Livre:Jonas, fils d’Amitthaï (E.G.)/Le message de Dieu
« La parole de l’Éternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï, en ces mots : Lève-toi, et t’en va à Ninive, la grande ville, et prêche contre elle, car la malice de ses habitants est montée jusque devant moi. »
Le mot l’Éternel signifie l’Être qui seul existe par Lui-même, Celui qui a été, qui est, et qui sera. « Je suis l’Éternel », dit le Seigneur, « c’est là mon nom — mon mémorial d’âge en âge — et je ne donnerai point ma gloire à un autre ». Mais ce nom, qui est la gloire du Seigneur, désigne en général l’essence divine ; maintenant, à laquelle des personnes de la divinité s’applique-t-il ici ? Est-ce au Père ou au Fils ?
Ce ne peut être à Dieu le Père ; car, dans tout le cours des révélations, Il conserve toujours le caractère de Dieu invisible (1 Tim. 1, 17 ; Héb. 11, 27 ; Col. 1, 15). Il ne s’est jamais manifesté personnellement aux hommes ; « il habite », dit l’apôtre, « une lumière inaccessible ; nul homme ne l’a vu, nul ne peut le voir » (1 Tim. 6). « Personne ne vit jamais Dieu » (Jean 1, 18). « Jamais vous n’ouïtes sa voix, ni ne vîtes sa face », a dit notre Seigneur (Jean 5, 37). « Nul n’a vu le Père », dit-Il encore (Jean 6, 46).
Quelle est donc la personne divine qui se révèle aux enfants des hommes sous l’Ancien Testament, et qui parle au fils d’Amitthaï ?
C’est l’Ange de la face de Dieu (És. 63) ; l’Ange Jéhovah, ou l’Ange (qui est) Jéhovah, Celui qui tout à la fois envoie et est envoyé (Zach. 2, 10, 11) ; c’est l’Ange qui apparut à Abraham sous les chênes de Mamré, à Jacob en Mésopotamie, à Moïse sur le mont Horeb ; l’Ange qui conduisit Israël dans le désert, où ce peuple Le tenta et L’irrita ; qui se montra à Agar délaissée, à Josué sur les rives du Jourdain, aux parents de Samson dans les champs de Tsorha, à toute la nation juive dans la plaine de Bokim. C’est l’Ange de l’alliance (Mal. 3), qui révéla Sa gloire à Ésaïe (És. 6, 3, et Jean 12), et qui inspira les prophètes (1 Pier. 1) ; c’est le capitaine des armées de l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Emmanuel, Dieu avec nous, Jéhovah manifesté ; c’est, en un mot, « le Fils unique qui est dans le sein du Père » et qui « nous l’a fait connaître » (Jean 1). Il remplit tout l’Ancien Testament, d’Adam jusqu’à Malachie ; et, dès Éden, nous Le voyons préluder à cette carrière d’incompréhensible abaissement où Son amour devait un jour Le faire descendre pour nous racheter.
La Parole de Dieu attribue constamment au Fils l’essence et les perfections de Jéhovah, Ses œuvres, le culte qu’Il réclame pour Lui seul, et Ses noms les plus incommunicables. Nous venons d’en rappeler quelques-uns ; il en est un autre qu’Il obtient dans les prophètes, notamment dans Jonas, savoir celui de la Parole de l’Éternel ou de la Parole (qui est) l’Éternel ; car voici ce que dit notre texte : « La Parole de l’Éternel » ou « la Parole l’Éternel fut à Jonas », c’est-à-dire qu’elle s’adressa à lui. Jésus est, en effet, « la Parole l’Éternel ; la Parole qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu » ; la Parole qui manifestait aux patriarches et aux prophètes les pensées et les volontés du Dieu tout-puissant ; cette Parole, enfin, qui, dans la plénitude du temps, devait « se faire chair » pour nous sauver et « habiter au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité » (Jean 1 ; Gal. 4).
C’est donc la Parole avant qu’elle prît notre chair ; c’est le Fils éternel du Père, ou, si l’on veut, c’est Jéhovah dans la personne du Fils, qui parle maintenant à Jonas, et l’envoie à Ninive ; c’est devant Lui que Jonas va donner essor à tout son dépit ; et c’est Lui-même, enfin, qui supportera le prophète avec toute la clémence « du maître débonnaire qui ne brise point le roseau cassé et n’éteint point le lumignon fumant encore ».
La Parole de l’Éternel donne à Jonas un message pour Ninive. Remarquons d’abord que, lorsque le Seigneur a quelque œuvre à faire, les instruments pour l’accomplir ne Lui manquent point. La nature entière est à Ses ordres ; à Sa voix, la terre engloutit Coré et sa bande, la mer submerge Pharaon et son armée, un ange couvre les camps ennemis de blessés à mort, les vers dévorent Hérode, et Jonas menace et sauve Ninive.
Remarquons ensuite que souvent Il choisit les instruments qui peuvent sembler le moins propres à l’accomplissement de Ses desseins, et que, de la créature la plus chétive, Il sait faire, quand Il le veut, l’agent le plus distingué de Ses décrets. Avec Lui, le berger de Jéthro brise l’Égypte ; une orpheline sauve la nation juive de l’épée du cruel Haman ; et un faible et timide Jonas va faire tomber à genoux deux millions d’hommes au pied du trône de Dieu.
« Lève-toi et t’en va à Ninive la grande ville, et prêche contre elle, car la malice de ses habitants est montée jusque devant moi ».
« Lève-toi », dit l’Éternel à Jonas. Le Maître a parlé, le serviteur n’a plus qu’à obéir. Ah ! si Jonas l’eût mieux compris et que d’avance il se fût tenu prêt à aller où il plairait à Dieu de l’envoyer, que d’amertumes il se fût épargnées ! Mais le commandement du Seigneur va le prendre au dépourvu.
« Lève-toi » ! voilà ce que le Seigneur a pareillement le droit de dire à chacun de nous. « Lève-toi » pour aller où je t’envoie, pour faire l’œuvre que je place devant toi. Le racheté de Christ n’a plus la disposition de sa personne. Il n’a à consulter ni sa volonté, ni ses goûts, ni ses intérêts, car il n’est plus à lui-même, mais à Celui qui l’« a acheté à prix ». « Parle, ton serviteur écoute » ; tel est le langage du vrai disciple de Jésus Christ ; son âme, auparavant semblable à une girouette, tournait au gré de tous ses désirs ; maintenant, pareille à l’aiguille aimantée, elle a, quoique parmi beaucoup d’oscillations, une direction générale, fixe et permanente, et cette direction, c’est la volonté de Dieu.
« Lève-toi et t’en va à Ninive la grande ville ». Le Saint-Esprit nous apprend que ce fut Caïn qui bâtit la première ville. Dans l’état actuel de la nature humaine, les villes sont des maux, et les grandes villes de grands maux ; le crime s’y enhardit par le nombre des complices ; à la longue, on ne croit plus mal faire quand on fait comme des millions d’autres. Puis, dans les grandes villes, on a pour pécher plus de liberté qu’ailleurs ; on s’y cache aisément dans la multitude, comme le serpent dans l’épaisseur des buissons, ou le loup dans la profondeur des forêts. Cependant le jour vient, ô doux espoir de la foi ! où les villes ne seront plus des écoles d’immoralité ; où leurs habitants, au lieu d’une influence corruptrice, exerceront les uns sur les autres une action salutaire et bénie. En attendant, le Seigneur tire le bien du mal ; et, tandis que Satan profite de l’agglomération des hommes pour multiplier et propager l’iniquité, Dieu la fait servir à répandre et à affermir la vérité. C’est quelquefois où il y a le plus de ténèbres qu’Il met aussi le plus de lumières. Que de villes ne pourrions-nous pas citer, dont Il a fait et fait encore pour le monde des foyers de lumière et de vie ! Toutefois, ce ne sont là que des exceptions, et cette triste vérité demeure : c’est que les villes sont des maux, les grandes villes de grands maux, les séminaires du vice, des universités, s’il est permis de les nommer ainsi, des universités du prince de la puissance de l’air, où ses plus brillants sujets se préparent pour occuper ensuite dans son royaume les postes les plus éminents. Plus les fils déchus du premier transgresseur vivent rapprochés les uns des autres, plus ils se corrompent mutuellement ; chacun d’eux apportant à la masse commune de méchanceté sa part de dépravation, le trésor grossit de jour en jour, l’iniquité s’entasse ; plus le Seigneur bénit, plus on L’offense ; avec Sa patience grandit la rébellion. C’était le cas de Ninive. Malheur à elle ! car Il vient, Il vient pour la frapper.
Mais Il s’avance à pas lents, le Seigneur, quand Il vient pour punir ; Il s’arrête fréquemment en chemin, et envoie devant Lui Ses messagers pour signifier de Sa part aux pécheurs qu’ils se repentent ou qu’ils périssent. Noé menace en Son nom l’ancien monde, Lot l’impure Sodome, et Jonas la criminelle Ninive.
« Va », lui dit le Seigneur, « et prêche contre elle ; car la malice de ses habitants est montée jusque devant moi ». La malice de Ninive est montée devant l’Éternel, comme autrefois étaient montés devant Lui le meurtre de Caïn et le crime de Sodome. Au cri de ses iniquités va répondre celui de la colère de Dieu. Tel est le sinistre message que Jonas doit proclamer dans toutes les places de la cité, devant l’humble asile du pauvre, comme devant la somptueuse demeure du riche et le palais du roi.
Mais ce n’est pas seulement à Ninive que s’adresse le solennel avertissement ; c’est à toutes les cités et à toutes les nations qui ne craignent point Dieu ; c’est avant tout à la chrétienté. Autant sont glorieuses ses prérogatives, autant sa condamnation sera grande. Dieu a vu ses iniquités. Son audacieuse incrédulité, son odieux formalisme, le progrès effrayant de son esprit de licence, de révolte et d’anarchie, le débordement de sa corruption, tous ses crimes sont montés jusque devant Lui. La vendange de la terre mûrit rapidement ; Dieu va se lever pour la « fouler dans la cuve de sa colère et de son indignation » (Apoc. 14) ; Il va se lever pour « exercer sa vengeance sur ceux qui n’obéissent point à la bonne nouvelle de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Thess. 1). Il commencera et Il achèvera. Telle est la ferme et irrévocable parole que l’Église, fidèle écho de la voix du Seigneur, doit faire retentir au milieu du monde ; telle est la parole que chaque enfant de Sion doit répéter à ses parents, à ses amis, à ses compatriotes.
« Prêche contre Ninive », dit l’Éternel à Jonas, « car la malice de ses habitants est montée jusque devant moi ». Il est donc bien vrai que, en dépit de tous les beaux raisonnements, à l’aide desquels notre « cœur désespérément rusé » cherche trop souvent à se rassurer lui-même contre des châtiments que néanmoins il redoute en secret ; il est donc vrai que le cri de nos péchés monte jusque devant Dieu ; que, « du lieu de sa résidence, il prend garde à toutes nos actions » et « qu’il met devant la clarté de sa face nos fautes cachées ». Notre cœur charnel ne le croit pas ou feint de ne le pas croire ; « l’Éternel », dit-il, « ne nous fera ni bien ni mal » (Soph. 1, 12) ; la pensée d’un Dieu qui voit tout, qui enregistre tout dans Son livre, est pour lui la plus importune des pensées ; à tout prix, il voudrait éloigner ce Dieu du monde qu’Il a fait, le reléguer, pour ainsi dire, et le confiner dans Son ciel. Aussi, voyez comme il le nomme ! L’Être suprême, l’Être des êtres, trop grand et trop haut pour s’abaisser jusqu’à regarder à nos chétives personnes et à compter toutes nos faiblesses ! Sous le voile de l’adoration il cache l’incrédulité, la haine et la révolte. Mais, pécheur ! Il t’a vu, ce Dieu, dans ton cabinet ; Il a lu, ce Dieu, dans les replis les plus secrets de ton être ; et tout ce que tu as pensé, dit ou fait de mal pendant ta vie, tout cela est monté jusqu’à Lui et demeure devant Sa face. Il t’a plu de L’éloigner de ton souvenir ; mais Lui ne l’a point oublié, et, à moins que tu ne te convertisses, Il « déduira le tout par ordre en ta présence » (Ps. 50), dans ce grand jour que Sa Parole appelle la colère à venir.
« La colère à venir » ! As-tu compris ce mot, pécheur ? Tous les fléaux de Dieu réunis, tous les jugements dont Il a jusqu’ici visité la terre, cet effroyable amas de maux n’est encore qu’un léger aperçu de la colère à venir, et comme une étincelle auprès d’un immense incendie. Au nom de ton salut, arrête-toi donc enfin devant ce mot : la colère à venir ; pèse ce mot, la colère à venir ; tremble devant ce mot, la colère à venir ! Et, sans plus attendre, sauve-toi dans les bras de Celui qui vint du ciel pour nous en délivrer (1 Thess. 1). Tout ce qu’il y a de menaces et de malédictions dans la loi ; de courroux, de haine et d’indignation pour le mal dans le cœur du Dieu saint ; d’ardeurs consumantes dans le sein du Dieu juste, et de puissance pour briser le coupable dans le bras du Dieu fort ; tout ce qu’il y a de terreurs, d’agonies et de tourments dans la prison (1 Pier. 3) où gémissent les méchants ; tout ce qu’il y aura de tortures de l’âme et du corps dans le feu éternel où les réprouvés seront jetés au dernier jour : Christ l’a senti, Christ l’a subi pour tous ceux qui croient en Son nom. Cet amer calice de colère et de malédiction, Jésus l’a épuisé jusqu’à la lie, ne laissant à l’âme qui met en Lui son espoir que la coupe du salut. Dès lors, nous ne voyons plus que deux classes d’hommes : ceux qui, croyant au Sauveur, savent qu’ils ont déjà reçu, dans le corps de Christ (Rom. 7, 4) la condamnation qu’ils avaient méritée (Rom. 8, 1-3) ; et ceux qui, ne cherchant pas en Lui leur refuge, ont encore devant eux la colère, « la colère qui vient », dit l’apôtre (Éph. 5), l’horrible perspective de souffrir personnellement, sous la main de Dieu, tout ce que Jésus endura de tortures à Gethsémané et au Calvaire. Lecteur ! à laquelle de ces deux classes appartiens-tu ? Pour toi la colère est-elle encore à venir ou si déjà elle est venue ? Telle est la solennelle question que nous plaçons devant toi.
Revenons aux paroles qui nous ont inspiré ces réflexions. C’était sans contredit un difficile et périlleux message que celui que Dieu confiait à Jonas ; mais que de raisons celui-ci n’avait-il pas pour l’accomplir : le droit et l’autorité de Celui qui non seulement l’avait éclairé des lumières de Sa révélation, mais l’avait investi de la charge de prophète ; l’amour de tant de myriades d’âmes immortelles que ses paroles, bénies d’en haut, pouvaient sauver des jugements de Dieu ; et la pensée enfin que, si de grands périls le menaçaient dans l’accomplissement de sa tâche, le bras du Dominateur de la terre était là pour les détourner de lui ?
C’est un message beaucoup plus humble, mais, avons-nous dit, c’est pourtant un message analogue que celui que le Seigneur confie à tous Ses enfants et principalement à Ses serviteurs, quand Il leur commande d’annoncer avec bonté mais sans détour, avec charité mais sans réticence, Sa justice et Ses jugements, à leurs parents, à leurs amis, à tous leurs entours, « et qu’à moins qu’ils ne se convertissent, ils périront » certainement (Luc 13). Et ce message qu’Il nous confie, n’avons-nous pas, frères bien-aimés, les mêmes raisons que Jonas pour l’accomplir : le droit et l’autorité de Celui qui nous a créés et rachetés pour Lui obéir, qui nous a introduits dans la « royale sacrificature » pour « annoncer ses vertus merveilleuses », l’amour des âmes immortelles dont nos avertissements, bénis de Dieu, pourront détourner plusieurs de la fosse éternelle où elles courent se jeter ; la certitude enfin que le Seigneur est là pour nous aider à délivrer convenablement le message qu’Il a commis à notre faiblesse ? Ah ! s’il y a dans notre esprit l’intelligence, même la plus élémentaire, de Ses droits à notre égard et du but pour lequel Il nous a appelés à Sa précieuse connaissance ; s’il y a dans notre cœur la moindre étincelle de vraie charité et la mesure de foi la plus ordinaire à cette solennelle et irrévocable Parole : « Qui croit au Fils a la vie, mais qui désobéit au Fils ne verra point la vie », pourrons-nous, sans les avertir, voir ceux que nous professons d’aimer, s’avancer, impénitents, insoucieux et légers, à la rencontre de la colère qui vient, au-devant du lac ardent de feu et de soufre, et de la mort seconde ?
Après avoir indiqué l’idée morale de notre texte, abordons-en l’idée typique. Le sens symbolique du livre apparaît dès le début. Tout ce que la longue succession des prophètes subséquents allait déclarer au sujet des peuples païens, de leur châtiment, puis de leur conversion, Dieu l’exprime d’avance, en un langage tout parabolique, dans l’histoire de leur avant-coureur, le prophète de Gath-Hépher, chargé de porter aux Ninivites une parole de condamnation, mais avec une arrière-pensée évidente de miséricorde. Jonas, c’est Jésus Christ, le grand messager du Père auprès des nations ; c’est aussi, je pense, Israël en tant qu’il est auprès des autres peuples l’instrument choisi du Seigneur, le porteur privilégié de Ses paroles. Ninive, la principale ville des nations, c’est le monde païen, c’est la gentilité ; et, comme Jonas, après avoir reçu pour Éphraïm un message de miséricorde et de délivrance et lui avoir annoncé qu’il vaincrait le Syrien, son oppresseur, reçut ensuite pour la cité païenne un message de condamnation, mais, avons-nous ajouté, avec une arrière-pensée manifeste de pardon pour la repentance ; ainsi le Seigneur Jésus, après avoir adressé à Ses frères selon la chair les bonnes nouvelles de Dieu, devait faire annoncer ensuite aux Gentils, par douze Hébreux Ses ministres, « la repentance et la rémission des péchés par la foi en son nom ».
C’est ainsi que, dès son alpha, le livre laisse entrevoir le cœur de l’Éternel et les pensées de Sa miséricorde envers les nations ; c’est ainsi qu’il laisse deviner les plans de Celui qui est le Dieu des païens aussi bien que des Juifs (Rom. 3). Jusqu’à ce jour le Seigneur a, par le ministère de Ses témoins , « visité les nations afin d’en tirer un peuple pour son nom » (Act. 15) ; aussitôt qu’Il aura achevé de rassembler ce peuple, dès que la « plénitude des Gentils sera entrée » (Rom. 11), prenant le balai de destruction, Il balaiera, par d’illustres jugements, la terre prophétique, des méchants qui la corrompent (És. 14 ; 63 ; Joël 3 ; Zach. 14 ; Apoc. 11 ; 19 ; etc.). Puis, Il « rétablira le tabernacle de David qui est tombé » (Amos 9)[1] ; Il rassemblera les brebis perdues de la maison d’Israël, et, par l’organe du peuple de Jacob, mais alors de ce peuple en entier converti, Il appellera les nations en tant que nations, à la pleine possession de Sa grâce éternelle en Jésus Christ (És. 2 ; Zach. 8 ; 14 ; Mich. 4 ; etc.). — Qu’il est doux de retrouver ainsi, dans tout l’Ancien Testament, Jésus et les desseins du Père, et d’y voir resplendir à chaque page le nom de Celui qui est précieux à notre âme ! Ah ! veuille le Seigneur, par Son Esprit, nous donner de plus en plus l’intelligence de Ses divins oracles, et nous en rendre ainsi la lecture toujours plus attrayante et toujours plus utile.
- ↑ La parole d’Amos (9, 11, 12), citée par saint Pierre (Act. 15, 14 et suiv.). — Pierre cite la parole d’Amos, mais dans une intention fort générale et uniquement, je pense, pour confirmer le point en question, savoir la vocation des Gentils. Il ne dit pas qu’elle obtienne alors son plein accomplissement. Elle recevait, quant aux Gentils, un commencement d’exécution. Mais elle ne se réalisera complètement à leur égard qu’après le relèvement du tabernacle de David, c’est-à-dire après le rétablissement de la nation juive, ainsi que le montre une lecture attentive du chapitre d’Amos. La même remarque s’applique en général à toutes les prophéties de l’Ancien Testament, rapportées dans le Nouveau. Soit qu’elles regardent les Gentils ou les Juifs, elles ne reçurent, à l’origine de l’économie actuelle, qu’un commencement d’accomplissement ; leur réalisation pleine, complète, supérieure, est, à notre avis, réservée pour la prochaine dispensation.