Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 11
Chapitre 5
Quelle puissance dans le principe qui est posé ici pour les saints ! « Soyez imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ! ». Où est la limite, si nous sommes exhortés à imiter Dieu Lui-même ? Il n’est plus maintenant question de placer l’homme sous sa responsabilité, comme créature, devant Dieu, ni de requérir, comme sous la loi, telle ou telle chose de lui. Dieu s’est révélé en grâce ; pourtant Il est Dieu, et seul Dieu ; et s’Il nous a communiqué Sa propre nature, il ne conviendrait pas d’accepter un niveau plus bas. Ce serait Le déshonorer Lui-même, ce serait déshonorer la grâce qu’Il nous a montrée et qu’Il ne montre nulle part plus pleinement que dans les premiers chapitres de cette épître. Ce serait aussi la perte la plus fâcheuse pour Ses bien-aimés enfants, qu’Il désire éduquer et bénir de plus en plus, même à travers cette scène de mal et d’affliction, prenant occasion des circonstances les plus contraires pour nous enseigner ce qu’Il est dans les profondeurs de Sa grâce, et nous remplissant du sentiment de cette grâce de manière à former nos cœurs et à façonner nos voies à mesure que nous nous oublions nous-mêmes et vivons, dans la vérité de Christ, au-dessus de nos habitudes propres et des conventions humaines.
Ni la loi, ni même la promesse n’ouvrirent un champ pareil à celui-ci. Le seul fait que nous soyons appelés à être imitateurs de Dieu, implique la parfaite grâce dans laquelle nous sommes. En dehors de cette grâce, un tel appel serait véritablement insupportable. Sans doute il est humiliant de penser combien peu nous y avons répondu ; mais le sentiment même de nos manquements antérieurs, s’il est profond et si la grâce n’est pas perdue de vue, est mis au profit de notre compte, et ainsi nous croissons et marchons avec Dieu là où peut-être il ne nous le paraît guère. La loi exigeait ce que l’homme aurait dû rendre à Dieu. Aimer Dieu et notre prochain n’est pour nous que le plus rigoureux devoir. La promesse présentait la promesse de la bénédiction par la semence, et cela, non pas à Israël seulement, mais à toutes les familles de la terre. Mais maintenant, après que la promesse a été méprisée et la loi violée, Dieu se révèle Lui-même en Christ, et, tandis qu’Il accomplit tout en Christ, manifeste envers nous les conseils les plus élevés d’une grâce infinie, de telle sorte que Son propre caractère, ainsi déployé, devient le seul modèle convenable à la conformité duquel Il appelle Ses enfants même ici-bas. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ; et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur » (v. 1, 2).
Se pardonner l’un à l’autre, comme Dieu aussi nous a pardonné en Christ, est chose bénie ; mais cela, bien que selon Son cœur et Ses propres voies, n’est pas assez. C’est assurément une capacité divine dans sa source, et, pour la chair, une chose impossible à réaliser pleinement ; mais c’est une chose qui a pour objet l’homme, les manquements de l’homme et les excès d’une nature mauvaise. Cette qualité du pardon, Il aime à la voir en nous ; c’est le fruit de Sa grâce, et un fruit bien nécessaire dans un monde comme celui-ci et bien salutaire pour les saints dans les rapports et le commerce qu’ils soutiennent entre eux. Mais cela est loin d’être l’expression complète de ce qu’Il est et de ce qu’Il veut que nous reflétions et savourions. Il y a l’activité du bien qui est selon Son cœur, là où il n’est pas question de mal à pardonner ; car le pardon des fautes, si réel et si doux qu’il puisse être, n’est que le côté négatif de la vérité. Ici, tout est positif et coule plein de fraîcheur, pour ainsi dire, au-dessus de la pensée humaine. Aussi est-il dit : « Marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous », etc. Dans notre état d’abjection nous avions un besoin urgent de pardon, si du moins nous désirions recevoir quelque consolation de la part de Dieu, quelque espérance d’être délivrés de la colère et bénis dans la vie à venir. Ce pardon, sans doute, est le fruit de la grâce de Dieu, mais de la grâce présentée, sinon limitée, au besoin de l’homme. Mais maintenant nous sommes sur le terrain de l’excellence de Christ et de l’exercice de ce qui est propre à Dieu dans l’activité de Sa nature même. Aussi n’est-ce pas à un sacrifice pour le péché qu’il est fait allusion ici, ni simplement au sang et aux souffrances de notre adorable Seigneur, mais au glorieux fait qu’Il s’est Lui-même donné pour nous, dans Son amour incomparable, « comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur ».
Il ne faut pas se méprendre sur un pareil sujet, ni affaiblir un seul instant la certitude que dans les souffrances du Seigneur sur la croix se trouvent des profondeurs qu’on ne rencontre pas ailleurs ; mais ce n’est pas là ce qui est ni pourrait être mis devant nous comme exemple, puisque ces souffrances appartiennent exclusivement à Celui qui a porté nos péchés en Son corps et qui a été fait péché pour nous. Lui seul, en effet, a rencontré ce jugement de Dieu, que nul homme, ni ange, ni créature, ni nouvelle créature ne pouvait partager avec Lui, quelque bénédiction que nous en retirions et si remplis que nous puissions être de gratitude, d’adoration et de joie en Celui qui a été ainsi seul, non seulement pour nous, mais pour la gloire de Dieu — l’objet de la colère que Dieu ressentait et devait nécessairement exécuter contre le péché. Mais ici il est question de ce qui démontre l’amour admirable de Christ dans sa bonne odeur et sa beauté positive, et cela, pour provoquer, dans l’énergie de l’Esprit, une réponse pratique de la part des saints, qui ont la nouvelle nature ; car Christ est effectivement notre vie, et quelle restriction pourrait-on mettre à la puissance de l’Esprit qui habite en nous ? L’amour conduit au service dans l’abnégation : en Christ, d’une manière parfaite ; en nous, selon notre mesure ; mais assurément c’est là ce qui donne et forme l’esprit de service, ainsi que nous le voyons en notre adorable Seigneur (Phil. 2).
Toutefois, plus cet esprit de service est doux et béni, plus il est exposé à l’action du mal, à moins qu’il ne soit maintenu par la puissance divine et le jugement de soi-même. Il resserre, il réveille les affections spirituelles ; mais ce qui est commencé par l’Esprit peut finir par la corruption charnelle (ce fut le cas à Corinthe), ou bien par un perfectionnement charnel de forme religieuse, comme parmi les Galates. C’est pourquoi l’apôtre commence d’abord par avertir les saints d’Éphèse des dangers auxquels les exposait un commerce libre et familier les uns avec les autres, à moins qu’il ne soit soutenu par le Saint Esprit. « Mais que ni la fornication, ni aucune impureté, ni avarice ne soient même nommées parmi vous, comme il est convenable à des saints » (v. 3). Il ne suffisait pas de ne point tolérer ces convoitises de la chair : on ne devait pas même les nommer. Ceux à qui Paul écrit ici étaient participants de la sainteté de Dieu, Ses saints ; et il s’agissait maintenant de ce qui convenait non pas à des hommes, mais à des saints.
D’un autre côté, il ne limite pas son avertissement à ce qui constitue la licence effrénée ou le désir cupide de ce qui est propre à satisfaire les passions de l’homme, mais il embrasse aussi l’impiété du langage, soit du langage ouvertement honteux ou de celui qui se couvre d’un voile de raffinement : « Ni aucune chose déshonnête, ni parole folle, ni plaisanterie, lesquelles ne sont pas bienséantes, mais plutôt des actions de grâces » (v. 4). Ici encore, nous n’avons pas simplement l’abstention de ce qui manque de bienséance pour un chrétien ; mais il y a le côté positif présenté et le cœur s’entretenant de la bonté de Dieu et s’ouvrant en actions de grâces. « Car vous savez qu’en effet aucun fornicateur, ou impur, ou avare (qui est un idolâtre) n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu » (v. 5). Il est important de se rappeler que, quoiqu’il plaise à la grâce souveraine d’opérer, qu’elle s’offre au plus vil ou qu’elle purifie le plus souillé, les voies morales de Dieu demeurent inflexibles. Sa nature ne change pas. Il hait et ne peut jamais tolérer l’iniquité. Son amour peut trouver et a en effet trouvé une glorieuse solution à la difficulté dans la croix de Christ ; mais Dieu et le péché ne peuvent jamais marcher ou demeurer ensemble.
Les enfants de Dieu sont en danger du contraire et, par conséquent, ont besoin de veiller contre leurs sentiments. Ils peuvent être prompts à s’écrier, dans tel cas flagrant, qu’il n’y a pas la vie là ; ou bien ils peuvent accorder trop facilement leur confiance à ce qui a une belle apparence dans la chair. Quelques-uns des retours les plus attristants vers le monde sont précisément ceux dont on s’était peu ou point douté ; et, d’un autre côté, qui n’a eu la consolation de voir se dissiper les pénibles apparences qui nous causaient de la répulsion, de façon à faire luire la grâce de Christ plus vivement là où la chair est jugée par la vérité en la présence de Dieu ? Ainsi, il en est beaucoup dont l’air défavorable faisait douter, qui ont fini par gagner la confiance de tous. Quelquefois ce brisement de la chair peut nécessiter une sérieuse visitation de Dieu, une maladie grave, par exemple, des revers de fortune, des chagrins domestiques, avant que l’âme soit mise en bon état ; pourtant elle y parvient, quoique tardivement. L’un et l’autre de ces extrêmes nous enseignent la nécessité de nous attendre à Dieu pour juger justement, au lieu de nous reposer sur nos impressions. Le cœur naturel pourra prendre avantage de la grâce, mais après cela ne tardera pas à laisser voir le mal qui n’a pas été ôté. Des hommes pervers peuvent s’élever, des loups s’introduire, et pour un moment les brebis peuvent être trompées. Mais Dieu demeure, ainsi que la parole de Sa grâce, et pourquoi montrerions-nous de l’inquiétude ? Ayons foi en Dieu ; imitons Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchons dans l’amour, non seulement parce que, mais comme Christ nous a aimés ; et quoi qu’il en résulte, nous aurons la consolation de plaire à Dieu, en même temps que nous serons gardés de précipitation dans un sens ou dans l’autre. Épier le mal et « rendre grâces » sont deux choses bien différentes, et, de fait, incompatibles l’une avec l’autre. Mais n’abaissons jamais le niveau de la marche que Dieu attend de Ses enfants. Si nulle personne corrompue n’a d’héritage en Son royaume, qu’il ne nous arrive jamais maintenant de traiter à la légère ce péché-là. « Que personne ne vous séduise par de vaines paroles ; car à cause de ces choses la colère de Dieu vient sur les fils de désobéissance. N’ayez donc pas de participation avec eux » (v. 6, 7). Être associé en quelque mesure que ce soit avec ceux que la Parole décrit en ces termes, est une chose grave pour un saint. Prenons garde.
Le huitième verset de notre chapitre nous présente un autre sujet d’appel. Nous n’y sommes pas exhortés à marcher selon notre vocation, comme au chapitre 4, 1 ; ni, d’une manière particulière, en contraste avec les autres Gentils qui sont étrangers à la vie de Dieu, comme au chapitre 4, 17, 18, et pas encore non plus dans l’amour seulement, comme au verset 2 de notre chapitre ; mais « comme des enfants de lumière ». « Car vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière au Seigneur ». Soyez donc conséquents avec ce que vous êtes et non pas seulement avec ce que vous devriez être. Nous sommes lumière ; oui, lumière au Seigneur — vérité qui renferme tout à la fois et le principe et le caractère et la mesure de ce qui doit former nos voies comme chrétiens : marchons donc d’une manière qui y soit conforme. Combien il est encourageant de voir la grâce nous appeler à marcher saintement ! L’appel le plus solennel et le plus pressant ne peut que nous faire ressouvenir de notre bénédiction et de sa certitude. Combien est sainte notre position en Christ, que Dieu Lui-même puisse dire de nous : « Vous êtes lumière au Seigneur ». Si c’est là ce que Dieu déclare, ne devons-nous pas le dire nous-mêmes, tant sous le rapport du privilège que sous le rapport de la responsabilité ? Regardons à Lui, afin que, ainsi placés en dehors de toute souillure (car il n’est rien de plus pur que la lumière), nous puissions avancer et faire briller cette lumière que nous sommes maintenant au Seigneur. C’est dans la lumière que nous marchons et par la lumière que nous devrions juger toutes choses, car nous sommes lumière. Dieu répudierait un niveau moins élevé ou une atmosphère moins pure. Il est lumière, et en Lui il n’y a pas de ténèbres ; si nous sommes Ses enfants, nous sommes enfants de lumière. Il n’est jamais dit de nous que nous sommes amour (ce qui constitue la nature et la prérogative de Dieu), bien que, assurément, nous soyons appelés à aimer comme étant nés de Dieu et connaissant Dieu en Christ. De quelle manière absolue la loi disparaît comme motif ou moule de notre marche !
« Car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité ». Ce sont là sans doute les caractéristiques de l’opération toute de grâce de l’Esprit, et peut-être est-ce là ce qui a conduit à la substitution du terme « l’Esprit » pour « lumière » dans la version ordinaire. Mais on ne saurait raisonnablement douter que la vraie pensée et le vrai mot du verset 9 ne soit : « la lumière » — mot confirmé par la portée du contexte aussi bien que par les preuves externes. En Galates 5 nous avons, non pas le fruit de la lumière, mais le fruit de l’Esprit, parce que là il s’agit d’un contraste avec les œuvres de la chair — l’impureté, la violence contre Dieu et contre l’homme, cet esprit qui joue avec les ruses de l’Ennemi et s’y assujettit sans peine ; au lieu que le fruit de l’Esprit est l’amour, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance : — choses contre lesquelles il n’y a pas de loi, déclare emphatiquement l’apôtre à ceux qui affectent de se placer sous la loi. Dans notre passage d’Éphésiens 5, il est question d’un contraste, non pas avec le penchant vers le légalisme et les œuvres de la chair, que la loi provoque et condamne en même temps, mais avec les ténèbres qui constituaient notre état alors que nous étions sans Dieu. Mais maintenant nous sommes appelés à marcher comme enfants de la lumière qui est devenue notre nature même dans le Seigneur, et la Parole nous rappelle que le fruit de cette lumière consiste en toute bonté, justice et vérité. La grâce si riche de notre Dieu confirme plutôt qu’elle n’affaiblit le déploiement de Ses principes moraux, et en produit la réalisation même en nous, Ses enfants, quels que nous ayons pu ou puissions encore être par nature. La nouvelle vie qu’Il nous a donnée en Christ répond à la bonté, à la justice et à la vérité qui Lui sont propres. Il ne pouvait ni ne devait en être autrement. Et le cœur renouvelé lui-même ne consentirait pas de sang-froid à ce que Dieu fût déshonoré ou même représenté d’une manière défectueuse dans les objets de Sa faveur. Il implante en nous le désir de Lui plaire et Il veille sur nous de façon à ce que ce désir ne soit jamais vague ni vain, mais qu’il porte du fruit — le fruit de la lumière — « éprouvant », comme il est ajouté, « ce qui est agréable au Seigneur » (v. 10).
Puis il ne suffit pas que nos âmes refusent toute participation avec les fils de désobéissance, comme aux versets 6, 7 ; nous devons encore refuser toute communion avec les œuvres infructueuses des ténèbres et plutôt les reprendre (v. 11). Tout cela fait partie de la position merveilleuse qui nous appartient comme enfants de lumière et de la responsabilité qui en découle. Ce n’est pas la loi, condamnant simplement par l’application d’une règle extérieure ; mais c’est une divine capacité, intérieure et profondément scrutatrice, qui, quel que soit l’amour qui en est la source et le terme, tolère le mal d’autant moins et, au contraire, porte en Christ des fruits à maturité par le Saint Esprit. « Car il est déshonnête même de dire les choses qu’ils font en secret (à savoir, ceux qui pratiquent les œuvres infructueuses des ténèbres) ; mais toutes choses qui sont reprises, sont manifestées par la lumière, car ce qui manifeste tout, c’est la lumière » (v. 12, 13). C’est une propriété spéciale à la lumière de manifester avec elle-même toutes les autres choses, et dans l’ordre spirituel cela est tout aussi vrai que dans l’ordre naturel.
Mais il y a plus dans la pensée du Seigneur envers nous. Il veut que, non contents de posséder la bénédiction, nous en jouissions pleinement. Il y a autour de nous des morts — choses ou personnes — et quand leur influence est tolérée, elle devient profondément pernicieuse. « C’est pourquoi il dit : Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et le Christ t’éclairera » (v. 14). Il ne s’agit pas ici de nous donner la vie comme si nous étions morts, ni même la lumière comme si nous n’étions pas déjà lumière ; c’est plutôt le resplendissement de la lumière sur nous qui, tout en étant lumière en Lui, nous assoupissons néanmoins au milieu de ce qui est à la fois mort et propre à faire mourir. Combien Son amour se montre vigilant en pensant ainsi à nous, afin que notre coupe de bénédiction déborde et que nos âmes soient délivrées de ce qui est dégradant pour Lui et pour nous-mêmes, qui sommes en Lui, de telle sorte que nous soyons remplis de ce que nous sommes comme Lui appartenant ! Combien chaque parole à Lui, chaque circonstance à nous, doit nous rappeler que nous avons à prendre garde de marcher soigneusement (v. 15), non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; rachetant l’occasion parce que les jours sont mauvais ! Nous sommes, en vérité, largement approvisionnés, mais néanmoins nous avons besoin de veiller constamment dans la dépendance. Il faut rechercher et saisir le moment opportun, à quelque prix que ce soit, si l’on désire n’être pas insensibles, mais comprendre quelle est la volonté du Seigneur (v. 16, 17). Il faut éviter l’excitation mondaine, tout ce qui irrite la nature, et, en général, tout ce que désire l’homme habitué aux excès. Néanmoins nous pouvons et devrions être remplis d’une puissance qui surpasse celle de la nature et qui repousse non seulement le mal, mais encore l’attraction des choses présentes. « Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur, rendant toujours grâces pour toutes choses au nom de notre Seigneur Jésus Christ à Dieu le Père ; étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (v. 18-21). Je considère toutes ces choses comme composant les sujets sacrés qui conviennent aux chrétiens, comme autant d’expressions d’adoration, de louanges, d’un sentiment de sainteté, le terme « spirituels » étant ajouté à la dernière classe, ou classe inférieure, pour en marquer même la consécration au Seigneur. C’est là une véritable et sainte joie. Puissions-nous la cultiver en simplicité ! Nous possédons vraiment un heureux lot. De quoi ne pourrions-nous pas rendre grâces à Celui qui est notre Dieu et Père, au nom du Seigneur Jésus ? Et qu’est-ce qui peut, aussi bien que de telles actions de grâces, nous faire soumettre les uns aux autres dans Sa crainte ?
Nous entrons maintenant dans le sujet des relations terrestres spéciales. Nous avons eu ci-devant les exhortations générales, celles qui concernent les saints de Dieu comme tels — les enfants de Dieu et membres du corps de Christ. Mais maintenant le Saint Esprit montre qu’Il n’est pas indifférent aux relations que ces saints peuvent soutenir ici-bas, ou l’un avec l’autre, ou peut-être avec un inconverti. Il pourrait y avoir, par exemple, un mari et sa femme, chrétiens tous les deux, ou bien l’un d’eux seulement converti et l’autre encore juif ou païen ; et la même chose pour ce qui regarde la relation de père à enfants, de maître à serviteur. Pour le moment nous n’avons affaire qu’à celle qui tient au lien terrestre le plus intime, celle de mari à femme. Et nous verrons que l’Esprit Saint pourvoit de la manière la plus ample aux besoins des enfants de Dieu attachés l’un à l’autre par un tel lien ; de sorte que, quelles que soient leurs difficultés, ils puissent trouver de quoi s’instruire en grâce et s’exhorter sérieusement, et non pas seulement des commandements en rapport avec les circonstances dans lesquelles ils sont devant Dieu — car ce n’est pas strictement sous cette forme de commandements que nous sont présentées les règles proposées aux chrétiens. Sans doute il y a des préceptes et des commandements dans le Nouveau Testament. Et, en vérité, c’est bien des écrivains inspirés celui qui met l’amour le plus en évidence, qui aussi insiste le plus sur les commandements ; car c’est dans l’évangile et dans les épîtres de Jean que de telles injonctions ont le plus de force, et cependant nous savons qu’il n’est pas de portion de l’Écriture où l’amour de Dieu se lise d’une manière plus frappante et plus constante. C’est donc une erreur énorme de supposer qu’il y ait inconséquence entre l’amour de Dieu et la plus stricte injonction que Son autorité puisse adresser à Ses enfants.
Cependant, il est incontestable que, de même que le caractère général des instructions données aux chrétiens ne prend pas la forme de commandements légaux, pareillement nous ne sommes pas placés sous les commandements mosaïques pour en tirer nos pensées, nos sentiments et en régler nos voies comme chrétiens. Bien plus, nous sommes si loin d’un principe analogue à la loi que notre position y fait contraste : « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». Nous avons bien des commandements ; mais ces commandements impliquent que nous avons la vie ; ils sont destinés à en devenir la règle et ont pour but d’exercer en nous l’obéissance de Christ (1 Pier. 1) ; et il n’est rien qui glorifie Dieu davantage, ni qui soit plus beau pour l’âme. C’est ordinairement de la manière suivante que le Nouveau Testament nous présente l’instruction : il y a une relation formée, et selon le caractère de cette relation, développée avec ampleur et insistance dans la Parole, nous avons à glorifier Dieu. De même que cela est vrai jusque dans les choses naturelles, ainsi l’Esprit de Dieu se sert de la relation de tous les jours comme d’une occasion pour manifester la relation spirituelle qui y correspond. Et si nos cœurs sont occupés de l’extrême grâce qui a formé le lien nouveau et éternel, nous pourrons trouver, dans la relation naturelle comme dans la relation spirituelle, non seulement un motif, mais un modèle et de la puissance pour glorifier Dieu. Nulle part cette vérité n’est démontrée d’une manière plus frappante que dans la première des relations sur lesquelles l’Esprit de Dieu s’étend d’une façon si particulière : « Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur ». La première comparaison qu’Il emploie avant d’entrer dans la relation spirituelle qui nous est présentée sous la figure du mariage, fait ressortir tout d’abord la primauté de l’homme comme ayant une force particulière dans la vie matrimoniale. Nous savons tous que, même à part du mariage, l’homme est le chef de la femme ; c’est-à-dire que lors même que le mariage n’existerait pas, l’homme aurait, indépendamment du caractère, une place que ne peut avoir la femme. Tel homme peut être imbécile et telle femme avoir beaucoup de fermeté et de sagesse ; mais cela ne change rien à l’ordre de Dieu. Tel enfant sera doué d’une grande prudence, alors que ses parents seront faibles et imprudents. Néanmoins, la relation est absolument indépendante du caractère particulier, de l’état, de la condition, soit de ceux qui occupent la place supérieure, soit de ceux qui sont dans la position subordonnée. Et il est très important que nous ayons la chose fixée dans nos âmes, afin que jamais les circonstances ne puissent servir de prétexte pour renverser l’arrangement de Dieu. Il est des circonstances pénibles, qui rendent immense la difficulté des deux côtés. Mais il est d’une haute importance de se souvenir que, dans tous les cas, l’autorité de l’ordre selon Dieu subsiste toujours, que rien ne justifie jamais la désobéissance à Sa volonté. Il peut y avoir des cas où l’obéissance dans l’ordre naturel selon Dieu serait un péché ; il n’en est pas où la désobéissance soit un devoir. Il n’est pas possible que vous soyez requis de désobéir sous des circonstances quelconques ; mais il se peut que vous soyez appelés à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. C’est une bien grande grâce, en vérité, que les cas soient rares où l’obéissance à Dieu comporte une apparente infraction à l’ordre naturel et au devoir moral. Pourtant, il peut s’en présenter de tels. Vous verrez, par exemple, au commencement du livre des Actes, les autorités d’alors, qui gouvernaient le peuple d’Israël, enjoignant à Pierre et à Jean de ne pas enseigner au nom de Jésus. Or, que pouvaient faire ceux-ci, sinon se rejeter sur l’autorité de Dieu ? Ils pouvaient déclarer à ces gouverneurs mêmes que leurs consciences étaient liées envers Dieu à la face de tous les hommes. Ainsi donc, avant d’entrer dans les particularités, nous constatons que ce grand principe demeure et demeure parfaitement clair, à savoir, que l’obéissance est toujours la part du chrétien.
Donc, comme découlant de l’exhortation générale à nous soumettre les uns aux autres dans la crainte de Christ (car dans cette épître l’honneur est continuellement attribué à Christ), l’Esprit saisit cette première place, si bien appropriée à la femme chrétienne, et pose ce principe : « Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur ». Bien qu’un tel langage puisse paraître extraordinairement fort quand nous pensons à ce que sont ou peuvent être les maris, cependant c’est une grande chose d’être toujours sûrs que Dieu est dans le vrai. À la prudence humaine cela peut paraître peu circonspect. Peut-être même avez-vous affaire à un mari inconverti ? Mais faites seulement intervenir le Seigneur et vous aurez aussitôt la puissance qui rend la soumission facile et apprendrez jusqu’à quelle mesure la soumission doit être portée. Mais qui plus est, vous avez ce qui vous préservera contre l’abus du principe : « Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur ». Du moment qu’on fait intervenir le Seigneur, chaque chose entre à sa vraie place. S’il s’agit d’épreuve ou de souffrance, la Parole, quoi qu’il en soit, reste la même. Le Seigneur peut nous mettre au milieu de grandes difficultés et de grands dangers. Qu’est-ce qui convient au chrétien sous de pareilles circonstances ? Une soumission sans réserve. Car je dois être assuré que, quels que soient les brisements d’esprit que de telles épreuves peuvent occasionner, néanmoins tout ce que fait le Seigneur est bien le mieux et le meilleur, et, en fin de compte, le plus propre à fortifier mon âme — le Seigneur étant incapable d’ordonner à mon égard une seule chose qui n’ait pour but de produire un bien durable à la louange de Son propre nom.
Dans cette épître, ce n’est pas seulement le contrôle de Dieu qui est mis en évidence, mais une relation spéciale. Ici, nous voyons en activité l’amour qui, dans le Seigneur, a sacrifié toutes choses pour les siens. Comment pourrais-je douter de la bénédiction et du profit qu’il y a à se soumettre au Seigneur ? La femme chrétienne a peut-être un mari dont il faut supporter des choses dures et pénibles ; peut-être la traite-t-il comme rien et exige-t-il souvent ce qui est déraisonnable. Mais si le joug est senti, qu’est-ce qui peut l’alléger ? « Soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur ». La femme doit se soumettre à son mari comme au Seigneur ; que seulement elle voie dans l’affaire le Seigneur, au lieu du manque d’égards et du mauvais caractère du mari, et son chemin sera aisé. Il faut qu’elle en fasse une affaire, non pas simplement de devoir, mais de confiance dans le Seigneur, qui est au-dessus de tout dans Son amour, Ses soins et Son gouvernement. C’est là ce dont le Saint Esprit fait le point de départ et la base des instructions variées qui vont suivre. Il débute par cette grande vérité que la femme chrétienne doit se soumettre à son mari comme au Seigneur. Il ne s’agit donc pas simplement d’une affaire d’affection, qui ne regarderait que l’homme ; sans doute l’affection est une chose absolument nécessaire comme élément naturel, mais elle se trouve chez des personnes qui ne sont pas du tout chrétiennes. Il ne s’agit pas davantage de ce que peut exiger le mari, ni de ce que je puis croire convenable. De telles choses appartiennent au domaine des sentiments et de la moralité. Mais la grande affaire, c’est que Dieu ne peut pas être avec une femme chrétienne qui marche habituellement dans la déconsidération de ce dont Il a fait la base de sa relation, à elle, comme femme. Il ne permettra pas à un chrétien de ne marcher que d’après des principes moraux ou conventionnels. Ces choses peuvent être bonnes à leur place ; mais, comme chrétien, j’ai un appel plus élevé, duquel découle — quelles que soient les difficultés et lors même que celui à qui je dois la soumission ne serait pas chrétien — la direction bénie : « Soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur ». Il donne à la femme chrétienne le privilège de voir le Seigneur derrière la personne du mari, et c’est Lui qu’elle doit suivre et à Lui qu’elle doit se soumettre. Il y a dans cette pensée une grande consolation pour la femme chrétienne même la plus éprouvée. Mais alors se présente la limite de l’épreuve — car il y a un terme à chaque sentier — et voici quelle elle est : c’est que Dieu ne nous place jamais dans des circonstances quelconques où nous puissions impunément commettre le péché. Ainsi donc, en admettant qu’un mari commande ce qui serait positivement péché, la femme apprend dès lors qu’elle n’est pas sous l’obligation d’obéir ; parce qu’il lui est dit de se soumettre à son mari comme au Seigneur. Le Seigneur ne sanctionnerait jamais ce qui serait péché. Il peut me passer au crible, et peut-être n’en comprendrai-je pas tout d’abord l’utilité ou la nécessité ; mais la foi trouve constamment sa force et sa direction dans la sagesse du Seigneur. Par la foi je me confie en Lui, au lieu de me confier dans la sagesse que je puis me croire quant à l’intelligence de Sa volonté. Et vous verrez que nous croissons en sagesse lorsque nous nous contentons de ne pas nous en croire. Si j’ai confiance dans la sagesse du Seigneur, ce sera par ce moyen que j’acquerrai de la sagesse et que je croîtrai en elle. Notre Seigneur fut parfaitement homme, et bien que toujours parfait dans toutes les conditions de la vie, Il fut cependant l’homme dépendant qui regardait continuellement à Dieu. Cette dépendance fut même le grand sceau de Sa perfection. Il pouvait dire : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? ». Voilà bien, pour l’homme, la place la plus humble, mais aussi, en vérité, la plus élevée. Il avait saisi le secret de Sa relation avec Dieu le Père ; et bien que cela fût plus vrai de Christ que de tout autre, néanmoins c’est assurément vrai de tout croyant dans une certaine mesure.
Nous avons à veiller fort soigneusement sur nous-mêmes à ce sujet. Là où il y a la moindre tendance à s’écarter du sentier de la soumission, nous ferons bien d’examiner et sonder si nous sommes sages selon Dieu. La nature ne se plaît jamais sous l’assujettissement. Et si je me trouve dans le cas d’avoir à me prévaloir de la vérité de Dieu pour justifier un acte où je paraîtrais manquer de soumission envers l’autorité d’autrui, j’ai besoin, ici surtout, de veiller sur moi-même avec une jalousie d’autant plus grande. Lorsque nous sommes dans un sentier où la soumission est requise, laissons de la place au Seigneur pour qu’Il y soit avec nous. Si nous voulons que notre obéissance soit marquée d’un saint caractère de foi et de puissance, considérons que c’est au Seigneur que nous obéissons, lors même que c’est à une autorité terrestre que nous sommes soumis. La vérité bénie que le Seigneur allait introduire, commence à s’ouvrir devant nous : « Car le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’assemblée, et c’est lui qui est le Sauveur du corps » (v. 23). Ces paroles font allusion à une relation intime, qui a pour but de nous montrer comment, sous ce rapport, nous devons nous conduire l’un envers l’autre. Bien que seul Christ soit le Sauveur du corps, ce fait, loin de donner à l’Église ou au croyant individuellement une autre place que celle de la sujétion, l’y retient au contraire d’une manière expresse.
« Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs propres maris en toutes choses ». Tel est le principe général. Mais vous remarquerez qu’il y a, dans chaque parole analogue de l’Écriture, une mesure déterminée et une sauvegarde. Il n’est pas dit simplement : « Que les femmes soient soumises en toutes choses à leurs propres maris », mais : « Comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes », etc. Là, j’apprends que la manière bénie en laquelle Christ prend soin de l’Assemblée et agit vis-à-vis d’elle dans sa position de soumission envers le Seigneur, est posée comme modèle de la conduite des femmes envers leurs maris. Mais c’est lorsque nous arrivons à la plus haute des deux relations que le Saint Esprit en fait ressortir le plus clairement le caractère. « Maris, aimez vos propres femmes ». Ici nous voyons quel pourrait être le piège du mari. D’abord la femme est tenue de veiller à son caractère propre et de discipliner son esprit par une entière soumission à son mari. Il ne lui est pas dit, à elle, d’aimer son mari, mais de lui être soumise. Mais Satan pourrait prendre occasion de cela, et, dans l’exercice de la relation mutuelle, le mari pourrait manquer de tendresse dans les soins et l’affection qu’il doit. Il y a ce qui est propre à régler et à diriger la conduite de la femme ; mais ici l’exhortation adressée au mari porte sur ce dont il a le plus besoin dans ses circonstances propres et ce qui est le plus excellent pour le bien de son âme et la joie de sa femme. C’est pourquoi nous lisons : « Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle ». Quel saint modèle ! Quel sage, quel pur et céleste exemple de dévouement est placé devant nous, afin que cette relation, qui pourrait être si aisément dégradée, soit maintenue à sa vraie hauteur et que même les saints les plus pauvres sur la terre, ainsi liés l’un à l’autre, puissent jouir de la lumière et de l’amour du ciel reluisant sur eux. « Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin qu’il se présentât l’assemblée glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable ». Ainsi l’amour de Christ pour l’Église est posé comme le modèle auquel le mari chrétien doit chercher à conformer son propre amour pour sa femme. Voyez quels en sont la source et le caractère : « Comme aussi le Christ a aimé l’assemblée ». Tout découle de là. Ai-je besoin de dire que, comme l’amour — même d’après le sentiment humain — doit précéder le mariage, ainsi l’amour est, selon la nature, le secret qui seul rend le mariage heureux lorsqu’il est consommé. L’amour de Christ, tel qu’il est déployé ici, nous est présenté comme un tout invariable, du commencement à la fin. Il est bon, dans la vie du mariage, de se souvenir que l’amour qui était vrai avant la formation du lien, est un amour qui demeure vrai après que le lien est formé et qui doit grandir jusqu’à la fin.
Il en fut certainement ainsi, dans un sens parfait, du côté du Seigneur. Il a aimé l’Église. Il s’agit ici d’une affection bien spéciale de la part de Christ. Ce n’est pas la vérité générale que Dieu a aimé même le monde, car avec celui-ci il n’y eut pas de relation formée. La chose importante à considérer est que, lors bien même que l’amour existerait avant la relation, c’est en elle cependant qu’il trouve la sphère de son exercice en même temps qu’il en constitue en permanence la force et la joie. Et si de la chose terrestre nous tournons nos regards vers ce qu’elle symbolise, combien est grande la grâce et riche la bénédiction ! Ce fut autrefois une grande joie pour nos cœurs de réaliser cette vérité que Dieu pouvait aimer les pécheurs, et les aimer jusqu’à livrer Son Fils pour nous, comme pécheurs. Mais il est une autre espèce d’amour, que nous connaissons maintenant. Dieu a pris vis-à-vis de nous la relation de Père, ou tout au moins nous a introduits dans celle d’enfants vis-à-vis de Lui, par Jésus Christ. Nous sommes « enfants de Dieu par la foi en Jésus Christ ». Par conséquent le Père nous aime d’un cœur de Père ; Il n’aime pas seulement, comme Dieu, la créature, mais Il nous aime comme Père ; bien plus, Il nous aime comme le Père de notre Seigneur Jésus Christ L’a aimé, Lui, et non pas seulement dans la mesure de l’affection humaine de parents pour leurs enfants. Et en considérant ce que nous sommes, qu’elle est merveilleuse la pensée que, même dans ce monde, Dieu le Père peut trouver Son plaisir en nous ! qu’Il nous aime infiniment plus que le meilleur père ne peut aimer son enfant, et que cet amour s’étend aux membres les plus faibles et les plus nécessiteux de Sa famille ! Il y a aussi un amour conditionnel en faveur de ceux qui marchent fidèlement, amour que nous trouvons exposé en Jean 14 ; 15. Mais je parle maintenant de cet amour immuable, personnel, qui découle de la relation que Dieu soutient, comme Père, avec Ses enfants, de l’amour qui ne se borne pas à la compassion, mais qui trouve actuellement son plaisir et sa joie dans les enfants, malgré tout ce qui peut être de nature à le détourner ou à l’affaiblir. Étant en Christ, ne dois-je pas être assuré d’un tel amour autant que je le suis de mon existence comme homme ? Bien plus, ne dois-je pas avoir une connaissance et une certitude plus grande de ce qu’est Son amour envers moi, que de tout ce qui me concerne comme vivant sur la terre ? Ce que j’ai en moi ne me garantit pas des déceptions du monde au-dehors ; mais dans les choses de Dieu, là où la foi est vivante, il n’en est pas ainsi : il y a une certitude divine.
Lorsque Dieu se révèle clairement, nous devons recevoir avec humilité d’esprit cette révélation ; et plus il y aura d’humilité, plus il y aura de certitude, parce que nous fonderons notre assurance sur ce que c’est Dieu qui s’est révélé à nous : il s’agira de Lui et non pas de nous. Et s’il en est ainsi, quelle merveilleuse position que d’être en Christ ! Il est très vrai que Christ m’a aimé ; mais ici il est question de l’Église — « Assemblée » — et Christ a pour Son Assemblée un amour spécial que je suis autorisé à m’approprier et sur lequel j’ai droit de compter. Voilà ce qui rend si précieux le rassemblement des enfants de Dieu comme assemblée, et ce qui montre l’extrême importance de ne pas réduire ce rassemblement aux proportions d’une société si nombreuse qu’elle puisse être. Du moment que vous introduisez la volonté de l’homme, vous détruisez virtuellement et d’emblée le fondement de l’Écriture ; — au lieu que si vous comprenez que Dieu a formé, dans l’Esprit, un certain lien pour la gloire de Son Fils parmi ceux qui Lui appartiennent maintenant sur la terre, et que Christ porte à ceux qui réalisent ce lien un amour parfait et particulier, alors il ne saurait y avoir de plus grande joie pour nos âmes que d’entrer dans Son amour et puis d’agir par la Parole pour amener les autres membres du corps de Christ à recevoir et à goûter cette joie. Ce n’est pas une partie seulement, mais c’est l’Assemblée qu’Il a aimée. Je me sers à dessein du terme « assemblée », parce que souvent on a une notion très vague de ce qu’est l’Église. De nos jours le terme « église » est la plupart du temps absolument mal appliqué. On le dit d’un édifice, d’une société religieuse, de celle, en particulier, qui sera la plus nombreuse dans un endroit quelconque. Mais substituez au terme « église » celui de « assemblée », et comprenez par là le corps entier de ceux que Dieu met à part de ce monde par le Saint Esprit descendu du ciel, et alors vous saisirez ce qu’est l’amour spécial que Dieu a révélé en Christ, non pas seulement à l’âme individuelle, mais à l’Assemblée qui est, sur la terre, le corps de Christ.
Il fallait évidemment et de toute nécessité que Christ mourût pour que l’évangile pût être maintenant prêché au monde. Cette mort de Christ est également le principe en vertu duquel les cieux et la terre seront purifiés de tout ce qui est aujourd’hui souillure et corruption. Tout pour la justification de Dieu dans le passé et la diffusion de Son amour dans l’avenir, est fondé sur la mort de Christ. De là la valeur immense de la rédemption qu’Il a accomplie, soit pour la terre ou pour le ciel, soit pour le Juif ou pour le Gentil, soit pour l’Église de Dieu, dans le temps et dans l’éternité. Mais il y a, de plus, une grande force dans cette parole : « s’est livré lui-même pour elle ». Il n’y a rien en Christ qu’Il n’ait donné. Ce n’est pas seulement qu’Il a fait beaucoup, qu’Il a beaucoup souffert, mais Il s’est donné Lui-même. Sans doute, ce fait comporte tout ce qui était de Christ et en Christ, mais il va beaucoup plus loin parce qu’il est l’expression d’un renoncement absolu de la part de Christ en amour pour ce qui était l’objet de Son cœur. Nous y voyons le parfait modèle de la plénitude même de l’amour qui dépasse infiniment tout ce qu’il peut être question de stimuler dans les relations humaines. C’est à juste titre que l’Esprit, en exhortant le mari chrétien, nous montre qu’en toutes choses Christ a la prééminence : « Il s’est livré Lui-même pour nous ». Quelle est la conséquence de cela ? Que l’Église est sans péché devant Dieu — que les péchés sont pour jamais effacés — que la rédemption est accomplie — que Satan est vaincu — que la colère et le jugement divin sont passés — que les ordonnances, contraires à ceux qui y étaient soumis, sont clouées à la croix — que l’inimitié est détruite — que le nouvel homme est formé. Tout cela, et beaucoup plus encore, est dû au sacrifice que Christ a fait de Lui-même. L’effet en est que Christ nous est présenté ici, sous la lumière la plus vive, dans un amour qui ne comporte ni doute, ni question, comme source de notre jouissance et objet à jamais digne de notre soumission, de notre service et de notre adoration.
Je ne suis pas moins en droit de croire que Christ s’est donné pour moi que de croire que mes iniquités ont été complètement effacées par Son précieux sang. Si je crois l’une de ces choses, je dois à Dieu de croire aussi l’autre ; et j’ai pour fondement de ma foi le témoignage rendu par Dieu à la perfection de ce que Christ a fait selon la gloire de Sa personne. Dieu attache une telle valeur à l’œuvre de souffrance de Son Fils sur la croix, qu’Il peut m’aimer parfaitement. Nous sommes affranchis. Nous avons la rédemption par Son sang ; mais ce n’est pas seulement par Son sang, c’est aussi en Lui, comme il est dit au chapitre 1 : « En qui nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés, selon les richesses de Sa grâce ». Il est donc de haute importance que, tandis que nous croyons en la rédemption, nous n’en recevions pas, s’il m’est permis de parler ainsi, la vérité séparément de Lui-même, mais bien en Lui. Et, en effet, c’est Sa propre personne qui nous rendra capables d’apprécier et de retenir la valeur de cette œuvre ; il faut nous rappeler non seulement ce qui a été fait, mais qui est Celui qui l’a fait. Si en vous jugeant vous-mêmes, vous vous attachez à Lui et à ces deux vérités bénies, jamais un seul nuage ne planera sur votre âme quant à votre parfaite délivrance devant Dieu.
Maintenant, il se présente une autre pensée. Si Christ a complété cette œuvre, si c’est une chose passée, n’ayant pas besoin d’être retouchée jamais, nous entrons dans la seconde preuve de Son amour : « afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau, par la parole ». Je considère que cette sanctification de l’Église, dont il est parlé ici, est une chose distincte du lavage d’eau par la Parole, bien qu’elle s’y rattache étroitement. Ce sont là deux opérations, et il y a une différence importante entre sanctifier l’Église et la purifier. Cette sanctification ne se rapporte pas seulement à notre croissance dans la grâce, elle se rattache à Christ ; ce n’est pas simplement l’Esprit de Dieu opérant dans le croyant. Les hommes parlent souvent comme si justifier était l’affaire du Fils, et sanctifier, l’affaire de l’Esprit. Mais nous sommes lavés, nous sommes sanctifiés, nous sommes justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu. C’est tout entièrement en vertu de ce qu’est Christ que nous sommes lavés, sanctifiés et justifiés, et c’est par l’Esprit de notre Dieu. L’Esprit de Dieu est l’agent actif dans la justification non moins que dans la sanctification, mais Il agit toujours en présentant Christ. C’est pourquoi il y a un grand danger à détacher Christ de la sanctification. Christ s’est donné Lui-même pour l’Église, « afin qu’il la sanctifiât et la purifiât ». Dans le fait que Christ s’est donné est comprise l’effusion du sang, mais il y a plus que cela.
En effet, tout ce que comporte la rédemption proprement dite, est impliqué dans le verset 25 : « Il a aimé l’assemblée et s’est donné lui-même pour elle ». C’est là une chose passée, mais suivie de tout ce qui se poursuit pendant le temps de l’existence de l’Église sur la terre. La mort de Christ pour nous — l’offrande qu’Il a faite de Lui-même pour l’Église, vient comme le fruit de Son amour. Et maintenant vous avez, sur le fondement de la croix, la sanctification et la purification dont l’action est continue. Mais comment s’opèrent-elles ? L’une et l’autre par le lavage d’eau par la Parole. Cela nous fait voir l’immense importance de la Parole de Dieu. Combien il est essentiel que tout enfant de Dieu apprécie cette Parole et cherche à croître, par elle, dans la connaissance de Dieu ! Le fait d’appartenir à l’Église ou plutôt à Christ, loin d’être la somme ou la substance de ce que nous avons à apprendre, n’en est que la base ; c’est seulement quand nous avons cette connaissance fondamentale que nous entrons dans la sanctification et la purification qui s’opèrent par le lavage d’eau par la Parole. Ainsi, nous avons clairement ces trois fruits distincts de l’amour de Christ : d’abord, l’offrande de Lui-même (jusqu’à la mort) ; ensuite Son œuvre actuelle dans la vie. Depuis l’achèvement de l’œuvre de la croix, Il s’occupe, dans le ciel, de l’Église ; Il prend soin de Ses membres, opère par le Saint Esprit, en appliquant la Parole de Dieu. Et tout est en connexion avec Lui, parce que le point de départ de tout est l’amour de Christ pour l’Église. Il sanctifie et purifie maintenant par le lavage d’eau par la Parole ; mais nous savons que nos péchés ont été effacés par Son sang.
Avant d’entrer dans la considération du troisième effet de Son amour, permettez-moi de dire ici que l’idée d’une application renouvelée du sang de Christ, est étrangère au christianisme. Sans doute, il est des chrétiens qui vous disent qu’il faut plusieurs fois recourir au sang ; mais ils avouent en même temps que leur opinion n’est fondée sur aucun passage de l’Écriture. Mais une pareille idée ne fait qu’affaiblir, au contraire, la vérité fondamentale de l’efficace du sacrifice de Christ, tout en ayant pour but de l’appuyer et de l’exalter à la façon de l’homme. C’est là, en effet, ce qui résulte de l’habitude de recourir à nos propres pensées quant à l’usage à faire de la vérité, au lieu de nous incliner simplement devant la Parole de Dieu. Du moment que nous détachons de Lui dans Sa connexion avec nous une vérité pour la soumettre à nos pensées, c’est comme si nous déracinions la plante qui croit dans le jardin de Dieu, où elle produit un fruit abondant et précieux, pour la placer dans un terrain où elle se flétrit dès qu’elle a passé par les mains de l’homme. Une application répétée du sang de Christ ne ferait qu’en prouver l’imperfection. Mais l’immutabilité du fondement est si complètement exposée dans l’épître aux Hébreux, qu’elle n’a pas besoin d’être établie de nouveau. Une nouvelle effusion du sang de Christ est aussi impossible que la nouvelle mort par laquelle ce sang serait répandu. Lorsqu’une âme l’a trouvé, Lui, et a été lavée du péché dans Son sang, elle demeure dans cette position pour jamais. Voilà ce qui rend si sérieux le péché lorsqu’il est commis par un chrétien. Si vous pouviez, dans ce cas, faire une nouvelle aspersion, quel en serait l’effet ? À peu près le même que celui de la confession auriculaire sur un catholique romain. C’est par de tels moyens que bientôt on apprend à jouer avec le mal et à s’endurcir par la tromperie du péché. Et quoi qu’il n’en soit pas ainsi là où Christ est connu, pourtant l’effet n’en diffère guère en ce qui regarde la façon de traiter le péché à la légère. Si, après avoir commis le péché, l’on pouvait revenir au point de départ comme s’il s’agissait d’une bagatelle, puis recommencer encore chaque fois que l’on se dévoie, le péché ne serait pas, à beaucoup près, aussi profondément senti. Car, tandis que d’un côté, nous sommes tenus de ne pas laisser souiller ce qui a été lavé dans le sang de Christ, de l’autre, nous avons la conscience de manquements continuels.
N’y a-t-il donc pas de ressource ? L’accès à la croix ne peut-il pas être renouvelé ? Ce serait une chose terrible s’il n’y avait pas de provision contre nos manquements et nos chutes, pas de moyens de nous ramener de nos écarts ; mais il y a une ressource, et la voici : « Afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ». Vous avez la même vérité, exposée dans son application individuelle, en Jean 13. Ici, elle est fondée sur ce que les disciples appartenaient à Jésus, qu’Il les aimait, et que ceux qu’Il aime, Il les aime jusqu’à la fin ; puis nous voyons que, exposés comme ils l’étaient à se souiller en traversant le monde, le Seigneur les met en garde contre deux choses : d’abord contre l’anxiété qui pourrait les amener à penser qu’Il cesserait de les aimer s’ils manquaient de fidélité ; ensuite contre le danger d’abuser de Sa fidélité, à Lui, pour s’autoriser à passer légèrement par-dessus le péché. Christ ne cessera jamais d’aimer, et aussi ne traitera pas davantage le péché à la légère, non plus qu’Il ne nous permettra de le faire. Il nous fait reposer sur Son sang à toujours. Mais alors, dans le cas où quelqu’un se rendrait coupable de péché après avoir reçu la rémission des péchés, que resterait-il à faire ? Allons, dans un tel cas, nous épancher devant Dieu par la confession. Le voile n’est pas rétabli parce que nous avons agi follement en dehors du voile. Nous sommes autorisés à nous approcher et à confesser notre faute devant Dieu — à nous approcher sur le principe même de cette vérité que nous sommes lavés dans le sang de Christ. Quel est l’effet d’un tel acte, et de quoi cet acte est-il l’effet ? Il s’explique en ce que Christ sanctifie et purifie, par le maintien du lavage d’eau par la Parole. Ce lavage peut être présenté sous son aspect collectif, comme dans notre chapitre des Éphésiens, ou sous son aspect individuel, comme en Jean 13 : l’un et l’autre sont vrais. C’est une vérité pour chaque âme sauvée, comme pour l’Église en général. Christ, dans la présence de Dieu, agit continuellement en faveur de l’Église, et comme conséquence il y a la nécessité de la répréhension et du châtiment. On est amené à sentir ce que l’on a pu faire. Quelque portion de la Parole de Dieu, lorsqu’on la médite soi-même ou lorsqu’on la reçoit par d’autres, pourra jeter une vive lueur sur l’âme. On est alors convaincu de folie ; la volonté propre cesse d’agir ; la Parole de Dieu est appliquée avec puissance par le Saint Esprit, et sous son témoignage on s’incline devant le Seigneur.
Tel est le lavage d’eau par la Parole — c’est-à-dire l’effet de la sacrificature de Christ à la droite de Dieu. L’application de la Parole de Dieu à l’âme est l’effet de l’intercession que Christ exerce pour effacer les fautes, où qu’elles se trouvent. L’œuvre qu’Il fait à la droite de Dieu est revêtue de ce caractère d’intercession. Une grande partie de ce qui forme l’exercice de l’âme a moins pour effet de relever dans les chutes que de les prévenir ou de les empêcher. Dieu ne compte pas sur le péché ; Il n’attend pas de Son enfant le péché. Il y a, au contraire, une exhortation solennelle à ne pas pécher : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ». L’apôtre venait justement de déclarer que si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. Or, quelques-uns auraient pu, tant est grande la corruption du cœur de l’homme, s’autoriser d’une telle déclaration pour conclure qu’après tout tomber dans le péché n’était pas une affaire tellement grave. Mais il ajoute aussitôt : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ». Jamais nous n’avons la liberté de pécher ; nous sommes toujours inexcusables quand nous commettons le péché. Puis enfin il dit : « Si quelqu’un a péché nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste ». Ici, nous avons la vérité qui correspond à notre passage en Éphésiens. Non que dans les deux passages la position de Christ soit la même ; seulement, l’effet qui en découle est analogue en ce qui regarde l’âme. Christ poursuit l’action bénie de Son amour, et comme fruit, nous avons telle portion de la Parole qui, par la grâce de Dieu, s’applique à nos fautes — de sorte que la sanctification dont il est parlé ici, est ce qui nous met pratiquement à part, comme Assemblée de Dieu, conformément à l’appel que nous en avons reçu — ou la réalisation, dans nos âmes, de cette séparation par la Parole de Dieu. Elle s’opère par la révélation de Christ, et de Christ tel qu’Il est maintenant dans la présence de Dieu. C’est à cela qu’il est fait allusion en 2 Corinthiens 3, où nous lisons : « Nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit ». Nous voyons que le Saint Esprit, révélant Christ dans la gloire qu’Il a devant Dieu actuellement, nous sépare du monde, qui est étranger à Sa gloire et qui cherche la sienne propre en rapport avec les choses présentes. Dieu nous révèle Christ en haut, et par là nous sommes sevrés du faux éclat de ce siècle mauvais.
Mais, comme nous avons ici l’exposé de tout ce que Christ fait, il s’y trouve la purification aussi bien que la sanctification de l’Église. Il est nécessaire que toute souillure soit ôtée, et dans les deux cas, c’est le lavage d’eau par la Parole que Dieu emploie comme moyen. Mais il y a un troisième fruit, un fruit encore à venir de Son amour : « Afin qu’il se présentât l’assemblée glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable ». Ici nous avons évidemment ce qui complète la bénédiction de l’Église, alors qu’il ne sera plus question de la purifier, alors que l’amour de Christ aura son plein effet et que l’Église sera glorieuse par une entière ressemblance avec Christ : « mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable ». Tel est l’exposé divin et complet de tout l’amour de Christ. Mais vous remarquerez que ce témoignage est présenté moins sous une forme doctrinale que dans un sens pratique en vue de démontrer la position du mari chrétien vis-à-vis de sa femme. Le mari ne peut agir convenablement envers sa femme que quand la relation est considérée de plus haut que le niveau naturel. Il faut, pour bien agir, que dans l’exercice d’une relation selon la nature, le chrétien apporte des motifs et des principes célestes. Il n’est pas rare de trouver un mari ayant beaucoup d’attachement pour sa femme et une femme profondément attachée à son mari ; mais s’il n’existe entre eux rien de plus que ce sentiment naturel, il n’en découlera ni puissance, ni bénédiction pour eux, ni honneur pour Dieu. Quoique rien ne soit plus juste qu’un tel sentiment, il faut cependant quelque chose de plus, et ce quelque chose qu’il faut de plus, c’est de garder constamment devant nous le souvenir de la manière dont Christ agit envers l’Église. Il y a toujours bénédiction et puissance à croire la Parole de Dieu. Si nous ne nous dirigeons pas d’après la Parole, nous ne réaliserons pas la puissance de Christ dans la relation naturelle de cette vie, et cependant nous devrions la réaliser, et si cette puissance manque à notre relation, est-ce que, en cela, nous ne nous privons pas dans une grande mesure de ce qui ferait notre force et de ce en quoi Dieu nous approuverait et nous honorerait ?
L’Esprit applique ainsi la vérité : « Les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme s’aime soi-même ». Ces dernières paroles sont fondées sur l’instinct commun d’après lequel il est dans la nature de l’homme d’éviter la peine et de prendre soin de soi-même. L’apôtre constate simplement le fait et raisonne ainsi : Considérez votre femme comme étant une partie de vous-même, et comprenez tout préjudice à elle causé comme étant causé à votre propre corps ; ainsi vous apprendrez à user d’affectueux égards, « car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée » : — belle et douce vérité ajoutée à celle qui a déjà été exposée. Dans tout ce qui a précédé nous avons vu la rédemption, la purification pratique actuelle, la future glorification de l’Église ; mais maintenant l’apôtre ajoute : « il la nourrit et la chérit ». Il y a l’introduction spéciale de la pensée de Christ, Son tendre intérêt pour ceux qui Lui appartiennent. Quand nous pensons à toute la ruine qui nous entoure, c’est une grande consolation de savoir que la chose demeure encore vraie dans l’état actuel de l’Église. Est-ce que Christ pourrait cesser jamais de nourrir ce qui Lui appartient ? Ce n’est pas admissible. Malgré toute la ruine, Il a la même sollicitude pour les siens. Nous ne pouvons jamais trop prier pour l’Église ; mais nous ne devons pas, d’un autre côté, nous tourmenter comme si le Seigneur l’oubliait et ne proportionnait pas Ses soins aux besoins et à l’épreuve de Ses saints. Le Seigneur n’a jamais failli ; et ce qu’Il nous dit ici de pratiquer dans notre relation terrestre n’est pas autre chose que ce que Lui-même pratique d’une manière parfaite vis-à-vis de Son Église. Il aime l’Église ; Il la nourrit et la chérit, et cela, parce que « nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os ». Tout comme Ève était partie d’Adam, ainsi l’Église est partie de Christ. Le Seigneur tira du côté d’Adam ce qui Lui servit à former sa femme, et c’est dans une relation aussi intime que nous sommes vis-à-vis de Christ.
On applique quelquefois le verset à Christ se faisant homme ; mais c’est en sens inverse qu’il faut le prendre. Il ne signifie pas que Christ a pris notre chair et nos os, mais que nous sommes faits membres de Son corps, de Sa chair et de Ses os. Il expose notre relation avec Christ ressuscité d’entre les morts et non la relation de Christ avec nous comme hommes sur la terre. Je ne dis ceci que pour prévenir les âmes contre une fausse interprétation. Il ne s’agit pas ici du Seigneur prenant la chair et le sang, ce que nous savons bien qu’Il a fait et ce dont aussi nous parle l’épître aux Hébreux. Nous sommes membres de Son corps, de Sa chair et de Ses os. Nous faisons réellement partie de Lui-même, étant unis à Lui dans la place qu’Il occupe maintenant en la présence de Dieu. Dans notre passage, il est question de notre union avec Lui et non pas de Son incarnation.
Ensuite, nous avons une allusion à Genèse 2 : « C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et il sera joint à sa femme ; et les deux seront une seule chair. Ce mystère est grand ; mais moi je le dis par rapport à Christ et à l’assemblée. Toutefois que chacun de vous aussi en particulier aime sa propre femme comme soi-même, que la femme aussi craigne son mari ». Ainsi, le sujet se trouve résumé dans cette parole toute pratique. Je n’ai pas besoin de dire que tout ce qui, dans cette relation, serait contraire à la confiance la plus absolue, est exclu par ce verset. Le mari, s’il agit dans l’esprit d’une telle parole, n’a pas de secret pour celle qui est une partie de lui-même ; mais quant à la femme, qu’elle n’oublie pas de craindre son mari. S’il n’y avait que la simple familiarité qui découle de l’amour mutuel, ce serait une faute au point de vue céleste. Quelle que soit la confiance d’une femme en son mari, c’est assurément une chose convenable qu’elle le craigne. Et qu’on ne pense pas que la crainte soit incompatible avec l’amour. Nous sommes exhortés à retenir la grâce ; et cela dans quel but ? Afin que nous servions Dieu, d’une manière qui Lui soit agréable, avec révérence et avec crainte. Sans doute, il y a une immense différence entre Dieu et l’homme ; mais toutefois cette parole de Hébreux 12, fait ressortir la compatibilité de la crainte avec l’amour. Dans notre passage, il s’agit de cette crainte qui redoute d’offenser et qui, au contraire, recherche activement tout ce qui est propre à reverser de l’honneur sur le mari. Et cet esprit de crainte convient à tous les cas. Supposez, par exemple, le cas d’un sot mari avec une femme intelligente ; s’il montre jour par jour ce qu’il est, c’est une raison de plus pour sa femme de se garder de sa propre capacité afin de la mettre au service du mari sans que cela apparaisse. Ensuite elle doit se rappeler sérieusement, dans ces circonstances, qu’elle a à honorer Dieu et son mari au lieu de jeter à l’adresse de son mari des paroles blessantes et inconsidérées. C’est dans de semblables circonstances que la sagesse et la spiritualité d’une femme pieuse devraient briller, et briller en voilant leur éclat : car pour qu’il y ait bénédiction dans l’union, il faut que la prééminence soit laissée toute entière au mari et non pas à la femme. Ce résultat sera toujours atteint lorsque le cœur regardera au Seigneur en simplicité ; et bien qu’une union dans laquelle la femme sera moralement supérieure au mari puisse paraître disparate et propre à rendre l’existence pénible, cependant rien n’est impossible à Dieu. Et si la femme chrétienne recherche la pensée de Dieu et désire honorer Dieu Lui-même dans la circonstance, Dieu certainement se servira d’elle de la manière la plus heureuse et la plus bénie pour aider au mari et couvrir ce qui pourrait être mortifiant pour lui. Mais le principe demeure toujours. De même que rien ne justifie le manque d’amour d’un mari pour sa femme, ainsi rien non plus ne justifie, du côté de la femme, l’absence de crainte envers son mari. Le Seigneur veuille que nous ne perdions pas de vue Sa sainte et gracieuse exhortation !
Chapitre 6
Considérons brièvement les relations d’enfants à parents et de serviteurs à maîtres. Ici, l’obéissance est le grand point sur lequel la Parole insiste auprès de ceux qui occupent la position inférieure. Comme tous les saints sont appelés à se soumettre les uns aux autres dans la crainte de Christ, et particulièrement les femmes à leurs maris en toutes choses, ainsi les enfants doivent obéir à leurs parents dans le Seigneur (v. 1). Le Saint Esprit a bien aussi pour les pères une parole appropriée et sérieuse ; mais en général combien la marche est aisée dans une maison chrétienne où les jeunes obéissent — surtout quand ils obéissent « dans le Seigneur » ! Il y a de la douceur dans l’affection naturelle, et l’absence de ce sentiment est un signe des temps fâcheux ; mais le sentiment seul ne suffit pas. La conscience elle-même, si importante qu’elle soit à sa place, est une sauvegarde insuffisante et ne saurait devenir une source de puissance ; mais le Seigneur est cette source. Combien c’est chose heureuse quand on sait revêtir et absorber son devoir en Lui ! Et c’est là-dessus que le Saint Esprit insiste d’une manière pressante.
Le Seigneur Lui-même l’a réalisé lorsque, ici-bas, Il prit la place d’enfant. « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur lui ». Et nous ne sommes pas limités à une déclaration vague et générale, mais nous avons le tableau suivant de Ses voies : « Et quand il eut douze ans, étant montés à Jérusalem, selon la coutume de la fête, et ayant accompli les jours de la fête, comme ils s’en retournaient, l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et Joseph et sa mère ne le savaient pas. Mais croyant qu’il était dans la troupe des voyageurs, ils marchèrent le chemin d’un jour et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Et ne le trouvant pas, ils s’en retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Et il arriva que trois jours après ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient de son intelligence et de ses réponses. Et quand ils le virent, ils en furent tout étonnés, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi ? Voici, ton père et moi te cherchions, étant en grande peine. Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon père ? ». Ainsi, n’ayant encore que douze ans, il avait conscience de Sa propre relation. L’humanité qu’Il avait prise comme né de femme, loin d’affaiblir le sentiment qu’Il avait de l’amour et des affaires de Son Père, ne servait plutôt qu’à en manifester la réalité. En même temps nous voyons (et que de beauté il y a en cela !) combien Son œil — absolument simple — percevait ce qui Lui seyait du côté terrestre, par contraste frappant avec Joseph et Sa mère, qui « ne comprirent pas la parole qu’il leur disait ». Aussi lisons-nous immédiatement après : « Et il descendit avec eux et vint à Nazareth, et leur était soumis ». Tel fut Jésus, le Seigneur de tout, pendant la partie de beaucoup la plus considérable de Sa carrière terrestre.
Le même principe est vrai de l’enfant chrétien, à cette différence près que la relation de Christ avec le Père tenait à l’essence même de Sa personne, tandis que notre relation avec Christ et avec Son Père est tout simplement le pur don de la grâce. Mais néanmoins nous sommes pourtant enfants aussi ; le titre nous en est bien sûrement conféré en et par notre Seigneur Jésus Christ. « Voyez quel amour le Père nous a accordé, que nous soyons appelés enfants de Dieu… Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu ». Et ceci, par l’opération du Saint Esprit, est le secret d’une heureuse obéissance dans la relation terrestre. Conscients de ce que nous sommes pour le Seigneur, nous pouvons obéir en Lui. « Dans le Seigneur » est tout à la fois le motif d’encouragement, la sauvegarde et la limite. Que les parents soient Juifs ou païens, ou bien qu’ils portent indignement le nom de Christ, les enfants chrétiens (tout en reconnaissant pleinement leur relation avec leurs parents, quels que soient ceux-ci) auront néanmoins le doux privilège d’obéir « dans le Seigneur ». Combien cela simplifie des questions autrement si embarrassantes. Et combien aussi cela détermine le chemin que nous devons suivre et le point où nous devons nous arrêter ! Car puisque c’est « dans le Seigneur » qu’on est appelé à obéir, on ne saurait trouver là de raison ou d’excuse pour pécher.
Dans l’épître aux Colossiens, où les saints étaient en danger de mésuser des ordonnances légales, le motif proposé aux enfants pour obéir à leurs parents en toutes choses est que « cela est agréable au Seigneur ». À Éphèse, les fidèles étaient dégagés d’un tel piège, et le Saint Esprit peut librement se servir d’un principe incorporé dans la loi ; il ajoute donc : « car cela est juste ». Bien plus, Il peut poursuivre par une citation, légèrement retouchée, du décalogue et ainsi attirer par parenthèse l’attention à la place spéciale qu’elle y occupe. « Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec promesse), afin que bien te soit, et que tu jouisses de longue vie sur la terre » (v. 2, 3). Si Dieu appréciait ainsi la piété filiale sous la loi, l’apprécierait-Il moins maintenant qu’Il déploie Sa nature comme le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ et nous appelle à la relation d’enfants vis-à-vis de Lui ? Si le respect porté à cette parole d’autrefois était approuvé et récompensé dans le juste gouvernement de Dieu, si alors Dieu accordait des soins et de la prospérité à ceux qui honoraient leurs parents, est-ce que la révélation qu’Il donne de Lui-même en grâce peut affaiblir l’obligation sous laquelle sont Ses enfants, ou rendre moins précieux à Ses yeux maintenant l’amour qui inspirait et soutenait l’honneur ainsi rendu ? Il n’est pas de chrétien intelligent qui voulût contester qu’il s’agit ici d’un précepte de la loi, mais appliqué, si je ne me trompe, de façon à insinuer au croyant du Nouveau Testament une sorte de conclusion a fortiori. Il est certain que depuis la croix de Christ, la portion particulière des saints ne leur est pas présentée sous la forme d’une prolongation de jours et de biens sur la terre.
Aux pères est adressée l’exhortation (peut-être plus nécessaire pour eux que pour les mères, bien qu’en principe elle s’applique évidemment aux uns et aux autres) : « N’irritez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (v. 4). Quelle connaissance du cœur et des vieux et des jeunes ! Combien la Parole, après avoir si fortement recommandé l’obéissance, l’entoure de tendre considération, de peur que les enfants ne soient exaspérés par un usage capricieux et trop rigoureux de l’autorité paternelle ! Mais il faut, d’un autre côté, élever les enfants sous la discipline et les avertissements du Seigneur. De même que le chrétien connaît les voies du Seigneur selon qu’Il les exerce envers lui et envers d’autres, ainsi doit-il former ses enfants pour le Seigneur : — principe de la dernière importance pour le cœur et la conscience des parents. Désirons-nous pour nos enfants le Seigneur seulement, ou bien le monde aussi ?
Ensuite (v. 5-8) les esclaves chrétiens sont exhortés à obéir à leurs maîtres selon la chair (lesquels demeuraient toujours tels, convertis ou non), « à leur obéir avec crainte et tremblement, en simplicité de cœur comme à Christ ; ne servant pas seulement sous leurs yeux comme cherchant à plaire aux hommes, mais comme esclaves de Christ, faisant de cœur la volonté de Dieu, servant joyeusement le Seigneur et non pas les hommes, sachant que chacun, soit esclave, soit libre, quelque bien qu’il fasse, le recevra du Seigneur ». N’est-elle pas bien digne de remarque par son étendue et sa profondeur, cette liberté qui est en Christ ? Il n’y a rien de violent, ni de révolutionnaire, et pourtant le changement est complet, absolu, final dans son principe et dans son caractère, bien qu’il nous reste à croître dans l’appréciation et la manifestation de ce changement. Et une telle croissance est importante moralement, parce qu’elle constitue une partie essentielle du christianisme considéré au point de vue pratique, de ce christianisme où la toute première bénédiction que la grâce de Dieu nous accorde en Christ n’est saisissable que pour la foi, où cette bénédiction ne peut être réalisée du commencement à la fin que dans la puissance de l’Esprit par le jugement de soi-même, et où elle ne deviendra nôtre — comme affaire de possession effective et de manifestation — que quand l’état de perfection sera atteint dans la gloire de la résurrection. Néanmoins, il est doux de savoir que si, dans un certain sens, nous n’avons rien encore, dans un autre sens non moins juste et non moins réel, nous possédons toutes choses. C’est à cette vérité que la foi doit s’attacher et d’après elle qu’elle doit agir ; et pour l’esclave chrétien, quel privilège entre beaucoup d’autres ! Quel puissant motif pour lui, qui, déjà sciemment affranchi en Christ et dans une liberté absolument supérieure aux circonstances, a par cela même une si grande force pour triompher de ses chaînes et servir Christ en obéissant au pire des maîtres, si c’est la volonté du Seigneur qu’il soit placé sous un tel joug. Sans doute, le maître a, lui aussi, ses devoirs ; mais s’il y manque, que s’en suivra-t-il ? Que l’esclave sera déchargé de sa responsabilité ? Celui-ci ne se fera pas même une telle question, s’il obéit en simplicité, comme à Christ. Est-ce que Christ manque jamais ? Comme l’on est, par là, délivré de toute tendance à la déloyauté ! — « ne servant pas seulement sous leurs yeux comme cherchant à plaire aux hommes, mais comme esclaves de Christ (quel honneur à partager avec un apôtre !), faisant de cœur la volonté de Dieu ». Mais il y a plus : ils ne sont pas seulement exhortés à s’acquitter de leur service de franche volonté, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, mais à se souvenir que le jour approchait où chacun, soit esclave, soit libre, recevrait du Seigneur quelque bien qu’il eût fait. Un ample salaire leur est donc assuré ; car Lui, au moins, n’est pas injuste.
Ensuite, les maîtres (v. 9) sont à leur tour exhortés à une impartiale équité, à faire ce qu’ils aimeraient qu’on leur fît et à s’abstenir des menaces que l’on adresse si facilement à un pauvre esclave. Ils ont à apprendre que le Seigneur et des maîtres et des esclaves, est dans les cieux, et qu’il n’y a point par-devers Lui acception de personnes : — deux considérations qui ne manquent pas de poids et qui, avec un à-propos plein de délicatesse, sont placées devant les maîtres plutôt que devant les esclaves.
Ici prend fin le sujet des relations diverses des saints dans leurs circonstances terrestres ; et, par conséquent, les exhortations qui terminent l’épître, au lieu d’être adressées à des classes distinctes, deviennent générales. « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force ». Ainsi s’ouvre le sujet solennel du combat proprement chrétien, naturellement envisagé, dans les Éphésiens, comme porté au sommet de nos privilèges en Christ. En 1 Pierre, le désert est, pour ainsi dire, la scène du combat, et c’est pour cela que la sobriété et la vigilance sont avec tant d’à-propos enjointes aux pèlerins et étrangers qui cheminent vers l’héritage incorruptible — parce que le diable, leur adversaire, comme un lion rugissant, rôde autour d’eux cherchant qui il pourra dévorer. En Éphésiens, l’ennemi est envisagé comme dans les lieux célestes, où les saints sont bénis de toutes bénédictions spirituelles, où leur Chef est exalté, où ils sont assis en Lui, où les principautés et les puissances apprennent par eux la sagesse diversifiée de Dieu ; c’est donc là aussi qu’a réellement lieu la lutte contre le prince de la puissance de l’air et ses armées.
Mais si, d’une part, ce formidable combat auquel les croyants sont destinés ne leur est pas épargné, d’autre part aussi leurs mains sont soutenues. La trompette qui appelle ici à la bataille, rend des sons bien propres à donner aux saints un courage exempt de présomption, et il y a pour eux d’amples provisions pour vaincre dans le Seigneur, qui les a appelés à faire la guerre à Ses dépens. Quelle fut, par la foi en Son nom, la valeur de Son nom pour celui qui était boiteux dès le sein de sa mère et qu’on portait chaque jour à la porte du temple pour demander l’aumône ? Ce nom est-il moins efficace pour répondre à notre besoin ? Loin de nous une telle pensée ! Tout ce qu’il nous faut, c’est la foi en Lui ; et la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la Parole de Dieu. Or, qu’y a-t-il de plus propre à nous ranimer que ces mots : « Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » ?
Néanmoins, cette lutte gigantesque avec les puissances des ténèbres ne nous permet pas de rien négliger ou de laisser des points non gardés. Nous avons à tenir ferme moins contre la puissance du diable (cela, Christ l’a fait) que contre ses artifices. Par le fait, pour nous c’est un ennemi vaincu dans la croix, et nous avons toujours le droit de le traiter comme tel. C’est pourquoi Jacques dit : « Résistez au diable et il s’enfuira de vous » (chap. 4, 7). Ce sont ses artifices qui surtout et toujours sont le plus à redouter, et pour y résister il nous est nécessaire de revêtir l’armure de Dieu, ainsi qu’il est ajouté : « Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme devant les artifices du diable. Car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes ».
Nous pourrions à juste titre trembler si nous étions livrés à nos propres ressources en présence d’une pareille armée. Mais il n’en est pas ainsi. La bataille est celle du Seigneur et le danger que nous courons ne fait que Lui servir d’occasion pour déployer Sa puissante main et Sa fidèle sagesse. Néanmoins, nous avons à combattre. C’est en vain que nous voudrions nous prévaloir ou de notre faiblesse ou de Sa force pour nous soustraire à notre responsabilité. Il ne suffit pas de regarder ni de montrer, pour ainsi dire, l’armure de Dieu comme nous appartenant ; il faut encore s’en revêtir à Son commandement.
Une autre chose dont il est nécessaire de se souvenir, c’est qu’ici il ne s’agit pas de nos besoins devant Dieu. Il n’est pas, Lui, en lutte contre nous ; mais après avoir délivré nos âmes, Il nous appelle à combattre dans la lice contre les armées invisibles de Son ennemi. Autrefois nus dans notre état de perdition, il nous a fallu être revêtus ; et Sa grâce nous a revêtus de la plus belle robe, revêtus de Christ. Christ est notre robe devant Dieu. Rien moins et rien autre, du côté de Ses conviés, n’aurait convenu à Sa présence. Mais ici il est question de combattre l’ennemi après que nous avons été revêtus de Christ ; et par conséquent nous avons besoin d’une armure de trempe divine pour rester debout d’une manière sûre et ferme. Nous entrerons bientôt dans les détails de cette armure ; pour le moment, je ne fais qu’insister sur la vérité générale.
Qu’elle est remarquable la façon dont nous sont rappelés Josué au verset 10 et les ennemis d’Israël au verset 12 ! La parole fut adressée à Josué en ces termes : « Maintenant donc, lève-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple, pour entrer au pays que je donne aux enfants d’Israël. Je vous ai donné tout lieu où vous aurez mis la plante de vos pieds, selon que je l’ai dit à Moïse… Nul ne pourra subsister devant toi tous les jours de ta vie ; je serai avec toi comme j’ai été avec Moïse ; je ne te délaisserai point et je ne t’abandonnerai point. Fortifie-toi et te renforce : car c’est toi qui mettras ce peuple en possession du pays dont j’ai juré à leurs pères que je le leur donnerais. Seulement, fortifie-toi et te renforce de plus en plus » (Jos. 1. Comp. aussi v. 9, 18). De plus, il est clair que si les Cananéens n’étaient que des ennemis de chair et de sang, ce sont néanmoins des types de ces ennemis plus mortels encore que nous avons à combattre — ces ennemis dont les efforts tendent à empêcher le chrétien de prendre possession, comme affaire de jouissance actuelle, de son héritage céleste.
Il ne s’agit pas ici, remarquez-le bien, de traverser la mer Rouge et puis le désert, où nous avons à apprendre ce qu’est Dieu et à être en même temps mis à l’épreuve. Le désert est la grande scène de la tentation ; sans doute, le combat peut s’y présenter occasionnellement, comme avec Amalek et Madian ; mais toutefois c’est le lieu où nous avons à marcher ou à nous arrêter suivant l’ordre de Dieu, avec le besoin constant de ces provisions envoyées d’en haut, là où rien d’autre ne peut soutenir tandis que nous cheminons ayant la patrie céleste devant nous. Mais ici, le combat, comme dans le livre de Josué, implique le passage du Jourdain et l’entrée en Canaan, où maintenant nous avons la lutte comme nous avons eu la tentation au désert.
L’école évangélique est-elle dans le vrai en appliquant le type du Jourdain à la mort du chrétien, quand, à la fin de sa carrière, il déloge pour être avec le Christ ? Assurément non ; car, en ce cas, qu’est-ce qui correspondrait aux guerres de Canaan ? Non ! si excellent que fut Bunyan, il s’est trompé sur ce point, suivant en cela les erreurs de ses devanciers et les perpétuant largement jusqu’à ce jour. Et en vérité, c’est ici une des choses qui montrent où en est l’âme et jusqu’à quel point elle s’est émancipée de la théologie traditionnelle, dont les disciples sont retenus dans le minimum de la vérité. Ailleurs, comme, par exemple, dans l’application qu’ils font de la Pâque ou de la mer Rouge, il y a de la défectuosité ; ici, il n’y a absolument que du vide ou bien de l’erreur. Et je dis cela en proclamant l’auteur du « Voyage du chrétien vers l’éternité » comme un noble spécimen des vues populaires et aussi l’un des plus avancés. Depuis son jour, les meilleurs écrivains du monde religieux n’ont fait que reproduire ses idées, quelques-uns même ont été jusqu’à commenter son livre. Peut-il y avoir une preuve plus patente de l’ignorance du grand nombre concernant la véritable portée de cette épître ? Le fait est que dans la mer Rouge nous avons Christ mort et ressuscité pour nous, et dans le Jourdain nous avons notre mort et notre résurrection avec Lui ; — la première nous introduisant dans le monde comme devenu le lieu aride de notre pèlerinage, le dernier nous plaçant en vue de notre bénédiction céleste, que nous avons dès lors à nous approprier en remportant la victoire sur Satan. La distinction entre les deux vérités est aussi claire qu’importante, quoique l’une et l’autre soient actuellement la part du chrétien. Quand le glorieux jour viendra où nous serons mis en possession de notre héritage, de fait et non par la puissance de la foi qui, ainsi mise en pratique, défait l’ennemi et nous fait réaliser en esprit le pays que Dieu nous a donné, alors nous n’aurons plus à lutter contre ces principautés et ces puissances dans les lieux célestes : le combat aura pour jamais pris fin pour nous. L’expulsion du dragon, « ce serpent ancien », n’est pas notre tâche, c’est celle de Michel et de ses anges. Il nous appartient, à nous, de le vaincre, mais non pas de le chasser du ciel par la force. Tout le temps que l’Église est ici-bas, notre lutte se soutient contre ces puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes ; lorsque l’expulsion aura lieu de fait par la puissance providentielle de Dieu, nous ne serons pas ici, mais en haut.
Après la Pâque et la mer Rouge, Israël ne retourna pas à l’esclavage de Pharaon ; leurs oppresseurs étaient vaincus et anéantis, il n’en restait pas un seul. « Ainsi l’Éternel délivra en ce jour-là Israël de la main des Égyptiens ; et Israël vit sur le bord de la mer les Égyptiens morts ». Mais ce n’était pas la circoncision qui caractérisait les rachetés dans le désert. Dès que leurs enfants eurent mis le pied sur le bord cananéen du Jourdain, ils secouèrent à Guilgal l’opprobre de l’Égypte, et alors le couteau de la circoncision leur fut appliqué avant qu’ils tirassent l’épée contre ces habitants de Canaan sur lesquels la sentence était prononcée. Israël était maintenant en Canaan et n’avait plus rien à faire pour y parvenir : il ne lui restait qu’à s’approprier le pays.
Est-ce que cela ne renferme pas d’instruction pour nous ? Nous sommes-nous sciemment saisis de notre union avec Christ en haut ? Savons-nous que notre place est là, en Lui, et que c’est dans cette place que nous avons à nous maintenir ? La nature — racines et branches — est-elle chose jugée en nous ? Le témoignage que nous rendons est-il céleste, pas seulement juste et saint, mais céleste ? Est-ce dans ces conditions que nous avançons contre l’ennemi, en réalisant, par une victoire actuelle, notre titre à jouir des bénédictions infinies qu’en Christ nous avons en haut ? Ou bien sommes-nous, quant à la réalisation, des rachetés encore dans le désert, ayant devant nous le Jourdain à traverser et le vieux blé du pays comme un aliment non encore goûté ? Veillons-nous simplement pour empêcher la chair de se montrer ici et là, et les tentations mondaines de nous renverser en ceci ou en cela ? S’il en est ainsi, nous ne devons pas nous étonner que le verset 12 rende des sons si mystérieux et que nous nous demandions ce que c’est que de combattre contre les ennemis dans les lieux célestes[1]. Il nous importe donc de considérer jusqu’à quel point nos âmes ont fait et font l’épreuve de l’armure de Dieu dans ce combat, où plus que partout ailleurs il est clair que « la chair ne profite de rien ».
Dans ces versets, après un résumé préliminaire, nous venons aux détails de l’armure du chrétien. « C’est pourquoi prenez l’armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et après avoir tout surmonté, tenir ferme. Tenez donc ferme, ayant vos reins ceints de la vérité, » etc. (v. 13-17).
La première chose à remarquer, c’est que l’Esprit de Dieu nous appelle à prendre l’armure de Dieu. Ni la force, ni la sagesse de l’homme n’ont d’efficace dans cette bataille. De même que, d’une part, nous avons affaire avec les armées de Satan, ainsi, d’autre part, c’est de « l’armure complète de Dieu » que nous avons besoin. Nos habitudes et notre caractère naturel peuvent être insignifiants lorsque l’Esprit de Dieu travaille à sauver nos âmes par Sa grâce ; mais ils ont une grande importance en présence d’un ennemi qui sait comment prendre avantage de la moindre voie négligée. Même à ceux de Corinthe, charnels comme ils étaient et seulement en état de supporter la nourriture des enfants (non la viande solide qui est placée devant les saints d’Éphèse), l’apôtre avait déclaré que, quoique marchant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. « Car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance de Christ ». Ce n’est pas la chair, mais l’Esprit qui a de la puissance contre Satan.
Ici aussi, le caractère du temps pendant lequel le combat se continue, est désigné sous le nom de « mauvais jour ». Elle est fâcheuse, en effet, la période qui date de la crucifixion de Christ, à partir de laquelle l’ennemi a acquis le titre de « prince de ce monde ». C’est pourquoi, au chapitre 5, nous sommes exhortés à marcher soigneusement, non point comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages, rachetant l’occasion « parce que les jours sont mauvais ». Mais ici nous avons quelque chose de plus précis : « afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister ». Car il est des occasions où Satan est autorisé à nous serrer de plus près, et alors grand est le danger pour une âme insouciante. Ce moment est, emphatiquement, « le mauvais jour », et il est bon que le chrétien le considère par anticipation ; car ce n’est pas à ce moment-là qu’il s’agit de saisir l’armure, mais bien, après l’avoir saisie, de « résister ». Il faut que « le mauvais jour » nous trouve déjà et complètement armés pour que nous puissions opposer une résistance efficace. Et ce n’est pas tout. Car bien souvent la victoire de la foi est trop grande pour la foi qui l’a remportée, et un saint qui, pendant longtemps et à réitérées fois, a vaincu l’ennemi, peut se lasser du combat et se tourner vers un sentier plus aisé en apparence pour prouver par là sa folie et le danger excessif qu’il court, quand même il serait finalement délivré par la pure miséricorde de Dieu. Il ne suffit donc pas de « résister » ; il faut encore, « après avoir tout surmonté », après s’être entièrement acquitté de tout ce qui est requis, « tenir ferme ». Là où les combats peuvent avoir été ardents, la victoire est complète, par la bonté et la puissance du Seigneur ; mais toutefois la guerre n’est pas terminée : nous avons encore à maintenir notre terrain.
« Tenez donc ferme, ayant vos reins ceints de la vérité et ayant revêtu la cuirasse de la justice ; et ayant les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix ». Ces paroles ne décrivent pas seulement une position déterminée, mais elles font voir l’âme en activité, conformément au commandement de l’Esprit. On a souvent considéré ce passage (et que de méprises en ont résulté !) comme traitant de la position chrétienne, au lieu qu’en réalité il traite d’une chose essentiellement différente. Il s’agit de l’armure et du combat dans le sens pratique, basés sur le fondement le plus béni qui soit révélé dans le Nouveau Testament, et terminant avec beaucoup d’à propos l’épître qui révèle le dit fondement.
Autre chose est connaître la vérité et être affranchi par elle, autre chose avoir les reins ceints de la vérité. Dans ce dernier cas, c’est la vérité agissant d’une manière intime dans l’âme, de sorte qu’il n’y ait pas de relâchement de cœur ou tolérance de la volonté propre, mais au contraire les affections et les pensées attachées à Christ et aux choses de Christ. Dans ces conditions, le croyant s’attache au Seigneur de propos bien délibéré, et, le moi étant sondé et jugé par la vérité, il y a de la vigueur communiquée par la révélation de Sa pensée et de Sa grâce, qui sont maintenant mieux goûtées que jamais. C’est cette puissance de la vérité qui garde l’âme délivrée par la riche miséricorde de Dieu et profondément reconnaissante de se trouver placée sous une autorité si incommensurable, si pénétrante, si absolue qu’elle fait entrer toutes choses, même les plus intimes, dans le cadre de la volonté de Dieu et de l’obéissance des saints. Toutefois, pour supporter cela et en jouir, il faut que le cœur soit établi dans la grâce : c’est alors qu’il peut accueillir la vérité avec tous ses droits et son puissant contrôle.
Ensuite vient « la cuirasse de la justice » — vérité tout à fait distincte de la justice de Dieu, ou ce que nous sommes faits en Christ. C’est de la dernière que nous avons besoin pour nous tenir devant Dieu, et de la première pour combattre avec succès contre notre adversaire, le diable. L’Esprit nous enseigne que, tandis que la première pièce de l’armure se compose de cette ceinture de vérité portée autour des reins — type de la Parole produisant par son application à la conscience le jugement de soi-même et surtout de l’énergie morale — la chose requise ensuite est que nous nous revêtions de la justice pratique comme d’une cuirasse. Rien n’expose plus facilement les saints, durant le combat, qu’une mauvaise conscience dans leurs voies : — je ne veux pas dire une conscience non purifiée, mais celle dans laquelle, lorsqu’il y a connaissance de la rédemption, le mal est toléré et la communion interrompue.
En rapport avec ce qui précède nous avons : « les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix ». Évidemment il s’agit encore ici d’une affaire de puissance et de jouissance pratiques découlant du maintien d’une bonne conscience, et cette dernière n’existe que là où tout est soutenu et gardé par la vérité. Alors, l’âme chemine en paix. « Le fruit de la justice, comme dit un autre apôtre, se sème dans la paix pour ceux qui procurent la paix ». S’il y a du relâchement, la conscience devient mauvaise, et voilà ce qui sème et procure du trouble ; si la vérité gouverne, la conscience se maintient pure, et alors, heureux nous-mêmes, nous répandons le bonheur autour de nous.
Le verset 16 apporte une autre et non moins nécessaire partie de l’armure divine ; mais c’est à juste titre qu’elle suit ce que nous venons de voir. « Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant ». Le bouclier de la foi signifie cette confiance en Dieu à laquelle nos âmes sont encouragées et qu’elles sont en droit de cultiver. Je dis : confiance en Dieu, parce que, bien qu’elle soit inséparable de l’état de justice et de piété qu’impliquent les premières parties de l’armure, cependant c’est une confiance qui naît seulement de la connaissance que l’on a de ce que Dieu est dans Sa propre nature et dans Son propre caractère. Tous les efforts envenimés du méchant sont vains là où Dieu est ainsi connu dans la puissance d’un Esprit non contristé au-dedans de nous. Ce n’est pas seulement que ces dards ne réussissent pas à produire le désespoir et la méfiance, mais ils sont éteints par le bouclier de la foi.
Mais il y a plus : « Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (v. 17). Le bouclier de la foi représente une confiance générale ; le casque du salut est plutôt ce sentiment de liberté et de joie qui découle de la connaissance de la délivrance que Dieu a opérée pour nous en Christ. Ce casque est le couronnement des différentes parties que nous avons examinées ; ce qui suit, par conséquent, n’est plus un instrument ajouté aux moyens de défense (d’ailleurs complets), mais bien l’instrument d’une énergie offensive contre l’adversaire : « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu ». L’âme intelligente discernera la sagesse par laquelle cette arme vient la dernière. En effet, si l’on n’a pas expérimenté la justesse de cet ordre selon Dieu, la Parole, au lieu d’avoir ce caractère d’épée de l’Esprit, sera ou un jouet ou un fouet pour nous ; elle sera sans puissance parce qu’on en mésusera. Si elle est maniée par l’Esprit, quelle délivrance elle opère ! Comme elle renverse les adversaires et dénonce Satan ! C’est pour combattre qu’elle est donnée.
Nous avons eu en détail devant nous l’armure de Dieu, dans laquelle l’énergie active suit ce qui constitue l’état proprement dit, la sécurité pratique et la confiance de l’âme. Mais il y a, en outre, une source cachée de puissance à défaut de laquelle rien n’a d’efficace — une chose qui, si singulier que cela paraisse, est l’expression de la faiblesse, mais de la faiblesse qui compte sur Dieu. Aussi lisons-nous : « Priant par toutes sortes de prières » — priant en tout temps. Il n’est rien que l’Ennemi redoute davantage, rien que la chair cherche plus à empêcher, ou au moins à dénaturer lorsqu’il y en a la forme. Mais cela ne rend que plus urgente pour nous la nécessité de nous souvenir que nous sommes appelés à une dépendance complète et habituelle.
De plus, il y a l’exercice de désirs spirituels, et non pas la dépendance seulement — ainsi que le dit notre Seigneur dans un autre endroit : « Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai ». « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et il vous sera fait » (Jean 14 ; 15). En un mot, il y a encouragement et exhortation à offrir des prières de toute sorte et en toute occasion, tandis qu’il y a aussi telles demandes particulières qui sont présentées dans la puissance du Saint Esprit et à la hauteur desquelles toutes les prières des saints ne sauraient s’élever : « les supplications par l’Esprit ».
Nous avons une autre parole d’un grand poids — « veillant à cela » — car elle suppose l’activité de cet amour qui est prompt à discerner, dans la crainte du Seigneur et par les entrailles de Christ, ce qui, d’une part, pourrait ternir Sa gloire et ce qui, d’autre part, pourrait contribuer à l’exaltation de Son nom dans Ses saints et dans Son témoignage. Comme tout cela délivre, non seulement de la volonté propre, mais aussi d’anxiété et de propre importance ! Et quel champ pour les affections de la grâce, lorsque nous pouvons convertir toutes choses — bonnes ou mauvaises — en autant d’occasions de nous entretenir avec le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ — convertir toutes choses autrement passagères ou sujets de causerie en canaux de bénédictions éternelles ! Combien sont sages et bonnes toutes les paroles de notre Dieu ! Puisse la chose elle-même, aussi bien que la parole touchant cette chose, être précieuse à nos yeux ! Là où il en sera ainsi, le cœur veillera dans la pratique de la prière, « avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints ». Car si la présence de Dieu est ainsi réalisée, les affections ne sont pas à l’étroit, mais l’amour s’élève énergiquement vers Lui, dans la communion avec Lui en ce qui concerne tous les saints. C’est le service de l’amour devant Celui qui est amour. Mais si l’on a à cœur les intérêts de Christ, on se souviendra d’une manière particulière de ceux qui se rassemblent autour de Christ. C’est ainsi que l’apôtre demande ici pour lui-même leurs supplications, et les demande, paraît-il, en vertu d’un lien plus fort que celui qui produit ordinairement devant le Seigneur un épanchement général de désirs pour les saints. « Et pour moi » (pas seulement περι mais ὺπὲρ εμοῦ comme indiquant quelque chose de particulier parmi les objets généraux de l’action) — « afin qu’il me soit donné de parler à bouche ouverte pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile, pour lequel je suis un ambassadeur lié de chaînes, afin qu’en le faisant j’use de hardiesse en lui, ainsi qu’il faut que je parle ».
Il est précieux de rencontrer une preuve si pratique du sentiment que l’apôtre avait de la valeur de l’intercession, l’intercession des saints, relativement à son ministère. La conscience qu’il avait de la dignité de cette intercession augmentait plutôt qu’elle ne diminuait en lui le désir qu’on se souvînt ainsi de lui.
Mais, de plus, il comptait que leur amour les porterait non seulement à prier pour lui, mais à désirer de connaître ce qui le concernait, comment il se trouvait. Il leur dit donc : « Tychique, le frère bien-aimé, et fidèle serviteur dans le Seigneur, vous fera tout savoir ; aussi je l’ai envoyé tout exprès pour cela, afin que vous sachiez où nous en sommes et qu’il console vos cœurs ». Quel contraste il y a entre l’esprit des hommes et cet exercice, en puissance et en grâce, de l’amour divin dans le cœur — amour qui, en celui qui servait et aimait les saints dans le Seigneur, compte en même temps sur leur propre sollicitude ! L’homme, comme tel, serait dur et indifférent, ou bien il craindrait qu’on ne l’accusât de vanité, sous prétexte qu’il n’y a rien dans ses propres affaires qui puisse intéresser les autres ; mais Christ change tout dans les cœurs de ceux qui L’ont reçu.
Paix soit aux frères, et amour, avec la foi, de la part de Dieu, le Père, et du Seigneur Jésus Christ ! Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté !
- ↑ C’est probablement pour n’avoir pas compris la vérité ici révélée que nos traducteurs, sans l’ombre de garantie et dans ce passage seulement, ont rendu l’expression « lieux célestes » par « les airs ».