Messager Évangélique:La conversion de Job, ou Dieu qui justifie
C. Stanley
Le témoignage de la Parole inspirée quant à Job, cet homme des jours anciens, c’est qu’il était un véritable homme de Dieu, intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal (1, 1). Les biens de cet homme étaient considérables, car Dieu l’avait béni de bénédictions terrestres — sur la terre. Il est important de remarquer ceci avant que Job soit mis dans la fournaise. La droiture de son caractère est hors de question, d’après le témoignage de Dieu.
Le témoignage de la Parole est de même tout aussi clair, quant à tout enfant de Dieu, sous cette dispensation, quelque éprouvé et battu qu’il puisse être. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1, 3). Nous ne sommes pas bénis, ici-bas, de biens qui peuvent être détruits ; mais bénis, dans les lieux célestes, en Christ. Remarquez quelle certitude — Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans le Christ Jésus. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, qui ne se peut flétrir, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1 Pierre 1, 3-5). Ainsi la bénédiction du croyant dans ces deux chapitres, Éphésiens 1 et 1 Pierre 1, est en brillant contraste même avec celle du « plus puissant des Orientaux ». L’héritage de Job pouvait se flétrir, mais non pas celui du chrétien.
Ainsi donc, avant d’entrer sur la scène de ce terrible combat, que le chrétien soit bien fondé sur le témoignage de Dieu, quant à tout ce qui pour lui est absolument certain. Il est parfaitement évident, d’après la Parole de Dieu, qu’il a la rédemption par le précieux sang de Christ, savoir la rémission des péchés. Son héritage dans les lieux célestes ne saurait lui être plus fermement assuré ; car le Seigneur Jésus, qui mourut pour ses péchés, est ressuscité d’entre les morts, et est monté en haut afin de prendre et de garder la possession des lieux célestes pour lui. Cette possession n’est-elle pas, par conséquent, aussi assurée au croyant que s’il la tenait déjà ? C’est-à-dire pourrait-il la posséder d’une manière plus certaine que Christ, dans la gloire, la possède pour lui ? C’est une question vidée : l’héritage est conservé dans les cieux pour lui. Mais, dira-t-on, tout en étant enfant de Dieu, ne peut-il pas tomber, et tomber de manière à perdre après tout cet héritage ? Non, cela aussi est prévu ; il est conservé « pour ceux qui sont gardés par la puissance de Dieu ». C’est ainsi, ô chrétien timide et tremblant, que le témoignage de la Parole rend toutes choses claires et certaines pour toi. Le témoignage de Dieu, quant à Job, était celui-ci : qu’il était « intègre [ou parfait] et droit, craignant Dieu et se détournant du mal ». Et encore une fois, quant à la position du croyant maintenant, comme le témoignage en est clair : « Car par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10). « Et vous êtes accomplis en Lui » (Col. 2, 10). Et l’amour pour Dieu, l’amour de la sainteté et la haine du mal ne sont-ils pas les traits caractéristiques de tout homme qui est né de Dieu (1 Jean 3, 6-10) ? Ainsi comme le témoignage de Dieu avait tout d’abord déterminé la bénédiction et le caractère de Job, de même le témoignage de la Parole détermine maintenant la bénédiction et le caractère de tout enfant de Dieu.
Le voile qui couvre pour nous le monde invisible est levé, si nous pouvons parler ainsi. Satan entre parmi les fils de Dieu. Il vient de courir çà et là par la terre et de s’y promener. C’est le grand adversaire dont Pierre nous dit qu’il rôde tout autour comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. Le Seigneur, afin de nous montrer ce qu’est cet ennemi pour nous, adresse une question à Satan : « N’as-tu point considéré mon serviteur Job ? » et Satan avait considéré le cas de Job en effet. Ah ! bien souvent, lorsque nous ne nous en doutons guère, Satan peut être occupé à nous surveiller, à considérer avec toute l’expérience des siècles, quelles sont les tentations qui seraient le mieux adaptées à notre cas particulier, qui pourraient le mieux nous entraîner. Votre porte peut être fermée et vous pouvez l’oublier, mais il peut se trouver là veillant sur vous, et veillant avec la plus profonde malignité, cet être réel, ce réel adversaire, Satan. Il ne serait pas plus réel quand nous le verrions de nos yeux. Dieu a béni Job et c’en est assez pour remplir de haine le cœur de Satan. Maintenant va commencer l’épreuve permise. Elle était nécessaire. Et jamais Satan n’a la permission de nous cribler, sans que cela soit nécessaire. À l’égard de tout véritable enfant de Dieu, Satan peut être sûr qu’il sera dupe de sa propre ruse. Dieu fera tourner toutes choses au bien au croyant.
Qui aurait cru possible que Satan eût un pareil pouvoir, si Dieu ne nous l’eût pas révélé dans ce livre ? Les fils et les filles de Job, ainsi que le monde de nos jours, sont occupés à manger et à boire, se doutant peu de la soudaine destruction qui les attend. Les bœufs labouraient, et les ânesses paissaient tout auprès, chaque chose suivant son cours ordinaire. Ô monde à l’aspect si riant ! il pourrait n’y avoir pas de tentateur au-dedans de toi. Comme Satan a vite et habilement accompli son œuvre ! Les Sabéens sont tombés sur les bœufs et les ânesses, et les ont pris, et ils ont frappé les serviteurs au tranchant de l’épée ; un seul d’entre eux est échappé pour le rapporter à Job. Nous entendons parler d’une invasion redoutée, de levées de troupes, de menaces d’un puissant ennemi, etc. ; mais combien peu de personnes pensent à ce grand adversaire, Satan, « le prince de l’autorité de l’air » (Éph. 2, 2), « le dieu de ce siècle » (2 Cor. 4, 4), le grand moteur des dernières scènes de la méchanceté humaine (Apoc. 13, 4 ; 20, 7, 8). C’était Satan qui avait amené les Sabéens contre les biens et les serviteurs de Job. Il est meurtrier dès le commencement. Et comme le serviteur parlait encore, il en vint un autre qui lui dit : « Le feu de Dieu est tombé des cieux, et a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Tout étrange que cela puisse paraître, Satan fera usage encore une fois de cette même puissance. « Et elle [la seconde Bête] fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes » (Apoc. 13, 13). « Et comme celui-là parlait encore, un autre arriva et dit : Les Chaldéens, rangés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont pris, et ont frappé les serviteurs au tranchant de l’épée, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Quelque terrible que fussent ces nouvelles, il y en avait de plus terribles encore. « Comme celui-là parlait encore, un autre arriva et dit : Tes fils et filles mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné ; et voici, un grand vent s’est levé de delà le désert et a heurté contre les quatre coins de la maison, qui est tombée sur ces jeunes gens, et ils sont morts, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Ainsi commençait la bataille comme par un feu roulant de mousquèterie. Oh ! quelle douleur pour un cœur de père, que la nouvelle de la mort d’un enfant ; mais quelque pénible que cela fût pour Job, et quelque terrible que fût cette première partie du combat, la grosse artillerie de Satan n’était pas encore à l’œuvre. Jusque-là Job tient bon : « l’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté ; le nom de l’Éternel soit béni ».
De nouveau Satan, l’accusateur des frères, nous est présenté. Il est encore parmi les fils de Dieu, accusant Job. Il a échoué dans son attaque, mais il n’a pas cessé, pour cela, de considérer Job et de chercher à le détruire.
Dieu répète Son témoignage, et il est bon aussi que nous revenions au premier témoignage de la Parole, après chacun des assauts de notre mortel ennemi. C’est précisément dans cette même épître aux Éphésiens, qui expose notre glorieuse et assurée position dans le Christ ressuscité, que nous sommes exhortés à revêtir l’armure complète de Dieu ; et l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu ne doit pas être oubliée. « Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme devant les artifices du diable ». Ce n’est pas contre les Sabéens, contre les Chaldéens, ni contre le feu et le vent, qu’est notre lutte, mais contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes.
« Et l’Éternel dit à Satan : Voici, il est en ta main, seulement ne touche point à sa vie ». Heureux sommes-nous de savoir que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Satan peut avoir la permission de brûler notre corps sur l’échafaud, mais il ne saurait toucher à la vie éternelle — celle-ci ne peut jamais mourir. C’est seulement déloger pour être avec Christ, et cela est de beaucoup meilleur.
« Ainsi Satan sortit de la présence de l’Éternel, et frappa Job d’un ulcère malin depuis la plante de son pied jusqu’au sommet de sa tête ». Ainsi comme les bénédictions de Job étaient terrestres, en contraste avec les nôtres qui sont célestes, de même ses afflictions étaient corporelles, en contraste avec les nôtres qui sont spirituelles. Et comme il fut permis à Satan d’agir sur le corps de Job et de le plonger dans la plus profonde douleur — pauvre homme, quel tableau nous en est donné ! — il se grattait et était assis dans les cendres — de la même manière il peut être permis à Satan d’agir sur notre vieille nature charnelle, en sorte que, spirituellement, nous trouvons que, depuis le sommet de la tête à la plante des pieds, il n’y a rien d’entier en nous, il n’y a que blessure, meurtrissure et plaie purulente. Ah ! c’est alors que Satan met en avant son artillerie de réserve. Le premier coup qu’il dirige sur Job maintenant, ce sont les paroles de sa femme étonnée et irritée, qui dit : « Conserveras-tu encore ton intégrité ? Maudis Dieu et meurs ». Combien la réponse de Job est frappante. Discernant sans doute la détresse de sa femme à la vue de son affliction, et prenant le meilleur côté de la chose, il répond de manière à lui laisser voir qu’il la croit au fond meilleure que ne l’impliquent ses paroles : « Tu parles comme une femme insensée ». Il ne dit pas : Tu es une femme insensée, mais : Tu parles comme si tu en étais une. « Quoi ! nous recevrions de Dieu les biens, et nous n’en recevrions pas les maux ! En tout cela Job ne pécha point de ses lèvres ». Quel caractère vraiment beau que celui de Job ! Assurément un des plus beaux entre les fils de l’humanité déchue. L’Éternel avait dit de lui : « Il n’a point d’égal sur la terre ». Il est à remarquer que quand les trois amis de Job, Éliphaz, Bildad et Tsophar, entrent en scène, nous n’entendons plus parler de Satan. Et quels instruments plus acérés Satan pourrait-il employer, que des amis qui se trompent sur votre compte ? Être mal jugé, mal compris de ceux que nous aimons ; certes, c’est là de l’amertume. Et à cet égard que n’a pas enduré notre précieux Sauveur, alors qu’Il vint chez soi et que les siens ne L’ont point reçu.
Mais pour en revenir à Job, nous pouvons nous former une idée de l’amertume de son angoisse par l’effet qu’elle produisit sur ses trois amis. « Ils s’assirent à terre avec lui pendant sept jours et sept nuits, et nul d’eux ne lui dit rien, parce qu’ils voyaient que sa douleur était fort grande ». Telle était la souffrance de Job ; et c’est là, je pense, comme un tableau de la profonde angoisse de cœur de plus d’un véritable enfant de Dieu, qui, comme Job, connaissant la rédemption, mais ne connaissant pas la vivante et toute puissante sacrificature de Christ, et qui, peut-être, après des années d’heureuse jouissance de Christ, pour autant du moins qu’il Le connaissait, trouvant que sa chair est toujours aussi affreusement corrompue que jamais, voit peut-être comme en un moment toute son espérance d’amendement évanouie et détruite ! Job n’aurait pu poser le doigt sur une partie quelconque de son corps qui ne fût pas une plaie. Et le croyant, tôt ou tard, devra voir lui aussi, qu’il n’y a, dans sa vieille nature, absolument rien sur quoi il puisse se reposer. Et puis autre chose est de parler, autre chose encore de savoir que tout ce que je suis dans le premier Adam est flétri et mort devant Dieu. Heureux sommes-nous, quand nous avons appris cela, d’apercevoir aussi le brillant côté de résurrection du pauvre Job.
Chapitre 3. Enfin Job ouvre la bouche, et quelle douleur, quelle amertume ! Puis il termine par ces paroles : « Ce que je craignais le plus m’est arrivé, et ce que j’appréhendais m’est survenu. Je n’ai point eu de paix, je n’ai point eu de repos, ni de calme ; toutefois le trouble est arrivé ».
Il se peut qu’il en ait été ainsi de mon lecteur. Le vrai croyant ne redoute rien tant que le péché ; et cependant ce qu’il craignait le plus, le péché, oui, le péché, encore le péché et toujours le péché, il le voit en lui ; et pourtant il le craint, il le hait, il avait parfois combattu à outrance pour s’en débarrasser entièrement et quelquefois il avait espéré d’en avoir fini avec lui, et puis de nouveau il le sent, le voit revenir, se relever, et se retrouve toujours le même ; ah ! cela ne semble-t-il pas devoir ôter toute espèce de paix ? — Nul repos, nul calme, mais au contraire le trouble qui arrive, comme dans le cas de Job. Jusqu’à ce que la leçon de Job soit apprise, je sais qu’il en est ainsi de tout enfant de Dieu. Oui, et l’amertume de votre angoisse sera précisément en proportion avec votre amour pour Dieu et avec votre haine pour le péché. N’avez-vous pas, depuis votre conversion, éprouvé du dégoût pour le péché ? N’a-t-il pas pesé lourdement sur votre âme, à tel point que, semblable à Job, qui désirait n’être jamais né, vous avez presque désiré n’avoir jamais été converti, ou du moins douté de l’être ? Hélas ! vous avez peut-être été bien plus de sept jours avec quelqu’un de vos intimes amis, avant de pouvoir ouvrir votre cœur. Vous ne vous attendiez guère à vous trouver si méchant.
Maintenant voilà Satan qui renouvelle l’attaque au moyen de l’ami Éliphaz. Des flèches empoisonnées partent de ses lèvres, dans le chapitre 4, 3-8 : « Voilà, tu en as enseigné plusieurs ». C’est une chose terrible quand Satan parvient ainsi à fixer les pensées d’un pauvre croyant sur lui-même. « Quoi ! dit-il, est-ce bien toi ? toi qui as fait une si haute profession ? toi qui instruis les autres ? — toi à qui l’on s’attend ? Ah ! le bel opprobre que tu vas jeter sur le nom de Christ, si le monde vient à connaître tout ce que tu es. Ton péché est effrayant, précisément en raison de la profession que tu fais ». Oui, et quelquefois il persuaderait volontiers à l’âme tremblante, que son péché est tellement aggravé à cause de sa profession ouverte, qu’il ne peut plus être pardonné ; et alors si cela ne suffit pas, le voilà, prompt comme la pensée, lançant le dard qu’il jeta à Job : « J’ai vu que ceux qui labourent l’iniquité, et qui sèment l’outrage, les moissonnent. Ils périssent par le souffle de Dieu ». Voilà le bout aigu du grand coin de Satan. C’est la première insinuation que Job est un hypocrite. C’est ce même coin que nous lui verrons enfoncer, coup après coup, à mesure que nous irons en avant dans le livre.
Que le croyant se tienne en garde contre le coin de Satan ; il pourra par exemple vous insinuer ceci : « Oui, tout cela est très vrai pour ceux qui font partie du peuple de Dieu ; certainement ils ont la rédemption par le sang de Christ ; je ne te dis pas de douter de cela. Mais ne m’est-il pas permis de faire cette question : Si tu étais un enfant de Dieu, serais-tu aussi méchant ? N’es-tu pas un hypocrite ? Qu’en penses-tu ? ». Ah ! voici un terrain sur lequel, si le chrétien s’y laisse entraîner, il reçoit un terrible soufflet. Sans doute il est très vrai que ceux qui sèment l’iniquité la moissonnent, et cela sera toujours vrai. Ils périssent par le souffle de Dieu. Mais cela était mal appliqué quant à Job, c’eût été appliqué à faux dans le cas de Pierre, bien qu’il eût renié son Seigneur ; c’eût été justement appliqué à Judas. Lui avait semé l’iniquité. Il cherchait une occasion de livrer son Maître. Il n’en était pas ainsi de Pierre, bien que, en présence de la tentation, il se soit trouvé complètement sans force. Voilà justement la différence entre un croyant et un hypocrite. Le péché n’est pas l’objet du croyant : il ne cherche pas des occasions de trahir Christ, quoique, hélas ! comme Pierre, en présence de la tentation, il puisse se trouver dépourvu de toute force.
Maintenant c’est cette fausse application de la vérité, dont Satan se servit dans les discours des amis de Job. Le chapitre 6 nous fait voir quelle secousse terrible cela causa au malheureux Job. « Plût à Dieu, dit-il, que mon indignation fût bien pesée, et qu’on mît ensemble dans une balance ma calamité ! Elle serait plus pesante que le sable de la mer. Parce que les flèches du Tout-puissant sont au-dedans de moi, mon esprit en suce le venin ; les frayeurs de Dieu se dressent en bataille contre moi ». Job se trompait grandement : ces flèches étaient les flèches de Satan. Dieu n’était pas contre Job. Si seulement il avait su que, au contraire, Dieu était pour lui.
Combien grande est la détresse de l’âme lorsque Satan peut ainsi insinuer que Dieu est contre le croyant, comme il parvient à grossir chaque épreuve, chaque affliction ! « À présent, dit-il, est-ce que cela ne montre pas que tu es un hypocrite et que Dieu est contre toi ? Maintenant, il va te traiter comme tes péchés le méritent ». Oui, et combien le cœur incrédule est vite prêt à dire : « Il faut bien que cela soit ainsi. Personne, assurément, n’a eu des sentiments de désespoir pareils à ceux que j’éprouve. Les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. Je croyais être un si bon chrétien, mais maintenant je vois que mes péchés méritent la condamnation la plus sévère ». Hélas ! l’angoisse de Job, quand il fut aux prises avec cette tentation, devint si profonde qu’il demanda à Dieu de le détruire. Soit qu’il dorme soit qu’il veille, il n’y a pour lui aucun soulagement. Il ne trouve personne qui comprenne son état, et ainsi il s’enfonce de plus en plus dans l’abîme de son amertume.
Et quand le croyant passe par ces profondes eaux, combien peu il en est qui comprennent bien son état ! Je n’en connais qu’un seul, dont je vais parler tout à l’heure.
Chapitre 8. Voici maintenant l’ami Bildad, qui vient frapper sur le coin à son tour pour l’enfoncer un peu plus avant. « Le jonc montera-t-il sans qu’il y ait eu du limon ? L’herbe des marais croîtra-t-elle sans eau ? Ne se flétrira-t-elle pas même avant toute herbe, bien qu’elle soit encore en sa verdure, et qu’on ne la cueille point. Il en sera ainsi des voies de ceux qui oublient Dieu, et l’attente de l’hypocrite périra » etc. Tout cela est vrai des auditeurs, semblables aux lieux rocailleux ; mais cela n’était pas vrai de Job, et cela n’est pas vrai non plus de celui qui se confie sincèrement en Christ. L’eau qui est en lui est une source qui jaillit en vie éternelle. « L’attente de l’hypocrite périra », mais la plus faible des brebis de Jésus ne périra jamais. Si l’on va regarder à sa propre verdure, je veux dire à celle qu’on s’imagine avoir — à sa bonté vantée, oh ! alors, cela en effet se fane, et de cette manière Satan a l’avantage. Il peut y avoir beaucoup de fraîcheur d’âme à la conversion — comme dans l’herbe des marais ; mais gardez-vous de vous y fier ; car bien souvent la réaction a lieu en proportion de l’exubérance de la joie, quand on découvre le vrai caractère de la chair. Alors voici, les dards enflammés qui arrivent en masse, tels que : « Je me suis fait illusion à moi-même. Je n’éprouve plus ce que j’éprouvais autrefois. Peut-être, n’ai-je pas de racine en Christ ». « L’attente de l’hypocrite périra ». Oh ! alors quelle obscurité d’âme — quelle perplexité ! L’œil a cessé de regarder à Christ. Le cœur en est venu à écouter Satan. Même la toute première question, celle de la justification, redevient indécise. Prenez garde aux coups de Bildad.
Chapitre 9. Ce chapitre nous découvre l’état du cœur de Job. Il dit : « Certainement je sais que cela est ainsi. Et comment l’homme mortel se justifierait-il devant Dieu ? ». Il se présente devant Dieu comme juge, et grande est sa perplexité. De mille articles il ne saurait lui répondre sur un seul. « Je suis épouvanté de tous mes tourments. Je sais que tu ne me jugeras point innocent ». Pauvre Job ! il ne sait maintenant de quel côté se tourner. Et n’est-ce pas le cas de tout croyant du moment qu’il se présente devant Dieu comme juge ? Comment peut-il — comment pouvez-vous être juste devant Dieu ? Ne suffit-il pas d’un seul péché entre mille autres pour vous condamner entièrement ? Cependant, c’est l’effort désespéré de Job et celui de tout cœur d’homme, de vouloir être juste devant Dieu. « Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera ». Comment ! est-ce que Dieu sait que vous êtes innocent ? C’est bien tout le contraire. Mais lors de votre conversion, vous espériez le devenir. En a-t-il été ainsi ? Pouvez-vous regarder la face de Dieu comme celle d’un juge et dire que vous avez été innocent depuis votre conversion ? Impossible. Dans ce cas la pensée de vous tenir devant Dieu comme juge, ne vous effraie-t-elle pas ? Certainement Job sentait qu’il était entièrement impossible de se tenir devant Dieu, Juge, et d’être trouvé juste ; et de là le sentiment profond de la nécessité d’un médiateur, ou arbitre. « Car Dieu n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, et que nous allions ensemble en jugement. Entre nous, il n’y a point d’arbitre qui interpose sa main entre nous deux. Qu’il éloigne de moi sa verge, et que ses terreurs ne m’effrayent plus ».
Chapitre 10. La pensée de Dieu, Juge, remplit Job de confusion. Elle en vient à être pour lui ce qu’il exprime par ces paroles : « Tu vas, tel qu’un grand lion, me donner la chasse ». Il y a aussi contrition et humiliation devant Dieu. Mais tout n’est encore qu’obscurité et véritable ombre de mort. Quelle pouvait être la cause de tout ceci ? Et quelle est, ajouterai-je, la cause pour laquelle tant de chers enfants de Dieu peuvent se trouver dans la même obscurité et la même incertitude ? Parcourons ensemble le livre, et nous parviendrons à trouver cette cause.
Chapitre 11. C’est Tsophar, ami de Job, qui prend la parole. Il expose la majesté de Dieu, mais c’est seulement pour écraser Job. Il voit que Job a tort de chercher à être pur à ses propres yeux ; et dans son zèle il dit : « Il serait à souhaiter que Dieu parlât, et qu’il ouvrît ses lèvres contre toi ». Mais pour lui, il ne sait pas ou ne peut pas montrer à Job comment il peut être pécheur, et néanmoins justifié. Il peut bien dire que si Job n’était pas pécheur, ce serait fort heureux pour lui. Mais c’est là tout ce que Tsophar ou les simples lumières humaines peuvent faire. C’est là la religion de l’homme. Il faut que je fasse en sorte de n’être pas pécheur, alors je serai heureux, et Dieu ne sera pas contre moi. Vains efforts encore, vous le voyez, n’est-ce pas ? Vous êtes pécheur. Comment donc pouvez-vous subsister devant un Juge saint ? Voilà la difficulté.
Job répond de nouveau. Lui aussi peut discourir très bien sur la majesté de Dieu dans toutes Ses voies ; mais cela ne saurait décider la question : comment un homme pécheur peut-il être juste devant Dieu ? Un homme peut être capable de parler fort bien sur les astres, sur les pierres — il peut être instruit dans toute la science de ce monde, et néanmoins n’être pas capable de dire comment le pécheur est justifié devant Dieu. La terrible pensée que Dieu est contre lui est toujours là pour angoisser Job. Et quoi de plus accablant que cette affreuse pensée ? À qui pouvez-vous aller si Dieu est contre vous ? Le soleil peut briller, mais, hélas ! ce n’est pas pour vous. Vous pouvez essayer de fuir le péché, mais Satan vous poursuit et le presse sur vous d’autant plus fort. Job a dit à Dieu : « De tes terreurs ne m’épouvante pas » ; c’est là ce qui donne occasion à Éliphaz de renouveler l’attaque.
Chapitre 15. Éliphaz dit : « Tu attentes à la crainte de Dieu, et tu restreins la prière qui s’élève à lui ». C’est encore là une terrible tentation de Satan. Alors que l’âme passe par l’obscurité, il lui semble souvent qu’elle ne peut prier, tant elle est différente de ce qu’elle était auparavant. « À présent, dit Satan, n’est-ce pas une preuve que tu n’es qu’un méchant ? Certainement il faut que tu sois un hypocrite ». « Car l’assemblée des hypocrites sera désolée et le feu dévorera le logis de la corruption. Le méchant est comme en travail d’enfant tous les jours de sa vie ». « Hélas ! dit le croyant, c’est justement ce qui m’arrive. Je n’aime plus à prier comme autrefois. Je suis rempli d’angoisse ». « Vous êtes tous des consolateurs fâcheux », dit Job, et il se désespère toujours davantage. De nouveau lui vient la pensée, que Dieu est contre lui, qu’Il l’a abandonné. « J’étais en repos, et il m’a écrasé ; il m’a saisi au collet, et m’a brisé, et m’a dès lors pris pour son point de mire ». — « Oh ! dit le croyant, comment se fait-il que Dieu permette qu’il en soit ainsi avec moi ? Comment cela est-il possible ? ». Et aussitôt Satan lance une volée de pensées infidèles, que le papier ne saurait contenir.
Puis de nouveau un désir ardent après la sacrificature de Christ se fait jour dans le cœur de Job (16, 21 ; 17, 3). « Oh ! si quelqu’un pouvait plaider pour l’homme auprès de Dieu, comme un homme pour son ami ! Donne-moi, je te prie, donne-moi une caution auprès de toi ; mais qui est-ce qui me touchera dans la main ? ».
Chapitre 18. Bildad reprend sa place dans le plaidoyer. Son intention est bonne, mais ses paroles sont autant de flèches empoisonnées. « La lumière des méchants sera éteinte ». Oui, cela est parfaitement vrai du méchant, mais comme c’est écrasant pour Job ! Les circonstances semblent donner du poids à l’accusation. « Jusques à quand, dit Job, affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de paroles ? Ayez pitié de moi ! Ayez pitié de moi, vous, mes amis, car c’est la main de Dieu qui m’a frappé ! ». Il est étonnant qu’il leur accorde tant de choses, tout en ayant cependant une vue si claire sur certains points. Il dit (19, 25) : « Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il demeurera au dernier jour sur la terre. Et lorsque, après ma peau, ceci aura été rongé, je verrai Dieu de ma chair ; je le verrai moi-même, et mes yeux le verront et non un autre ; mes reins se consument dans mon sein ».
C’est véritablement là un beau rayon de lumière au milieu de tant de ténèbres et de confusion. Il peut de même y avoir souvent une bonne mesure de connaissance de la rédemption et de la gloire future, et, par moments, la jouissance bénie des consolations du Saint Esprit, sans que pour cela la question de la justification soit encore clairement comprise. Et, remarquez-le, cela n’empêche pas Tsophar de redoubler l’attaque à son tour.
Chapitre 20. « Le triomphe des méchants est de courte durée, et la joie de l’hypocrite n’a qu’un instant ». C’était une violente secousse après un moment de répit. Job est quelque peu excité, et repousse vivement cette insinuation, en montrant que quelquefois les méchants prospèrent dans ce monde. Chapitre 22, Éliphaz recommence l’attaque avec fureur. Il dit : « Ta méchanceté n’est-elle pas grande, et tes injustices ne sont-elles pas sans fin ? ». Puis il va frapper Job au point le plus sensible ; il élève de fausses accusations contre lui : « Tu as pris, sans motif, des gages de ton frère ; tu as ôté la robe de ceux qui étaient nus. Tu n’as pas donné de l’eau à boire à celui qui était fatigué du chemin ; tu as refusé ton pain à celui qui avait faim. Tu renvoyais les veuves à vide, et tu laissais briser les bras des orphelins ». Job se plaint amèrement de ces dures inculpations. Il dit : « Ma plainte est pleine d’amertume ; et pourtant la main qui me frappe arrête de son poids l’essor de mon gémissement. Oh ! si je savais comment le trouver, j’irais jusqu’à son trône ». Voilà de nouveau Bildad qui répète la grande difficulté : « Comment l’homme se justifierait-il devant Dieu ? Et comment celui qui est né de femme serait-il pur ? » (chap. 25). Ce qui n’est d’aucun soulagement, d’aucun secours à Job.
Job prononce maintenant son dernier discours — il fait un dernier effort pour se justifier lui-même. Oui, se justifier, voilà la raison pour laquelle il a fallu toutes ces épreuves, toutes ces afflictions. Ses paroles sont touchantes. « Oh ! qui me rendra les mois de jadis… comme j’étais aux jours de ma jeunesse » etc. ; c’est toujours : Oh ! si j’étais. Comme cela ressemble aux souhaits illusoires de l’âme qui s’éloigne de Christ en se repliant sur elle-même. Il y a un plaisir tout particulièrement séduisant à être satisfait de soi-même. Souvent, après la conversion, vient la pensée que notre état est beaucoup meilleur maintenant qu’autrefois — que nous marchons dans les voies de Dieu. Il en est même quelques-uns qui se trompent au point de croire que la vieille nature est entièrement changée, et qu’il ne reste en eux aucune racine de péché. Mais, hélas ! quand la tentation arrive, tout cela tombe en ruines, tout cela est réduit à néant. Lisez maintenant les chapitres 29-31, et vous verrez que si quelqu’un eût pu être justifié par les œuvres, c’était Job. Il n’y a pas, dans toute la ville où vous demeurez, un seul homme qui en pût dire autant, et le dire avec vérité. À l’égard de sa bonté envers les pauvres, il était précisément l’opposé de ce dont on l’accusait. Ainsi il repasse dans sa mémoire chaque bonne action de sa vie passée, mais tout cela est impuissant pour donner du repos à son esprit troublé. Je, je, je, je faisais ceci, je ne faisais pas cela. Mais tout ne sert à rien. « Que la terre me produise des épines au lieu de blé, et de l’ivraie au lieu d’orge. C’est ici la fin des paroles de Job ».
Non, Job, il n’en sera pas ainsi ; tu parleras encore une fois, et tes paroles, bien qu’en petit nombre, seront alors pleines de sens. Maintenant si Job n’a pu être juste devant Dieu, comment le pourriez-vous ? Jetez un coup d’œil rétrospectif sur tout le cours de votre vie passée. Quels péchés et que de péchés devant Dieu ! Est-ce là la fin de vos paroles ? Êtes-vous battu à mort ? En êtes-vous à dire : Je ne sais plus que devenir ? Alors Élihu parlera.
Cet Élihu est un étrange personnage — précisément celui que Job avait désiré — l’arbitre ou le médiateur, type de notre grand souverain sacrificateur Jésus. Les accusations mensongères avaient manifesté la propre justice de Job ; et Élihu fut embrasé de colère contre Job. Pourquoi ? « Parce qu’il se justifiait plus qu’il ne justifiait Dieu ».
Vous verrez que le dernier effort, l’effort désespéré de Job pour se justifier, occupe six chapitres. Et combien de chapitres de la vie de plus d’un chrétien sont aussi employés au vain effort de se justifier, au lieu de se reconnaître pécheur perdu, et de justifier Dieu de ce que, tout pécheur perdu qu’il était, Dieu l’a justifié, et cela en demeurant conséquent avec Sa sainteté et Sa gloire. C’est là la grande méprise — la cause de toute obscurité et confusion chez le croyant.
Lecteur, permettez-moi de l’exposer clairement devant vous. La pensée de chercher comment vous pourriez être juste devant Dieu ne vous a-t-elle pas occupé ? Et la découverte, qu’il vous a fallu faire, de la totale impossibilité de l’être, puisque vous péchez toujours, ne vous a-t-elle pas rempli de confusion et de doute ? Vous avez pu, parfois, vous oublier vous-même, et être heureux dans la conscience de l’amour de Dieu quand vous pensiez à l’œuvre de votre Rédempteur, ainsi que Job le fit un moment. Mais ensuite est revenue l’angoissante pensée : Je ne suis pas ce que je devrais être, et que deviendrai-je ? Je ne puis subsister devant Dieu, le Juge saint. Je ne suis pas juste ! Il est parfaitement inutile de retourner en arrière sur les six chapitres de votre expérience passée, même quand elle vaudrait celle de Job. Et vous avez essayé si souvent, et sans rien avancer, que vous avez perdu tout courage et tout espoir d’être réellement ce que vous devriez être — d’être juste devant Dieu.
Or qu’est-ce que tout cela, sinon votre plus grand et meilleur effort pour vous justifier vous-même ? Dieu dit que vous êtes pécheur. Vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour prouver qu’il n’en est pas ainsi ; et quand vous découvrez que vous êtes réellement un pécheur, cela vous remplit de confusion. Il est parfaitement sûr que vous ne pouvez subsister devant Dieu, le Juge saint, et être trouvé innocent, bien moins encore être trouvé juste. De tous les millions d’hommes qui ont foulé successivement cette terre, un seul a pu subsister devant Dieu, considéré comme Juge. C’est notre précieux Sauveur Jésus. Le feu de la sainteté de Dieu a pu Le sonder jusqu’au fond, il ne s’est trouvé aucun péché en Lui. Cet Être saint, Lui seul, s’est en effet tenu devant Dieu, Juge, comme le substitut de Son peuple. Le jugement du Dieu saint a passé sur Lui, pour nos péchés. Et maintenant Dieu, dans Sa justice divine, appelle de pauvres pécheurs non pas à se tenir devant Lui comme Juge, mais à se tenir devant Lui comme Celui qui justifie. Ô Dieu trois fois saint et béni ! c’est là toute la différence ! Je ne saurais me tenir devant toi, et me justifier moi-même ; mais tu peux, toi, me justifier, tu m’as justifié par le précieux sang de Jésus. Oh ! ta présence est maintenant ma demeure, et quelle demeure !
Nous verrons que c’est là le refrain du message d’Élihu. Il est à remarquer que, du moment où Élihu ouvre la bouche, Satan est réduit au silence dans les trois amis de Job. « Ils sont éperdus, et ne répliquent plus ; on leur a ôté l’usage de la parole ». Oh ! puisse le croyant éprouvé et souffleté se rappeler aussi les paroles qui sont écrites pour sa consolation : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez pas ; et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 2, 1). Maintenant si ces trois hommes sont éperdus de voir Élihu se constituer l’avocat de Job, combien Satan doit-il être éperdu aussi, lorsque après avoir longtemps tenté l’enfant de Dieu, il réussit, dans un moment où celui-ci ne veillait pas, à l’enlacer dans le péché ; et qu’il est aussitôt allé l’accuser devant Dieu ; combien, dis-je, il doit être étonné de trouver que là-haut, à la cour céleste, ce pauvre et indigne chrétien a pour avocat le Juste par excellence, qui présente en faveur de Son racheté la valeur de Son propre sang ! Ils n’ont plus ouvert la bouche, et la simple mention du nom de Jésus ferme la bouche à l’accusateur des frères. « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau » (Apoc. 12, 11). Pense à ceci, croyant, je t’en supplie. Tes plus grands efforts pour te justifier ne pourront jamais fermer la bouche de l’accusateur — elle ne peut être fermée que par le sang de l’Agneau.
Élihu était pour Job, mais il n’était pas pour sa propre justice. C’est contre elle qu’il fut embrasé de colère. Lorsque notre bien-aimé Sauveur était sur la terre, rien n’excitait autant Sa sainte colère que la propre justice des pharisiens. C’est contre elle qu’Il était rempli d’indignation. Vous pouvez avoir été profondément affligé de ce qu’il vous était impossible d’arriver à être juste, de manière à pouvoir vous justifier vous-même. L’essai même que vous en avez fait a affligé le Seigneur davantage encore. Mais bien qu’Élihu fût tellement affligé de voir Job tomber dans une aussi grande illusion, oh ! comme néanmoins son cœur était porté vers lui. Il dit : « Voici, mon ventre est comme un vaisseau qui n’a point d’air, et il crèverait comme des vaisseaux neufs. Je parlerai donc et je me mettrai au large ».
Là-haut, ô croyant ! par-dessus les trônes et les dominations, là-haut dans la gloire éclatante, il y a un homme dont le cœur tendre et humain est ému de compassion envers toi et envers moi. Ô resplendissement de la gloire du Père ! n’as-tu pas revêtu ma nature, dans le but exprès d’être un souverain sacrificateur miséricordieux, fidèle et plein d’amour ? Tu es en la présence de Dieu pour nous ! Ton cœur est rafraîchi ou mis au large quand tu intercèdes pour moi, pauvre et indigne créature. Jamais, non jamais, ton amour n’est fatigué de moi. Ô amour merveilleux, amour tendre et divin ! Que le Seigneur en remplisse le cœur et de celui qui écrit, et de celui qui lit !
Et maintenant Élihu ouvre la bouche pour s’adresser à Job. Il dit : « Mes paroles répondront à la droiture de mon cœur ». Quel délicieux changement, lorsque, fatigué de mes efforts à chercher la justice en moi-même, l’Esprit de Dieu met devant moi le Seigneur, ma justice, dans le ciel.
Ce qui répondait au besoin si profondément senti de Job se trouve en Élihu. « L’Esprit de Dieu m’a créé… — Voici, je suis, selon ton désir, en la place de Dieu ; du limon je fus aussi formé. Voici, ma frayeur ne te troublera point, et ma main ne s’appesantira point sur toi ».
Quelle illustration frappante nous avons ici de la réelle humanité de notre précieux substitut, le Seigneur de gloire. Il fut conçu du Saint Esprit, et cependant né de femme. Le médiateur, l’arbitre entre Dieu et l’homme, ce fut l’homme Christ Jésus. N’est-il pas des plus précieux que Dieu se soit ainsi manifesté à nous en chair ? La frayeur que nous avons de Lui ne peut nous épouvanter. Voyez-Le au milieu de pauvres pécheurs coupables, tels que la femme de Samarie, la pécheresse de la ville, le brigand à la croix. Oh ! ne viendrions-nous pas avec assurance à un tel Sauveur !
Élihu tance Job de ce qu’il a voulu à tout prix se justifier lui-même, puis, pour avoir eu l’affreuse pensée que Dieu était contre lui ; il lui dit ensuite : « Voici, je te réponds qu’en cela tu n’as pas été juste : car Dieu sera toujours plus grand que l’homme mortel ; pourquoi donc as-tu combattu contre lui ? ». Comme la question du combat du chrétien devient simple, une fois que cette lumière vient l’éclairer : Tu n’es pas juste — tu es coupable, c’est un fait, la déclaration de la Parole de Dieu. Il n’y a pas de différence, car tous ont péché. Comme pécheur, tu es jugé dans la mort de Jésus ; et comme pécheur jugé, condamné, mort, par cette mort tu es réputé mort, et mis de côté à jamais. En tant que fils d’Adam, tu ne peux jamais être juste ; et ainsi tout ce que tu pourrais tenter pour relever ta vieille nature, le vieil homme coupable, en quelque manière que ce soit, c’est tout simplement combattre contre Dieu. Dieu n’est pas contre toi, mais il est contre tes efforts pour te justifier. Et je te répondrai que Dieu est trop fort pour toi. Ce ne sera que confusion pour toi, si tu oses combattre contre Dieu. On vient de me raconter une anecdote, qui montre cela d’une manière frappante. Un cher enfant de Dieu, vieux chrétien déjà, qui demeurait ici, fut grièvement éprouvé sur son lit de mort. Tous les péchés de sa vie passée lui apparaissaient distinctement, et le sentiment de sa culpabilité et de sa honte devint si accablant qu’il fut près de tomber dans le désespoir. À la fin il apprit et comprit la leçon de Job, et dit : « Je vois maintenant que si j’avais été seulement un peu meilleur, cela eût tourné à ma condamnation. Si j’eusse pu faire reposer mon salut sur la plus petite chose qui eût été en moi, je l’aurais fait et je serais péri dans mon égarement ; mais maintenant il n’y a uniquement que le sang de Christ ». Tel est, chez tout enfant de Dieu, l’effort désespéré du cœur humain contre Dieu. Il faut que la leçon de Job s’apprenne. D’une manière ou d’une autre, la pensée de l’homme est de se justifier lui-même. Ce peut être en gardant la loi, ce peut être en mêlant la justice de Christ avec la sienne propre, en cherchant à répondre aux exigences de la loi, afin de rendre ainsi sa cause juste devant Dieu. Peu importe la manière ; tout effort que je fais pour me justifier moi-même devant Dieu n’est autre chose que combattre contre Dieu. C’est travailler à rétablir ma vieille nature adamique que Dieu a renversée et ensevelie pour toujours. « Quand Dieu ouvre l’oreille aux hommes et scelle la leçon qu’il leur donne, afin de détourner l’homme de son train et de mettre le mortel à l’abri de l’orgueil », alors, il faut que l’homme passe par cette dure affliction. Il peut arriver que ce soit à la suite de quelque chute que toute confiance en soi-même est détruite. Et peut-être qu’à moins d’une chute aucun chrétien n’arrive réellement à comprendre Philippiens 3. Ah ! certes, ce n’est pas chose facile d’estimer comme une perte — comme du fumier, tout ce qui tient au moi religieux — de n’avoir aucune confiance en la chair — d’être trouvé uniquement en Christ.
Élihu nous montre que le but de Dieu est la pleine délivrance de Job. Et c’est dans ce même but qu’Il permet tous les soufflets, tous les combats par lesquels le croyant peut avoir à passer. Oui, et alors quand il arrive au point le plus humiliant, « s’il se trouve alors un messager pour lui, un intercesseur, un d’entre mille, qui manifeste à l’homme son droit chemin ; alors il prend pitié de lui, et dit : Garantis-le, afin qu’il ne descende pas dans la fosse ; j’ai trouvé une rançon » (ou la propitiation).
Quel bonheur pour nous d’avoir un véritable Messager du ciel, un véritable interprète de Dieu pour nous montrer Sa justice. Le Saint Esprit, envoyé du ciel, est le meilleur interprète du dessein de Dieu dans la croix de Christ. Dans la bonne nouvelle qu’Il a apportée, la justice de Dieu est révélée. Oui, c’est Son œuvre bénie de faire voir la justice de Dieu en justifiant le pécheur — de montrer que Dieu est conséquent avec Lui-même, avec Sa sainteté, en étant miséricordieux envers le pauvre pécheur coupable. Comment Dieu peut-Il dire : « Garantis-le, afin qu’il ne tombe pas dans la fosse » ? Est-ce que l’homme est juste ? Oh ! non. Est-il innocent ? Non. Ne mérite-t-il pas de descendre dans la fosse ? Oh ! certainement oui ! Alors donc comment Dieu peut-il être juste en l’épargnant ? « J’ai trouvé la propitiation, ou la rançon ».
L’homme est coupable. Il n’a pas de justice. Mais Dieu a trouvé une rançon. Ceci change tout et explique tout. Je ne suis plus un pécheur tremblant devant Dieu, envisagé comme mon Juge ; mais je suis devant Dieu qui est Celui qui me justifie. Dieu a trouvé une rançon, une propitiation dans le sang de Jésus, dans le but exprès de manifester Sa justice, en justifiant gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Quatre fois cela nous est montré comme étant la justice même de Dieu, dans Romains 3, 21-26. Remarquez bien que ce n’est pas que moi, comme enfant d’Adam, je suis juste. Cela ne peut jamais être.
Les chapitres 5, 6, 7 montrent que par la mort de Christ je suis mort et enseveli. Et si je suis justifié, c’est uniquement et entièrement dans le Christ ressuscité. Christ n’est pas mort pour les justes, mais pour les injustes, afin de les amener à Dieu.
Maintenant, cher lecteur, où en êtes-vous ? Est-ce que vous combattriez encore contre Dieu en essayant d’être par vous-même juste devant lui comme Juge ? S’il en est ainsi, il n’est pas étonnant que votre âme soit tourmentée de confusion et de ténèbres. Ou bien, est-ce que vous vous reposez entièrement sur la valeur de ce sang expiatoire, de cette rançon qui fait que Dieu est juste en vous justifiant ? Ah ! chaque fois que votre âme est abattue par un simple doute, vous pouvez dire avec certitude : « Voilà de nouveau que je cherche à me justifier moi-même, au lieu de me réjouir en Dieu qui me justifie ». Si Dieu est votre juge vous ne pouvez être sauvé. Si Dieu est votre justificateur, vous ne pouvez être perdu. « Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, mais plutôt qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ».
Ce n’est pas vous qui avez trouvé la rançon. Dieu l’a trouvée. Satan peut Lui parler de tous vos péchés ; et surtout de votre profonde ingratitude et de vos manquements depuis que vous êtes enfant de Dieu. La réponse de Dieu est celle-ci : « J’ai trouvé une propitiation ».
Alors certainement je dois avoir une parfaite délivrance — en ayant Dieu pour mon justificateur — Jésus pour mon avocat. Oh ! quel rafraîchissement cela procure à l’âme : « Sa chair devient plus délicate qu’elle n’était dans son enfance ; il revient aux jours de sa jeunesse ». Ce n’est plus à présent : « Oh ! qui me ferait être comme j’étais autrefois ! ». Maintenant j’en ai fini avec le moi. Ce n’est plus moi, mais Christ en moi — ce ne sont plus de misérables efforts pour me justifier moi-même, ou mon vieil homme. Oh ! non, c’est mon âme toute remplie de fraîcheur en contemplant la rançon que Dieu a trouvée et la perfection de Dieu en me justifiant par cette rançon. Comme la prière est douce maintenant : « Il adresse à Dieu sa prière, et Dieu lui redevient propice ; il contemple sa face avec des transports, et Dieu lui rend sa justice ». Que c’est merveilleux ! L’homme qui n’a aucune justice en propre, possède maintenant la justice de Dieu. « Elle est envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3). Quelle bénédiction ! Christ est fait justice aux croyants — ils sont la justice de Dieu en Lui ; et par-dessus tout, notre justification dans le Christ ressuscité est, pour ainsi dire, la justice même de Dieu. Et aucune chose n’arrête plus le plein déploiement de toutes ces bénédictions et jouissances, si ce ne sont les efforts de la propre justice, le travail pour être juste en soi-même. Confessez simplement la vérité telle qu’elle est : « Il regarde vers les hommes, et dira : J’avais péché, j’avais renversé le droit, et cela ne m’avait point profité. Dieu a garanti mon âme afin qu’elle ne passât point par la fosse, et ma vie voit la lumière ».
Comme ce verset est simple. Oh ! dira peut-être quelqu’un de mes lecteurs, maintenant je commence à voir clairement que je n’ai jamais été chrétien du tout. Ma religion n’a été autre chose que de la confiance en moi-même. « Il dira, j’avais péché ». Est-ce là le langage de votre cœur maintenant ? Pouvez-vous vous jeter aux pieds de Christ comme un pécheur avoué ? Vous pouvez prendre cette place sans aucune crainte d’être hypocrite. En vous reconnaissant pour ce que vous êtes, un pécheur devant Dieu, vous n’avez pas à craindre de vous tromper vous-même, bien moins encore de tromper Dieu. Si c’est là l’état dans lequel vous confessez être, Dieu délivrera votre âme de la fosse, et vous serez éclairé de la lumière des vivants. Ne demeurez pas satisfait, jusqu’à ce que vous soyez assuré que « Dieu vous a justifié gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». C’est assurément une grande chose que Dieu dit dans ce passage ; cependant il faut qu’elle soit vraie, car c’est la Parole de Dieu. Il ne se trouvera donc jamais dans la fosse, un seul de ceux qui auront été amenés à venir à Dieu comme des pécheurs perdus. « Il garantira son âme afin qu’elle ne passe point par la fosse et sa vie verra la lumière ». Combien, par conséquent, il importe de vous assurer, si vous avez été ainsi amené à faire devant Dieu une confession sincère et réelle. Il n’est pas dit : si quelqu’un m’a servi, ou si quelqu’un n’a pas péché ; mais si quelqu’un a péché. « Si quelqu’un dit : j’ai péché ». Maintenant, lecteur, Dieu discerne vos pensées dans ce moment-ci. Que dites-vous à Dieu ? Pouvez-vous dire : J’ai péché ?
Élihu dit : « Si tu as à parler, réponds-moi, parle ; car je désire de te justifier ». Certes c’est un fait merveilleux que le propre but de Dieu, Son désir, Son intention en envoyant Son Fils bien-aimé dans ce monde, était de justifier des pécheurs impies. Que le pécheur réveillé et inquiet apprenne donc ceci, c’est qu’en venant à Lui, il rencontre un Dieu tout disposé en sa faveur, un Dieu qui désire le justifier. Oui, du moment que vous croyez en Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts pour notre justification, dès ce moment vous êtes justifié de toutes choses (voy. Act. 13, 38 ; Rom. 4, 24 à 5, 1).
Élihu parle maintenant à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il montre en quoi Job avait si gravement erré. Premièrement, en disant : « Je suis juste », et ensuite en disant qu’il ne servait à rien de servir Dieu. C’est ainsi que la propre justice est montrée comme conduisant à l’infidélité et à la plus profonde méchanceté spirituelle. Ensuite Élihu fait voir que Dieu est juste dans toutes Ses voies. Que l’homme l’aperçoive ou non, il y a une raison, une nécessité pour chaque acte, chaque permission de Dieu dans Ses voies, soit envers une nation, soit envers un individu ; « car ses yeux sont sur les voies de chacun, et il regarde tous leurs pas. Il n’y a ni ténèbres, ni ombre de mort, où se puissent cacher les ouvriers d’iniquité ».
Quelle que puisse donc être la providence de Dieu à l’égard du monde, ou Sa discipline à l’égard de Ses enfants, que ce soit un châtiment, que ce soit même la mort du corps (1 Cor. 11, 30, 31), toutes Ses voies sont justes et véritables.
Chapitre 35. Élihu applique tout cela à Job lui-même, et il en vient ensuite à justifier Dieu, « à parler en faveur de Dieu, à lui attribuer la justice ». Il est très frappant de voir comment toute l’affaire d’Élihu consiste à justifier Dieu. Cela nous rappelle les paroles de Jésus : « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi, je t’ai connu ». La grande affaire de Jésus, le Fils, était, par Sa mort, de glorifier le Père en justifiant les impies. Il est de toute importance pour l’âme qu’elle comprenne bien ceci, savoir que Dieu est parfaitement juste en justifiant les impies par le sang de Jésus. Et que, étant ainsi justifiés, ils sont considérés comme justes dans le Christ ressuscité. Il a constamment les yeux sur eux en Christ. « Du juste, il ne détourne pas ses yeux, et avec les rois sur le trône pour toujours il le place, afin qu’il soit élevé » (36, 7). Certainement il faut qu’il en soit ainsi : Quand Dieu voit une fois le pauvre pécheur, coupable, devenu juste en Christ, et qu’Il ne retire plus ses yeux de dessus lui, alors il doit être établi pour toujours ; car Christ est établi pour toujours. Si Christ est élevé pour toujours, alors le croyant est, en Lui, élevé pour toujours aussi. Je puis détourner mes yeux de Christ, ma justice vivante devant Dieu, pour regarder ce que je suis, moi. Dieu ne le fera jamais. Ô mon frère ! ton cœur ne bondit-il pas de joie, à la pensée que, dans ce moment, Dieu te voit juste en Christ établi pour toujours ? Mais, diras-tu, « alors il est bien étrange que je doive passer par tant d’angoisses et d’afflictions, que je sois ainsi comme un captif dans les fers, retenu dans les chaînes de l’adversité ! ». Ah ! c’est que la leçon de Job n’est pas encore apprise.
Les quelques versets qui suivent exposent le but de Dieu dans la discipline. « S’ils sont liés de chaînes, et s’ils sont prisonniers dans les liens de l’affliction, c’est que Dieu veut leur montrer ce qu’ils ont fait, et que leurs péchés se sont augmentés ; faire que leur oreille s’ouvre aux leçons ; et leur dire de se détourner de l’iniquité. S’ils l’écoutent et le servent, ils achèveront heureusement leurs jours et leurs années dans les délices. Mais s’ils n’écoutent point, ils courent au-devant de la flèche, et ils périssent faute d’avoir voulu comprendre ». Il est des plus importants de ne pas confondre la position du croyant et son salut en Christ avec sa marche et la discipline du Père envers lui. Quant à sa position en Christ, elle est, comme nous l’avons vu, établie pour toujours. La faire dépendre, le moins du monde, de ses œuvres, ce serait nier la grâce de Dieu. Cependant combien de choses dépendent en effet de sa marche avec Dieu. Ce ne sera pas sans doute la prospérité terrestre, ni les plaisirs du monde. — Plus nous marcherons près de Dieu, moins nous aurons de ceux-ci. Témoin l’apôtre Paul, et tous ceux qui veulent vivre pieusement dans ce présent siècle mauvais.
Mais qui peut dire combien notre prospérité spirituelle, combien la jouissance des joies célestes dépendent d’une marche avec Dieu et près de Dieu. La question est très fermement posée ici ; et c’est la Parole de Dieu. Le but béni qu’Il se propose dans toutes nos afflictions, dans toute Sa discipline et Ses châtiments, c’est de nous rendre participants de Sa sainteté. Oh ! pensez à ce qu’Il nous a fait être en Christ, et puis dites, si vous le pouvez, que vous avez été affligés sans cause. Ah ! il y avait quelque accommodement avec l’iniquité. Et si Dieu n’était pas intervenu avec le châtiment, qui peut dire si nous n’aurions pas continué dans cette voie à tel point que Dieu eût dû nous retrancher par la mort. Le Seigneur discipline celui qu’Il aime (Héb. 12, 5-9).
Qui peut dire les résultats bénis d’un abandon complet de soi-même à Dieu ? Quelle honte pour le croyant de servir le monde, la chair ou le diable ! Quelle puissance dans cette parole : « Et il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus dorénavant pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Cor. 5, 14, 15) !
Puisse ce mot : dorénavant, pénétrer jusqu’au plus profond de notre âme ! Que doit être dorénavant votre vie et la mienne ? Pensez, je vous en conjure, à l’amour de Christ, à ses droits sur votre cœur. Voulez-vous connaître des jours de prospérité spirituelle, des années de jouissances célestes ? Dans ce cas, abandonnez tout ce qui ne s’accorde pas avec un Christ rejeté du monde, mais glorifié dans le ciel. Cherchez à Le servir d’un cœur intègre et obéissant, dans une simple dépendance du Saint Esprit, en n’ayant pas de confiance en la chair. Je suis persuadé qu’il est d’une grande importance que vous soyez bien décidé à marcher réellement avec Dieu. Vous avez péché, et puis les liens et les chaînes vous ont arraché des cris. Rappelez-vous que le croyant ne peut toucher au péché sans qu’il en ressente une grande amertume dans son âme. Et Dieu se sert de cette amertume même pour relever et restaurer l’âme du saint en chute. « Mais ceux qui sont hypocrites en leur cœur, attirent sur eux la colère ; ils ne prient point, quand Dieu les enchaîne. Leur personne meurt dans le premier âge ; et ils perdent la vie, comme les victimes de l’infamie » (v. 13). Vous dites : Si j’étais un enfant de Dieu, certainement je n’aurais pas tout ce trouble et cette amertume. — La parole que nous venons de citer prouve que, si vous n’étiez pas un véritable enfant de Dieu, mais que vous fussiez un hypocrite de cœur, vous n’auriez pas toute cette amertume, et que, au contraire, vous persisteriez dans la voie du péché jusqu’à ce que vous périssiez pour toujours.
Le reste du discours d’Élihu expose la majesté de Dieu et montre l’entière dépendance de l’homme envers Lui. Alors Jéhovah, l’Éternel Lui-même, parle à Job. Voici l’ordre du livre : Job — le témoignage de Dieu quant à lui — Satan accusant et opposant par le moyen des amis de Job — puis Élihu, le médiateur et arbitre. — Puis enfin Dieu Lui-même. Ainsi nous avons l’homme de Dieu — Satan contre lui — Christ souverain sacrificateur pour lui — puis Dieu.
Remarquez maintenant l’effet pour Job de se trouver ainsi en la présence de l’Éternel Lui-même. Étonné de se trouver contestant avec le Tout-puissant, il répondit alors à l’Éternel : « Voici je suis un homme vil ; que te répondrai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche ». Il dit qu’il est au bout de ses paroles et qu’il ne continuera plus. Mais oui, Job ira un peu plus loin cependant. Dans cette confession il se reconnaît pour ce qu’il est, un homme vil. Mais dans la seconde confession il ira bien plus loin que cela.
Quelle parole solennelle pour Job que celle-ci : « Anéantiras-tu mon jugement ? Me condamneras-tu pour te justifier ? ». Je vais expliquer cela par des exemples. Supposez un fondeur ayant beaucoup d’ouvriers à son service, et deux monceaux de métal dans sa cour. L’un de ces monceaux est entièrement mauvais, impropre à toute bonne chose, et tout essai pour l’utiliser est une perte de temps, car aucun objet valable ne saurait en sortir. L’autre monceau, au contraire, est exactement approprié à l’usage qu’on désire. Maintenant le maître a une connaissance parfaite de ces deux monceaux, et avertit ses ouvriers de la nature de l’un et de l’autre. Ils ne veulent pas le croire, mais se mettent à essayer de faire de bons articles avec le mauvais monceau. N’est-ce pas là contester avec le maître ? Encore un exemple : Un grand fermier avertit ses gens, qui sont au moment d’ensemencer ses champs, que tel tas de semence est entièrement mauvais ; qu’il n’y a pas, dans ce grain, le plus petit germe de vie ; mais que la semence de l’autre tas est sûre, et donnera certainement une bonne récolte. Ils ne le croient pas. Ils sèment la mauvaise semence, et quand l’été est venu, voilà qu’il n’y a autre chose que de la mauvaise herbe dans le champ. Ah ! disent-ils alors, il nous faut prendre garde de faire une meilleure culture ; nous allons essayer de nouveau. Essayer de nouveau ! Ne serait-ce pas là contester avec le fermier ? De cette même manière, Dieu nous a dit aussi clairement que possible que l’homme est une masse pécheresse, coupable et perdue ; et que, sur le principe de la loi, il ne peut jamais être juste. Et d’un autre côté Il nous a dit que le sang de Jésus justifie tout pécheur impie qui croit en Lui (voyez Rom. 3, 19, 25 ; Gal. 2, 21 ; 3, 10). Maintenant, supposez un homme ne croyant pas Dieu là-dessus, mais essayant de se justifier en gardant la loi, ou prêchant la justification à d’autres au moyen de la loi, Dieu ne dit-il pas à cet homme : « Me condamneras-tu pour te justifier ? ». C’est une chose terrible que de contester avec Dieu. Si ces lignes venaient à tomber sous les yeux de quelque prédicateur de la loi pour le salut, je lui dirais : Tu es un adversaire de Dieu, un persécuteur de Christ. J’ai vu hier une lettre d’un homme revêtu d’une autorité ecclésiastique humaine. Cette lettre menaçait d’excommunier, de ce qu’il appelait l’Église, une personne parce qu’elle avait été convertie des efforts du vieil homme pour garder la loi, au parfait et éternel salut en Christ. Pensez un peu à cela : une lettre menaçante, de la part d’un pasteur officiel, parce qu’un pauvre pécheur a trouvé une paix assurée en Christ ! Puisse le même Dieu, qui révéla Jésus à l’insensé persécuteur Saul de Tarse, révéler Jésus à ce pauvre malheureux ainsi séduit, et combattant contre Dieu. Et puis ce ne sont pas seulement les ministres de Satan qui s’efforcent de retenir les âmes loin de Christ, et qui disent aux hommes qu’il y a encore, dans la vieille et mauvaise masse de l’humanité, quelque chose qu’on peut encore très bien façonner et refondre ; mais le témoignage de Dieu, quant à l’entière ruine de l’homme en Adam, et à la seule rédemption dans le Christ Jésus pour des pécheurs perdus, est si peu compris, même par de vrais enfants de Dieu, qu’ils emploient la plus grande partie de leur vie à essayer de faire croître la mauvaise semence, c’est-à-dire à chercher de la justice en eux-mêmes, tout en ne trouvant constamment que des ronces au lieu de fruits. Et certainement il doit en être ainsi, aussi longtemps que nous essayons d’être justes dans ce en quoi Dieu nous a déclarés coupables. Dieu veuille que nous n’essayions plus d’être justes en nous-mêmes ; mais plutôt que, nous réjouissant dans la justice de Dieu, nous marchions désormais dans la puissance de la nouvelle vie. Dieu montre ensuite à Job, sous l’image du léviathan, que la puissance de Satan est trop grande pour lui. Quel être terrible que ce roi de tous les orgueilleux ! Ce monde a rejeté le Roi de justice, et a préféré l’horrible esclavage de Satan. Mais quel pouvait être le but de Dieu, en décrivant ainsi le pouvoir de l’adversaire ? Assurément c’était d’amener Job à une entière dépendance de Lui. « Je sais, dit Job, que tu peux tout ». Quel repos en cela ! Le croyant, considéré en lui-même, n’a point de force pour vaincre Satan. Si l’homme a failli devant lui quand il était innocent, bien moins encore sera-t-il en état de lui résister, maintenant qu’il est tombé. L’indépendance de Dieu, voilà ce qui a ouvert la porte à Satan au commencement ; et ce n’est que la simple dépendance de Dieu qui peut la fermer. Que Dieu nous donne un sentiment profond de dépendance de Lui. C’est une grande grâce qu’Il nous ait dit ce qu’était la puissance de l’ennemi, afin que nous sachions que notre seule ressource consiste dans une ferme confiance en Lui. « Je puis toutes choses en Christ », dit Paul. « Ma grâce te suffit », dit Jésus. Et maintenant la leçon de Job est apprise. Il va un peu plus loin, il dit : « J’avais ouï de mes oreilles parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu : c’est pourquoi j’ai horreur d’avoir ainsi parlé, et je m’en repens sur la poudre et sur la cendre ».
En quoi consistait la repentance de Job ? Était-ce un changement de pensées relativement à une marche d’ivrognerie ou d’impureté ? Était-il profondément affligé à cause d’une vie de péchés grossiers et d’immoralité ? Oh ! non, ce n’était pas du tout le cas de Job. Job était un véritable homme de Dieu, sa carrière avait été une des plus morales et des plus intègres dont nous ayons le récit. Comme Paul il était, quant à sa vie devant les hommes, sans reproche, et tel qu’on en trouverait à peine entre dix mille un seul qui pût en dire autant. De quoi donc se repentait-il ? Il se repentait de ceci : de ses efforts pour établir sa propre justice. Dieu lui était révélé maintenant, et il avait horreur de lui-même, oui de lui-même ! Est-ce que mon lecteur a horreur de lui-même ? De tout ce qui l’exalte lui-même, de toute religion qui tend à le rendre juste lui-même devant Dieu envisagé comme Juge ? Je vous le demande, avez-vous horreur de tout ce qui tendrait à élever l’homme, en tant que fils d’Adam ? En avez-vous horreur surtout, parce que cela déroberait à Christ une part de Sa propre excellence ? Avez-vous compris que tout cela est un combat contre Dieu, et par conséquent quelque chose des plus odieux ? L’apôtre l’avait appris lui — oui, il avait appris la leçon de Job, et senti profondément la repentance de Job. Il pouvait regarder en arrière à toute sa vie religieuse, à son zèle et à sa conduite irréprochable comme Juif — comme pharisien ; et tout ce qui exaltait Paul, il pouvait le fouler aux pieds. Il dit : « Quant à la justice qui est par la loi, étant sans reproche. Mais ce qui m’était un gain je l’ai regardé comme une perte, à cause de Christ. Et certes je regarde toutes choses comme étant une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes choses, et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui, n’ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi ; pour le connaître lui et la puissance de sa résurrection, etc. » (Phil. 3, 1-11). Quelle conversion complète nous avons ici de la religion du moi à la justice de Dieu ! Est-ce que mon lecteur en a fini ainsi avec lui-même ? Est-ce que vous voyez en Christ une telle excellence que vous puissiez dire avec Job : « Maintenant mon œil t’a vu, c’est pourquoi j’ai horreur de moi-même, etc. » ? Je vous le demande : Avez-vous réellement été converti des efforts du vieil homme contre Dieu ?
Quel changement pour Job, une fois cette leçon apprise que tout en lui était vil et méprisable : « Et l’Éternel tira Job de sa captivité, quand il eut prié pour ses amis ; et il rendit à Job le double de tout ce qu’il avait eu ». S’il avait perdu sept mille brebis, il en avait quatorze mille maintenant ; et ainsi en était-il des chameaux et des bœufs et des ânes. Et certes le croyant a deux fois autant, par Christ, en la résurrection, qu’il avait perdu par Adam en la mort. L’innocence humaine est perdue par le péché. La justice divine est gagnée en Christ par la grâce. Un jardin de délices terrestres est perdu ; la joie éternelle du ciel est trouvée. En un mot, mon moi est perdu ; Christ est trouvé. Je suis mort, Christ vit. Je suis enseveli, Christ est ressuscité. Je ne pouvais jamais être juste devant Dieu, Christ est ma justice, et Dieu mon justificateur. Quel calme après un tel orage ! Quelle divine consolation après tant d’amertume. Oh ! quelle paix solide donnent à l’âme l’abandon de tout effort, de toute prétention à être juste en moi-même, et la connaissance que j’ai une justification et une justice parfaites en Christ ressuscité d’entre les morts. Ne justifierai-je pas Dieu dans la glorieuse rédemption qu’Il a accomplie ? Plus je serai occupé du plan merveilleux de Dieu pour me justifier, moi pauvre pécheur, plus mon âme sera remplie de joie en Dieu. Soyez donc en garde contre toute tentative d’élever l’homme dans la chair. Le mot mort est écrit sur lui tout entier. Puissions-nous, dorénavant, connaître la joie et la puissance de notre position de résurrection, pleine et entière en Christ. Car, tandis que, en Adam, l’homme est complètement perdu dans le péché, et n’a aucun pouvoir pour la justice ; et tandis que la loi n’a fait que produire des transgressions et prononcer une malédiction sur l’homme, maintenant, non seulement le croyant est ressuscité en Christ, entièrement sans péché et sans condamnation, mais de plus, étant ressuscité avec Christ, et ayant l’Esprit de Dieu, il a de la puissance, la puissance même de la résurrection et de l’Esprit de Dieu contre tout péché.
C’est ainsi que si Job avait perdu ses fils et ses filles dans la mort, il les reçoit maintenant, pour ainsi dire, en résurrection. Les noms mêmes de ses filles sont très significatifs. Il appelle la première Jémima, qui signifie belle comme le jour ; la seconde Ketsia, ce qui veut dire casse, un des doux parfums du sanctuaire ; et la troisième Kéren-Happuc, ce qui veut dire enfant de beauté. « Et il ne se trouva point dans tout le pays de si belles femmes que les filles de Job ».
Le péché en effet a gâté tout ce qui était beau, si beau dans cette vieille création dont Adam était le chef. Mais comment parlerai-je du Christ ressuscité, chef de la création nouvelle ? Ô toi qui es choisi entre dix mille ! ta beauté, Seigneur, est parfaite, ta gloire sans aucune tache ! Comme tu es saint, précieux, divinement doux ! Ton nom est comme un parfum répandu ! Et j’ai pu chercher si longtemps, et chercher vainement à trouver la perfection dans la chair adamique ! Oh ! que la mort passe sur elle ; que la mort la possède tout entière ! Qu’elle ait tout ce que je suis, avec le péché si odieux ! Je te contemple, Seigneur de résurrection, et j’ai horreur de moi-même ! Est-ce bien vrai que tout ce que tu es est à moi ? Ta beauté et ta gloire, le parfum de ta sainte personne, que tout cela m’appartient ! Est-ce là la part de tout pécheur sauvé par toi ? Ah ! c’est ici la conversion : abandonner tout ce que je suis dans la mort, et me tenir debout maintenant et pour toujours dans l’éternelle fraîcheur, l’excellence et la beauté qui te sont propres, ô mon Seigneur ressuscité !
Que Dieu bénisse, cher lecteur, le dorénavant de votre vie, comme il bénit le dernier état de Job ! Que haïssant tout ce qui est de vous-même, et ayant l’œil fixé sur Jésus, votre âme se repose en Dieu, votre justificateur ; et alors votre paix coulera comme un fleuve. Que contemplant la face de notre adorable Jésus, votre sentier soit comme la lumière qui augmente son éclat, jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection.