Messager Évangélique:Nombres 23 et 24

De mipe
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Pour bien saisir le sens des prophéties qui nous sont rapportées ici, il faut prêter une attention particulière aux circonstances dans lesquelles elles ont été prononcées. Israël tiré d’Égypte a traversé le désert ; la grâce et la puissance de Dieu l’ont amené jusqu’aux portes de Canaan, dans les plaines de Moab, où nous le trouvons campé. Près de quarante ans se sont écoulés depuis qu’il a chanté le cantique de la délivrance, sur les rives de la mer Rouge ; Dieu l’a éprouvé au désert et Israël a manifesté ce qu’il était ; il s’est montré, comme Moïse le lui reproche dans ces mêmes plaines de Moab, un peuple rebelle, de cou roide ; il a déjà fait preuve de sa méchanceté en face de la délivrance et des merveilles de la puissance de Dieu (Deut. 9).

Que fera Dieu maintenant ? Introduira-t-Il Israël dans le beau pays qu’Il lui a promis quand Il l’a tiré d’Égypte, dans ce pays dont Il avait parlé à Abraham, disant : J’ai donné ce pays à ta postérité (Gen. 15, 18-21) ? Ou bien Dieu écoutera-t-Il la voix de l’ennemi qui voudrait faire maudire le peuple, et traitera-t-Il celui-ci selon ses péchés ?

Telle est la question que nous trouvons posée et résolue ici, une question entre Dieu et l’ennemi, car le peuple campé dans la plaine n’a pas connaissance de ce qui se passe sur la montagne, aux hauts lieux de Baal, au Pisga ou au Péor. Balak avait dit à Balaam : « Viens, maudis-moi Jacob ; viens, dis-je, déteste Israël ! » (23, 7, 13 et 27). Et Balaam lui répond de la part de Dieu et comme celui qui a la vision (ou vue) du Tout-puissant ; il nous révèle dans ses prophéties la pensée de Dieu au sujet de Son peuple en face de l’ennemi.

Quand il s’agit de la marche de Son peuple, de Son gouvernement au milieu d’Israël, Dieu prend connaissance de l’état de Son peuple, car Il est un Dieu saint. Il voit Israël tel qu’il est de fait, rien n’échappe à Son regard ; Il sonde les cœurs ; Il éprouve, Il châtie, Il corrige, Il exerce le jugement, même jusqu’à punir de mort (comp. Lév. 10, 1-3 ; Nomb. 16 ; Jos. 7 ; Nomb. 14 ; Héb. 3 ; Act. 5, 1-11 ; 1 Cor. 11, 30-34 ; 1 Pier. 4, 17). Dieu fait passer les siens par des épreuves, afin qu’ils connaissent ce qu’il y a dans leurs cœurs et qu’ils connaissent Dieu, le Dieu avec lequel ils ont affaire, leur Dieu.

Israël, dès qu’il est sorti d’Égypte et qu’il a passé la mer, a pu chanter : « Tu as conduit par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté, tu l’as conduit par ta force à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15, 13) ; mais il faut qu’Israël soit exercé dans le désert, il faut que son cœur soit mis à découvert ; — il faut que Dieu émonde tout sarment qui porte du fruit, afin qu’il porte plus de fruit. Christ lave les pieds de Ses disciples, de ceux qui sont déjà nets, afin de les purifier et de se faire connaître d’eux ; Il entre dans tous les détails de la vie des siens, afin que nous Le connaissions comme Il veut être connu de nous, et qu’ainsi nous devenions familiers avec Lui.

C’est de cette manière que Dieu intervient au milieu des siens, châtiant celui qu’Il aime, et exerçant le jugement sur Sa maison. Le fond des cœurs est mis en évidence devant Dieu tout le long du chemin. Qu’adviendra-t-il donc de ceux dont Moïse, le plus doux des hommes, a dû dire : « vous avez été rebelles jusqu’à maintenant »… ? Tout ce mal contre lequel Dieu est intervenu de tant de manières, n’empêchera-t-il pas Israël de jouir des promesses ? — Comment après toutes leurs transgressions, leurs murmures, leurs infidélités, Dieu regarde-t-Il à Ses enfants ? Balaam, celui qui ne prononce que ce que Dieu a mis dans sa bouche, et qui a la vision du Tout-puissant, va nous le dire.

« Voici, ce peuple habitera à part et il ne sera point compté parmi les nations… » (23, 9) ! C’est la première prophétie : Ce peuple est mis à part. « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17, 14, 16).

La seconde prophétie (23, 13 et suiv.) va plus loin ; le peuple n’est pas seulement mis à part, mais Dieu le voit sans péché, et Dieu, son Dieu, est avec lui. Balaam avait été au-devant des enchantements ; il avait recherché la puissance de Satan. Dieu lui avait dit expressément de n’y point aller, Il avait repris Balaam par la voix d’une ânesse muette (chap. 22), mais celui qui aima le salaire d’iniquité s’en va avec les messagers de Balak, et Balak le conduit à droite et à gauche sur les montagnes pour lui faire maudire le peuple. Mais Balaam ne peut dire qu’une chose : « Le Dieu fort n’est pas homme pour mentir ni fils d’homme pour se repentir. Il l’a dit et ne le fera-t-il point ? Il a parlé et ne le ratifiera-t-il point ? Voici, j’ai reçu la parole pour bénir ; puisqu’il a béni, je ne le révoquerai point » (23, 19-20) !

C’est une chose bien consolante pour le chrétien que de savoir, que toute la puissance de Satan ne peut rien contre lui : la question de son adoption et de sa bénédiction ne dépend pas de ce qu’il a fait, mais de ce que Dieu a fait. « En pareille saison il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que le Dieu fort a fait ? » (23, 23). Il les a tirés d’Égypte, non pour les détruire, mais pour les introduire et les planter sur la montagne de Son héritage, au lieu qu’Il a préparé pour Sa demeure, au sanctuaire que Ses mains ont établi (Ex. 15, 17). Si à cause de leurs péchés, Il est un moment irrité contre eux, Sa gloire est liée à leur délivrance (Nomb. 14). Moïse dit : « les Égyptiens l’entendront »… et Dieu répond : « J’ai pardonné ».

Nous avons péché ; en nous il n’y a point de bien, il n’y a que péché : mais Dieu nous a rachetés ! C’est de cela qu’il s’agit ; en pareille saison il sera dit : Qu’est-ce que le Dieu fort a fait ? Et la conséquence de cette œuvre de Dieu, le fruit du travail de l’âme de Jésus, c’est que : « Dieu n’a point vu d’iniquité en Jacob, ni de perversité en Israël » (23, 21). Jésus a porté nos péchés, en Son corps sur le bois, afin que Dieu pût dire en vérité : Je n’ai point vu d’iniquité en Jacob. — C’est la réponse de Dieu à Satan qui cherche à attirer la malédiction sur nous ; c’est la réponse de Celui qui voit tout, de Celui qui voit tout mieux que Satan et qui a pris connaissance de toutes nos rébellions. Après qu’elles ont été manifestées — au bout du désert, Dieu n’a pas vu d’iniquité ! S’il s’agit de loi, Moïse même n’a pas pu entrer en Canaan ; mais Israël, tout misérable qu’il soit, entre, parce qu’il ne s’agit pas de loi, mais de grâce et de justification. Israël entra, non pas à cause de sa justice ou de la droiture de son cœur (Deut. 9, 5), mais parce que Dieu veut manifester Sa grâce, en face de la rébellion et de tout le mauvais cœur de Son peuple. Balak voudrait profiter de l’état misérable du peuple pour le faire maudire, mais il n’y a point d’enchantements contre la grâce. Il s’agit de ce que Dieu a fait : Satan entamerait-il l’œuvre de Dieu ? Dieu Lui-même est au milieu de Son peuple : Jéhovah son Dieu est avec lui : oui, Il est avec lui, et il y a en lui un chant de triomphe royal ; le Dieu fort qui les a tirés d’Égypte, leur est comme les forces de la licorne (23, 21-22).

Notre position devant Dieu dépend entièrement de ce que Dieu a fait pour nous. Sans doute après que nous avons connu que Dieu nous a donné un Sauveur, nous avons bien des choses à apprendre, bien des expériences à faire, mais Dieu ne voit point d’iniquité en nous, parce qu’il s’agit de ce que le Dieu fort a fait. Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal ; mais puisque tout dépend de ce que Dieu a fait, qui est-ce qui condamnera (Rom. 8, 32, 33) ?

Quand Satan cherche la malédiction par le moyen de Balaam, il n’y peut réussir : Dieu a béni ! Et ainsi Satan devient un instrument pour manifester la perfection de la grâce de Dieu. Plus il lutte contre nous, plus nous avons de bénédictions : tous ses efforts n’aboutissent qu’à montrer que Dieu est avec nous et qu’à faire ressortir les richesses de sa grâce.

Aussi Balaam, au chapitre 24, ne va plus au-devant des enchantements ; il en voit l’inutilité, il voit que Dieu a béni et qu’Il veut bénir Israël. Dieu lui ouvre les yeux et il a la vision du Tout-puissant ; et quoique le peuple ne soit pas encore entré en Canaan, Dieu l’y voit déjà, et Balaam est forcé de dire devant Balak : « Que tes tabernacles sont beaux, ô Jacob ; et tes pavillons, ô Israël ! Ils sont étendus comme des torrents, comme des jardins près d’un fleuve, comme des arbres d’aloès que Jéhovah a plantés, comme des cèdres auprès des eaux » (24, 5 et suiv.) !

Si l’on avait passé au milieu de ces tentes d’Israël campé dans la plaine, de combien de misères n’eût-on pas été témoin ; que de méchancetés n’eût-on pas rencontrées ? Mais Dieu qui voit d’en haut Son peuple, déclare en présence de l’ennemi, de l’accusateur, qu’Il n’a point aperçu d’iniquité en Jacob ni de perversité en Israël, et Balaam est forcé de déclarer toute la beauté du peuple rangé selon ses tribus sous l’œil de Dieu.

De même, il y a de grandes misères au milieu des enfants de Dieu ; mais Dieu a béni et Il ne s’en repentira pas ; Son but sera accompli pour la gloire de Son nom. Christ veut se présenter l’Église, une Épouse sans tache, ni ride, ni aucune chose semblable…, et c’est ainsi que réellement elle sera.

Jamais il n’y a de sécheresse là où Dieu habite ; les aloès que Jéhovah a plantés, prospéreront ; mais toute plante que Jéhovah n’a point plantée, sera déracinée. Dieu s’identifie avec Son peuple : « Qui te bénit sera béni » (24, 9) ! Et c’est ainsi qu’on devrait voir les chrétiens. Jamais l’œuvre de Christ n’a motivé l’égoïsme ; le fruit de l’Esprit est paix, joie, sanctification.

Quel bonheur pour nous que cette prophétie et que le couronnement de toutes nos espérances, cette « étoile procédée de Jacob » (24, 17), cette « étoile du matin », qui reluira bientôt dans toute sa gloire !

Jusqu’à quel point avons-nous saisi ces choses ? Jusqu’à quel point sont-elles en nous des réalités vivantes et quels sont les fruits qu’elles ont portés ? Tout en nous devrait céder à cela, et d’autant plus que nous pouvons contempler toute cette gloire à visage découvert, afin que nous soyons transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit. L’Esprit prend les choses de Christ et nous les communique (2 Cor. 3, 18 ; Jean 16, 14, 15).