Traité:Le premier dimanche

De mipe
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Remarques sur Jean 19, 38 à 20, 25F. Prod’hom

Il est digne de remarque que ni la fin du chapitre 19, ni le commencement du chapitre 20, ne font aucune mention du jour intermédiaire entre celui de la crucifixion de notre adorable Sauveur et celui de Sa résurrection. C’était cependant le jour du sabbat, si important pour les Juifs et aussi pour les disciples du Seigneur ; doublement solennel en cette occasion, car il coïncidait avec la fête de Pâque ; aussi nous est-il dit que « le jour de ce sabbat-là était grand » (19, 31).

Les Juifs, observateurs scrupuleux des formes, même en faisant mourir le Fils de Dieu, n’avaient pas voulu entrer au prétoire la veille, de peur de se souiller et de ne pouvoir manger la pâque (18, 28). Puis le soir, après s’être débarrassés de Celui qui était venu pour être la lumière du monde, et qu’ils avaient associé sur la croix à deux brigands, ils demandent à Pilate que les corps ne restent pas sur les croix le jour du sabbat, qui commençait à six heures du soir[2]. Ils avaient aussi voulu éviter de faire mourir le Seigneur durant la fête, non pas par conscience pour la fête, mais afin qu’il n’y eût pas de tumulte parmi le peuple (voyez Matt. 26, 3-5), car il y avait, sans doute, un grand concours de personnes venues de différents endroits pour célébrer la Pâque. Mais les principaux du peuple ne purent réaliser leur dessein, parce qu’à leur insu, ils accomplissaient les pensées de Dieu, et hélas ! personne parmi le peuple ne s’émut pour Christ. Au contraire, les foules, conduites par leurs chefs, demandèrent qu’Il fût crucifié et que Barabbas fût relâché (Marc 15, 11-14).

Le Sauveur passa donc dans le tombeau ce grand jour de sabbat, sans que la Parole fasse ici mention de ce jour relativement à Lui. Quel sceau mis ainsi sur la réprobation des Juifs pour qui le sabbat était le signe de leur alliance avec Dieu !… La mort de Jésus était la fin de tout ce qui avait précédé, de même que Sa résurrection fut le commencement d’un nouvel ordre de choses. Quelqu’un a dit, en parlant du moment où le Sauveur expira en poussant un grand cri :

« Tout était fini : l’expiation, parfaite selon Dieu, l’œuvre de la rédemption, toutes les circonstances prophétiques, tout absolument avait reçu son accomplissement, soit quant à l’homme, soit quant à Dieu. Alors, avec un cri qui indiquait à la fois une force dans son entier et une entière confiance en Son Père, Il Lui remet Son âme dans ce moment critique où la mort avait eu, mais où elle perdait dorénavant toute son horreur, au moins pour le croyant. Avec ce cri, qui annonce la fin de toute relation humaine avec Dieu, sauf en jugement, et la fin de tous les moyens que Dieu pouvait employer pour rétablir une telle relation avec les enfants d’Adam, Jésus expira ».

Mais les Écritures nous parlent aussi de l’ensevelissement du Seigneur Jésus. Paul le mentionne en 1 Corinthiens 15, 3, 4, et les évangiles donnent, sur ce fait, des détails qui s’accordent avec la prophétie. La terre devait recevoir le corps du Fils de Dieu, mais Sa sépulture devait être avec les riches. « On avait ordonné son sépulcre avec les méchants, mais il a été avec le riche en sa mort » (És. 53, 9). Sans doute, Il eût été mis dans les sépulcres publics destinés, selon la coutume juive, aux suppliciés, et c’est là probablement que furent jetés les corps des deux brigands. Mais, maintenant que les hommes ont assouvi leur haine jusqu’au bout, Dieu prend soin de Son Fils qui L’avait glorifié jusque dans la mort même. À ce moment solennel arrive Joseph d’Arimathée, homme riche et conseiller honorable, qui obtint de Pilate la permission de prendre le corps. Nicodème se joint à lui, et ces deux hommes qui occupaient un rang élevé dans leur nation, mais qui avaient été jusqu’alors des disciples timides, donnent au Seigneur une sépulture honorable. Remarquons toutefois que, le sabbat étant proche, l’ensevelissement n’avait pu être que provisoire ; on se réservait de l’achever quand le sabbat serait passé. C’est ce que nous apprend le dernier verset du chapitre 19 : « Ils mirent donc Jésus là, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche ». Des femmes qui aimaient le Seigneur se préparaient aussi à L’embaumer, quand le sabbat serait passé. Marc nous dit : « Et le sabbat étant passé (après six heures du soir), Marie de Magdala et Marie, la mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates pour venir l’embaumer » (Marc 16, 1). La même chose se trouve à la fin du chapitre 23 de l’évangile de Luc : « Et des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, ayant suivi, regardèrent le sépulcre et comment son corps y avait été déposé. Et s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et le jour du sabbat, elles se tinrent en repos, selon le commandement ».

Les disciples étaient attachés de cœur à la personne de Jésus, mais en même temps, comme Juifs fidèles, leur cœur et leur conscience tenaient encore aux ordonnances. C’est ce qui les empêche d’achever l’ensevelissement de leur cher Maître, comme leur affection le leur aurait fait désirer. Voici ce qu’a dit, de l’ensevelissement du Seigneur Jésus, un vénéré serviteur de Dieu : « Dans le monde invisible, Jésus était dans le paradis ; quant à ce monde-ci, un ensevelissement interrompu, voilà tout ce qu’Il avait. Le péché, la mort, Satan, le jugement de Dieu, avaient fait tout ce que l’un ou l’autre pouvaient faire : Sa vie terrestre était terminée, et avec elle toutes Ses relations avec ce monde et l’homme en tant qu’appartenant à ce monde. La mort régnait extérieurement, même sur le Fils de Dieu ; les âmes sérieuses qui en avaient connaissance, étaient confondues. Mais le monde allait son train, la Pâque se célébrait avec ses cérémonies habituelles ; Jérusalem était ce qu’elle avait été auparavant. On s’était débarrassé de deux brigands, ce qu’ils étaient devenus l’un et l’autre ne regardait pas la société, son égoïsme en était délivré, et elle l’était d’un autre qui la gênait en disant trop d’elle. Mais ce n’est pas le dehors des choses qui est la vérité. L’un des brigands était dans le paradis avec Christ ; l’autre, loin de tout espoir, et l’âme au moins du troisième, était dans le repos d’une parfaite bénédiction, dans le sein de la divinité. Et quant au monde, il avait perdu son Sauveur et ne devait plus Le revoir ».

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Lorsque les disciples eurent satisfait au commandement en observant le sabbat, ils eurent hâte — au moins les femmes dévouées au Seigneur — de venir, dès l’aube du premier jour de la semaine, pour honorer le corps de leur cher Maître en l’embaumant définitivement. Mais elles arrivèrent trop tard : la puissance, la justice, la gloire, l’amour du Père, les avaient devancées en ressuscitant le Christ d’entre les morts. Quel matin glorieux ! Il est le commencement de l’ère éternelle pour les rachetés !

Quant au sabbat, il est la fin et non le commencement d’une chose. Dieu avait consacré ce septième jour, après avoir achevé l’œuvre de la création ; en ce jour-là, Il se reposa de toute Son œuvre qu’Il avait créée pour être faite. C’est un type du grand et glorieux sabbat millénaire, par lequel se termine l’existence de la terre et du ciel actuels (voyez Apoc. 20). Chaque fois que l’Éternel prescrivait à Moïse quelque nouveau statut, le sabbat était nommé. Dans le chapitre 23 du Lévitique, il est placé avant même les fêtes solennelles de l’Éternel. Au chapitre 20 de l’Exode, parmi les dix paroles de commandement, son observation est décrite avec détail et appuyée par des motifs ; au chapitre 31, 12-17, il est solennellement ratifié. Là et ailleurs, il est appelé un signe entre l’Éternel et les enfants d’Israël. Mais de bonne heure, les Israélites avaient négligé et abandonné cette sainte ordonnance, et ils en avaient porté les conséquences (voyez Éz. 20, 12-24 ; 22, 8, 26 ; 23, 38) ; et si, lorsque le Seigneur vint au milieu de Son peuple, ils étaient revenus à le garder strictement, tout n’en était pas moins en ruine : la tradition et l’observation légale des cérémonies, poussées jusqu’à la minutie, avaient remplacé « les choses plus importantes de la loi, le jugement, et la miséricorde, et la fidélité » ; l’orgueil et l’hypocrisie caractérisaient les conducteurs du peuple ; ils ne voulaient pas reconnaître Celui qui était le Seigneur du sabbat. Aussi Lui ne peut reconnaître leur sabbat, et Il devait travailler en grâce avec Son Père, même le jour du sabbat (Jean 5, 9-18 ; 9, 14 ; voyez aussi Matt. 12, 1-15 ; Luc 13, 10-17 ; 14, 1-6).

Le corps de notre adorable Sauveur est donc resté dans le tombeau pendant ce jour solennel de sabbat ; et Il est ressuscité « le premier jour de la semaine ». Les Juifs, contre leur intention, ont été amenés à faire mourir le Seigneur le jour de la fête de Pâque, qui, cette année, tombait sur la veille du sabbat, afin que, en vue de conséquences précieuses pour nous, Il ressuscitât le premier jour de la semaine. Ce fait consacrait ce jour comme étant « le jour du Seigneur », le jour de Sa résurrection, commencement de l’ère éternelle pour nous, croyants. C’est ainsi qu’il est devenu le jour solennel du christianisme, non pas comme une ordonnance imposée, mais comme un jour privilégié que reconnaît la conscience du chrétien spirituel. Les chrétiens n’ont à observer aucun autre jour que celui-là, non pas, je le répète, comme une ordonnance, mais comme étant le jour du Seigneur, le jour dominical (Apoc. 1, 10). Le chrétien spirituel comprend qu’il ne peut disposer de ce jour à son gré, pour ses propres affaires, pour des courses d’agrément ou autres distractions, parce que c’est le jour du Seigneur. Ainsi le jour où le Seigneur sortit du tombeau, n’était pas seulement le premier de la semaine, en contraste avec celui qui le précédait ; le fait de la résurrection consacrait ce jour comme « le premier dimanche ». Jusqu’à ce moment, le dimanche (jour dominical) n’avait pas existé[3].

Quel jour glorieux que celui de la résurrection du Seigneur Jésus ! Elle est pour nous « la fin de la mort », et l’introduction dans la vie éternelle. Pour le chrétien, la vie éternelle a son point de départ dans la résurrection du Sauveur. Sa mort a été la fin de notre vie en Adam, Sa résurrection a été la fin de la mort. Notre adorable Sauveur a dit : « Je suis la résurrection et la vie » ; et non pas : la vie et la résurrection. Il fallait qu’Il nous délivrât de notre première vie, ainsi que de la mort qui caractérisait cette vie-là et en était la fin judiciaire, et que, dans Sa résurrection, commençât notre vie nouvelle en union avec Lui. La résurrection de Christ a donc laissé derrière elle, pour nous, la vie d’Adam et la mort. — Cette vie nouvelle, qui succède à la mort, est nécessairement la vie éternelle, mais la vie éternelle en résurrection, la vie en abondance (Jean 10, 10). Nous sommes donc dans la vie, la vie toujours, et rien que la vie, et bientôt en haut, la vie en gloire. Nous avons « pour fin, la vie éternelle ».

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On comprend donc pourquoi, déjà du temps de Paul, les chrétiens avaient choisi le premier jour de la semaine, le dimanche, jour de la résurrection du Sauveur, pour se rassembler dans le but exprès de rompre le pain (Act. 20, 7). Or personne d’autre qu’eux ne se réunissait ce jour-là. Les Gentils ne le connaissaient pas ; les Juifs, répandus partout, avaient leurs synagogues, où ils se rassemblaient le jour du sabbat, la veille du dimanche. Paul profitait de ce jour-là pour prêcher Christ dans les synagogues, mais le lendemain, jour que les chrétiens seuls reconnaissaient et célébraient comme celui de la résurrection de Christ, Paul se réunissait avec eux pour la fraction du pain.

En comparant le chapitre 20 de l’évangile de Jean avec les récits des autres évangiles, nous voyons que, dès le matin de ce jour glorieux, le Seigneur ressuscité apparut tantôt à l’un, tantôt à l’autre, quelquefois à plusieurs des siens. En Jean, nous avons, en particulier, Son apparition à Marie de Magdala, entrevue si pleine d’intérêt, soit à cause de la manière touchante dont le Seigneur dissipe l’anxiété de Marie, soit à cause du message dont Il la charge pour les siens, leur annonçant qu’ils étaient dans la même position que Lui devant Son Dieu, et dans la même relation que Lui avec Son Père.

Mais le soir de ce même jour, nous avons quelque chose de tout particulier. Les manifestations du Seigneur, dans la journée, avaient eu un caractère plus ou moins individuel ; le soir, nous voyons les disciples rassemblés. Peu importe le motif, le but et le caractère de leur rassemblement, bien que, sans doute, ils fussent occupés ensemble de tout ce qu’ils avaient vu et entendu ; le fait important est qu’ils sont rassemblés. Que de choses s’étaient passées pour eux pendant le jour, que de paroles ils avaient eu à se rapporter les uns aux autres ! Mais le soir ils sont ensemble. Jean nous dit, verset 19 : « Le soir donc étant venu, ce jour-là, le premier de la semaine… » — Oui, ce jour-là, le premier dimanche. — On avait fermé les portes par crainte des Juifs. Il ne faisait pas bon, ce jour-là, de se déclarer pour le crucifié. Les principaux d’entre les Juifs devaient être exaspérés contre leurs collègues, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui s’étaient si ouvertement déclarés contre eux, en allant demander à Pilate le corps de Jésus pour l’ensevelir. Nous aimons à penser que ces deux hommes fidèles et dévoués se trouvaient aussi au nombre des disciples réunis ce soir-là. Les Juifs avaient aussi reçu, par les gardes du sépulcre, la nouvelle, accablante pour eux, que le corps n’était plus là ; ils avaient entendu le récit des circonstances merveilleuses qui s’étaient passées (Matt. 28, 11-15). On comprend que leur haine ne connût plus de bornes, et que les disciples craintifs ne fussent réunis à huis-clos.

Ils étaient donc rassemblés, et « Jésus vint », malgré les portes fermées, « et se tint au milieu d’eux ». Ce n’est plus ici une manifestation à Marie, à Simon, à deux disciples, c’est Sa présence au milieu d’eux. C’était le Seigneur ressuscité, prêt à monter dans la gloire, la gloire qu’Il avait auprès du Père avant que le monde fût, mais dans laquelle Il allait maintenant entrer comme homme. Il était donc dans un corps ressuscité qui s’assujettissait la matière, de sorte que, manger du poisson et du miel, et entrer dans une chambre à travers les portes fermées, étaient l’un comme l’autre des actes de puissance. Le Seigneur n’était plus maintenant l’homme de douleurs ; Il n’était plus en ressemblance de chair de péché (Rom. 8, 3) ; les jours de Sa chair étaient passés (Héb. 5, 7) ; — Il exprime ce changement, lorsqu’Il dit à Ses disciples : « Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous » (Luc 24, 44). — C’est ce Sauveur ressuscité, que le monde ne devait et ne pouvait plus revoir avant le jour où Il viendra en gloire, qui se trouve au milieu des siens rassemblés, sanctionnant ainsi par Sa présence le premier rassemblement des siens après Sa résurrection, en ce jour-là, le premier dimanche.

Étant ainsi au milieu d’eux, Il leur dit : « Paix vous soit ». Quelle paroles que celles-là, sortant de la bouche de Celui qui venait de la croix où Il avait fait cette paix, qui venait dans la puissance de la résurrection, preuve de la pleine acceptation de Son sacrifice par Dieu, car il ne pouvait être question, pour les disciples, de paix avec Dieu, alors qu’ils étaient dans leurs péchés. Ensuite le Seigneur leur montre, dans Son corps ressuscité, les marques de la mort qu’Il avait subie : s’Il y avait passé dans Sa grâce infinie, c’était pour eux.

À la suite de cela, remarquons cette déclaration importante : « Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur ». La vue du Seigneur ressuscité au milieu d’eux, est le sujet de cette joie. Thomas n’était pas là avec eux, et quand les autres disciples le revirent, ils lui dirent, en cinq mots, ce qui pour eux résumait toute cette merveilleuse scène : « Nous avons vu le Seigneur ». Le dimanche suivant, le second des dimanches, le Seigneur se trouve de nouveau au milieu d’eux. Nous ne pouvons douter que, durant les jours intermédiaires, le Seigneur ne se soit manifesté de quelque manière aux siens ; mais le soir du second dimanche, Il se tient au milieu d’eux quand ils sont rassemblés.

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Que de principes se trouvent renfermés dans ces quelques paroles de Jean 20, 19-20 ! Quel beau type de notre rassemblement actuel, au nom et autour du Seigneur !

Remarquons ces quatre choses qui se déroulent successivement dans ces versets : 1° La présence du Seigneur ressuscité au milieu des siens réunis. 2° La paix qu’Il leur apporte en venant de la croix par le chemin de la résurrection. 3° Les marques qu’Il leur présente dans Son corps ressuscité, et qui témoignent du fait qu’Il a subi la mort pour eux, mais que cette mort est maintenant passée (voyez Apoc. 1, 17, 18). 4° Le résultat produit dans le cœur des disciples par le déploiement de toutes ces choses merveilleuses, alors qu’ils se trouvent ainsi, tout à coup, rassemblés autour de Lui : « Ils se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur ».

Aujourd’hui, malgré tout le mal qui a surgi, malgré la ruine du témoignage de l’Église sur la terre, malgré la grande faiblesse dans laquelle se trouvent ceux qui, par la grâce du Seigneur, sont rassemblés en Son nom, sur le terrain et le principe de l’unité du corps[4] (Matt. 18, 15-20 ; 1 Cor. 10, 17), nous pouvons, sur ce pied-là, faire l’expérience des quatre choses que nous venons de considérer. Quelle grâce pour nous ! Quand, le dimanche, nous sommes rassemblés pour la fraction du pain autour de la table du Seigneur, dressée, cela va sans dire, sur le terrain de l’unité du corps, nous avons — et puissions-nous le réaliser davantage ! — tout ce que les disciples, rassemblés le premier dimanche, avaient de la part du Seigneur. Oui, Jésus ressuscité se trouve personnellement présent au milieu de nous, bien que d’une manière spirituelle (Matt. 18, 20). Nous jouissons de la paix qu’Il apporte et qu’Il a faite (comparez Rom. 5, 1 et Éph. 2, 17). Nous avons sous les yeux les signes touchants qui nous rappellent Sa mort pour nous, c’est-à-dire la cène, qui correspond si bien avec la troisième chose que nous avons considérée, savoir : Jésus montrant à Ses disciples Ses mains et Son côté percés. Et enfin, le résultat de toute cette bénédiction, si nous savons l’apprécier, si nous la goûtons, sera une joie profonde. Nous nous réjouissons d’avoir le Seigneur au milieu de nous. Oh ! combien il serait désirable que nous réalisions cette présence, de manière à pouvoir dire aux absents, s’il y en a eu : « Nous avons vu le Seigneur », et non pas : Nous avons eu une bonne méditation par tel ou tel frère — chose utile et précieuse à sa place, quand le Seigneur la donne. Les absents, de leur côté, demanderaient : Avez-vous joui de la présence du Seigneur ? et non pas : Quel est le frère qui a parlé ?

Que le Seigneur Jésus attache nos cœurs à Lui, afin que ce rassemblement autour de Lui, dont le motif et le but est Lui-même et non pas nous, devienne ce qu’il est en effet, la chose la plus précieuse pour nous ici-bas collectivement. Sachons apprécier la grande miséricorde du Seigneur qui, dans un temps de ruine, nous donne la possibilité d’avoir une réunion expresse, comme en Actes 20, 7, pour nous souvenir ensemble de notre précieux Sauveur, tout en jouissant de Sa présence au milieu de nous. Quelle douceur pour le cœur du chrétien qui comprend la pensée de Dieu à cet égard ! En nous rendant à la réunion de culte, nous avons le privilège de penser que nous n’y allons pas pour nous, mais comme y étant convoqués par le Seigneur, pour nous souvenir de Lui en L’attendant, et pour adorer, par Lui, le Dieu et Père auquel Il nous a amenés. Aussi, le chrétien intelligent ne manquera-t-il point une telle réunion, sinon pour des causes qui se légitiment réellement devant le Seigneur.

Oui, le Seigneur Jésus Lui-même est le motif et le but de notre rassemblement le premier jour de la semaine, le jour de la résurrection. C’est pour nous occuper de Lui, et non pas de nous-mêmes, et si là nous pensons à nous, ce doit être pour renfermer dans ce nous tous les membres du corps de Christ sur la terre, ce corps dont l’unité est exprimée à la table du Seigneur : « Un seul pain, un seul corps » (1 Cor. 10, 17).


Note. — « J’ajouterai ici quelques mots au sujet du sabbat, en les soumettant aux pensées spirituelles de mes frères. Il est bon d’être soumis à la Parole. Premièrement, le sabbat renferme l’idée de participation au repos de Dieu. Cette participation est le privilège de Son peuple. À ce privilège, le cœur du croyant tient de toute sa force, quel que soit le signe que Dieu y ait attaché (Héb. 4). Dieu l’avait établi dès le commencement, sans qu’il y ait apparence que l’homme y ait pris aucune part ; l’homme ne travaillait pas dans la création, ni n’était placé dans le jardin d’Éden pour le cultiver dans la peine et le labeur ; il n’avait qu’à jouir sans interruption. Toutefois, le jour du repos a été sanctifié dès le commencement. Plus tard, le sabbat fut donné comme mémorial de la délivrance d’Égypte (Deut. 5, 15) ; et les prophètes insistent spécialement sur ce point-ci, que le sabbat était donné comme un signe de l’alliance de Dieu (Éz. 20 ; Ex. 31, 13). C’était tout simple : le sabbat n’était que les arrhes de ce qui était renfermé dans cette parole : « Ma face ira, et je te donnerai du repos » (Ex. 33, 14 ; 31, 13 ; Lév. 19, 3). Il était le signe par lequel Dieu donnait à connaître qu’Il s’était sanctifié ce peuple (Éz. 20, 12, 13-16, 20 ; Néh. 9, 14. Comparez És. 56, 2-6 ; 58, 13 ; Jér. 17, 22 ; Lam. 1, 7 ; 2, 6 ; Éz. 22, 8 ; 23, 38 ; 44, 24). Nous voyons, en outre, que toutes les fois que Dieu donne quelque nouveau principe ou quelque nouvelle forme de relation, le sabbat est ajouté. Ainsi, en grâce pour Israël (Ex. 16, 23) ; comme loi (Ex. 20, 10 ; 31, 13-17 ; 34, 21 ; 35, 2 ; lorsque le peuple est de nouveau rétabli par la patience de Dieu, en vertu de la médiation de Moïse ; voyez enfin le rôle du sabbat dans la nouvelle alliance mentionnée au Deutéronome.

Ces remarques nous font voir de quelle importance essentielle et radicale était le sabbat, comme pensée de Dieu et signe de la relation qu’Il établissait entre Lui et Son peuple, quoiqu’il ne fût qu’un signe, une solennité, et non, en lui-même un commandement moral, car il signifiait l’association avec Dieu dans Son repos, vérité de l’ordre le plus élevé qui met le cœur en rapport avec Dieu.

Mais, si la considération du rapport du sabbat avec l’alliance dont il est le signe, est de toute importance, il est aussi important et même plus, de se rappeler que l’alliance entre Dieu et le peuple juif est entièrement mise de côté pour nous, et que le signe de cette alliance ne nous appartient pas. Cela n’empêche pas que le repos de Dieu ne nous soit aussi précieux qu’aux Juifs, et même davantage. Mais notre repos n’est pas de cette création, comme le leur, dont le septième jour était le signe. En outre, et ceci est plus important encore, rappelons-nous que le Seigneur Jésus est le Seigneur du sabbat, considération de toute importance quant à Sa personne, mais qui serait réduite à rien, s’Il n’avait rien dû changer par rapport au jour. Remarquons enfin qu’il n’en est fait aucune mention dans le sermon sur la montagne, où Il a donné un si précieux résumé de la moralité de la loi dans ses principes fondamentaux, auxquels Il en a ajouté d’autres fournis par la lumière céleste qu’apportait ici-bas le nom du Père, la présence d’un Messie souffrant, et la révélation de la récompense qui sera reçue dans le ciel. Cependant Jésus a présenté dans ce sermon un ensemble des principes de Son royaume. Nous trouvons aussi qu’Il froissait continuellement les pensées des Juifs au sujet du sabbat, circonstance qui nous a été soigneusement rapportée par les évangélistes, c’est-à-dire par le Saint Esprit. Le sabbat est le jour même que Jésus a passé dans un état de mort, signe terrible de la position des Juifs quant à leur alliance ; mais, pour nous, signe de l’origine de choses beaucoup meilleures.

On a essayé de démontrer, en se donnant beaucoup de peine, que le septième jour était, de fait, le premier. Une seule remarque démolit tout cet échafaudage : c’est que la Parole de Dieu appelle ce jour le premier, en contraste avec le septième. Quel est donc ce premier jour ? C’est pour nous le jour de la résurrection de Jésus, par lequel nous sommes régénérés pour une espérance vivante, qui est notre salut, la source de toute notre joie, et donne son caractère à notre vie tout entière. Aussi, trouverons-nous le repos de Dieu dans la résurrection. Moralement, dans ce monde, nous commençons notre vie spirituelle par le repos, au lieu de ne le goûter qu’à la fin de nos travaux. Notre repos est dans la nouvelle création. Nous sommes, après Christ, qui en est le Chef, le commencement de cette nouvelle dispensation.

Il est clair, par conséquent, que le repos de Dieu ne peut être associé, pour nous, au signe du repos de la création actuelle : il est exclusivement attaché à la résurrection de Jésus, point de départ de la position qu’Il a prise comme chef de la nouvelle création. Avons-nous quelque autorité dans le Nouveau Testament pour distinguer le premier jour de la semaine des autres ? Pour ma part, je n’en doute pas. Il est certain que nous n’avons pas sur ce point des ordonnances semblables à celles de l’ancienne loi ; elles seraient tout à fait contraires à l’esprit de l’évangile de grâce. Mais l’Esprit de Dieu a désigné, de diverses manières, le premier jour de la semaine, quoiqu’il n’ait pas imposé ce jour d’une manière contraire à l’esprit de cette économie. Ce jour-là, le Seigneur étant ressuscité selon Sa promesse, Il paraît au milieu de Ses disciples rassemblés d’après Sa Parole. Le même fait se reproduit, à pareil jour, la semaine suivante. Dans les Actes, ce même jour est signalé comme celui où l’on s’assemblait pour rompre le pain. Dans la première épître aux Corinthiens, chapitre 16, les chrétiens sont exhortés à mettre à part, chaque premier jour de la semaine, ce qu’ils pourront assembler suivant leur prospérité. Dans l’Apocalypse, ce jour est positivement appelé le jour du Seigneur, c’est-à-dire que le Saint Esprit le désigne d’une manière directe, en l’appelant d’un nom distinctif. Je sais bien qu’on a voulu nous persuader que, dans ce passage, il s’agit d’être en esprit dans le millénium. Mais il y a deux objections péremptoires contre cette interprétation. Premièrement, le texte grec ne dit rien de pareil, il exprime tout autre chose ; l’épithète qu’il emploie est celle employée pour la cène, et elle peut être traduite par seigneurial ou dominical : la cène dominicale (1 Cor. 11, 20), le jour dominical (Apoc. 1, 10). Qui peut douter du sens d’une telle expression, et se refuser à admettre que le premier jour de la semaine a été distingué des autres (de même que la cène a été distinguée des autres repas), pour être, non point un sabbat imposé, mais bien un jour privilégié ? En second lieu, le raisonnement dirigé contre cette opinion repose sur une idée totalement fausse, car il n’y a qu’une portion minime de l’Apocalypse qui parle du millénium. Le livre presque tout entier s’occuper de ce qui précède cette époque. Il n’est nullement question de celle-ci dans l’endroit, en particulier, où se trouve l’expression dont on se prévaut, et qui se réfère aux églises existantes, quel que fût d’ailleurs leur caractère prophétique. Ainsi donc, si nous nous en tenons à la Parole de Dieu, nous sommes obligés de reconnaître que le premier jour de la semaine se distingue de ceux qui le suivent, comme étant le jour du Seigneur. Aussi sommes-nous tenus de dire, si nous voulons maintenir l’autorité du Fils de l’homme, qu’il est supérieur au sabbat, Seigneur du sabbat. De sorte qu’en maintenant l’autorité du sabbat juif comme tel, on risque de nier l’autorité, la dignité et les droits du Seigneur Jésus Lui-même.

Plus on sent l’importance du sabbat du septième jour, plus on sentira combien il est important de considérer que ce n’est plus le septième jour, mais le premier, qui a des privilèges pour nous. Prenons garde, d’un autre côté, parce que nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce, de ne pas affaiblir non seulement la pensée du repos de l’homme, mais celle du repos de Dieu ; pensée dominante dans l’ensemble de la révélation des relations de Dieu avec l’homme. Le repos final pour nous est le repos des labeurs spirituels au milieu du mal ; ce n’est pas seulement se reposer du péché. Nous en jouirons, comme Ses collaborateurs, avec Celui qui a dit : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille ». »



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1885.
  2. Les principaux sacrificateurs et les pharisiens n’eurent pas tant de scrupules pour ce jour-là, quand ils s’assemblèrent auprès de Pilate pour lui demander de faire garder le sépulcre, et qu’eux-mêmes allèrent sceller la pierre et y mirent la garde (Matt. 27, 62-66).
  3. Voyez à la fin de cet article, une note importante, tirée des Études sur la Parole, au sujet du chapitre 23 du Lévitique ; elle confirme et développe ce que nous avons cherché à exposer dans ce petit écrit.
  4. L’unité du corps est une vérité que nous ne trouvons pas dans Jean. Les disciples, dans le premier rassemblement dont nous avons parlé, n’en avaient pas l’idée — ni même dans les premiers chapitres des Actes — mais actuellement, l’unité du corps étant révélée, c’est un principe de toute importance, à maintenir dans tout rassemblement au nom du Seigneur.