Messager Évangélique:L’armure complète de Dieu/Partie 1

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L’épître aux Éphésiens a un caractère particulier. Elle ne considère pas l’homme comme ayant une vie de péché, qu’il doit tenir pour morte en principe, et à laquelle il doit résister dans la pratique ; mais, afin de donner pleinement à Dieu la part et la place qui Lui appartiennent, et de donner à la bénédiction qui vient de Lui tout son caractère et toute sa perfection, elle envisage l’homme comme mort dans ses offenses et dans ses péchés ; de sorte que toute l’existence morale de l’homme est une existence nouvelle, qui dépend de Dieu et qui dérive de Sa puissance ; elle doit son origine et son maintien à Son action créatrice et vivifiante. Elle est une nouvelle création.

D’après cela, dans le premier chapitre, avant même de parler de la rédemption qui répond aux nécessités de l’homme, l’Esprit dirige nos regards vers les conseils éternels de la grâce de Dieu à l’égard de ceux qui sont élus en Christ (v. 3-6), et vers les richesses ineffables des bénédictions auxquelles ils sont destinés ; puis, au verset 11, il est question de l’héritage qui leur est échu en Christ, comme d’une chose d’un ordre inférieur. Ainsi, plus loin, il nous présente l’union de l’Église avec Christ, comme sa tête, exalté au-dessus « de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ». Ainsi, encore, nous trouvons que Dieu nous a vivifiés et ressuscités ensemble avec Christ, et qu’Il nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Lui — là où toute distinction entre Juif et Gentil est perdue pour toujours, et qu’Il nous a créés de nouveau dans le Christ Jésus. Le Saint Esprit, selon le mystère caché dès les siècles, mais maintenant révélé, devient, par Sa présence, la puissance de l’unité de l’Église comme habitation de Dieu ; et tous les dons qui sont nécessaires, sont conférés, en vue de la perfection des saints, pour le rassemblement et l’édification du corps par le Chef élevé dans le ciel, qui a reçu l’Esprit dans ce but, en vue des membres qui sont ainsi unis au Chef. Ainsi envisagée dans son Chef, et dans la puissance du Saint Esprit sur la terre, l’Église a un caractère céleste ; et comme ses privilèges revêtent ce caractère élevé, il en est de même de son témoignage, de ses difficultés et de ses combats (comp. chap. 1, 3 ; 2, 6 ; 3, 10 ; 6, 12). Car dans la mesure même que notre position spirituelle se trouve plus élevée, les difficultés aussi et les exercices de cœur revêtent nécessairement un caractère qui exige une plus grande expérience et une plus grande puissance. Notre avancement spirituel nous y introduit nécessairement. Mais Dieu est fidèle, et Il ne permettra point que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons. Nous ne pourrions pas nous attendre qu’un enfant en Christ fût exercé comme un apôtre. Néanmoins les principes de toutes les tentations sont en général les mêmes, et l’expérience d’un apôtre le rendrait capable d’entrer d’autant mieux dans les épreuves d’un jeune enfant. Sa connaissance plus complète des artifices de Satan, le met à même d’exposer ces artifices sous leur véritable jour aux chrétiens moins expérimentés. Par cela même qu’ils ont cessé d’être des artifices pour lui-même, il peut en montrer toute la ruse à celui qui n’en a pas encore l’idée ou qui ne les a qu’imparfaitement jugés. En s’attachant à la Parole de Dieu l’âme la plus simple évite le danger, quoiqu’elle soit peut-être sans expérience quant aux ruses de l’ennemi : car dans ce sentier-là on trouve Dieu, et tout est simple. On est sage quant au bien, et on peut être simple quant au mal. Néanmoins — tels que nous sommes — il y a des exercices pour nous ; et la même nature humaine existe dans le plus ancien comme dans le plus jeune des saints. La forme de l’épreuve peut être différente ; elle peut être appropriée aux progrès qui ont été faits ; mais les principes sont les mêmes, aussi bien que les moyens de défense. On pourra les employer mieux, si on est plus humble d’esprit ; mais les armes de Dieu ne varient pas dans leur nature. L’apôtre en expliquera l’usage au jeune soldat : mais il emploie — quoiqu’avec plus d’adresse — les armes qui font le sujet de ses explications.

Mais avant de considérer la nature de l’armure, je dirai quelques mots sur la position de celui qui est appelé à s’en servir. Il faut remarquer que l’emploi spirituel de l’armure se trouve à la fin d’une épître, dans laquelle tous les privilèges spirituels les plus élevés ont été présentés comme la portion du chrétien. Il est envisagé, d’un bout à l’autre de l’épître, comme étant dans la Canaan céleste ; béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; vivifié avec Lui, ressuscité avec Lui, et assis dans les lieux célestes en Lui. Il a la rédemption et le pardon. Le désir de l’apôtre est que le chrétien connaisse la plénitude et l’étendue de sa vocation, de son héritage, et de la puissance qui l’y a introduit en esprit et vie, sinon en corps. Sur la terre il est envisagé comme édifié ensemble avec tous les saints, « pour [être] une habitation de Dieu par l’Esprit ». Dès lors, lorsque l’apôtre parle du combat, ce combat n’est pas engagé dans le but d’entrer dans ces privilèges, mais dans le but de s’y maintenir, et de les réaliser par la puissance de Dieu. Quand l’apôtre parle de ne pas avoir à combattre contre le sang et la chair, il fait allusion à Josué et à Israël. Or les combats d’Israël n’eurent pas lieu en Égypte, ni même, à proprement parler, dans le désert. En Égypte, ils étaient opprimés et esclaves, comme l’homme inconverti est esclave du péché et de Satan. Dieu voit ses afflictions ; Il descend pour le délivrer. L’homme sort de sa misère ; il ne saurait échapper à sa faiblesse, et il est amené à dépendre de Dieu comme Sauveur, et par le moyen de la mort et de la résurrection de Christ, c’est-à-dire par le moyen de la rédemption, il passe dans une nouvelle scène, dans laquelle il est, pour toujours, en dehors de tout ce qui faisait son tourment et sa douleur avant sa délivrance. « Tu as conduit par ta miséricorde », dit Moïse en son cantique, Exode 15, « ce peuple que tu as racheté, tu l’as conduit par ta force à la demeure de ta sainteté ». Non seulement le sang sur les poteaux et le linteau des portes les avait abrités du juste jugement de Dieu, mais la puissance active de Dieu les avait maintenant délivrés entièrement et pour toujours de la condition dans laquelle ils étaient. La seule différence quant à ce que nous lisons dans l’épître aux Éphésiens, est celle que nous avons mentionnée, savoir, que les peines et les tourments antérieurs sont passés sous silence. L’homme y est envisagé comme mort dans ses offenses et dans ses péchés, afin que tous ses privilèges et l’œuvre de Dieu toute entière, soient envisagés en eux-mêmes dans leur pleine étendue. Je passe sous silence le désert, qui représente ce que ce monde est devenu pour le racheté, et qui est caractérisé par l’exercice de la foi et de la patience, et non par des combats spirituels pour réaliser ou maintenir des privilèges donnés.

Pour entrer pleinement dans ces privilèges, nous devons réaliser notre propre mort et résurrection avec Christ — non pas uniquement le fait qu’Il est mort et ressuscité pour nous. Il nous faut passer le Jourdain, et entrer ainsi dans le pays — en esprit. La mer Rouge préfigurait la rédemption par la mort et la résurrection de Christ ; le Jourdain, que nous sommes morts et ressuscités avec Lui, en la puissance de l’Esprit de Dieu, de manière à entrer, en esprit, dans ce qui est au-dedans du voile selon la puissance de la rédemption qui a été accomplie pour nous. Et remarquez bien qu’à son entrée en Canaan, telle que nous la dépeint le livre de Josué, la portion d’Israël ne fut pas le repos. Ce fut alors que commencèrent leurs combats pour la jouissance du pays. Sans doute le Jourdain était la figure de la mort ; mais, à proprement parler, de notre mort avec Christ, en la puissance du Saint Esprit, de manière à être ressuscités en esprit, « dans la liberté dans laquelle Christ nous a placés en nous affranchissant » ; afin que nous puissions réaliser les choses célestes dans lesquelles Il est entré comme notre chef ressuscité, et vivre en elles. Dès qu’Israël eut traversé le Jourdain, avant de frapper un seul coup, ils mangèrent du crû du pays. Ils étaient, quant à leur droit, en pleine possession de la contrée ; mais pour la posséder de fait, ils durent combattre contre l’ennemi. Le principe du combat chrétien est le même. « Toutes choses sont à vous ». Pour ce qui regarde notre droit, nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ, et nous mangeons du produit de ce pays-là. Mais c’est alors que commence le conflit, pour tenir ferme contre l’ennemi, et réaliser la somme de nos privilèges, au travers de toutes les attaques qu’il dirige contre nous. Car en tenant ferme contre ses attaques, il y aura un progrès continuel dans la réalisation de ce que Dieu nous a donné, bien que, dans le conflit même, nous n’ayons qu’à tenir bon avec fidélité. Si, quant à notre droit et quant à notre place à l’égard de Dieu, nous sommes assis dans les lieux célestes, nous devons, quant à la possession, la prendre de fait ; car les puissances spirituelles de méchanceté sont là.

Ayant fait ces remarques générales sur la position de ceux qui sont engagés dans cette guerre, je reviens à l’épître aux Éphésiens.

Dans cette épître, les bénédictions, les saints eux-mêmes, le témoignage de l’Église, les combats des saints, tout est dans le ciel. Le repos sera là, comme, dans la figure, il était en Canaan pour Israël. Le combat est là, comme il était en Canaan sous Josué. Mais maintenant la lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre le prince de l’autorité de l’air, « contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les [puissances] spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes ». Les armes charnelles et la sagesse charnelle n’y peuvent rien. Nous pouvons être victorieux des instruments de Satan, dans nos raisonnements, et être vaincus par Satan lui-même. Il n’y a point de sauvegarde, sinon dans l’armure de Dieu ; et pour tenir ferme continuellement, toutes les pièces qui la composent sont indispensables. Que dirions-nous d’un soldat qui, tout en étant armé à tous autres égards, aurait oublié son casque ou son fusil ? Il a oublié son ennemi, il a oublié qu’il est lui-même exposé à être blessé. Béni soit Dieu de ce que nous avons et Sa Parole et Sa sagesse pour nous dire ce qui est nécessaire pour que nous puissions tenir ferme ! Satan n’a pas le pouvoir de toucher à ce qui est né de Dieu. Celui qui vit et qui marche dans l’Esprit, n’est pas atteint par les armes de Satan, ni renversé par ses artifices. Mais la chair est sans puissance contre lui ; et si la chair est exposée, nous sommes en danger d’être renversés par lui. Dès lors l’Esprit nous montre ce qui est nécessaire.

La première chose, c’est que nous nous souvenions de ce que je viens d’observer, savoir, que l’armure est celle de Dieu ; que ni puissance humaine, ni sagesse humaine, ne peuvent rien. Les armes et les artifices de Satan les traversent en un moment. L’emploi de pareilles armes n’est que la folie de cette confiance dans le moi, qui est précisément ce qui nous expose à Satan — témoin le cas de Pierre. Rappelons-nous aussi la base que nous avons posée, savoir, que le conflit avec Satan, dont il est parlé ici, suppose la paix avec Dieu. Si je suis réellement surs mes pieds, combattant contre Satan, et armé par Dieu, je ne suis pas dans l’incertitude à l’égard de Dieu sur la question de savoir s’Il est pour moi. Mes luttes ne sont pas avec Dieu ; mes craintes n’ont pas Dieu pour objet. Les anxiétés d’une âme non réconciliée ont leur source dans la peur qu’elle a de Dieu, et dans son incertitude quant aux pensées de Dieu. Les luttes de l’âme réconciliée sont avec l’ennemi.

Remarquez encore que je ne dois pas attendre le temps du combat, le mauvais jour, pour me revêtir de l’armure. J’entre tout armé dans la lutte, si du moins j’y entre comme je dois y entrer et de manière à être victorieux. L’armure que nous portons est notre état permanent par rapport à ce monde ; mais à l’égard de Dieu, tout est paix.

Remarquez ensuite que les parties de l’armure qui ont rapport à la condition spirituelle de l’âme même du chrétien et à sa marche — ce qui contribue à subjuguer la chair et le moi — viennent en première ligne ; puis le maintien de la confiance pratique en Dieu — et combien cet ordre est vrai ! — ensuite l’activité du chrétien par rapport aux autres ; et le tout se termine par l’expression d’une entière dépendance. Ce n’est pas à la force et à la puissance de Satan que nous avons à résister, mais à ses artifices. Lorsque nous lui résistons réellement, il est sans force contre nous, car il a été vaincu par Christ, et, quant à la nouvelle nature, il n’a rien en elle, et il n’est rien pour elle. Quand les inclinations du cœur n’ont point été jugées, alors il a la puissance de nous séduire. Dès lors, quant à la réception d’une vérité quelconque, c’est réellement de l’état de l’âme qu’il est question. Quand cet état n’est pas bon, tous les raisonnements sont vains. Quand l’œil est simple, tout le corps est éclairé. Ainsi quand la chair n’est pas jugée, l’ennemi peut nous renverser et nous troubler : « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous ».

La première partie de notre armure, c’est donc d’avoir les reins ceints de la vérité. La Parole doit d’abord ceindre mes propres reins, avant que je puisse m’en servir comme d’une épée. Ceindre les reins, c’est fortifier et affermir l’homme entier ; or cette œuvre est impossible, si tout demeure sans frein dans ses voies et dans ses pensées ; elle découle de l’application de la vérité à son âme. Et cette application de la vérité à l’âme, bien qu’elle soit une opération intérieure, a une double portée. C’est l’application au cœur et à la conscience de tout ce qui est révélé en Christ. Or cela juge d’abord ce qui n’est pas de Christ — le découvre et le juge ; en même temps, ce qui est dans le cœur est vu sous son véritable jour, étant comparé avec ce que je vois en Christ — révélé, comme la vérité, à mon cœur. J’ai jugé ce qui procède de la chair et ce qui s’y adapte ; ces choses ont perdu leur fausse apparence et leur puissance séductrice ; elles ont perdu tout entièrement leur puissance, parce que Christ est réellement dans le cœur. Je ne laisse pas aller mon cœur à ces choses ; elles y ont perdu leur place, parce qu’elles ne sont pas vues de l’œil de la chair, mais jugées par l’Esprit. Au lieu d’avoir des attraits pour le cœur où l’Esprit agit, elles ont leur caractère véritable et odieux. Christ, comme étant la vérité, les a manifestées sous leur véritable jour, et les a mises en dehors des affections, selon le jugement porté sur leur nature odieuse. Elles ne me sont plus rien, pour ce qui est des affections morales ; elles ne sont que chair et péché à mes yeux. Mais en outre, il y a ce qui a opéré ce jugement, savoir, la révélation de la vérité elle-même — de Christ — dans le cœur. Dès lors ce qui est bon est aimé, a puissance et autorité dans le cœur ; la volonté et les affections sont tenues en bride par les choses qui ont autorité sur elles, au lieu d’être abandonnées à leur libre cours, tandis qu’en même temps elles trouvent leurs délices dans ce qui exerce cette autorité sur elles. Elles sont ceintes, retenues ; elles revêtent un ton moral et de la fermeté, par la connaissance de la valeur de ce qui est une obligation, parce qu’il s’agit de ce qui est en Christ, et une joie, parce qu’il s’agit de ce qui est bon. Car dans l’homme l’obligation donne la force, lorsqu’elle est en grâce ; alors on prend plaisir dans la chose elle-même, et elle n’est pas imposée comme une loi. Il y a un cœur bien gouverné, au lieu d’une volonté non gouvernée. Toutefois il est intelligent, et trouve ses délices dans ce qu’il voit en Christ. Il se gouverne soi-même. Ainsi donc, ceindre les reins de la vérité, c’est l’application de la vérité aux affections, en sorte que l’homme est bien troussé, ayant affaire au bien — qui a autorité sur l’âme, et y trouvant aussi ses délices.

Il y a deux passages sur lesquels je désire attirer l’attention du lecteur, en connexion avec la première partie de l’armure.

Dans Hébreux 4, nous lisons : « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et jugeant des pensées et des intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui ; mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire ». Il s’agit évidemment ici de ce caractère de la Parole, qu’elle sonde le cœur ; or, « ta parole est la vérité ». Elle est divine, vivante et efficace. Rien de ce qui est de la créature n’échappe à son jugement pénétrant. Cette déclaration de l’Écriture ne va pas au-delà. Mais si j’ai un désir sérieux que toutes choses en moi soient « de Dieu », selon la « nouvelle création » (2 Cor. 5) ; et si j’ai appris, quant à ce qui vient uniquement de la créature, en tant qu’elle a une volonté, que toute l’imagination des pensées de son cœur n’est que mal — et cela en tout temps ; si mon cœur est droit, selon Dieu, je serai très reconnaissant de ce que la Parole découvre ainsi tout ce qui fait obstacle à ma vie spirituelle et se glisse entre mon âme et Dieu, gâtant à la fois et ma communion et ma marche, et de ce qu’elle place l’inclination qui fait obstacle, en la présence de Dieu, où tout est jugé et où il y a délivrance.

Jean 17 va plus loin. Nous y lisons : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité… Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité ». Ici nous avons la Parole introduisant son action positive pour former, aussi bien que son action pour découvrir ; et Christ aussi, mis à part comme la perfection de ce que nous devons être, afin que la révélation à l’âme de ce qu’Il est, Lui, nous rende conforme à Lui-même. Il est évident qu’une telle communication de ce qu’est Christ, attirera d’une part la nouvelle créature et fera ses délices, tandis que de l’autre elle jugera en toutes choses le vieil homme ; mais c’est plus que la Parole divine simplement comme une épée, comme l’œil de Dieu sur nous, qui discerne et découvre ; il y a une puissance d’attraction et d’assimilation. Il s’agit d’un homme dont j’ai la nature (car il est ma vie) ; dans lequel je vois toute cette perfection morale : l’amour, la sainteté, la vérité, la pureté absolue, la grâce, la bonté patiente, le dévouement sans bornes pour nous, le sacrifice de soi-même, et d’une manière absolue, un œil simple quant au dévouement pour Dieu, pour la gloire de son Père, et, dans toutes ces choses, toute la plénitude vivifiante de Dieu. Tout cela existe dans l’homme, dans Celui à qui j’ai affaire, qui m’aime, avec qui je suis un. Il s’est sanctifié Lui-même pour nous. Par la communication de tout cela et de bien plus encore, dans la vérité, nous sommes sanctifiés : — d’abord, en croyant, de manière à y avoir part, et ensuite par la réalisation que nous en faisons chaque jour, en détail, de sorte que nos âmes sont par là attachées à Christ : « Nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit ». Portion bénie ! présentée, il est vrai, dans le passage de l’épître aux Éphésiens qui nous occupe, plutôt sous le rapport de sa puissance protectrice, que sous celui de la joie et des avantages qu’elle procure ; plutôt sous le rapport de son énergie morale pour maintenir nos cœurs, que sous celui des joies qu’elle donne dans la communion ; mais également profitable sous tous ces rapports ! La vérité donc, comme étant cette révélation divine à l’âme par la Parole, découvre tout ce qui donne prise à Satan sur nous, et en détruit l’influence sur nos âmes. Elle fait que nous ne sommes plus redevables à la chair ; car nous avons une nouvelle vie avec Dieu, dans laquelle nous avons le droit de vivre, et sur laquelle Satan n’a ni droit, ni puissance ; dans laquelle la chair n’a ni droit, ni part ; vie qui nous a été donnée librement de Dieu, comme une vie nouvelle, de sorte que nul autre n’a aucun droit sur elle. Dès lors le droit absolu et exclusif de Dieu est introduit, et cela apporte de la joie à l’âme — de la joie, parce que l’obéissance à Dieu est maintenant une joie. Nous L’aimons, et nous aimons les droits qu’Il a sur nous. Il y a joie, parce que nous jouissons moralement dans nos âmes des choses dans lesquelles Il nous appelle à marcher. Nous avons une nature intelligente qui est de Lui, et qui vient de Lui ; qui a les joies et les désirs de Sa propre nature, à Lui, et qui se réjouit d’avoir l’expression parfaite de Ses propres désirs dans les droits de Dieu sur nous ; car nous participons « à la nature divine, ayant échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise ». C’est à cela que se rapporte ce qui est appelé la « loi parfaite, celle de la liberté ». « Celui qui aura regardé de près dans [la] loi parfaite, celle de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais accomplissant l’œuvre, celui-là sera bienheureux en ce qu’il accomplit ». Nous trouvons ainsi notre bonheur dans le bien, et en même temps l’autorité de Dieu ; nous repoussons le mal, mais non dans un esprit d’orgueil, car Dieu est là, et nous réalisons l’autorité de Dieu sur nous ; toutefois nous avons une joie personnelle dans le bien, selon une nature qui aime le bien à cause du bien même. Quelle prise Satan peut-il avoir ici ? Les pensées sont gouvernées ; les reins sont ceints de la vérité, au milieu de la dissolution et de l’incertitude qui règnent dans le monde ; dissolution à laquelle la chair céderait tout aussitôt. C’est là ceindre les reins.

Dans le ciel la chose ne sera pas nécessaire. La chair ne sera pas là. Tout ce qui attirera le cœur sera divin. Nous pourrons nous y abandonner librement. Il n’y aura rien là que ce qui est soumis à l’autorité de Dieu, rien qui ne réponde à Sa volonté, à Sa nature, et à Sa gloire ; d’un côté Son autorité sera réalisée parfaitement et reconnue avec joie, tandis que de l’autre il n’y aura rien de ce qui exige que nous veillions et que nous prenions garde. Nous pourrons laisser un libre cours à toutes nos affections. Plus elles abonderont, mieux ce sera ; du moins toutes celles que nous aurons, auront un exercice convenable, car Dieu et la plénitude de Christ rempliront entièrement la scène. Ici-bas il nous faut ceindre nos reins de la vérité. Quelle bénédiction que nous puissions le faire, et que nous ayons un tel privilège dans un monde dont jadis nous faisions partie, dans un monde de dissolution ! Quelle bénédiction que nous ayons la Parole de Dieu pour en user ainsi !

Mais quand le cœur est ainsi gardé, la conduite s’ensuivra. La cuirasse de la justice ne manquera pas. Nous ne devons pas oublier que dans le passage qui nous occupe, le sujet qui est traité c’est ce qui est nécessaire dans le conflit avec Satan, et non ce qui est demandé pour que nous puissions nous tenir devant Dieu. Christ est notre justice devant Dieu — parfaite et immuable ; et sans cela nous ne pourrions aucunement faire face à Satan ; mais la justice ne peut revêtir le caractère d’une cuirasse, lorsque nous la considérons comme notre justice devant Dieu. Dans cette justice, tout est paix ; la paix a été faite ; il n’y a pas de combat là. Christ a rencontré l’ennemi, et l’a vaincu ; et Il est devenu ma justice ; et c’est là le fondement de tout. Dieu est vraiment avec moi et devant moi. Mais dans ma lutte avec Satan, si d’une part je ne puis me passer de cette justice-là, de l’autre j’ai besoin de quelque chose de plus : de la justice pratique. Il faut que ma conscience soit sans reproche, pour que je puisse combattre contre lui. Si ma conscience n’a pas été purifiée par le sang de Christ, je n’ai pas encore la paix avec Dieu ; je suis encore en Égypte, bien que je fasse peut-être des efforts pour en sortir ; je ne connais pas encore la puissance de la rédemption. Je ne puis dire que Dieu est pour moi, ni que je suis pour Dieu dans ce monde. J’ai besoin d’être délivré et réconcilié. Mais si je le suis, une conscience pratiquement mauvaise me rendra faible devant l’ennemi. Comment celui dont la conscience l’accuse, que le monde peut accuser, et qui le sait, comment peut-il entrer hardiment dans le combat ? Il a peur que le coup ne l’y atteigne, il est obligé de penser à cela : il n’est pas libre pour penser, en simplicité de cœur, à l’exclusion de toute autre chose, au service qui est devant lui. L’Esprit de Dieu aussi est attristé, et le laisse sentir sa faute, s’il continue à marcher de cette manière insouciante ; comme dans le cas d’Israël devant Aï. Car la hardiesse, lorsque nous avons manqué, montre plutôt de l’indifférence quant au péché, ou un effort pour sauver les apparences, quand le cœur n’est pas droit. Mais si la conscience est bonne, et la marche, droite, il y a confiance en Dieu, et l’on n’a pas à penser à soi. On peut faire librement l’œuvre de Dieu. C’est ainsi que Paul dit : « Priez pour nous, car nous croyons que nous avons une bonne conscience, désirant de nous conduire honnêtement en toutes choses ». Et encore : « Or [en vue] de cela, je m’exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes ». La seconde partie de l’armure consiste donc à marcher droitement, à marcher avec Dieu. Mais remarquez bien ceci, quant à l’assurance dans le service de Dieu, qu’il ne s’agit pas seulement du mal qui est connu d’autrui, ou que les autres peuvent aisément connaître, mais de tout mal qui est toléré. Car Satan peut se servir de cela contre la conscience, et la rendre timide ; et certainement le Saint Esprit ne la rendra ni dure ni indifférente. Une seule chose nous donne une bonne conscience devant Dieu ; c’est l’effusion du sang de Christ et Son œuvre parfaite. Mais le résultat de cela, c’est la présence du Saint Esprit en nous ; et alors, nous n’avons une bonne conscience contre Satan, qu’autant que le Saint Esprit n’a point été attristé par une chose quelconque, faite contrairement à la lumière qu’Il m’a donnée.

Mais il y en a beaucoup qui n’ont pas le courage de persévérer dans le combat de Dieu, parce qu’ils tiennent à quelque chose qui n’est pas en harmonie avec la lumière qu’ils ont reçue. Peut-être, hélas ! perdent-ils la lumière selon laquelle ils n’ont pas agi ; et Satan réussit à plonger leurs esprits dans de profondes ténèbres par les prétendues bonnes raisons qu’il leur suggère, pour rester où ils sont, sans conquérir sur l’ennemi une parcelle de plus du pays, bien qu’ils soient inquiets — peut-être amèrement hostiles — quand la lumière parvient jusqu’à eux du dehors, lumière qui menace de réveiller de nouveau leur conscience.

L’existence de la chair en nous, quoiqu’elle ait été jugée comme étant péché, ne donne pas une mauvaise conscience, et n’interrompt pas la communion ; mais du moment que nous la laissons agir, que nous la tolérons, même dans la pensée, elle produit l’un et l’autre de ces deux effets.

Si le Seigneur le permet, je vous enverrai bientôt quelques pensées sur les autres parties de l’armure.