Traité:Béthanie

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C.H. Mackintosh 1894

I

Nous prions notre lecteur de considérer avec nous les chapitres 11 et 12 de l’évangile de Jean. Si nous ne nous trompons pas, il y trouvera un repas spirituel d’une saveur exceptionnelle. Nous voyons dans le chapitre 11 ce que le Seigneur Jésus était pour la famille de Béthanie, et dans le chapitre 12 ce qu’était cette famille pour Lui. Cette portion de l’Écriture est remplie de la plus précieuse instruction pour nos âmes.

Dans le chapitre 11, trois grands sujets nous sont présentés : premièrement, le chemin du Seigneur avec le Père ; secondement, Sa profonde sympathie pour les siens ; et troisièmement, Sa grâce qui nous associe, autant qu’il est possible, avec Lui-même dans Son œuvre.

« Or il y avait un certain homme malade, Lazare, de Béthanie, du village de Marie et de Marthe sa sœur (et c’était cette Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, de laquelle Lazare, le malade, était le frère). Les sœurs donc envoyèrent vers Lui, disant : Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Jésus, l’ayant entendu, dit : Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ».

Au moment de leur épreuve, les sœurs se tournent vers leur ami divin ; c’est ce qu’elles pouvaient faire de mieux. Pour elles, Jésus était une ressource réelle, comme Il l’est toujours pour les siens éprouvés, où qu’ils soient et quels qu’ils soient. « Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50, 15). On se trompe gravement si, au moment du besoin ou dans quelque épreuve, on se tourne vers la créature pour trouver du secours ou de la sympathie. L’appui de la créature fait défaut ; ses sources sont desséchées. Notre Dieu ne manquera pas de nous faire éprouver quelle est la vanité et la folie de toute confiance dans la créature, de toute espérance humaine et de toute attente terrestre. Et Il nous montrera d’une manière touchante et puissante, la vérité et la bénédiction de Sa Parole qui nous dit que ceux qui s’attendent à Lui ne seront pas confus.

Non, jamais Il ne fera défaut au cœur qui se confie en Lui ! Il ne peut se renier Lui-même. Il prend plaisir à saisir l’occasion de nos besoins, de nos douleurs, de nos faiblesses, pour manifester de mille manières Ses tendres soins et Ses compassions à notre égard. Mais Il nous fera apprendre quelle est la futilité des ressources humaines. « Ainsi dit l’Éternel : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire de l’Éternel ! Et il sera comme un dénué dans le désert, et il ne verra pas quand le bien arrivera, mais il demeurera dans les lieux secs au désert, dans un pays de sel et inhabité » (Jér. 17, 5-6).

Il en sera toujours ainsi ; le désappointement, la stérilité et la désolation seront les résultats certains de toute confiance dans la créature. Mais d’un autre côté — et notez bien le contraste : « Béni l’homme qui se confie en l’Éternel et de qui l’Éternel est la confiance ! Il sera comme un arbre planté près des eaux ; il étendra ses racines vers le courant ; il ne s’apercevra pas quand la chaleur viendra et sa feuille sera toujours verte ; et dans l’année de la sécheresse, il ne craindra pas, et il ne cessera de porter du fruit » (Jér. 17, 7, 8).

Tel est l’enseignement invariable des Saintes Écritures sur les deux côtés de cette importante question. C’est une erreur fatale de regarder même aux meilleurs des hommes, et de nous attendre directement ou indirectement aux moyens humains. Le vrai secret de tout bonheur, de toute force et de toute consolation se trouve en regardant à Jésus, en nous laissant aller sans réserve et sur le champ, avec une foi simple, entre les mains du Dieu vivant, de Celui qui prend toujours Son plaisir à aider les nécessiteux, à fortifier les faibles et à relever ceux qui sont tombés.

Les sœurs de Béthanie avaient donc bien raison de se tourner vers Jésus au moment de leur besoin et de leur épreuve. Il pouvait et voulait leur être en aide. Mais Il n’a pas répondu aussitôt à leur appel. Bien qu’Il les aimât profondément, Il n’alla pas immédiatement à leur secours. Il entrait pleinement dans leur tristesse. Il comprenait leur anxiété. Il voyait tout cela et le mesurait parfaitement. Il était complètement avec elles dans leurs circonstances, et elles avaient vraiment Sa sympathie, comme nous le verrons dans la suite. Cependant Il s’arrêta ; et l’ennemi et le cœur naturel pouvaient suggérer toutes sortes de choses et de raisonnements. Il pouvait leur sembler que « le Maître » les avait oubliées. Peut-être leur Seigneur adorable, leur ami, avait-Il changé pour elles ? Nous savons bien tous de quelle manière nos pauvres cœurs raisonnent et se torturent en de tels moments. Mais il y a un remède divin contre les raisonnements du cœur, et une réponse triomphante aux pénibles suggestions de l’ennemi : c’est la confiance inébranlable dans la stabilité éternelle de l’amour de Christ.

Cher lecteur chrétien, toute la question est là. Que rien n’ébranle votre confiance dans l’amour inaltérable de votre Seigneur ! Advienne que pourra — quelque ardente que soit la fournaise, quelques profondes que soient les eaux, quelques obscures que soient les ombres, quelque pénible que soit le chemin, quelque grande que soit l’épreuve — retenez votre confiance dans l’amour parfait et la sympathie entière de Celui qui a manifesté Son amour en s’abaissant jusque dans la poussière de la mort, sous les vagues et les flots de la colère divine, pour sauver votre âme du feu éternel. Ne craignez pas de vous en remettre à Lui sans aucune réserve, sans aucune arrière-pensée, vous confiant entièrement en Lui. Ne mesurez pas Son amour par vos circonstances. Si vous le faites, forcément vous arriverez à une fausse conclusion. Ne jugez pas selon les apparences extérieures. Ne raisonnez jamais d’après votre entourage. Allez trouver le cœur de Christ, et que vos raisonnements découlent d’un tel centre ! N’interprétez jamais Son amour par vos circonstances, mais toujours vos circonstances par Son amour. Laissez briller les rayons de Sa faveur éternelle sur vos plus sombres moments, et vous pourrez alors répondre à toutes les suggestions de l’incrédulité.

Il est de la plus grande importance de pouvoir, envers et contre tout, justifier Dieu et se tenir là, si l’on ne peut rien faire de plus, comme un monument de Sa grâce infaillible pour tous ceux qui se confient en Lui. Bien que l’horizon soit sombre et menaçant, bien que de gros nuages s’amoncellent et que l’orage éclate, Dieu demeure fidèle et ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter ; car avec la tentation Il donnera aussi l’issue.

De plus, on ne doit pas mesurer l’amour divin par la manière dans laquelle il se manifeste. Nous sommes tous portés à le faire, et nous commettons une grande erreur. L’amour de Dieu se revêt de formes diverses, qui paraissent souvent à nos esprits bornés et si peu prévoyants, comme quelque chose de mystérieux et d’incompréhensible. Si seulement nous savions attendre patiemment, dans une confiance simple, nous verrions alors la lumière d’en haut éclairer la dispensation de la providence divine, et nos cœurs seraient remplis d’étonnement, d’amour et de louanges.

Les pensées de Dieu ne sont pas comme nos pensées, Ses voies comme nos voies, et Son amour comme le nôtre. Si nous apprenions la détresse ou la difficulté d’un ami, notre première impulsion serait de courir à son secours pour le soulager si possible ; mais ce pourrait être une faute de notre part. Au lieu de lui être en aide, nous pourrions peut-être lui faire beaucoup de mal, nous pourrions entraver le propos de Dieu, en le retirant de la position où le gouvernement divin l’avait placé pour son profit permanent. L’amour de Dieu est un amour sage et fidèle ; il abonde envers nous en toute sagesse et intelligence. Pour nous, il nous arrive de nous tromper de la plus grave manière, même en désirant faire ce qui nous paraît juste et bon. Nous ne sommes pas capables de saisir toute la portée des choses, ni de scruter la marche et les opérations de la providence, ni de peser les résultats ultérieurs des actes divins. Ainsi nous avons grand besoin de nous attendre beaucoup à Dieu, et surtout de tenir ferme notre confiance en Son amour infaillible et immuable. Il mettra tout en lumière ; Il fera sortir la lumière des ténèbres, la vie de la mort, la victoire d’une défaite apparente. De la détresse la plus grande et la plus sombre, jaillira une moisson de la plus précieuse bénédiction. Il fera travailler ensemble toutes choses pour notre bien. Mais Il ne se presse jamais. Il a Ses propres fins en vue, et Il les atteindra en Son temps et à Sa manière à Lui ; lorsque nous n’en voyons qu’un labyrinthe sombre et inextricable, Il fera jaillir la lumière qui remplira nos âmes de louanges et d’adoration.

Les considérations qui précèdent peuvent nous aider à comprendre et à apprécier l’attitude de notre Seigneur envers les sœurs de Béthanie, quand Il apprend leur épreuve. Il sentait qu’il fallait faire plus que de secourir celles qu’Il aimait cependant si profondément : Il pensait à la gloire de Dieu. Ainsi Il dit : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais à la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». Il voyait là une occasion de manifester la gloire divine plus encore que l’affection fraternelle, bien que celle-ci fût profonde et réelle, béni soit Son nom ! Car nous lisons : « Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare ».

Cependant, pour notre adorable Seigneur, la gloire de Dieu avait la préséance sur toute autre considération. Ni l’affection personnelle, ni la crainte personnelle n’affectaient le moins du monde Ses mouvements. En toute chose Il était gouverné par la gloire de Dieu. De la crèche à la croix, dans Sa vie et dans Sa mort, dans toutes Ses paroles, Ses œuvres et Ses voies, la gloire de Dieu était le but ferme et inaltérable de Son cœur dévoué. Ainsi, quoique ce fût une bonne chose que de soulager un ami en détresse, cependant il était bien meilleur de glorifier Dieu ; et nous pouvons être assurés que la bien-aimée famille de Béthanie n’eût à souffrir aucune perte pour un délai qui ne faisait que permettre à la gloire divine de briller d’un plus vif éclat.

Souvenons-nous de cette vérité dans nos moments d’épreuve ou d’exercices. C’est là un point très important et qui sera pour nous, si nous le saisissons bien, une source de consolation profonde et bénie. Cela nous aidera puissamment à soutenir le poids de la maladie, de la douleur, de la mort, des privations et de la pauvreté. Qu’il est précieux de pouvoir se tenir à côté du lit d’un ami malade et de dire : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu » ! Et c’est là le privilège de la foi. Oui, le vrai croyant peut se tenir non seulement dans la chambre d’un malade, mais au bord d’une fosse ouverte, et y voir luire les rayons de la gloire divine.

Sans doute le sceptique peut contester ces paroles : « Cette maladie n’est pas à la mort ». Il peut raisonner et faire des objections à cause du fait apparent de la mort de Lazare. Mais la foi ne raisonne jamais d’après les apparences ; elle introduit Dieu sur la scène et y trouve une solution divine à toute difficulté. Telle est l’élévation morale, telle est la réalité d’une vie de foi. Elle voit Dieu au-dessus et au-delà de tout. Son point de départ est Dieu et non les circonstances. La maladie et la mort ne sont rien en présence de la puissance divine. Toutes les difficultés disparaissent du chemin de la foi ; elles ne sont, ainsi que Josué et Caleb le déclaraient à leurs frères incrédules, simplement que du pain pour le vrai croyant.

Mais ce n’est pas tout ; la foi peut s’attendre à Dieu, sachant que Son temps à Lui est toujours le meilleur. Elle ne s’ébranle pas, bien que Dieu semble tarder. Elle se repose avec le calme le plus parfait dans l’assurance de Son amour invariable et dans Sa sagesse infaillible. Elle remplit le cœur de la douce confiance que, s’il y a du délai — si le secours n’arrive pas tout de suite — tout est pour le mieux, puisque toutes choses travaillent ensemble pour le bien, et que tout contribuera, avec le temps, à la gloire de Dieu. La foi rend capable celui qui la possède de justifier Dieu au milieu du plus grand exercice, et de reconnaître et de confesser que l’amour divin fait toujours la meilleure chose en faveur de son objet.

II

Quel repos pour le cœur de savoir que Celui qui s’est chargé de nous, prenant connaissance de toute notre faiblesse, de tous nos besoins, et de toutes les exigences du chemin, du commencement à la fin, a premièrement assuré parfaitement à tous égards la gloire de Dieu ! C’est là Son premier objet en toutes choses. Dans l’œuvre immense de la rédemption et dans les détails les plus minutieux de notre histoire, la gloire de Dieu possède la première place dans le cœur dévoué de Celui auquel nous avons à faire. Il a justifié et maintenu à tout prix la gloire divine ; et pour cela Il a renoncé à tout. Il a mis de côté Sa propre gloire ; Il s’est anéanti et s’est abaissé Lui-même. Il a renoncé à tous Ses droits personnels et a donné Sa vie afin de poser le fondement impérissable de la gloire qui remplit maintenant le ciel, et qui couvrira bientôt toute la terre, brillant à jamais dans tout l’univers.

La connaissance et le sentiment intime de cette vérité procurent pour tout ce qui nous concerne le plus profond repos à l’esprit, qu’il s’agisse du salut de l’âme, ou du pardon des péchés, ou des besoins de la vie journalière. Tout ce qui pourrait être un sujet d’exercice pour nous en rapport avec le temps ou l’éternité a été réglé et assuré sur la base même qui soutient la gloire divine. Nous sommes sauvés et pourvus de tout ; mais le salut et le secours — béni soit à jamais notre glorieux Sauveur ! — sont inséparablement liés à la gloire de Dieu. Dans tout ce que notre Seigneur Jésus Christ a fait pour nous, dans tout ce qu’Il fait encore, la gloire de Dieu est pleinement maintenue.

Nous pouvons ajouter que si le soulagement ne nous est pas immédiatement accordé dans nos difficultés, nos tristesses et nos exercices, il faut nous souvenir qu’il doit y avoir quelque raison profonde, en rapport avec la gloire de Dieu, et notre vrai bien, qui nécessite que le soulagement tant désiré soit retardé. Dans les moments d’épreuve, il y a le danger de ne penser qu’à une chose, c’est-à-dire à la délivrance ; mais nous avons à considérer beaucoup plus que cela ; nous devons penser à la gloire de Dieu ; nous devons chercher à comprendre quel est Son but en nous éprouvant ainsi, et désirer instamment qu’il soit atteint et que Sa gloire soit manifestée. Notre plus grande et plus profonde bénédiction se trouve en tout cela ; tandis que la délivrance si ardemment attendue pourrait être notre plus grand malheur. Rappelons-nous sans cesse que si, par la grâce infinie de Dieu, Sa gloire et notre vraie bénédiction sont inséparablement liées ensemble, ce ne peut être que par le maintien de la première que la seconde nous est parfaitement assurée.

C’est là une considération bien précieuse et qui est éminemment disposée pour soutenir le cœur dans toutes les afflictions. Il faut que toutes choses contribuent à la gloire de Dieu, et « toutes travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos ». Quand nous nous trouvons dans l’épreuve, il n’est peut-être pas toujours facile de réaliser cela. Quand on veille auprès du lit de douleur d’un ami bien-aimé, quand on traverse une chambre où se trouve l’épreuve, quand on est soi-même languissant sur un lit de souffrances, quand on est accablé par la perte de tous ses biens temporels, il se peut bien que, sous la pression de telles circonstances, il ne nous soit pas facile de voir comment la gloire de Dieu est maintenue et notre bénédiction assurée. Cependant la foi peut le voir ; mais l’aveugle incrédulité est toujours sûre d’errer. Si les bien-aimées sœurs de Béthanie avaient jugé selon la vue naturelle, elles auraient été cruellement éprouvées durant les jours et les nuits si pénibles qu’elles ont dû passer à côté de leur frère affectionné. Et non seulement cela, mais au dernier moment, en présence de l’agonie de leur frère, de bien sombres raisonnements auraient pu entrer dans leurs cœurs désolés et écrasés.

Mais Jésus n’était pas indifférent ; Son cœur était avec elles. Du plus haut point de vue — la gloire de Dieu — Il veillait sur toute cette affaire ; Il la saisissait dans tous ses rapports, dans toutes ses influences, dans tous ses résultats. Il sentait pour ces sœurs affligées — Il sentait avec elles — Il sentait comme un cœur humain parfait peut seul le faire. Bien qu’absent du corps, Il était avec elles en esprit pendant qu’elles traversaient les profondes eaux. Son cœur aimant entrait pleinement dans leur épreuve, et Il n’attendait que le « temps convenable » de Dieu pour venir à leur aide et pour dissiper les ténèbres de la mort et du tombeau par les rayons éclatants de la gloire de la résurrection. « Après donc qu’il eut entendu que Lazare était malade, il demeura encore deux jours au lieu où il était ». Il fut permis, comme on dit, aux choses de suivre leur cours ; la mort entra dans la demeure tant aimée ; mais tout était pour la gloire de Dieu. Il semblait que l’ennemi était vainqueur. Vaine apparence, car, en réalité, la mort n’avait que préparé le terrain sur lequel la gloire de Dieu devait se manifester. « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ».

Tel était donc le chemin de notre adorable Seigneur — Son chemin avec le Père. Chaque moment, chaque pas, chaque acte, chaque parole, chaque pensée se rapportait aux droits de la gloire du Père. Quoiqu’Il aimât la famille de Béthanie, Son affection personnelle ne le conduisit pas au milieu de leur épreuve jusqu’à ce que le moment de la manifestation de la gloire divine fût arrivé ; et alors aucune crainte personnelle ne pouvait Le tenir loin. « Puis après cela, il dit à ses disciples : Retournons en Judée. Les disciples lui dirent : Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l’heure à te lapider, et tu y vas encore ! Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche, car la lumière n’est pas en lui ».

Le Seigneur marchait ainsi dans la pleine lumière de la gloire de Dieu. Tous les mobiles de Ses actes étaient divins, célestes. Il était complètement étranger à tous les mobiles et à tous les objets des gens de ce monde, qui bronchent au milieu des épaisses ténèbres morales qui les entourent, et dont les motifs sont égoïstes et les objets, terrestres et sensuels. Jamais Il ne fit quoi que ce soit pour se complaire à Lui-même. La volonté de Son Père, la gloire de Son Père, Le gouvernait en toutes choses. Les émotions de l’affection personnelle ne L’amenèrent pas à Béthanie, et nulle crainte ne put L’empêcher d’y aller. La règle de conduite de toutes ses actions, c’était la gloire de Dieu.

Précieux Sauveur, enseigne-nous à marcher sur tes traces célestes ! Donne-nous de nous abreuver plus abondamment de ton esprit ! Combien nous en avons besoin ! Nous sommes, hélas ! tellement portés à rechercher nos propres intérêts et à nous complaire à nous-mêmes, tout en faisant, en apparence, ce qui est bon, et nous occupant ostensiblement de l’œuvre du Seigneur. Nous courons ici et là, nous faisons ceci et cela, nous voyageons, prêchons et écrivons, et peut-être ce n’est que pour nous complaire à nous-mêmes et non, en réalité, pour chercher à faire la volonté de Dieu et à favoriser Sa gloire. Puissions-nous étudier plus sérieusement notre divin exemple ! Qu’Il soit toujours devant nos cœurs comme Celui auquel nous sommes prédestinés à être conformes. Béni soit Dieu pour la douce et consolante assurance que nous avons ; nous savons que nous serons semblables à Christ, car nous Le verrons comme Il est. Encore très peu de temps, et nous serons débarrassés pour toujours de tout ce qui maintenant empêche notre progrès et interrompt notre communion. Jusqu’alors, que le Saint Esprit travaille dans nos cœurs et nous occupe de Christ de telle manière que, nous nourrissant par la foi de Son excellence, nos voies soient une expression vivante de Lui-même, et que nous puissions manifester plus abondamment le fruit de la justice qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.

III

Considérons un peu maintenant le sujet si intéressant de la sympathie de Christ pour les siens ; elle se manifeste d’une manière bien touchante dans Ses voies envers la famille bien-aimée de Béthanie. Il permit qu’elle passât par un exercice douloureux, par les eaux profondes, par une épreuve entière, afin que « l’épreuve de leur foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, fût trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur ». Humainement parlant, il semblait que toute espérance était perdue et que tout rayon de lumière avait disparu de l’horizon. Lazare était mort et enseveli : tout était fini. Cependant le Seigneur avait dit : « Cette maladie n’est pas à la mort ». Qu’avait-Il voulu dire ?

Le cœur naturel pouvait raisonner ; mais nous n’avons pas à écouter ses raisonnements, car ils nous conduiraient infailliblement aux régions de l’ombre de la mort. Nous devons écouter la voix de Jésus ; nous devons prêter l’oreille à ses accents encourageants et consolants. De cette manière, nous justifierons et glorifierons Dieu, autour d’un lit de douleur et en présence de la mort même et du tombeau. Si Christ est là, la mort n’est plus la mort ; le tombeau n’est que la sphère où luit dans toute sa splendeur la gloire de Dieu. Quand tout ce qui appartient à la créature disparaît, les rayons de la gloire divine brillent alors dans tout leur éclat. C’est quand tout semble perdu que Christ peut intervenir et remplir toute la scène.

Ce point est d’une grande importance pour l’âme, il est bon de le saisir et de bien le comprendre. Ce n’est que par la foi qu’on peut réellement y entrer. Nous sommes tous portés à nous reposer sur quelque appui humain, à nous asseoir auprès de quelque ruisseau terrestre, à nous confier à quelque arme charnelle, à nous appuyer sur quelque chose de tangible et de palpable. Les choses qui se voient et ne sont que pour un temps, ont souvent plus de place dans nos cœurs que les choses invisibles qui sont éternelles. Il en résulte que notre Seigneur, toujours fidèle, trouve bon et juste de nous enlever ces appuis humains et de sécher ces ruisseaux terrestres, afin que nous puissions nous reposer sur Celui qui est le rocher de notre salut, et trouver toutes nos ressources en Celui qui est la fontaine vivante et inépuisable de la bénédiction. Il est jaloux de notre confiance et de notre amour ; c’est pourquoi Il ôte tout ce qui serait de nature à éloigner nos cœurs de Lui-même. Si l’âme se réfugie entièrement en Jésus, ce ne peut être que pour sa pleine bénédiction ; Il cherche ainsi à purifier nos cœurs de toute idole.

Ne devrions-nous pas louer le Seigneur ? Oui, assurément, et de plus nous devrions accepter avec reconnaissance tous les moyens qu’Il trouve bon d’employer pour arriver à Ses fins miséricordieuses et sages, bien que cela puisse paraître dur et sévère à nos pauvres cœurs naturels. Il peut souvent trouver convenable de nous dire, comme Il le fit à Pierre : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite ».

Oui, bien-aimé lecteur, nous connaîtrons et nous apprécierons bientôt toutes Ses voies envers nous. De la lumière de Sa présence bénie, nous jetterons un regard en arrière sur notre course ici-bas, et nous verrons et confesserons que le plus terrible coup de Sa main n’a été que la plus forte expression de Son amour. Marthe et Marie pouvaient se demander pourquoi il avait été permis à la mort d’entrer dans leur demeure. Elles attendaient sans doute chaque jour, chaque heure, chaque moment, l’arrivée de leur ami bien-aimé ; mais au lieu de venir, Il s’était arrêté ; et la mort est entrée dans la demeure, ne leur laissant aucune espérance.

Pourquoi cela ? Laissons répondre le Seigneur Lui-même : « Il dit ces choses ; et après cela il leur dit : Lazare, notre ami, s’est endormi ». Quelle affection touchante ! Quelle intimité bénie ! Quel lien de tendresse L’unissait à la famille de Béthanie d’un côté, et à Ses disciples de l’autre ! « Lazare, notre ami, s’est endormi ». Ce n’était qu’un doux repos. La mort n’est plus la mort en présence du Prince de la vie. Le tombeau n’est qu’un lieu de repos. « Je vais pour l’éveiller ». On n’aurait jamais entendu de telles paroles si Lazare avait été relevé de son lit de douleur. L’extrémité de l’homme est le moment opportun de Dieu ; et nous pouvons voir sans difficulté que le tombeau offrait à Dieu une meilleure occasion que le lit de maladie.

C’est donc ici la raison pour laquelle Jésus est demeuré deux jours de plus au lieu où Il était. Il attendait le moment convenable, lorsque Lazare était déjà depuis quatre jours dans le tombeau, quand il n’y avait plus aucune espérance humaine, et quand tout instrument humain était complètement inutile. « Je vais », non pour le relever d’un lit de douleur, mais « pour l’éveiller ». Ce qui était de l’homme avait entièrement disparu, afin que la gloire de Dieu pût briller avec éclat.

N’est-ce pas une bonne chose que tout ce qui est de l’homme disparaisse ? N’est-ce pas là une miséricorde — non déguisée, comme on le dit, mais une miséricorde claire et positive — quand tout appui humain est enlevé et que toute espérance humaine s’évanouit ? Sans hésitation, la foi répond oui. La nature répond non. Le pauvre cœur désire ardemment quelque chose de la nature, quelque chose de visible ; mais la foi — principe divin, précieux et inestimable — prend son vrai plaisir à s’appuyer absolument et immuablement sur le Dieu vivant.

Mais il faut que ce soit une réalité. Peu importe ce qu’on peut dire au sujet de la foi, si le cœur est étranger à sa puissance. Une simple profession est absolument sans valeur. Dieu regarde aux réalités morales. « Mes frères, quel profit y a-t-il si quelqu’un dit qu’il a la foi ? ». Il ne dit pas : « Quel profit y a-t-il si quelqu’un a la foi ? ». Béni soit Dieu, ceux qui par grâce l’ont, savent qu’elle est d’une grande valeur à tous égards. Elle glorifie Dieu comme rien d’autre ne saurait le faire. Elle place l’âme au-dessus des influences sombres des choses visibles et temporelles ; elle soulage l’esprit de la manière la plus bénie. Elle élargit le cœur, en nous faisant sortir du cercle étroit de nos intérêts, de nos sympathies, de nos soucis et de nos fardeaux personnels, et en nous liant à l’éternelle et inépuisable source de bénédiction. Elle opère par l’amour, et nous amène dans une généreuse activité envers tout objet de compassion, et surtout envers ceux de la maison de la foi.

Ce n’est que la foi qui peut parcourir le chemin où Jésus nous conduit. Ce chemin est terrible pour la nature ; il est dur, sombre et solitaire. Ceux qui entouraient le Seigneur, à la mort de Lazare, semblaient ne pas comprendre Ses pensées ni suivre intelligemment Ses traces. Quand Il leur dit : « Retournons en Judée », ils ne pensent qu’à la méchanceté des Juifs. Lorsqu’Il leur dit : « Je vais pour l’éveiller », ils répondent : « s’il s’est endormi, il sera guéri ». Et encore, quand Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort ; et je me réjouis à cause de vous de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez », la faible et incrédule nature se manifeste en disant : « Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui ».

En un mot, nous pouvons voir l’entière incapacité de disciples pour saisir la portée réelle de la position, c’est-à-dire le côté divin. La nature ne voit que les ténèbres et la mort là où la foi se réchauffe au soleil de la présence divine.

« Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui ». Hélas ! hélas ! était-ce tout ce qu’un disciple pouvait dire ? Combien sont absurdes les conclusions de l’incrédulité ! Allons avec le Prince de la vie « afin que nous mourions avec lui » ! Quelle folie ! Quelle contradiction ! Thomas n’aurait-il pas dû dire : Allons, afin que nous voyions Ses œuvres étonnantes dans la région même de l’ombre de la mort, afin que nous participions à Son triomphe et que nous fassions monter aux portes du tombeau nos alléluias, à la gloire de Son nom incomparable ?

IV

Nous avons déjà signalé les trois sujets principaux qui se trouvent dans le chapitre 11 : le chemin du Seigneur avec le Père, Sa sympathie profonde envers nous, et Sa grâce nous associant, autant que cela peut se faire, à Lui-même dans Son travail incomparable. Il marchait toujours avec Dieu dans une communion calme et constante.

Il marchait dans l’obéissance la plus implicite à la volonté de Dieu, et Il n’était gouverné que par Sa gloire. Il marchait dans le jour et ne bronchait pas. La volonté de Dieu était la lumière dans laquelle l’ouvrier divin poursuivait constamment Son œuvre. Le seul motif de Ses actions était la volonté divine et Son unique objet la gloire divine. Il était descendu du ciel, non pour faire Sa volonté, mais la volonté du Père ; c’était là Sa viande et Son breuvage.

Mais de Son cœur tendre et large découlait une sympathie parfaite pour l’épreuve humaine. Nous en voyons la preuve bien touchante lorsqu’Il va, en compagnie des sœurs affligées, au tombeau de leur frère. Si quelque raisonnement avait pu surgir dans leurs cœurs, au milieu de leur épreuve, en l’absence de leur Seigneur, il ne pouvait qu’être complètement détruit par la tendre et profonde affection qu’Il leur manifestait en se dirigeant vers le lieu où les rayons de la gloire divine allaient bientôt éclater sur la sombre région de la mort.

Nous ne voulons pas nous arrêter ici sur l’entrevue intéressante qui eut lieu entre les deux sœurs et leur précieux Sauveur, bien qu’elle soit remplie d’instruction et que nous y trouvions un beau tableau de Sa manière de faire envers les siens, dans leurs degrés variés d’intelligence et de communion. Passons au récit inspiré de notre chapitre : « Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle pleurer, frémit en son esprit, et se troubla, et dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui disent : Seigneur, viens et vois. Jésus pleura ».

Quel fait remarquable ! Jésus, le Fils de Dieu, frémit et pleura. Ne l’oublions jamais ! Quoiqu’Il fût, sur toutes choses, Dieu béni éternellement, quoiqu’Il fût la résurrection et la vie, quoiqu’Il fût Celui qui vivifie les morts, quoiqu’Il fût le vainqueur du tombeau, quoiqu’Il fût en chemin pour délivrer le corps de Son ami de la puissance de l’ennemi, figure de ce qu’Il fera bientôt pour tous ceux qui Lui appartiennent, cependant Il entra d’une manière parfaite dans notre épreuve, dans les conséquences terribles du péché, dans la misère et la désolation de ce pauvre monde, dans l’affreuse oppression du pouvoir de l’ennemi sur la famille humaine ; — oui, Il entra dans ces choses d’une manière si complète qu’Il frémit et pleura. Ces frémissements et ces larmes sortirent d’un cœur humain parfait qui se pénétrait, selon Dieu, de toutes les formes que peuvent revêtir la misère et l’épreuve humaines. Bien qu’Il fût, dans Sa personne divine, parfaitement exempt du péché et de ses conséquences, cependant, parce qu’Il en était exempt, Il entrait dans ces choses, dans Sa riche grâce, et se les appropriait comme Lui seul pouvait le faire.

« Jésus pleura ». C’est une vérité remarquable et significative ! Il pleura, non pour Lui-même, mais pour les autres. Il pleura avec eux. Marie pleura, les Juifs pleurèrent, nous le comprenons facilement. Mais dans le fait que Jésus pleura, nous trouvons un mystère qu’aucune créature intelligente ne pourra jamais sonder. C’était la compassion divine pleurant avec des yeux humains sur la désolation que le péché a introduite dans ce pauvre monde, pleurant en sympathie avec ceux dont les cœurs avaient été brisés par la rude main de la mort.

Que ceux qui sont dans la détresse se souviennent de cela ! Jésus est le même hier, et aujourd’hui et éternellement. Ses circonstances ont changé, mais Son cœur demeure le même. Sa position est différente, mais Sa sympathie ne saurait varier. « Nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché ». Il est sur le trône de la Majesté dans les cieux avec un cœur parfaitement humain, et ce cœur sympathise avec nous dans nos tristesses, dans nos épreuves, dans nos infirmités, dans tous nos exercices. Il entre parfaitement dans toutes ces choses ; et Il s’occupe de chacun de Ses membres bien-aimés ici-bas, comme s’Il n’en avait qu’un à soigner.

Qu’il est doux et précieux d’y penser ! Il vaut bien la peine d’avoir une épreuve, si c’est pour goûter la sympathie précieuse de Christ. Les sœurs de Béthanie pouvaient dire : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort ». Mais si leur frère n’était pas mort, elles n’auraient ni vu pleurer Jésus, ni entendu l’accent profond de sympathie de ce cœur qui était avec elles dans leur douleur. Et ne vaut-il pas mieux avoir la sympathie de Son cœur dans nos épreuves que la puissance de Sa main pour nous en garder ou nous en délivrer ? Ne valait-il pas mieux, pour les trois témoins du chapitre 3 de Daniel, avoir le Fils de Dieu avec eux dans la fournaise, que d’y avoir échappé par la puissance de Sa main ?

Il en est toujours ainsi. Rappelons-nous que ce n’est pas le jour de la puissance de Christ. Bientôt Il prendra en main Sa puissance et Il régnera. Toutes nos épreuves, nos tribulations, nos souffrances, seront alors terminées. La nuit des pleurs fera place au matin de la joie, un matin sans nuage et qui ne verra pas de soir. Mais c’est maintenant le temps de la patience de Christ, le temps de Sa précieuse sympathie dont l’efficacité soutient le cœur d’une manière bien touchante au milieu des eaux profondes de l’affliction que nous sommes appelés à traverser.

Il y a les eaux profondes de l’affliction ; il y a des épreuves, des tristesses, des tribulations et des difficultés. Et notre Dieu veut que nous les sentions ; car Sa main se trouve là pour notre vraie bénédiction et pour Sa gloire. C’est notre privilège aussi de pouvoir dire : « Nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance, et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».

Béni soit le Seigneur pour tout cela ! Mais nier qu’il y ait des épreuves, des tristesses et toutes sortes de tribulations, serait de la folie. Notre Dieu désire que nous soyons sensibles à ces choses. Y être insensibles serait de la folie ; pouvoir nous en glorifier, voilà la foi. Le sentiment de la sympathie de Christ, et l’intelligence du but que Dieu se propose dans toutes nos afflictions, nous aideront à nous réjouir au milieu de telles circonstances ; mais nier qu’il y ait des afflictions ou prétendre qu’on ne doit pas les sentir, est une absurdité. Dieu ne fait pas de nous des stoïciens ; Il nous fait passer par les eaux profondes à travers lesquelles Il se tient avec nous ; et quand Son but est atteint, Il nous en délivre pour notre joie et Sa louange éternelle.

« Il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité. Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ : car quand je suis faible, alors je suis fort ». Paul soupira d’abord après la délivrance de l’écharde dans la chair, quelle qu’elle fût ; il supplia trois fois le Seigneur qu’elle se retirât de lui. Mais l’écharde dans la chair valait mieux que l’orgueil dans le cœur. Être affligé était beaucoup meilleur que d’être enorgueilli. Il lui était préférable d’avoir la sympathie de Christ dans la tentation que la puissance de Sa main pour l’en délivrer.

V

Les deux frémissements de notre Seigneur, lorsqu’Il se dirige vers le tombeau de Son ami, sont profondément intéressants. La vue des personnes affligées qui étaient autour de Lui a donné lieu au premier : « Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle, pleurer, frémit en son esprit, et se troubla ».

Cela est bien précieux pour le cœur affligé et désolé ! La vue des larmes humaines produit un frémissement du cœur tendre et sympathisant du Fils de Dieu. Que tous ceux qui sont affligés se souviennent de cette vérité. Jésus ne reprit pas Marie de ce qu’elle pleurait ; Il ne se moqua pas de son chagrin. Il ne lui dit pas qu’elle devait agir autrement, étant au-dessus de tout cela. Non ! ce n’est pas là Sa manière de faire. Il y en a qui, manquant de cœur, peuvent parler ainsi ; mais Jésus sait mieux ce qu’il y a à faire en pareil cas. Tout en étant le Fils de Dieu, Il était aussi un homme réel, et Il sentait les peines comme on doit les sentir ; Il savait ce que l’homme devait éprouver en traversant cette sombre vallée de larmes. Quelques-uns parlent un peu trop largement et pompeusement d’une condition au-dessus de la nature, sans manifester de la sympathie, quand se brisent de tendres liens. Alors il y a manque de sagesse et manque de communion avec le cœur de l’homme Christ Jésus. C’est une chose d’émettre, avec une légèreté impitoyable, des théories transcendantes, et c’est une toute autre chose de traverser les eaux profondes de l’affliction et de la désolation avec un cœur exercé selon Dieu. Il arrive ordinairement que ceux qui déclament le plus contre la nature, sont absolument comme les autres en présence de la maladie, de l’épreuve du cœur et de l’esprit, ou de la perte des biens temporels. Ce qu’il importe, c’est d’être vrai, et de passer par les dures réalités de la vie journalière avec un cœur réellement soumis à Dieu. Des théories subtiles ne supportent pas l’épreuve de la douleur et des difficultés ; et rien n’est plus absurde que de dire aux affligés qu’ils ne devraient pas sentir ces choses. Dieu veut que nous les sentions ; et — douce et précieuse consolation ! — Jésus les sent avec nous.

C’est une vérité bien consolante pour les cœurs éprouvés ! « Dieu console ceux qui sont abattus ». Si nous n’étions jamais abattus, nous ne connaîtrions pas Son précieux ministère. Un stoïque n’a pas besoin des consolations de Dieu. Il vaut bien la peine d’avoir le cœur brisé, afin qu’il soit bandé par notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur.

« Jésus frémit » ; « Jésus pleura ». Quelle puissance et quelle douceur se trouvent dans ces mots ! Combien le vide serait grand s’ils étaient effacés des pages de l’inspiration ! Nous en avons assurément besoin ; aussi notre Dieu les a fait écrire par Son Esprit pour la consolation de tous ceux des siens qui rencontrent la douleur, ou qui se trouvent devant la tombe d’un ami.

Mais un autre frémissement s’échappe du cœur de notre Seigneur Jésus Christ. Quelques-uns des Juifs qui étaient là ne purent que s’écrier, quand ils entendirent ce gémissement et virent ces larmes : « Voyez comme il l’affectionnait ». Mais, hélas ! d’autres ne trouvèrent dans ces preuves de Sa profonde et vraie sympathie qu’une occasion pour manifester un scepticisme impitoyable : « Quelques-uns d’entre eux dirent : Celui-ci qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas ? ».

Voilà comment, dans ses raisonnements ignorants, le cœur humain se manifeste. Ces pauvres sceptiques comprenaient mal et la personne et le chemin du Fils de Dieu ! Comment donc auraient-ils pu apprécier les motifs qui Le faisaient mouvoir dans ce qu’Il faisait ou ce qu’Il ne faisait pas ? Il ouvrit les yeux de l’aveugle « afin que les œuvres de Dieu fussent manifestées en lui », et s’Il ne prévient pas la mort de Lazare, c’est pour que Dieu en soit glorifié.

Mais ils ne comprenaient absolument rien à ces choses. La position morale qu’occupait le Seigneur était beaucoup trop élevée pour qu’elle pût être à la portée des fanatiques religieux et des raisonneurs sceptiques. « Le monde ne L’a pas connu ». Dieu L’a compris et apprécié d’une manière parfaite, et c’était assez. Car, quel prix avaient les pensées des hommes pour Celui qui marchait toujours dans une calme communion avec le Père ? Ces hommes étaient incapables de se former un juste jugement et de Lui-même et de Ses voies. Ils concevaient leurs raisonnements au milieu des épaisses ténèbres morales dans lesquelles ils vivaient, se mouvaient et existaient.

Il en est encore ainsi. Les raisonnements humains commencent, se poursuivent et se terminent dans les ténèbres. L’homme raisonne au sujet de Dieu, de Christ, des Écritures, du ciel, de l’enfer, de l’éternité et de toutes sortes de choses ; mais tous ses raisonnements sont absolument sans valeur. L’homme n’est pas plus capable de comprendre ou d’apprécier la Parole écrite, qu’il ne l’était pour comprendre et apprécier la Parole vivante quand elle était ici-bas au milieu des hommes. En effet, les deux choses vont ensemble. Comme la Parole vivante et la Parole écrite sont un, pour connaître l’une, nous avons besoin de connaître l’autre ; mais l’homme naturel — inconverti — ne connaît ni l’une ni l’autre. Il est tout à fait aveugle ; il est dans les ténèbres, il est mort ; et lorsqu’il fait une profession religieuse, il est alors deux fois mort — mort dans sa nature et mort dans sa religion. Quelle valeur peuvent avoir ses pensées, ses raisonnements, ses conclusions ? Aucune ! Car toutes ses conclusions sont absolument sans base, totalement fausses, et complètement ruineuses.

Il est inutile de raisonner avec les personnes inconverties. Cela ne peut que les tromper, en leur faisant supposer qu’elles peuvent discuter. Ce qu’il y a à faire, c’est de chercher solennellement à les amener au sentiment de leur condition morale devant Dieu. Nous voyons que le Seigneur ne fait aucun cas des raisonnements incrédules de ceux qui L’entouraient. Il poursuit simplement Son chemin en frémissant une seconde fois. « Jésus donc, frémissant encore en lui-même, vient au sépulcre (or c’était une grotte, et il y avait une pierre dessus) ».

Ce second frémissement est profondément touchant. D’abord Il frémit par sympathie avec ceux qui autour de Lui s’attristaient. Il frémit ensuite à cause de la dureté et de l’incrédulité du cœur humain, et en particulier de celui d’Israël. Mais notons bien qu’Il ne cherche pas à expliquer le pourquoi Il n’avait pas empêché la mort de Son ami, bien qu’Il eût ouvert les yeux de l’aveugle.

Bon et parfait serviteur ! Son œuvre n’était nullement d’expliquer ou de faire une apologie ; Son affaire était de travailler dans le courant des conseils divins en manifestant la gloire divine. Il avait à accomplir la volonté de Son Père, et non à donner une explication à ceux qui ne pouvaient en aucune manière la comprendre.

C’est très sérieux pour nous tous. Quelques-uns perdent beaucoup de temps en donnant des arguments, des apologies et des explications, là où de telles choses ne peuvent être comprises. Nous nous trompons réellement en faisant ainsi. Il vaudrait mieux poursuivre, dans un esprit sain et calme, avec un œil simple et une décision ferme, le chemin du devoir. C’est ce que nous devons rechercher sans passer notre temps à expliquer ou à nous justifier nous-mêmes, ce qui est, pour dire le moins, une occupation fâcheuse.

Mais arrêtons-nous un moment au tombeau de Lazare pour y contempler la grâce magnifique de notre adorable Seigneur et Maître, s’associant des serviteurs, autant que cela était possible, dans Son œuvre, quoiqu’Il rencontre encore ici la sombre incrédulité du cœur humain. « Jésus dit : Ôtez la pierre ». Ils pouvaient faire cela, et Jésus les y invite gracieusement ; mais ils ne pouvaient aller plus loin. L’incrédulité se manifeste ici et enveloppe le cœur de ses ombres épaisses. « Marthe, la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà, car il est là depuis quatre jours ».

Mais est-ce que la décomposition humiliante du corps, fût-elle complète, pourrait être une entrave pour Celui qui est la résurrection et la vie ? Oh, non ! Qu’Il soit Lui-même introduit et tout devient simple et clair ; s’Il est exclu, tout est sombre et impraticable. Que la voix du Fils de Dieu se fasse entendre, et la mort et la corruption s’évanouiront comme l’obscurité de la nuit devant les rayons du soleil levant. « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité… Alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie en victoire. Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô hadès, ta victoire ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ».

Quelle scène magnifique ! Que sont la mort, le tombeau et la décomposition en présence d’une telle puissance ? Être mort depuis quatre jours n’est point une difficulté. Des millions de rachetés dont les corps sont tombés en poussière depuis des milliers d’années ressusciteront en un instant pour entrer dans la vie, l’incorruptibilité et la gloire éternelle, à la voix de ce Sauveur précieux auquel Marthe osa présenter sa suggestion incrédule et irraisonnable.

VI

Dans la réponse de notre Seigneur à Marthe, nous avons les plus belles paroles que jamais oreille humaine ait entendues. « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? ». Quelle profondeur vivante, quelle puissance divine, quelle fraîcheur, quelle douceur et quelle consolation se trouvent dans ces paroles ! Elles sont comme la moelle et le fond et le principe essentiel de la vie divine. Ce n’est que l’œil de la foi qui peut voir la gloire de Dieu ; l’incrédulité ne voit que la difficulté, l’obscurité et la mort. La foi regarde au-dessus et au-delà de toutes ces choses et se place toujours dans les beaux rayons de la gloire divine. La pauvre Marthe ne voyait qu’un cadavre décomposé, parce qu’elle n’était gouvernée que par l’esprit d’une sombre et énervante incrédulité. Si elle eût été dominée par une foi simple, elle serait allée au sépulcre avec Celui qui est la résurrection et la vie, dans l’assurance que, au lieu de la mort et de la corruption, elle verrait la gloire de Dieu.

Il y a là, cher lecteur, un principe de la plus haute importance pour l’âme. Il est impossible d’en exagérer la valeur. La foi ne regarde jamais aux difficultés, sauf pour en faire son pain. Elle ne fixe pas son regard sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas ; elle tient ferme comme voyant Celui qui est invisible. Elle saisit le Dieu vivant ; elle s’appuie sur Son bras ; elle fait usage de Sa force ; elle puise dans Ses trésors illimités ; elle marche dans la lumière de Sa face et voit briller Sa gloire sur les plus sombres épisodes de la vie humaine.

Le volume inspiré abonde en exemples frappants du contraste qu’il y a entre la foi et l’incrédulité. Considérons quelques-uns de ces exemples. Prenons premièrement le cas de Caleb et de Josué en contraste avec leurs frères incrédules qui ne voyaient que les difficultés sur leur chemin (Nomb. 13). Ces derniers disent : « Seulement, le peuple qui habite dans le pays est fort » — assurément il n’était pas plus fort que Jéhovah — « et les villes sont fortifiées, très grandes » — mais pas plus grandes sans doute que le Dieu vivant — « et nous y avons vu aussi les enfants d’Anak ». Il est bien évident qu’ils ne voyaient pas la gloire de Dieu ; en effet, ils voyaient tout, sauf cela. Ils étaient complètement dominés par l’esprit d’incrédulité ; aussi ne pouvaient-ils décrire, devant les fils d’Israël, le pays qu’ils avaient reconnu, qu’en disant : « Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un pays qui dévore ses habitants, et tout le peuple que nous y avons vu est de haute stature ». Ils n’avaient pas vu un seul homme petit, pas une seule petite difficulté ; ils avaient tout regardé avec la loupe de l’incrédulité. « Nous y avons vu les géants fils d’Anak, qui est de la race des géants ». Et rien de plus ? Rien, absolument. Dieu était exclu ; ils ne pouvaient Le voir, avec les yeux de l’incrédulité. Ils ne pouvaient voir que les terribles géants et les villes très grandes et fortifiées. « Et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et nous étions de même à leurs yeux ».

Mais Jéhovah, où était-Il ? Hélas ! Il était oublié. L’incrédulité exclut Dieu invariablement de tous ses calculs. Elle peut très bien se rendre compte des difficultés, des obstacles et de toutes les influences hostiles ; mais elle ne voit pas le Dieu vivant.

Un fond de mélancolie se trouve dans les suggestions de l’incrédulité, soit que nous les entendions au désert de Kadès, ou, quatorze cents ans après, au sépulcre de Lazare. L’incrédulité est toujours et partout la même ; elle commence, continue et finit avec l’exclusion absolue et complète du seul Dieu vivant et vrai. Elle ne peut rien faire, si ce n’est répandre l’obscurité sur le chemin de celui qui écoute sa voix.

Quelle différence se trouve dans les accents de la foi ! Écoutons Josué et Caleb cherchant à arrêter la marée montante de l’incrédulité. « Et Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui étaient d’entre ceux qui avaient reconnu le pays, déchirèrent leurs vêtements, et parlèrent à toute l’assemblée des fils d’Israël, disant : Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un très bon pays. Si l’Éternel prend plaisir en nous » — voilà le secret de tout — « Il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement ne vous rebellez pas contre l’Éternel, et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain » — la foi se nourrit actuellement des difficultés qui intimident l’incrédulité — « leur protection s’est retirée de dessus eux, et l’Éternel est avec nous ; ne les craignez pas ».

Quelles paroles glorieuses ! Le cœur éprouve du bien en les transcrivant. « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? ». Il en est toujours ainsi. S’il y a une consistance mélancolique dans les expressions de l’incrédulité, il y a une consistance glorieuse dans les accents de la foi, si on les écoute. Caleb et Josué virent la gloire de Dieu ; et les géants, qu’étaient-ils devant l’éclat de cette gloire ? Rien absolument. Ils étaient du pain pour la nourriture de la foi. La foi introduit toujours Celui qui exclut toutes les difficultés. Qu’étaient les géants et les murailles pour celui qui pouvait se tenir devant le Dieu Tout-puissant ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Tel est toujours le raisonnement simple et puissant de la foi. Elle prépare tous ses arguments et arrive à toutes ses conclusions dans la précieuse lumière de la présence divine. Elle voit la gloire de Dieu. Elle regarde au-dessus et au-delà des gros nuages qui parfois paraissent à l’horizon, et trouve en Dieu sa ressource certaine et infaillible. Précieuse foi ! C’est la seule chose au monde qui glorifie Dieu réellement, et qui rend le cœur du chrétien vraiment heureux.

Considérons maintenant le contraste qui se trouve entre la veuve de Sarepta et Élie le Thishbite (1 Rois 17). Qu’est-ce qui faisait la différence entre eux ? Tout simplement ce qui existe toujours entre l’incrédulité et la foi. Considérons un peu les paroles de l’incrédulité : « Et elle dit : L’Éternel, ton Dieu, est vivant, que je n’ai pas un morceau de pain cuit, rien qu’une poignée de farine dans un pot, et un peu d’huile dans une cruche ; et voici, je ramasse deux bûchettes, afin que j’entre et que je prépare cela pour moi et pour mon fils ; puis nous mangerons et nous mourrons ».

C’était là vraiment quelque chose de bien triste ! Le pot de farine vide, la cruche d’huile épuisée, et la mort ! Était-ce vraiment tout ? Oui, c’était tout pour l’incrédulité aveugle. C’était là encore une fois l’histoire des géants et des villes fortifiées. Dieu est exclu, bien que la veuve dise : « L’Éternel ton Dieu est vivant ». En effet, elle n’avait nullement le sentiment de la présence et de la toute-suffisance de Dieu pour répondre à ses besoins et à ceux de sa famille. Les circonstances dans lesquelles elle se trouvait excluaient Dieu de la vision de son âme. Elle regardait aux choses qui se voient et non à celles qui ne se voient pas. Elle ne voyait pas Celui qui est invisible ; elle ne voyait que la famine et la mort. Comme les dix espions n’avaient absolument vu que les difficultés, et comme Marthe ne voyait que le sépulcre et ses effets humiliants, ainsi la pauvre veuve de Sarepta ne voit que la famine et la mort.

Mais pour l’homme de foi il en était autrement. Il regardait au-delà du pot de farine et de la cruche vide ; il n’avait pas la pensée de mourir de faim ; il s’appuyait sur la parole de l’Éternel. C’était là sa précieuse ressource. Dieu avait dit : « J’ai commandé là à une femme veuve de te nourrir » ; et cette déclaration était pour lui suffisante. Il savait que Dieu pouvait, si cela était nécessaire, du pot même faire de la farine, et de la cruche même de l’huile pour le soutenir. Comme Caleb et Josué, il introduit Dieu dans les circonstances, et il trouve en Lui la solution à toute difficulté. Ces hommes fidèles voyaient Dieu au-dessus et au-delà des murailles et des géants ; ils se reposaient sur Sa parole éternelle. Dieu avait promis d’amener Son peuple dans le pays de la promesse ; et bien qu’il n’y eût que des murailles et des géants depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, cependant Il accomplirait sûrement Sa parole.

Il en était de même pour Élie le Thishbite ; il voyait le Dieu vivant et tout-puissant au-dessus et au-delà du pot de farine et de la cruche d’huile. Il se reposait sur la Parole qui est établie à toujours dans les cieux et qui ne manquera jamais pour le cœur qui s’y confie. C’était ce qui donnait du repos à son esprit, et c’est pour cela qu’il cherchait à tranquilliser la veuve. « Et Élie lui dit : Ne crains point » — quelle paroles précieuses et encourageantes pour la foi ! — « Va, fais selon ta parole… car ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas, jusqu’au jour où l’Éternel donnera de la pluie sur la face de la terre ».

Ainsi, l’homme de Dieu se reposait sur un terrain solide quand il osait présenter quelques paroles d’encouragement à cette veuve pauvre et abattue. Ce n’était ni dans la légèreté, ni dans la témérité de la nature qu’il lui parlait. Il ne cherchait pas à nier que le pot de farine et la cruche d’huile ne fussent presque vides. Cela ne lui aurait procuré aucun soulagement, car elle connaissait très bien ses propres circonstances. Mais il place devant son cœur affligé le Dieu vivant et Sa parole fidèle, et il peut lui dire : « Ne crains point ». Il cherchait à amener son âme là où se trouve le repos, là où il l’avait trouvé pour lui-même, savoir dans la confiance en la parole de Dieu ; oui, c’est là que se trouve le divin et infaillible repos pour toute âme angoissée.

Il en était de même pour Caleb et Josué. Ils ne cherchaient pas à nier le fait qu’il y avait des géants et de hautes murailles ; un tel procédé aurait été absolument vain. Mais ils introduisaient Dieu, en cherchant à Le placer entre les cœurs de leurs frères abattus et les terribles difficultés qu’ils redoutaient. C’est toujours ce que fait la foi, glorifiant ainsi Dieu, et amenant l’âme dans une paix parfaite, quelque grandes que soient les difficultés. C’est folie de nier qu’il y a des obstacles et des influences hostiles sur le chemin. Il y a une certaine manière de parler de ces choses qui ne donne aucun encouragement, aucune consolation au cœur affligé. La foi pèse exactement les difficultés et les épreuves ; mais elle sait que la puissance de Dieu l’emporte de beaucoup sur celles-ci et elle se confie avec une sainte tranquillité dans Sa Parole, et dans Sa sagesse parfaite et Son amour éternel.

Le lecteur peut sans doute se rappeler d’autres exemples où l’on voit ceux qui appartiennent à Dieu dans l’abattement par le fait qu’ils regardent aux circonstances et non à Dieu. David, dans un moment sombre, pouvait dire : « Je périrai un jour par la main de Saül ». Quelle triste erreur ! Qu’est-ce que David aurait dû dire ? Nier que la main de Saül était contre lui ? Assurément non ; car quelle consolation y aurait-il trouvé, quand il savait bien qu’il en était autrement ? Mais il aurait dû se rappeler que la main de Dieu était avec lui, et cette main était plus forte que dix mille Saül. — Nous voyons le même fait dans l’histoire de Jacob. Dans un moment de découragement, il dit : « Toutes ces choses sont contre moi ». Seulement il aurait dû ajouter : « Mais Dieu est pour moi ». La foi a ses « mais » et ses « si » aussi bien que l’incrédulité ; mais ils sont tous beaux parce qu’ils expriment le passage rapide de l’âme des difficultés à Dieu Lui-même. « Mais Dieu qui est riche » et encore « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? ». La foi raisonne toujours ainsi ; elle commence avec Dieu ; elle Le place entre l’âme et tout ce qui l’entoure et Lui donne une paix qui surpasse toute intelligence et que rien ne peut troubler.

Avant de terminer cet article, revenons pour un moment au sépulcre de Lazare. Le coup d’œil que nous avons jeté sur le volume inspiré nous aidera pour apprécier davantage les précieuses paroles de notre Seigneur à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? ». L’homme nous dit que voir, c’est croire, mais nous pouvons dire que croire, c’est voir. Oui, cher lecteur, saisissez bien cette grande vérité ; elle vous mettra au-dessus des plus sombres et des plus difficiles circonstances que vous aurez à rencontrer dans ce monde. « Ayez foi en Dieu ». C’est le seul ressort de la vie divine. « Et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». La foi sait, elle est assurée que rien n’est trop difficile, rien n’est trop grand pour Dieu. Elle peut compter sur Lui pour tout. Elle se réchauffe aux rayons même de Sa présence et se réjouit des manifestations de Sa bonté, de Sa fidélité et de Sa puissance. Elle prend plaisir dans la mise de côté de la créature, afin que la gloire de Dieu puisse briller avec splendeur. Elle se détourne des ruisseaux humains pour trouver toutes ses ressources dans le seul Dieu vivant et vrai.

Nous pouvons voir comment la gloire divine resplendit au sépulcre de Lazare en dépit de l’incrédule suggestion du cœur de Marthe ; car Dieu, loué soit Son nom ! prend plaisir parfois à blâmer nos craintes aussi bien qu’à répondre à notre foi. « Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut et dit : Père, je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu m’entends toujours ; mais je l’ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que toi, tu m’as envoyé. Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix : Lazare, sors dehors ! Et le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes ; et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le, et laissez-le aller ».

Quelle scène glorieuse ! Elle manifeste le Seigneur Jésus comme Fils de Dieu en puissance, par la résurrection d’entre les morts. Là, le Seigneur condescend à se servir de l’homme pour ôter la pierre et délier le suaire. Quelle miséricorde ! Il veut bien se servir de nous pour quelques petites choses. Qu’avec joie nous cherchions à être toujours prêts ! Que Sa grâce, en se servant de tels instruments, produise en nous une sainte promptitude pour Son service, afin que Dieu soit glorifié à tous égards !

VII

Au commencement du chapitre 12 de Jean, nous avons un tableau du plus profond intérêt et rempli d’instruction. Nous ne pourrions faire mieux que de citer ce passage en entier pour le profit spirituel du lecteur. Après tout, il n’y a rien qui égale le véritable langage des Saintes Écritures.

« Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. On lui fit donc là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum ».

Nous trouvons ici, d’une manière bien frappante, trois grands traits qui doivent caractériser tout chrétien et toute assemblée chrétienne ; savoir la communion calme et intelligente qui se manifeste en Lazare assis à table, la sainte adoration telle que nous la voyons en Marie assise aux pieds de son Seigneur, et le service d’amour qui caractérise Marthe dans son activité au milieu de la maison. Ces trois traits forment le caractère chrétien et doivent se trouver dans chaque assemblée. Ce serait une grave erreur que de mettre l’un de ces traits en opposition avec les autres, vu qu’ils sont, chacun à leur place, bien beaux ; et nous devons ajouter qu’ils doivent tous se trouver en nous. Nous devrions tous savoir ce que c’est que de s’asseoir à table avec le Seigneur, pour jouir de Sa douce communion. Cela produirait assurément l’hommage profond et l’adoration ; et nous pouvons être certains que là où se trouvent la communion et les louanges, les tendres activités du vrai service ne manqueront jamais.

On peut remarquer que dans ce beau tableau, nous n’avons aucun choc entre Marthe et Marie. Chacune avait sa tâche à remplir. Il y avait de la place pour toutes les deux. « Jésus aimait Marthe et sa sœur ». Du côté divin, il n’y avait pas la moindre raison pour que l’une fût en conflit avec l’autre. Et nous pouvons ajouter qu’il n’y a aucune nécessité de comparer la sphère de l’une avec celle de l’autre. Si Christ est le seul objet qui nous absorbe, il y aura dans l’action une belle harmonie, bien que les sphères du service soient différentes.

Il en était ainsi à Béthanie : Lazare était à table, Marie aux pieds du Maître, et Marthe s’occupait de la maison. Tout était dans un ordre magnifique, parce que Christ était l’objet de chacun. Lazare n’aurait pas été à sa place en s’occupant du souper ; et si Marthe s’était mise à table, le souper n’aurait pas été prêt. Mais l’un et l’autre étant à leur place, nous pouvons être assurés qu’ils se réjouissaient ensemble de l’odeur du parfum que Marie avait répandu sur les pieds de leur adorable Seigneur.

Il semble que c’est ce que nous enseignent ces expressions : « On lui fit donc là un souper ». Ce n’était pas l’acte de l’un plus que de l’autre. Tous prenaient part au précieux privilège de faire un souper à Celui qui était l’objet inestimable des affections de leurs cœurs ; et ayant le Seigneur au milieu d’eux, chacun prenait simplement et effectivement sa place. Pourvu que le cœur de leur Maître adorable fût rafraîchi, peu leur importait qui faisait ceci ou cela. Christ était leur centre, et chacun se mouvait autour de Lui.

Dans l’assemblée, il devrait toujours en être ainsi ; et il en serait ainsi si l’odieux moi était jugé et mis de côté, et si chaque cœur était simplement occupé de Christ. Mais, hélas ! nous manquons si tristement. Nous sommes occupés de nous-mêmes, de nos petits services, de ce que nous disons et pensons. Nous attachons de l’importance au service, non tant en rapport avec la gloire de Christ qu’à notre réputation personnelle. Si Christ était notre seul objet — comme Il le sera, assurément, pendant toute l’éternité, et comme Il devrait l’être maintenant — peu nous importerait celui qui ferait l’œuvre ou le service, pourvu que Christ fût glorifié et que Son cœur fût rafraîchi. Écoutons les paroles, en rapport avec ce qui nous occupe, d’un cœur réellement dévoué : « Faites toutes choses sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie, pour ma gloire au jour de Christ, en témoignage que je n’ai pas couru en vain, ni travaillé en vain. Mais si même je sers d’aspersion sur le sacrifice et le service de votre foi, j’en suis joyeux et je m’en réjouis avec vous tous. Pareillement, vous aussi, soyez-en joyeux et réjouissez-vous-en avec moi » (Phil. 2, 14-18).

Nous trouvons dans ce passage tout ce qu’il y a de beau. L’apôtre bien-aimé nous y donne le modèle d’un vrai dévouement et l’oubli de soi-même. Il s’exprime comme étant prêt à servir d’aspersion sur le sacrifice et le service des Philippiens qu’il aimait sans avoir égard à lui-même. C’était si peu de chose pour lui de contribuer aux parties constituantes du sacrifice, pourvu seulement que le sacrifice fût présenté à Christ comme un parfum de bonne odeur. Il n’y avait pas, dans ce cher serviteur de Christ, cette petitesse méprisable et cette occupation de soi-même que nous manifestons, hélas ! si souvent, et qui nous empêche d’apprécier le service d’un autre. Nous sommes tellement sensibles à tout ce qui touche notre petit service. Nous écoutons avec un profond intérêt, quand quelqu’un parle ou écrit touchant notre utilité ou les résultats de nos prédications et de nos écrits ; mais nous écoutons avec une froide apathie et une indifférence évidente le récit du succès d’un autre frère. Nous ne sommes pas du tout prêts à servir d’aspersion sur le sacrifice et le service de la foi d’un autre. Nous aimons à pourvoir nous-mêmes à l’offrande et à l’aspersion. En un mot, nous sommes déplorablement égoïstes, et assurément, la chair n’est jamais plus méprisable que lorsqu’elle ose s’immiscer dans le service de Dieu. L’importance bruyante de soi-même dans l’œuvre de Christ ou dans l’Église de Dieu est la chose la plus hideuse dans le monde entier. L’occupation de soi-même est le coup mortel porté à la communion et à tout vrai service. De plus c’est là une source féconde de contention et de division dans l’Église de Dieu. Aussi nous sentons la nécessité des saines paroles de l’apôtre : « Si donc il y a quelque consolation en Christ, si quelque soulagement d’amour, si quelque communion de l’Esprit, si quelque tendresse et quelques compassions, rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose. Que rien ne se fasse par esprit de parti ou par vaine gloire ; mais que, dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même, chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres. Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus, lequel, étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’un esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi, Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».

Ces paroles contiennent le grand remède contre la terrible maladie de l’occupation de soi-même sous toutes ses phases. Il consiste à avoir Christ dans nos cœurs, et Sa pensée débonnaire formée en nous par le Saint Esprit. Il est impossible de s’abreuver de l’Esprit de Jésus, de respirer l’atmosphère de Sa présence, et d’être en même temps occupé de soi-même d’une manière ou de l’autre. Les deux choses sont diamétralement opposées. Selon que Christ remplit le cœur, le moi et tout ce qui lui appartient disparaissent ; et si le cœur est occupé de Christ, nous nous réjouirons de ce que Son nom est glorifié, Ses intérêts prospères, Son peuple béni, Son évangile répandu, n’importe par quel moyen. Soyons assurés que là où il y a de l’envie, de la jalousie ou de la contention, le moi domine dans le cœur. L’apôtre pouvait se réjouir de ce que Christ était prêché, bien que ce fût même par un esprit de parti.

Mais revenons à la famille de Béthanie. Nous désirons que nos lecteurs puissent particulièrement remarquer les trois phases distinctes de la vie chrétienne telles que nous les trouvons en Lazare, Marie et Marthe ; c’est-à-dire la communion, l’adoration et le service. Ne devrions-nous pas chercher individuellement à manifester ces trois traits ? Il est très important et très intéressant de remarquer qu’au chapitre 12 de Jean, il n’y a aucune question soulevée entre Marthe et Marie. Cela semble s’expliquer par le fait même que dans ce beau passage nous avons le côté divin et céleste du sujet.

Le chapitre 10 de Luc nous montre le côté humain ; et, hélas ! il y a collision. Lisons le passage : « Et il arriva, comme ils étaient en chemin, qu’il entra dans un village. Et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison » ; — c’était la maison de Marthe, et assurément le ménage était son affaire. « Et elle avait une sœur appelée Marie, qui aussi, s’étant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole » ; — quelle position privilégiée ! « Mais Marthe était distraite par beaucoup de service. Et étant venue à Jésus, elle dit : Seigneur, ne te soucies-tu pas de ce que ma sœur me laisse toute seule à servir ? Et Jésus lui répondant dit : Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée ».

Nous voyons ici que Marthe gâte son service en s’occupant d’elle-même, et elle s’attire des lèvres de son bien-aimé et fidèle Seigneur des paroles de répréhension qu’on n’aurait assurément pas entendues si elle ne s’était pas mêlée des affaires de sa sœur Marie. Son service avait bien sa place et sa valeur, et le Seigneur savait l’apprécier ; mais Il ne permettra à qui que ce soit de se mêler des affaires d’un autre. Jésus aimait Marthe et sa sœur ; mais si Marthe vient se plaindre de sa sœur, elle apprendra qu’il y a quelque chose de plus que de préparer un souper. Si Marthe avait poursuivi tranquillement son travail, en ayant Christ pour objet, elle n’aurait pas reçu cette observation ; mais, évidemment, elle n’était pas dans un bon état. Elle n’était pas en communion avec la pensée de Christ ; si elle y avait été, jamais elle n’aurait employé de telles paroles ; jamais elle n’aurait dit à son Seigneur : « Ne te soucies-tu pas… ? ». Assurément Il se soucie de nous ; Il s’intéresse à tous nos travaux et s’occupe de toutes nos voies. Le plus petit service accompli pour Lui est précieux à Son cœur rempli d’affection et ne sera jamais oublié.

Mais nous ne devons pas nous mêler du service d’un autre ; notre adorable Seigneur ne le veut pas. Que tout ce qu’Il nous donne à faire soit fait simplement pour Lui ; c’est le point essentiel. Il n’y a pas la moindre nécessité de se coudoyer ; il y a assez de place pour tous, et la plus haute sphère est ouverte à tous. Tous, nous pouvons jouir de la communion intime, nous pouvons adorer, et nous pouvons servir et être agréables au Maître. Mais dès l’instant où nous faisons des comparaisons envieuses, nous ne nous ne trouvons plus dans le courant de la volonté du Seigneur. Marthe croyait sans doute que sa sœur manquait d’activité ; elle se trompait. La meilleure préparation pour l’activité, c’est d’être assis aux pieds du Maître pour écouter Sa parole. Si Marthe avait compris cette vérité, elle n’aurait pas adressé de plainte contre sa sœur ; mais, ayant elle-même soulevé la question et donné lieu à la comparaison, elle doit apprendre qu’une oreille attentive et un cœur rempli d’adoration ont un plus grand prix que le travail des mains. Hélas ! nos mains peuvent être très occupées, pendant que nos oreilles sont appesanties et nos cœurs distraits ! Mais si le cœur se trouve dans un bon état, les oreilles, les mains et les pieds y seront également. « Mon fils, donne-moi ton cœur ».

Nous ne voulons pas dire que le cœur de Marthe ne fût pas fidèle au fond. Non, nous sommes assurés qu’il était fidèle. Mais il y avait chez elle, comme chez nous, ce qui nécessitait la correction. Elle était trop occupée de son service : « Ne te soucies-tu pas de ce que ma sœur me laisse toute seule à servir ? ». Elle n’était pas juste en cela ; car elle aurait dû savoir que le service n’est pas limité à la cuisine — qu’il y avait quelque chose de plus élevé que le manger et le boire. Où il y aurait dix mille personnes pour préparer un souper, il pourrait se faire qu’il n’y en eût qu’une de disposée à briser un vase d’albâtre. Évidemment le Seigneur ne méprise pas le souper ; mais quelle en serait la valeur pour Lui s’il y manquait le nard pur et les larmes ? Quelle valeur a un acte de service s’il n’est pas le résultat du dévouement vrai et profond du cœur ? Aucune. Mais d’un autre côté, si le cœur est réellement occupé de Christ, le moindre service a du prix pour Lui. « Car si la promptitude à donner existe, elle est agréable selon ce qu’on a ».

Le nœud de toute la question est là. Il est très facile de se remuer pour un soi-disant service, de courir de maison en maison, et d’un endroit à l’autre pour parler et visiter, sans qu’il y ait la moindre affection réelle pour Christ, mais seulement l’activité d’un esprit occupé de lui-même, d’une volonté non brisée, des mouvements d’un cœur qui n’a connu l’étreinte de l’amour de Christ. Ce qu’il importe, c’est ce nous trouver aux pieds de notre adorable Seigneur, dans un esprit de louange et d’adoration ; alors nous serons prêts pour tout service qu’Il voudra bien nous confier. Si le service est notre objet, il sera pour nous un piège et un empêchement ; mais si Christ est notre objet, nous ferons exactement notre devoir sans être occupés de nous-mêmes et de notre travail.

Il en était ainsi avec Marie. Elle était occupée de son Seigneur, et non d’elle-même et de son vase d’albâtre. Elle ne cherchait pas non plus à s’immiscer dans les affaires d’un autre. Elle ne se plaignait ni de Lazare à table, ni de Marthe occupée des soins de la maison. Elle était absorbée en Christ et de Sa position présente. Les instincts d’une vraie affection lui montraient ce qui était convenable au moment et agréable au cœur de Christ, et elle s’y livra de tout son cœur.

Oui, le Seigneur apprécia l’acte de Marie, et lorsque Marthe voulue se plaindre d’elle, Il lui fit sentir immédiatement son erreur. Et quand Judas, avec une cupidité mal dissimulée, parla de cet acte comme d’une perte, il fut tout aussitôt repris. Homme sans cœur, il cachait sa cupidité sous le voile d’un intérêt pour les pauvres. On ne peut avoir un cœur vrai pour les pauvres, si l’on n’aime pas Christ ; Judas — un professant, un apôtre et tout ce qu’il était — aimait l’argent ; hélas ! ce n’est pas là une convoitise rare. Il n’avait pas de cœur pour Christ, bien qu’il eût pu prêcher et chasser les démons en Son précieux nom. Il pouvait parler de vendre le parfum trois cents deniers pour le distribuer aux pauvres ; mais le Saint Esprit qui mesure tout par la seule mesure de la gloire de Christ, nous fait connaître la vérité au sujet de Judas. « Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse, et portait ce qu’on y mettait ».

Quelle chose terrible ! Être en apparence si près du Seigneur, professer Son nom, être un apôtre, parler de donner aux pauvres, et tout cela en étant un voleur et celui qui allait livrer le Fils de Dieu !

Cher lecteur chrétien, méditons ces choses. Cherchons à vivre bien près de Christ en réalisé et non en apparence. Puissions-nous être toujours à l’abri moral de Sa sainte présence, trouvant notre joie en Lui, afin que nous soyons ainsi qualifiés pour Son service et de vrais témoins pour Son nom !