L’Assemblée ne se maintenait pas à la hauteur de sa vraie position. C’est Paul qui représentait la fidélité de l’Église dans cette position. Je doute fort que Timothée fût en ce temps-là à Éphèse (Tychique y avait été envoyé) ; mais l’épître aux Éphésiens nous présente, dans tous les cas, ce que j’entends par la hauteur de la vraie position de l’Église. Nous savons comment Paul fut converti par la révélation d’un Christ céleste, accompagnée de la déclaration que tous les saints étaient un avec Lui-même ; comment le fait que les hommes, Juifs aussi bien que Gentils (car il était un exemple de ce qu’était un Juif), étaient des enfants de colère, que l’homme était éloigné de Dieu, mort dans les offenses et dans les péchés, que c’était un Christ ressuscité que lui, Paul, connaissait, et qu’il ne Le connaissait pas selon la chair, et que tout ce qui était en Christ était une nouvelle création, un second Adam ; nous savons, dis-je, comment tout cela caractérisait l’enseignement de l’apôtre. Et nous savons aussi comment l’élévation de sa doctrine qui jugeait tout ce qui tenait à la chair et faisait voir ce que l’Église était réellement, réveillait l’opposition de la religion charnelle et de l’orgueil de l’homme. Il avait été d’abord dans les chaînes pour cela, et maintenant il était près de mourir ; mais il avait gardé la foi, « il ne tenait pas sa vie pour précieuse à lui-même ». Mais ici, la masse des saints restait en arrière ; cette doctrine exigeait trop d’eux contre le monde et excitait trop le monde contre eux, et c’est pourquoi ils reculaient : Paul était abandonné aussi bien que persécuté. Tel est l’état de choses qu’il avait devant lui. À cet égard, il ressemblait extrêmement au Seigneur : placé, pour ainsi dire, entre deux mondes, dans l’un desquels son service était fini, tandis qu’il n’était pas encore passé dans l’autre. Timothée prit sous certains rapports, vis-à-vis de Paul, la place de Jean relativement au Seigneur sur la croix. Il y avait dans le service du ministère une puissance qui n’élevait pas seulement au-dessus du péché (Christ, cela va sans dire, en était absolument exempt), mais au-dessus de la nature, là même où elle n’était pas péché, mais où son action eût été un obstacle et ainsi aurait été une chute, et était incompatible avec une consécration sans partage au service du Seigneur. « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? ». C’est ainsi que, comme un de ceux qui l’écoutaient voulait, avant de le suivre, prendre congé de ceux de sa maison, le Seigneur dit : « Nul qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière, n’est propre pour le royaume de Dieu » ; il faut qu’on haïsse son père et sa mère. Paul parle et agit de cette manière : « Nous ne connaissons désormais personne selon la chair » ; il ne prit pas conseil de la chair ni du sang. Après avoir accompli son service, le Seigneur dit : « Femme, voilà ton fils ; fils, voilà ta mère ». L’apôtre pareillement revient ici aux pensées et aux sentiments de la nature, c’est-à-dire, aux relations humaines, aux rapports d’affection et de bienveillance. Il ouvre son cœur à Timothée, il se souvient de ses larmes, et éprouve le désir de l’avoir pour être rempli de joie ; il avait servi Dieu dès ses ancêtres ; il se rappelle la piété et la foi de la mère et de la grand-mère de Timothée, il sent aussi son isolement, et peut parler de son manteau, de ses livres et de ses parchemins. En esprit, il passe de son ministère, dans lequel il était soutenu au-dessus de tout ce qui appartient à la nature, aux sentiments tendres et bienveillants (mais qui appartiennent à l’ordre naturel), et recommande solennellement à la sollicitude vigilante et attentive de Timothée, et au sentiment de sa responsabilité à cet égard, la charge qui allait lui être confiée. Lui qui avait représenté l’Église dans son caractère le plus élevé, et qui la soutenait par son énergie spirituelle, était maintenant en prison. Quel intérêt touchant en tout cela, surtout lorsqu’il s’agit d’un pareil serviteur de Dieu ! Mais, de plus, l’Église avait perdu le caractère dans lequel l’élévation d’esprit qui lui avait été donnée de Dieu avait trouvé sa sphère. Il avait sa propre place de la part de Dieu. Il était un architecte, et, quoiqu’il pût signaler prophétiquement ce qui allait survenir, et donner à ce sujet des avertissements précis, on peut bien se demander comment il aurait pu, tel qu’il était, selon que Dieu l’avait donné, travailler dans cet état de choses en déclin — l’Église dont la corruption marchait si rapidement — qui ne garda pas, nous pouvons le dire, un seul jour après la mort de l’apôtre, la conscience de la hauteur de sa position, ou la doctrine nette de la justification en tant que ressuscitée avec Christ. Elle descendit à cette position de convention qu’elle occupe dans le monde. Sans doute que la connaissance de Christ dans cette position la rend incomparablement supérieure au monde, pour ne rien dire du salut des individus. Mais comment Paul eût-il pu descendre jusque-là ? Son ministère eût été plus qu’inutile : il aurait été en lutte avec toute l’Église, lorsqu’elle était en voie de tomber — et non de se ranimer — ou bien il aurait sanctionné, par impuissance d’y porter remède, un état qu’il désapprouvait. Non ; Dieu dispose tout d’une manière parfaite. Au moment où l’Église se change en une grande maison et que tous ont abandonné l’apôtre, l’apôtre, rappelé par Dieu, abandonne le service qui n’a plus d’application, après avoir combattu le bon combat et achevé sa course ; et il laisse à Jean, dans sa chère Éphèse si singulièrement bénie, le soin de constater l’abandon qu’elle avait fait de son premier amour, et d’assurer le maintien de la fidélité et de la marche chrétienne individuelles là où le corps avait failli. En attendant, il insiste auprès de Timothée sur le devoir d’une fidélité dévouée et courageuse, ce qui est toujours notre devoir dans la place où nous sommes, quel que soit l’état de l’Assemblée, et il montre comment les saints peuvent y marcher en commun. Ce que j’ai à étudier, maintenant, c’est cet état de l’Assemblée sur la terre dans ses éléments, sa forme, et la marche que nous devons y tenir.
La vie et l’incorruptibilité, selon la grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant que le monde fût, la puissance de la mort étant annulée, voilà ce dont son esprit est occupé maintenant. Celui qui accomplit la promesse faite à la semence de David était ressuscité d’entre les morts. Nous avons à souffrir, à endurer des maux, des difficultés de tout genre, à ne pas avoir honte du témoignage, ni de voir ceux qui le rendent jetés en prison ; un jour approche qui mettra tout au clair : Christ jugera en Son apparition et en Son règne. Remarquez qu’il n’y a rien ici de relatif à l’enlèvement ou aux privilèges de l’Église : je dirai un mot de cela plus loin. Quel est donc l’état de l’Assemblée ? Quels sont les principes qui la gouvernent ? Je crois voir dans la doctrine d’Hyménée et de Philète la forme de la descente de l’Église à son état mondain : si la résurrection est déjà arrivée, nous sommes établis ici dans notre dernier état. Cela n’avait pas été réduit en système, et n’existait que sous la forme qui faisait disparaître l’attente du Seigneur et les espérances célestes ; car si la résurrection était passée, Christ, en délivrant les siens, les avait établis ici-bas, satisfaits de leur demeure mondaine ; de sorte que si ce n’était pas l’éternité, c’était du moins le germe d’une espèce de millénium spirituel sans Christ. L’Église n’était plus ici-bas une étrangère, et un pèlerin, une épouse qui attend l’époux ; elle était établie dans une place permanente, une place acceptée sur la terre. C’était là un triste écart de la position première, et un écart probablement inaperçu ; mais inaperçu parce qu’on avait perdu le sentiment de ce que l’Église était. Que, par là, fût gâté le caractère de l’Assemblée sur la terre en tant que rassemblement en un reconnu des enfants de Dieu, qui avaient été dispersés, manifestation des élus de Dieu (« sachant, frères bien-aimés de Dieu, votre élection », déclin déjà entrevu en 1 Corinthiens 10), et corps de Christ, c’est ce qui ressort avec évidence de ce qu’était le sceau du solide fondement de Dieu : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Ils n’étaient pas manifestés publiquement et d’une manière distincte. On ne pouvait plus dire : « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés », « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous », etc. Cette forme de la vérité a disparu ; le Seigneur Lui-même, et Lui seulement, sait quels sont Ses élus. Et la même pensée est empreinte sur le revers du sceau, la responsabilité sous laquelle se trouve l’homme d’agir conformément à sa profession, de telle sorte qu’elle soit évidemment réelle : si un homme prononçait le nom de Christ (il se pouvait qu’il y en eût quantité qui le fissent), il devait se retirer de l’iniquité. Cet état de choses amène aussitôt la forme qu’il devait prendre. Dans une grande maison, il faut vous attendre à trouver des vaisseaux à déshonneur aussi bien que des vaisseaux à honneur. Ce qui, lors de sa formation, avait été le corps de Christ assis dans le ciel (et y avait été assis en Lui), et la propre habitation, l’habitation convenable de Dieu par l’Esprit sur la terre, était à présent une grande maison où il fallait s’attendre à trouver des vaisseaux à déshonneur. Mais, tout en étant en lui-même un moyen de nature à montrer aux saints la conduite à tenir, cet état de choses devait se développer dans les derniers jours, en un système terrible d’iniquité ouverte. Il surviendrait des temps fâcheux : Les hommes (car il n’y avait pas de motif réel pour les appeler saints ou chrétiens — quelles que fussent leurs prétentions, le Saint Esprit ne les appellerait pas ainsi, mais bien hommes) seraient égoïstes, etc., ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance. Ce n’était pas l’Église laissant entrer le mal ou perdant peu à peu son vrai caractère céleste. Pour bien dépeindre cet état, il faudrait envisager les coupables du côté opposé à l’idée de l’Église. Les hommes, ce qui était réellement la volonté et l’esprit des hommes, seraient sous le nom du christianisme, aussi mauvais que l’avaient été les païens, auraient leur volonté engagée dans le mal et revêtiraient la forme de la piété, en en reniant la puissance. Telles étaient les formes prédites d’avance sous lesquelles le mal devait se produire, et que Paul plaçait comme choses actuelles, comme pensées pour tous les temps, sous les yeux de Timothée, comme étant la sphère de sa propre activité — tant l’Église se départit vite de sa fidélité — quant à la forme extérieure, une grande maison ; et ensuite vient l’activité de ces amis du plaisir, sans aucune trace de piété réelle, tout occupés à égarer les âmes insensées sous les formes de la piété.
Voyons maintenant dans quel esprit doit marcher le saint enseigné de Dieu et vigilant, quelles directions divines nous sont données. Le premier trait qui nous frappe et qui est le plus marqué, c’est la manière dont l’apôtre insiste sur le courage spirituel. Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour, et de conseil. Timothée devait prendre part aux souffrances de l’évangile selon la puissance de Dieu, ne pas avoir honte du témoignage, ni de l’opprobre qu’il amenait sur ceux qui étaient fidèles. Il devait être fort dans la grâce qui est dans le Christ Jésus : la foi individuelle devait croître dans la mesure selon laquelle le mal croissait et les saints déclinaient ; il devait combattre selon la règle. Il y avait une puissance au-dessus de toute la puissance du mal : si Paul était lié, la Parole de Dieu n’était point liée. Dieu poursuit Son œuvre en dépit de tout ; Il est au-dessus de toutes les circonstances qui nous affectent. Nous ne sommes pas assez pénétrés de la pensée que les œuvres qui se font sur la terre, c’est Lui-même qui les fait ; notre part est de nous confier en Lui. C’est ainsi que Paul avait marché, endurant tout dans l’énergie de l’amour. Remarquez ici comment il est semblable à son Maître ; il emploie le langage dont Christ, à qui il en rapporte la puissance, aurait pu Lui-même se servir. « C’est pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle ». De même, Timothée devait accomplir pleinement son service ; s’il souffrait avec Christ, il régnerait avec Lui. La recommandation suivante est de retenir ferme la vérité selon le modèle enseigné par l’apôtre — la première doctrine enseignée. Timothée devait conserver le modèle des saines paroles qu’il avait entendues de Paul, dans la foi et l’amour qui sont dans le Christ Jésus. C’est dans les épîtres que nous trouvons d’une manière certaine les paroles de Paul, et nulle part ailleurs. Il n’existe pas de progrès pour la vérité révélée, mais il y a à en faire dans son intelligence ; elle a été présentée sous une forme positive, et nous avons à la retenir ferme sous cette forme[1] : c’était un dépôt de doctrine qui lui avait été confié. Ceci est de toute importance en nos jours. Ce que l’on allègue du développement de la doctrine, de l’influence exercée sur les apôtres par leur siècle et sa manière de penser, donne un caractère souverainement important à cette recommandation de retenir ferme le modèle de la vérité tel qu’il a été donné par l’apôtre. De fait, le développement fut le premier pas dans l’erreur ; la philosophie s’introduisit bientôt dans le christianisme à Alexandrie, et la simplicité, la perfection divine et la pureté de la vérité furent perdues. La plénitude de la grâce, et notre caractère de sauvés, maintenant que nous croyons, brillaient distinctement dans cette vérité.
Un autre principe important posé dans cette épître quand règne la forme de la piété avec reniement de sa puissance, c’est la foi basée sur l’autorité des docteurs alors envoyés de Dieu et des Saintes Écritures. Elles suffisent pour rendre l’homme de Dieu accompli. Voilà un autre trait caractéristique du vrai chrétien dans les temps fâcheux des derniers jours : il reconnaît l’autorité des écrivains apostoliques, et l’inspiration et la suffisance des Écritures pour rendre sage à salut, « accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre ». Une chose qui se rattache à cela, c’est la place que prend la vérité. La vérité est quelque chose de réel ; il faut la retenir ferme à tout prix. « La vérité », nous dit le Seigneur, « vous affranchira », « sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité ». De même ici, les femmelettes ne peuvent parvenir à la connaissance de la vérité, les séducteurs résistent à la vérité. Ils détourneraient bientôt leurs oreilles de la vérité. Timothée devait enseigner avec douceur, dans l’espérance que Dieu donnerait repentance pour reconnaître la vérité. Ainsi, l’autorité apostolique directe et connue pour telle, autorité qu’aucune tradition ne saurait fournir, car par son moyen je ne puis dire de qui j’ai appris la vérité qui est présentée, de sorte qu’elle ait pour moi l’autorité apostolique — vérité telle que la formulent les expressions fournies par l’apôtre ; — en un mot, les Écritures, vérité connue, et fermeté à s’y tenir — voilà ce qui caractérise le disciple approuvé, quand le déclin et l’infidélité sont survenus.
En outre, la constance à endurer les souffrances, la fidélité, la persécution comme mise en contraste avec les aises et la simple profession, caractérisent d’une manière pratique le sentier divin, et non pas l’incertitude quant au salut et le labeur pour l’obtenir. Nous sommes sauvés et appelés d’une sainte vocation, selon le dessein de Dieu, avant que le monde commençât. La mort est abolie, en sorte que nous ne sommes point sous sa crainte. La vie et l’incorruptibilité sont mises en évidence. Nous nous trouvons dans la brillante et heureuse liberté d’êtres sauvés pour lesquels la puissance de la mort est détruite. Tout cela devait être pleinement maintenu. D’un autre côté, l’évangile amenait avec lui des souffrances. Timothée devait y prendre part selon la puissance de Dieu ; Paul souffrait pour l’évangile, et Timothée devait endurer les souffrances comme un bon soldat et être libre des embarras du monde. C’est ainsi que Paul endurait tout pour l’amour des élus. Mais ce n’était pas seulement ceux qui travaillaient dans le ministère qui devaient souffrir. Il y avait une autre source de persécution, non pas le christianisme en lui-même, mais le soin mis à vivre pieusement dans le Christ Jésus. La forme de la piété en compagnie d’une grande abondance de mal régnerait ; mais la vraie piété, la poursuite d’une vie pieuse, le refus de s’unir au courant de la profession religieuse du monde, seraient persécutés. L’Église professante se trouvant dans un état pareil, l’Assemblée en général serait une grande maison, et des vaisseaux à déshonneur y seraient admis. Ceci mène aux directions ecclésiastiques, pour les appeler ainsi, que l’Esprit voulait donner. L’insouciance quant à la doctrine, l’abandon de la vérité ayant définitivement prévalu ; l’église professante étant tombée dans un état mondain charnel, dans lequel était perdu le sentiment que, déjà ressuscités en Christ, nous attendions une résurrection pour nous retirer de tout l’ensemble de la condition actuelle ; et ce qui portait le nom de christianisme en étant venu à reconnaître la position de l’homme de ce côté-ci de la mort, quelle conduite le chrétien devait-il tenir ? Il devait se purifier de ceux-là de manière à être un vase convenable pour le service du Maître. Il ne pouvait, c’est évident, abandonner la profession du christianisme, tout corrompu qu’il était ; il ne devait pas non plus sanctionner la corruption, et il ne pouvait y remédier pour ce qui concerne la profession publique. Non, le mal demeurait — les imposteurs iraient en empirant. Timothée devait se purifier d’eux ; mais sa conduite devait être également exacte : évitant les convoitises, il devait poursuivre la justice, la foi, l’amour et la paix. Fallait-il donc qu’à cause du mal il s’isolât dans sa marche, en poursuivant la piété et la grâce ? Nullement ; il devait reconnaître et distinguer ceux qui invoquaient le Seigneur d’un cœur pur. Si on demande comment cela est possible, je réponds que l’apôtre nous dit de le faire ; il ne suppose pas que nous ne le pouvons : cela devait être fait. Je puis ne pas être capable de discerner si telle personne réalise ce caractère ; c’est très possible ; je n’ai point à la juger, mais, dans ce cas, elle n’est pas de ceux qui me sont signalés comme étant ceux avec lesquels je dois marcher. Cette direction est très simple. L’église professante est caractérisée comme une grande maison qui contient des vaisseaux à déshonneur. Dans un état de choses pareil, je ne dois pas prendre mon parti du déshonneur, ni songer à réformer la maison, ou à la quitter ; ce à quoi je suis appelé, c’est à me purifier de ceux qui sont tels, et à reconnaître ceux qui invoquent le nom du Seigneur, Le confessent et L’adorent d’un cœur pur — à marcher avec eux.
Il reste quelques points de détail que nous pouvons signaler, mais qui se rattachent plus spécialement au ministère. Je commence par la recommandation de conserver le modèle des saines paroles, d’éviter les disputes sur des questions soulevées sans profit, de tenir à la vérité elle-même, d’éviter les contestations même en combattant pour la vérité. Il fallait aussi éviter les discours vains et profanes — ceux qui les tiennent iront plus avant dans l’impiété. Ici, il ne s’agissait pas de disputes sur des questions sans profit, mais d’erreur, comme nous le voyons par le cas cité par Paul. Ces hommes devaient être évités ; nous n’avons pas à disputer de paroles, ce qui est sans profit. Dans toutes ces choses à fuir, à éviter, il s’agissait de demeurer dans la simplicité de la vérité ; mais, quant à la profession chrétienne corrompue, aux formes de la piété, et à l’impiété, nous devons nous en détourner complètement. Il fallait fuir, éviter les premières, c’était quelque chose d’individuel ; pour ce qui est des dernières, il fallait les laisser, s’en détourner. D’un autre côté, Timothée devait être vigilant, soigneux de se montrer ouvrier approuvé de Dieu, ouvrier qui n’avait pas à avoir honte, exposant justement la Parole de la vérité ; il fallait la bien exposer, disséquer, et en faire une juste application, aussi bien qu’une saine explication conformément à la pensée de Dieu. Ensuite, il devait confier à des hommes fidèles ce qu’il avait entendu de Paul ; non pas établir des hommes en de certaines charges, mais confier la vérité à des hommes, à des hommes fidèles. La vérité, et la vérité rattachée à la vraie piété, à la piété sans hypocrisie, et une position de souffrance dans le monde à cause d’elle en contraste avec une église qui a ses aises, voilà donc le grand sujet des pensées de Paul tout le long de cette épître. Mais toutes ses directions sont d’un caractère individuel. Timothée ne devait pas s’imaginer qu’il pouvait réformer le corps ; il devait fuir, éviter, se détourner, etc., et poursuivre la piété avec ceux qui cherchaient réellement le Seigneur d’un cœur pur (non pas avec ceux qui faisaient simplement profession). Il fallait à tout prix retenir ferme le témoignage et la vérité. Nous voyons comment l’abandon de la vérité fut vite le moyen qu’employa l’ennemi pour introduire l’impiété et la mondanité. Même quand il est question de la forme de la piété, c’est parmi des femmelettes, qui ne parviennent jamais à la connaissance de la vérité, qu’elle se propage. Cela les faisait connaître. Finalement, le Seigneur serait fidèle, Il ne pouvait se renier Lui-même.
J’ai une autre remarque à faire ici. Le vrai point de départ de l’épître, c’est la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus. C’est de vie, non pas de vie ecclésiastique, qu’il est question. Il en est de même de la plénitude de la grâce, comme nous l’avons fait remarquer (1, 9) ; mais, d’un bout à l’autre, elle insiste sur la responsabilité personnelle ; et, en conséquence, elle nous place en présence, non d’espérances et de privilèges, mais du jugement, je veux dire même en tant que chrétiens ; Paul désire que le Seigneur fasse trouver miséricorde à Onésiphore en ce jour-là. Timothée est adjuré devant Dieu et le Seigneur Jésus qui jugera les vivants et les morts à Son apparition et en Son règne. Ainsi, la couronne est une couronne de justice ; il faut que l’on combatte selon les lois, et après avoir travaillé premièrement, jouir des fruits. Le Seigneur, le juste juge, donnera à Paul la couronne de juste ; pareillement, quant à tous les autres, elle est réservée à tous ceux qui aiment Son apparition. Mais il venait de parler de l’apparition du Seigneur, comme du temps où Il doit juger. Et il en est bien ainsi, d’abord les vivants, et après les morts. Comment aimer cette apparition ? Ceci suppose, premièrement, la plus complète association avec Christ, et notre pleine acceptation, le jugement ayant été mis de côté pour nous. Mais, de plus, l’amour de Son apparition suppose que sa réalisation en ce moment même ne réveille en nous le sentiment de rien qui aurait à être jugé, qui serait de nature à nous empêcher d’aimer ce qui mettra de côté le mal. C’est pour nous le temps de la gloire. Quand Il sera manifesté, alors nous serons manifestés avec Lui en gloire. Mais c’est aussi le temps où le mal est mis de côté ; de sorte que, si nous avons toléré en nous quelque chose qui ne soit pas convenable pour l’apparition de Christ, si nous ne sommes pas de tout cœur à l’établissement et à la manifestation de Sa gloire, nous ne saurions aimer réellement Son apparition. Ceci donne, au milieu du déclin général, un caractère solennel mais très précieux à l’enseignement de l’épître. On peut dire véritablement que tout son contenu suppose une grande proximité personnelle avec le Seigneur, une proximité proportionnée au déclin général.
Puissions-nous nous juger ainsi nous-mêmes, et ainsi tenir ferme près de ce bien-aimé Sauveur !
- ↑ L’apôtre nous donne là une direction très importante dans la pratique — la vérité ayant été présentée sous une forme expresse selon la sagesse divine : la retenir dans cette forme. En dehors de l’Écriture, il n’existe pas de formulaire apostolique, comme c’est bien connu. Les symboles n’ont paru que des siècles après l’Écriture.