Écho du Témoignage:Notes sur le livre de l’Apocalypse/Partie 2

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Mais revenons aux détails du chapitre 11. Voici ce que nous trouvons : tous ceux qui avaient le caractère sacerdotal et ce qui les concernait, préservés — savoir, leur culte et l’autel (c’est-à-dire le saint lieu et la place dont le sacrificateur s’approchait). Mais la profession extérieure — la sainte cité — est entièrement abandonnée pour être profanée pendant la période prophétique de quarante-deux mois. Mais ce n’est pas seulement ce qui a rapport avec la sacrificature qui est préservé, le témoignage, le caractère prophétique, l’est aussi. C’est-à-dire qu’il fut donné efficacité à leur témoignage, « donné aux prières des saints », ou « donné à mes deux témoins », ce qui signifie efficacité au sujet du don[1].

Ce témoignage n’était pas gardé par des préservatifs extérieurs mondains, bien loin de là ; durant cette période, le mot « malheur » était prononcé sur ce qui aurait eu ce caractère. Ce qui était extérieur était le sujet de l’intervention secrète de Dieu par le ministère des anges ; mais le jugement correspondait à leur témoignage. Si quelqu’un voulait leur nuire, le feu sortait de leur bouche. Ce n’était pas la venue du jugement en vertu d’une autorité extérieure manifeste ; chose qui était au moins la prétention élevée du côté du faux prophète. Mais il leur était répondu en jugement afin de les préserver selon le témoignage de leur bouche contre ceux qui voudraient les détruire. Cette intervention secrète de la main de Dieu, selon la parole du témoignage fidèle, s’est toujours produite, je n’en doute pas, dans des cas pareils. Ce n’était pas le temps pour apparaître en jugement, d’une manière ouverte, mais il y avait toujours lieu d’intervenir pour une vigilante justification de leur témoignage lorsque c’était nécessaire. S’ils prenaient l’épée en des cas pareils, c’était chercher à altérer l’ordre parfait de la providence de Dieu qui maintient toujours Ses principes — ils périraient par l’épée.

Ce qui suit semble avoir de l’analogie avec les circonstances de Moïse et d’Élie et l’énergie de leur ministère, sans qu’il s’agisse de leurs personnes. Le ministère de Moïse s’accomplit lorsque le peuple était sous l’oppression et que le monde avait le dessus, et il eut le pouvoir de frapper de plaies la terre à laquelle Pharaon appartenait, dont il était le prince, et qui était l’objet de ses désirs et de ses affections. Élie ferma le ciel sur un peuple apostat qui eût dû être en rapport, en association, avec lui ; et la bénédiction fut retirée d’un pays arrosé de la pluie du ciel. C’était donc chez tous les deux le pouvoir de faire venir le jugement approprié à leur position respective : l’un, agissant sur le monde duquel le peuple de Dieu était appelé à sortir ; l’autre, jugeant le peuple qui était devenu le monde, en arrêtant le cours des bénédictions qui descendaient sur lui du ciel. Ils ont tous deux leur application à l’état de choses auquel il est fait allusion dans cette courte mais substantielle prophétie.

À l’expiration des trois ans et demi, leur témoignage prend fin par leur mort de la main de la bête sortie de l’abîme, après qu’ils ont achevé leur témoignage. Le verset 8 me semble avoir en vue à la fois l’application générale et l’application particulière, à l’égard desquelles j’ai déjà dit que je croyais qu’elles étaient l’une et l’autre dans la pensée de l’Esprit de Dieu ; d’abord, la grande cité du monde, qui est le lieu où Christ a été crucifié ; et tout particulièrement Jérusalem, où l’apostasie religieuse, toujours à la tête de l’iniquité du monde, a commis l’acte eu égard à la localité.

Pour ce qui concerne l’interprétation qui assignerait à cette prophétie une période de mille deux cent soixante années, il en a été traité suffisamment par d’autres : témoignage suscité durant l’apostasie morale prolongée, auquel je crois que le Saint Esprit attache plus d’importance que plusieurs ne sont enclins à le penser ; car Dieu aime ses saints. Je crois que ce long témoignage était de la dernière importance possible, mais son importance n’était pas l’importance finale — ce n’était pas la grande scène de la fin. À mon avis, il était, avec la manifestation de l’Antichrist personnel, dans la même relation que l’Église, par l’opération du Saint Esprit, est avec la venue personnelle de Christ, le Seigneur ; et ce n’est point là quelque chose de peu important ou d’indifférent ; bien au contraire, non plus qu’un petit objet de la protection et de la contemplation attentive de Dieu. L’égorgement des saints, le culte des démons, la suppression, ou au moins la dégradation de ce qui était, de fait, l’ordonnance de Dieu dans l’autorité civile — tout cela n’était pas peu de chose dans l’estime de Dieu, bien que Sa patience peut le supporter pendant qu’avait cours cette longanimité qui était salut. Mais le renversement de la véritable gloire de l’Église, dans la reconnaissance du Saint Esprit, n’était pas une chose sans importance, comme prouvant la dégénération de l’homme qui apostasie en toutes circonstances, quoi que ce ne fût pas la guerre ouverte contre le Fils.

J’ajoute, de plus, que l’apostasie et la révélation de l’homme de péché sont deux choses distinctes. L’apostasie est l’introduction de l’homme de péché. Or, l’apostasie peut ne pas être ὁ ανομος, l’inique ; elle a bien, toutefois, sûrement quelque importance. Je trouve beaucoup de manque d’attention à l’exactitude de l’Écriture chez ceux qui semblent être le plus exacts eux-mêmes. Le mystère d’iniquité en train, l’apostasie, et l’inique, peuvent être envisagés comme autant de choses distinctes, bien qu’étroitement liées les unes aux autres ; l’ανομος n’est pas non plus identique avec l’Antichrist, bien qu’ils puissent très vraisemblablement[2] être la même personne[3].

Pour ce qui est de la négation des symboles, et de l’affirmation que c’est ici un livre où il faut tout prendre à la lettre, cela me semble insoutenable. C’est ainsi que lorsque la troisième partie du soleil fut frappée, l’éclat du jour ne fut pas diminué du tiers ; mais ce n’est point ce qui aurait eu lieu dans le sens littéral. Il suffira d’entrer un peu dans les détails pour voir que beaucoup de ce qui a été dit récemment sur ce sujet ne saurait supporter l’examen.

Il est un autre point sur lequel les avocats du littéralisme[4] et de la crise insistent souvent, et qui mérite attention (quoique je ne veuille pas m’arrêter à ces choses) — les jours considérés comme des années. On nie cela, bien que l’idée en soit nettement suggérée par le passage des Nombres et par celui d’Ézéchiel.

Les soixante-dix semaines sont là pourtant, et parlent d’une voix assez forte ; mais l’habileté de la critique a été appelée au secours pour dire que le texte parle tout simplement de soixante-dix septaines, et non de soixante-dix semaines, et qu’ainsi ce peuvent être littéralement des années. Or, si le texte se lit de la manière conventionnelle (c’est-à-dire avec les points voyelles), c’est tout simplement semaines ; sinon, le sens n’est aucunement septaines, mais soixante-dix fois. Cette explication critique ne saurait donc, selon moi, être maintenue. C’est ou bien soixante-dix semaines, ou soixante-dix fois soixante-dix ; ce n’est pas soixante-dix septaines.

Mais pour ce qui concerne les nombres que nous avons ici, il s’élève une autre question importante : on allègue que, envisagé comme dans la crise et littéralement, ce n’est nullement la dernière demi-semaine. Dans la dernière demi-semaine à Jérusalem, est-il dit, ce ne sont pas des temps de témoignage, mais de vengeance — non pas de témoignage de qui que ce soit, chrétien ou juif. Les disciples qui avaient rendu leur témoignage et étaient appelés à posséder leurs âmes par leur patience reçoivent alors pour direction de fuir, car c’étaient là les jours de la vengeance. C’était de l’établissement de l’abomination de la désolation que datent le commencement des derniers douze cent soixante jours, ou trois ans et demi. Ainsi dans le douzième chapitre, après que Satan a été précipité, sa grande fureur commence de se donner cours sur la terre ; alors le ciel et ses habitants sont libres ; et, en conséquence, la femme fuit dans le désert pour y être nourrie loin de la face du serpent pendant un temps, deux temps et la moitié d’un temps. Jusque-là l’Antichrist ne prend point dans Jérusalem son caractère distinctif propre. Il peut, comme le chef oppresseur et apostat des Gentils, persécuter, à l’instigation des Juifs, les saints qui ont le témoignage de Jésus — peut-être même opprimer parfois tyranniquement les Juifs, comme la nation sainte ; mais, à parler strictement, leur « alliance est avec la mort, et ils ont intelligence avec le sépulcre » (c’est-à-dire pour ce qui concerne les gouverneurs qui représentent la nation). Ce dernier point est vrai de la dernière demi-semaine ; ce qui la caractérise c’est l’alliance de la bête avec les Juifs. Mais le Seigneur, en Matthieu 24, distingue le témoignage général du royaume, envoyé dans tout le monde, et qui commença immédiatement après Sa mort, de la dernière demi-semaine seulement. Ce n’est pas d’un témoignage spécial dans Jérusalem qu’Il parle, et nous ne devons pas confondre le témoignage particulier des deux témoins avec les quatorze premiers versets de Matthieu 24. Ce chapitre ne connaît pas de première demi-semaine. Il y a un témoignage général d’une demi-semaine, commençant avec l’établissement de l’abomination de la désolation et finissant avec la venue du Seigneur. Daniel 9 envisage une première demi-semaine dans laquelle le conducteur qui viendra fera avec la masse des Juifs une alliance qu’il rompra au milieu de la semaine ; mais Apocalypse 11 envisage uniquement, je crois, la dernière demi-semaine, celle de Matthieu 24.

Il se trouve ici une autre distinction, qui aussi continue dans tout ce qui suit, et qu’on n’a pas dûment remarquée — peuples, tribus, langues, nations, et ceux qui habitent sur la terre. Je dis pas dûment remarquée, comme on a conclu de l’expression : « Tous ceux qui habitent la terre », que la domination de l’Antichrist serait universelle. Mais dans ce passage, comme ailleurs, ces personnes sont en contraste avec les nations, les tribus, les langues, et les peuples. Le cas de ceux qui habitent sur la terre est toujours, je pense, plus aggravé.

Ainsi ce n’est pas simplement de mauvaise conduite tenue envers les témoins qu’il est question ici, mais d’une grande joie éprouvée à leur destruction par des gens qui y sont intéressés. Il y a trois partis engagés dans le mal : la bête qui tue les témoins ; ceux des nations et tribus qui ne permettent pas qu’on les ensevelisse, manifestant l’hostilité naturelle du cœur de l’homme ; et ceux qui habitent sur la terre que le témoignage des témoins avait spécialement tourmentés. Car le témoignage d’une vie sainte et conséquente et d’une intimité prophétique avec Dieu est un tourment continuel pour ceux auxquels ce témoignage s’adresse à cause de leur apostasie. Le prophète dans ce caractère, est toujours un témoignage qu’avec tout leur orgueil et tout leur contentement d’eux-mêmes ils sont apostats ; et c’est là un véritable tourment, car, quelle que soit leur prétention, ils n’ont réellement pas de paix avec Dieu. Le retour des témoins à la vie était un fait public dans lequel le jugement de Dieu et la justification qu’Il faisait d’eux étaient manifestes à leurs ennemis. Ils entendirent une voix venant du ciel qui leur disait : Montez ici. Ils furent d’abord ramenés à la vie, et ensuite appelés au ciel publiquement.

Ces témoins s’étaient tenus devant le Dieu de la terre, témoins du droit de Dieu sur elle. L’effroi que produisit la manifestation publique de Dieu en leur faveur, ne donna pas efficacité à leur témoignage ; mais les personnes effrayées glorifièrent le Dieu du ciel : il y eut l’effet que produit généralement la religion sans la repentance — le témoignage ne fut pas reçu, car cela eut brisé leur volonté. Mais l’effet extérieur de leur crainte fut de leur faire honorer Dieu dans la forme, mais seulement comme Celui qui est dans le ciel. Ce fut l’effet de ce qui agissait sur eux — le tremblement de terre et la mort des hommes qui furent tués, des noms d’hommes, de la ruine de leur orgueil et de leurs prétentions[5].

Tout cela eut lieu avant le son de la dernière trompette ; mais quand ce fut fini le sixième malheur était passé.

Quoique ceci puisse s’accomplir d’une manière plus littérale dans la crise, il n’y a rien dans le retour des témoins à la vie qui en fasse strictement une résurrection à la lettre ; les termes sont au contraire, pour la plus grande partie, symboliques. L’expression : l’esprit de vie (venant) de Dieu, quoiqu’on puisse l’appliquer ainsi, n’est pas aussi strictement caractéristique du fait de donner la vie simplement[6]. C’était pourtant quelque chose de distinct du simple renouvellement de leur témoignage prophétique, comme vêtus de sacs. Le témoignage avait lieu maintenant par l’exaltation dont ils avaient été l’objet publiquement, et non par leur fidélité dans l’épreuve.

Je voudrais faire remarquer sur le verset 8 que ce n’est pas proprement la rue de la grande cité, mais plutôt la grande route ou la grande place de la cité à laquelle l’idée tout entière ne semble que servir d’antécédent. Dans tout ce temps-là le dernier grand malheur était à la veille d’être manifesté.

Les témoins étaient alors un témoignage unique, adéquat, rendu antérieurement à la dernière et terrible expression de la puissance du mal lorsqu’il est déchaîné, et un témoignage du droit de Dieu relativement à la terre au moment même où ceux qui habitent sur la terre la réclamaient comme leur appartenant, et étaient, en conséquence, tourmentés par le témoignage. Cela n’avait pas lieu nécessairement durant la prépondérance de la bête sortie de l’abîme, car jusqu’à la guerre (v. 7), il n’est pas question de son existence. Quand elle leur fait la guerre, elle a la victoire et les tue ; mais ils ont puissance en témoignage jusqu’alors — jusqu’à ce que leur témoignage soit accompli. Leur témoignage[7] ne s’exerçait donc pas sous l’oppression de sa puissance ; au moins ce n’est point par là que Dieu le distingue. Il se poursuit dans l’affliction, tandis que les choses extérieurement sacrées sont souillées, mais que le résidu sacerdotal et ce qui lui appartient sont préservés ; et cela, pendant quarante-deux mois. C’est dans ces circonstances qu’ils accomplissent leur témoignage : et alors la bête sortie de l’abîme fait la guerre contre eux et les tue[8]. Quand surgit la question de puissance et que, dans la plénitude de sa forme, l’Antichrist s’élève contre l’Agneau, il est finalement renversé ; il est jeté avec le faux prophète dans le lac de feu, et ceux qui le suivent sont tués. Pour ce qui est de son action avec les témoins, c’est, en principe, un acte antérieur ; l’Agneau n’est pas encore venu sur la scène ; car Il vient personnellement en vainqueur. Mais ici, tandis que la bête vient contre les témoins qui se tiennent devant le Dieu de la terre, ils sont vaincus parce que l’Agneau n’est pas encore sorti en puissance, ni le royaume terrestre établi. Satan s’élèvera contre le Seigneur des cieux et sera précipité. Quand son représentant s’élève contre les témoins et les représentants du Seigneur — contre ces deux oints — ceux-ci sont renversés, tués, et enlevés au ciel où sont encore la gloire et l’Agneau. C’est le dernier acte public extérieur de témoignage — soit pour la dispensation, soit pour la crise — et c’est pourquoi il a le caractère qui y est attaché lorsque le témoin prophétique y trouve place — savoir la prépondérance du mal extérieur, et la souffrance du témoin dont le refuge et le repos sont en haut.

Ainsi la bête sortie de l’abîme n’apparaît pas ici comme l’agent direct contre les témoins, jusqu’à ce que les trois ans et demi de leur témoignage soient terminés, quoique, quant à leur condition, ils fussent vêtus de sacs. Quand l’annonce du dernier malheur arrive, les cieux considèrent cela comme le signal de l’établissement du royaume terrestre ; et l’Église, anticipant comme ayant la pensée de Christ, rend grâces au Seigneur Dieu Tout-puissant, qui dans la continuité de Son Être et de Son conseil, entrait maintenant dans l’exercice de Son pouvoir ; et c’est pourquoi elle en célèbre par anticipation les résultats. Les anciens seuls parlent ici, parce que les choses n’étaient pas en vision dans leur plénitude ou dans leurs principes ; mais c’était l’anticipation des faits comme arrivant désormais, en tant qu’ayant la pensée de Christ.

Il semblerait que le dernier malheur est d’une portée beaucoup plus étendue que les autres — bien que fondant sur la même scène et ayant le même but. Dans le verset 12 du chapitre suivant, après que Satan a été précipité, il est en effet prononcé malheur sur les habitants de la terre qui étaient les objets des premiers malheurs, et il est aussi ajouté alors, sur ceux de la mer. Il est vrai que cela ne vient pas dans la suite historique propre selon le chapitre 12, et que ce n’est pas non plus le malheur final du chapitre 11, mais que c’est l’introduction de la scène plus vaste sur laquelle tombe le jugement exécuté dans ce malheur. Mais il n’aurait été rien exprimé là touchant la nature et l’étendue du malheur : ici tout ce qui existe sous le ciel s’y trouve impliqué.

Le dix-neuvième verset du chapitre 11 devrait, je crois, quoique servant de transition, être le premier du chapitre 12 qu’il commencerait plus convenablement. Envisageant les chapitres comme continus, nous avons ici l’action directe manifeste du ciel sur la terre, leur connexion l’un avec l’autre. Ce n’est pas maintenant un sceau ouvert par quelqu’un qui était seul capable de faire cela, mais le temple ouvert ; « et l’arche de l’alliance », etc.

La première chose qui apparaît, c’est le sûr et invariable témoignage de la miséricorde de Dieu selon l’alliance par laquelle Il avait daigné se lier Lui-même et à laquelle se rattachaient toutes Ses pensées et tous Ses desseins. Aussitôt que la septième trompette a sonné, toutes les relations des choses, ainsi que leurs véritables principes et leurs sources réelles, se montrent nettement. Si nous prenons le dix-huitième verset du chapitre 11 comme terminant d’une manière générale toute la scène, ainsi qu’il le fait réellement, alors le chapitre 12 ramène l’Église en arrière pour voir d’une manière abstraite les principes et les sources de tous les événements qui, de fait, se produiront d’une façon manifeste dans les derniers trois ans et demi.

Ces deux points de vue ne sont nullement incompatibles, car la dernière crise n’est autre chose que ces sources mêmes d’action ramenées à un chef et une manifestation uniques en des agents manifestés directement et activement en lutte. Et, au contraire, nul ne saurait comprendre la crise qui a lieu, à moins d’entrer dans les sources, les principes et la marche d’agents (nous pouvons bien dire en un certain sens ayant là leurs intérêts) qui sont révélés ici dès le commencement ; et d’un autre côté, on ne discerne jamais clairement l’action de ces agents et de ces principes, non plus que les résultats qu’ils amènent, jusqu’à ce qu’ils soient manifestés ainsi à la fin dans leurs vrais résultats, bien que la foi puisse longtemps avant en discerner les principes. C’est ainsi que lors des premiers déploiements de Son pouvoir, le Seigneur dit : « Je contemplais Satan, tombant du ciel comme un éclair » ; et Son grand apôtre nous révèle que le mystère d’iniquité était déjà en train : seulement il y avait quelqu’un qui retenait jusqu’à ce qu’il fût loin ; et alors serait révélé l’inique que le Seigneur consumerait. La révélation de ces agents, cachés mais réels, était donc précisément la manifestation de ce qui aurait lieu dans la crise : et la crise est la manifestation, de fait, de ces agents dans leur véritable caractère, et non plus sous le voile de mystères. De là vient que l’Église comme admise dans le ciel, les connaît, et explique ce par quoi ils se manifestent, personnes ou choses, quand ils se montrent sur la terre.

Ceci ne fait donc pas proprement partie des sceaux, mais vient à la connaissance propre de l’Église par le Saint Esprit et la révélation qu’Il donne de ce qui se passe dans le ciel ; non pas, simplement, par voie de communion, comme prenant de ce qui est à Christ, mais par voie de révélation comme montrant ce qui se rattache à la manifestation de Sa gloire. Tout cela est fondé (advienne que pourra) sur l’immutabilité de l’arche de l’alliance. C’étaient l’arche de l’alliance de Dieu et le temple de Dieu. L’Église repose sur cette fidélité assurée, mais c’est à Israël que ceci s’applique directement quoique en des images particulièrement symboliques.

Cela étant fixé, les voies et les desseins de la providence étaient alors révélés. Il parut un grand[9] signe dans le ciel. Comme la femme était pour l’homme, de même l’homme était par la femme ; et les choses étaient révélées ici, non dans leurs derniers résultats (cela est toujours la connaissance de l’Église, dans son privilège de communion, soit quant à la gloire de Christ comme homme, soit quant à Dieu tout en tous), mais dans leur administration en attendant, et en conséquence, nous avons ici l’homme par la femme ; pareillement dans d’autres types de l’Écriture. Aussi, quoiqu’elle nous apparaisse dans la gloire de Dieu d’abord, la voyons-nous bientôt dans des circonstances et nécessités diverses auxquelles, dans la sagesse et la justice de Dieu, elle était assujettie même jusqu’à prendre la fuite sur la terre. Ici, toutefois, elle est vue dans son titre de gloire dans le ciel. Le dessein de Dieu est dans l’Église ; mais Christ en est le grand sujet ; et, de fait, elle peut être sujette ici-bas à mille et mille vicissitudes, car le monde n’est pas réglé autrement que d’une manière secrète. Dieu peut la glorifier, mais la place de la femme est d’être sujette ; elle ne combat point, et ne le peut dans ce caractère. J’ai déjà mentionné ailleurs[10] que dans les types de l’Écriture l’homme exprime l’activité ou la chute de la foi, tandis que la condition de l’Église ou du peuple de Dieu (car dans ce sens l’Église est le nom pour exprimer une condition du peuple de Dieu, ce dernier nom étant employé dans un sens général), est représentée par la femme[11].

Nous avons à envisager ici le peuple de Dieu, comme dans Sa propre pensée, ou Son dessein, et en conséquence comme glorifié en cela ; toutefois, ainsi que nous l’avons dit, en venant aux détails des conséquences, c’est dans son administration qu’il est présenté, car c’est l’homme par la femme, et non la femme pour l’homme. L’une et l’autre de ces choses ont leur importance et leur place. De là, la femme apparaît revêtue de l’autorité suprême — l’éclat de l’autorité suprême, et toute lumière dérivée sous ses pieds[12] ; l’autorité dérivée, toute autorité subordonnée, étant sa couronne et cela dans la perfection. Ainsi elle est envisagée d’une manière abstraite, mais dans le dessein de Dieu avec tout ce qu’il y rattache, et tout ce que comprennent les desseins immédiats ou les plans de Dieu — Sa propre gloire et Jésus toujours la dernière fin. Et c’est de cette manière que tout finira, car c’est une vérité que αρχη της θεωρια τελος της πραξεως (le commencement de la théorie est la fin de la pratique).

Nous parlons ici en effet de Dieu rentrant dans Sa propre infinité, ce qui peut difficilement être appelé Son dessein[13] : — Christ, la gloire du Fils, voilà donc ce qui constituait le dessein ; mais ici, comme c’est de son administration qu’il s’agit, c’est la femme qui est présentée, tandis que l’homme est caché.

Si nous descendons dans les détails, nous trouvons le contraste le plus marqué : l’état le plus bas de la plus basse condition du peuple de Dieu — son état sous la loi enfreinte, et lui-même sous la domination de la dernière forme du mal gentil, quant à celle dans laquelle il se personnifie — celle sous laquelle Christ naquit ; et ainsi très convenablement. Car par le péché la gloire était renversée ; tout était renversé : le trône qui aurait dû être l’instrument de la justice de Dieu, instrument du meurtre de Son Fils, aux existences et à l’instigation (intercession si vous voulez) de Ses sacrificateurs, des chefs de Son peuple ! Quel tableau ! Si nous nous reportons à l’époque où les Juifs diront réellement : « L’enfant nous est né ! », nous verrons que c’est après le tout dernier mal et la manifestation de la toute dernière forme du dernier mal — le mal des derniers jours. L’Église le connaît maintenant, car elle a la pensée de Christ ; et nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés.

Ce que nous trouvons ici, c’est donc le dessein de Dieu concernant la condition de Son peuple, mettant au monde Celui qui devait gouverner toutes les nations, et qui, au lieu de faire cela, est enlevé vers Dieu et vers Son trône, tandis que la condition de Son peuple reste exposée aux épreuves, à la misère et à la poursuite du grand ennemi qui avait attendu et cherché à dévorer le fils mâle à sa naissance. Toutefois il lui échappe complètement. Tel est le tableau général, qui jette beaucoup de lumière sur tout l’ensemble des détails. Si nous appliquons cela à Christ personnellement, alors l’accomplissement, quant au dessein céleste, quoi qu’Il puisse souffrir ici, en est suffisamment clair (la condition du peuple de Dieu étant la souffrance et en conséquence l’épreuve). Si nous l’appliquons aux saints qui sont vainqueurs ici, comme Il le fut, et auxquels il est donné de gouverner comme Il le reçut de Son Père, alors nous trouvons que, quoique le but de l’ennemi fût de les dévorer aussi, ils sont enlevés en haut hors de ses atteintes vers Celui qui était au-dessus de son pouvoir ; et l’épreuve et la persécution tombent sur ceux qui sont laissés ici-bas — sur la femme. Les détails de cela font le sujet de ce qui suit dans le chapitre. Après que l’enfant a été enlevé, la femme fuit. Ceci n’est accompagné d’aucun détail. C’est une description de la position des parties et cela avec toute la clarté possible, comme par la puissance et avec une précision divines. Il en est une dont jusqu’à présent je n’ai dit que peu de chose — cet autre signe (qui était opposé à la femme, à ce dessein de Dieu dans Son peuple), le grand dragon rouge. Son intention était de détruire le fils mâle sur le point d’être enfanté par la femme qu’il voyait dans les douleurs de l’enfantement, et contre laquelle il était rempli de haine de même que contre tout ce qui lui appartenait, car le dessein de Dieu et ses fruits étaient sa destruction. Il n’y réussit pas et tourna sa fureur contre ce qui, dans un certain sens, était laissé en sa puissance.

Que le dragon soit la puissance hostile de l’adversaire, il n’y a pas le plus léger doute à cet égard. Nous avons l’autorité de ce livre (chap. 20), que personne, je pense, ne niera, pour parler ainsi.

Si nous considérons la source de la puissance, elle est là ; seulement c’est sans la description qui lui donne son caractère formel. Ici le dragon était vu dans le ciel (c’est-à-dire, non pas dans ses formes providentielles et ses conséquences par la volonté de l’homme, mais selon que le Seigneur envisageait en lui sa volonté et sa puissance pour le mal) comme un tout, identifié quant à sa forme avec la bête (à laquelle il donnait sa puissance, il est vrai), sans être toutefois la bête, et sans être identifié avec elle dans les particularités de son caractère au dernier jour ; mais parfaitement la forme générique tout entière de la puissance de Satan en ce qui, à une période donnée, revêtait ce caractère. Il avait les sept têtes et les dix cornes, mais c’étaient les têtes qui étaient couronnées, et non les cornes. C’était Satan, en activité dans cette forme de puissance sous laquelle il contrecarrait — non pas simplement le dessein terrestre[14] parmi les Juifs, ou sous laquelle il attaque Jérusalem par un instrument terrestre, mais tout l’ensemble des desseins célestes[15] et la gloire de Dieu par Christ dans Son peuple. Et de là vient aussi que la mort de Christ, qui termina Sa carrière juive et terrestre, n’est point signalée ici, parce que les relations juives de Christ ne sont pas le sujet lorsque les choses sont vues dans le ciel. L’enfant fut enlevé vers Dieu et vers Son trône.

La queue du serpent, son influence morale — influence morale mauvaise — caractérisée par la forme de l’empire romain, les effets de sa puissance, et la religion dominante de l’état, renversa un tiers des gouverneurs établis par Dieu, et les réduisit à une position subordonnée.

Le résultat de cela à l’égard de la femme fut sa retraite dans la solitude et la souffrance, car on la voit ainsi en effet.

Ce sont là les parties en jeu. Le verset septième commence un nouveau sujet. Il y eut un combat dans le ciel. Ce n’était point le combat de l’Église, mais celui de la puissance divine ; non toutefois, cependant, dans l’énergie manifestée du Fils de l’homme, l’homme puissant, le fils mâle, mais dans les instruments plus secrets de Sa volonté, les ministères angéliques. Le combat de l’Église poursuivi dans la chair, se poursuit dans la souffrance et est soutenu contre l’accusateur par le sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage, lui étant toujours là et toutefois eux au-dessus de lui, comme un ennemi vaincu par Christ, misérables dans leur chair, et quant à elle dans sa volonté, lorsqu’elle opérait, sous sa puissance. Mais ici c’était la puissance de chasser en service pour Dieu — la question se posait si le dragon et les anges continueraient de demeurer là : « Et le dragon combattait et les anges, et ils ne furent pas les plus forts ; et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et le grand dragon fut précipité, le serpent ancien, appelé diable et Satan, qui séduit le monde habitable tout entier : il fut, dis-je, précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui »[16]. Alors vient la célébration de ce grand événement, et au treizième verset ce qui le suivit sur la terre : et le changement en tout cela est très important. L’appréciation que l’Église en fait dans le ciel, l’est aussi — « l’accusateur de nos frères »[17] ; dont les accusations et la puissance ont eu pour conséquence l’épreuve[18] et la persécution sur la terre. Ils n’ont point aimé leur vie, même jusqu’à la mort, l’ayant vaincu par le sang de l’Agneau et la parole de leur témoignage — une période, par conséquent, durant laquelle les saints souffrent et où Satan a sa place dans le ciel en autorité et puissance, et séduit le monde tout entier. À partir de ceci la victoire de Michel et de ses anges l’a précipité.

J’applique ici le même principe d’opération et de manifestation providentielle dans la crise que partout, et je n’en fais particulièrement mention ici, ainsi que de son application à la chute de l’idolâtrie, que parce que des interprètes modernes le rejettent complètement. Il ne s’agit pas ici de l’influence de Satan dans l’Église[19], mais de sa puissance dans le gouvernement du monde, bien qu’elle pût agir sur l’Église. Le raisonnement que l’on oppose à cette vue en disant qu’il y aurait accroissement de mal pour l’Église par le fait de la cessation de la puissance ouverte de Satan sur le monde, parce que l’Église serait par là enfoncée dans le monde, ne fait donc rien à l’affaire : car, pour ce qui me concerne, j’admets cela de la manière la plus complète, quoique je sois sûr que tout était sagement ordonné. Mais de même que l’établissement du pouvoir suprême en Nebucadnetsar, et la manière dont ce roi l’associa promptement avec l’idolâtrie imposée par ses décrets, fut quelque chose de très important dans le gouvernement divin dans le monde, ce pouvoir venant de Dieu (qu’Israël fût ou ne fût pas en question dans ce dernier acte), de même l’entier abandon de l’idolâtrie par la puissance gouvernante (car quoi que ce soit que l’homme fasse c’est à la conduite du pouvoir qui gouverne que Dieu regarde) était un fait de grande importance dans l’histoire du gouvernement de ce monde pour Dieu.

C’était la mise de côté du trône direct de Satan dans le monde ; car le fait que le pouvoir est entre les mains des Gentils, n’est pas le trône direct de Satan (il leur fut transféré par Dieu) ; c’est l’usage qui en est fait et le caractère qu’il revêt dans l’homme pécheur qui le fait trône de Satan. Cela peut se faire simplement par les passions, ou ce peut être par le culte direct de Satan et de ses anges, ou par le blasphème ouvert contre Dieu. La seconde de ces choses est le gouvernement ouvert de Satan depuis le ciel, considéré au point de vue de la providence : cela eut lieu dans l’idolâtrie gentile. Il peut recouvrer secrètement ce genre de gouvernement par ce qui est appelé l’Église[20] : mais la chose elle-même n’a jamais été restaurée. Il me semble que c’est là une très claire et très importante distinction dans l’exercice de la puissance de Satan que nous ne pouvons pas négliger sans laisser une lacune dans notre connaissance de la pensée de Dieu, et en conséquence sans que le fil en soit perdu et l’Église égarée. Prenant cet événement à ce point de vue, il se rattacherait au cours providentiel des choses que l’Église comprend dans le ciel bien qu’il ne soit pas encore manifesté extérieurement ; et la période qui en résulte serait une période d’années, la période étant celle durant laquelle elle est nourrie là, et non la date de sa fuite en vue de ce dessein providentiel. Ces choses sont données généralement dans ce qui les caractérise, et non dans leurs dates, parce que c’est une suite de principes développés progressivement, quoique parfois des faits puissent avoir des dates particulières. Pour ce qui concerne les événements qui ont réellement lieu dans la crise, les faits sont tout simples et manifestes[21].

Il y eut un combat dans le ciel. Michel, l’archange, et ses anges combattirent, et aussi le dragon ; et le dragon fut chassé du ciel, chassé entièrement et finalement hors de cette place d’autorité et de puissance qu’il avait occupée comme gouvernant le monde — « les dominateurs des ténèbres de ce siècle ». Quant à savoir qui est Michel, Jude fait mention de cet être exalté comme contestant avec le diable, et Daniel en parle comme du grand prince qui tient ferme comme chef de la puissance providentielle en faveur du peuple juif, l’objet central de la providence dans l’arrangement des nations. Je ne vois pas qu’il soit révélé que c’est Christ[22] sous un nom mystique, mais c’est certainement l’agent direct supérieur des desseins providentiels de Dieu, et par conséquent l’instrument immédiat de Sa faveur envers Son peuple dans ce caractère-là. La notion relative à un ordre d’archanges n’a pas de fondement dans l’Écriture[23]. Il est parlé de sept anges qui se tiennent devant Dieu. Mais Satan fut chassé finalement hors du ciel, et il fut annoncé que le salut, la force et le royaume de notre Dieu et la puissance de Son Christ étaient venus ; et la raison — que l’accusateur des frères était précipité. Satan, dans son caractère d’anti-sacrificateur, n’avait pas cessé d’accuser les frères ; mais, quoique dans le cours de Ses voies envers les saints, durant ce temps d’épreuve, Dieu eut permis même qu’ils fussent mis à mort ici-bas, toutefois ils avaient réellement vaincu là leur ennemi, quant à toutes les questions que Satan pouvait soulever devant Dieu. Les accusations étaient sans valeur par le sang de l’Agneau. Satan ne pouvait renverser leur conscience ; et par la parole de leur témoignage ils maintenaient la vérité et la justice contre lui comme le père des mensonges. De sorte que, en même temps que le grand souverain Sacrificateur assurait leur cause en haut, Satan comme menteur et accusateur qui cherchait à tromper, était déjoué et vaincu ; comme meurtrier, on lui était assujetti jusqu’à ce que Christ prît le pouvoir, et que, lui, il fût chassé. On peut voir dans le livre de Job de quelle manière les accusations et les persécutions sont rattachées les unes aux autres. Là-dessus, ceux qui habitent dans le ciel — car c’est là le terrain et le lieu de l’inimitié et du combat (voyez Éph. 1 ; 2 et 6) — sont invités à se réjouir, car ce combat est fini. Christ, comme le grand souverain Sacrificateur, avait pu les soutenir dans le combat avec l’accusateur. Mais à présent le combat[24] était terminé. C’est là évidemment ce qui concernait l’Église dans cette affaire comme identifiée avec Christ dans Son exaltation sacerdotale. Alors arrivent les malheurs sur les habitants de la terre et de la mer, car le diable qui n’est pas encore enfermé, mais qui est chassé du ciel, est descendu en grande fureur, sachant qu’il n’a que peu de temps.

Le second paragraphe de ce chapitre finit ici : le premier au verset 8 où les parties, comme nous l’avons vu, sont présentées dans l’idée originale et le dessein de Dieu ; ici ce sont les actes pour délivrer le ciel de la puissance de Satan, et ce qui en résulte pour l’Église, qui, à proprement parler, est assise dans les lieux célestes (et aussi pour tous les saints célestes) ; ensuite, verset 13, ce que fit le diable précipité sur la terre, après qu’il eut été chassé du ciel.

Désormais le dragon a perdu sa place. Il ne peut plus gouverner le monde, comme depuis là, comme son prince et son Dieu : mais il vient comme un malheur et un jugement de la part de Dieu sur ceux qui habitaient sur la terre, et n’avaient pas suivi l’appel céleste où il était alors ; et il est en grande fureur, parce qu’il n’a désormais que peu de temps. Sa haine pour Celui[25] qui avait ainsi jugé s’exerce contre tout ce qui a quelque connexion avec Lui dans la nouvelle sphère de sa malice. Il ne peut plus accuser les frères, il persécute la femme. Et dans cette période, sur la terre, la femme est le peuple juif reconnu de Dieu, la femme qui a enfanté l’homme (car cela était vrai de l’économie juive à l’égard de Christ, envisagé dans Son titre à la puissance sur la terre — « l’enfant nous est né »). Mais ici il est donné force et vitesse à la femme de la part de Dieu ; mais seulement pour fuir dans le désert où elle est nourrie pendant la période assignée, qui est pour la dernière crise de trois ans et demi ; car, durant cette période, la cessation de la puissance du dragon ne donnait pas lieu à son retour.

Le dragon prend ici le nom de serpent, comme ayant la forme de la subtilité, de l’artifice et de la malice, « le serpent ancien qui est le diable et Satan ». C’est, remarquons-le, l’inimitié du dragon et du serpent qui est décrite là, et non le malheur qui fond sur la terre : ceci est réservé par un récit plus détaillé dans ce qui suit, au moins quant à la partie importante pour l’instruction de l’Église dans son passage à travers cela. Et je dois faire remarquer ici de quelle extrême importance c’est pour nous de rattacher les événements et les agents du temps de la crise, dans leur principe, leur caractère et leur progrès, avec ce qui se passe et les agents à l’œuvre autour de nous, sinon tout l’effet moral et toute l’utilité en sont perdus pour l’Église. L’Église n’est nullement, j’en suis convaincu, sous l’action de ce malheur, dans la crise finale. C’est sur la terre, pour le peuple juif, que ce Fils est né : pour nous, nous appartenons au ciel d’où Satan est chassé. Mais, par le fruit parvenu à sa pleine maturité à cette époque-là, comme les chapitres suivants le développent d’une manière plus pleine, nous apprenons la nature et le caractère actuel de l’arbre qui le porte, ainsi que Dieu décrit l’homme par ses fruits en Romains 3, bien que tous les hommes n’en aient pas porté de pareils. Et par là je puis juger mon propre cœur et connaître ce qu’est l’homme. Et si le dernier apostat n’est pas révélé encore, il n’est que le chef d’un système dont la révélation que Dieu donne de lui, comme son fruit plein et parfait, me fait connaître la sève et la nature intime. Quoique le serpent ne pût pas vaincre la femme dans la guerre (car Dieu la préservera, non par l’homme puissant, mais par la fuite ; et là fut arrêtée sa puissance directe ; car la puissance céleste vient en aide à la femme), toutefois il se sert des ressources qu’il a, et jette de sa bouche, comme un déluge, ces eaux animées de son énergie. Je supposerais, d’après l’explication donnée dans ce livre des eaux envisagées comme sur la terre, que c’étaient des armées de peuples directement sous l’influence morale de Satan, coulant de sa bouche, expression de sa pensée et de sa volonté.

Mais la terre — la scène de l’action providentielle et prophétique de Dieu — aida la femme par quelque intervention providentielle (car ce que Dieu nous enseigne ici, ce sont les faits de l’activité de Satan, et non ceux de la providence dans l’histoire) et engloutit et réduisit à rien cette action de Satan : elle fut complètement déjouée. Et alors il s’en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, les Juifs pieux qui pouvaient rester exposés à ses atteintes, qui gardaient les commandements de Dieu et avaient reçu le témoignage de Jésus Christ — car c’est là, je crois (car je parle ici de la crise finale) ce que feront les Juifs, c’est-à-dire le résidu. Mais je ne dis pas davantage qu’un témoignage prophétique ; car « l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus ». Le dragon (car maintenant il n’est pas parlé de lui dans son activité subtile, mais il est de nouveau considéré dans son caractère et son action dans la sphère et le caractère de la puissance) fut irrité contre la femme qu’il ne pouvait pas toucher, et s’en alla faire la guerre, user de violence, contre le résidu de sa semence.

Nous avons donc, dans ce chapitre, un exposé très clair, non pas des détails des faits historiques, mais de la pensée, des voies et des desseins de Satan concernant le dessein de Dieu quand il commença de se déployer ; car, en tant qu’accompli, il est bien clair qu’il ne saurait y toucher. Quoique j’aie peu de doute dans mon esprit à l’égard des événements dans lesquels ces plans de Satan se manifestent d’une façon particulière, je n’y suis entré que fort peu ici, parce que Dieu s’occupe plutôt ici d’instruire l’Église sur ce que ces plans sont, que sur la manière dont ils s’accomplissent, sauf pour ce qui est d’en présenter les agents séparément : et si nous ne sommes pas contents d’être instruits comme Dieu trouve bon de nous instruire, il vaut mieux ne pas apprendre du tout. À l’égard de l’Écriture, mon désir est, non pas d’expliquer, mais de recevoir, et en communications, de dire ce qui s’y trouve, et non d’ajouter à ses pensées. Cela peut sembler une distinction bien légère, mais l’effet de la différence se verra bientôt en ce qu’on s’attachera à faire des systèmes au lieu de profiter réellement par l’instruction divine.

Le chapitre renferme trois parties distinctes. D’abord, les agents ; la femme qui dans le dessein de Dieu doit être délivrée d’un fils mâle (le dépositaire de la puissance terrestre pour gouverner les nations) ; le dragon prêt à dévorer Celui dont il connaissait en partie la naissance et le caractère (car l’Écriture disait cela) et dont le prompt enfantement était maintenant manifeste. Le résultat est que le fils mâle, au lieu d’agir immédiatement en puissance, est caché, mais au siège même de la divinité et de la puissance, et que la femme s’enfuit. Voilà les positions des agents directs. Puis vient la seconde partie dans laquelle la question est entre la place du dragon dans le ciel, et la puissance de Dieu exercée par les anges (« ses anges puissants en vertu ») ; et le dragon perd sa place dans le ciel (lui qui avait séduit tout le monde), et il est précipité sur la terre, non pas proprement le monde. C’est là tout ce qui est positivement déclaré dans cette portion du chapitre, car il s’agissait du gouvernement des nations. Mais alors, cela amenait secrètement un changement d’une extrême importance dans une autre chose bien moins manifeste dans le monde — l’Église, ceux qui habitent dans le ciel, les frères. C’est de cette manière que le ciel était affecté par cet événement. Le salut, la puissance et le royaume de notre Dieu et le pouvoir de Son Christ étaient maintenant venus[26], non pas en puissance jusqu’alors. Il y avait sur la terre quelque chose qui était caché au monde, qui n’était pas compris, pas plus que l’était Christ, l’Église aux pensées et affections célestes qui comprend la principale et la plus importante intention de Dieu dans ces choses (ce qui Lui était le plus cher, si je puis m’exprimer ainsi). Il y avait un témoignage à toute la gloire de Christ sur la base et le principe de la sainteté de Dieu dans le ciel, en tant que marchant dans la lumière comme Il est dans la lumière, ayant communion les uns avec les autres, le sang de Jésus les purifiant de tout péché, tout le temps que Satan se trouvait dans les cieux entraînant la troisième partie des étoiles — le dominateur des ténèbres de ce siècle — un peuple qui marchait, il est vrai, sur la terre, mais en esprit, de droit et par sa nature, selon qu’il lui avait été donné, habitait dans le ciel ; leur Tête étant exaltée au-dessus de Satan, même devant Dieu, et qui avait souffert et répandu Son sang pour eux, quoiqu’Il n’eût pas encore pris Son pouvoir, ce qu’Il n’a pas fait encore à présent (« toutes choses ne Lui étaient pas encore assujetties ») ; en conséquence, Satan pouvait tourmenter ce peuple. Satan l’avait constamment accusé devant Dieu, en raison de leurs manquements, ou même d’une manière tout à fait fausse, afin de les bouleverser, de les troubler, et d’empêcher leur assurance avec Dieu ou leur témoignage pour Dieu. Cette lutte et ces accusations prenaient fin par le fait de l’expulsion de Satan des régions célestes de la puissance ; les cieux étaient nettoyés afin qu’ils pussent désormais annoncer Sa justice.

L’enlèvement réel des saints n’est pas mentionné ici parce que l’Église devait l’attendre toujours[27] et parce que les agents et leurs actes publics étant le sujet en question ici, l’Église (une avec Christ devant le Père, le mystère caché dès les âges et connu seulement par l’Esprit), ne l’est point[28] comme nous l’avons vu continuellement ; mais comme les actes affectent les frères envisagés dans leur condition ici-bas, ils sont signalés à cause que ceux-ci doivent régner avec Christ dont le pouvoir était venu.

L’Église unie à Christ et intéressée en Lui comme son Avocat et son Sacrificateur et tous ceux qui étaient associés avec les cieux, étaient maintenant délivrés. La question était donc entre la fureur du dragon contre ceux qui constituaient la scène spéciale de la royauté de Christ, et la puissance de ce Christ qui maintenant était venue : l’épreuve de l’Église avait cessé. Le gouvernement des nations par le fils mâle étant le sujet, tout ce qui se passait dans l’Église à cet égard est passé sous silence ; seulement le dragon reste dans le ciel, Christ ne se saisissant pas de Sa royauté : quand Il s’en saisit le changement est signalé. Ensuite, quoique venu, le pouvoir n’est pas cependant immédiatement exercé (c’est-à-dire, sur la terre, car les cieux sont déjà nettoyés). La question s’élève donc pour la femme sur la terre — question de royauté et de puissance. La sphère de cette royauté et de cette puissance en Christ étant nécessairement haïe mais délivrée[29], et la haine et l’animosité de Satan étant alors dirigées contre le résidu de ceux qui étaient fidèles à la lumière qu’ils avaient, garder les commandements de Dieu et avoir le témoignage de Jésus, avoir la lumière là, était l’esprit de prophétie[30].

Suivent les opérations providentielles effectives dans lesquelles ces choses sont accomplies. Pour ce qui est de la position et de la condition des habitants de la terre (dont nous avons entendu parler seulement jusqu’ici) durant cette période, malheur trois fois répété (le second comprenant aussi la vaste masse confuse des peuples, les habitants de la mer).

Nous avons à remarquer en outre, que, du moment que les saints sont introduits dans leur position et leur caractère propre, souffrant tandis que Satan est dans les cieux, l’Agneau est aussitôt introduit avec Son salut, Sa force et Sa joie, et leur victoire célébrée en haut. C’est l’association naturelle des saints, comme tels — communion avec le crucifié : et en conséquence, si même rien que deux ou trois saints se trouvent dans leur véritable position, c’est avec l’Agneau qu’ils sont associés[31]. On se souviendra que dans toute la partie historique il n’a pas été fait mention de l’Agneau : c’est la providence qui était alors en jeu, et l’Église était, pour ainsi dire, cachée. Dans le cours de l’histoire extérieure, c’est là sa relation véritable — comme Pierre la décrit, faisant bien, souffrant pour cela, et l’endurant patiemment. L’Agneau marchait à leur tête dans ce chemin à leur joie ; en même temps que, pour ce qui concerne l’accusation, Son sang leur donne accès au trône sur lequel Il est.

Cet exposé que fait le chapitre 12 de l’autorité du dragon présentant la pensée de Dieu dans le trône sur elle, le combat par lequel il est chassé des cieux, du gouvernement, et sa conduite sur la terre lorsqu’il y est précipité, était une introduction parfaitement convenable à l’histoire de son développement et de ses actes dans ses instruments humains ; afin que l’Église pût en connaître, non pas simplement l’histoire extérieure sur la terre, mais la signification, la force, la véritable nature dans sa toute première origine, dans le principe de ses faits, en Satan, sa position, sa puissance et ses actes relativement aux desseins de Dieu. Il a trait à la question du gouvernement des nations (c’est-à-dire à Christ, comme gouvernant les nations, ainsi qu’Il fera avec les saints), et fait voir la position relative des parties (pendant que le fils mâle est enlevé vers Dieu et vers Son trône, ou pas réellement en scène) d’abord dans le ciel, et en conséquence (le mal cessant, quand le dragon est chassé, d’affecter les saints des lieux célestes) présentées ainsi[32] en passant, lorsque leur position a changé ; et ensuite, sur la terre comme affectant les Juifs durant la période dans laquelle le dessein de Dieu (et par suite ceux qui y sont intéressés, comme un corps) fuit, en conséquence des actes du dragon, dans le désert où ils sont nourris par Dieu (c’est-à-dire, non pas selon l’ordre réglé par l’alliance pour la bénédiction, d’une manière apparente, conformément à une relation manifeste, mais par Dieu souverainement comme tel). Tout ce temps donc où Satan prévaut dans le ciel d’abord, ou sur la terre, est le temps où la relation de Dieu avec Son peuple est cachée, et semble même une chose indifférente et oubliée. Toutefois, l’objet de ces relations devient visible lorsque la terre vient en question, et que la femme, quoique persécutée ou en fuite, est vue sur la terre (le corps juif comme tel en connexion avec sa place et ses promesses, bien que non accomplies). Bien des psaumes ont trait à cela — ceux dans lesquels le terme Dieu et non pas Éternel est employé pour exprimer la relation avec le souverain.

Les saints peuvent être unis à la position du fils mâle lorsqu’ils sont enlevés de là et pris à Christ ; mais la grande manifestation éclatante du premier sujet du chapitre eut lieu lorsque Christ Lui-même disparut d’ici-bas. Tout dans le chapitre, sauf ce fait qui donne à tout le reste son véritable caractère, n’est que l’exposé des principes et de la position respective des parties. Il peut y avoir, par conséquent, quelque intervalle de temps entre l’enlèvement du fils mâle et les actes subséquents du Seigneur ; car aucune indication de temps n’est rattachée à cela : les faits sont repris, ou quant aux résultats, commencent avec le combat dans le ciel. Ce combat est manifestement accompli d’une manière réelle et finale lorsque Satan est chassé (fait qui est le commencement, dans leur source[33], des tout derniers événements par lesquels est changée la position des saints des lieux célestes, et aussi lorsque les derniers événements sur la terre relatifs aux Juifs commencent à se dérouler). Là-dessus, les agents providentiels, en tant que c’est de ce qui constitue moralement la terre prophétique qu’il s’agit, et, en conséquence, les animaux, entrent en scène, comme nous l’avons dit, à ce moment-là.

Maintenant l’apôtre retrace aussi depuis son origine, les circonstances terrestres de la puissance par laquelle Satan agit[34] ; et, comme dans le chapitre précédent, il nous présente d’abord d’une manière caractéristique le sujet de la prophétie. Il ne s’agit pas ici de dessein nécessairement, mais de fait. De la masse agitée de la population, Jean voit monter une bête. Maintenant ce n’était pas une vision dans le ciel où se poursuivaient les secrets desseins, mais sur la terre où se produisent et agissent les instruments de ces desseins ; ici, ce n’est pas le dessein, mais le fait.

Tout le caractère de la bête, du commencement à la fin, se voit ici, mais on la suit jusque sous sa dernière forme en laquelle, par conséquent, elle a son activité. Cela nous rend capables de reconnaître constamment la bête, et la présente sous l’empreinte du crime qui s’est attaché à elle (à lui, le dragon) dès le commencement, ou qui a signalé le cours de sa longue carrière, quelle que soit l’iniquité effrénée qui se montrera en elle à la fin. On la voit donc surgir de la mer ayant toutes ses têtes et ses cornes : sur ses têtes des noms de blasphème — elle les portait haut sur son front ; et les couronnes étaient sur ses cornes, ce qui était sa dernière forme (la puissance impériale à l’état de division). Je ne vais pas plus loin à l’égard de ce trait, que de dire qu’il est bien nettement caractéristique ; car, s’il était poussé plus loin, quant aux détails, et comme il sera à la fin, nous devions avoir, en supposant l’identité[35], conformément à l’interprétation ordinairement donnée des bêtes, trois des cornes tombées. De plus, cette bête réunissait en elle les caractères des trois autres bêtes de Daniel, mais surtout du léopard grec, quoique ravageant et inspirant la terreur comme la première. À cette bête le dragon donne (il ne l’avait pas formée, elle est prise comme un fait existant) sa puissance, son trône, et un grand pouvoir. Maintenant, je n’ai aucun doute qu’elle est pleinement manifestée, et exerce positivement toute son activité depuis la fin du chapitre précédent (chap. 12), quand, sous sa dernière forme, elle fera l’œuvre de Satan dans le siège de sa puissance. Mais, comme ces chapitres nous donnent les éléments des choses, la bête nous a été présentée du moment même qu’elle sort de la mer ; et, tout ce qu’elle fait ainsi caractérisé[36] lorsqu’elle est formée, vient sous cette désignation qu’elle occupe le trône et exerce le pouvoir de Satan. Ce pouvoir sera exercé selon le caractère de la place où Satan se trouve, le ciel ou la terre, l’un et l’autre la scène du combat, à l’effet de savoir si Christ et Ses cohéritiers doivent posséder la création de Dieu, ou si Satan la gardera du droit de la chute et du péché du premier Adam, la grande question agitée concurremment avec la rédemption spéciale de l’Église. Sans doute, quand c’est sur la terre que le combat a lieu et que la puissance de Satan s’exerce, c’est d’une nature plus précise et plus formelle, mais ce n’est pas nécessairement d’une importance plus grande. Et je ne puis voir non plus pourquoi le combat pour la délivrance du peuple terrestre et de l’héritage, aurait une importance exclusive ou même plus grande, plutôt que ce qui est du ciel où se décident la victoire et le sort des héritiers, quoique ce soit d’une nature plus secrète et connu seulement de l’Église. Toutefois, il faut se souvenir que ce par quoi Satan trouble l’Église pendant qu’elle est ici-bas, est ce par quoi il tient le monde. Voilà donc le grand fait caractéristique que nous avons ici relativement à la bête ainsi formée : elle occupe la place du dragon.

Je puis ajouter que je tiens la bête pour être simplement et évidemment l’empire romain.

Le second trait caractéristique de la bête était la destruction et la guérison de l’une[37] de ses têtes ou formes de gouvernement. Ceci, remarquez-le, était postérieur[38] et non antérieur au don que le dragon lui avait fait de son pouvoir. Et toute la terre fut dans l’admiration de la bête. L’empire romain et sa puissance concentrée devinrent sur la terre l’objet de leur admiration, et s’emparèrent de leurs pensées. Et ils rendirent hommage[39] à cette puissance infidèle et à cette inimitié contre Dieu qui avaient donné pouvoir à la bête. La forme sous laquelle cela se montrait en l’homme, était la poursuite de sa volonté propre, en rejetant simplement la pensée et le principe de l’obéissance. La forme que cela revêtait ou avait dans cette histoire-ci, était le pouvoir prédominant de l’empire romain, non dans son apostasie, mais dans sa volonté propre[40] et son propre agrandissement — la puissance de Satan, sans rapport à Dieu — comme l’exprime l’apôtre : « le train de ce monde, le prince de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Que cela aboutisse à la fin à quelque acte formel public, c’est comparativement de peu d’importance, sauf comme acte public qui amène ouvertement le jugement. Ils rendirent aussi hommage à la bête, l’honorèrent comme le lieu, le possesseur, le dépositaire de la puissance (Dieu étant ainsi réellement mis de côté). Le trait caractéristique était ici l’orgueil et le pouvoir personnel : « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? ».

Il me semble qu’il y a ici une analogie ou un contraste en mensonge, avec le don de la puissance et de la gloire, au Fils par le Père. Le monde est suspendu à l’éblouissante influence de cette gloire et de ce pouvoir, et les prend comme ce qui occupe la seule place de la puissance au milieu de lui, mettant en réalité, ainsi que nous avons dit, Dieu dehors — « afin que l’héritage soit à nous ». Et ils s’attachent à ce pouvoir pour le tenir et le garder dans la volonté humaine — ouvertement, en apparence l’homme, secrètement Satan : de même que ouvertement (ou quant à ce qui sera manifeste) ce sera Christ, et d’une manière cachée (c’est-à-dire, pour ce qui n’est pas manifestation personnelle, sauf par le Fils) le Père. Et le monde honora le pouvoir caché et le pouvoir manifeste comme nous devons honorer le Père et le Fils, sauf que, pour ce qui nous concerne, nous le faisons dans la connaissance de leurs personnes. C’était une fausse anticipation en artifice et en puissance, par notre méchanceté, de ce que nous reconnaissons en principe maintenant, et qui sera pleinement manifesté dans la puissance milléniale.

Jusqu’ici nous avons eu le fait et l’action de Satan en cela.

Nous avons donc l’énergie du mal telle qu’elle est conférée à la bête, la bête étant ainsi constituée et établie en autorité par Satan et ayant à sa disposition la place de Satan. Il lui est alors donné pouvoir de montrer toute sa volonté et ses pensées et d’agir pendant telle durée ; car toutes ces choses sont réglées, les versets 5 à 8 présentent cela avec les conséquences qui en résultent. Par conséquent, nous avons ici ce qui était fait par la bête, comme auparavant ce qui était fait à la bête, et relativement à la bête, soit par Satan, soit sur la terre. D’abord il est donné à la bête une puissance excessive d’orgueilleuse présomption : « elle proférait de grandes choses » ; ici, ce ne sont pas des actes, mais des paroles pleines d’orgueil : c’est son caractère ; puis des paroles injurieuses contre d’autres, découlant de cet orgueil — des blasphèmes ; et elle devait poursuivre ainsi, pratiquer, agir, pendant la période caractéristique de quarante-deux mois[41]. Quand nous arrivons à l’emploi littéral de l’expression, la période est terrestre et littérale. C’est ainsi, d’un autre côté, que ceux qui habitent dans le ciel, habitent dans le ciel à la lettre. Il ne s’agit pas simplement de leur caractère mystique ; autrement il est clair que ce seraient là les mille deux cent soixante années ; et ceux qui habitent dans le ciel sont dans ce cas, le résidu aux pensées et affections célestes. Vient ensuite l’application de ce caractère de la bête à ses fins : « elle ouvrait sa bouche en blasphème contre Dieu ». Ici ce n’est pas simplement apostasie : ce pouvait bien être là sa carrière, de fait sur la terre, niant précisément le Père et le Fils ; mais ici c’est son caractère formel sous le pouvoir de Satan. Elle blasphémait le « nom » de Dieu, au lieu de reconnaître sa source dans le siège de la puissance — « et son habitation », c’est-à-dire, la présence de Dieu parmi les saints, comme dans le désert, leur lieu céleste, car c’était bien cela (le tabernacle n’était pas le désert, et le temple ne l’était pas non plus, comme on le voit chapitre 21, 22 ; le corps juif était conduit dans le désert ; dans la gloire manifestée et permanente, le Seigneur Dieu et l’Agneau sont le temple). Mais c’était le tabernacle ou la tente de Dieu, et le lieu très saint et le lieu saint y étaient compris. Elle blasphémait cette habitation céleste de Dieu avec les saints[42] ; elle voulait avoir la terre, l’héritage, à sa propre disposition : c’était là une preuve qu’il y avait un pouvoir au-dessus de tout cela. Elle blasphémait aussi ceux qui étaient caractérisés par cette habitation — ceux qui habitent au ciel, les saints des lieux célestes. C’était là, pour ce qui concerne les choses célestes, ce qui caractérisait l’Église qui est assise dans les lieux célestes. En outre, il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre sur la terre. Quant à Satan, ils l’avaient vaincu, voyez chapitre 12, 11[43] ; mais dans la période extérieure actuelle, la bête était victorieuse et prévalait contre les saints. Il ne s’agit pas ici toutefois de mort individuelle, mais de prépondérance, comme dans le chapitre 12, 11. Mais elle avait la victoire sur la terre, car elle n’était pas encore rachetée ni revendiquée par Christ. Cela est aussi vrai relativement (en dedans de la sphère de la bête) à la longue période prolongée d’années, et sur la terre[44], durant la crise au milieu du peuple juif[45]. Le trait caractéristique suivant était que : « il lui fut donné pouvoir sur toute tribu et peuple et langue et nation ». Cela encore était caractéristique. Elle devait être le pouvoir dominant sur la terre, s’arrogeant et donnant l’autorité sur les diverses nations assujetties.

Un autre point, qui n’était pas précisément caractéristique comme lui étant donné, mais une conséquence, un fait résultant, se rattachait à cette manifestation. Tous ceux qui habitent la terre lui rendraient hommage. Nous avons déjà signalé le caractère de ces personnes — ce sont des gens qui, vivant en dedans de la sphère de l’application de la Parole et de sa lumière, la scène positive de l’action et de la révélation de la providence morale de Dieu, n’ont pas leur πολι τευμα εν τοις ουρανοις, n’habitent pas dans le ciel, et comme étrangers et pèlerins ne cherchent pas une patrie, mais « habitent sur la terre ». Ceux-là n’étaient pas écrits (car telle était la sécurité des autres) dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau immolé — pas caractérisés, non seulement par le livre de vie, mais par les souffrances[46] du Saint, avec lequel ils étaient associés comme étrangers et pèlerins : « Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende ».

Un grand principe est rattaché avec toute cette opération et ce caractère de la bête sur la terre : « Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité » ; ainsi en sera-t-il de lui ; mais Dieu ne se départira point de Ses principes. Celui qui se sert du pouvoir pour opprimer, sera opprimé : le Seigneur le jugera, où que ce puisse être ; « si quelqu’un tue avec l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée ». La part des saints est de souffrir, d’endurer la continuation du mal pendant que le Seigneur le permet et qu’il lui est donné puissance. Si les saints agissent selon ses principes et se vengent eux-mêmes ici, ils doivent en souffrir les conséquences ici : « Ceux qui prendront l’épée, périront par l’épée ». Souffrir patiemment est la place des saints, comme celle de Christ[47]. Ils ne doivent pas prendre le caractère de la bête, parce qu’ils souffrent sous elle : ce serait combattre contre le gouvernement providentiel de Dieu, qui la laisse se comporter ainsi. Le livre de vie est le livre de vie de l’Agneau immolé.

Telle était la grande puissance séculière reconnue en rapport avec le dessein et les plans de Dieu durant ce temps-ci — à laquelle le trône et le pouvoir de Satan étaient donnés. Ce n’est point là du tout la description d’un Antichrist personnel, mais la description caractéristique de la puissance collective de la bête. La blessure mortelle de l’Antichrist, par exemple, ne fut jamais guérie. La hâte avec laquelle on applique certains passages à un objet (parce qu’il peut y avoir d’autres passages qui prouvent qu’il existe un rapport intime entre le sujet des premiers avec cet objet) est souvent cause que nous perdons une grande partie de l’instruction que nous retirerions de la Parole de Dieu, et empêche de poursuivre ce rapport ceux qui ont saisi les portions négligées, qui maintenant sont toutes mises de côté, parce qu’une partie absorbe particulièrement l’intérêt. La terreur du jour de l’Antichrist n’est pas un trait caractéristique du saint qui a, me semble-t-il, conscience de son union avec le Seigneur et de son rassemblement avec Lui, ce qui le met au-dessus de la terreur du pouvoir de l’Antichrist, ou du jour du Seigneur contre lui.

Nous avons eu le signe de Satan comme le dragon dans le ciel, un secret pour l’Église, pour ceux qui voyaient les choses là.

Nous avons eu la bête montant de la mer (des mouvements tumultueux des nations, de la masse des peuples) et, ainsi formée, Satan lui donnant sa puissance, son trône et une grande autorité. Maintenant, de la scène régulièrement organisée de la providence morale de Dieu, le lieu propre de la lumière et des ténèbres, la terre, nous voyons monter une autre bête. Par la forme de la puissance elle était semblable à l’Agneau ; mais elle prenait la ressemblance de Sa puissance ; toutefois, son langage, sa voix, l’expression qu’elle donnait d’elle-même, sous cette forme de puissance, était semblable au dragon, la grande puissance hostile de Satan lui-même, prévalant sur les étoiles du ciel, et persécutant sur la terre : singulière et bien étrange combinaison ! — la ressemblance de la puissance de Christ, quant à la forme — de Christ dans Sa puissance royale comme Messie (qui toutefois avait été l’Agneau rejeté) (ce n’était pas la ressemblance du Fils de l’homme ouvertement) ; mais l’expression du caractère de Satan quand elle parlait. Nous avons encore apparaissant comme une bête, un pouvoir oppresseur collectif, comme tel, quoique, en un certain sens, un individu puisse en exercer réellement l’autorité[48] ; mais ce n’est pas la force du symbole « bête ». Le pouvoir ainsi concentré est plutôt une corne, bien qu’il puisse y avoir entre elles une étroite connexion. Celle-ci ne mettait pas de côté l’existence de la première bête, mais elle était d’une autre nature ; toutefois « elle exerçait tout le pouvoir de la première bête » devant la première bête, en sa présence — encore une position bien singulière. Son pouvoir, cependant, n’est pas, comme tel, sur des tribus, des langues et des nations, mais est localisé et agit sur les esprits des hommes par l’influence qu’il exerce sur ceux qui y sont soumis — non pas en s’assujettissant séculièrement les nations. Elle amène la terre et ceux qui y habitent, à rendre hommage à la première bête ; mais à lui rendre hommage comme portant ce caractère-ci : « dont la plaie mortelle avait été guérie »[49]. C’est dans cette condition restaurée ou sous cette forme de suprématie gouvernementale de la bête qu’elle fait cela. Ce n’est pas aux cornes qu’elle fait rendre hommage, mais à la bête dont la blessure mortelle d’une de ses têtes avait été guérie. Tel est son caractère. Tout semblable à l’Agneau qu’il peut être dans la forme de sa propre puissance, il exerce le pouvoir de la première bête devant elle : voilà un point ; en voici un autre : il fait que la terre et ceux qui habitent en elle — les hommes aux pensées et affections charnelles — rendent hommage à la première bête dont la blessure mortelle était guérie : c’étaient là des points distincts ; car c’est tout le caractère de la chose qui est donné ici. Pour ce qui est de son action propre, il y a l’exhibition publique du pouvoir de jugement, comme s’il était de Dieu : ce n’était pas (ainsi que dans le cas des témoins) « le feu sortant de leur bouche », un témoignage vérifié par le jugement, mais « le feu descendu du ciel » à la vue des hommes — en apparence l’exercice des jugements de Dieu (comme fit Élie[50]) d’une manière extérieure. Tout cela, remarquez-le, est un pouvoir ecclésiastique ou spirituel — un pouvoir se rattachant faussement d’une manière ostensible aux choses divines, car c’est le mal — mais d’une manière ostensible, et vérifié aux yeux des hommes par des manifestations de puissance.

De plus, il fait sur la terre des miracles par lesquels il séduit ceux qui y habitent, dont nous avons vu si souvent le caractère, et les conduit à faire une image de la bête dont la blessure mortelle était guérie — ce grand système collectif ayant formellement une tête. — Il a le pouvoir de donner à cette image la respiration et ainsi en apparence de la vivifier pour exercer l’autorité suprême — non le pouvoir de tuer, mais de faire tuer ceux qui ne rendraient pas hommage à cette image. C’était là l’action de cette seconde bête, l’être spirituel ; ils avaient le pouvoir de faire cela. Il n’est pas dit qu’elle les faisait tous tuer, mais qu’elle avait le pouvoir de faire tout cela[51].

Mais elle opprimait dans les choses terrestres ; elle les obligeait tous à recevoir « la marque de la bête » (en signe de profession, de service, comme des esclaves) et ne permettait à personne d’acheter ou de vendre « sinon à celui qui avait la marque » ; ou si l’on avait « son nom » ce serait suffisant, quoique peut-être on ne fût pas ainsi réellement un esclave — ou bien encore « le nombre de son nom ». C’est-à-dire qu’une personne pourrait avoir dans ce système une position de chef, de gouverneur, et alors, quoique pas esclave de fait, il n’en aurait que d’une manière plus indélébile et plus intelligente le caractère empreint sur lui : le nom et le nombre du nom seraient là.

Je n’ai pas de prétention à de la sagesse — certes bien loin de là ; mais je trouve, si le Seigneur a en vue un sens pareil, que tradition, aussi bien qu’apostasie présentent le nombre de son nom. Comme je l’ai dit dans la note, il me semble que nous avons là, non pas les derniers actes du temps de la crise, mais le caractère des agents qui la préparent : nous verrons les résultats ci-après[52].

Ce qui, dans leur caractère, tient à leur nature et n’est pas subordonné, peut continuer et garder sa place durant la crise — par exemple, le blasphème ; car il était sur ses têtes, il faisait essentiellement partie de la bête, et n’était pas simplement un trait particulier de sa conduite. Elles sont comprises toutes deux dans le jugement qui clôt les derniers trois ans et demi ; mais la dernière ne s’y trouve pas exactement dans la même forme, mais, si je puis m’exprimer ainsi, dans un caractère extrêmement rétréci ; car les opérations morales qui précèdent la fin de la période critique, sont très différentes de la conduite avec les conséquences qu’elle a, qui remplit cette période, bien que les parties puissent être les mêmes et aient réellement juste le même esprit. Ici les caractères sont d’une portée beaucoup plus large, étant décrits ici avec étendue, comme constituant les desseins primitifs de Satan.

Suit le déroulement historique des voies du Seigneur, auquel succèdent des détails spéciaux sur les objets et le caractère de Son jugement. Comme je l’ai dit, au chapitre 15 un grand signe se voit de nouveau dans le ciel. La description des opérations secrètes et des instruments providentiels sur la terre est terminée. Suivent ici les miséricordieux effets de la grâce divine et de la puissance spirituelle avec le témoignage et le jugement d’une manière ouverte. La montagne de Sion est une modification de ce qui se voyait avant. Ce n’est pas encore le Seigneur revenu en jugement — alors Il est le Fils de l’homme. Et ici nous avons en conséquence de cela, la patience des saints sous le pouvoir prépondérant de la bête et de son image, et ensuite « bienheureux sont les morts », et le Fils de l’homme faisant la moisson de la terre. En outre, nous avons un cantique nouveau[53] chanté devant le trône et devant les anciens, cantique que personne ne pouvait apprendre que les « cent-quarante-quatre mille » ; de sorte que nous ne sommes pas séparés des lieux célestes, car ce trône était établi dans le ciel. Toutefois, Sion n’était pas la place du temple, mais la place de la royauté : mais, d’abord, de la grâce — la place de la relation en grâce de Dieu avec la terre avant que le temple fût bâti, où David avait préparé un lieu pour l’arche — en contraste avec Sinaï, le lieu de la loi pour la terre — d’où aussi la loi devait sortir en grâce de la ville du grand Roi, cette « Sion qui annonce de bonnes nouvelles ».

Ici donc, par anticipation du temps où le Seigneur Dieu et l’Agneau seraient le temple de la Jérusalem céleste, où en même temps la gloire de Salomon serait déployée sur la terre, se tenait un Agneau, conservant encore ce caractère, n’apparaissant pas encore dans celui de Fils de l’homme, mais tirant maintenant vers Sa royauté, vers la terre, toutefois associé avec Son peuple encore souffrant et avec le nombre parfait du résidu qui avaient le nom de Son Père écrit sur leurs fronts, la manifestation du caractère dont ils étaient ouvertement revêtus par l’effet de la grâce en rapport avec Lui[54]. Le grand trait qui les caractérisait était qu’ils s’étaient conservés purs. Ceux qui habitaient sur la terre, lisons-nous plus bas, s’étaient enivrés du poison de la fornication de Babylone, mais ceux-ci s’étaient conservés purs quoique Babylone ne fût pas encore tombée. Ils étaient rachetés d’entre les hommes, de la terre — un peuple particulier dans la puissance de leur vie, au milieu de ces professants, pendant que Babylone était debout — non pas le règne de Christ, ni la promulgation au large de l’évangile, mais la pureté, comme un petit troupeau sans souillure, suivant l’Agneau, le saint martyr.

Quoique le monde les ait peut-être méprisés, comme un peuple inconnu, toutefois leur résidu était trouvé ici assemblé dans sa parfaite plénitude, et comme Sion, ainsi que nous l’avons dit, était le lieu où se trouvait l’arche avant la construction du temple (et le temple était le type de la gloire établie), ainsi, nous les trouvons ici assemblés sur la montagne de Sion ; toutefois nous sommes encore en relation intime avec les lieux célestes, car le cantique nouveau est chanté devant le trône et devant les anciens. La moisson et les actes du Fils de l’homme sont postérieurs à cela et à la chute de Babylone. Ceux-ci sont rachetés de la terre (pendant que la terre[55] continuait, c’est-à-dire la terre telle qu’elle est décrite dans les deux chapitres précédents) pour être des prémices à Dieu et à l’Agneau[56].

C’est la première fois que nous trouvons cette relation formellement exprimée. Il me semble que cela se rattache à la fidélité pendant la corruption, pendant que l’œuvre médiatoriale de Christ était défigurée, corrompue, niée, comme la gloire médiatoriale est décrite par les termes : « le trône de Dieu et de l’Agneau »[57]. « Le Seigneur Dieu tout-puissant et l’Agneau en sont le temple », etc. Pareillement, dans la véritable épouse, mise en contraste avec la grande prostituée qui corrompait la terre par sa fornication, nous avons l’Église élue ou céleste (dont en conséquence il est parlé comme descendant du ciel) en contraste avec ce système terrestre qui se rattache avec les rois de la terre. C’est le Seigneur Dieu qui la juge. Les rois de la terre ont leur guerre avec l’Agneau. L’expression « prémices à Dieu et à l’Agneau » me semble impliquer séparation du mal de l’une (la prostituée), et souffrance par suite de la fidélité à l’Agneau, séparation de l’incrédulité des autres (les rois). Ils suivent l’Agneau où qu’Il aille, et sont sans tache devant le trône de Dieu. Ce n’est pas proprement dans la maison du Père[58] qu’ils sont reçus, comme identifiés avec Lui-même — comme cachés dans les lieux célestes. C’était la délivrance de cette corruption à l’égard du culte, qui formait une grande partie de la suite des sept messages de ce chapitre — une invitation générale publiquement adressée à tous d’entendre l’évangile éternel[59], annonçant le jugement sur les choses existantes et appelant pour véritable culte à reconnaître Dieu dans la suprématie de Son administration variée, comme la source de toutes choses. La connexion de l’heure de la venue de Son jugement avec l’appel au véritable culte, suppose un évangile prêché au milieu de l’apostasie et de la corruption avant le jugement. Je crois que ceci commença en principe[60] à la Réformation (bien qu’elle n’en fût en aucune manière l’accomplissement), et que ce ne sera pas accompli jusqu’à ce que le témoignage à tous — savoir aux nations païennes — soit accompli. Le trait frappant, c’est l’annonce que l’heure du jugement de Dieu est venue[61]. Le messager suivant annonce la chute de Babylone. Les détails de cette chute nous sont donnés d’une manière plus complète plus loin ; mais c’est d’une grande importance de trouver sa place dans la suite des événements, et c’est ce qui nous est donné ici. La bête et son image continuent encore, mais maintenant les choses touchent à la fin ; suit en effet l’avertissement : « Si quelqu’un lui rend hommage, il boira du vin de la fureur de Dieu, versé sans mixtion dans la coupe de Sa colère ». C’est donc ici le lieu de la patience et de la foi pour les saints, se tenir entièrement à part de tout rapport avec la bête ; car elle était encore une puissance qui avait le dessus, bien que jugée.

Mais à présent la patience des saints (qui souffraient même jusqu’à la mort) avait son terme. Ils étaient les bienheureux, ils se reposaient de leurs travaux, et leurs œuvres les suivaient.

À l’annonce du jugement sur ceux qui rendaient hommage à la bête ou à son image, ou qui recevaient sa marque, et que l’épreuve constituait le point de la patience des saints, une voix se faisait entendre du ciel — non pas la nouvelle de l’événement providentiel suivant (car ceci ne faisait pas partie des voies de la providence ici-bas), mais la déclaration céleste de l’état arrêté des saints, auxquels cette place était désormais publiquement assignée dans l’économie de Dieu. Désormais c’en était tout à fait fini de la mort des saints ; et le bonheur de ceux dont c’était là la portion, était mis en lumière (non pas encore par leur manifestation publique sur la terre, mais par l’annonce depuis le ciel à l’oreille de la foi que le temps était venu) : une bénédiction à laquelle l’Esprit, qui avait été leur force secrète dans le travail et même quant à la mort, ajoute maintenant Son « oui » avec la même intelligence et la même sympathie pour leur joie. Cette introduction de l’Esprit dans cette connexion d’idées est fort belle. Lorsque la terre entrait dans la bénédiction, ils ne pouvaient pas être laissés dehors dans le témoignage de Celui qui avait souffert avec eux. On remarquera que, à la suite de l’introduction de la grâce envers la terre (« l’Agneau sur la montagne de Sion ») tout ce qui suit dans ce chapitre se rapporte à la terre ; mais alors, par la voix venue du ciel, la portion des saints est donnée là-dessus. Leur portion est donnée, aussi, comme dans la récompense de gloire, au moins quant à son annonce — « Leurs œuvres les suivent ». Ceci a trait à la manifestation en gloire (comp. 2 Thess. 1)[62].

Il n’est pas fait mention ici de ce que la bête fait après cela. C’est l’énoncé des voies de Dieu avec la terre (la condition des saints ayant été déclarée en passant). Le pas suivant est donc « la moisson de la terre » — l’exécution du jugement qui distingue en elle ; ce qui était l’accomplissement de fait de ce qu’avait annoncé le verset précédent — au moins quant à ses conséquences en la terre.

Puis vient la vendange qui est colère pure, et non pas jugement faisant distinction. Toutes les grappes de ce qui avait la forme de Son peuple sur la terre sont foulées dans la cuve de la colère de Dieu. Cela fut fait « hors de la ville » qui n’a pas été encore mentionnée depuis le chapitre 11. Et là, remarquez-le, c’étaient des « hommes » qui furent tués ; ici, c’est « il sortit du sang » : la destruction est terrible[63].

Ceci passe donc de la rédemption de la terre réellement apostate, comme on la voit dans les cent quarante-quatre mille lorsqu’il était nécessaire qu’on fût racheté du milieu de la profession, à l’action de Dieu, d’abord en témoignage, et ensuite en jugement, avec le mal sous toutes ses formes à l’égard des hommes, le jugement de la bête étant réservé pour une description plus complète. Ceci était plutôt le jugement des hommes et de leur corruption sous ces circonstances, la guerre ouverte et la victoire de l’Agneau étant une autre chose. C’est ici le jugement de Dieu sur l’état des choses, et non la guerre de l’Agneau avec une puissance hostile.

Ce que nous avons ici, c’est donc une vue générale en perspective des voies de Dieu avec le sujet — d’abord, l’apostasie (car c’est là pour Lui le sujet), en sauver Ses saints, les conserver purs ; puis le témoignage ; et ensuite le jugement.

Le chapitre 15 commence un nouveau signe et un sujet différent.



  1. Il leur fut donné puissance pour prophétiser, revêtus de sacs, durant la période pendant laquelle la partie extérieure du lieu saint était foulée aux pieds, tandis que la partie intérieure était préservée. La période est donnée ici en jours pour montrer, je suppose, la continuité et la constance de leur témoignage, et non pas simplement son terme. L’autre point dans le témoignage était celui-ci, qu’il était en dehors de l’ordre dans lequel auront lieu le déploiement et le service des grands offices de Christ sur la terre lorsqu’Il viendra ; c’était seulement un témoignage à ces offices du Seigneur. Si nous comparons Zacharie 4, nous trouverons dans la restauration de l’économie juive sur la terre, l’ordre le plus strict dans toutes ses parties ainsi que dans les arrangements du chandelier unique, ses deux oliviers et ses tuyaux. Mais ici il y a deux oliviers et deux chandeliers. Ils se tenaient devant le Seigneur de toute la terre ; ici ils se tiennent (vers. angl.) devant le Dieu de la terre — témoignage à la vérité, mais non son accomplissement : non pas l’ordre, la beauté, et la régularité de la chose établie, mais un témoignage au droit de Dieu à l’avoir ainsi. Voilà ce qu’étaient ces témoins.
  2. Comme je suppose qu’ils le sont en effet.
  3. Ici j’ai laissé de côté un passage relatif à un ouvrage renfermant les vues selon lesquelles un jour est pris pour un an, ce que je ne puis affirmer avec une certitude quelconque.
  4. L’application des allusions ou des prophéties de l’Ancien Testament dans le sens dans lequel elles sont employées là, me paraît être également insoutenable ; elles sont empruntées de là pour être appliquées à des sujets célestes, absolument comme dans le cas de Jérusalem ; ainsi l’analogie est partout : restreindre l’Apocalypse à la même signification, c’est, me semble-t-il, nous en priver, et équivaloir simplement à ceci, que lorsque l’apôtre emploie le langage prophétique pour introduire dans des scènes d’un ordre plus avancé, nous sommes retenus là où nous a laissés la prophétie : c’est-à-dire, selon moi, obscurcissant, au lieu d’éclairer.
  5. La parole de Babel était : « Acquérons-nous de la réputation » (un nom). Dieu seul a droit à un nom, ou droit d’en donner un. Adam avait ce droit à l’égard des bêtes comme établi par Dieu sur elles ; « et il les fit venir vers Adam ». L’ennemi peut, sous la direction de Dieu, donner par dérision, un nom aux saints ; mais ils sont rassemblés uniquement au nom du Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ, et doivent porter seulement Son nom, et, en Lui, le nom du Père.
  6. Remarquez qu’il ne s’agit ni de résurrection, ni de changement de personnes qui seraient vivantes, mais d’un acte spécial. L’homme les avait tués, mais Dieu les a vivifiés et appelés en haut.
  7. Je dis leur témoignage, parce que, quant à son caractère général, la bête persécutera les saints.
  8. À la joie de ceux qui habitent sur la terre ; il est donc, sans doute, leur grand ami.
  9. Un autre signe commence au chapitre 15.
  10. « Le Témoignage chrétien », vol. 3, page 146.
  11. Mais pour ce qui concerne l’application historique directe, la femme ici est le peuple (ou Jérusalem), vu dans le ciel et la gloire d’abord, puis chassé et persécuté par le dragon — selon la pensée de Dieu, et ensuite l’objet de l’inimitié de Satan.
  12. Ainsi tout l’état de cœur précédent dans ce qui réfléchissait la lumière, était couvert dans l’ombre, car le peuple est mis sous leurs pieds.
  13. Dessein exprime plutôt ici la chose qu’on s’est proposée, que l’intention. Si je suis compris, je ne m’inquiète pas de la précision métaphysique. Le mot dessein renferme évidemment les deux choses, mais peut s’appliquer d’une façon spéciale à l’une ou à l’autre (c’est-à-dire à l’intention ou à la chose qu’on a en vue).
  14. Le Fils fut enlevé, mais Il devait gouverner toutes les nations : la condition céleste est ici la réponse et le remède à une tentative dirigée contre quelqu’un qui devait régner sur la condition terrestre. Son gouvernement et son pouvoir sont l’affaire en question.
  15. Cela est vrai même dans l’Antichrist ; car c’est une association avec les Juifs, et la possession de Jérusalem pour la garder comme centre de la puissance terrestre contre le Seigneur, en tant que venant du ciel. Les « hommes moqueurs » qui demeurent à Jérusalem « ont fait accord avec la mort et ont intelligence avec le sépulcre ».
    (Note de la deuxième édition). Je n’ai pas modifié les applications abstraites : c’eût été changer l’ouvrage (et elles présentent une sorte de dictionnaire pour les symboles), mais j’ajoute çà et là les événements prophétiques particuliers, dans lesquels ils sont accomplis — comme je le crois, ce à quoi ils s’appliquent.
  16. Mais ils ne sont pas encore remplacés là par les saints.
  17. Remarquez ici que la victoire est célébrée ; ils ont vaincu, ils ne sont donc plus dans ce combat.
  18. Je suppose qu’on trouvera que, bien que la souffrance puisse être très bénie et glorieuse quand elle est endurée pour la justice ou pour Christ, elle n’en est pas moins toujours employée par le Seigneur pour la correction de quelque mal secret ou manifeste dans l’individu ou dans l’Église.
  19. C’est-à-dire, même en rapportant le passage à la période prolongée.
  20. Le culte des saints, qui est en réalité le culte des démons.
  21. Satan est précipité du ciel sur la terre où il est encore en grande fureur pendant la dernière demi-semaine de Daniel, et persécute les Juifs reconnus de Dieu, sauvés providentiellement comme corps, sur quoi l’ennemi saisit tout ce qu’il peut. La femme est, comme je l’ai dit, les Juifs reconnus de Dieu, ou Jérusalem.
  22. Je vois bien des choses, conduisant à la conviction que c’est Christ comme chef de la puissance angélique, mais non d’une façon certaine, et en conséquence je ne dis pas plus que je ne fais ici. Une étude plus approfondie me conduirait à une conclusion différente.
  23. C’est-à-dire le nombre pluriel ; il est fait mention de supériorités (comme principautés, puissances, trônes, dominations, mais non pas d’archanges).
  24. Le combat avec Satan et l’épreuve, bien que peut-être employés comme châtiment en discipline, diffèrent tout à fait du jugement exercé dans l’état de guerre où Satan a puissance selon la chute du premier Adam et sa volonté de marcher avec lui.
  25. La puissance qui l’a vaincu en haut, c’est le chef angélique du peuple juif.
  26. Ne devrait-ce pas être : « maintenant est venu le salut, la puissance et le royaume de notre Dieu, et l’autorité de son Christ ? »
  27. Je ne doute pas qu’il ne soit contenu dans l’enlèvement du fils mâle, aussi bien que Christ Lui-même.
  28. Comme corps, elle n’est envisagée que comme dans le ciel (ainsi que nous l’avons vu fréquemment) depuis la fin du chapitre 3. Aussi, est-ce de l’accusateur des frères qu’il est parlé ; car la voix venue du ciel ne pouvait parler de souffrance ou d’accusations de saints là-haut, mais de ceux qui y avaient été exposés sur la terre. D’après la supposition faite ci-dessus, ceux-ci seraient la classe des saints souffrants qui devaient encore être réunis comme mis à mort dans le dernier témoignage, ou qui ne voudraient pas adorer la bête.
  29. Le temps de la détresse de Jacob ; mais il en est délivré.
  30. Nous avons ici le fait important que, après la célébration de la venue du salut, du royaume de notre Dieu et de la puissance de son Christ, et de l’expulsion de Satan des lieux célestes, il doit s’écouler trois ans et demi avant que prennent fin l’épreuve et la persécution par lui du peuple juif ; les Juifs sont les objets de la haine de Satan, et Christ n’apparaît pas en leur faveur.
  31. L’Agneau est toujours l’être souffrant rejeté qui après tout est le lion de la tribu de Juda, le centre de la gloire. Dans le fait historique ceci a lieu lors de l’expulsion de Satan du ciel, fait dans lequel le royaume et la puissance sont d’abord déployés.
  32. Ce passage est remarquable pour ce qui regarde la crise, car la joie est proprement dans le ciel. À proprement parler, l’Église n’est pas en question. En conséquence, on entend une voix dans le ciel, mais elle exprime évidemment la pensée de Dieu dans l’Église en haut, car elle dit « l’accusateur de nos frères », et envisage le royaume comme venu maintenant. C’est comme un rayonnement de la joie de l’Église dans le ciel avant que les saints soient manifestés avec Christ par suite de la cessation des souffrances de ceux qui sont restés sur la terre, et de la purification des lieux célestes. La voix du ciel, l’Église, est plutôt identifiée avec la sacrificature et l’attente de Christ, mais dans un caractère de triomphe, et qui s’est effectué par l’expulsion de Satan et le fait que maintenant le royaume est venu bien que non établi encore sur la terre pendant trois ans et demi.
    Je pense que l’enlèvement du fils mâle s’applique proprement, en outre de Christ, à l’Église des premiers-nés. Son corps n’a pas de date, sauf qu’il précède tous les événements mentionnés, c’est-à-dire tous les événements qui se passent ici-bas, même le combat qui a lieu dans le ciel ; car Christ et Son corps ne peuvent prendre leur nouvelle position relative sur la terre, jusqu’à ce que Satan et ses anges soient précipités.
  33. Quoique je dise leur source, ce qui est vrai quant à l’administration et à l’état moral des choses, toutefois est passé ici sous silence (comme n’étant pas le sujet de ce chapitre, et pouvant difficilement être appelé un événement, comme changeant l’ordre tout entier de l’administration et du gouvernement lui-même) l’ébranlement des cieux en vue de l’apparition du signe et du gouvernement du Fils de l’homme là : mais cela proprement ne vient pas ici ; et c’est la raison pour laquelle je n’ai fait que le signaler de cette manière. Sa date dans la suite des événements peut se voir en Matthieu 24 et Marc 13 ; mais cela ne fait pas partie du cours des événements simplement humains, mais est un changement dans l’administration céleste de ce genre de faits. Mais le combat qui a lieu dans le ciel et sa conséquence que Satan est précipité sur la terre changent complètement la position respective des saints dans le ciel et sur la terre. L’exercice administratif direct de tout cela est différé pendant trois ans et demi pour donner le temps de venir à pleine maturité aux desseins de Dieu, à la séparation du résidu des Juifs durant leur tribulation et au complet soulèvement de la terre contre Dieu sous l’influence et la direction de Satan : mais le ciel pouvait faire immédiatement éclater sa joie et prononcer malheur sur les habitants de la terre et de la mer. Mais l’administration n’étant pas encore changée, les choses suivaient d’ailleurs leur cours sans autre châtiment, jusqu’à ce que la terre ayant empiré par cela et s’étant, dans une énergie satanique, enrôlée contre le ciel, le Fils de l’homme eût à prendre en Ses mains la puissance et que l’administration fût elle-même changée. Et c’est alors que commence l’administration du monde à venir, duquel nous parlons. Ce dernier événement est d’une extrême importance, et l’Écriture en parle comme d’un événement très solennel. C’est, à ce que je pense, ce qui est appelé la fin : « Alors viendra la fin ». Sinaï fut le commencement manifeste ; quoiqu’il y eût d’autres points qui s’y étaient rattachés dans le monde et sur la terre, c’est-à-dire Noé et Nebucadnetsar.
  34. Spécialement dans ses opérations dans ces derniers événements.
  35. C’est-à-dire de la quatrième bête de Daniel avec celle-ci.
  36. C’est une tentative pour rattacher par des termes généraux, la période prolongée de l’existence de la bête et la crise ou la dernière demi-semaine ; et, en attendant la claire lumière de la fin, cela servait à guider la conscience d’une manière générale.
  37. C’est-à-dire qu’elle était vue dans cet état postérieur à la guérison de la blessure mortelle qu’elle avait reçue. Je suppose que la tête blessée était la tête impériale. Bien des considérations tendent, je crois, à le montrer et font ce point assez clair. Je doute qu’elle fût pleinement développée comme bête jusqu’à ce moment-là.
  38. Ou plutôt, elle était vue postérieurement à cela. D’abord, Jean voit le caractère général de la bête comme un tout, et le lieu de son trône et de son autorité, là : ce trait particulier dans l’état dans lequel il la considère, non de la bête en elle-même, mais de la bête comme il la voyait alors.
  39. L’admiration implique l’effet produit sur une imagination sans connaissance, quoique excitée peut-être par une forte cause — non pas le jugement, ou les affections.
  40. C’est toutefois, l’apostasie de l’autorité.
  41. Ceci doit être pris pour la dernière période de la demi-semaine, si on le prend dans la crise et qu’on l’applique à la pleine manifestation de son caractère, ce que le verset semble faire. Il n’a pas pour but de dire que c’est la dernière demi-semaine, mais simplement de rattacher à la bête la période caractéristique de la durée de son activité : il donne toutefois cette période comme cette durée.
  42. C’est tout ce qu’elle pouvait faire maintenant. Satan l’accusateur était chassé du ciel, et certes les saints étaient là. Les tendances de la bête auraient plu aux Juifs auparavant. Maintenant elle persécutait les saints sur la terre aussi. Les autres Juifs seraient maintenant en rébellion.
  43. Cela avait eu lieu antérieurement à cette période-ci laquelle commença, à l’expiration de celle-là, par l’expulsion de Satan du ciel. Jusqu’alors ils avaient souffert la mort réellement, au moins ils n’avaient pas aimé leur vie.
  44. Mais je doute qu’il se rattache au verset 7 quelque période ayant des dates, il ne s’agit pas là de temps, mais du caractère de la chose.
  45. Là les élus sont sauvés quant à la chair, sauf ceux qui étant tués, obtiennent une portion céleste, les saints des hauts lieux de Daniel et ceux qui sont particulièrement signalés comme ne rendant pas hommage à la bête, au chapitre 20, ici.
  46. Ceci aura toute sa force littérale durant la crise dans le pays.
  47. « Mais si en faisant bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu », dit l’apôtre Pierre.
  48. Comme la huitième tête était la bête.
  49. Les épreuves sous la bête sont distinctes de la simple conservation de la pureté ; et le dernier avertissement de n’avoir rien à faire avec la bête, vient après l’annonce de la chute de Babylone. En conséquence, nous avons le chant de louange des cent quarante-quatre mille qui se sont conservés purs, et après, distincts de ceux-là, ceux qui ont remporté la victoire sur la bête. Il ne s’en suit pas que quelques-uns ne puissent pas avoir été impliqués dans les deux espèces d’épreuves, ou s’être gardés de l’une et avoir souffert sous l’autre, mais ils sont mentionnés comme des sujets distincts ; et il peut y en avoir qui passent par l’épreuve des actes de la bête en général, préparatoires à ses derniers combats en Judée, sans s’être jamais trouvés, du moins complètement, dans les circonstances des cent quarante-quatre mille. Ils sont dénombrés avant que Babylone tombe. L’avertissement contre la bête a sa force particulière après. On peut aisément comprendre que le chapitre 12 a eu son accomplissement dans la période prolongée d’années, et si on l’applique à ce qui se passe à la fin, son application est plutôt d’une nature préparatoire et non pas finale. Quand la seconde bête tombe, simplement comme faux prophète (son caractère séculier comme bête disparu), ce changement a eu lieu précédemment en elle ; elle a perdu auparavant son caractère séculier et sa puissance comme bête, et est simplement un faux prophète. Il me semble que tout cela est antérieur aux derniers actes de l’Antichrist en Judée, comme le roi qui fait selon sa volonté (Note de la seconde édition : C’est là une remarque très importante qui était sortie depuis longtemps de mon esprit. Je doute qu’il soit tout à fait exact de dire : « tout cela est antérieur ». C’est d’un caractère différent ; mais les deux peuvent continuer ensemble, et dans leur forme respective distincte s’appliquer à la fin à la Palestine, quoique l’expression, ceux qui habitent sur la terre, soit encore caractéristique. Quand la bête tombe en Palestine, la seconde bête est envisagée simplement comme un faux prophète ; sa personne en tant que royale semble effacée par la présence de la bête. Comme en Ésaïe 24, la difficulté est touchant la force du mot : la terre. Tout le passage veut être plus mûrement considéré. Remarquez que le monde et les tribus, les langues et les nations ne sont pas placés formellement sous l’influence de la seconde bête) : ce sont des choses d’un caractère tout à fait distinct. Ce que nous avons ici (chap. 13) a un caractère préparatoire en vue d’amener ceux qui habitent sur la terre à lui être soumis et de les entraîner avec elle. Tout l’ensemble, sauf la période où elle continue ses blasphèmes, n’est pas ici une date, mais un caractère, ou des actes. Il se peut qu’elle entraîne après elle les Gentils qui habitent sur la terre, de cette manière-là ; et quand elle est dans le pays, le même genre d’activité peut y continuer localement et spécialement. La seule date pour la seconde bête est la restauration de la tête impériale, comme je le suppose, qui avait été blessée.
  50. Remarquez ici combien c’est une chose solennelle qu’il donne le signe qui sous Élie était la preuve que Jéhovah était Dieu ; en 2 Thessaloniciens 2, ce qui en Actes 2 est la preuve que Jésus est le Christ.
  51. Je répète la remarque de la note des pages 456 et 457 que tout cela est caractéristique de la chose, et qu’il n’est pas question de temps, sauf la restauration de la tête impériale.
  52. La distinction des périodes est, je pense, très nettement marquée en Daniel 7. Le caractère de la petite corne — la dernière forme de méchante et orgueilleuse élévation contre le Souverain dans la bête — se trouve dans le verset 8. Le prophète vit cela jusqu’à ce que les trônes fussent roulés ; aux versets 9, 10, le jugement se tient et les livres sont ouverts ; maintenant ce n’est plus le temps du témoignage. Puis il regarde de nouveau jusqu’à ce que la bête fut tuée, verset 11, à cause des grandes paroles de la petite corne. Après cela il est dit que le royaume du Fils de l’homme est donné ; ceci en connexion avec le Seigneur. Les saints, soit ceux des hauts lieux, soit simplement les saints, sont introduits dans l’explication, verset 21 ; le caractère de la corne, quant aux saints, est donné — saints des lieux célestes ou non — il s’agit du caractère de la corne. Ceci est donc, premièrement, jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne ; ensuite, le jugement est donné aux saints des lieux célestes ; troisièmement, les saints, célestes ou sur la terre, possèdent le royaume. Pour ce qui est des actes de la petite corne signalés, nous avons d’abord sa présomption contre le Souverain ; ensuite il harcèle les saints des lieux célestes, et prend en sa puissance les fêtes et les temps juifs qui lui sont livrés pour une période déterminée ; puis, le jugement se tient, comme à la fin des versets 10, 11. Le verset 25 me semble donc, proprement, les trois ans et demi antérieurs au commencement du jugement ou à la séance pour le jugement ; après cela il y a une suite d’opérations pour abolir, consumer et détruire ; et ensuite le royaume, sous tous les cieux, est donné au peuple des saints du Souverain, rattachant ainsi le peuple terrestre de Jérusalem, la ville du grand Roi, avec le peuple céleste.
    Le chapitre 8 présente, à mon avis, un ennemi tout différent et contraire ; et je crois que confondre l’Assyrien et l’Antichrist (ou même la bête, car je ne tiens pas la première bête pour l’Antichrist personnel) a eu pour effet de beaucoup obscurcir la prophétie et d’embrouiller l’esprit quant à la simplicité de ses déclarations.
    L’un est l’ennemi de Christ, comme venant du ciel avec les saints ; l’autre Son ennemi, comme associé avec le résidu fidèle des Juifs à Jérusalem.
    Je ne vois pas de motif pour supposer que l’expression : « ils seront livrés en sa main » (Dan. 7, 25) signifie les saints, mais plutôt les temps et les lois…
  53. Ceci est une époque très importante. Dans le chapitre 5, 9, on chante un nouveau cantique. Il y avait un nouveau sujet de louange lorsque l’Agneau, qui était au milieu du trône, prit le livre, et prit en main le développement de ce qui devait introduire l’héritage. Les rachetés pouvaient dire alors : « Ils régneront », quoique l’Agneau fût encore en haut, et que l’action de Sa puissance fût seulement céleste ou dans des voies de providence. Ici, l’Agneau, sans avoir encore déposé ce caractère et revêtu celui de Fils de l’homme, de juge, de guerrier, est toutefois en relation avec la terre, et se tient sur la montagne de Sion. Et en conséquence on chante un cantique nouveau devant les animaux et devant les anciens : ceux-ci ne prenant pas eux-mêmes part à cela (car ce n’était pas la portion de l’Église mystique, ni par conséquent le grand témoignage de la rédemption pour la création), mais une occasion spéciale de louange parce que l’Agneau prenait place sur la montagne de Sion et s’associait, bien que d’une manière générale, avec la terre (le Messie jadis rejeté).
  54. Cela me semble, comme en Jean, le nom du Père déclaré comme Il le révélait alors, et comme Christ disait : « Mon Père, duquel vous dites qu’il est votre Dieu ».
  55. La seconde bête avait fait rendre hommage à la première bête par la terre.
  56. Ceci, envisagé dans la crise, me semblerait impliquer que, outre l’Église proprement dite, dont la place était dans le ciel, et qui, dans ce sens-là, en aurait fini avec la terre, il y aurait un résidu racheté de la terre se rattachant encore à l’Agneau (c’est-à-dire le martyr reconnu par le nom de Son Père) et apprenant un cantique chanté devant le trône et devant les anciens — une classe particulière et ayant ainsi un cantique spécialement à eux. Ils étaient des premiers rachetés de la terre, rachetés d’entre les hommes. Le corps de l’Église, dans son caractère céleste, avait disparu de la scène avant — n’avait rien à faire avec la terre. Le refus de rendre hommage à la bête a pour effet qu’on est préservé dans une position terrestre — préservation dont la force est accrue par l’avertissement touchant la coupe de colère sans mixtion devant les saints anges, les ministres de la providence de Dieu, et devant l’Agneau, le saint martyr dont on rejetait la grâce, la puissance et le titre dans la grande controverse. Ces cent quarante-quatre mille sont davantage, quant aux circonstances, comme l’Agneau dans Sa portion terrestre et dans les revendications qu’Il en fait. Ils n’étaient pas considérés en corps comme l’Épouse de Christ, mais comme ayant une position spéciale comme vierges — encore est-ce en contraste avec la prostitution du mal dans la période prolongée, le résidu particulièrement préservé à part — dans la crise, un résidu spécial que nous avons signalé.
  57. Il ne faut pas confondre le trône de Dieu et de l’Agneau avec la révélation du Père dans le Fils : c’est cette dernière chose qui est notre révélation de Dieu, béni soit Son nom ; la première est la gloire gouvernementale. Il y a une analogie dans la période prolongée ; mais l’attribution du salut à Dieu et à l’Agneau et les prémices de la terre introduisent le millénium. Voir la note suivante.
  58. Ils étaient plutôt un témoignage de la pureté du trône et de l’Agneau, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, pour ce qui était selon Lui en la terre, et en conséquence ils sont, dans la pleine signification du mot, l’aurore de ce brillant et heureux matin de la terre de la part de son Créateur et Rédempteur.
  59. Je prends le mot éternel comme distinguant cet évangile-là de toute bonne nouvelle temporaire ou provisionnelle. Canaan était un évangile pour Israël ; la naissance de Christ dans la chair était une bonne nouvelle pour Israël. Mais celui-ci est l’évangile éternel, aiônios — la pleine complète promesse des résultats dans le Fils de l’homme, formés d’après les intentions et les droits de Dieu ; et cela comme par rédemption. Cela impliquait donc le royaume ; quoique, en quelques cas, il se peut qu’il n’y eût que la base posée. Tout lecteur attentif des évangiles apercevra la transition, des promesses présentées aux Juifs dans la personne de Christ dans la chair, à cet évangile éternel : « si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » ; et puis sont introduites les choses terrestres et les choses célestes.
  60. Le temps donné à Jésabel pour se repentir, courait, pour ainsi dire, à partir d’alors.
  61. Lors donc que l’évangile éternel est proclamé, il ne s’agit pas de l’introduction d’un état universel de bénédiction, mais d’un appel à craindre Dieu au milieu de la vaste apostasie de tout genre, « car l’heure de son jugement est venue », comme « cet évangile du royaume sera d’abord prêché à toutes les nations, et alors viendra la fin », c’est-à-dire, du siècle. C’est ce dernier point, en même temps que je reconnais pleinement ce qui précède comme impliquant les principes, qui est le véritable sens du passage dans toute sa force, et c’est pour cela, comme le fait remarquer la note précédente, que Dieu est annoncé comme un Créateur qui avait droit sur Ses créatures, et qui se présentait comme tel aux hommes sur la terre, comme contre toutes leurs idolâtries, reprenant (d’abord en témoignage), Sa place, comme Dieu en la terre. Babylone, qui avait été la grande corruptrice de la terre et le centre de l’idolâtrie, est ensuite jugée de Dieu.
    Il est un autre point qui se rattache aux cent quarante-quatre mille et à l’évangile éternel. Les cent quarante-quatre mille sont rachetés de la terre où le témoignage est déjà une rédemption du milieu du mal dominant dans la sphère restreinte ainsi désignée — dans la crise, probablement, entièrement limitée au pays. Avant que le jugement (« la fin ») vienne, l’évangile éternel sort tout à nouveau vers les nations (plusieurs d’elles sont, sans doute dans l’idolâtrie) pour annoncer le jugement qui vient et témoigner de la bonne nouvelle de l’approche du royaume et de la félicité milléniale. Ces deux sphères — la terre, et peuples, tribus, nations et langues, nous les avons signalées comme mises en contraste en des occasions réitérées.
  62. Dans la période prolongée, le verset 13 se rapporterait, je pense, à l’annonce de cette bénédiction des saints, qu’accomplirait la moisson, envisagée comme en Matthieu 13, dans son application à eux — dans la crise, à leur manifestation en ceci.
    Cette distinction est seulement ce que nous trouvons réellement dans l’interprétation de cette parabole de Matthieu. Dans la parabole, l’ivraie est réunie en faisceaux dans le champ et le froment dans le grenier ; dans l’explication, l’ivraie est brûlée dans le champ, et les justes brillent comme le soleil. C’est là précisément la différence, et seulement cela, que je fais ici. La moisson et la vendange sont deux actes de jugement, la moisson étant d’une bien plus vaste portée, et, en conséquence, les coins du champ ne sont pas complètement dégarnis pour ce qui est du froment. La moisson peut distinctement emporter les méchants, en laissant ceux qui sont épargnés pour la bénédiction terrestre. La vendange est pure vengeance exercée sur un objet spécial (le système religieux) qui a son caractère de la terre — dans la crise, je pense, le caractère juif. Les raisins en sont complètement mûrs à présent. Cette vengeance est le jugement terrestre réel : « de la cuve il sortit du sang » au loin et au large. C’était un réel et effroyable jugement dans le pays. Toutes ces choses — tout le contenu de ce chapitre — sont les avertissements ou les voies religieuses de Dieu avec la terre.
  63. Il peut y avoir une application à la crise de ce qui se passe dans ce chapitre ; et dans un tel cas, bien des dates seraient établies avec certitude, mais pour une partie l’application est moins particulière. C’est ainsi que le cantique, le fait d’être devant le trône de Dieu doivent être pris seulement comme le commencement de l’association des choses célestes avec les choses terrestres, et la reconnaissance des choses terrestres par les puissances célestes. L’Agneau, se tenant sur la montagne de Sion, reconnaîtrait le retour des Juifs dans la souffrance, associés avec l’Agneau parmi eux en grâce (c’est-à-dire, d’un résidu au milieu d’eux). L’évangile éternel serait alors strictement celui qui est mentionné en Matthieu, « l’évangile du royaume » (c’est-à-dire que Christ venait justement en Son règne), lequel, je n’en ai aucun doute, sera ainsi publié chez toutes les nations avant la fin. La chute de Babylone précéderait la moisson de la terre ; et alors le dernier temps de détresse serait pour le peuple juif tel qu’il y en a jamais eu, et Michel tiendrait ferme pour eux, et le sanctuaire serait à la fin purifié. Dans ce cas, je suis enclin à le penser, la vigne de la terre serait plutôt la portion professante juive, comme en Ésaïe 65 ; 66. Un jugement pareil est certain. Mais il y aura aussi à détruire l’apostasie ; mais elle a plutôt revêtu le caractère d’une guerre contre la royauté de Christ alors, et a pris une forme pire que simplement apostasie ou profession. Envisagée à cette lumière, l’expression « hors de la ville » se rapporterait dans l’application générale à la grande ville de l’empire romain faisant un corps ; dans l’application à la crise, ce devait être pris, comme auparavant, pour Jérusalem.
    Dans l’application dans le texte (page 467) de la demande du véritable culte, il y a des principes très importants — Dieu et non pas l’homme, reconnu comme la source en puissance créatrice de toute bénédiction, ou de tout ordre de bénédiction — ou de la puissance, ou des fleuves et des fontaines des influences saines et vraies — principe auquel on n’en saurait trouver de pareil pour son extrême importance dans l’usage journalier. Je crois que le sens donné ci-dessus dans le texte est de la plus haute importance pour l’Église dans le temps actuel.