Livre:Étude sur l’épître aux Galates/Chapitre 4
Dans le chapitre 4, tout en résumant encore une fois ce qui a été dit jusque-là, l’apôtre en vient à un examen de la position des croyants sous l’ancienne alliance, en rapport avec la pensée exprimée précédemment, concernant l’héritage en Abraham. Si la loi et la promesse, sans toutefois se contredire, étaient si différentes dans leur nature, qu’en était-il des héritiers de la promesse, tandis qu’ils se trouvaient sous la loi ?
Il ne faisait aucun doute que les croyants en Israël avaient, comme semence d’Abraham, un droit à l’héritage ; les bénédictions promises par Dieu devaient être leur part. Mais en ont-ils vraiment eu la jouissance ? L’apôtre répond à cette question par ces paroles : « Or je dis qu’aussi longtemps que l’héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d’un esclave, quoiqu’il soit seigneur de tout ; mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu’à l’époque fixée par le père » (v. 1, 2). Cette image d’un enfant en bas âge nous montre clairement l’état des choses. Un Juif croyant était, comme tout croyant de l’Ancien Testament, un enfant et par conséquent un héritier, mais il ressemblait à un enfant qui est encore mineur, qui a donc des droits à l’héritage paternel, mais dans la possession et la jouissance effective duquel il n’est pas encore entré.
Un tel enfant en bas âge ne se distingue en rien d’un serviteur ou d’un esclave, tant que dure le délai fixé par le père, ou établi d’une autre manière, bien qu’il soit héritier et par là maître de tout. Il ne peut se présenter ou agir d’une manière indépendante, ni disposer de l’héritage attendu. C’est l’affaire des tuteurs et des curateurs auxquels l’enfant est soumis jusqu’à sa majorité. Dès qu’elle intervient tout change. L’enfant n’est plus soumis aux dispositions du tuteur, mais reçoit les droits de fils et le libre usage de l’héritage paternel.
« En bas âge » : comme cette expression décrit bien la position des croyants de l’Ancien Testament, surtout celle des croyants juifs, jusqu’à la venue du Seigneur ! Bien qu’ils fussent destinés, comme enfants et héritiers, à partager avec Christ toute la gloire du royaume à venir, à s’asseoir à table dans le royaume de Dieu avec Abraham, Isaac et Jacob, ils étaient pourtant semblables à des esclaves, qui reçoivent bien des communications et des instructions du maître de la maison, mais ne sont pas introduits dans ses pensées et ses conseils. C’est pourquoi l’apôtre continue : « Ainsi aussi nous, lorsque nous étions en bas âge, nous étions asservis sous les éléments du monde » (v. 3).
« Asservis » — remarquons ce mot — et asservis « sous les éléments du monde » ! Nous rencontrons cette dernière expression en Colossiens 2, 8, mais là plutôt en rapport avec la philosophie et les traditions des hommes, et avant tout avec les superstitions païennes. Ici c’est le système de la loi qui est appelé « les éléments du monde » car, bien qu’ordonné de Dieu, il était adapté à ce monde, à l’homme dans son état de déchéance et de corruption. Sous ce rapport le tabernacle même est appelé, en Hébreux 9, 1, « un sanctuaire terrestre » (litt. : « de ce monde »). Or c’est sous ces éléments du monde que les Juifs croyants étaient « asservis ». Bien que certains d’entre eux aient pu jouir parfois de manifestations de grâce particulières, alors qu’il leur était donné personnellement plus de lumière pour rafraîchir leur cœur et les diriger vers les choses éternelles et célestes, le système comme tel restait toujours le même. L’alliance du mont Sina ne pouvait enfanter que pour la servitude (v. 24). La loi veut et doit être ressentie comme « commandement charnel » qui ne peut apporter que mort et condamnation sur tous ceux qui sont sous elle. La bienheureuse liberté d’un enfant de Dieu est définitivement inconnue sur un terrain légal.
« Mais, quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption » (v. 4, 5). Dieu a envoyé Son Fils ! Paroles merveilleuses ! Qu’elles sont simples, et pourtant quelle puissance victorieuse et quelle signification elles ont ! Dieu a envoyé. C’est Lui qui a agi. Il voulait mettre en lumière la vérité, toute la vérité ; Il voulait se révéler à l’homme perdu, dans l’excellente grandeur de Sa gloire comme Dieu Sauveur. Ce ne sont pas des anges qui entrent maintenant en action, comme jadis au mont Sina ; non, après que l’état de perdition désespéré de l’homme, tant sans loi que sous la loi, eut été pleinement démontré, en « l’accomplissement du temps », le Fils de Dieu parut dans ce monde, envoyé du Père, vrai homme, né de femme, né sous la loi. Par la femme le péché était entré dans le monde, d’une femme est né Celui qui seul était capable d’abolir le péché. Seul un homme, seul le Fils de Dieu qui « a participé au sang et à la chair », pouvait répondre aux besoins des enfants d’Adam, de toute la race humaine déchue. Il y a plus : ce n’est que si cet homme engendré de Dieu était placé sous la loi, que les justes exigences de celle-ci pouvaient être accomplies et sa malédiction ôtée.
Dieu a envoyé. Jadis, Il avait communiqué Ses commandements, Ses saintes exigences, à l’homme qui prétendait faire tout ce que Dieu lui dirait. Le résultat en fut la malédiction et la mort. L’homme s’est montré exactement le contraire de ce qu’il aurait dû être. Alors Dieu a envoyé, Dieu a donné, et Il l’a fait sans que l’homme le Lui demande, dans l’amour incompréhensible de Son cœur. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique ». Mais il ne suffisait pas que le Saint et le Juste, qui faisait toujours ce qui plaisait à Dieu, apparût sur la scène du péché, qu’Il passât « de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ». Il ne suffisait pas que des hommes pussent voir et entendre ce que beaucoup de prophètes et de justes avaient désiré en vain de voir et d’entendre. Au contraire, la présence corporelle du Seigneur mettait d’autant plus en évidence l’état désespéré de l’homme, et l’abîme infranchissable séparant le pécheur impur du Dieu saint. Si l’envoi du Fils devait conduire au but voulu de Dieu, il fallait qu’Il mourût, il fallait qu’Il accomplît l’œuvre de la rédemption, qu’Il remplaçât l’homme et prît sur Lui toute la responsabilité qui se rattachait à son état. Ceux qui étaient sous la loi devaient être rachetés. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvions recevoir l’adoption.
Avant la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, aucun homme ne pouvait dire à Dieu « Abba, Père ! » ; ce n’est que lorsque la gloire du Père L’eut ressuscité d’entre les morts que le Seigneur put envoyer Marie de Magdala vers Ses « frères » avec le message bien connu de nous tous (Jean 20, 17). Le privilège des disciples était grand, extrêmement grand, de voir le Messie, de L’accompagner dans Ses allées et venues à travers le pays et d’écouter Ses enseignements ; mais, jusqu’à ce premier jour de la semaine si important, ils se trouvaient encore sur le terrain des croyants de l’Ancien Testament. Ils étaient encore « en bas âge » ; le temps fixé par le père n’était pas encore passé. Bien que le cœur aimant du Seigneur désirât ardemment les introduire dans la possession et la jouissance de la nouvelle position fondée sur Sa mort et Sa résurrection, la chose était impossible. Jusqu’à ce que le baptême dont Il devait être baptisé fût accompli, Il était « à l’étroit » (Luc 12, 50). Il aurait eu tant de choses à dire aux siens, mais ils ne pouvaient pas encore les « supporter », ni les comprendre (Jean 16, 12).
Par la résurrection tout était soudainement changé. Il pouvait maintenant révéler le précieux nom du Père à Ses disciples, avec une signification qu’il n’avait jamais eue auparavant. Ils avaient maintenant reçu « l’adoption ». Libérés de la servitude de la loi, ils étaient devenus « fils ». « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père » (v. 6). Ici encore, le changement de personne est remarquable. La phrase précédente se termine avec un « nous » : « afin que nous reçussions l’adoption » ; celle que nous avons devant les yeux commence avec un « vous » : « parce que vous êtes fils ». La grâce de Dieu ne s’était pas arrêtée aux limites d’Israël, elle s’était répandue sur les nations. « Vous êtes fils », vous les Galates, qui dans le passé ne connaissiez pas Dieu mais viviez dans les horreurs du paganisme. L’apôtre pense à cela avec une joie profonde. Dans la suite de cette phrase, il revient au « nous » du verset précédent en disant : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père ».
En comparant ce passage avec celui de Romains 8, 14-17, qui par ailleurs lui ressemble beaucoup, nous remarquerons une petite différence. Tandis que là, ce sont les croyants qui sont désignés comme étant ceux qui crient : « Abba, Père », ici c’est l’Esprit du Fils qui crie. De plus, si là le fait que nous sommes conduits par l’Esprit est présenté comme preuve de notre adoption, et si l’Esprit qui habite en nous rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, ici Dieu envoie Son Esprit dans nos cœurs parce que nous sommes fils. Par cet envoi Il scelle Son œuvre en nous, que nous soyons des croyants d’Israël ou d’entre les nations. Les uns et les autres, Juifs ou Gentils, étaient maintenant des fils, fils de Dieu par la foi en Christ, les uns autrefois étrangers, sans Dieu et sans espérance dans le monde, les autres apparemment près de Dieu, mais asservis à la loi. Les uns et les autres étaient maintenant en rapport direct avec le Père, dans une relation dont l’Esprit Saint était tout à la fois le sceau et la puissance.
On pourrait s’imaginer que le salut était plus facile pour un Juif que pour un païen, comme on pourrait penser aujourd’hui qu’un homme respectable, religieux, est plus près du salut que celui qui vit dans le péché et la honte manifestes. Mais il n’en est rien. Tout était péché chez le païen, mais c’est précisément pour cela que, lorsqu’il venait dans la lumière de Dieu, il était plus facilement convaincu de son état désespéré, qu’un Juif religieux et fidèle à la loi. Il n’avait qu’à apprendre, rien à désapprendre, qu’à accepter, rien à abandonner, comme aujourd’hui un homme qui n’a que ses péchés à présenter. Le Juif ne devait pas être délivré seulement de la malédiction de la loi, mais aussi de sa prétendue justice par la loi, en fait de la loi elle-même ; ainsi en est-il aujourd’hui de celui qui porte le nom de chrétien et qui doit être délivré de tant de piété apparente et de formes religieuses. Mais pour les uns et les autres, le résultat est le même dès que la foi devient leur part. L’efficacité de l’œuvre de la rédemption est la même dans chaque cas.
C’est pourquoi l’apôtre peut ajouter, devenant encore plus personnel : « de sorte que tu n’es plus esclave, mais fils ; et, si fils, héritier aussi par Dieu » (v. 7). Quel qu’ait pu être le croyant dans le passé, idolâtre ou transgresseur de la loi, il est maintenant fils, non plus esclave, et si fils, alors également héritier, et tout cela par Dieu. Dieu Lui-même nous a tirés de notre esclavage précédent et nous a introduits dans la position merveilleuse et dans la plénitude de bénédictions qu’Il a déterminées et préparées pour nous en Son Fils. Nous lisons de même en 2 Corinthiens 5, 5 : « Celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu ». Quelle merveille de la grâce ! Les Galates, jadis idolâtres, impurs, esclaves du péché, éloignés de Dieu, pouvaient maintenant, après avoir été chacun personnellement amenés à Dieu, dire de plein droit : « Abba, Père » ! Ils pouvaient se glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu, et en Dieu Lui-même ! Tout ce que le Père a donné au Fils et ce qu’Il veut posséder en Lui devait un jour être leur part pour en jouir éternellement.
Nous nous demandons involontairement comment il était possible que ces croyants, après avoir connu une telle grâce et en avoir fait l’expérience pour eux-mêmes, retournent aux misérables éléments avec lesquels ils avaient été en rapport autrefois ! Mais il en était malheureusement ainsi. C’est pourquoi l’apôtre continue en les avertissant sérieusement : « Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux ; mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? » (v. 8, 9).
Autrefois, lorsqu’ils ne connaissaient pas Dieu, ils étaient asservis à ceux qui ne sont pas Dieu, ils s’étaient prosternés devant des images qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des pieds et ne marchent pas, des mains et ne touchent pas. Le seul souvenir de ces choses ne devait-il pas les faire rougir de honte ? Hélas ! après avoir connu le vrai Dieu, après avoir été connus de Lui et avoir été amenés dans la relation la plus intime avec Lui, ils voulaient retourner de nouveau aux faibles et misérables éléments qu’ils avaient reconnus tels et qu’ils avaient abandonnés, et leur être asservis derechef.
Remarquons bien les expressions : retourner « de nouveau » et « être asservis derechef ». Les Galates avaient-ils vraiment l’intention de reprendre leur ancienne idolâtrie ? Nullement. Ils voulaient, comme nous le savons, introduire la circoncision et avec elle l’observation « des jours, et des mois, et des temps, et des années » (v. 10). Mais par là, que faisaient-ils ? Ils retournaient en principe au terrain sur lequel ils s’étaient tenus jadis, terrain d’une religion humaine et des œuvres légales. Voilà le fait sur lequel l’apôtre attire leur attention avec tant de sérieux, et qui reste si important pour tous les temps. Car toute religion humaine, qu’elle se nomme païenne, juive ou chrétienne, repose en définitive sur le même fondement, sur l’œuvre de l’homme et sur ses efforts pour obtenir, d’une manière ou d’une autre, la faveur de la divinité, quelque différente que puisse être la manière de se la représenter. C’est ainsi que les Galates, avant leur conversion, avaient servi les idoles ; la grâce de Dieu les en avait délivrés, mais maintenant ils voulaient retourner de nouveau à l’idolâtrie et la pratiquer derechef !
Mais, objectera-t-on, l’apôtre ne peut pas vouloir dire cela ! Comment pourrait-il appeler idolâtrie les précieux types de l’Ancien Testament, donnés par Dieu Lui-même, ces « ombres des biens à venir » (Col. 2, 17) ? Aussi n’est-ce pas ce qu’il fait. Il dit bien plutôt : si, après que l’accomplissement de tous ces types et la réalité de ces ombres sont intervenus en Christ mort et ressuscité d’entre les morts, et après que vous avez cru en ce Christ, vous retournez de nouveau à ces ombres, ce n’est rien d’autre aux yeux de Dieu qu’un retour à l’idolâtrie, si même c’est sous une autre forme que dans le passé. Ils mettaient ces ordonnances légales à la place qui n’appartient qu’au Seigneur glorifié ! Ils avaient connu Dieu en Christ et, malgré cela, voulaient servir à nouveau les faibles et misérables éléments auxquels ils avaient tourné le dos !
Combien sérieux et saisissant est le reproche de l’apôtre ! Mais il apparaît encore beaucoup plus sérieux si nous l’appliquons à la chrétienté professante de nos jours. Hélas ! où en est-elle arrivée ? Non seulement on observe des jours, des mois, des temps et des années, non seulement on a introduit des cérémonies et des usages juifs dans ce que l’on nomme culte, mais on vénère des lieux, des images de Christ, des images des saints, des reliques, etc. Croyant servir Dieu, on pratique en réalité ce qu’Il considère comme une fornication spirituelle et de l’idolâtrie. Au lieu de mettre les âmes en relation avec Christ par une foi simple, on s’efforce d’éveiller dans les cœurs une certaine crainte, des sentiments religieux, et de couvrir la pauvreté intérieure et le manque de puissance par une apparence de piété. Que sera la fin de tout cela ? Qu’adviendra-t-il au jour où Dieu demandera compte aux conducteurs et à ceux qu’ils auront séduits ?
À ce propos nous ne voulons pas passer sous silence le fait bien sérieux que le penchant à retourner aux formes religieuses extérieures, à l’observation de jours, de mois et d’années et à d’autres choses de ce genre, n’est pas non plus étranger à de vrais croyants. Oui, et de plus, on provoque souvent chez eux de l’étonnement, on les choque presque, lorsqu’on refuse de célébrer des jours comme le vendredi saint, Pâques, Pentecôte, Noël, etc. Paul, le grand apôtre et fidèle ouvrier du Seigneur, juge de ces choses autrement. « Je crains, quant à vous », écrit-il aux Galates, « que peut-être je n’aie travaillé en vain pour vous » (v. 11, comp. v. 19, 20).
Dans les épîtres aux Corinthiens, dont l’état moral était si déplorable, nous chercherions en vain d’aussi fortes expressions d’inquiétude. Malgré tout le sérieux de son langage, Paul a tout de même confiance en eux et compte sur la fidélité de Dieu, par laquelle ils avaient été appelés à la communion de Son Fils. Non point qu’il n’ait pas jugé sévèrement le mal moral parmi eux, il l’a fait, mais son œil apercevait dans le penchant légal des Galates un danger encore plus pressant et un mal plus funeste que dans ces choses beaucoup plus répréhensibles selon l’appréciation humaine. Le légalisme est une chose extrêmement trompeuse, et ce qui le rend si dangereux, c’est qu’il a une très belle apparence aux yeux des hommes. En réalité, il éloigne le cœur de Christ et donne de la nourriture au pauvre « moi ». De plus, ne pensons pas qu’une vraie sainteté puisse se développer sur un terrain légal. Ce n’est que là où la grâce selon la pensée de Dieu est comprise et réalisée, qu’il y aura un joyeux accroissement de l’homme intérieur, une transformation en l’image de Celui que nous pouvons contempler à face découverte à la droite de Dieu.
Il est vrai qu’il est possible d’abuser de la grâce, et même de la tourner en dissolution — l’apôtre parlera plus tard de ce danger. Hélas ! de quoi l’homme n’est-il pas capable ? Mais s’il y a de la droiture dans l’âme, la grâce opérera toujours une séparation du mal beaucoup plus réelle et complète que ne saurait le faire un esprit légal.
L’anxiété de l’apôtre, la pensée qu’il pourrait finalement avoir travaillé en vain, ressort encore des versets suivants. « Soyez comme moi, car moi aussi je suis comme vous, frères ; je vous en prie. Vous ne m’avez fait aucun tort » (v. 12). Seul un père en Christ pouvait écrire ainsi, seul un amour plein de sollicitude trouver de telles paroles, employer un ton semblable. Il en était en réalité ainsi : l’amour de Christ étreignait cet homme (2 Cor. 5, 14) ; tout ce qu’il faisait, il le faisait par amour pour l’évangile, pour être coparticipant avec lui (1 Cor. 9, 20-23).
Comme ailleurs, les mauvais ouvriers avaient fait leur travail destructif parmi les Galates avec ruse et de propos délibéré. Ils leur avaient probablement dit aussi que Paul avait été infidèle à ses convictions précédentes pour des avantages extérieurs, qu’il avait renoncé à l’observation de la loi et donc à toute sa position juive pour des motifs douteux. L’apôtre n’écarte pas ici ce reproche, comme en Romains 9, en leur parlant de son amour ardent et inchangé pour ses « parents selon la chair », mais il convient sans réserve : Oui, il en est ainsi ; ces gens ont raison, je ne suis plus sur le terrain juif, je ne suis plus sous la loi. La sagesse avec laquelle il agit de manière si différente suivant les circonstances est bien digne d’admiration : tantôt ferme et décidé, à l’occasion presque dur, et tantôt conciliant, revenant avec bonté, mais ne cédant pas un pouce de terrain de la vérité de l’évangile (2, 5).
« Frères, je vous en prie ! ». Celui qui aurait pu parler sur un ton de commandement prie, prie cordialement, tendrement. « Soyez comme moi, car moi aussi je suis comme vous », c’est-à-dire libre de la loi. Christ m’a racheté, moi qui étais jadis sous la loi, de ses exigences et de sa malédiction ; vous, vous n’avez jamais été sous la loi, vous n’avez jamais eu affaire avec elle. Qu’en est-il donc, que vous vouliez maintenant vous mettre sous son joug insupportable ? « Soyez comme moi » ! Vous ne m’avez fait aucun tort en prêtant l’oreille à ces séducteurs et en pensant ou parlant ainsi de moi. Suivez seulement mon exemple et laissez la loi à la place qui lui appartient. Moi qui, comme Israélite, me trouvais sur le terrain de la loi, je rends grâce à Dieu de ce qu’en Christ je suis mort à la loi, et de ce que j’ai été mis en relation avec des choses beaucoup plus élevées et plus glorieuses — moi, autrefois un homme dans la chair, maintenant un homme en Christ, autrefois sous la loi, maintenant sous la grâce.
Et combien ils avaient eu l’occasion d’admirer cette grâce en lui ! Il n’était pas venu à eux comme un messager dont l’aspect et l’attitude répondaient aux désirs des hommes et aux prétentions d’une religion charnelle. Non, c’est « dans l’infirmité de la chair » qu’il les avait évangélisés « au commencement », mais il ajoute : « vous n’avez point méprisé, ni rejeté avec dégoût ma tentation qui était en ma chair ; mais vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus » (v. 13, 14). Il nous est donné plus de détails quant à cette « tentation » de l’apôtre au chapitre 12 de la seconde épître aux Corinthiens. À vrai dire nous ne savons pas en quoi elle consistait. En soi ce n’est pas important. Mais comme la question est sans cesse posée, quelques paroles à ce sujet peuvent être à propos.
De tout ce qui nous est dit de « l’écharde pour la chair », nous devons conclure qu’elle consistait en une infirmité qui défigurait l’apôtre, le rendant méprisable aux yeux des hommes. C’est probablement la raison pour laquelle il supplia si instamment le Seigneur pour qu’Il le délivrât de cet « ange de Satan » qui le souffletait. Ce fidèle et dévoué messager de l’évangile ne devait-il pas être des plus sensibles au fait que sa personne et son apparence impressionnaient d’emblée ses auditeurs de façon à le rendre méprisable ? On pourrait donc penser qu’il s’agissait d’une infirmité dans son visage ou dans sa parole (2 Cor. 10, 10). Mais quand nous lisons ici que les Galates, si cela eût été possible, arrachant leurs propres yeux, les lui eussent donnés (v. 15), et si nous nous représentons que l’apôtre n’a écrit aucune de ses épîtres de sa propre main, à part celle, relativement courte, aux Galates, et celle-ci même avec probablement beaucoup de peine (6, 11), nous inclinons à conclure qu’il a dû s’agir d’une maladie des yeux particulièrement pénible qui défigurait l’apôtre.
Pourtant, comme nous l’avons dit, la réponse à cette question n’est pas de grande importance. D’une signification, et pour nous d’une instruction beaucoup plus grandes, sont les circonstances et surtout les résultats de cette action éducative de Dieu envers Son serviteur. Paul pouvait rendre témoignage aux Galates qu’ils n’avaient pas méprisé la tentation qui était en sa chair, mais qu’ils l’avaient reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus Lui-même. Leur bonheur, quant à la parole de la croix que Paul leur avait apportée, avait été si grand que tout le reste était devenu sans valeur et sans importance pour eux. Dans leur reconnaissance ils auraient été prêts aux plus grands sacrifices, si par cela les souffrances de l’apôtre qu’ils aimaient avaient pu être enlevées, ou au moins adoucies.
Et maintenant ? Était-il soudain devenu leur ennemi parce qu’il leur disait la vérité (v. 16) ? Cela, les faux docteurs ne le faisaient certes pas. « Ils ne sont pas zélés à votre égard comme il faut, mais ils veulent vous exclure, afin que vous soyez zélés à leur égard » (v. 17). Le zèle de ces gens n’était pas bon, ils étaient zélés pour leur propre honneur, ils voulaient « avoir une belle apparence dans la chair » (6, 12), ils voulaient « attirer les disciples après eux ». L’apôtre avait-il agi de cette manière ? Avait-il jamais fait la moindre chose pour mettre sa personne au premier plan, ou même pour engager les Galates à être zélés à son égard ? Et c’est de cet homme fidèle que ces gens voulaient séparer les Galates qui avaient cru, ils voulaient les exclure de lui en élevant une cloison entre lui et eux ! Tout pour eux tournait autour de leur personne, de la considération et de l’estime des hommes. C’était en effet un zèle mauvais et méchant.
« Mais il est bon d’être toujours zélé pour le bien, et de ne pas l’être seulement quand je suis présent avec vous » (v. 18). Ils avaient persévéré dans le bien tant que Paul séjournait au milieu d’eux ; pourquoi n’en était-il plus ainsi ? L’apôtre fit une meilleure expérience chez les Philippiens. Plus tard il put leur rendre ce témoignage, qu’ils n’avaient pas seulement obéi en sa présence, mais beaucoup plus en son absence (Phil. 2, 12). Il en est toujours ainsi lorsque la grâce peut agir sans entrave. Elle unit les cœurs à un objet et cet objet, c’est Christ. Un esprit légal agit toujours en divisant, il élève le moi, détourne le regard de Christ et étouffe l’amour.
En prêtant l’oreille aux insinuations de ces mauvais ouvriers, les Galates succombaient aux influences mortelles de cet esprit, ou étaient en grand danger d’y succomber. Cette constatation réveillait chez l’apôtre les sentiments qu’il avait eus au commencement alors qu’il leur annonçait Jésus Christ. Les paroles par lesquelles il exprime ces sentiments sont bien touchantes ; elles nous permettent à nouveau de jeter un regard dans ce cœur plein d’amour. Moïse, le fidèle serviteur de Dieu au temps de la loi, aimait aussi son peuple par-dessus tout. Mais ses paroles en Nombres 11, 12 : « Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises : Porte-le dans ton sein, comme le nourricier porte l’enfant qui tette ? » ne s’élèvent pas à la hauteur de celles de l’apôtre, qui connaissait la grâce de Dieu entièrement révélée en Christ.
« Mes enfants, pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous » (v. 19). L’apôtre revivait en pensée les douleurs et les combats qu’il avait traversés en luttant pour les âmes des Galates. Hélas ! ce mauvais esprit avait amené une telle confusion dans leurs cœurs quant à la vérité, qu’il était nécessaire de leur enseigner à nouveau les rudiments du christianisme et de les ramener à la croix. De bonnes choses pouvaient se trouver encore chez eux extérieurement, mais ils s’étaient éloignés de Christ intérieurement, ils avaient abandonné le terrain du christianisme, ils étaient déchus de la grâce.
« Je voudrais être maintenant auprès de vous et changer de langage, car je suis en perplexité à votre sujet » (v. 20). Je suis en perplexité à votre sujet ! Il n’en était pas ainsi quant aux « frères bien-aimés et ardemment désirés » à Philippes. Ils étaient la joie et la couronne de l’apôtre, ils demeuraient fermes dans le Seigneur et pouvaient entendre ces paroles d’encouragement : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! ». Ici, l’apôtre désire être une fois encore auprès des Galates pour renouveler en eux l’œuvre menacée. Il voudrait changer de langage et les servir de nouveau personnellement, selon que l’exigerait leur état. Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’il userait de sévérité ou emploierait la verge, mais si leur bien spirituel le rendait nécessaire, il serait aussi prêt à cela. Il aurait préféré venir en hâte vers eux avec amour et dans un esprit de douceur ; et sans doute espérait-il que sa lettre si sérieuse ne manquerait pas son but.
Il revient maintenant encore une fois à l’opposition inconciliable entre la loi et la grâce. « Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’écoutez-vous pas la loi ? » (v. 21). Pour la compréhension de ce passage, précisons tout d’abord que le mot « loi » est employé ici dans un sens double. Alors que le début du passage : « vous qui voulez être sous la loi » nous rappelle comme toujours la loi du Sinaï, la seconde partie : « n’écoutez-vous pas la loi ? » parle de la loi dans le sens où l’entend le Seigneur dans Luc 16, 16 et d’autres passages : « la loi et les prophètes jusqu’à Jean ». L’Ancien Testament se compose de la loi, des prophètes et des psaumes. Dans bien des passages, comme par exemple au psaume 19, 7 : « La loi de l’Éternel est parfaite, restaurant l’âme », la loi désigne aussi la Parole de Dieu en général. L’apôtre veut donc dire : N’écoutez-vous pas ce que dit la Parole dans sa partie appelée « la loi » ?
« Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante, et l’autre de la femme libre. Mais celui qui naquit de la servante naquit selon la chair, et celui qui naquit de la femme libre naquit par la promesse » (v. 22, 23). Le fait qu’Abraham avait deux fils, un d’Agar, un de Sara, était bien connu des Galates, et aussi qu’Isaac était le fils de la promesse, alors qu’Ismaël était né selon la chair. Mais ils n’avaient probablement jamais saisi jusque-là le sens profond, symbolique, de cette différence et nous non plus nous ne l’aurions probablement jamais découvert s’il n’avait plu au Saint Esprit d’attirer notre attention sur lui par le moyen de l’apôtre Paul. Il en est de même de bien des faits de l’Ancien Testament : sans les enseignements de l’Esprit nous ne les reconnaîtrions guère comme applicables aux vérités du Nouveau Testament. Dans le cas qui nous occupe, la chair et la loi d’une part, la promesse et la grâce de l’autre, ont leurs types dans les deux fils d’Abraham, celui qui naquit selon la chair et celui qui naquit selon l’Esprit. C’est là ce que Dieu avait en vue, et l’incrédulité de Sara devait contribuer à compléter cette intéressante image. Que notre Dieu est merveilleux dans tout ce qu’Il dirige ou laisse faire !
Ainsi ces deux femmes, Agar et Sara, sont, comme l’apôtre l’enseigne, « deux alliances, l’une du mont Sina, enfantant pour la servitude, et c’est Agar » (v. 24). Pour cette raison nous la trouvons, et son fils avec elle, en antagonisme avec Sara et Isaac. Comment la loi et la grâce, la chair et l’Esprit, pourraient-ils jamais être en harmonie ensemble ? Agar, qui se trouve en servitude, enfante pour la servitude, exactement comme la loi du Sinaï. « Car Agar est le mont Sina, en Arabie, et correspond à la Jérusalem de maintenant, car elle est dans la servitude avec ses enfants » (v. 25). La Jérusalem du temps de l’apôtre, citadelle du système légal, présentait le triste tableau de la servitude intérieure et extérieure. Ses habitants étaient asservis sous deux rapports : esclaves du péché et esclaves de Rome. Sion, jadis choisie de Dieu pour Sa demeure, était devenue une ville de meurtriers et se trouvait sous la puissance des païens. Et c’est vers elle que les Galates voulaient maintenant se tourner ? C’est pour la loi qu’ils voulaient lutter et devenir ainsi enfants de la servante ?
Non, continue l’apôtre, « la Jérusalem d’en haut est la femme libre », et cette Jérusalem est « notre mère ». Rétrograderions-nous de la position de libre grâce à l’état de servitude légale ? Qu’ainsi n’advienne ! Toutes les relations avec la Jérusalem ancienne et terrestre, pour autant qu’elles aient pu exister, sont rompues ; il n’existe pas de nouvelles obligations envers elle, en Christ nous sommes entrés en relation avec la cité céleste. La Jérusalem d’en haut, là où est le Christ, est notre mère ; cette Jérusalem est libre et ses enfants le sont avec elle.
« Car il est écrit : Réjouis-toi, stérile qui n’enfantes point ; éclate de joie et pousse des cris, toi qui n’es point en travail d’enfant ; car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que les enfants de celle qui a un mari » (v. 27). Au premier abord nous sommes étonnés de trouver ce passage cité ici. Il est tiré du chapitre 54 du prophète Ésaïe, qui traite des merveilleux résultats de l’œuvre de Christ pour Israël décrite dans le chapitre précédent. Jérusalem, la stérile, qui n’a point été en travail d’enfant, est invitée à se réjouir et à éclater de joie car les enfants qui lui sont nés dans son isolement (le temps de sa séparation de Dieu) sont plus nombreux que ceux qu’elle a eus du temps où elle avait un mari. Regardant en arrière sur son chemin long et solitaire, avec tant de tribulations et d’orages, pareille encore pour le présent à une femme misérable et abandonnée, elle peut entendre des paroles de grâce merveilleuse ; elle doit oublier la honte de sa jeunesse et ne plus se souvenir de l’opprobre de son veuvage. Non seulement il lui naîtra, d’Israël même, de si nombreux enfants que l’espace sera trop étroit pour eux dans le pays pour y habiter, et elle dira en son cœur : « Qui m’a enfanté ceux-ci ? Et moi, j’étais privée d’enfants et abandonnée, captive et chassée ; et ceux-ci, qui les a élevés ? » (És. 49, 20, 21) — mais Dieu veut aussi compter pour sa descendance ceux qui, de tous les peuples de la terre, sont entrés en relation avec Lui sur le terrain de la grâce. Le Seigneur Jésus Lui-même dit à la femme au puits de Jacob : « Le salut vient des Juifs », et si nous pensons, en rapport avec cette parole, à la promesse faite jadis par Dieu à l’ancêtre d’Israël qu’en sa semence seraient bénies toutes les nations, nous comprenons mieux la pensée de l’apôtre. Il pense moins ici aux deux femmes d’Abraham qu’à ce qu’elles représentent.
Souvenons-nous en même temps que le point de départ de l’apôtre dans l’épître aux Galates est tout autre que dans l’épître aux Éphésiens, par exemple, de sorte qu’il arrive à des résultats tout différents. Si dans celle-ci il parle du conseil de Dieu, dont l’objet est l’Assemblée, le corps de Christ, conseil que Dieu a arrêté avant la fondation du monde, il base son enseignement dans celle-là sur les promesses que Dieu a faites autrefois à Abraham, le patriarche juif et le père de tous les croyants, et qui concernent tous ceux qui portent le titre d’enfants d’Abraham. Il n’est question qu’une seule fois de « l’assemblée de Dieu » dans l’épître aux Galates et encore seulement pour nous dire que Paul l’avait persécutée outre mesure. Elle était un mystère qui avait été caché en Dieu dès les siècles et les générations ; les promesses n’en avaient jamais parlé et notre épître ne s’élève pas à ces hauteurs. Là, les croyants sont des enfants, des fils et des héritiers de Dieu ; ils ne sont plus en bas âge ou serviteurs, mais nous chercherions en vain les privilèges et les bénédictions qui sont liés au Fils de l’homme glorifié à la droite de Dieu.
Tout cela, comme il a été dit, nous fera mieux comprendre pourquoi l’Esprit de Dieu embrasse ici tous les croyants qui naissent pendant le temps où Israël est sans mari, qu’ils soient d’Israël ou des nations, et pourquoi Il les appelle enfants de Jérusalem, mais à vrai dire de la Jérusalem comme elle sera vue un jour, lorsqu’une grâce inconditionnelle sera sa part et qu’elle aura cessé d’être une « Agar ». Les innombrables multitudes des saints célestes qui alors auront déjà pris leur place là-haut (voyez les vingt-quatre anciens d’Apocalypse 4 et 5, etc.) sont aussi comptés ici comme enfants de Jérusalem.
D’une manière semblable, en Romains 9, 24-26, l’apôtre applique à tous les vases de miséricorde, d’entre les Juifs et d’entre les nations, une déclaration du prophète Osée qui, en premier lieu, n’est relative qu’à Israël, disant à leur propos : « lesquels aussi il a appelés, savoir nous, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les nations : comme aussi il dit en Osée : … « et il arrivera que dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas mon peuple », là ils seront appelés fils du Dieu vivant » (Os. 1, 10). Ainsi, nous aussi, nous sommes tous enfants de la Jérusalem d’en haut ; elle est notre mère. Il n’y a qu’un terrain commun sur lequel tous les croyants se tiennent devant Dieu, c’est le terrain de Sa grâce libre et inconditionnelle. C’est pourquoi l’apôtre peut, appliquant cette précieuse vérité aux Galates, conclure sa démonstration par ces mots :
« Or vous, frères, comme Isaac, vous êtes enfants de promesse » (v. 28). Non pas des enfants de la servante, nés selon la chair et par là voués à la servitude de la loi, mais enfants de la femme libre, nés selon l’Esprit, enfants de promesse et par là participants de la grâce révélée en Christ, la semence d’Abraham, et de tous les privilèges qui s’y rattachent.
Mais, comme jadis celui qui était né selon la chair (Ismaël) persécutait celui qui était né selon l’Esprit (Isaac), il en était de même maintenant : les Juifs étaient les ennemis irréconciliables des chrétiens, ils étaient même opposés à tous les hommes, empêchant les apôtres de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées. C’est pourquoi la colère de Dieu était venue sur eux (1 Thess. 2, 15, 16). Sous ce rapport aussi il en était de même qu’autrefois ; car « que dit l’Écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre » (v. 30 ; comp. Gen. 21, 9, 10).
C’est ainsi que parle l’Écriture qui ne peut être anéantie. Elle prononce un jugement implacable sur tous ceux qui pensent qu’un enfant de Dieu a quoi que ce soit à faire avec la loi comme fondement ou règle de ses rapports avec Dieu ! Aussi convenable et rigoureuse que soit la loi comme arme envers les iniques et les insubordonnés, envers les impies et les pécheurs, aussi peu est-elle pour le juste (1 Tim. 1, 8, 9). Celui qui cherche donc à remettre le croyant sous la loi, de quelque manière que ce soit, le ramène de la bienheureuse liberté de l’enfant de Dieu à la funeste servitude du Juif.
« Le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre ». L’Écriture ne pourrait pas parler d’une manière plus claire, et elle a déjà parlé ainsi longtemps avant que la loi ne vînt. Dans l’histoire typique de ces deux fils, elle a dépeint la position du croyant en contraste avec celle d’un homme légal, la différence entre la chair et l’Esprit, d’une manière si claire que quiconque veut voir, peut voir. C’est en tressaillant de joie, nous dirions volontiers en triomphant, que l’apôtre clôt son enseignement par ces paroles : « Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre ». À nous l’affranchissement de tout esclavage légal, à nous la promesse, à nous l’héritage !