Écho du Témoignage:Du maintien de la vérité telle qu’elle est révélée
Le maintien de la vérité telle qu’elle est révélée est le seul vrai témoignage, l’unique moyen de relèvement pour l’homme en état de chute : tel est le point sur lequel je me propose de m’arrêter un instant. Le principe que je voudrais démontrer est celui-ci : que l’homme ne connaît de Dieu que ce que Dieu Lui-même nous en a révélé ; que tout serviteur doit s’en tenir aux termes dans lesquels cette révélation a été posée, et que chaque fois qu’il a failli à les maintenir soigneusement, il a manqué d’autant à assurer sa propre bénédiction, et, bien plus, a prouvé qu’il n’avait ni capacité, ni titre à annoncer le vrai Dieu, car il était en arrière de la révélation.
Quand on considère la nature de l’éloignement de l’homme de Dieu, on reconnaît que le maintien de la révélation est le moyen principal, nécessaire du relèvement ; c’est évident, c’est, dirai-je, convenable. En ajoutant foi aux suggestions du serpent, en acceptant un mensonge, et agissant en conséquence, l’homme s’est laissé dépouiller du don de comprendre les voies de Dieu. Il n’a pas nié l’existence de Dieu, mais il en a reçu de Satan une fausse idée ; il n’a pas cessé de reconnaître Son pouvoir, mais il s’est méfié de Ses intentions à l’égard de l’homme. De là l’inimitié de la chair contre Dieu ; tel qu’Il est en réalité, on ne Le connaît plus. Si d’un côté la chute a développé l’esprit humain, ç’a été aux dépens de son intelligence première de Dieu, et il faudrait le priver d’un grand nombre de ses facultés actuelles pour l’amener à retourner de son propre mouvement à un état dans lequel il se confierait simplement en Dieu, en un mot, à un état d’innocence, chose impossible puisque nous sommes nés dans un état différent. Plus l’esprit humain fait des efforts pour parvenir à une notion exacte de Dieu, plus il devient convaincu qu’il en est naturellement éloigné. Les plus grands philosophes, après les études les plus approfondies, ne sont parvenus à produire que des systèmes qui, tout en admettant les besoins de l’homme, déclaraient que le vrai Dieu demeurait incompris. Ils accordaient à l’Être suprême les meilleurs attributs qui se trouvaient en activité chez l’homme, mais ils n’ont pas découvert, et ils ne le pouvaient pas, car leur propre cœur les en empêchait, la nature de Dieu dans Son amour pour les pécheurs.
Il faut donc que Dieu se révèle Lui-même.
Mais cette révélation est tout à fait indépendante de l’esprit humain ; elle n’est pas instinctive, et jamais elle ne pourrait provenir de lui. Aussi, est-ce la voix même de Dieu qui annonce à Adam l’intérêt qu’Il porte à l’homme et les vues à son égard. Le relèvement, la paix et la bénédiction d’Adam, dépendent de la manière dont il accepte et maintiendra ce qui lui a été révélé. Il est vrai qu’il a besoin d’un esprit nouveau, de la régénération, pour recevoir et conserver cette révélation ; mais plus il était fidèle à en retenir la portée et l’esprit, et plus aussi non seulement il assurait son relèvement et sa bénédiction, mais rendait par là, de la seule manière qui lui était possible, fidèle et digne témoignage à son Créateur. Mais qu’il s’en dessaisisse d’un iota, et il verra à ses dépens que la main qui le bénissait s’est retirée de dessus sa tête, et qu’il a failli à sa vocation de témoin de Dieu sur la terre. Ève[1], qu’Adam avait ainsi nommée à la lumière de la révélation, abandonne ce guide, le seul qui puisse la conduire à travers les incertitudes dont l’esprit naturel obstrue le chemin de l’homme nouveau, en désignant son premier-né comme le fils de la promesse[2], et que de chagrins et d’humiliations n’attire-t-elle pas sur sa famille ! L’esprit naturel non seulement ignore la révélation, mais on ne peut pas même se fier à lui pour l’interpréter. La voix de Dieu la déclare, et c’est à Son esprit à l’expliquer. L’homme n’y est pour rien, quoique tout s’accomplisse d’une manière sensible et intelligente dans des vaisseaux humains. Aussi toute variation dans les vérités révélées ne peut provenir que de l’homme naturel et doit non seulement empêcher la bénédiction, mais mettre obstacle à leur effet comme témoignage rendu au vrai Dieu.
Si ce principe nous paraît tellement positif en ce qui a rapport à la première révélation, combien plus n’en apprécierons-nous pas l’importance à mesure que la révélation s’étend et nous dévoile d’une manière plus complète le Dieu dont nous nous sommes éloignés, et dont nous avons présenté une idée si peu juste dans Son propre monde.
Suivons un peu ce sujet à travers les Écritures.
La fin du chapitre 8 de la Genèse, et le chapitre 9, contiennent une révélation nouvelle : l’Éternel ne maudira plus la terre à cause de l’homme ; l’homme régnera sur tout ce qui est sur la terre, mais rien ne doit dominer sur lui sous peine d’une rétribution adéquate. L’arc dans la nuée était le signe de cette alliance. Si Noé et ses descendants s’en étaient tenus strictement à ces termes, ils se seraient assurés la bénédiction, et auraient maintenu le témoignage de Dieu sur la terre purifiée. Malheureusement Noé faillit. Il est subjugué par les fruits de la terre, et son propre fils le divulgue ; il tombe victime de ce qui devait lui demeurer assujetti. Ainsi, pour s’être laissé maîtriser par une chose que sa convoitise avait propagée, il perd sa position, son témoignage est annulé, et une malédiction pèse sur son enfant : il n’y eut pas fidélité à la révélation, et la tour de Babel fut le fruit de cette infidélité. Dans un tel état de choses la révélation dont nous venons de parler, quelque précieuse qu’elle fût, ne suffisait plus aux exigences du moment. En conséquence, en Genèse 12, Dieu communique une révélation nouvelle à Abraham dès qu’il est entré dans le sentier où Dieu l’appelle à marcher, celui de l’abandon de son pays et de sa parenté, pour Lui être en témoignage dans un monde qui ne le connaissait point. Les expressions dans lesquelles elle est conçue, indiquent l’étendue des bénédictions et du témoignage d’Abraham. Dieu veut faire de lui une bénédiction et lui donner le pays, bien que les Cananéens l’habitent encore. Tant qu’Abraham s’en tient à ces termes, il demeure un fidèle et heureux témoin pour Dieu en Canaan ; mais dès qu’il les perd de vue et se retire en Égypte, la bénédiction cesse de reposer sur lui et il dément sa qualité de témoin. Son relèvement, point important à remarquer, date de son retour aux termes de la révélation. « Il vint au même lieu où était l’autel qu’il avait bâti au commencement ». En s’y attachant de nouveau, il est mis en état de refuser les plaines de Sodome et de venir en aide à son frère mondain et déçu au jour de sa détresse, en un mot, de rester durant toute sa vie, un témoin honoré de Jéhovah. Melchisédec peut le bénir, et tandis que triomphant par la vérité, il consacre les dîmes, les dépouilles opimes, au roi de justice et au roi de paix, Lot qui l’a abandonnée, demeure privé de bénédiction. Quelles n’étaient pas la grandeur et la richesse de la bénédiction et du témoignage qui résultaient de la fidélité même d’un seul aux termes de la révélation de Dieu ! La promesse d’Isaac faisait partie de cette révélation ainsi que le rite de la circoncision qui s’y rattachait. Abraham et Sara doivent tous deux le reconnaître (Gen. 21, 4-8), et leur joie et leur témoignage sont assurés. Le devoir d’observer cette pratique subsiste même après des révélations ultérieures, car ces dernières ne sont pas toujours la confirmation des précédentes. Si Moïse, en Madian, néglige la circoncision, dès l’instant qu’il prend la place de témoin, il doit se repentir de son oubli et en reconnaître les conséquences funestes. Israël, dans le désert, ne s’y conforme pas non plus, mais le premier jour passé sur la terre promise est consacré à sa soumission à ce rite. Tandis qu’il était possible de se borner à une révélation antérieure sans être forcé d’accepter la dernière venue, du moment qu’on se soumettait à celle-ci, il fallait obéir à la précédente. Ce principe est d’une grande importance, et découle naturellement, car chaque révélation nouvelle n’est qu’une manifestation plus complète du vrai Dieu, que notre cœur ignore ; de même que toutes les révélations réunies conduisent au Seigneur Jésus Christ qui seul a fait connaître le Père. Mais continuons.
Avant que Moïse se sentit capable d’assumer sur lui la responsabilité de conduire les enfants d’Israël hors d’Égypte, son âme fut fortifiée par une nouvelle communication du Seigneur (Ex. 6) : « Je suis apparu à Abraham, à Isaac, et à Jacob, comme le Dieu fort, tout-puissant, mais je n’ai point été connu d’eux par mon nom de Jéhovah. J’ai fait aussi cette alliance avec eux, etc. ». Dieu se manifeste comme le Dieu de l’alliance, et nous verrons que les succès et le témoignage de Moïse dépendaient de sa ferme adhésion à cette révélation. Aux heures les plus critiques, il pouvait dire : « L’Éternel combattra pour nous », et le premier autel qu’il bâtit, il l’appela : Jéhovah-Nissi, « l’Éternel ma bannière » (Ex. 17, 15), en souvenir de la délivrance opérée par Son moyen. Dans ses moments de perplexité, de péché, de difficulté, il ne perdit jamais confiance. Il suffisait qu’un seul homme s’en tînt aux termes de cette alliance pour obtenir le pardon de tous. C’est sur ce terrain que Moïse s’appuie pour intercéder en faveur d’Israël quand celui-ci se prosterne devant le veau d’or. De même à Kadès-Barnéa (Nomb. 14), s’il obtient grâce pour le peuple, c’est en plaidant avec le Seigneur, afin de Lui montrer combien Son témoignage souffrirait, s’Il ne réalisait pas Son alliance, ou ne se conformait pas à Sa propre révélation. Quels magnifiques résultats de la fidélité d’un homme : Israël trouvait grâce, et Dieu était justifié sur la terre !
Je le répète, nulle révélation antérieure, quelque portée qu’elle eût, n’aurait suffi aux exigences du moment, et s’il eût négligé de l’observer, le disciple le plus précieux aurait été rejeté. Moïse, dont la foi était restée inébranlable durant tant d’années, faillit aux frontières de la terre promise et devient par là inhabile à y entrer. Plus d’une fois sa fidélité avait sauvé tout Israël, mais dès qu’il tombe lui-même il est seul puni.
Pour Josué la promesse était qu’aussi certainement que les eaux du Jourdain livreraient passage au peuple, aussi certainement l’Éternel chasserait devant lui les sept nations de Canaan. « Voici, l’arche de l’alliance du Dominateur de toute la terre s’en va passer devant vous au travers du Jourdain ». Que Josué ait foi en ces paroles et tout sera facile, Israël triomphera en même temps que le Seigneur sera glorifié. C’est parce que le peuple n’en tint pas compte, c’est parce qu’il oublia ou ne crut pas que Dieu était avec lui et chasserait devant lui toutes les nations, qu’il ne fut pas béni. Avant de mourir Josué rassembla les douze tribus avec leurs anciens et leurs chefs, afin de raviver et de fixer dans leurs âmes les termes de la révélation donnée par son intermédiaire. Plus tard encore, à Sichem, quand ils se présentent devant le Seigneur, il renouvelle ses exhortations, il fait tous ses efforts pour obtenir d’eux qu’ils conservent la vérité telle qu’ils l’ont reçue, leur montre les bénédictions qui s’en suivront et la perte irréparable qu’ils feront s’ils dévient de cette ligne de conduite. En terminant, dans le but de prouver combien il apprécie la vérité de Dieu, et tenant pour certain qu’ils lui seront tous infidèles, il dresse une pierre qui devra témoigner contre eux : « Voici, cette pierre nous sera en témoignage, car elle a entendu toutes les paroles de l’Éternel, lesquelles il nous a dites, et elle sera en témoignage contre vous, si vous oubliez votre Dieu ».
Cette pierre, dont le Seigneur Jésus était l’antitype, était plus digne de foi qu’aucun homme en Israël, et, en sa qualité de témoin impérissable, c’était la seule ressource à laquelle le peuple, en état de chute, pût recourir. C’est ainsi que dans l’appel à Laodicée, nous voyons Christ présenté à l’Église déchue et en état de ruine, comme le témoin fidèle et véritable, c’est-à-dire sous le caractère qui était exigé par la condition des choses, et comme étant seul digne d’être appelé témoin. Tout bon serviteur doit mettre toute sa sollicitude à maintenir la vérité dans toute sa plénitude, aussi Josué songe-t-il à glorifier le nom de Dieu sur la terre, non en s’appuyant sur quelque révélation passée, mais en veillant à conserver dans toute son intégrité celle qui lui avait été confiée à lui-même et qui convenait à son époque. Il n’en est pas autrement pour ce qui concerne la Canaan spirituelle : toute infidélité entraîne pour nous autant de souffrances morales, qu’elle causait à Israël des souffrances physiques. Maintenant comme alors, ce n’est qu’aux disciples obéissants et soumis qu’il appartient de défendre les droits de Dieu. Il peut toujours compter sur Christ comme sur le témoin fidèle, et se confier en Dieu et en Sa vérité, alors même que l’assemblée entière imiterait l’exemple de Démas.
La principale révélation faite à David avait trait à Salomon et au temple ; et en conséquence nous voyons ce roi sur le terme de sa vie agitée, préparer et ordonner tout ce qui se rapportait à la construction de ce sanctuaire. La permanence de son royaume et la gloire de Dieu dépendaient de son inébranlable attachement à la vérité qui lui avait été communiquée ; il y resta fidèle. Il acheva sa carrière terrestre en travaillant à ce but, déclarant combien son cœur y était attaché, bien qu’il dût se retirer de la scène avant de voir ses préparatifs appréciés. C’est le plus beau moment de la vie de David, car alors il maintient la révélation la plus complète que l’homme eût encore reçue, et à sa lumière, il part avec l’espoir d’hériter la gloire promise, laissant pour successeur le type de Celui qui devait venir. Rendre témoignage à l’Éternel l’absorbait exclusivement et, dans ses dernières années, il concentra sur ce point tous ses efforts avec une ardeur qui ne fut pas égalée jusqu’à ce qu’apparut le vrai David, le Fils unique, Celui qui pouvait dire : « Le zèle de ta maison m’a dévoré ». Je ne crois pas que cette révélation confiée à David ait été surpassée par aucune jusqu’à la venue de Celui qui en est l’accomplissement. Tous les prophètes et autres serviteurs de Dieu qui vécurent dans l’intervalle furent distingués par leur fidélité et leur service en proportion du soin qu’ils mirent à s’en tenir aux termes dans lesquelles elle avait été donnée. Que ce fût un Ésaïe ou un Esdras, un Ézéchiel ou un Néhémie, un Jérémie ou un Daniel, ils regardaient tous, chacun dans sa sphère et sa mesure, au Roi de gloire et au temple, comme à la source de leur consolation, au milieu des épreuves du moment, aussi bien que comme au témoignage le plus sûr et le plus infaillible de Dieu. Pendant cette douloureuse période, de longues et humiliantes épreuves furent infligées au peuple de Dieu ; mais pour tous comme pour Aggée, ce fut cette révélation qui rétablit et renouvela leur témoignage, et plus ils la maintinrent ferme au milieu de toute leur chute dans l’exil, dans leur manque de puissance, plus il leur fut facile de surmonter les obstacles qu’ils rencontraient. Toute mesure de vérité a sa valeur à sa place, mais il est évident que nulle autre ligne de conduite n’aurait amené pour eux ces résultats, soit comme amélioration de leur condition, soit comme témoignage de Dieu sur la terre. On peut l’admirer surtout aux jours d’Aggée, alors qu’ils rebâtissent le temple et prêtent une oreille attentive aux paroles de Zacharie concernant le Roi de gloire et le sanctuaire.
Enfin, dans la plénitude des temps, il vint Celui qui était la somme et la substance de toutes les révélations antérieures. « La parole fut faite chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité, et nous vîmes sa gloire, gloire comme d’un Fils unique de la part du Père ». Il surpassa tout ce qui avait précédé. Jean-Baptiste avait annoncé Sa venue, mais quand Il eût paru, la révélation fut : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise de l’Esprit Saint ; et j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu ». Tout dépend maintenant de la fidélité avec laquelle cette vérité est conservée. « Celui qui honore le Fils, honore le Père ». La plénitude de la divinité habite en Lui corporellement, et s’il y a quelque défaut dans la manière dont on adhère à Lui comme au parfait révélateur de la pensée et des conseils du Père, cela doit porter un grand préjudice à la bénédiction personnelle et mettre obstacle au témoignage rendu à Dieu, attendu que l’empreinte de Sa substance est effacée. Une fois Christ venu, tout attachement à quelque manifestation antérieure de la vérité que ce soit, ne peut plus être un vrai témoignage ; car, plus cet attachement est vif, plus il implique qu’il n’y en a pas de plus parfaite. Comment un disciple oserait-il laisser peser un pareil doute, quand la plénitude de toutes choses, Christ, le Fils de Dieu est apparu ? Celui qui baptise du Saint Esprit est seul capable de porter secours à l’homme dans le plus bas état de chute, et le relever d’une manière sûre et prompte. Aussi, Paul, s’adressant aux Corinthiens que la mondanité dominait, leur dit : « Je me suis proposé de ne savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ et Lui crucifié », et aux Galates corrompus par une fausse doctrine : « Pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ soit formé en vous ».
Quand nous parlons de Christ, entendons-nous bien. Christ, le Fils du Dieu vivant, fut ici-bas, comme homme, révélant l’amour du Père envers les pécheurs ; à la fin, Il entra tellement Lui-même dans Ses pensées d’amour que sur la croix Il supporta le châtiment dont l’homme était passible ; après l’avoir enduré, après avoir satisfait tous les droits de Dieu, Il s’assit à la droite de la majesté dans les lieux célestes, maintenant la parfaite acceptation de Son peuple en la présence du Père. C’est Lui qui a exprimé et manifesté tous les desseins du Père envers l’homme, Lui parfait serviteur de Dieu et parfait sauveur des hommes. Tel est Christ, révélateur de Dieu. Pour Le présenter sous ce point de vue, je dois me garder de Le mutiler ; je ne dois pas Le montrer tel qu’Il était sur la terre, quelque glorieux et complet qu’y fût Son service, mais bien tel qu’Il est dans le ciel et comme descendant du ciel sur la terre. Et plus la condition de l’Église est défectueuse, plus aussi faut-il, si je désire la voir restaurée et son témoignage renouvelé, que je m’attache avec force à la révélation de Dieu, laquelle Christ est en toute plénitude. Plus la révélation est complète, mieux cela vaut pour l’homme, car plus Dieu se manifeste clairement et plus il est aisé à l’homme de s’approcher de Lui avec confiance et de renoncer à ses penchants naturels.
Mais quelle est l’étendue de la révélation qui nous a été communiquée en dernier lieu ? La connaissons-nous ? En maintenons-nous l’intégrité ? Je ne veux pas dire : En saisissons-nous la vérité tout entière, car elle est infinie, mais pouvons-nous en dessiner les contours et nous efforçons-nous d’en mesurer l’ensemble ? Quelle est donc l’esquisse de la révélation de Dieu, manifestée par l’incarnation, la mort et la résurrection du Fils ? On peut bien dire qu’elle est comprise dans ces mots : « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui nous l’a fait connaître », parce que, de même que toutes les communications précédentes n’avaient été que des figures de Lui, ainsi tout ce qu’Il a déclaré depuis Sa venue, répand un grand jour sur ce qu’Il est en Lui-même. Le Fils est le centre, le cœur de toute la révélation et la connaissance la plus élevée qu’on puisse atteindre, celle des pères (1 Jean 2, 13).
Mais de quelle manière le Fils a-t-Il fait connaître le Père ? La réponse, nous le savons, est, par Sa vie ici-bas, Sa mort, Sa résurrection et Son ascension. La vie du Seigneur Jésus sur la terre faisait connaître le Père, en ce qu’elle était la manifestation de l’intérêt que Dieu portait à l’homme ; le cœur de Celui dont les compassions ne font pas défaut était près de l’homme. Toute misère était allégée, l’incrédulité réprimée. Le Seigneur pouvait dire : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». — En Sa mort, Il répondit à l’amour de Dieu ; la grâce et la vérité vinrent par Lui. Il subit la punition du péché ; Ses paroles furent : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée ? ». Il fut offert pour les péchés de tous, manifestant d’une façon plus éclatante que jamais, le vrai Dieu et Son affection pour l’homme. Les disciples purent apprécier la révélation de Dieu, tandis qu’ils marchaient à côté de Jésus, mais le voleur sur la croix en eu pleine connaissance en la voyant dévoilée dans Sa mort ; et rien de moins que cela n’aurait pu convenir à ses besoins, ou fournir le vrai témoignage. — Non seulement Christ a vécu dans ce monde comme homme, et y est mort pour l’homme, Il est aussi ressuscité, démontrant qu’Il était le Fils de Dieu en puissance selon l’Esprit de sainteté. En ceci Il nous fait encore mieux connaître le Père. Livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification, Sa mort est notre rançon et Sa résurrection le terrain sur lequel est fondée notre paix. Marie-Madeleine et les disciples d’Emmaüs avaient reçu les uns et les autres une partie de la révélation. Ils savaient ce que Jésus était sur la terre et qu’Il était mort, mais ils ignoraient qu’Il était ressuscité et était devenu les prémices de ceux qui dormaient ; c’est pour cela qu’ils n’eurent pas la bénédiction d’une mesure plus complète de vérité et furent incapables de rendre le témoignage qui se rapportait et convenait à ce moment, jusqu’à ce que Jésus Lui-même les en instruisit à Sa manière pleine de grâce, et alors quelle bénédiction et quel témoignage efficace ! — L’ascension de Christ à la droite de Dieu, fut aussi l’occasion d’une révélation plus parfaite de Celui qui avait fait connaître Dieu, parce que l’une de ses conséquences fut la descente du Saint Esprit, dont la mission spéciale était de « rendre témoignage de moi ».
Ce qu’est ce témoignage, voilà la plus complète révélation confiée à l’Église ; elle comprend nécessairement ce que l’apôtre Paul appelle « le conseil de Dieu ». « Je ne me suis point épargné à vous annoncer tout le conseil de Dieu ». La première vérité dont le Saint Esprit nous donne l’assurance est notre parfaite adoption devant Dieu : Christ Lui-même en est le modèle et le Saint Esprit le gage. Il atteste que quoique nous fussions morts dans nos fautes et dans nos péchés, nous sommes ressuscités ensemble avec Christ, et assis ensemble avec Lui dans les lieux célestes. Combien malheureuses et combien incapables de témoigner de la grâce de Dieu sont les âmes qui ne possèdent pas la certitude que Dieu a tellement retrouvé en Christ Sa propre pensée et les désirs de Son cœur, qu’Il peut être juste et justifier tous ceux qui sont de la foi de Jésus ! Voilà ce que le Saint Esprit nous annonce. Il n’opère pas l’assurance, mais Il garantit à l’âme régénérée que Christ est monté auprès du Père ; et voici la confirmation et le gage de ce fait, c’est que quand Il eut accompli la purification de nos péchés, Il s’assit à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. Plus nous en apprécions la valeur, plus l’amour du Père est satisfait ; plus nous y répondons et plus aussi nous Lui rendons honneur. Le même Esprit nous est les arrhes de l’héritage qui nous est réservé en notre qualité de cohéritiers, c’est pourquoi Il scelle notre adoption et garantit notre gloire future avec Christ ; de sorte que nous sommes en même temps heureux dans notre position tout près de Dieu comme pécheurs sauvés, et mis en co-hérédité avec Christ ; aussi est-ce avec un ardent désir que nous attendons Sa venue et Sa gloire, que nous savons intimement unies l’une à l’autre. Il est clair que nulle révélation précédente ne prouvait en aucune manière la bénédiction et la puissance du témoignage au même degré que celle-ci.
Ce n’est pas tout. Dans un monde qui a rejeté le Fils de Dieu, le Saint Esprit bâtit une habitation pour Dieu : le corps de Christ et Sa plénitude. Cette vérité, tenue secrète auparavant, est celle qui touche le plus à la personne de Christ et fait briller le plus Sa gloire : d’abord, que le Saint Esprit, comme fruit de l’œuvre de Christ, posant sur cette pierre angulaire les âmes rachetées, les édifierait en un temple pour Dieu, dans un monde qui L’avait rejeté ; puis, que cet édifice, ces monuments de Sa grâce, quoique composés de divers membres, seraient baptisés par le même Esprit pour être un seul corps comme plénitude de Celui qui remplit tout en tous. — Qu’est-ce qui pouvait être plus important ou plus béni qu’une révélation semblable ? De toutes, c’est assurément la plus grande, la plus parfaite, celle qui honore le plus Christ et qui est la plus glorieuse pour nous. Elle est l’objet tout entier de la mission du Saint Esprit ici-bas. Le reste de Son œuvre ne tend qu’à ce but. C’est ainsi qu’Il accomplit la parole, « il rendra témoignage de moi », c’est-à-dire, en agençant et façonnant les âmes en un seul corps, et les baptisant pour être le corps de Christ et Sa plénitude.
Si cette grande et suprême action du Saint Esprit n’est pas comprise, où y a-t-il place pour la bénédiction du moment ? Comment un témoignage quelconque peut-il être rendu concernant la nature du conseil de Dieu ? Aucune des vérités antérieurement révélées peut-elle suppléer à celle-ci, soit pour l’effet qu’elle exerce sur l’âme, soit pour le caractère du témoignage de Dieu ? Non, certainement. C’est celle-ci qui est la plénitude de la vérité révélée. Regardons autour de nous, examinons les diverses mesures de vie, d’intelligence, que possèdent les chrétiens, cherchons quelle vérité pourrait être en bénédiction aux âmes dans un tel état de choses. Serait-ce une des révélations antérieures, une révélation partielle de Christ ? Elles ont rapport à Christ, dira-t-on ; très bien ! Je souscris de tout cœur à cela ; mais le Saint Esprit nous témoigne en premier lieu que Christ est notre paix, et secondement nous instruit de notre responsabilité vis-à-vis de Lui. Sans Lui nous n’en aurions pas connaissance, car d’où nous viendrait une assurance paisible sinon de la déclaration que Jésus est à la droite de Dieu, et de la certitude que m’en donne l’Esprit Saint ? Celui-ci seul est capable d’en convaincre mon intelligence, parce qu’Il m’annonce de quelle manière Dieu a été satisfait. Qu’est-ce qui pourrait encore me faire mieux comprendre ma responsabilité que ceci, savoir, que je suis partie intégrante du corps de Christ, baptisé en un seul corps dont tout les membres contribuent à la bénédiction les uns des autres, non seulement pour être l’habitation de Dieu, mais la plénitude du Christ rejeté ? Merveilleuse grâce que celle qui nous accorde une telle vocation, si, marchant selon l’esprit de Christ, à la lumière de cette révélation, nous ne nous bornions pas à penser au réveil des âmes, mais tout en nous réjouissant de leur réveil comme une mère de la naissance de son premier-né, nous pourvoyions avec une paternelle sollicitude à leur bien et à leur prospérité future ! — En voyant la vie là, si nous étions en sympathie avec Christ, nous ferions en sorte, en qualité de membres de Son corps, qu’elle répondît au but. Nous veillerions à ce qu’elle fût au ciel avec Christ, et ici-bas pour Christ, comme faisant partie de Lui. Si le Saint Esprit désire voir tous les membres heureux dans leur union avec Christ, et comme tels unis les uns aux autres, occupant chacun la place qui lui est propre ; si la personne de Christ était ici-bas entourée de soins et d’attachement, comment Son corps mystique serait-il l’objet d’un intérêt moins vif ?
Mais de quelle manière montrer notre intérêt et nos soins, si nos yeux ne sont pas éclairés par la révélation que Dieu a donnée de Lui-même ? Si nous nous attachons à une précédente, nous demeurons en arrière de Ses intentions et ne pouvons être Ses témoins. Le réveil ou la vivification des âmes, ou leur guérison, est l’œuvre du Saint Esprit ; mais si nous nous arrêtons là, nous ne comprenons pas la pleine révélation de Christ et ne pouvons agir en conséquence. L’âme peut entrevoir une partie de Son œuvre et en retirer une certaine bénédiction, mais l’amour de Christ reste inconnu et l’on ne saurait y répondre. On n’est pas uni à Lui comme os de Ses os et chair de Sa chair ; on ne Lui rend pas témoignage comme à Celui qui a été rejeté et glorifié. De fait, le grand but du Saint Esprit n’est pas complètement mis de côté, mais il n’est pas atteint. Les conversions, il est vrai, sont pour Christ et ne sauraient être opérées sans la puissance de Dieu ; cependant elles demeurent à l’état de moyens en vue d’un but à atteindre. L’œuvre du Saint Esprit est autant de faire asseoir les âmes avec Christ dans les lieux célestes, que de les vivifier. Ce n’est pas assez pour Lui de les faire simplement naître de nouveau. Il cherche à les faire avancer dans la connaissance entière de la révélation de Dieu qu’Il a manifestée comme le témoignage spécial de l’Église pour Christ. On dira : l’Église est tombée ; c’est vrai, mais le Saint Esprit est encore ici pour témoigner de Christ ; Son œuvre est toujours la même ; Son but ne saurait jamais être abaissé au niveau de l’état de chute de toutes choses autour de nous, et Son but est de nous faire devenir une habitation pour Dieu, comme corps de Christ, comme membres les uns des autres, baptisés, en vue de cela, par Lui-même.
Qu’est-ce que la chute, sinon l’abandon d’une révélation communiquée ? Celle-ci étant le centre, le foyer de toute bénédiction, s’en détourner, voilà la chute ; y retourner, voilà le relèvement. En la perdant de vue, le témoignage est gâté ; en la conservant, la chute est corrigée, et le témoignage rétabli. Tous les témoins qui ont été avant nous l’ont éprouvé, et il y en a une grande nuée.
Un mot en finissant. Tout don spirituel est conféré à l’Église seule. Les dons lui appartiennent, celui d’évangéliste aussi bien que celui de docteur. Tous viennent de l’Église et sont pour sa bénédiction ; de sorte que quiconque possédant un don spirituel l’exerce sans rapport avec l’Église, nie le véritable centre de son service, et l’Église ne peut en conséquence recevoir aucune assistance de lui, comme nous voyons que c’est souvent le cas en effet d’hommes d’ailleurs très bien doués. Ils sont exclusivement occupés de leur don et des effets qu’il produit, et non de la pensée du Seigneur dont ils l’ont reçu. Ils peuvent, sans doute, L’aimer et Le servir, mais ils ne recherchent pas Son conseil, et voilà pourquoi, bien que leur don produise des effets quelquefois bénis, l’Église — objet spécial des soins et de l’intérêt du Saint Esprit — n’en est pas édifiée.
Puisse le Seigneur nous rendre capables non pas seulement de saisir mais de maintenir cette révélation pleine et parfaite, laquelle, tenue cachée pendant de longs siècles, nous a été manifestée comme le point lumineux destiné à nous guider au milieu des ténèbres qui s’appesantissent sur la terre.
Christ Lui-même, en personne et en figure, étant le centre et l’étendue de cette révélation, nous y tenir fermement éclairera et redressera notre étroit sentier ; car elle nous fera vivre constamment avec Sa pensée, Ses sympathies, Ses rapports avec tout ce qui nous environne, et nous tiendra dans la sphère d’activité du Saint Esprit qui est ici pour rendre témoignage de Christ.
- ↑ Ève signifie vivante, vivifiante.
- ↑ Caïn veut dire : acquisition : « Et elle dit : J’ai acquis un homme de par l’Éternel ».