Livre:Études sur la Parole — Apocalypse/Introduction

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L’Écriture nous montre Pierre, comme l’apôtre de la circoncision, et Paul, comme celui de l’incirconcision (Gal. 2, 7, 8). Pierre et les autres apôtres restèrent à Jérusalem, lorsque les disciples furent dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Étienne, et, continuant l’œuvre de Christ dans le résidu d’Israël (l’unité étant maintenue par les soins de Dieu), ils réunissaient en assemblée, sur la terre, les brebis perdues de la maison d’Israël. Paul, devenu serviteur de l’Assemblée, ainsi que de l’évangile prêché dans toute la création sous le ciel (Col. 1), posa le fondement comme un sage architecte.

Pierre, dans ses épîtres, représente les chrétiens comme des pèlerins en voyage, suivant Christ ressuscité vers l’héritage céleste. Paul reconnaît bien cela, comme on le voit en Philippiens 3, mais, dans le plein développement de sa doctrine, il nous montre les saints assis dans les lieux célestes en Christ, héritiers de tout ce dont Il est héritier Lui-même.

Tout cela qui a trait aux dispensations est rempli d’instruction. Mais Jean occupe une place différente. Il n’entre pas dans la question des dispensations et, bien qu’établissant une fois ou deux le fait (voyez Jean 13, 1 ; 14, 1-3 ; 17, 24 ; 20, 17), il ne considère pas le saint, ni même le Seigneur, dans le ciel. Dans son évangile, il présente Jésus comme une personne divine, la Parole faite chair, manifestant Dieu Son Père, la vie éternelle descendue sur la terre ; son épître traite de notre participation à cette vie et montre quels en sont les caractères.

Mais à la fin de l’évangile, après avoir annoncé l’envoi du Consolateur en vertu de ce que Lui, Christ, s’en allait au Père, Il dévoile à Ses disciples, bien que d’une manière mystérieuse, la continuation des voies de Dieu envers la terre. C’est de cela que Jean dans son ministère est le représentant, rattachant la manifestation de Christ sur la terre lors de Sa première venue, à Sa manifestation quand Il reviendra. La personne de Christ avec la vie éternelle en Lui est ainsi la sécurité permanente des saints et la vivante semence de Dieu, alors que dispensationnellement tout est corrompu, en confusion et en décadence. Quand bien même tout est en désordre extérieurement, la vie éternelle reste la même.

La destruction de Jérusalem est, à tous ces égards, un événement de la plus haute importance, parce qu’alors l’assemblée juive, formée comme telle au jour de la Pentecôte, prend fin. Elle avait déjà fini, auparavant, mais l’acte judiciaire fut alors accompli. Les chrétiens avaient été avertis de quitter le camp. La rupture entre le christianisme et le judaïsme était consommée. Christ ne pouvait plus prendre l’assemblée, établie dans le résidu juif, comme le siège de Son autorité terrestre[1]. Mais, hélas ! l’Assemblée, telle que Paul l’avait établie, était déjà déchue de son premier état, et ne pouvait, en aucun sens, reprendre l’héritage tombé des mains d’Israël. « Tous cherchent leurs propres intérêts », dit Paul, « et non pas ceux de Jésus Christ ». Tous ceux d’Asie l’avaient abandonné, dit-il encore, et cela est frappant quand on se rappelle qu’Éphèse était la scène bienheureuse où toute l’Asie avait entendu la Parole de Dieu de la bouche de l’apôtre. Ceux qui avaient été spécialement introduits avec une pleine intelligence dans la position de l’Assemblée, n’avaient pu garder cette position dans la puissance de la foi. De fait, le mystère d’iniquité opérait déjà, et il doit se poursuivre et grandir jusqu’à ce que soit enlevé ce qui fait obstacle à la manifestation de l’apostasie finale.

C’est dans cet état de déclin et de ruine universels, qu’est introduit le ministère de Jean. La stabilité se trouve dans la personne de Christ, d’abord pour la vie éternelle, mais aussi pour les voies de Dieu sur la terre. Si l’assemblée doit être vomie de Sa bouche, Lui est le fidèle témoin, le commencement de la création de Dieu.

Voyons, dans l’évangile de Jean, l’enchaînement de ces choses. Ainsi que nous l’avons montré ailleurs en détail, nous avons, au chapitre 20, un tableau des voies de Dieu, depuis la résurrection de Christ jusqu’au résidu d’Israël aux derniers jours, représenté par Thomas qui regarde à Celui qui a été percé, et croit en voyant. Au chapitre 21, outre le résidu, nous avons le rassemblement millénaire tout entier. Puis, à la fin du chapitre, le ministère spécial de Pierre et celui de Jean sont indiqués, bien que d’une manière mystérieuse. Les brebis de la circoncision sont confiées à Pierre, mais son ministère devait se clore comme celui de Christ. Pas plus qu’Israël, l’Assemblée ne devait être établie sur ce terrain (du ministère de Pierre). Il n’y avait pas à attendre jusqu’au retour de Christ[2]. De fait, le ministère de Pierre était clos, et l’assemblée de la circoncision avait été laissée sans pasteur, avant même que la destruction de Jérusalem eût mis fin, pour toujours, à toutes les relations juives. Pierre alors interroge Jésus relativement à ce qui arriverait à Jean. Le Seigneur, répond, il est vrai, mystérieusement, mais tout en le faisant envisager à Pierre qui devait Le suivre, comme une chose qui ne le concernait pas : Il place plus loin la fin du ministère de Jean, et indique qu’il pourrait se prolonger jusqu’à Son retour. Or, de fait, l’Époux a tardé, mais le service et le ministère de Jean par la Parole — seule chose qui devait demeurer, et non les soins personnels de l’apôtre — vont demeurer jusqu’au retour de Christ.

Jean n’était pas un architecte comme Paul : aucune dispensation ne lui avait été confiée. Comme Pierre, il était lié à l’Assemblée dans sa structure terrestre, non dans la céleste, comme celle qui est présentée dans l’épître aux Éphésiens. Il n’était pas ministre de la circoncision, mais continuait le système terrestre parmi les Gentils, tenant seulement ferme la personne de Christ. Sa place spéciale était le témoignage rendu à la personne de Christ venu sur la terre avec un droit divin sur elle — l’autorité sur toute chair. Cela ne brisait pas les liens avec Israël, comme le faisait le ministère de Paul, mais élevait la puissance qui tenait tout réuni dans la personne de Christ, à une hauteur qui la portait à travers tous les temps ou tous les pouvoirs cachés, jusqu’à son établissement final sur le monde. Cela n’excluait pas Israël comme tel, mais élargissait la scène de l’exercice de la puissance de Christ, de manière à l’établir sur le monde, non pas en Israël comme sa source, bien qu’Israël lui-même pût être établi dans sa propre place d’après une source céleste de puissance.

Quelle place tient donc, dans le ministère de Jean, l’Assemblée, telle que nous la trouvons dans l’Apocalypse ? Nous ne l’y voyons pas sous le caractère que Paul lui donne, sauf dans une phrase qui vient après que la révélation est close, et où sa vraie place, en l’absence de Christ, est indiquée (chap. 22, 17). Les saints y sont envisagés dans le temps, jouissant, d’une manière consciente, de leur relation propre avec Christ, en rapport aussi avec leur place de rois et sacrificateurs pour Son Dieu et Père, place dans laquelle ils sont associés avec Lui. Mais Jean, dans son ministère et son témoignage, considère l’Assemblée, sous son aspect extérieur sur la terre[3], dans son état de déclin d’abord (Christ le jugeant), puis à la fin, mais en gloire et en grâce, comme la vraie Assemblée, la métropole de l’univers et le siège du gouvernement de Dieu sur le monde. C’est une demeure dans laquelle Dieu et l’Agneau habitent. Ces considérations facilitent, pour nous, l’intelligence de l’objet et de la portée du livre de l’Apocalypse. L’Assemblée a manqué ; les Gentils, entés, par la foi, sur l’olivier franc, n’ont pas persévéré dans la bonté de Dieu. L’assemblée d’Éphèse, le vase intelligent et l’expression de ce que l’assemblée de Dieu était, avait abandonné son premier amour, et à moins qu’elle ne se repentît, le chandelier devait être ôté de son lieu. L’Éphèse de Paul devient le témoignage, sur la terre, du déclin et du fait que Dieu rejette de Sa présence ce qui n’a pas été fidèle, comme cela avait été le cas pour Israël. La patience de Dieu se montre envers l’Assemblée, comme autrefois envers Israël, mais l’Assemblée, pas plus qu’Israël, ne maintient le témoignage de Dieu dans le monde. Jean maintient ce témoignage montrant, selon son ministère, le jugement des assemblées par la parole de Christ[4], et ensuite, le jugement du monde par le trône (l’autorité et la puissance divines), jusqu’à ce que Christ vienne, prenne Sa grande puissance, et entre dans Son règne. Pendant cette période de transition où le trône agit, les saints célestes sont vus en haut. Quand Christ vient, ils viennent avec Lui.

Ainsi, la première épître de Jean est la continuation, pour ainsi dire, de l’évangile, excepté les deux derniers chapitres de celui-ci, lesquels ont trait aux dispensations ; l’Apocalypse, au contraire, est la continuation de ces deux derniers chapitres (20 et 21), où Christ étant ressuscité, mais sans que l’ascension soit mentionnée, les grands traits des voies dispensationnelles de Dieu se laissent entrevoir dans les circonstances rapportées. En même temps, il est montré que Christ ne pouvait alors personnellement établir le royaume. Il devait d’abord monter au ciel. Les deux courtes épîtres qui suivent la première nous enseignent que la vérité (la vérité quant à Sa personne) était la pierre de touche du vrai amour, et devait être tenue ferme quand s’introduisait ce qui était antichrétien ; de plus, la pleine liberté de l’administration de la vérité devait être maintenue contre la prétention à l’autorité ecclésiastique ou cléricale, en contraste avec l’Assemblée. L’apôtre avait écrit à l’assemblée : Diotrèphe rejetait le ministère libre.



  1. Cela est moralement vrai, depuis Actes 3, quand les chefs des Juifs refusent de recevoir le témoignage rendu à un Christ glorifié qui devait revenir, de même qu’ils avaient refusé de recevoir Christ dans l’humiliation. On voit, en Actes 7, Dieu, par la bouche d’Étienne, annoncer la fin de Ses voies en témoignage envers eux ; l’assemblée céleste commence, l’esprit d’Étienne étant reçu en haut. La destruction de Jérusalem clôt judiciairement l’histoire des Juifs.
  2. Paul, bien entendu, n’est pas du tout mentionné. Pour lui, l’Assemblée appartenait au ciel — elle était le corps de Christ, la maison de Dieu. Il était lui un architecte.
  3. Et c’est pourquoi il considère des assemblées locales qui pouvaient être jugées et d’où le chandelier pouvait être ôté. Il y a ici une autre preuve de la sagesse divine. Quoique nous ayons, je n’en doute pas, l’histoire complète de l’Assemblée dans ce monde jusqu’à la fin, elle est donnée par des faits alors présents, de manière à ce que l’on ne pût y voir un délai pour la venue du Seigneur. Ainsi, dans les paraboles, les vierges qui s’endorment sont aussi celles qui s’éveillent ; les serviteurs qui reçoivent les talents sont ceux que l’on trouve au retour du Seigneur ; bien que nous sachions que des siècles ont passé et que la mort du Seigneur est intervenue.
  4. Remarquons ce principe d’une immense importance : l’Église jugée par la Parole, et non pas l’Église juge ; et le chrétien, comme individu, appelé à faire attention à ce jugement. L’Église (j’emploie ici ce mot à dessein, parce qu’on s’en sert pour réclamer cette autorité) ne peut avoir d’autorité quand le Seigneur m’appelle — si j’ai des oreilles pour entendre — à écouter et à recevoir le jugement qu’Il prononce sur elle. Je juge son état par les paroles de l’Esprit, je suis tenu de le faire ; dans cet état, elle ne peut donc être une autorité sur moi, au nom du Seigneur. Il n’est pas question de discipline, mais de l’Église comme prétendant à l’autorité.