Écho du Témoignage:Le dévouement chrétien

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

S’il y a une chose qui ait une importance spéciale aujourd’hui, c’est le dévouement chrétien. Ce n’est pas que je le sépare de la doctrine chrétienne, mais je le fonde sur elle. Je ne le sépare pas non plus — assurément — de la présence ni de la puissance de l’Esprit, une des plus importantes de ces doctrines ; car il est produit par là. Mais je regarde le dévouement chrétien, fondé sur la vérité et produit par la puissance du Saint Esprit, comme étant de la plus haute importance pour les saints eux-mêmes et pour le témoignage de Dieu. Je crois assurément que la doctrine est d’une profonde importance maintenant — la clarté quant à la rédemption, et la paix qui appartient au chrétien par le moyen de la justice divine ; la présence et la puissance vivante du Consolateur envoyé du ciel ; l’espérance sûre et bénie du retour de Christ pour nous prendre auprès de Lui-même, afin que là où Il est, Lui, nous, nous y soyons aussi, afin que, le voyant comme Il est, nous Lui soyons semblables, et que si nous mourons, nous soyons présents avec Lui ; la connaissance qu’étant ressuscités avec Lui, nous serons bénis, non seulement par le moyen de Christ, mais avec Christ ; l’identification profonde et pratique avec Lui, par le moyen de notre union avec Lui, par le Saint Esprit : toutes ces choses, et bien des vérités qui s’y rattachent, étant retenues par la puissance du Saint Esprit, nous séparent du monde, protègent l’âme par la possession spirituelle de Christ glorifié, la conscience que nous possédons Christ, la protègent, dis-je, contre les attaques de l’incrédulité de nos jours, et donnent une force vivante à la joie et à l’espérance de toute la vie du chrétien. Mais l’expression de la puissance de ces choses dans le cœur, se manifestera par le dévouement.

Le christianisme a exercé une puissante influence sur le monde, même où il est ouvertement rejeté, aussi bien que dans les lieux où l’on fait profession de l’accepter. Le soin des pauvres et les efforts pour fournir à leurs besoins temporels, sont devenus des devoirs reconnus dans la société. Et là où la vérité est inconnue, et où le christianisme est corrompu, un zèle diligent à cet égard, sur la fausse base du mérite, est largement employé pour propager cette corruption. Et même où l’incrédulité domine, les habitudes de sentiment produites par le christianisme dominent ; l’homme devient l’objet d’un soin diligent, quoique souvent perverti. Le témoignage du vrai chrétien ne devrait certainement pas manquer, là où le mensonge a imité les bons effets de la vérité. Mais il y a des motifs plus élevés que cela ; et c’est du véritable caractère du dévouement que je désire parler.

J’accepte comme la règle générale, que, sauf un appel spécial de la part de Dieu, les chrétiens doivent demeurer dans l’état dans lequel ils ont été appelés. C’est là uniquement la sphère de leur marche ; les motifs et le caractère de cette marche sont intérieurs. Ceux-ci se résument en un seul mot — Christ. Il est à la fois la vie, et l’objet ou le motif de la vie, en nous, donnant ainsi à notre marche son caractère propre. « Pour moi, dit l’apôtre, vivre, c’est Christ ». Il y a deux grandes parties de la vie divine, dont l’une est le dévouement. Toutes deux sont pour nous des privilèges infinis et inexprimables ; toutes deux sont parfaitement réalisées par Christ, et manifestées en Lui. L’une, Dieu Lui-même ; l’autre, les actes et la manifestation de Sa nature, en tant qu’amour, le témoignage divin de Sa nature qui est amour. C’est ce qui fut vu en Christ. Sa communion avec Son Père était parfaite, aussi bien que Son désir de Le glorifier. La vie pour Lui était la vie « à cause du Père » (Jean 6, 57, dia ton Patera).

Mais Il était aussi la manifestation (quoiqu’il Lui en coûtât à Lui-même) de l’amour divin envers les hommes. Ces choses ne pouvaient être séparées dans Son âme. Son Père était continuellement Ses délices et Son objet ; l’expérience de l’amour de Sa part et la manifestation de Son Père, et par là de la nature divine, étaient constants et parfaits. Mais c’était là Son dévouement. Il faut ajouter à cela un autre principe, pour compléter ceux qui gouvernaient Sa marche, savoir : une obéissance entière à la volonté de Son Père, le fait qu’Il avait cette volonté pour Son motif constant. L’amour pour le Père, et l’obéissance au Père, donnaient la forme et le caractère à Son amour pour nous. Et il en est de même de nous, sinon en ce qu’Il devient Lui-même pour nous plus immédiatement notre objet ; mais cela n’empêche en aucune manière la manifestation de la nature divine dans l’amour. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ; et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés, et s’est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ». Remarquez ici la plénitude de motif et de caractère qui est montrée, et combien ce motif et ce caractère sont élevés et bénis. Nous sommes imitateurs de Dieu. Nous marchons dans l’amour comme le Christ nous a aimés. C’est l’exercice de l’amour divin, comme il a été manifesté en Christ. Cet amour n’a aucune limite. Il s’est donné lui-même — rien de moins — lui-même tout entièrement ; principe qui est souvent répété quant à Christ ; c’est Son amour pour nous ; Il s’est donné Lui-même pour nous. Toutefois Dieu était l’objet et le motif qui en constituaient la perfection. Offrande et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ! C’est ainsi que nous sommes appelés à marcher, à imiter Dieu, à Le suivre, selon qu’Il s’est manifesté en Christ.

Si c’est une chose bénie que de nous glorifier en Dieu, qui est amour, c’est aussi une chose bénie de Le suivre dans l’amour qu’Il a exercé. Toutefois cet amour, en tant que manifesté en Christ comme homme, a Dieu Lui-même pour son objet ; et il en est de même de nous. Lorsque l’amour qui descend de Dieu agit dans l’homme, il tend toujours vers Dieu et s’élève à Lui, comme ayant justement et nécessairement Dieu pour son objet. Il ne saurait rien avoir de moins élevé pour sa source, quels que soient ceux envers qui il s’exerce. Tout l’encens de l’offrande du gâteau était brûlé sur l’autel, quelqu’agréable qu’en fût l’odeur pour d’autres. C’est ce qui constitue, comme je l’ai dit, son caractère essentiel et son excellence ; et sa vraie action en nous n’est pas au-dessous de son action en Christ. « Par ceci, dit Jean, nous avons connu l’amour, (c’est) que lui a laissé sa vie pour nous et nous devons laisser (nos) vies pour les frères ». Il n’est nullement question d’une coupe de colère pour nous. À cet égard Christ demeurait nécessairement seul ; mais quant à tout sacrifice de soi-même manifesté en Lui, nous sommes appelés à Le manifester, comme ayant Sa vie — Lui-même — en nous.

Mais je désire considérer ce point un peu plus méthodiquement, avant d’y insister auprès de mes frères par voie d’exhortation.

Quant à la récompense, comme motif, ou quant au mérite, il est clair que toute pensée d’une telle nature détruit toute la vérité quant au dévouement, parce qu’il y a là absence complète d’amour. C’est le moi ; c’est chercher, comme « Jacques et Jean », à avoir une bonne place dans le royaume. Il est bien question de récompense dans l’Écriture, mais elle est présentée pour nous encourager dans les difficultés et les dangers dans lesquels nous conduisent des motifs plus élevés et plus vrais. Il en est ainsi de Christ Lui-même, lequel, à cause de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix, ayant méprisé la honte. Cependant nous savons bien que Son motif, c’était l’amour. De même Moïse : « Il tint ferme comme voyant celui qui est invisible » ! « Car il regardait à la rémunération ». Son motif était sa sollicitude pour ses frères. C’est ainsi que la récompense est présentée ; et de cette manière, c’est une grande bonté de Dieu. « Mais chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail ».

L’origine et la source de tout vrai dévouement, c’est l’amour divin remplissant nos cœurs, et y opérant ; comme le dit Paul : « L’amour du Christ nous étreint ». Sa forme et son caractère doivent être tirés des actes de Christ. Ainsi il faut d’abord connaître la grâce pour soi-même ; car c’est ainsi que je connais l’amour. C’est ainsi que cet amour « est répandu dans nos cœurs ». Nous apprenons l’amour divin dans la rédemption divine. Notez bien aussi que cette rédemption nous place dans la justice divine devant Dieu. Dès lors toute question de mérite, de justice, est exclue, et tout ce qui tend à satisfaire le moi dans notre travail, est mis de côté. Nous avons appris que « la grâce règne par la justice en vie éternelle par Jésus Christ ». L’amour infini et parfait de Dieu envers nous a opéré, et l’a fait lorsque nous n’étions que pécheurs, a pensé à nos besoins ; nous a donné la vie éternelle en Christ ; alors que nous étions morts dans nos péchés, nous a donné le pardon et la justice divine, quand nous étions coupables ; nous donne maintenant de jouir de l’amour divin ; de jouir de Dieu, parce que Son Esprit habite en nous, et d’avoir toute assurance au jour du jugement, parce que comme Christ — le juge — est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. Je parle de tout cela maintenant en vue de l’amour qui y est manifesté. Il est vrai que cela ne pouvait être divinement sans la justice. Mais la chose a été glorieusement réalisée par Christ, et le cœur peut librement jouir de l’amour de Dieu, sans empêchement — amour manifesté envers les hommes dans l’homme. Car les anges mêmes apprennent « les richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous dans (le) Christ Jésus ». Cela attache nos cœurs à Christ, nous amenant à Dieu en Lui, et amenant Dieu, en Lui, jusqu’à nous. Nous pouvons dire que rien ne nous sépare de cet amour. Le premier effet, c’est d’élever le cœur en haut, et ainsi, de le sanctifier ; nous bénissons Dieu, nous adorons Dieu, qui nous est ainsi connu : nous avons nos délices en Jésus, nos délices mêlées d’adoration.

Mais parce que nous sommes ainsi près de Dieu, et en communion avec Lui, que nous sommes non seulement unis à Christ, mais unis à Lui avec la conscience de l’être par le Saint Esprit, l’amour divin se répand dans nos cœurs et à travers nos cœurs. Nous sommes animés par cet amour, par le moyen de la jouissance que nous en avons. C’est ainsi qu’en réalité, « Dieu demeure en nous », comme l’exprime Jean, et que « l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs », comme le dit Paul. Cet amour se répand ainsi, comme il le faisait en Christ. Ses objets et ses motifs sont les mêmes qu’en Lui, si ce n’est qu’Il intervient Lui-même comme révélant cet amour. C’est l’amour de Dieu dans (le) Christ Jésus notre Seigneur ; ce n’en est pas moins Dieu, mais Dieu révélé en Christ, car c’est là que nous avons appris l’amour. Ainsi, dans tout vrai dévouement, Christ est le premier objet, et l’objet dominant ; puis il y a les siens qui sont dans le monde. Ensuite viennent les hommes — nos semblables : d’abord leurs âmes, puis leurs corps, et tous les besoins qu’ils ont. Sa vie en faisant du bien aux hommes, gouverne la nôtre, mais Sa mort gouverne le cœur. « Par ceci nous avons connu l’amour, (c’est) que lui a laissé sa vie pour nous ». « L’amour de Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux ».

Il faut remarquer aussi que, comme la rédemption et la justice divine sont ce par quoi la grâce règne et que l’amour est connu en sorte que toute idée de mérite et de propre justice est complètement exclue, ainsi il s’agit d’une nouvelle vie en nous, qui jouit de Dieu, et à laquelle aussi Son amour est précieux ; laquelle seule est capable (comme étant d’une même nature) de se réjouir dans la béatitude qui est en Dieu, et dans laquelle Son amour divin opère envers d’autres. Ce n’est pas la bienveillance de la nature, mais l’activité de l’amour divin dans le nouvel homme. Sa pureté est ainsi mise à l’épreuve, parce que Christ a nécessairement la première place dans cette nouvelle nature, et son activité est selon Son appréciation du bien et du mal, que le nouvel homme seul possède et dont Christ est la mesure et le motif. « Non (seulement) comme nous l’avions espéré, dit Paul en parlant de l’activité de l’amour (c’était plus que ce qu’il avait espéré), mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et puis à nous, par la volonté de Dieu ».

Mais c’est plus encore qu’une nouvelle nature. Nos corps sont les temples du Saint Esprit ; et l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. Et de même qu’Il jaillit comme une fontaine d’eau en nous jusque dans la vie éternelle, ainsi aussi des fleuves d’eau vive coulent de nous par le Saint Esprit que nous avons reçu. Ainsi donc, tout vrai dévouement est l’action de l’amour divin dans les rachetés par le Saint Esprit qui leur est donné.

Il peut y avoir un zèle qui parcourt la mer et la terre, mais qui est dans l’intérêt d’un préjugé, ou qui est l’œuvre de Satan. Il peut y avoir une bienveillance naturelle, revêtue d’un plus beau nom, et qui s’irrite, si elle n’est pas acceptée à cause d’elle-même. Il peut y avoir le sentiment de l’obligation et l’activité légale ; et cela, par la grâce, peut mener plus loin quoique ce soit la pression de la conscience, et non l’activité de l’amour. L’activité de l’amour ne détruit pas le sentiment de l’obligation dans le saint, mais cela change tout le caractère de son œuvre. « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté ». En Dieu l’amour est actif, mais souverain ; dans le saint, il est actif, mais c’est un devoir, à cause de la grâce. Il faut qu’il soit libre, pour avoir le caractère divin — pour être amour. Toutefois nous devons tout cela, et plus que tout cela, à Celui qui nous a aimés. L’Esprit de Dieu, qui demeure en nous, est un Esprit d’adoption, et par là même un Esprit de liberté avec Dieu ; mais Il fixe le cœur sur l’amour de Dieu d’une manière qui étreint. Tout sentiment convenable dans une créature doit avoir un objet, et pour être dans le vrai, il faut que cet objet soit Dieu — et Dieu révélé en Christ comme le Père ; car de cette manière Dieu possède nos âmes. C’est pour cela que Paul, en parlant de lui-même, dit : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant en (la) chair, je le vis dans (la) foi, la (foi) du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». Sa vie était une vie divine. Christ vivait en lui, mais c’était une vie de foi, une vie qui subsistait entièrement par un objet, et cet objet était Christ ; et il Le connaissait comme le Fils de Dieu qui l’avait aimé, et qui s’était livré Lui-même pour lui. Nous trouvons ici le caractère pratique et le motif du dévouement chrétien — vivre à Christ. Nous vivons à cause de Christ : Il est l’objet et la raison de notre vie (tout ce qui est en dehors est la sphère de la mort) ; mais cela dans la puissante étreinte qui vient du sentiment de Son amour en se livrant Lui-même pour nous. Ainsi, dans un passage déjà cité, nous lisons : « L’amour de Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux ». Ils vivent à cela et pour cela, et rien d’autre. Cela peut être un motif pour bien des devoirs ; mais c’est le motif et le but de la vie. Nous ne sommes pas à nous-mêmes ; car nous avons été achetés à prix, et nous sommes appelés à glorifier Dieu dans notre corps, qui Lui appartient.

Ce qui est supposé ici, ce n’est pas une loi qui combat ou réprime une volonté recherchant son bon plaisir, mais le sentiment béni et reconnaissant que nous nous devons nous-mêmes au Fils béni de Dieu, en réponse à Son amour, et un cœur qui entre dans cet amour et s’occupe de son objet par le moyen d’une vie qui découle de Christ, et de la puissance du Saint Esprit. Dès lors c’est une loi de liberté. Dès lors aussi le cœur ne peut avoir que des objets de service tels que cette vie peut en avoir, et sur lesquels le Saint Esprit peut fixer le cœur ; et ce service sera un service libre accompli avec joie. La chair pourra chercher à l’empêcher, mais ses objets ne peuvent être ceux que le nouvel homme et le Saint Esprit recherchent. Le cœur se meut dans la même sphère que Christ. Il aime les frères, car Christ les aime ; il aime tous les saints, car Christ le fait. Il cherche tous ceux pour lesquels Christ est mort, sachant toutefois que pas un d’eux ne peut être amené que par la grâce seule ; et il « endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle ». Il cherche à présenter « tout homme parfait en Christ » ; à voir les saints croître « en toutes choses jusqu’à lui, qui est le Chef », et « marcher d’une manière digne du Seigneur ». Il cherche à voir l’Église présentée au « Christ (comme) une vierge chaste ». Il persévère dans son amour, bien qu’aimant beaucoup plus, il soit moins aimé. Il est prêt à endurer « les souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ ».

Le motif, qui nous gouverne, caractérise toute notre marche — tout est jugé par là — un homme adonné au plaisir jette l’argent ; il en est de même d’un homme ambitieux. Ils jugent de la valeur des choses par le plaisir et le pouvoir. L’homme avare regarde leur marche comme une folie, et juge de toutes choses par leur tendance à enrichir. Le chrétien juge de tout par Christ. Si une chose empêche Sa gloire, en lui-même ou en d’autres, il la rejette. Cela est jugé, non comme un sacrifice à faire, mais comme un empêchement qu’il faut jeter loin de soi. Toutes choses sont regardées comme une perte et comme des ordures, « à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus notre Seigneur ». Ce n’est pas un grand sacrifice, que de jeter loin de nous des ordures. Quelle bénédiction que le moi ait disparu ici ! « Ce qui m’était un gain », s’évanouit. Quelle délivrance il y a là ! Précieux pour nous d’une manière inexprimable, et de nature à élever moralement nos âmes ! Christ s’est livré Lui-même. Nous avons le privilège de nous oublier nous-mêmes et de vivre à Christ. Notre service (en grâce) sera récompensé ; mais l’amour a sa joie en servant dans l’amour. Le moi aime à être servi ; l’amour trouve sa joie à servir. C’est ce que nous voyons, en Christ, sur la terre, maintenant ; quand nous serons dans la gloire, Il se ceindra, et nous servira. Et si nous avons ce privilège, ne serons-nous pas heureux de L’imiter, de Le servir, de nous livrer à Lui qui nous aime d’un tel amour ? Vivre à Dieu intérieurement, c’est le seul moyen possible de vivre à Lui extérieurement. Toute activité extérieure, qui n’est pas mue et gouvernée par cela, est de la chair, et même un danger pour l’âme — tend à nous amener à nous passer de Christ, et introduit le moi. Ce n’est pas le dévouement, car le dévouement chrétien, c’est le dévouement à Christ, et pour qu’il existe il faut que nous soyons attentifs à être avec Lui. Je redoute une grande activité, sans beaucoup de communion avec Lui ; mais je suis assuré que quand le cœur est avec Christ, il vivra à Lui.

La forme du dévouement, de l’activité extérieure, sera gouvernée par la volonté de Dieu et la capacité qu’on a pour servir ; car le dévouement est une chose humble et sainte, et il fait la volonté du Maître : mais l’esprit d’un service pour Christ, entier et sans partage, est la vraie part de tout croyant. Nous avons besoin de sagesse : Dieu la donne libéralement. Christ est notre vraie sagesse. Nous avons besoin de puissance : nous l’apprenons dans la dépendance de Celui qui nous fortifie. Le dévouement est un esprit dépendant aussi bien qu’humble.

Il en était ainsi de Christ. Le dévouement sert son Seigneur. Il a courage et confiance dans le sentier de la volonté de Dieu, parce qu’il s’appuie sur la force divine en Christ. Christ peut faire toutes choses. Ainsi, le dévouement est patient et fait ce qu’il a à faire selon la volonté et la parole de Christ ; car alors Christ peut agir, et c’est Lui qui fait tout le bien qui est fait.

Il y a un autre aspect du dévouement que nous avons à considérer. Le simple fait d’un service sans partage dans l’amour, n’est que joie et bénédiction. Mais nous sommes dans un monde où ce service sera combattu et rejeté, et le cœur voudrait naturellement s’épargner soi-même. C’est là ce que Pierre mettait devant Christ, et Christ le traita comme Satan. Nous trouverons que la chair recule instinctivement devant le fait du dévouement à Christ et devant ses effets, parce que c’est renoncer à soi-même, et que cela attire sur nous l’opprobre, le mépris et l’opposition. Nous avons à prendre notre croix pour suivre Christ ; non pas à retourner pour prendre congé de ceux qui sont dans la maison. Si nous tenons ce langage, c’est qu’en effet, il s’agit toujours pour nous de notre maison, et nous serons tout au plus, comme « Jean, qui était surnommé Marc », dans l’œuvre. Et alors on trouvera que c’est toujours : « Permets-moi premièrement » ! Si on admet quelque chose d’autre que Christ, elle sera avant Christ, et ce ne sera pas le dévouement à Lui avec un œil simple. Mais voici ce qui est difficile pour le cœur : c’est qu’il n’y ait aucune satisfaction de soi, aucun ménagement de soi, aucune indulgence pour soi ! Et pourtant aucune de ces choses n’est le dévouement à Christ et à autrui, mais même l’opposé. Dès lors, si nous devons vivre à Christ, il nous faut nous tenir pour morts, « mais pour vivants à Dieu dans (le) Christ Jésus ». Et dans le fait, si, dans la pratique, on permet à la chair d’agir, elle est un empêchement continuel, et alors l’opprobre et l’opposition deviennent un fardeau et non une gloire. Nous avons, avec Paul, à porter « toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps », et à avoir ainsi la sentence de mort réalisée en nous-mêmes. C’est ici qu’intervient le secours du Seigneur, au travers des épreuves et des difficultés. Mais « nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés ». Rien ne nous sépare de cet amour. Mais si nous en venons au gouvernement de notre propre cœur, nous trouverons que de porter « toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus », est la grande difficulté, et devient la pierre de touche de l’état intérieur de l’âme. Toutefois, il n’y a ni liberté de service, ni puissance, sinon dans la mesure que nous réalisons cette parole ; seulement, remarquez-le bien, nous avons cette puissance dans le sentiment de la grâce. C’est la puissance du sentiment que nous avons qu’Il est mort et qu’Il s’est livré pour nous, qui, par la grâce, nous conduit à nous tenir nous-mêmes comme morts à tout, excepté à Lui-même. Extérieurement, la chose peut être comparativement facile, et il en est de même du travail extérieur, lorsque l’opposition du moi et de Satan n’est pas sentie. Mais réaliser le fait de la mort de Christ, en face du moi — démasqué par la croix — suppose que Christ est tout dans les affections. La vraie puissance et la vraie qualité du service sont mesurées par cela — l’opération de l’Esprit de Dieu par nous. C’est là la seule voie de dévouement devant Dieu ; il y a la puissance de Dieu, et nous avons la pensée de Christ dans le service que nous accomplissons. Cela seul est la vie. Tout le reste de notre existence (pour ne pas parler de ce qui est perte ou jugement), périt quand notre souffle s’en va. Cela appartient au premier Adam et à la scène où il se meut, et non au dernier Adam. Il n’y a que la vie que nous vivons par Christ qui demeure la vie.

Ses motifs et son caractère sont doubles : la croix et Christ dans la gloire. À la croix, l’amour de Christ nous étreint, et nous porte à nous livrer nous-mêmes tout entièrement à Celui qui s’est livré Lui-même entièrement pour nous. La pensée de gagner Christ et d’être semblables à Lui dans la gloire, donne de l’énergie, et la source de la puissance de l’espérance pour notre sentier. Mais quelle puissance et quelle force dans le premier motif, si nous l’avons vraiment senti ! Toutefois combien il est humble ! Il nous conduit à faire peu de cas de nous-mêmes en la présence d’un tel amour. Nous voyons que nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais que nous avons été achetés à prix. Et ce n’est pas tout. Le sentiment de l’amour de Christ prend possession du cœur et nous étreint. Nous désirons vivre à Celui qui s’est livré Lui-même pour nous. La perfection de l’offrande, la manière absolue et parfaite dont elle fut offerte, aussi bien que Son amour pour nous en cette offrande, agissent avec puissance sur nos âmes. Christ « par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache ». Le sentiment que nous ne sommes pas à nous-mêmes donne plus de force à Ses droits sur nos cœurs, mais ôte en même temps toute idée de mérite dans le dévouement, tant sont sages et sanctifiantes les voies de Dieu ! Combien aussi la pensée de gagner Christ nous fait estimer toutes choses autour de nous comme une perte et comme des ordures, à cause de l’excellence de la connaissance de Lui-même ! Que sont toutes choses en comparaison de Lui plaire, de Le posséder et d’être semblable à Lui pour toujours ! Cela lie la valeur de Christ, comme motif, avec tout ce que nous faisons. Cela conduit à une vraie largeur de cœur : car tout ce qui Lui est cher nous devient précieux ; mais en même temps, nous sommes gardés par là de tout dérèglement des sentiments naturels, car nous sommes exclusivement attachés à Christ. Ce qui n’est pas pour Sa gloire est impossible. Ainsi le péché est pratiquement mis hors du cœur par la puissance d’affections divines, par le fait que le cœur est rempli de Lui. Dans la pratique, la nouvelle nature vit uniquement comme ayant Christ pour son objet.

Remarquez aussi que cela s’applique à toutes choses parce que nous avons à plaire à Christ en toutes choses. La toilette, les manières mondaines, la mondanité sous toutes ses formes, disparaissent. Elles ne peuvent être conformes à Christ, ni agréables à Christ — à Lui que le monde a rejeté parce qu’Il rendit témoignage de lui que ses œuvres étaient mauvaises. Le ton de l’Esprit n’est pas conforme au monde et ne se rapporte pas au monde, sinon pour lui faire du bien quand on peut. La place du chrétien, c’est d’être l’épître de Christ. Lorsque Christ possède ainsi le cœur, il y a une puissance qui nous circonscrit. Les motifs, les pensées, les relations du monde n’entrent pas dans le cœur. Mais comme Christ agit sur tout au-dedans, et que tout dans le cœur se rapporte à Lui, un tel état manifeste dans le monde son propre caractère en Christ. On est gardé du mal, et il y a l’exercice actif du bien qui est en Lui — l’amour de Dieu. Le cœur est exclusivement pour Dieu, mais toute la bénédiction de Dieu se déploie selon la mesure même dans laquelle le vase la contient. Cet amour est actif. Christ a purifié « pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres ». L’amour de Christ était actif ; mais cet amour est gouverné par la pensée de Christ. Cet amour aime les frères, comme Christ le fit, c’est-à-dire qu’il a sa source en lui-même, et non dans son objet ; mais il sent toutes leurs tristesses et toutes leurs infirmités, tandis qu’il est au-dessus de tout cela ; en sorte qu’il peut supporter et pardonner, et y trouver l’occasion de sa sainte activité. Il est à la fois d’un esprit tendre, et ferme dans la conformité au sentier divin, car tel était l’amour de Christ. Il a encore un autre caractère : quels que soient son dévouement et son activité, il y a obéissance aussi. Il ne saurait y avoir une volonté selon la justice dans une créature, parce que justice, dans une créature, c’est obéissance. Adam tomba, ayant une volonté indépendante de Dieu. Christ vint pour faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé ; et dans Son dévouement le plus élevé, Son sentier était celui de l’obéissance. « Le chef du monde vient ; et il n’a rien en moi : mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais ». Cela nous guide à la fois dans le dévouement, et nous garde tranquilles et humbles.

Voici donc notre conclusion : un dévouement à Christ, simple et sans partage ; Christ le seul objet, quels que soient les devoirs dans lesquels un tel motif peut nous conduire à être fidèles ; point de conformité au monde qui L’a rejeté ; une espérance vive et céleste, qui se lie avec Christ dans la gloire, avec Celui qui viendra pour nous prendre auprès de Lui-même et nous rendre semblables à Lui-même, en sorte que nous devrions être « semblables à des serviteurs » qui attendent leur Seigneur ; Son amour nous étreignant, de sorte qu’en toutes choses nous ayons soin de ce dont Il a soin ; Christ crucifié, Christ devant nous comme notre espérance : les centres autour desquels tourne notre vie entière.

Il y a un autre point que je ferai peut-être bien de remarquer, et qui établit la différence évidente entre le dévouement et la bonté naturelle. « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux ». Le Seigneur ne leur dit pas de faire briller leurs bonnes œuvres devant les hommes ; ailleurs, Il dit le contraire. Mais leur profession de Christ doit être tellement distincte, que les hommes puissent savoir à quoi attribuer leurs bonnes œuvres, et glorifier leur Père qui est aux cieux. Ce qui manque, ce qu’il faut désirer parmi les chrétiens, c’est que, par la grâce, ils soient des chrétiens dévoués, clairement dévoués, dans toutes leurs voies, dévoués de cœur et d’âme à Celui qui les a aimés et qui s’est livré Lui-même pour eux.



  1. Voir Messager Évangélique 1864.