Études Scripturaires:Notes sur la «présence» (l’arrivée) du Seigneur Jésus

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J.B. RossierSully  — 9 mars 1855

Désirant examiner quelques passages des deux épîtres aux Thessaloniciens qui touchent à la doctrine de la présence du Seigneur, je dois, ce me semble, commencer par établir clairement la valeur du mot en question. Ce point, une fois éclairci, fera disparaître, je n’en doute pas, les difficultés qu’offrait nécessairement à l’esprit de plusieurs l’expression arrivée ou venue que je remplace, en traduisant littéralement, par le mot présence.

Parousia est un substantif dont le verbe est pareini : être là, être présent, en opposition avec apeimi : être absent et avec apousia, absence. Parousia signifie donc le fait d’être là, ou « la présence ». En Philippiens 2, 12, on a bien traduit les deux substantifs par absence et présence. Voyez encore 2 Corinthiens 10, 10 ; puis, pour le verbe, 1 Corinthiens 5, 3 ; 2 Corinthiens 10, 1, 2, 11 ; 13, 2, 10 ; Philippiens 1, 27. Enfin, en Colossiens 2, 5, apeimi — je suis absent — est opposé à : je suis avec vous.

« La présence » du Seigneur Jésus est une expression qui ne s’applique point uniquement et absolument à l’acte de l’enlèvement de l’Église en l’air ; pas plus que « le jour de Christ » ne s’applique exclusivement au retour du Fils de l’homme, en jugement, sur la terre. En étudiant bien ce sujet, on verra que ces deux expressions (ainsi qu’une troisième, « son apparition ») renferment quelques fois tous les actes successifs du Seigneur Jésus, dès le moment où Il n’est plus caché, jusqu’à celui où Il remettra toutes choses soumises à Celui qui les Lui a soumises. C’est Sa présence, encore future, en contraste avec Son absence actuelle — eu égard à ce monde et à ce qu’il contient.

Entrons maintenant dans quelques explications sur les passages en question.

1 Thessaloniciens 2, 19

« Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire, si ce n’est vous, devant notre Seigneur Jésus Christ dans (ou pour, εν) sa présence ! ».

« La présence » n’est-elle pas manifestement une époque, en vue de laquelle et dans l’attente de laquelle la foi agit, avec l’espérance de jouir, pendant toute la durée de cette époque, des récompenses que la grâce a promises à la fidélité que cette même grâce produit chez les serviteurs du Seigneur ?

1 Thessaloniciens 3, 12, 13

« Or, que le Seigneur vous fasse augmenter… pour affermir vos cœurs en sainteté, devant notre Dieu et Père, pour (ou dans, εν) la présence de notre Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints ! ».

Si on lit, « à l’arrivée… avec tous ses saints », on est comme forcé de conclure que cette prière ne demande notre affermissement que en vue du moment où le Fils de l’homme reviendra sur la terre avec tous Ses saints, selon Zacharie 14, 4, 5 (cf. Jude 14, 15, etc.). Mais, dira-t-on, s’il s’agit uniquement de l’instant où les pieds du Seigneur seront posés sur la montagne des Oliviers, qu’avons-nous besoin d’affermissement pour ce moment-là ? N’aurons-nous pas, préalablement, été enlevés au ciel, auprès du Seigneur, pour revenir avec Lui ? Nous savons positivement que l’Église n’a point à attendre sur la terre la venue de Jésus ici-bas. Et cependant voici un passage qui demande à Dieu d’affermir nos cœurs (à nous l’Église), dans ce moment terrible !

Ces réflexions seraient justes s’il s’agissait réellement de ce moment et d’aucun autre. Mais le passage demande simplement l’affermissement du cœur de chaque saint (jusqu’à la fin de l’épreuve de sa foi en la chair) pour qu’il puisse marcher, ici-bas, dans la sainteté devant Dieu et en vue du jour de Christ ou de Sa présence avec tous Ses saints. Un cœur nourri de cette attente s’affermit dans la sainteté (1 Jean 3, 3). Il vit ainsi, par la foi, devant notre Dieu et Père, en attendant Son Fils.

Au reste, dans le texte, le génie de la langue fournit cette pensée : Que le Seigneur affermisse vos cœurs dans la puissance de ce grand événement — la présence de Jésus au milieu de tous Ses saints. — C’est-à-dire, qu’Il affermisse vos cœurs en sainteté devant Dieu, en les gardant dans un état d’attente et dans l’espérance du moment où Jésus ne sera plus caché.

C’est devant Dieu, mais sur la terre, par un effet de la foi, que l’attente de ce moment doit produire, en nos cœurs l’affermissement dans la sainteté. Les lecteurs de la Bible n’ont pas besoin qu’on leur rappelle, par des citations, combien sont fréquents les exemples de saints qui ont vécu devant Dieu sur la terre. Nous nous bornerons à citer deux passages analogues dans notre épître même : Au verset 9 de notre chapitre, l’apôtre Paul se réjouit à cause des Thessaloniciens, et il fait cela devant Dieu. Au chapitre 1 verset 3, il les loue à cause de la persistance qu’ils mettaient à espérer le Seigneur Jésus Lui-même, ou Sa présence, et de qu’ils faisaient cela « devant notre Dieu et Père ». Paul se rappelle l’œuvre de leur foi et les autres qualités qui les distinguaient, en tant qu’ils pratiquaient ces choses devant notre Dieu et Père. Il s’agit évidemment, dans de tels passages, de l’effet spirituel produit par l’attente ou par la foi dans les fidèles, savoir de les tenir en la présence de Dieu ici-bas. La réalité sans voile aura lieu dans la présence de notre Seigneur Jésus Christ avec tous Ses saints. Attendre cette réalité est ce qui affermit nos cœurs dans la sainteté devant Dieu.

Je ne vois pas là plus de difficulté qu’en 1 Corinthiens 1, 8, par exemple : « Vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ qui, aussi, vous affermira jusqu’à la fin irréprochables, pour (ou dans, εν) le jour de notre Seigneur Jésus Christ »[1]. L’Église n’attend pas, en première ligne, la révélation du Seigneur Jésus au monde, puisque lorsqu’elle ira à Sa rencontre, en l’air, Jésus ne sera pas encore révélé au monde. C’est cette rencontre qui est le premier objet de notre désir. Mais elle est aussi le commencement de la révélation entière du Christ (de Son dévoilement) et de Son jour : l’Église ne peut donc pas attendre le jour ou la révélation du Seigneur sans attendre, en premier lieu, notre enlèvement auprès de Lui. Voilà comment il ne manquait aucun don gratuit aux Corinthiens, puisqu’ils étaient dans cet état qui est, au fond, l’attente de la perfection. Le Seigneur, de son côté, les affermirait irréprochables[2] pour ce grand jour ; et il le ferait jusqu’à la fin, c’est-à-dire autant qu’il sera nécessaire pour chacun, pendant qu’il a besoin d’être affermi (voyez Jude 21, 24 ; Col. 1, 22 ; 1 Tim. 6, 14, 15).

La même idée est aussi exprimée en 1 Pierre 1, 13 : « Espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée en la révélation de Jésus Christ ». Au fond, l’Écriture ne parle pas de deux révélations futures du Seigneur — mais de Sa révélation sous deux faces, je le crois, une pour l’Église, puis une pour le monde ; on peut cependant concevoir l’effet de Sa présence dans ce sens et moralement. 1 Corinthiens 1, 8 et 1 Pierre 1, 13 parlent donc d’une seule et même révélation (dans laquelle certainement, l’Église Le verra d’abord, puis le monde ensuite). Je ne vois en 1 Thessaloniciens 3, 13 ; 1 Corinthiens 1, 8 ; 1 Pierre 1, 13 et autres passages analogues, que l’idée exprimée encore en Philippiens 1, 6 : « Celui qui a commencé une bonne œuvre en vous, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ ». L’Église est gardée et conservée, sur la terre, par la foi et par l’attente d’une époque où tout combat sera terminé quant à elle. « La présence » du Seigneur n’indique point spécialement le fait de l’enlèvement de l’Église, ni celui de sa présentation à Dieu pour les noces dans le ciel, ni le jour de Christ au point de vue spécial de Sa venue en jugement sur la terre, ou de Son apparition et de Son règne. Mais c’est une époque qui peut renfermer tout cela, et dans laquelle Christ ne sera plus caché. Veuille le Seigneur faire croître Ses élus dans la voie de la sainteté pratique, dans laquelle seule les saints peuvent avoir un cœur ferme, en vue des gloires futures du Christ et de leur participation à ces gloires : « Or que le Dieu de la paix, Lui-même, vous sanctifie tout entiers et garde (ou conserve) votre esprit entier, et l’âme et le corps sans reproche pour la présence de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thess. 5, 23).

1 Thessaloniciens 4, 15

« … que nous, les vivants, les surrestants pour (εις)[3] la présence du Seigneur… ». Ici encore, « la présence » signale une époque générale qui commence au moment où Christ n’est plus caché, et qui finit par le jugement éternel, après le règne de Christ sur le monde actuel. Il n’est jamais dit : l’arrivée ou la venue (présence) du Seigneur en l’air.

Quoique l’enlèvement de l’Église soit celui des actes de cette présence que les surrestants attendent le plus immédiatement, je ne vois pas que le passage en question désigne uniquement ce moment-là. Il est vrai que notre vie sur la terre sera terminée par le premier acte de la présence du Seigneur — par notre réunion à Lui dans l’air ; mais, si nous attendons ce moment béni, c’est pour être toujours avec Lui et pour jouir avec Lui de toutes les gloires futures renfermées dans Sa présence.

2 Thessaloniciens 1, 5-8

« … Puisqu’il est juste, de la part de Dieu, qu’Il rende la tribulation à ceux qui vous causent des tribulations, et qu’à vous qui êtes dans la tribulation, (il donne) du relâche avec nous, en la révélation du Seigneur Jésus (venant) du ciel avec les anges de sa puissance, exerçant la vengeance… ». Mais, disent les chrétiens instruits par le Seigneur à attendre l’enlèvement de l’Église avant le retour du Fils de l’homme en jugement, nous aurons du relâche longtemps avant ce retour, puisque nous aurons été réunis préalablement à Lui, afin que nous puissions revenir avec Lui. Notre relâche ne commence-t-il pas avec notre réunion ?

Cela peut être vrai et cela est vrai en effet. L’Esprit dirige bien les pensées de l’Église souffrante vers le grand antitype du Jubilé, vers l’année agréée du Seigneur. Mais ce que l’Esprit met ici d’abord au premier rang c’est la rétribution, la justice distributive. Il s’agit surtout du moment où cette justice sera pleinement révélée par ses effets. Le relâche général, et pas le nôtre seulement, doit être précédé par la manifestation évidente et publiquement universelle de la justice pratique du Fils de l’homme. Il y a ici le lot des deux partis : celui des persécutés et celui des persécuteurs. L’apôtre soutient les premiers par la perspective de cette rétribution dont le résultat sera à la gloire de Christ dans Ses saints. Or le relâche universel, le grand Jubilé, la rétribution générale, dans ce monde, ne commenceront que lors de la révélation (dévoilement) du juste Juge, venant du ciel sur la terre avec les serviteurs de Sa justice.

Nous savons que nous entrerons dans le repos dès l’instant où le Seigneur prendra l’Église à Lui. Cependant nous y sommes déjà entrés du moment où nous avons cru ; et, néanmoins encore, la plénitude de la jouissance de ce repos, l’universalité et la publicité de ce vrai relâche, ne seront là pour nous (pour Christ et pour l’Église) que par le moyen de Sa révélation. Cette révélation elle-même commence par la rétribution publique, proposée en espérance comme un relâche aux saints qui attendent le Seigneur au milieu des tribulations d’ici-bas. Lorsque la rétribution générale viendra, le lot de l’Église sera manifesté aux yeux de tous et le Seigneur sera glorifié, aussi bien aux yeux de Ses ennemis qu’en ceux qui croient. Paul n’aurait point atteint son but en ne présentant au cœur des saints que leur réunion à Christ, dans le ciel. L’Esprit de Christ, dans l’Église, veut un Christ juste et capable de détruire les œuvres du diable. La justice de Dieu ne sera point publiquement glorifiée par notre disparition de la scène du monde. Elle le sera par la démonstration du juste jugement de Dieu, donnant publiquement le règne à Ses saints et la vengeance à leurs ennemis (cf. Phil. 1, 28). Ce passage propose donc à la foi, comme moyen d’encouragement, l’attente de la publicité de la rétribution, qui mettra en évidence le juste jugement de Dieu.

1 Thessaloniciens 4, 13-18

Relativement au point de vue qui est celui de ce petit travail, j’ai peu de changements à proposer dans la traduction : Lisez au verset 14 : « De même aussi, quant à ceux qui s’endormirent par le moyen de Jésus, Dieu les conduira (ou les mènera) avec Lui ». Puis, aux versets 15 et 17, lisez « nous les vivants, les surrestants — pour la présence du Seigneur… » (εις[3]).

Les Thessaloniciens étaient, il est vrai, enseignés par Paul lui-même à « attendre, des cieux, le Fils du Dieu vivant et véritable qu’Il a réveillé d’entre les morts, Jésus qui nous délivre de la colère à venir » (1, 10). Mais ils n’étaient pas encore enseignés sur la succession et sur l’ordre des actes divers de Sa présence. Ayant donc vu et continuant à voir des frères mourir de mort corporelle, ou s’endormir dans le Seigneur, les Thessaloniciens ne pouvaient pas concilier l’absence de ceux qui mouraient, avec leur participation au retour de Jésus venant du ciel pour exercer le jugement et la rétribution, délivrer les saints et régner sur la terre. Ils étaient, à cet égard, comme les autres qui n’ont pas d’espérance (5, 6 ; 4, 13 ; Éph. 2, 3). Enfin ils étaient encore dans l’ignorance, non pas d’un retour de Jésus en général, mais de la position que les saints endormis occuperaient pendant la présence de Jésus. La consolation ou l’espérance que Paul leur donne dès le verset 14, se fonde sur le dogme de la résurrection du Christ et de la résurrection de l’Église. Or, en rapprochant la fin du verset 14 de ces mots du verset 17 : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur », nous pouvons résumer la pensée de l’apôtre de cette manière : « Car, si nous croyons que Jésus mourut et qu’Il ressuscita, de même aussi » les saints endormis ressusciteront et Dieu les conduira ou les mènera toujours et partout avec Christ. Dieu ne les séparera jamais de Jésus. Je pense donc que le Saint Esprit a surtout en vue ici la portée morale du fait, en consolation pour nos âmes, et non pas une révélation sur le temps où la chose aura lieu.

Il est important d’observer que le texte ne dit point que Dieu les amènera — encore moins qu’Il les ramènera[4] avec Lui. Ce n’est pas d’un acte spécial de l’activité manifestée du Christ qu’il s’agit dans ce moment, le fond de l’idée est que s’étant endormis en Christ ressuscité, Dieu les mènera toujours avec Christ[5]. Ensuite vient la spécialité, le moyen : « Car ils ressusciteront premièrement ».

Les Thessaloniciens, attendant la présence du Seigneur ressuscité, c’est-à-dire la fin du temps pendant lequel Jésus est caché, étaient dans l’affliction au sujet de leurs frères endormis, craignant que leur mort ne les tînt séparés du Christ pendant Sa présence. C’était ignorance sur l’étendue et sur la succession des divers actes de cette présence. Alors Paul leur apprend que les saints endormis ressusciteront premièrement. Ils ressentiront les premières influences de Sa présence ; ensuite, Dieu les mènera (ainsi que les surrestants transmués) toujours avec Christ. Enfin il entre dans les détails ; puis, le tout finit par cette consolation : « Et ainsi (eux et nous tous), nous serons toujours avec le Seigneur ».

Voilà ce qui répond à tout, pour tous, dans toutes les positions et à toutes les époques.

Eux ressusciteront premièrement. Nous ne les devancerons donc pas. Or les Thessaloniciens craignaient précisément que les vivants ne laissassent les morts en arrière, pour cette époque. Puis nous serons enlevés ensemble avec eux, et nous serons toujours, eux et nous, avec le Seigneur. Dieu ne veut pas plus les séparer de Christ pendant Sa présence, que nous les vivants. La force des raisonnements, celle des détails et de leur ordre, ainsi que la force de la conclusion, gît dans le avec Lui. Dieu les réunira à Lui, les mènera avec Lui où qu’Il aille, car ils se sont endormis en Lui et ils ressusciteront d’abord, afin que eux et nous soyons toujours avec Lui. Ils ressusciteront premièrement ; c’est leur avantage sur les vivants qui seront transmués. Leur résurrection sera le premier effet de la présence du Christ ressuscité, lorsqu’Il sortira du trône où Il est caché.

Tout cela, ce me semble, ne touche nullement à l’idée de ramener avec Christ les saints morts, soit au commencement de Sa présence, soit à l’époque de Son retour sur la scène du monde. Cette dernière vérité est abondamment déclarée et exposée dans plusieurs passages. On peut même penser qu’elle est implicitement contenue dans les mots : « Dieu les mènera avec Christ », mais je ne vois pas que ce soit le sujet spécial de 1 Thessaloniciens 4, 14. Je vois dans l’ensemble de ce précieux passage que les corps des frères endormis se relèveront premièrement, de la terre ; puis, que (nous ayant été transmués, 1 Corinthiens 15) eux et nous ensemble réunis au Seigneur en l’air, serons toujours ensemble et toujours avec Lui, et que ce sera là le premier effet de la présence du Seigneur, lorsque la voix de l’archange et la trompette de Dieu se feront entendre.

Verset 15. « Car nous vous disons ceci, par la parole du Seigneur ». Paul ne leur avait encore jamais parlé de ceci, c’est-à-dire de l’enlèvement préalable de l’Église. Il ne dit pas, comme en 2 Thessaloniciens 2, 5, « je vous ai déjà dit ces choses » ; mais au contraire, comme en 1 Corinthiens 15, 51, Paul vient leur révéler un mystère. Il les avait bien instruits de vive voix sur le jour de Christ et sur les événements qui, dans le monde, devaient précéder ce jour-là. Mais il était maintenant devenu nécessaire de leur montrer comment il se ferait que les saints morts ne fussent pas privés de participer à la présence du Seigneur. Alors Paul leur révèle ce qui suit. C’est la résurrection et l’enlèvement de l’Église qui rendent possible la réunion des saints endormis aux survivants — puis la réunion de tous au Seigneur, pour être avec Lui, non seulement dans tous les actes suivants de Sa présence, mais toujours. C’est ce que nous avons déjà vu en étudiant le verset 14. Les versets 15 à 17, jusqu’aux mots : « en l’air » exposent avec ordre les premiers effets de cette présence, et surtout le résultat de ces effets en faveur des saints de l’Église qui se sont endormis. Auparavant ce dernier point était un mystère.

Après la révélation de ce mystère, il restait une conclusion à tirer. Nous l’avons depuis la fin du verset 17. « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ; c’est pourquoi, consolez-vous les uns les autres par ces paroles ». Le sujet du trouble des Thessaloniciens est tout à fait ôté, parce que leur ignorance a été enlevée par la révélation du plan de Dieu, quant aux premiers actes de la présence (1 Thess. 4, 15 ; et 1 Cor. 15, 51).


Je tirerai encore, de 2 Thessaloniciens 2, 1, une preuve à l’appui de mon opinion. Là Paul déclare[6], ce me semble, que, dans sa première lettre, il ne leur a point dit que le jour de Christ était là. Ils ne devaient point confondre ce jour avec la présence de notre Seigneur Jésus Christ et notre réunion à Lui. Il n’avait point parlé, dans sa précédente lettre ni ailleurs, du jour comme étant là ; mais il avait écrit sur deux choses comme liées ensemble : sur la présence du Seigneur et l’enlèvement de l’Église — choses qui sont, en effet, formellement traitées dans sa première lettre. Il est vrai que, dans cette même lettre, le sujet du jour paraît au chapitre 5 ; mais non pas du jour comme étant là ; au contraire : il en avait écrit dans le sens d’une exhortation à l’Église, faisant voir que cet événement déjà connu d’eux, événement infiniment redoutable pour tous les habitants de la terre, ne concernait nullement l’Église, quant à la colère du moins (1, 10). Ce qui concernait l’Église c’était la révélation du consolant mystère de son enlèvement hors de la scène de ce monde, au commencement de la présence du Seigneur et avant l’éclat de la lueur de Son jour.

L’ennemi avait, paraît-il, réussi à troubler les Thessaloniciens, en leur faisant confondre le sujet du chapitre 4, avec celui du chapitre 5 de l’épître précédente, ou la présence du Seigneur pour l’enlèvement de l’Église, avec le jour du Christ. Alors Paul doit leur rappeler que l’Église n’est pas réservée pour traverser la colère de ce jour, mais pour la possession du salut et de la gloire (1 Thess. 1, 9, 10 ; 2, 12 ; 2 Thess. 2, 1, 14, etc.). Or, comme le jour (en tant que présence manifestée du Seigneur) commence par la colère ; comme cette colère ne peut pas tomber sur le méchant avant qu’il n’ait été pleinement manifesté ; comme cette colère ne viendra pas sur l’Église mais sur les fils des ténèbres et de la rébellion[7], les Thessaloniciens sont exhortés à attendre le salut et la mise en possession de la gloire par la présence de notre Seigneur Jésus Christ et notre réunion à Lui. Le raisonnement a toute sa force dans la liaison de ces deux choses. Notre réunion à Lui, ainsi liée à Sa présence pour en être le premier acte, nous rend assez intelligents pour que nous puissions attendre avec patience le Seigneur fidèle qui nous affermira et nous gardera du mal (2 Thess. 3, 3).

Je ne pense pas qu’on puisse rejeter absolument la traduction : « nous vous demandons, frères, par, ou au nom de, la présence » ; mais je doute qu’on doive l’imposer par l’exclusion absolue de l’autre traduction qui lit : « au sujet de la présence… ». Il est vrai que je ne vois pas l’utilité de ce changement. Toutefois le raisonnement, tel que je viens de l’exposer, demeure le même avec l’une ou l’autre de ces traductions quoiqu’il soit beaucoup plus saillant et plus clair si on lit : « Or nous vous demandons, frères, relativement à la présence… et à notre rassemblement… ». Ce dont il s’agit, en effet, c’est qu’on ne confonde pas ces deux choses : la présence et le rassemblement, puis le jour de Christ pour la colère. Et de nos jours encore, nous devons désirer ardemment qu’une grande foule de saints ne soient plus affaiblis, ébranlés et troublés par cette même confusion ; tandis que cette nouvelle révélation de la pensée du Seigneur devait devenir pour eux une source de précieuses consolations (1 Thess. 4, 18).


Arrivé à ce point, je m’arrête. Le sujet de la présence du Seigneur Jésus — et encore considéré seulement dans quelques passages — tel était le but de cette petite étude. Si mon opinion s’écarte, peut-être, en quelques détails de celle de frères plus avancés sur ce sujet, je désire sincèrement être du nombre de ceux auxquels on n’aura pas, en vain, « exposé plus exactement le chemin de Dieu ». J’ai la conviction que c’est aussi le sincère désir de tous les témoins actuels du Seigneur. Béni soit-il, ce précieux Sauveur ! Il a voulu nous réveiller et renouveler dans nos cœurs l’attente de Sa propre personne. Il a voulu se servir, pour cela, de quelques questions. Ces questions serviront, dans la main du Seigneur, nous l’espérons vivement, à nous faire croître dans la vérité — non seulement en connaissance, mais (demandons-le Lui) aussi en pratique. Soyons seulement simples, humbles, zélés et soumis les uns aux autres, puis tous et chacun à Christ dans l’amour. Amen !



  1. Voyez par exemple : pour les récompenses, 2 Corinthiens 1, 14 ; Philippiens 2, 16 ; 1 Thessaloniciens 2, 19, où l’espoir des récompenses publiques nous est présenté soit pour le jour, soit pour la présence du Seigneur. Cf. 1 Pierre 5, 4 ; Sa manifestation ; etc.
  2. Irréprochable s’applique, le plus souvent, à une marche pure ici-bas. Voyez 1 Tim. 3, 2, 10 ; 5, 7 ; Tite 1, 6, 7 ; Luc 1, 6 ; Phil. 2, 15 ; 3, 6 ; 1 Thess. 2, 10 ; 3, 13 ; 5, 23 ; etc.
  3. 3,0 et 3,1 ειϛ, quant à ; en vue de ; indique plutôt une tendance vers cette époque ; εν indique l’établissement de la chose en question, soit sa puissance. « En puissance de » serait souvent le vrai sens de εν, et particulièrement dans quelques-uns de nos passages.
  4. Il n’y a ni sunaxei, ni sunaxei sun, mais axei sun. Sunago et ago sont traduits, chacun une fois, par emmener. Mais ni l’un ni l’autre ne signifie ramener. Le verbe sunago signifie emmener ; réunir ; recueillir ; assembler ; amasser. Le sens le plus immédiat et le plus simple du texte est : « les mènera ou les conduira avec Lui ». Ensuite viennent les détails selon l’ordre futur des faits, ou du comment, de la manière dont Dieu les conduira toujours avec Christ. L’expression grecque éveille aussi l’idée que Dieu les produira, les exhibera avec Christ.
  5. Il va sans dire, d’après le verset 17, que les transmués feront aussi partie de ceux que Dieu mènera avec le Christ ; mais ce n’est pas d’eux que nous nous occupons spécialement.
  6. 2, 2 ; cf. v. 15.
  7. Lisez avec soin ce que l’apôtre dit à ce sujet au commencement du chapitre 5 de la première épître aux Thessaloniciens, pour démontrer qu’ils n’ont rien à craindre du jour du Seigneur. Quoique, par ce fait, dans la nuit, nous ne sommes pas de la nuit, en sorte que ce jour, qui vient comme un voleur dans la nuit, ne peut pas nous surprendre. Toute la force de cette argumentation consiste dans le contraste béni entre les mots jour et nuit : et il en résulte aussi des conséquences pratiques pour le croyant : voyez versets 6-8.