Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon/Partie 7

De mipe
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Chapitre 7

Verset 1. « Fille de prince, combien sont belles tes démarches (vers. angl., tes pieds) avec ta chaussure ».

L’épouse du roi est de nouveau l’objet d’une contemplation et d’une description minutieuses, et est saluée d’un nouveau titre : « Fille de prince ». Sa relation avec la royauté est désormais reconnue ; elle est avec le roi dans la relation la plus intime : cela est manifeste à tous. Ce sera là sa place lorsque le Messie prendra le trône, selon le langage plein de clarté et de force du psaume quarante-cinquième. « Ta femme est à ta droite, parée d’or d’Ophir », y lisons-nous en effet. Du moment que Christ paraît et prend le trône de David Son père, tout est changé en Israël. Quel changement pour Jérusalem ! Quel changement pour le peuple juif ! Jérusalem aura la première place, et toutes les villes de Juda la reconnaîtront. Alors aussi viendra la bénédiction de la terre par l’exaltation des Juifs. « Tes enfants seront au lieu de tes pères ; tu les établiras pour princes par toute la terre ».

Et maintenant, écoute les premières paroles, pour ainsi dire, qu’Il adresse du haut de Son trône à Son peuple bien-aimé. « Écoute, fille, et considère ; rends-toi attentive, oublie ton peuple et la maison de ton père. Et le roi mettra son affection en ta beauté ; puisqu’il est ton seigneur, prosterne-toi devant lui ». Ce n’est plus de la gloire des pères — Abraham, Isaac et Jacob qu’il s’agit, mais de la gloire autrement brillante de la vraie semence royale de la maison de Juda. Christ est tout en tous. Celui qui aime la justice et qui hait la méchanceté se montre capable de gouverner. Il a amené par la justice et le jugement le plein triomphe et la gloire du peuple juif. Il les a conduits à la victoire sur la tête de tous leurs ennemis. Celui qui les avait réduits en captivité est désormais captif lui-même dans le puits de l’abîme. Christ est sur le trône, et tous Ses ennemis sont devenus son marchepied. Et maintenant, c’est à Lui que le peuple doit regarder, et non aux pères dans lesquels ils avaient mis leur gloire jusque-là. « Nous sommes la postérité d’Abraham », tel fut jadis leur vain sujet d’orgueil vis-à-vis de l’humble Jésus ; mais tout est changé maintenant ; aussi la parole caractéristique adressée à la fille de Sion est-elle : « Oublie ton peuple et la maison de ton père, et le roi mettra son plaisir en ta beauté ; puisqu’il est ton seigneur, prosterne-toi devant lui ».

Mais n’y a-t-il rien pour toi, ô mon âme, dans ce magnifique appel sorti des lèvres de Jésus, quoique ce soit en qualité de Roi des Juifs qu’Il le fait entendre ? Ne convient-il qu’à Israël seulement ? Gardons-nous bien de le penser. Dans son esprit et dans son principe, il est applicable à tous les disciples de Christ de nos jours. « Demeurez en moi »« Suis-moi », sont des paroles d’une portée plus profonde encore. Une âme n’est pas plutôt convertie à Jésus, qu’elle doit, en ce sens, oublier toute sa vieille manière de vivre et s’en détourner. Tout ce qui est contraire à la volonté de Christ, ou nous empêcherait de l’accomplir, doit être abandonné, et, pour ainsi dire, oublié. L’application de ce passage est facile, pourvu seulement que nous soyons prêts à donner nos cœurs au Seigneur. « Mon fils, donne-moi ton cœur et que tes yeux prennent garde à mes voies » est assurément une juste demande, en tout temps, de la part de Celui qui s’est donné Lui-même pour nous. C’est un dévouement complet qu’Il nous a montré ; Il n’a fait aucune réserve ; Il a tout donné. Il nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous. Ce n’est pas seulement Sa vie qu’Il a donnée, quelque vrai et précieux que ce soit qu’Il nous en a fait le don, mais Il s’est donné Lui-même. Naturellement, la croix est l’expression la plus forte que nous puissions avoir jamais de Son amour. Mais en se donnant Lui-même, Il donne tout ce qu’Il est, comme l’homme Christ Jésus — le Sauveur des pécheurs. Remarque, remarque particulièrement, je t’en prie, la grandeur de ce don — Lui-même ! Et aussi quel est Celui qui donneIl s’est donné Lui-même. Toutes Ses qualités, toutes Ses perfections sont données dans ce don. Voilà l’amour — voilà le dévouement ; Il ne nous refuse rien ; Son amour est parfait. Lui, Lui-même, est à moi.

Grâces en soient rendues à Son nom adoré, c’est un Christ complet que nous possédons ! Puissions-nous ne rien nous permettre qui serait de nature à en diminuer la plénitude pour l’âme — puissions-nous regarder le moi et tout ce qui lui appartient, comme des ordures ! Sa sagesse, Sa justice, Sa paix, Sa joie, Sa grâce, Sa gloire — en un mot, la perfection de Son œuvre, Sa vie plus abondante en résurrection, et la gloire de Sa personne — tout cela est au croyant dans le don qu’Il a fait de Lui-même. Prends un exemple de cette vérité merveilleuse, ô mon âme, et tâche de comprendre pleinement ce mystère de l’amour parfait. Il est écrit qu’Il « a fait la paix par le sang de sa croix ». « Paix » signifie là réconciliation. Nous sommes réconciliés, ou la paix est faite conformément à la perfection de Son œuvre sur la croix. Mais il est aussi écrit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Ici, paix ne signifie pas réconciliation, mais la propre paix de Christ. « Ma paix » — une paix correspondant à la gloire de Sa personne, et qu’Il nous laisse comme un legs dans cette scène de trouble et d’agitation. Et Il ne donne pas comme le monde donne ; le monde donne une partie et garde une partie ; mais Lui, Il donne tout. Oh quelle bénédiction ! Qu’est-ce que l’amour n’a pas fait ! Et quel fondement de confiance pour le cœur dans ce don ineffable ! Savoir que « Jésus est à moi », c’est connaître la douceur de la paix parfaite, et du parfait repos, en Sa propre présence bénie. Mais s’il y a dans ce don un pareil fondement pour la confiance, quel motif il renferme aussi pour tout le dévouement du cœur, pour une entière consécration du corps, de l’âme, et de l’esprit à ce précieux et glorieux Sauveur et Seigneur ! Qu’il nous soit donné de connaître la confiance et d’agir d’après le motif ! Et puisse notre amour être le pur reflet du sien !

« Ton confiant regard est l’expression de l’amour, d’un amour qui fait naître l’amour, et qui se reflète dans tout l’ensemble de ton être, comme dans l’eau le visage répond au visage ; ou, comme en passant près de la porte de Bath-Rabbim on peut voir dans les eaux le miroir uni des viviers de Hesbon, la fidèle image des cieux qui s’y mirent ».

Il est difficile de décider si, dans les cinq premiers versets de ce chapitre, ce sont les filles de Juda qui s’adressent à l’épouse, ou si c’est le langage de l’époux lui-même. L’accent du verset sixième, où c’est lui évidemment qui parle, a quelque chose de plus profond. Dans le chapitre quatrième, en parlant des qualités de l’épouse, c’est par la tête qu’il commence ; et au cinquième, où l’épouse fait une longue description de son bien-aimé, elle commence aussi par la tête. Mais ici il en est autrement, la description commence par les pieds, et finit par la tête. Il semble que dans ce passage, elle est envisagée du point de vue de la terre, comme si les filles de Jérusalem étaient d’abord attirées par sa marche. En outre, ce qui nous est présenté ici, ce n’est pas tant le portrait de sa beauté personnelle propre, de sa beauté sans tache tant admirée de l’époux, et sur laquelle il se plaît à s’arrêter, comme les circonstances de la royauté et ses rapports avec elle. Ou bien, peut-être, est-ce plutôt de gloire nationale qu’il s’agit là, que de beauté personnelle. Dans tous les cas, ne perdons jamais de vue à mesure que nous poursuivons, que l’épouse représente, pour tout Israël, la gloire et la bénédiction dans toute sa grandeur.

Ayant examiné avec quelque soin, dans nos méditations sur les chapitres 4 et 5 chacun des traits décrits ici, nous ne voudrions maintenant faire guère autre chose que signaler ce qu’il y a de plus manifeste dans la portée des divers sujets de comparaison.

L’expression : « Fille de prince, combien sont belles tes démarches avec ta chaussure », rappelle plutôt à l’esprit l’idée d’une marche avec majesté — de manières majestueuses, que celle de la marche en général. La comparaison des « hanches » à des colliers donnant de l’aisance à la marche, fortifie cette manière de considérer le passage. Le port de l’épouse est plein de noblesse et de majesté, tel qu’il convient à la dignité royale. « Une tasse ronde, toute couverte de breuvage… un tas de blé entouré de muguet », indiquent certainement l’abondance de ce qui réjouit et fortifie ; et néanmoins ces choses sont environnées de grâce et d’humilité. Une clôture de muguets n’empêche personne de venir et de prendre part à la munificence du roi ; elle fait bien plutôt, au contraire, entendre pour ainsi dire, une douce invitation dans ces paroles de la sagesse : « Venez, mangez de mon pain et buvez du vin que j’ai mixtionné ». Telles seront la plénitude et le caractère de la bénédiction terrestre sous le règne paisible du vrai roi Salomon : une abondance de froment et de vin protégée par une clôture de muguets. Quelle idée ces beaux et expressifs symboles ne nous donnent-ils pas de la bénédiction milléniale ! Une abondance sans mesure avec une véritable humilité de cœur ! Quels ne seront pas le parfum et la beauté, la paix et la sécurité de ce pays, dont les frontières auraient pour murs de défense les muguets de la vallée ! Sous quelle solennelle et ravissante impression seront tous ceux qui monteront à Jérusalem ! C’est là qu’est Jésus ! Le Roi de Salem règne, tout obéit à Sa volonté : ce fait seul explique tout.

Verset 3. « Les deux faons, jumeaux d’une chevrette », peuvent indiquer l’unité, l’harmonie, et la grande ressemblance de famille qui caractérisent alors le peuple du pays. Faisant allusion à leur bénédiction sous la nouvelle alliance dans les jours à venir, voici en quels termes la Parole s’exprime : « Et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés ; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un nouveau cœur, je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous ; je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances et les ferez. Et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu » (Éz. 36, 25-28). Dans l’application qu’il fait de ces promesses à Israël, nonobstant son état actuel de dispersion, l’apôtre dit : « Car voici l’alliance que j’établirai à l’égard de la maison d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur. En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple. Et ils n’enseigneront pas chacun son concitoyen et chacun son frère, en disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand » (Héb. 8, 10, 11). Qui pourrait, avec de pareilles déclarations sous les yeux, douter de la pleine restauration d’Israël, de la réalité et de l’uniformité de sa bénédiction ?

Verset 4. La « tour d’ivoire » ferait penser à de grandes richesses et à une position exaltée. Elle parlerait aussi de gloire nationale, sinon de pureté nationale — l’ivoire étant de la blancheur de la neige. « Les viviers qui sont en Hesbon » figurent quelque chose de calme, de profond, de pur et de réflecteur. Et si « la tour d’ivoire » rappelle à l’esprit les richesses nationales d’Israël, « les viviers de Hesbon » ne pourraient-ils pas symboliser son caractère national ? Quoi d’aussi beau, d’aussi expressif, qu’un brillant regard plein de calme et de sérénité ? De plus, il est dit d’Israël : « Mes yeux sont continuellement sur l’Éternel » (Ps. 25). Ce sera là la simplicité de l’œil. Seigneur, hâte cela en son temps !

« La tour du Liban qui regarde vers Damas » suggère l’idée de la force, de la sécurité, de la suprématie. Les Juifs, jadis tant persécutés comme peuple dispersé sur la terre, et si fréquemment envahis en tant que nation, spécialement par les Syriens, peuvent désormais promener leurs regards sur la Syrie et sur toutes les nations environnantes, dans la puissance de leur force. Toutes les nations de la terre sont à leurs pieds. La tour « regarde vers Damas » — la capitale de leur infatigable et puissant ennemi de jadis. « Car la capitale de la Syrie c’est Damas, et le chef de Damas c’est Retsin ». Une tour sur les sommets du Liban a vue sur tout, et est vue par tous. On saura alors que la puissance de Jéhovah-Jésus demeure au milieu de Son peuple bien-aimé. Ce sera là leur suprématie nationale.

Verset 5. « Ta tête est sur toi comme le Carmel » (vers. angl.).

« Carmel », dans l’Écriture, est le type de la fertilité. Il était célèbre pour ses vignes, ses vergers, et son riche herbage. Cette expression : « Ta tête est sur toi », semblerait indiquer un ornement de tête, non la tête du corps. Ce peut être une allusion à une couronne, ou à des rameaux de lauriers entrelacés, représentant « l’excellence du Carmel » et emblème de la fertilité du pays — de l’abondance nationale. Israël est couronné de gratuités. Ils sont bénis de toutes les bénédictions terrestres dans le pays d’Emmanuel. Mais, quelque glorieux que doive être cet état de choses (et il sera glorieux), ce n’est cependant que le contraste, tracé sous l’inspiration divine, des bénédictions de l’Église même pendant qu’elle poursuit son pèlerinage dans ce monde. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Voilà le caractère et la mesure de la bénédiction du chrétien, si on peut la mesurer. Et ici, ô mon âme, note, pour en faire le sujet de tes méditations les plus profondes et les plus élevées, les trois choses mentionnées dans cet admirable verset : 1° « toute bénédiction spirituelle ». Il n’en manque pas une. Et, remarque-le, ce sont des bénédictions spirituelles, adaptées à notre nature nouvelle. 2° « Dans les lieux célestes ». La sphère la plus élevée — les lieux les plus excellents — non pas les lieux terrestres, comme pour Israël dans le pays de Canaan, tout bénis et précieux qu’ils seront. 3° « En Christ » — de la manière la plus bénie et la plus excellente dans laquelle Dieu pouvait les donner. Ici, impossible d’établir aucune comparaison ; nous ne pouvons que nous prosterner et adorer. Oh ! qu’il nous soit donné d’entrer plus pleinement dans ce qui est déjà à nous, en Christ, conformément à l’amour de notre Dieu et Père, afin que nous soyons saints et irrépréhensibles devant Lui dans l’amour.

« Et les cheveux fins de ta tête sont comme de l’écarlate ; le roi est attaché aux galeries ». « L’écarlate » est l’emblème de la royauté. Le regard allant de la magnifique chaussure à la couronne d’épouse, trouve tout parfait. La belle épouse du roi est sans tache. Et les termes de comparaison impliquent l’idée de la véritable grandeur et de la vraie gloire nationales. Le roi est vaincu par tous ses attraits. Il est subjugué, pour ainsi dire, par le charme que tout en elle respire — le charme dont il l’a revêtue. « Elle est toute pleine de gloire au-dedans des palais d’ivoire : son vêtement est semé d’enchâssures d’or ; elle sera présentée au roi en vêtements de broderie ». « Le roi est attaché aux galeries ». Il ne peut quitter sa royale épouse. Amour merveilleux ! Merveilleuse grâce ! Puissions-nous mieux connaître le cœur de Jésus !

« L’Être glorieux et plein de majesté, que la mort et l’enfer étaient impuissants à retenir à toujours, est subjugué par tes grâces irrésistibles et lié comme d’une chaîne qui défie tous les efforts.
Merveilleuse beauté que celle qui entraîne le souverain Maître des cieux, le forçant de s’arrêter et de regarder, tant ses regards sont attirés par tes charmes.
L’énergie de la foi triomphe du roi ; avec quel bonheur ils participent à la victoire, ceux qui dans ses saints parvis le gagnent et l’entraînent, et ensuite ont le pouvoir de le retenir ! »



Verset 6. « Que tu es belle, et que tu es agréable, amour délicieuse ! ».

C’est bien la voix de l’époux, nous n’en saurions douter, que nous entendons ici : elle se révèle dans la profondeur de sentiment et d’intérêt que les paroles de ce verset respirent et que ne présentent pas au même degré celles des cinq versets précédents. D’autres peuvent admirer l’épouse ; mais lui, il prend son plaisir en elle. L’œuvre de sa patiente grâce a eu ce résultat béni qu’elle lui ressemble moralement ; cette ressemblance, il la voit maintenant, et il y prend plaisir. Plus Christ apercevra en nous Sa propre parfaite image, plus Il prendra en nous Ses délices. Cela est nécessairement vrai, et c’est pourtant une vérité qui n’est pas aisément comprise par tous.

Un homme droit ne saurait trouver son plaisir en quelqu’un aux voies obliques, ni un honnête homme dans un homme sans probité. Une personne pure ne saurait avoir communion avec quelqu’un qui l’entraînerait dans toutes les souillures d’un naturel bas et dégradé. Assurément non. L’homme droit ne peut se plaire que dans la droiture ; l’homme honnête, que dans l’honnêteté ; et l’homme pur dans la pureté. De même le Seigneur ne peut trouver Ses délices que dans ce qui reproduit Ses propres perfections morales. Oh ! quelle leçon pratique absolument indispensable tu peux recueillir de ce fait, ô mon âme ! Sous quel rapport, et dans quelle mesure, laisse-moi te le demander, ressembles-tu moralement à Christ ? Pense à Son amour, à Sa sainteté, et à la perfection de toutes Ses voies ; et cherche ensuite — sous quel rapport et dans quelle mesure Il peut voir Sa propre image morale réfléchie pratiquement en toi, et en conséquence jusqu’à quel point Il peut trouver en toi Ses délices. Ne recule pas devant ces solennelles et pénétrantes recherches — demeure dans la lumière — examine bien à sa clarté toutes tes voies pratiques ; et poursuis par dessus tout une parfaite conformité avec Lui qui nous a laissé un exemple afin que nous marchions sur Ses traces. Quelle douceur une âme qui L’aime ne doit-elle pas trouver dans cette parole sortie de Ses lèvres : « Que tu es belle et que tu es agréable, amour délicieuse ! ».

Mais avant de quitter ce sujet, il peut être bon de considérer un moment l’enseignement de l’Écriture sur le précieux sujet de notre privilège d’être un avec Christ, d’être accomplis en Lui, et qui est comme l’autre face du même sujet. Dans la pratique, nous restons infiniment en arrière de Christ ; et néanmoins, en esprit et en vertu de Son œuvre accomplie, nous sommes un avec Lui, comme ressuscité et glorifié. C’est là une vérité glorieuse : est-elle clairement enseignée dans l’Écriture ? Prenez les passages suivants, entre beaucoup d’autres qu’on peut citer. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6, 17). « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit » (1 Cor. 12, 13). « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos offenses et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses » (Col. 2, 13). « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8, 1).

La position bénie du croyant en Christ est abondamment enseignée dans l’Écriture ; et la foi ne demande rien de plus que la Parole manifeste de Dieu. Nos propres pensées et nos propres sentiments ne feraient que nous égarer dans ce sujet d’une si grande importance ; et les doutes et les craintes à son égard ne seraient que des doutes à l’égard de la rédemption sur laquelle est basée la vérité de notre unité avec Christ. Étant un avec Lui en tant que ressuscité d’entre les morts et exalté en haut, nous sommes participants avec Lui de la même vie et des mêmes privilèges devant Dieu. Il est nettement déclaré, par exemple, que Christ est notre vie : « Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté ». Si donc on soulève la question de savoir si nous avons la vie éternelle, le croyant peut répliquer en demandant à son tour, si Christ a la vie éternelle, car la Parole de Dieu affirme que Christ est notre vie. Puis, pour ce qui concerne notre unité avec Christ en fait de justice : nous sommes « devenus justice de Dieu en lui ». Quant à l’acceptation, nous sommes « agréables dans le bien-aimé ». Quant à la position, nous sommes « assis ensemble dans les lieux célestes en Christ ». Remarque la forme de l’expression : « En Christ — en Lui », et surtout remarque la richesse des passages suivants. « Or vous êtes de lui dans le Christ Jésus qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (1 Cor. 1, 30). « Et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité » (Col. 2, 10). « En lui », remarque-le, qui est au-dessus « de toute principauté et autorité », même des anges qui n’ont jamais péché.

Il en est, nous le savons, qui parlent de ce caractère céleste de la vérité comme ne renfermant rien de pratique, et quelquefois dans des termes moins dignes encore. Nous pensons que c’est là une grave erreur qui doit conduire à de sérieuses conséquences. Nous croyons fermement, au contraire, que la pleine assurance du chrétien, touchant le pardon, la justification, la paix, l’acceptation, sera en proportion de la clarté de son intelligence, et de la mesure de sa jouissance, de ces vérités-là, telles qu’elles sont enseignées dans la Parole de Dieu. Le salut n’est rien que le passage de la mort à la vie. Où suis-je donc, que suis-je, si la mort est derrière moi ? Associés avec un Christ ressuscité, et éternellement un avec Lui, « nous sommes membres de son corps ». De même que la main et le pied, l’œil et l’oreille, sont renfermés dans l’homme, de même le croyant est renfermé en Christ.

Bien loin qu’il n’y ait rien de pratique dans ce caractère de la vérité, nous n’hésitons pas à dire que notre ressemblance avec Christ maintenant sera proportionnée à notre connaissance de Lui comme notre tête exaltée dans le ciel, et à notre communion avec Lui dans cette position. Qu’est-ce qui fit de Paul un homme aux pensées et aux affections tellement célestes ? N’est-ce pas son regard fixé sur Christ dans la gloire et son cœur qui soupirait si ardemment après Lui, là ? « Je fais une chose », disait-il. Christ dans le ciel, voilà « la chose » qu’il avait toujours devant son âme. C’est cela, et cela seul, qui produira sur la terre ce en quoi Christ trouve Ses délices — Sa propre image morale réfléchie en nous. Sachant cela, puissions-nous nous proposer continuellement le Seigneur devant nous, et chercher toujours à pratiquer les choses qui Lui sont agréables.

Mais au milieu de tous nos manquements, il est consolant de savoir que, au jour prochain de Sa gloire, Il sera environné de ce qu’Il aime et en quoi Il se réjouit. Alors les saints célestes seront transformés à la ressemblance de Son corps glorieux — changés dans la même image. « Nous savons que, lorsqu’il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». Et alors aussi, d’Israël comme nation sur la terre, il sera dit : « On ne te nommera plus la délaissée, et on ne nommera plus ta terre, la désolation ; mais on t’appellera Hephtsibah (c’est-à-dire, mon bon plaisir en elle), et ta terre Beulah (c’est-à-dire, la mariée) ; car l’Éternel prendra son bon plaisir en toi, et ta terre aura un mari » (És. 62, 4). Seigneur, hâte cela en ton temps, pour l’amour de ton nom !

Verset 7. « Ta taille est semblable au palmier, et tes mamelles à des grappes ».

Le « palmier » et ses « grappes » peuvent être considérés comme les emblèmes de la victoire et de la maturité, de la droiture et de la fertilité. Il est souvent fait mention du palmier dans toute l’Écriture, et, il est appliqué comme symbole d’une manière diverse. Quant à sa forme naturelle, son tronc est élancé, mais gracieux, droit et élevé, type de la droiture. « Ils sont droits comme le palmier ». Quoique sous une forte pression, ou abaissé pour un temps vers la terre par des liens, il se refuse à croître tortu et recouvre bientôt sa forme perpendiculaire. Image merveilleuse de la longue pression qui a pesé sur les Juifs, et de la manière dont ils lèveront de nouveau la tête. Ses feuilles et son fruit croissent au sommet de l’arbre en riches grappes, et ont la forme d’une couronne ou d’un dais. Quelques espèces s’élèvent à une telle hauteur, qu’il n’est pas facile d’atteindre le fruit, le tronc étant dépourvu de branches. C’est à cette circonstance-là que fait peut-être allusion le verset suivant : « J’ai dit, je monterai sur le palmier, et j’empoignerai ses branches ». Les fruits de l’Esprit n’échappent jamais au Seigneur. Il recueille et apprécie les faits de la grâce dans les siens. On dit que cet arbre est le signe certain de la présence de l’eau dans le désert — qu’il se trouve toujours dans son voisinage de fraîches sources d’eau, de sorte que rien n’est aussi agréable que le palmier aux yeux du voyageur brûlé par une soif ardente. Ce détail historique est fort intéressant et suggère bien des pensées ; il me semble en outre s’accorder avec l’Écriture. « Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers, et ils se campèrent là auprès des eaux » (Ex. 15, 27).

Il est aussi fait souvent allusion dans l’Écriture aux branches de palmier comme emblème de la victoire. Elles étaient pour les Juifs le signe de la fête des tabernacles, période de grande réjouissance en Israël. « Et au premier jour vous prendrez du fruit d’un bel arbre, des branches de palmier et des rameaux d’arbres branchus, et des saules de rivière, et vous vous réjouirez pendant sept jours devant l’Éternel votre Dieu » (Lév. 23, 40). La multitude innombrable que, dans sa vision, Jean vit devant le trône et l’Agneau étaient « vêtus de longues robes blanches, et avaient des palmes dans leurs mains ». Bien des pensées relatives au passé, au présent, et à l’avenir de l’histoire d’Israël, se présentent à l’esprit, à mesure que nous méditons sur toutes ces images, mais nous devons nous borner maintenant à en faire une application rapide.

La belle épouse du roi a atteint maintenant sa majorité morale. Vérité bénie ! La grâce a triomphé ! Elle est parfaite aux yeux de l’époux — elle est les délices de son cœur — elle est le reflet de lui-même. La prière est exaucée et la promesse accomplie : « Que la beauté de l’Éternel notre Dieu soit sur nous » (vers. angl. du psaume 90) « Les justes fleuriront comme le palmier ». De plus, la fête des tabernacles est venue ! Elle agite ses palmes de victoire — sa joie est au comble : élevée et droite comme le palmier avec sa luxuriante couronne, et les eaux vives qui jaillissent de ses racines ; humble, faible et dépendante, telle que la vigne s’attachant toutefois au Puissant et portant beaucoup de fruit à sa gloire : le plus aimable des emblèmes de l’humble conduite de l’homme et de la fertilité abondante, fruit de la confiance en Dieu — de la demeure dans le vrai cep. « Car, quand je suis faible, alors je suis fort ». Mais elle est aussi embaumée comme le pommier — l’emblème de prédilection du bien-aimé ; elle répand de tout côté les doux parfums de son nom.

Il semblerait d’après le verset neuvième que maintenant l’époux se repose dans les charmes de son épouse. Son cœur est en repos. Vérité merveilleuse ! Il voit en elle le fruit du travail de son âme et il est rassasié ; les désirs de son cœur sont satisfaits. Quel amour ! Quelle grâce ! Quelle bénédiction ! Heureuse épouse ! Heureux Israël ! Parfaitement, et pour toujours restauré, l’Éternel ton Dieu se repose en toi. Il est ranimé, rafraîchi, et réjoui par « le meilleur vin » que tu as préparé pour ton bien-aimé, « faisant parler les lèvres de ceux qui sont endormis ». Et s’il restait encore dans l’esprit de mon lecteur le plus léger doute sur le plein, l’heureux et glorieux rétablissement des Juifs, qu’il lise attentivement la magnifique prophétie qui suit : il n’est assurément personne qui doute qu’elle soit encore inaccomplie. « Réjouis-toi avec chant de triomphe, fille de Sion, jette des cris de réjouissance, ô Israël ! Réjouis-toi et t’égaie de tout ton cœur, fille de Jérusalem ! L’Éternel a aboli ta condamnation, il a éloigné ton ennemi ; le Roi d’Israël, l’Éternel est au milieu de toi ; tu ne sentiras plus de mal. En ce temps-là, on dira à Jérusalem : Ne crains point, Sion, que tes mains ne soient point lâches. L’Éternel ton Dieu est au milieu de toi ; le Puissant te délivrera. Il se réjouira à cause de toi d’une grande joie, il se taira à cause de son amour, et il s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe » (Soph. 3, 14-17).

Verset 10. « Je suis à mon bien-aimé et son désir est vers moi ».

C’est là, nous pouvons véritablement le dire, la note la plus élevée du Cantique des cantiques. Et toutefois, pouvons-nous dire avec autant de vérité, elle en est aussi la plus humble. Maintenant, l’âme en a fini avec elle-même, et est entièrement occupée de Christ. Ses paroles sont l’expression de l’intelligence la plus élevée de Christ, de la manière la plus parfaite de Le saisir : « Son désir est vers moi » — il prend en moi ses délices. En conséquence, le moi est perdu de vue. La grâce a accompli son œuvre parfaite — l’âme est établie dans la grâce.

C’est là la perfection de la beauté dans les saints du Seigneur, et toujours ce en quoi Il prend Son plaisir. Aussi longtemps qu’une âme est sous la loi, elle n’atteint jamais cette position de confiance, de repos, de paix et de joie. Elle ne fait jamais entendre une note aussi élevée. N’importe qui, où, et quand, il faut que l’âme qui est sous la loi soit troublée par des doutes et par des craintes. Non que la loi ne soit pas bonne ; mais il nous est impossible de la garder, et nous ne pouvons pas rester ici toujours car nous devons quitter ce monde ; alors s’élève la solennelle question : Qu’adviendra-t-il de moi devant le tribunal ? Et un sombre nuage s’étend sur l’avenir. L’âme troublée ne croit point, quoique ce soit clairement écrit, que par la « grâce, par la foi, elle a la vie éternelle, et qu’elle ne viendra point en jugement, mais est passée de la mort à la vie » (Jean 5, 24).

La grâce seule peut amener l’âme à cet heureux état, cet état béni. La loi ne le peut jamais, parce qu’elle condamne ceux qui l’enfreignent, et qu’elle ne montre point de miséricorde. En outre, si j’éprouve maintenant de la crainte, j’éprouve du tourment. Mais « l’amour parfait chasse la crainte, car la crainte porte avec elle du tourment. Celui qui craint n’est pas consommé dans l’amour ». Cet « amour parfait » s’exprime dans la grâce parfaite, et la grâce seule établit l’âme dans l’amour parfait de notre Seigneur Jésus Christ, et dans l’œuvre parfaite qu’Il a accomplie pour nous. Israël chanta les louanges de Dieu sur le bord de la mer Rouge qui était du côté de Canaan, où tout n’était que grâce sans mélange d’aucun reproche dans leur complète rédemption. Mais au pied du Sinaï, où retentissaient les tonnerres de la loi, il n’y eut pas de chant : tout était tremblement et terreur. Depuis lors, Israël a été constamment sous la loi, et doit y être jusqu’à ce que leur Messie vienne de nouveau. En même temps, nous savons, cela va sans dire, que ceux qui aujourd’hui se repentent et croient en Jésus, abandonnent leur terrain juif, et deviennent membres de l’Église de Dieu — du corps de Christ, et sont introduits dans tous les privilèges et toutes les bénédictions d’un salut actuel.

La condition des Juifs comme tels, et spécialement comme ayant mis à mort le Seigneur, nous est présentée d’une manière bien frappante dans le cas du meurtrier sous la loi. Il était tenu de demeurer dans la ville de refuge, jusqu’à ce qu’il y eût un changement dans la sacrificature (Nomb. 35). Dans ce type expressif, nous voyons la pleine délivrance d’Israël lorsque son Messie vient dans Sa gloire de Melchisédec. Il les délivrera alors du joug accablant de la loi sous lequel ils souffrent, ainsi que de la main de tous leurs ennemis. Il viendra aussi au-devant d’eux, conformément à l’ancien type de Genèse 14, et rafraîchira et réjouira leurs cœurs défaillants avec le pain et le vin du royaume. Leurs yeux longtemps aveuglés seront alors ouverts pour voir leur propre Messie et connaître qu’il est tout pour eux ; et ce sera là la consolation, le repos et la joie de leurs cœurs.

C’est là une sorte d’expérience que l’Esprit de prophétie ne présente pas dans le Cantique ; elle ne serait point en harmonie avec le but qu’Il a, qui est de nous donner plutôt les exercices du cœur — les affections. Dans les Psaumes, par exemple, il s’agit principalement des exercices de conscience par lesquels passe le résidu.

Si nous revenons en arrière au chapitre 2, 16, nous voyons l’épouse exprimer la joie de son cœur de ce qu’elle avait trouvé le Messie — de ce qu’elle Le possédait : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Au chapitre 6, 3, nous trouvons son expérience considérablement plus élevée. Son cœur goûte une satisfaction à savoir qu’elle lui appartient : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ». Mais dans le verset que nous méditons en ce moment, elle atteint le point le plus élevé de l’expérience d’une âme ; elle se repose dans la bienheureuse assurance que le cœur de son bien-aimé se réjouit en elle : « Je suis à mon bien-aimé et son désir est vers moi ». Tel est l’heureux fruit de la patiente, parfaite grâce du Seigneur ; elle est toute beauté et perfection à Ses yeux — elle est revêtue de tous les attraits de la grâce. Elle le sait, et elle trouve là le parfait repos de son cœur : « Son désir est vers moi ». L’âme ne saurait jamais s’élever plus haut ; elle ne saurait jamais trouver mieux : c’est là trouver toute chose dans l’amour — l’amour immuable de Christ. C’est en cela et en cela seulement, que doit toujours consister la joie la plus profonde du cœur, et sa plus douce paix. Oh ! l’heureux état ! Et que ce puisse être l’état d’un pauvre pécheur sauvé par grâce, et l’être présentement ! Trouver toutes ses sources dans l’amour de Jésus ! Être à même de dire : « Il me connaît parfaitement — Il sait ce que je suis en moi-même, ce que je suis en Lui ; et toutefois, néanmoins, non seulement Il m’aime, mais Il prend Ses délices en moi ». Il n’y a rien au-dessus de cela. Oh ! la merveilleuse vérité ! Arrête-toi ici un moment, dans tes méditations, ô mon âme, et laisse-moi t’adresser ces questions. « Ta harpe a-t-elle jamais été montée au diapason de cette note ? Peux-tu la prendre facilement ? N’est-ce pas en vertu d’un effort que tu y arrives ? Et as-tu appris à t’y arrêter, la faisant vibrer longtemps et à fond ? ». Ce devrait être là la tonique de toutes nos louanges, la condition constante de nos âmes. Notre point de départ dans notre carrière chrétienne, si nous partons bien, c’est la connaissance de l’amour de Jésus, de l’efficace de Son sacrifice, de l’achèvement complet de la rédemption, de la certitude de la gloire. Et avec cela, la louange de Son amour devrait-elle jamais s’affaiblir sur nos lèvres ? Certainement elle devrait devenir de plus en plus forte, à mesure que nous approchons des royaumes brillants de la gloire où le même Jésus et le même amour seront à jamais notre heureux cantique.

Versets 11, 12. « Viens, mon bien-aimé, sortons aux champs, passons la nuit aux villages. Levons-nous dès le matin pour aller aux vignes, et voyons si la vigne est avancée, et si la grappe est formée, et si les grenadiers sont fleuris ; là je te donnerai mes amours ».

Maintenant l’épouse s’adresse à l’époux dans la pleine et heureuse jouissance de sa communion, et de son amour. Aussi quel changement dans le ton et le caractère de ses paroles ! C’est bien différent de tout ce que nous lui avons entendu dire jusqu’ici ; elle ne lui parle que des choses qu’elle sait lui être entièrement agréables. Il y a entre elle et lui unité d’esprit et de cœur. Sa foi a atteint la mesure des pensées et des affections de Christ à son égard. Il en fut de même de David dans la vallée d’Éla (1 Sam. 17). Sa foi s’éleva à la hauteur des pensées et des affections de Dieu envers Son peuple d’Israël, et en conséquence il compta sur Lui. C’est là le vrai fondement de la communion. Le croyant a cela pleinement et parfaitement manifesté en Christ maintenant, et tel devrait être le caractère de sa communion — unité d’esprit et de cœur avec Christ.

L’amour de Jésus envers nous ne consiste pas en paroles seulement ; Il l’a pleinement et parfaitement manifesté. Son œuvre est finie ; et de plus, conformément à la promesse contenue en Jean 14, nous avons le Saint Esprit en nous, en tant qu’individus (1 Cor. 6, 19), et avec nous, en tant qu’assemblée de Dieu (1 Cor. 3, 16, 17). Et n’est-Il pas le témoin, le sceau et le révélateur à nos âmes de l’amour de Jésus et de notre union avec Lui ? Pourquoi donc le ton et le caractère de notre communion seraient-ils au-dessous de toute la volonté de Christ à notre égard ? Mais il se peut que nous contristions le Saint Esprit par notre incrédulité, notre mondanité, et le manque d’amour de nos voies, et notre communion avec Christ perd ainsi le caractère qu’un Esprit non contristé peut seul lui donner. Oh ! veille et prie, ô mon âme, afin que tu puisses vivre, marcher et adorer dans la lumière et la puissance de la présence d’un Saint Esprit non contristé.

L’expression « sortons aux champs, passons la nuit aux villages », etc., me semble indiquer que les bénédictions et les gloires milléniales s’étendent au-delà des limites d’Israël. Les champs et les villages sont hors de la ville. Jérusalem et les villes de Juda, comme formant le centre terrestre de la gloire du Messie, en seront, sans aucun doute, remplies les premières ; mais elle se répandra de ce centre à droite et à gauche, jusqu’à ce que toute la terre soit remplie de la gloire de Christ. Mais ce qu’il y a de particulièrement doux et béni dans la vérité qui nous est ici présentée, c’est que les Juifs sont associés avec leur Messie dans cette vaste extension de la gloire. Ils sont formés l’un pour l’autre ; et ils s’étendent, témoignent, jouissent ensemble, et prennent ensemble leurs délices dans toutes les bénédictions de la terre. Cela me semble parfaitement clair d’après les paroles de l’épouse : « Viens, mon bien-aimé, sortonspassons la nuit — levons-nous dès le matin — voyons si la vigne est avancée », etc. Ils visitent et inspectent, dans une heureuse communion, les champs variés et s’étendant au loin de la gloire milléniale. Puis elle ajoute avec un abandon de cœur qui est tout à fait à sa place en présence du bien-aimé : « Là je te donnerai mes amours ». Son cœur déborde. Il y a maintenant, pour ainsi dire, un excès d’amour. C’est pour cela qu’elle se sert du pluriel, « mes amours ». Un amour immense sans mesure. Ah ! lorsque Christ en est l’objet, notre amour ne saurait être trop ardent ou trop abondant.

L’Église, je n’ai pas besoin de le dire, et tous les saints qui sont ressuscités avec elle seront, avant que tout ceci s’accomplisse, glorifiés avec Christ dans la Jérusalem d’en haut ; car c’est le dessein de Dieu de réunir ensemble tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, sous un seul Chef, Christ, qui tiendra également sous Son pouvoir les provinces célestes et les provinces terrestres de Son royaume. Ces provinces seront alors jointes ensemble comme par l’échelle de Jacob. La gloire des saints célestes sera visible à ceux qui seront sur la terre, et même au monde entier. « Afin que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17, 23). Et à l’égard de la nouvelle Jérusalem, il est dit : « Et les nations marcheront à sa lumière » (Apoc. 21, 24).

Verset 13. « Les mandragores jettent leur odeur, et à nos portes il y a de toutes sortes de fruits exquis, des fruits nouveaux et des fruits gardés, que je t’ai conservés, ô mon bien-aimé ».

L’heureuse épouse trouve maintenant qu’il y a dans son cœur pour le fils de David, une abondance de fruits précieux, tels que l’amour, la gratitude, la louange et une entière consécration : toute espèce de fruits précieux, vieux et nouveaux. Il y a beaucoup de profondeur et de beauté dans ses dernières paroles : « que je t’ai conservés, ô mon bien-aimé ». Des sentiments d’un caractère entièrement nouveau se sont réveillés dans son âme pour le Seigneur Lui-même, des sentiments comme elle n’en avait jamais éprouvés, et comme elle ne pourrait jamais en éprouver pour un autre. Son cœur si longtemps désolé et stérile est maintenant abondant en fruits et plein de l’amour de son Messie. Il a créé des affections particulières pour Lui-même — des affections qui ont été gardées, pour ainsi dire, pendant toute la période de ses égarements, et gardées pour le Seigneur seul, « que je t’ai gardées, ô mon bien-aimé ».

Chapitre 8

Versets 1, 2. « Plût à Dieu que tu me fusses comme un frère qui a sucé les mamelles de ma mère ! Je t’irais trouver dehors, je te baiserais, et on ne m’en mépriserait point. Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère, tu m’enseignerais, et je te ferais boire du vin mixtionné d’aromates, et du moût de mon grenadier ».

Ces versets nous ramènent évidemment en arrière, quant à la position et à l’expérience de l’épouse. Nous nous sommes séparés d’elle à la fin du chapitre 7 au milieu des scènes de la gloire du dernier jour, et dans une heureuse association avec son bien-aimé. Ils étaient ensemble. La sombre nuit de son chagrin était passée avec toutes ses douloureuses expériences, et l’heureux jour de sa gloire était venu avec toute son indicible bénédiction. Mais ici, nous sommes ramenés en arrière au principe même de tous les exercices d’âme par lesquels elle a passé en tendant à ce point-là : savoir le désir ardent de son cœur après une communion sans obstacle et sans réserve avec le Messie, le Roi. Elle soupire après la pleine liberté d’une affection de famille. « Plût à Dieu que tu me fusses comme un frère » ! Ceci répond au commencement de ce livre : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ; car les amours sont plus agréables que le vin ».

Comme on l’a dit, le huitième chapitre est lui-même quelque chose de complet, et récapitule les principes de tout le livre. En l’envisageant à cette lumière, nous ne ferons guère plus que de signaler ce que nous croyons être la marche de l’Esprit dans ce dernier chapitre de notre beau Cantique des cantiques.

Les désirs ardents de l’épouse, tels qu’ils sont exprimés ici par l’Esprit de prophétie, sont aussitôt et pleinement satisfaits. Elle désire la pleine possession de Christ, et d’avoir l’occasion de Lui faire boire du vin mixtionné d’aromates et du moût de son grenadier. Elle sait maintenant que jadis, Il a bu pour ses péchés à elle la coupe amère de la colère de Dieu, et elle désire ardemment Lui présenter une coupe de vin exquis que sa gratitude et son dévouement ont mixtionné pour Lui seul. Et comme l’enfant prodigue à son retour, elle est immédiatement embrassée et repose dans les bras de son bien-aimé. Les filles de Jérusalem sont de nouveau conjurées de ne pas déranger ou réveiller la bien-aimée pendant qu’elle jouit de l’amour de son époux. « Que sa main gauche soit sous ma tête et que sa droite m’embrasse. Je vous conjure, filles de Jérusalem, que vous ne réveilliez point celle que j’aime, que vous ne la réveilliez point jusqu’à ce qu’elle le veuille » (v. 3, 4). Ensuite elle apparaît (v. 5) « montant du désert, mollement appuyée sur son bien-aimé ». Elle est en marche — poursuivant son voyage, vers les radieuses collines de Canaan, dans la dépendance de son bien-aimé et sous l’ombre de ses ailes, l’Égypte et le désert laissés en arrière.

Maintenant l’époux rappelle à l’épouse la source de toute sa bénédiction : « Je t’ai réveillée sous un pommier ». Le « pommier » est l’emblème de Christ Lui-même. « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». C’est de Christ qu’elle tire sa vie divine et toutes les bénédictions qui s’y rattachent. « Je t’ai réveillée sous un pommier » — vivifiée — bénie de toutes les bénédictions terrestres dans un pays glorieux, sous Christ. Il n’est jamais dit que le chrétien a vie et bénédiction sous Christ, mais avec Lui. Cette importante vérité fait ressortir la différence qu’il y a entre la bénédiction juive et la bénédiction chrétienne. Naturellement, c’est de Christ que Juifs et chrétiens tirent leur vie et leur bénédiction, mais il est dit des chrétiens qu’ils sont vivifiés ensemble avec Christ — ressuscités ensemble — et assis ensemble dans les lieux célestes en Christ Jésus » (Éph. 2, 5, 6). Israël, comme tel, appartient à la terre ; nous, en tant que chrétiens, nous appartenons aux « lieux célestes ». Avant la conversion, nous appartenons à la terre ; après, nous appartenons au ciel. C’est là que nos noms sont écrits, et c’est là que maintenant nous sommes assis en Christ.

L’époux rappelle encore à son épouse sa relation avec la nation d’Israël. « Là où ta mère t’a enfantée, là où celle qui t’a conçu t’a enfantée ». Le résidu de la nation dans le cœur duquel la grâce opère, devient l’épouse du grand roi. Elle représente spécialement le résidu de Juda, qui sera à Jérusalem avant que le résidu d’Éphraïm, ou des dix tribus, y soit rassemblé ; mais, en principe, elle représente la nation d’Israël tout entière. Et comme Christ Lui-même naquit de la tribu de Juda, l’Esprit de Dieu sanctionne évidemment l’usage des titres de parenté et l’expression des affections qui leur appartiennent.

Le cœur est saisi d’un sentiment de tristesse et de souffrance quand nous pensons que ceux pour la foi et l’encouragement desquels ces relations sont reconnues, et ces magnifiques scènes décrites, sont encore dans les profondeurs et les ténèbres d’une terrible incrédulité. Le voile est encore sur le cœur d’Israël. Mais l’amour, si magnifiquement décrit dans ces Cantiques, deviendra avant longtemps l’expression fidèle de son expérience. En attendant, le chrétien a le bénéfice de cette révélation merveilleuse de cœurs et de sentiments, le Cantique des cantiques ayant à notre position une application morale bénie.

Le résidu vivifié — l’épouse du Messie dans son caractère de Roi de paix, de roi Salomon — désire maintenant d’être comme un cachet sur son cœur selon un amour qui surpasse toute connaissance.

Versets 6, 7. « Mets-moi comme un cachet sur ton cœur, comme un cachet sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort, et la jalousie est cruelle comme le sépulcre ; leurs embrasements sont des embrasements de feu, et une flamme très véhémente. Beaucoup d’eaux ne pourraient point éteindre cet amour-là, et les fleuves même ne le pourraient pas noyer ; si quelqu’un donnait tous les biens de sa maison pour cet amour, certainement on n’en tiendrait aucun compte ».

Où trouverons-nous un amour comme celui-là ? Uniquement dans le cœur de Jésus. Qu’est-ce qui saisit comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ? Qu’est-ce qui épargne aussi peu qu’une véhémente flamme ? Rien n’est comparable à l’amour. Quand même quelqu’un offrirait les biens de sa maison pour l’amour, ce serait complètement dédaigné. Beaucoup d’eaux ne sauraient l’éteindre, les fleuves ne sauraient le noyer. Quand l’amour et la mort se sont rencontrés à la croix dans une lutte terrible, l’amour a triomphé, et la mort a été à jamais vaincue.

Le « cachet » sur le « cœur » et le « bras » peuvent faire allusion au pectoral et aux épaulettes de l’éphod que portait le souverain sacrificateur. Les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés sur des pierres précieuses « de gravure de cachet » et portés sur le cœur (type de l’affection) et sur l’épaule (type de la force) du souverain sacrificateur, devant l’Éternel. C’est ainsi qu’avant longtemps, l’heureuse épouse sera comme un cachet sur le cœur aimant et le bras puissant de son Seigneur bien-aimé dans Son caractère de souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec.

Versets 8, 9. « Nous avons une petite sœur qui n’a pas encore de mamelles ; que ferons-nous à notre sœur le jour qu’on parlera d’elle ? Si elle est comme une muraille, nous bâtirons sur elle un palais d’argent ; et si elle est comme une porte, nous la renforcerons d’un entablement de cèdre ».

La « petite sœur », nous n’en doutons pas, est une allusion à Éphraïm, ou aux dix tribus longtemps perdues. Leur captivité avait eu lieu avant la naissance de Christ ; de sorte qu’elles ne connaissent rien des exercices d’âme par lesquels Juda, ou les deux tribus, ont passé en rapport avec la naissance, la mort, la résurrection, et le retour du Messie. Mais elles n’en entrent pas moins dans la jouissance des résultats bénis de Sa première venue en grâce, et de Sa seconde venue en gloire. Et elles sont instruites, édifiées et établies dans la doctrine de Christ par Juda, leur sœur plus privilégiée. « Je suis comme une muraille », dit-elle, « et mes mamelles sont comme des tours ; j’ai été alors si favorisée de lui que j’ai trouvé la paix » (v. 10). Elle est forte dans le Seigneur, richement douée, et en pleine faveur avec le roi. L’Israël de Dieu est restauré ! Il y a dans l’Israël de Dieu douze tribus réunies, et non dix et deux divisées.

« Oh ! prie, prie instamment pour l’édification de Jérusalem, et Dieu exaucera les demandes qu’il a inspirées : Dieu exaucera, et de ses désolations lui fera sortir une muraille célèbre — les progrès de sa puissance, ses splendides palais apprendront au monde que Dieu est fidèle, et que sa promesse est sûre ».



Verset 11. « Salomon a eu une vigne en Baal-Hamon, qu’il a donnée à des gardes, et chacun d’eux en doit apporter pour son fruit mille pièces d’argent ».

Le terme « Baal-Hamon » signifie seigneur d’une multitude, et fait allusion évidemment à la multitude des nations — toute la terre, qui forme désormais l’immense vigne du Seigneur de gloire. « La terre appartient à l’Éternel avec tout ce qui est en elle, la terre habitable et ceux qui y habitent » (Ps. 24). Le millénium est arrivé ! La gloire de l’Éternel remplit la terre — tous les cœurs se réjouissent — Jésus règne ; désormais les gardiens de la vigne Lui en apportent un revenu convenable. Toutes choses sont maintenant sous l’œil de Christ et en accord avec les principes de Son gouvernement. Mais pour ce qui est de sa vigne à elle, l’épouse veut que tous ses fruits aillent au roi Salomon, sauf une portion destinée à ceux qui en sont chargés. « Ma vigne qui est à moi, est à mon commandement : ô Salomon, que les mille pièces d’argent soient à toi, et qu’il y en ait deux cents pour les gardes du fruit de la vigne » (v. 12). Tous auront part aux riches dépouilles de la fertile, paisible et heureuse terre milléniale ; mais Christ est le Seigneur de tout.

Et maintenant il s’adresse pour la dernière fois dans ces chants d’amour à sa belle épouse tant privilégiée. « Oh ! toi qui habites dans les jardins, les amis sont attentifs à ta voix ; fais que je l’entende ». Il l’invite à le célébrer. C’est à elle à donner le ton aux amis — à toute la terre. Alors tous les peuples, les tribus, et les langues seront emportés dans la joie universelle et feront retentir leurs ravissants hosannas « depuis une mer jusqu’à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre ». La création tout entière est pleine de joie et d’allégresse, et ses chants prolongés et retentissants de louanges et d’actions de grâces parviennent aux oreilles de son roi glorieux. « Fais que je l’entende ».

Verset 14. « Mon bien-aimé, enfuis-toi aussi vite qu’un chevreuil, ou qu’un faon de biche, sur les montagnes de drogues aromatiques ».

Notre délicieux Cantique est fini. Quelle richesse et quelle plénitude renferme sa dernière note. La tendre épouse soupire ardemment après le prompt retour de son Seigneur. Les profondes affections de son âme pour Jésus se révèlent dans l’ardeur avec laquelle elle désire Son apparition glorieuse. Oh ! puissent tous nos cœurs se réunir comme le cœur d’un seul homme, pour se joindre à la profonde, fervente prière de l’épouse, pour qu’Il vienne promptement satisfaire notre besoin de Le voir, d’être avec Lui à jamais, pour qu’Il vienne pour l’enlèvement de l’Église, la gloire d’Israël, et la bénédiction de toute la terre.

« Une prompte et chaleureuse réponse, une réponse d’amour de la harpe sacrée de Sion, à cet ordre d’une bonté si exquise de son Époux qu’elle attend. — Hâte-toi, viens vite ! ô bien-aimé Seigneur ! comme le jeune chevreuil qui s’enfuit avec rapidité, qui ne s’arrête pas pour l’homme — comme le cerf agile qui s’élance d’un seul bond, que ta gloire apparaisse sur les montagnes aromatiques. Hâte-toi ! Viens vite ! ô bien-aimé Seigneur ».