Livre:Exposition de l’épître aux Romains/Introduction

De mipe
< Livre:Exposition de l’épître aux Romains
Révision datée du 5 janvier 2019 à 19:47 par Éditeur (discussion | contributions) (Partie 1 du livre)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Pour l’intelligence de l’épître aux Romains, il peut être utile que nous jetions un coup d’œil rapide sur les autres épîtres de Paul qui complètent son enseignement sur les différentes parties du même sujet général — à savoir les épîtres aux Galates, aux Romains, aux Éphésiens et aux Colossiens. Une partie de la seconde épître aux Corinthiens nous en donne l’application pratique. Dans les Galates nous avons les premiers éléments ; dans les Éphésiens, les résultats les plus glorieux du même grand cercle de vérité. Mais quelques remarques préliminaires nous aideront à comprendre les différentes parties elles-mêmes contenues dans chacune des épîtres.

Le point important à saisir, avant tout, c’est la différence qu’il y a entre les conseils de Dieu et la responsabilité de l’homme. Les conseils de Dieu trouvent leur accomplissement dans le second homme, qui est le Seigneur, venu du ciel. Toute créature intelligente est responsable, et le croyant l’est à un degré bien plus élevé que le simple enfant d’Adam ; mais je parle pour le moment de notre responsabilité originelle, comme créatures de Dieu et en rapport par conséquent avec le premier Adam. Le dessein et le bon plaisir de Dieu avaient les hommes pour objet ! Avant que le monde soit, glorieuse vérité, les pensées de Dieu avaient leur centre dans les hommes, en rapport avec le Fils de Son amour ! Les conseils de Dieu ont précédé la responsabilité : pour que celle-ci existe, il fallait la création d’une créature responsable ; car nous ne parlons pas ici des anges, créatures tout à fait distinctes, existant déjà lorsque la puissance de Dieu tira du néant la création actuelle. Les conseils de Dieu dont je parle avaient en vue le second homme, le dernier Adam, le Fils de Son amour, en qui la sagesse et la puissance de Dieu devaient être déployées et manifestées ; ils ne furent pas révélés avant que Christ ait accompli Son œuvre, sur laquelle, se rattachant à la personne du Fils, la gloire de Dieu dans ces conseils devait être fondée. Les deux passages suivants établissent clairement ce que je viens d’avancer : « Paul, esclave de Dieu, et apôtre…, dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles… ; mais il a manifesté, au temps propre, sa parole, dans la prédication qui m’a été confiée à moi selon le commandement de notre Dieu sauveur » (Tite 1, 2, 3) ; et encore : « Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le christ Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile ; pour lequel moi j’ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations » (2 Tim. 1, 9-11).

Nous retrouvons la même vérité, en substance, dans l’épître aux Éphésiens, 1, 4, en rapport avec d’autres passages de l’épître qui la développent pleinement. On la trouve encore, mais non sous forme de déclaration dogmatique comme dans les épîtres, dans les versets bien connus du chapitre 8 des Proverbes : les pensées et les desseins de Dieu à l’égard de l’homme y sont présentés en rapport avec la sagesse personnifiée qui, dans son accomplissement, était en Christ. Le but de ce passage n’est pas de célébrer ce que toute âme pieuse reconnaît assurément, savoir la sagesse de Dieu dans la création, comme on le suppose souvent ; mais il établit que la sagesse se trouvait en Dieu avant la création, avant que « Sa voie » commence. « L’Éternel m’a possédée au commencement de sa voie, avant ses œuvres d’ancienneté ». Dès l’ancienneté de la terre, la sagesse était là, quand il n’y avait point de création. Qu’y avait-il dans la pensée de la sagesse, dont la terre créée ne devait être que la sphère ? Lorsque l’Éternel créa, quand Il disposa le monde actuel, la sagesse était à côté de Lui Son nourrisson, « j’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui, me réjouissant en la partie habitable de sa terre, et mes délices étaient dans les fils des hommes ». L’homme occupait la pensée de la sagesse ; les plaisirs de la sagesse étaient avec lui.

C’est pourquoi, quand la Parole devint chair, les anges, cette création antérieure, célèbrent ce fait, disant : « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes ! » ; non pas seulement « bonne volonté », mais le même mot que nous lisons en Matthieu 3, 17 : « En qui j’ai trouvé mon plaisir ». Précieuses louanges sans jalousie, de la part de ces êtres saints ; ils se réjouissaient dans les pensées de Dieu — même lorsque d’autres en étaient les objets, car la gloire de Dieu était leur joie, et Christ dissipait toute autre pensée — et cela selon la perfection de leur nature. Le conseil de Dieu était donc enfermé dans le second homme, le Fils de Dieu, la Parole faite chair, le Fils de l’amour de Dieu, et dans ceux que Son bon plaisir associait à Christ. Pour accomplir ce dessein, Christ devint homme, car, par le moyen de Sa mort Il était à la gloire et pour la justice de Dieu.

Le conseil de Dieu n’eut pas son accomplissement tout d’abord : il vint dans le second homme, après que la question de la responsabilité eut été pleinement résolue et eut produit son résultat, et que Dieu eut traité les hommes comme perdus. La question de la responsabilité de l’homme comme tel, comme simple créature, fut vidée, ou plutôt l’homme fut placé sous la responsabilité, d’abord dans l’état d’innocence. Là, il faillit, étant mis à l’épreuve, Dieu lui demandant simplement l’obéissance, alors qu’il n’avait pas de convoitise ; mais Adam, ou plutôt Ève, s’étant méfiés de Dieu, et ayant écouté Satan, se trouvèrent séparés de Dieu, et la convoitise et la transgression entrèrent et caractérisèrent dès lors l’homme et ses voies, l’homme qui a peur de Dieu, et que Dieu a mis dehors. La conscience de cette responsabilité se perdit ensuite, pour ainsi dire, dans l’iniquité arrivée à son comble, et le déluge avec le jugement furent envoyés sur la terre. — Alors Dieu développa Ses voies à nouveau par des dispensations positives envers l’homme chassé de Sa présence, afin de le bénir ou de l’éprouver. Mais avant de le mettre à l’épreuve, Dieu révéla la grâce : Il s’occupa de l’homme en grâce : une promesse gratuite et inconditionnelle fut donnée à Abraham, souche nouvelle d’espérance et de promesse en grâce.

Il n’est pas sans intérêt de remarquer la différence entre les voies de Dieu avant et après le déluge. Lorsqu’Adam fut jugé, Dieu ne lui fit aucune promesse. Le premier homme avait tout perdu, sauf le jugement qu’il avait mérité, et aucune promesse ne pouvait être faite à la chair de péché. Mais Dieu annonça la destruction complète du pouvoir de Satan. En jugeant le serpent, Il déclara que la « semence de la femme », non pas Adam, qui évidemment n’était pas la semence de la femme, briserait la tête du serpent. Les promesses étaient en Christ. — Ensuite, quoique Dieu se soit occupé en grâce de quelques hommes, tels que Abel, Énoch, Noé, aucun nouveau système ou principe ne fut établi. L’homme demeura responsable comme homme ; et la terre, sans frein et remplie d’extorsions et de violence, se corrompit tellement, que le jugement vint et le monde d’alors périt. Il n’y eut pas de nouveau chef ou de souche nouvelle de promesse. Après le déluge, les hommes s’élevèrent contre Dieu, afin de se faire un nom à eux-mêmes et de ne pas être dispersés ; et Dieu confondit leur langage ; les nations furent formées, et Satan introduisit l’idolâtrie. La conscience qu’il y a un Dieu, fondement abstrait nécessaire de toute religion, fut tout ce qui resta ; Dieu Lui-même fut laissé de côté et les hommes mirent des démons à Sa place et revêtirent de Son nom les convoitises déifiées[1]. Alors Dieu appela hors de ce monde qu’Il avait fait, et hors de toute relation avec le monde, un homme, auquel Il se révéla et dont Il fit le chef d’une famille, Lui appartenant, soit naturellement, soit spirituellement. À cet homme élu et appelé, à ce nouveau chef d’une race, Dieu donna des promesses directement à lui adressées — non pas sans doute à l’homme comme tel, mais à l’homme élu et appelé. La promesse fut donc introduite[2] et déposée d’abord en Abraham, le père des fidèles ; peu de temps après, elle fut confirmée à la semence par une image préfigurant la mort et la résurrection de Christ. Il y avait là plus que le jugement par lequel la semence de la femme devait briser la tête du serpent ; il y avait une bénédiction directe et personnelle de la part de Dieu pour ceux qui en étaient les objets, et cette bénédiction était dans la semence d’Abraham. La promesse et la semence étaient complètement unies dans les révélations de Dieu.

Ensuite vint une autre très importante dispensation de Dieu envers la descendance d’Abraham selon la chair : la loi fut donnée ; la question de la justice fut soulevée, et la justice fut exigée de l’homme selon la règle parfaite qui en était l’expression vis-à-vis des fils d’Adam, la bénédiction et la vie dépendant de l’obéissance, obéissance aussi justement exigée que la règle en était parfaite. Ici la responsabilité de l’homme fut mise clairement en évidence ; elle fut sanctionnée par l’autorité expresse de Dieu qui en donnait une mesure parfaite. Nous savons ce qui en fut le résultat : le veau d’or a été dressé avant même que les tables de la loi aient été apportées dans le camp. À la responsabilité naturelle furent ajoutées une autorité révélée et une règle révélée ; la justice fut définie et exigée de l’homme selon ses obligations mesurées par Dieu Lui-même. La transgression arriva, comme précédemment chez Adam.

Mais alors, la responsabilité de l’homme, pour ne rien dire des voies patientes de Dieu envers lui par les prophètes, fut soumise à une épreuve différente et toute nouvelle. Dieu descendit en grâce dans ce monde pécheur, suppliant les hommes d’être réconciliés avec Lui ; et la semence de David promise vint à la semence d’Abraham selon la chair. Mais lorsqu’Il vint, Il ne trouva aucun homme ; quand Il appela, il n’y eut personne qui répondit. Non seulement le péché était devenu iniquité sans frein, et la loi avait eu pour effet la transgression ; mais la grâce fut rejetée, et la promesse elle-même et Celui qui devait venir, furent méprisés. L’épreuve de la responsabilité de l’homme était terminée dès lors ; l’arbre était mauvais ; le déchausser et y mettre du fumier, ne lui faisait pas porter du fruit pour Dieu. Le figuier près du chemin ne portait que des feuilles et était jugé pour toujours. Le Fils unique et bien-aimé, quand Il venait chercher du fruit, avait été jeté dehors et tué. Si le roi invitait des convives, il avait vu son invitation méprisée. Non seulement Dieu avait chassé l’homme du paradis ; mais l’homme, pour ce qui le concernait, dans son inimitié contre Dieu, avait rejeté Dieu, venu en grâce dans un monde perdu. Le péché était complet, l’homme était perdu.

Mais maintenant, c’était à Dieu d’agir, si j’ose m’exprimer ainsi. Les hommes avaient fait périr Christ par des mains iniques, mais c’était « par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu » qu’Il avait été livré. La vérité était que maintenant, en la consommation des siècles (expression facile à comprendre dès lors), Christ avait été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de Lui-même.

Dans ce sacrifice le Seigneur, selon tous les besoins de l’homme et selon la gloire de Dieu, a satisfait aux conséquences de la responsabilité de l’homme, étant fait péché, et portant nos péchés en Son corps sur le bois. La propitiation était parfaite ; la rédemption accomplie (non pas encore en puissance, mais en justice selon la valeur de l’œuvre de Christ), Christ dans cette œuvre n’ayant pas seulement satisfait à ce qu’exigeait la responsabilité de l’homme, mais ayant parfaitement glorifié Dieu dans tout ce qu’Il est. Amour, juste jugement contre le péché, majesté, vérité, tout est réuni ici, et l’obéissance absolue avec le dévouement sans réserve à Dieu, l’homme étant introduit en justice dans la gloire de Dieu, et comme fils, établi héritier de toutes choses (voyez Jean 13, 31, 32 ; 17, 1, 4, 5). Ainsi, dans la croix de Christ, un solide fondement a été posé selon la justice de Dieu, pour l’accomplissement des conseils divins, pour la glorification des rachetés dans le second homme, le dernier Adam, le Seigneur du ciel. L’abolition des péchés de ceux qui avaient une part avec Lui était faite (ceux qui L’avaient rejeté étaient doublement coupables) et la révélation de la justice de Dieu avait un fondement posé et établi, Christ étant à la droite de Dieu comme homme, en vertu de cette justice ; de plus les conseils de Dieu pouvaient être pleinement manifestés à la gloire de Dieu par nous, c’est-à-dire, tous Ses plans pour la gloire du second homme, du dernier Adam, de Son Fils bien-aimé, et de nous avec Lui.

Ces deux grands sujets, la responsabilité de l’homme et les conseils de Dieu, sont ainsi placés devant nous. Pour compléter ces vérités, je devrais ajouter que Christ ressuscité devient notre vie, et que le Saint Esprit nous est donné pour que nous puissions jouir de l’efficace de la première venue de Christ en pardon et en justice, pour que l’amour de Dieu soit répandu dans nos cœurs, et que nous ayons les arrhes de l’héritage qui nous attend dans la gloire, sachant que nous sommes fils de Dieu, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ.

Quoiqu’il en soit, le pardon des péchés et, d’une part, la délivrance de tout ce qui appartenait au premier Adam, de l’autre les conseils de Dieu, sont désormais pleinement révélés par la croix, et la différence entre ces deux choses clairement mise en évidence. D’un côté, l’œuvre de la croix répond au péché et à notre responsabilité ; de l’autre, le fondement en justice de l’accomplissement de tous les conseils de Dieu est posé, en sorte que ceux-ci peuvent être révélés. Nous avons vu l’homme responsable dans son état naturel, avant et après la chute, et sa fin dans le déluge. Nous avons vu ensuite, dans la terre renouvelée sous ce rapport, lorsque les hommes eurent cherché à se l’approprier et que Dieu les eut divisés en nations, Dieu appelant un homme à être une race et un peuple pour Lui, lui donnant les promesses et les confirmant à sa semence ; puis l’homme, ce peuple appelé, placé sous la loi ; et enfin Christ l’héritier de la promesse, survenant et Dieu en Lui réconciliant le monde.

L’homme avait donc été pleinement mis à l’épreuve dans son état naturel, par tous les moyens propres à lui faire rapporter du fruit digne des soins de Dieu, et le résultat avait été le péché sans frein, ou l’inimitié contre Dieu. Alors Dieu Lui-même, par Son propre travail en grâce, a opéré la rédemption ; et ayant été glorifié parfaitement en Christ, homme au milieu des hommes, Il L’a placé comme homme, en justice, dans la gloire divine, comme le précurseur auquel nous serons rendus semblables. Ainsi, le pardon, la justice, la fin du vieil homme et de tout ce qui s’y rattache, ont été assurés, et les conseils de Dieu pleinement révélés, quant à la place qu’ils feraient à l’homme dans la gloire, en Son Fils et avec Son Fils, le Seigneur Jésus Christ ; l’Esprit étant donné à ceux qui sont pardonnés pour qu’ils connaissent cette rédemption dans toute son étendue, qu’ils se tiennent consciemment à leur place de fils et possèdent les arrhes de la gloire.

L’épître aux Galates nous présente les premiers éléments de ces choses. Elle fait ressortir les points suivants : la promesse, en contraste avec la loi qui apportait une malédiction et aucune justification pour l’homme ; la rédemption de cette malédiction, Christ étant devenu malédiction pour nous ; ensuite, Christ — la semence promise — né de femme (qui fut jadis la source du péché), et né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, satisfaisant ainsi aux deux grandes formes de responsabilité et au jugement qui en fut la conséquence avant et après le déluge ; Lui-même le Fils, afin que la bénédiction d’Abraham s’étendant aussi aux Gentils tous reçoivent l’adoption comme fils. Christ ainsi a été Celui qui a accompli la promesse, en contraste avec la loi « conducteur » jusqu’à ce que Christ vint ; puis, étant fils par la foi en Lui, l’Esprit nous est donné, qui nous place dans la conscience de cette relation. Nous ne sommes plus esclaves, mais fils ; et l’Esprit est en contraste avec la loi. La chair, notre mauvaise nature, convoite contre l’Esprit, mais si nous sommes conduits par l’Esprit, nous ne sommes pas sous la loi, et il ne peut y avoir de loi contre le fruit de l’Esprit. L’état de péché naturel de l’homme est ainsi constaté, non pas la pleine révélation de notre position dans les voies de Dieu ; nous trouvons la promesse, la loi, Celui qui est promis, la rédemption accomplie par Lui et comme fruit de cette rédemption, le Saint Esprit de la promesse donné, et l’adoption comme fils. Les voies de Dieu sont largement discutées, notre position est établie, mais l’épître laisse de côté les conseils de Dieu. L’épître aux Galates est donc élémentaire, quoique très importante à sa place.

L’épître aux Romains discute à fond le principe sur lequel l’homme peut avoir affaire à Dieu, et montre comment la promesse faite aux Juifs et leur réjection présente, ainsi que la doctrine qui ne fait « pas de différence » entre Juif et Gentil, se concilient avec la promesse. L’étude que nous allons faire, avec l’aide du Seigneur, mettra ces choses en lumière ; je fais seulement remarquer ici que l’épître aux Romains traite aussi de la responsabilité de l’homme, non des conseils de Dieu ; mais Dieu a Ses conseils, et la sécurité qui en découle pour nous est mentionnée au chapitre 8, de sorte que cette épître nous fournit un lien entre les deux sujets.

Avant d’aller plus loin, et pour mieux faire comprendre quelle est la différence entre les épîtres dont nous venons de nous occuper et celles dont nous dirons un mot plus loin, je voudrais rendre le lecteur attentif aux deux aspects de l’état de péché de l’homme. On peut considérer l’homme comme suivant une voie de péché, vivant au péché et aux convoitises, mais on peut le considérer aussi dans cette position comme mort quant à Dieu. En rapport avec le premier point de vue, il faut que la mort intervienne pour délivrer l’homme du péché ; en rapport avec le second, l’homme est considéré comme étant mort dans ses péchés. L’épître aux Romains s’occupe surtout du premier de ces deux aspects et du remède que la grâce y a apporté ; l’épître aux Éphésiens voit l’homme comme mort dans ses péchés. Dans l’épître aux Romains, il s’agit de la justification et de la délivrance de l’homme pécheur, Dieu le faisant sortir par la rédemption de la condition misérable dans laquelle il se trouve. Dans l’épître aux Éphésiens, c’est une nouvelle création ; et en conséquence, la rédemption étant pleinement reconnue, les conseils de Dieu sont révélés dans toute leur étendue, et l’homme est vu comme assis dans les lieux célestes en Christ. L’épître aux Colossiens nous montre ces deux aspects : l’homme enseveli pour la mort et, si mort dans ses péchés, ressuscité avec Christ ; le croyant ressuscité avec Christ, étant mort avec Lui, mais le ciel en espérance et en perspective, le croyant n’y étant pas vu assis.

L’épître aux Éphésiens commence par les conseils de Dieu ; elle nous place d’abord devant Dieu, dans la position de Christ, qui est monté vers Son Père et notre Père, vers Son Dieu et notre Dieu. Ensuite, après avoir brièvement mentionné la rédemption comme étant ce qui était nécessaire pour nous amener là et nous faire connaître Dieu, elle nous parle des desseins de Dieu à l’égard de Christ Lui-même, Chef sur toutes choses comme homme. Cela introduit le sujet de l’héritage et des arrhes de l’Esprit donnés jusqu’à la rédemption de la possession acquise, quand la gloire sera révélée. L’élévation présente de Christ à la droite de Dieu et l’opération en nous de la même puissance qui Le ressuscita d’entre les morts et Le plaça à la droite de Dieu, introduisent l’Assemblée unie à Lui, l’Assemblée qui est Son corps, Lui étant chef (ou tête) sur toutes choses et à l’Assemblée. Cette œuvre de Christ est développée dans le chapitre 2. Christ est vu d’abord dans la mort, où nous étions gisant dans nos péchés (ceux-ci étant ôtés parce que Christ les a portés, en entrant dans la mort pour nous). La puissance de Dieu intervient, et nous ressuscite avec Christ, et nous élève en Lui à la même place de gloire et de bénédiction que Lui. Les conseils de Dieu dans les fils et héritiers, et dans l’Assemblée, comme corps de Christ uni à Lui, sont ainsi pleinement révélés, et les conséquences pratiques qui en découlent sont envisagées. Ces conseils étaient cachés dès les siècles et les générations, et ne pouvaient avoir leur accomplissement ou être révélés avant que le mur mitoyen de clôture soit détruit. — Ensuite viennent les dons de l’Esprit, de la part de l’homme dans le ciel, pour l’édification des saints et l’évangélisation du monde, formant le corps dans l’union avec Christ. Puis, à partir du verset 17 du chapitre 4, il s’agit de la conduite pratique qui convient au chrétien. Il est intéressant de voir que, comme nous sommes réellement et effectivement amenés à Dieu par Christ, notre conduite comme chrétiens a son point de départ auprès de Dieu ; c’est de là que nous sortons comme Ses enfants, pour manifester le caractère de Dieu Lui-même, caractère dont Christ est le modèle parfait dans l’homme. Subjectivement, cela dépend du fait d’avoir dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau, créé selon Dieu, etc., et de la présence du Saint Esprit qui ne doit pas être contristé. Dieu comme amour et lumière, est objectivement la mesure que nous avons à suivre, comme Ses bien-aimés enfants, Christ Lui-même ayant été l’expression parfaite de ce qu’Il est comme amour et comme lumière. Il est bon de remarquer ici le contraste frappant avec la loi, et la supériorité à la loi : la loi prenait l’amour de soi-même comme mesure de l’amour pour les autres ; ici la mesure est le complet renoncement à soi-même en amour, tel que Christ l’a montré. — Enfin au chapitre 6, nous sommes les soldats de Dieu en Canaan, c’est-à-dire dans les lieux célestes, et, marchant dans la dépendance de Dieu, nous avons besoin de l’armure complète de Dieu contre la puissance spirituelle de méchanceté. — Telle est l’esquisse rapide des principes que nous présente l’épître aux Éphésiens.

Dans l’épître aux Colossiens, les saints ne sont pas vus comme assis dans les lieux célestes : une espérance leur est réservée dans le ciel. L’épître va plus loin que celle aux Romains, en ce que nous y sommes ressuscités avec Christ, point dont l’épître aux Romains ne s’occupe pas[3] ; mais elle ne nous place pas, comme l’épître aux Éphésiens, dans les lieux célestes en Christ. Nous sommes appelés à attacher nos affections aux choses qui sont en haut, là où Christ est assis. Cependant les points de vue des épîtres aux Romains et aux Éphésiens y sont, dans leurs éléments, clairement établis. Nous sommes ensevelis avec Christ dans le baptême pour la mort ; c’est le sujet du chapitre 6 de l’épître aux Romains ; le croyant étant envisagé comme ayant vécu dans ses péchés auparavant, comme nous lisons au chapitre 3, verset 7 des Colossiens. D’autre part (2, 13), il est considéré comme vivifié avec Christ, ce dont l’épître aux Romains ne parle pas, mais ce qui fait partie de la vérité telle qu’elle nous est donnée dans l’épître aux Éphésiens ; l’enseignement, toutefois, ne va pas aussi loin dans les Colossiens que dans les Éphésiens où nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ. Ainsi dans les Colossiens nous trouvons : « Si vous êtes morts avec Christ » (2, 20) et (3, 1) « Si… vous avez été ressuscités avec le Christ » ; puis vient l’exhortation à chercher les choses qui sont en haut, là où Christ est assis. Une autre vérité se lie à ceci, et montre la perfection des Écritures et les soins minutieux de Dieu pour enseigner parfaitement ses saints. Dans l’épître aux Colossiens — sauf une seule fois, au sujet de la pratique — l’Esprit n’est pas nommé ; la doctrine, c’est que, ayant dépouillé le vieil homme, et ayant revêtu le nouvel homme, nous avons la vie comme étant ressuscités avec le Christ. L’épître aux Éphésiens, au contraire, développe tout ce qui concerne l’adoption comme fils et le corps de Christ : c’est par le Saint Esprit que nous avons l’esprit d’adoption et que nous sommes baptisés pour être un seul corps ; la présence du Saint Esprit est donc pleinement constatée dans cette épître. Dans l’épître aux Colossiens, le corps est reconnu pratiquement (3, 15), mais la Tête, Christ, est plutôt le sujet : la plénitude de la déité habite en Christ. Dans l’épître aux Éphésiens, le corps est la plénitude de Christ ; il complète la Tête qui remplit tout en tous.

Dans la seconde épître aux Corinthiens (4, 10 et suivants), nous trouvons la puissance pratique de la doctrine de l’épître aux Romains, dans son action journalière. La mort à tout ce qui était d’Adam chez Paul est effectuée dans la vie de tous les jours, afin que la vie de Jésus seule soit manifestée dans ses rapports avec d’autres, Dieu lui venant aussi en aide en le faisant passer par des circonstances qui, pour toute vie naturelle, étaient la mort (comparez 2 Cor. 1, 8, 9). Au chapitre 5, 14, d’autres personnes sont considérées à la lumière de la doctrine de l’épître aux Éphésiens. « Tous étaient morts », sinon Christ n’aurait pas eu besoin de mourir pour eux. Il est descendu jusque dans la mort parce qu’ils y étaient[4]. L’apôtre a surtout devant les yeux la gloire de Christ élevé au ciel : la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ.

J’ai confiance que ce résumé, malgré sa brièveté, nous rendra capables de mieux saisir l’enseignement de l’épître aux Romains, qui n’entre pas dans le développement des conseils de Dieu, mais pose pleinement le fondement pour leur accomplissement, en ôtant les péchés et en nous délivrant du vieil homme. La responsabilité de l’homme y est traitée à fond ; la justice de Dieu y est expliquée et établie ; la grâce y est déployée comme source et principe des voies de Dieu envers nous. Le cas particulier des promesses faites aux Juifs, qui paraissait ne pas s’accorder avec la doctrine qui donne à tous les hommes sans distinction la même place devant Dieu, est considéré dans un appendice spécial comprenant les chapitres 9-11.

Il peut être utile pour notre étude que nous indiquions ici les grandes divisions de l’épître aux Romains. Les dix-sept premiers versets forment une introduction ; le dernier de ces versets nous donne le sujet de toute l’épître. Ensuite, au verset 18 jusqu’à la fin du verset 11 du chapitre 5, nous avons une seule et grande division qui traite des péchés et de la grâce de Dieu à l’égard de ces péchés ; la portion qui s’étend du verset 18 du chapitre 1 jusqu’au verset 20 du chapitre 3, démontre que tous sont sous le péché. L’apôtre revient ensuite en arrière au verset 17 du chapitre 1, et montre comment la justice de Dieu est maintenant révélée, la propitiation ayant été faite par le sang de Christ. Le chapitre 4 parle de la résurrection de Christ comme mettant le sceau sur Son œuvre, dans le même but. Mais jusque-là l’imputation de la justice ne va pas plus loin que le pardon des péchés. Les onze premiers versets du chapitre 5 nous donnent l’heureux résultat et l’effet de la grâce dans notre position présente sous cette grâce.

Au verset 12 du même chapitre commence un nouveau sujet, le vieil homme, la chair, le péché en la chair, ce que nous sommes comme enfants d’Adam (non pas ce que nous avons fait, bien que cela soit le fruit et la preuve de ce que nous sommes), ce qui introduit notre mort avec Christ et la vie en Lui, non pas en Adam. C’est la délivrance, non le pardon. Cette seconde bénédiction, ainsi que notre position en Christ et notre sécurité par Lui sont établies au chapitre 8. Toute la question de la loi est amenée devant nos yeux à cette occasion : la loi s’adresse aux fils d’Adam, et comme tels, nous sommes morts en Christ ; tous ont donc péché, Juifs et Gentils, et ont la même nature charnelle. Il n’y a pas de différence ; et s’il s’agit de la justice de Dieu, elle est applicable aux uns comme aux autres. Mais alors surgit une difficulté : Israël avait reçu des promesses aussi bien que la loi ; que devenaient-elles ? N’établissaient-elles pas une différence de la part de Dieu entre Juifs et Gentils ? Les chapitres 9 à 11, que j’ai appelés un appendice, répondent à cette question. Dans les chapitres 12 et suivants, nous avons des exhortations fondées sur les compassions de Dieu précédemment considérées.

L’épître aux Romains fait connaître les principes éternels des relations de Dieu avec l’homme ; la manière dont le croyant, par le moyen de Christ mort et ressuscité, est établi dans la bénédiction ; et puis elle concilie ces choses avec le caractère spécial des promesses faites aux Juifs par Celui de qui les dons et la vocation sont sans repentir.



  1. Il me semble qu’il y a eu quatre sources d’idolâtrie : le sentiment ineffaçable de l’existence de Dieu ; les ancêtres déifiés ; les étoiles, et le principe de la génération. Elles s’entremêlent, la dernière donnant lieu à une corruption incroyable par la consécration même des passions dégradantes. Les dieux, comme on le sait, étaient, soit des passions déifiées, comme Vénus, Mars, et d’autres, soit les puissances de la nature. Derrière tout cela, il y avait toujours le Dieu inconnu. La conscience n’avait aucune part dans tout ce système ; la bienveillance naturelle peut-être y entrait plus ou moins comme dans l’Inde, et si même comme dans les Amenti d’Égypte, une apparence de conscience s’y mêlait (car depuis la chute tous les hommes ont une conscience), on avait perdu de vue toute relation future avec Dieu ; on croyait à la transmigration des âmes, à la perspective de devenir des dieux semblables aux hommes. Quoique l’idée abstraite de l’existence de Dieu a été toujours là, la communion avec Dieu était une chose inconnue.
  2. Une promesse que la terre ne serait plus détruite fut donnée à Noé ; mais il n’était la souche d’aucune bénédiction personnelle promise.
  3. Nous sommes vus en Christ au chapitre 8, verset 1 ; et il est fait allusion à l’Assemblée au chapitre 12 ; mais le fait est simplement admis, il n’est pas expliqué.
  4. Interpréter « tous donc sont morts » comme une conséquence de « si un est mort pour tous » est une pure erreur, je n’en ai pas le moindre doute, comme le verset 15 le prouve certes à l’évidence.