Livre:Études sur la Parole — 1 Chroniques
destinées à aider le chrétien dans la lecture du Saint LivreJ.N. Darby
Chapitres 1 à 9, 34. — Les livres des Rois nous ont donné l’histoire générale et publique du gouvernement de Dieu en Israël, et, depuis Roboam à Ézéchias, l’histoire des rois d’Israël ; histoire dans laquelle le résultat de la chute de la royauté a été manifesté en présence de la patience de Dieu. Ce qui y est dit de Juda ne s’étend qu’aux rapports de Juda avec la maison d’Israël, pendant cette période.
Les livres des Chroniques nous donnent l’histoire de cette même période sous un autre point de vue : celui de la bénédiction et de la grâce de Dieu ; et ils nous parlent plus particulièrement de l’histoire de la maison de David, à l’égard de laquelle cette grâce s’est manifestée. Nous verrons cette pensée se vérifier dans une foule de cas.
Ces livres, écrits ou rédigés après la captivité (voyez 1 Chron. 6, 15), conservent de la part de Dieu, rapportée par le Saint Esprit, l’histoire de Son peuple, telle qu’Il aimait à se la rappeler, montrant seulement les fautes qu’il était nécessaire de connaître pour l’intelligence des instructions de Sa grâce.
Il conserve en même temps les noms de ceux qui avaient traversé les épreuves mentionnées dans cette histoire sans être rayés du livre. Ici, ce n’est, il est vrai, que la figure extérieure de cette précieuse liste du peuple de Sa grâce ; mais c’est ce que, de fait, nous trouvons ici. Tout Israël n’y est pas ; mais tous ceux qui sont d’Israël ne sont pas Israël. En même temps l’Esprit de Dieu remonte aussi plus haut, et nous donne, depuis Adam, la généalogie de la race bénie par grâce, selon la souveraineté de Dieu, avec ce qui y appartenait extérieurement ou selon la chair. Il met en saillie, suffisamment pour la faire ressortir, la partie reconnue en grâce, en rappelant ce qui, extérieurement et selon la nature, existait en relation avec elle, mettant toujours, comme nous dit l’apôtre, ce qui est « animal » en premier (1 Cor. 15, 46).
Ainsi, en commençant par Adam, nous avons la race de Seth jusqu’à Noé. Puis viennent les familles de Japheth et de Cham, dont l’un des descendants commença d’être puissant sur la terre ; et, enfin, celle de Sem, dont le Dieu était l’Éternel, et dont la descendance est suivie jusqu’à Abraham. Celui-ci, appelé d’entre les hommes, devient, pour ainsi dire, une nouvelle souche. Sa postérité selon la chair, nous est donnée la première ; puis Isaac, enfant de la promesse, nouvelle souche, dont les enfants selon la chair sont mis en scène avec leurs rois et leurs chefs, avant l’enfant de l’élection.
Au chapitre 2 nous trouvons enfin Israël, dont tous les fils furent plus ou moins les objets des soins de Dieu qui avait aimé Jacob.
Puis Juda est introduit pour nous conduire à la race royale de David, objet aussi des promesses selon l’élection de Dieu.
Outre cela, nous trouvons le tableau de la prospérité de la famille de Juda en général, et, en particulier, celle de la famille de Caleb, qui fut fidèle à Dieu dans sa génération. Dieu en a gardé ici le mémorial[1]. Ainsi, la manière aussi dont le pays a été peuplé, et son histoire intérieure sont rendues vivantes pour le lecteur.
Puis la généalogie de la famille de David nous est donnée, jusqu’à quelques générations après le retour de la captivité ; enfin, celle des tribus les unes après les autres, mais en rapport avec leur position en Israël, et avec l’adjonction de certaines mentions de possessions acquises par des familles ou par toute une tribu. Dan et Zabulon manquent ; Juda est trouvé (chap. 4, 1). Siméon (4, 24) avait eu son lot dans le territoire de Juda, mais il avait élargi son domaine ; et quelques-uns de cette tribu, sortis des limites du pays, avaient échappé à la captivité. Ruben (5, 1), Gad (5, 11) et la demi-tribu de Manassé (5, 23) étaient restés à l’orient du Jourdain. Ces tribus aussi avaient ensemble beaucoup étendu leur territoire et s’étaient enrichies aux dépens de leurs ennemis.
Dans les généalogies de Lévi (chap. 6), nous voyons tout premièrement la suite des souverains sacrificateurs jusqu’à la captivité ; puis les Lévites, leur service et leurs villes. Après Lévi viennent Issacar (7, 1), Benjamin (7, 6), Nephthali (7, 13), peu en nombre ; la seconde demi-tribu de Manassé (7, 14), Éphraïm (7, 20), et Aser (7, 30). Puis nous trouvons de nouveau Benjamin (chap. 8), tout premièrement en vue de Jérusalem, et ensuite en rapport avec la famille de Saül.
Mais ce qui a été conservé ici des généalogies du peuple, touchant le résidu, par grâce, de ce qui était tombé sous la triste sentence de Lo-Rukhama et de Lo-Ammi, nous révèle une autre circonstance : c’est que partout où il y a eu de la foi, Dieu a béni Son peuple en détail. Jahbets (4, 9, 10), fils d’affliction, cherchant la bénédiction auprès du Dieu d’Israël, n’a pas manqué de la trouver. L’Éternel a étendu ses limites et l’a tellement mis à l’abri, qu’il a été sans douleur. Siméon, quoique dispersé en Israël, a su chasser les ennemis et posséder leur pays, et cela, jusqu’au mont de Séhir. Les deux tribus et demie au-delà du Jourdain ont aussi étendu leurs limites et possédé les portes de leurs ennemis, parce qu’elles crièrent à Dieu (5, 20). Plus tard, elles ont été emmenées captives, parce qu’elles avaient abandonné Dieu. Ainsi, quoiqu’il n’y eût ni la puissance du roi ni l’ordre du royaume, partout où il y avait de la foi, Dieu a béni ceux d’entre son peuple qui se confiaient en Lui.
Ces généalogies étaient imparfaites. L’état d’Israël portait l’empreinte de la ruine qui lui était arrivée ; mais aussi de la bonté de Dieu qui avait ramené un résidu, et qui avait conservé tout ce qui était nécessaire pour placer ceux qui en faisaient partie dans les registres de son peuple. Si la preuve nécessaire de leur origine venait à manquer, ceux qui faisaient partie du peuple cessaient de jouir de leurs privilèges, et les sacrificateurs, de leur position sacerdotale, jusqu’à ce qu’il y eût un sacrificateur avec urim et thummim (Esdr. 2, 63). Car ces généalogies servaient de moyen pour reconnaître le peuple. Heureux celui qui avait conservé la sienne, et qui avait assez apprécié l’héritage de l’Éternel pour y attacher du prix ! C’était une preuve de foi, car on aurait pu dire : À quoi bon ces généalogies à Babylone ?
Quant aux Lévites — car il est bon de servir le Seigneur — leurs généalogies, leurs villes et leurs services étaient connus avec assez de certitude, même quant à ceux qui habitaient Jérusalem. La miséricorde de Dieu n’a pas oublié non plus de conserver une lampe dans la maison de Saül ; car, dans le jugement, Dieu se souvient de la miséricorde. Le chapitre 9 nous fait comprendre l’usage qu’on faisait des généalogies ; car ceux dont il y est question sont ceux qui sont revenus de la captivité, comme on peut le voir au chapitre 11 de Néhémie. Cette partie du livre est entièrement terminée au chapitre 9, 34. Le verset 35 commence la narration.
Chapitres 9, 35 à 12. — Un récit succinct de la chute de la maison de Saül introduit l’établissement de la maison de David par l’Éternel. Tout ce qui eut lieu avant que le peuple allât chercher David à Hébron, et que la royauté fût établie dans sa famille, sur tout Israël à Jérusalem, est passé sous silence.
Ensuite nous trouvons, comme sujet général, l’ordre de la royauté et du royaume, en tant qu’établi dans la maison de David — le royaume étant envisagé comme ordonné de Dieu en bénédiction — plutôt que le récit historique de tout ce qui s’est passé, sauf ce qui était nécessaire pour en donner le tableau. On ne trouve pas ici la perfection, mais il y a l’ordre que Dieu a établi. Les fautes et les afflictions de David, soit avant, soit après son établissement comme roi, sont par conséquent passées sous silence.
Après avoir mentionné le roi lui-même, oint par Samuel, selon la parole de l’Éternel, pour gouverner tout Israël, cette histoire commence par ce qui faisait la force et la gloire de la royauté de David. Le souverain sacrificateur a disparu du premier plan. L’oint de l’Éternel est essentiellement un homme de guerre, quoiqu’il ne doive pas en être toujours ainsi. Joab et les vaillants hommes qui ont été les compagnons d’armes de David, viennent immédiatement après le roi.
La première place après le roi est à celui qui a délivré Sion des mains des ennemis[2] ; et ce lieu, choisi de l’Éternel, devient la cité de David et le siège de la royauté. Il nous est dit ensuite comment les compagnons d’armes de David se sont successivement joints à lui, quoiqu’il fût, longtemps encore, rejeté et poursuivi par Saül, très petit en apparence, fugitif et sans force pour résister.
Les premiers qui soient signalés comme s’étant rendus auprès de lui — preuve que Dieu et l’intelligence de Sa volonté avaient plus de prix à leurs yeux que la parenté et les avantages qui en découlaient — sont d’entre les frères de Saül (savoir, de la tribu de Benjamin), hommes habiles au plus haut degré à manier l’arc et la fronde, armes par lesquelles Saül fut atteint dans la bataille où il succomba.
Quelques-uns vinrent d’au-delà du Jourdain auprès de David, alors qu’il se cachait encore dans le désert ; car la foi et la manifestation de la puissance de Dieu tendent à mettre en jeu l’énergie de ceux qui s’y joignent. Celui avec qui Dieu est, attire ceux sur lesquels Dieu agit ; et leur énergie se développe en proportion de la manifestation de Sa présence et de Sa faveur. Plusieurs d’entre eux avaient été avec Saül, mais avec lui ils n’étaient pas des hommes forts ; plusieurs aussi n’avaient jamais été avec lui. Cependant, même dans le camp de Saül, David avait pu tuer le Philistin lorsque tout Israël était rempli de terreur. Après cela, de semblables faits d’armes deviennent chose presque commune. Au commencement, ils exigeaient la communion immédiate avec Dieu, de manière à exclure l’influence de tout ce qui entourait l’homme qui jouissait de cette communion. Plus tard, l’influence de l’entourage était favorable, et, dans ce sens, la foi se propage. Ces hommes n’étaient pas les chefs des hommes forts que David avait (11, 10-47). Lorsque Dieu agit en puissance, Il donne de la force aux faibles, et produit par l’énergie de la foi et de Son Esprit une armée de héros.
Chez ceux qui vinrent de Benjamin et de Juda (12, 16), on voit qu’il y avait ce lien de la foi. Ils reconnaissaient que le Dieu de David lui était en aide. David se remettait à Dieu à l’égard de ceux qui se joignaient à lui, car il était dans une position bien difficile vers la fin de sa carrière d’épreuve et d’afflictions. Ceux à qui Dieu avait donné de l’énergie et de la force, se rendaient auprès de lui en grand nombre ; car tout était mûr pour son élévation à la royauté d’Israël et pour faire passer en ses mains le royaume de Saül.
Il y a variété dans les qualités de cette armée de Dieu. Tous fameux par leur valeur, les uns ont le discernement des temps pour savoir ce qu’Israël avait à faire, et, dans ce cas, tous leurs frères étaient à la disposition de David (12, 32) ; d’autres sont armés pour la bataille ; d’autres avaient toutes les armes de guerre et n’étaient pas doubles de cœur ; ces choses se trouvaient en eux selon le don de Dieu, et tous venaient d’un cœur droit pour placer David sur le trône ; leurs frères leur avaient tout préparé en abondance, car il y avait de la joie en Israël. Il en est toujours ainsi quand Christ est vraiment exalté par des cœurs droits, qui ne cherchent que Sa gloire.
Chapitres 13-15. — David pense aussitôt à l’arche (voyez Ps. 132). Il prend conseil avec les chefs des milliers d’Israël, afin de la ramener. Aimant le peuple et en étant aimé, il agit avec lui et pour lui ; mais il y avait encore trop de connexion entre son zèle et son esprit guerrier ; et, en s’abandonnant à la joie, il ne considérait pas suffisamment les voies du Seigneur. Il imite sans doute les moyens par lesquels Dieu s’était glorifié lorsque l’arche était tombée dans les mains des Philistins. Ceux-ci avaient parfaitement raison de ne pas s’en mêler, et de laisser Dieu agir en rendant témoignage qu’il était le Dieu de toute la création, exerçant une puissance qui maîtrisait la nature dans ses créatures. C’était de la foi chez les Philistins ; mais ce n’était pas la foi chez Uzza que de toucher l’arche. Le peuple de Dieu doit être dirigé par la Parole. Dieu peut agir souverainement en dehors de tout cela ; mais ici, c’est la Parole qui gouverne. Pérets-Uzza est le témoin qu’on ne peut pas la négliger impunément, et que l’ordre de la maison de Dieu au milieu de Son peuple est une chose qu’Il obligera ce dernier à respecter. C’est pour avoir manqué à ce respect que la joie de David se tourne en peur et en irritation ; mais la maison d’Obed-Édom n’en est pas moins la preuve que la présence de Dieu apporte assurément la bénédiction.
L’histoire de la royauté se poursuit. David s’établit à Jérusalem ; la royauté est affermie en ses mains de la part de l’Éternel ; elle est haut élevée à cause de Son peuple. Ayant consulté Dieu et suivi exactement Ses conseils, David remporte deux fois une victoire complète sur les Philistins. Étant ainsi béni de l’Éternel, sa renommée se répand dans tous les pays.
Il se bâtit des maisons à Jérusalem, et prépare une place pour l’arche de Dieu en dressant une tente pour elle.
Averti par la calamité[3] que sa négligence avait attirée à Uzza, la première fois qu’il s’était occupé du transport de l’arche, David rassemble non seulement tout Israël, mais aussi les Lévites et la famille d’Aaron. Cela donne lieu à un exposé de tout l’ordre du service lévitique, ainsi qu’il a été établi par David, et de la relation entre la sacrificature et la royauté ; c’est-à-dire que la première était subordonnée à la seconde, le roi étant l’oint de l’Éternel, quoique le service du sanctuaire appartînt à la sacrificature.
Comme chef, David ordonne tout, et établit le chant pour le service de Dieu. Puis, avec le secours de Dieu, l’arche est transportée de la maison d’Obed-Édom dans la tente préparée pour elle en Sion, avec des offrandes à Celui qui assistait les Lévites par Sa puissance, et avec de la joie et des chants de triomphe. David lui-même, revêtu d’une robe de fin lin et d’un éphod, danse et joue devant l’arche de l’Éternel, qui montait à son lieu de repos en Sion. Cet acte aussi inintelligible à l’incrédule Mical, que la conduite du roi lui-même, était d’une très grande importance. Il identifiait la royauté en Sion (c’est-à-dire la royauté de Christ comme libérateur en grâce) avec le signe de l’alliance de l’Éternel avec Israël, signe établi en grâce en Sion, lorsque Israël avait déjà manqué complètement sous la loi, et même après qu’il avait rejeté Dieu comme son roi.
La sacrificature aaronique n’avait pas pu maintenir la relation du peuple avec son Dieu, et, par conséquent, l’ordre extérieur avait entièrement failli. L’autel où les sacrificateurs devaient sacrifier était ailleurs (à Gabaon), et non devant la tente qui contenait l’arche ; et celle-ci, qui était le signe de l’alliance et du trône de l’Éternel, était loin de l’autel où servaient les sacrificateurs.
Chapitre 16. — L’alliance de l’Éternel se lie avec la royauté, et cela en Sion, le lieu qu’Il avait choisi pour Son repos. David lui-même revêt un peu le caractère de Melchisédec, mais ce n’est qu’en témoignage et par anticipation (16, 1-3). Dans ces versets, les sacrificateurs ne paraissent pas.
Pour mieux saisir la portée du transfert de l’arche en Sion, on fera bien de considérer le psaume 78, 60-72, le psaume 132, et de comparer le verset 8 de ce psaume avec ce que Moïse disait pendant le voyage d’Israël dans le désert (Nomb. 10, 35, 36). Il est intéressant de voir, au psaume 132, chaque demande du commencement du psaume dépassée par l’exaucement de la fin.
Le fait de ne pas avoir porté l’arche dans le tabernacle à Gabaon était aussi d’une très grande portée. C’était juger complètement tout le système qui tenait à ce tabernacle. Celui-ci subsistait aussi bien que l’autel, et les sacrificateurs y offraient des victimes ; mais l’arche de l’alliance de l’Éternel lui était ôtée. Le roi, par son autorité, en disposait en la plaçant ailleurs. Depuis la ruine de Silo, ce jugement avait continué comme châtiment exécuté par les ennemis ; mais, maintenant que Dieu intervient par David et agit en puissance, cette puissance place ailleurs le signe visible de Son alliance avec Son peuple. La royauté est établie à Jérusalem, et le signe de l’alliance de Dieu est ôté au tabernacle d’assignation pour être placé sur la montagne de Sion, siège de la royauté.
Lorsque le peuple devait partir de son campement, Moïse disait[4] : « Lève-toi, Éternel ! et que tes ennemis soient dispersés, et que ceux qui te haïssent s’enfuient devant toi ». Cela avait lieu au départ de l’arche pour chercher au peuple un lieu de repos. Quand elle se reposait, Moïse disait : « Reviens, Éternel, aux dix mille milliers d’Israël » (Nomb. 10, 35, 36). Mais lorsque Dieu avait, jusqu’à un certain point, donné du repos à Israël, ce dernier n’a pas su en jouir. Il a fait sortir l’arche de son lieu pour l’amener dans le camp d’Israël, battu par ses ennemis à cause de son infidélité ; mais ce n’était plus alors la place de l’arche. Ni l’une, ni l’autre des paroles de Moïse ne convenait à ce transport de l’arche au milieu du camp. L’arche fut prise, et, comme nous l’avons vu ailleurs, I-Cabod fut prononcé sur le peuple[5]. Mais la fidélité de Dieu demeure, et maintenant qu’Il est intervenu en grâce et en puissance, et que la royauté est établie comme vase de cette puissance et de cette grâce, une autre parole est donnée : « Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force ! » (Ps. 132, 8). Israël, le camp et la sacrificature n’étaient plus le repos de Dieu.
Examinons maintenant la portée de cet établissement de l’arche et de la royauté en Sion, telle qu’elle nous est présentée dans le cantique que David a composé à cette occasion.
Il est vrai que, en tant que confiée aux hommes[6], la royauté a failli ; mais il n’en est pas moins vrai qu’elle a été placée dans la maison de David, selon les conseils, le don, et l’appel de Dieu, et que toutes les promesses qui s’y rattachent — les grâces assurées de David (És. 55, 3) — seront accomplies en Christ.
Dans ce que nous lisons ici (chap. 16), la royauté est considérée à la lumière des pensées de Dieu et de la bénédiction qui, selon ces pensées, s’y rattache. David ayant offert des holocaustes et des sacrifices de prospérité, et ayant béni le peuple, distribue à chacun, tant aux hommes qu’aux femmes, un pain, une ration de vin, et un gâteau de raisins, car Dieu veut bénir abondamment ses vivres et rassasier de pain ses pauvres. Puis David donne aux Lévites un cantique pour le chanter en actions de grâces à l’Éternel.
Ce cantique se compose d’une partie du psaume 105, du psaume 96 avec quelques changements, du commencement des psaumes 106, 107, 118 et 136, commencement qui est une formule importante, enfin du psaume 106, 47 et 48.
Voici les sujets dans l’ordre suivi par le cantique :
D’abord, au psaume 105, les exploits de l’Éternel sont célébrés, ainsi que Ses œuvres merveilleuses et les jugements de Sa bouche. Israël, comme Son peuple et l’assemblée de Ses élus, est invité à se souvenir de ces choses, car Il est l’Éternel son Dieu, et Ses jugements sont dans toute la terre. Israël est invité à se souvenir non de Moïse et des promesses conditionnelles adressées au peuple par son moyen, mais de l’alliance inconditionnelle avec Abraham, alliance éternelle pour donner le pays à sa postérité. Il lui est rappelé de quelle manière Dieu avait gardé ces héritiers de la promesse, lorsqu’ils allaient de nation en nation. Le reste du psaume est omis : il parle historiquement des voies de Dieu à l’égard de la conservation du peuple en Égypte, et de sa délivrance pour être établi en Canaan, afin qu’il pût observer les statuts de l’Éternel. Cette partie du psaume aurait peu convenu ici où la grâce est célébrée dans l’établissement du peuple en puissance, après que ces statuts avaient été violés. Le commencement du psaume célèbre la grâce envers Israël selon les promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob, lorsque les jugements de Dieu sont dans toute la terre. C’est là la première chose fondée sur la présence de l’arche et de l’établissement du trône en Sion.
Les versets 23 à 33 sont à peu près les paroles du psaume 96. C’est une sommation adressée aux Gentils de reconnaître l’Éternel dont on doit déclarer la gloire parmi toutes les nations. Ce psaume appartient à une série de psaumes qui, depuis le premier cri du peuple jusqu’à la joie universelle des nations, donnent d’une manière suivie tout ce qui regarde l’introduction du premier-né dans le monde. Seulement, les mots : « Qu’on dise parmi les nations : l’Éternel règne ! » ont, dans le psaume 96, une place qui leur donne un caractère plus prophétique. Ici, la joie des cieux et de la terre précède ce message aux nations, et, au lieu de dire : « ses parvis », il est dit : « devant lui ». Les mots : « Il jugera le monde avec justice », sont aussi omis, ainsi que la seconde moitié du dernier verset, qui applique ce jugement au monde. À part ces changements, qui me paraissent donner davantage au cantique que nous considérons le caractère d’une joie présente, ces versets correspondent au psaume 96.
L’omission du jugement des nations en justice est remarquable. C’est qu’ici le sujet est la joie, la grâce de la délivrance dans l’établissement du pouvoir, et le gouvernement de la terre qui en est la suite, avec le fait que les nations sont appelées à Jérusalem pour s’y présenter devant l’Éternel. C’est là l’idée principale.
Nous avons donc, dans ces deux parties, la joie d’Israël devant l’Éternel et l’accomplissement de l’alliance faite avec les pères à la suite des œuvres merveilleuses de Dieu ; et l’appel adressé aux nations de se rendre au lieu de sa gloire[7]. Nous avons ensuite cette formule : « Sa bonté demeure à toujours », déclarant qu’à travers toutes les fautes, tous les péchés et toute l’infidélité d’Israël, la bonté de Dieu est demeurée ferme. Ce sera lorsque l’Agneau, vraie arche de l’alliance et véritable David, sera sur la montagne de Sion, avant même qu’il prenne le caractère de Salomon, que cela sera pleinement démontré. Aussi, depuis David, cela a été chanté (comparez le v. 41 ; 2 Chron. 5, 13 ; Esdr. 3, 11 ; Jér. 33, 11).
Le psaume 106, qui termine le quatrième livre des Psaumes, expose longuement les preuves de cette précieuse déclaration, tandis que le cantique que nous considérons, à partir des promesses faites à Abraham, saute toute l’histoire jusqu’à la fin (en omettant la fin du psaume 105 depuis le verset 16 qui en parle, et place Israël sous sa responsabilité dans la terre de Canaan) et continue par le premier verset du psaume 106 qui annonce que la bonté de Dieu a continué malgré tout.
Le psaume 107 traite ce même sujet, mais en rapport avec la délivrance et avec le retour d’Israël à la fin des temps.
Le psaume 118 fait ressortir cette vérité, en rapport avec la personne du Messie souffrant avec Son peuple, mais enfin reconnu et reçu au jour que l’Éternel a fait.
Enfin, au psaume 136, cette doxologie est chantée en rapport avec la pleine bénédiction d’Israël et de toute la création ; en commençant par la création même et en célébrant les preuves de cette bonté à travers toutes choses, jusqu’à la bénédiction de la terre à la suite de la rédemption d’Israël.
Ici, nous pouvons remarquer que, depuis le psaume 132, que nous avons déjà signalé comme célébrant l’établissement de l’arche en Sion, les Psaumes, jusqu’au 136, forment une suite. Seulement ils vont plus loin que notre sujet actuel, et ils nous introduisent dans le temple restauré, sans toutefois cesser de parler de Sion comme du lieu de bénédiction (comparez les Ps. 133, 134, 135, et enfin le 136, dont nous parlons, et qui, comme un chœur, termine la série).
Enfin, nous avons les deux derniers versets du psaume 106, dont le premier demande que Dieu rassemble Israël[8] d’entre les nations, ce qui sera le résultat de l’établissement du trône de Jésus en Sion[9], et dont le second termine le psaume (comme à la fin de chacun des livres des Psaumes), en bénissant pour toujours l’Éternel, le Dieu d’Israël. Ce cantique de louange contient donc tous les sujets que la présence de Christ en Sion fournira l’occasion de célébrer, quand Il aura déjà paru pour y établir Sa puissance en grâce, mais avant que les effets de Sa présence se soient fait sentir tout alentour.
À la fin du chapitre 16, nous voyons que le roi règle tout ce qui devait se faire devant l’arche, et devant l’autel qui se trouvait au haut lieu de Gabaon (c’est-à-dire, pour le service de chaque jour devant l’arche, et pour les sacrifices devant l’autel), et qu’il établit aussi des Lévites pour célébrer l’Éternel et chanter que « sa bonté demeure à toujours ».
Il est touchant de voir que le témoignage de cette précieuse fidélité de Dieu se trouve non seulement là où la puissance avait placé l’arche, mais là aussi où le cœur du peuple en avait besoin dans l’intervalle, savoir à l’autel, qui, tout en étant le lieu où le peuple s’approchait de Dieu, était devenu, après tout, un témoignage de l’état de ruine du peuple, un tabernacle sans l’arche.
La foi qui saisissait les conseils et l’œuvre de Dieu, pouvait voir dans l’établissement de l’arche en Sion (acte qui, selon l’ancien ordre, était un véritable désordre), l’acheminement de la puissance et de l’intervention de Dieu vers le règne paisible et glorieux du Fils de David. Les grâces assurées de David brillaient aux yeux de la foi comme l’aube du jour, en ce que l’arche de l’alliance avait été placée par David, le roi, sur la montagne que Dieu avait choisie pour Son repos éternel.
Mais tous ne saisissaient pas ces voies et cette intervention de Dieu, si précieuse pour celui qui les comprenait ; et la bonté condescendante de Dieu s’abaissait à Gabaon, jusqu’au bas état du peuple qu’Il aimait, et Il lui parlait encore en ce lieu selon Son propre cœur, à l’autel où ce peuple pouvait s’approcher de Dieu dans une ignorance qui, peut-être, ne voyait pas plus loin, mais où, autant que son ignorance le permettait, il était fidèle à Celui qui l’avait fait monter d’Égypte ; là, Dieu parlait au peuple en lui disant que Sa bonté demeurait à toujours. C’en était, de fait, une preuve touchante. David revient pour bénir sa maison, chose, pour David comme pour Salomon, toujours distincte du peuple et de la gloire.
Chapitre 17. — Mais, bien qu’il eût été donné à David de lier la royauté en Sion à l’arche de l’alliance, et d’assurer ainsi la bénédiction par la puissance du roi choisi de Dieu, il n’était pas donné au roi guerrier de bâtir la maison de l’Éternel. L’énergie, qui remportait la victoire sur les ennemis de Dieu et de Son peuple, n’était pas encore la puissance paisible et glorieuse qui ferait jouir ce dernier de toute la bénédiction de Dieu, lorsque les ennemis ne seraient plus, et que tous rendraient une obéissance absolue, au trône de Dieu sur la terre. Comme Abraham, David devait être personnellement le dépositaire des promesses ; mais il ne devait pas jouir lui-même de l’effet des promesses sur la terre.
Le peuple ayant été racheté d’Égypte, son premier désir spirituel fut de préparer une habitation dans laquelle Dieu demeurât au milieu d’eux (Ex. 15, 2[10]), et ce désir était selon les pensées de Dieu (Ex. 29, 44, 46).
Mais si Dieu avait accompagné Son peuple dans ses pèlerinages ; s’Il avait supporté ses infidélités, lorsqu’Il lui avait confié Sa gloire dans la terre de la promesse ; et si le cantique : « Sa bonté demeure à toujours », retentissait auprès de Son autel au milieu de la ruine ; s’Il avait établi, pour la délivrance de Son peuple, un roi selon Son cœur, et placé l’arche, sauvée de la main des ennemis, sur la montagne de Sion, lieu qu’Il avait choisi pour Son repos ; il était néanmoins toujours vrai qu’il restait un repos pour le peuple de Dieu. La victoire qui l’obtenait n’était pas ce repos ; la grâce qui accordait cette victoire ne l’était pas non plus. Lorsque Dieu donnerait à Son peuple un repos plein et entier, alors la maison où Il habiterait au milieu d’eux serait bâtie ; car Dieu se place au milieu de Son peuple selon leur état et leurs besoins[11].
Mais le saint désir de bâtir cette maison pour la gloire de Dieu devient l’occasion de révéler à David tous les conseils de Dieu à son égard. La grâce l’avait pris lorsqu’il était en basse condition, et l’avait établi pour gouverner le peuple de Dieu ; Lui-même avait été avec David partout où il avait marché, avait exterminé ses ennemis et l’avait exalté. Et ce n’était pas tout : Il avait ordonné pour Son peuple un repos qui ne serait plus troublé, comme il l’avait été auparavant, et pendant tout le temps des Juges.
De plus, Dieu lui assujettirait tous ses ennemis et lui bâtirait une maison. Ce ne serait plus des libérateurs occasionnellement suscités pour délivrer le peuple des misères où ses infidélités l’avaient plongé ; mais les conseils de Dieu en faveur de ce peuple seraient accomplis, et la bénédiction établie à perpétuité dans la famille et dans la maison du roi. Le fils de David siégerait sur son trône ; il serait fils à l’Éternel, et l’Éternel lui serait père, et la gratuité de l’Éternel ne lui serait pas retirée. Il serait aussi établi pour toujours dans la maison et dans le royaume de l’Éternel, et son trône serait fondé à perpétuité.
On remarquera ici que toute question de la responsabilité de la postérité de David[12] est laissée de côté, et que tout se rapporte à l’accomplissement des conseils de Dieu en Christ, vrai Fils de David selon la promesse. Dieu prend la chose en main. Pendant que Son peuple est encore privé de repos, Il se plaît à marcher avec lui de tente en tente (v. 5), et Il ne demande pas qu’on Lui bâtisse une maison. Il suscitera enfin Lui-même Celui qui bâtira une maison, sous le règne duquel le peuple, établi en puissance pour toujours, jouira du repos que Dieu Lui-même lui aura acquis. Le cœur de David répond avec effusion[13] à l’Éternel qui, pour l’amour de Son serviteur et selon Son propre cœur, avait fait toutes ces choses et les avait révélées, afin que Son serviteur les connût. En reconnaissant le privilège glorieux d’Israël d’être le peuple d’un tel Dieu, seul vrai Dieu, il demande que le Dieu d’Israël fût, en effet, Dieu à Israël, et qu’Il accomplît tout ce qu’Il lui avait dit à lui-même concernant sa postérité.
Chapitres 18-21. — Dans les chapitres 18, 19 et 20, David, déjà délivré de toute lutte au milieu du peuple, triomphe des Gentils, et répand de tous côtés la gloire d’Israël et celle de son règne. Ce sont ces événements qui ont été l’occasion du psaume 18, quoique la portée en soit plus grande (comparez v. 36-45).
On remarquera aussi que toutes les fautes de David sont entièrement passées sous silence. Racontées fidèlement ailleurs, elles ne trouvent pas de place ici, parce que c’est l’accomplissement des voies et des pensées de Dieu dans la famille du roi élu dont nous avons le tableau.
Les enfants du géant tombent avec les Philistins devant les enfants d’Israël.
Mais la prospérité expose David aux tentations de l’ennemi. Chef de tout Israël et vainqueur de tous ses adversaires, il veut connaître la force du peuple qui était sa gloire, oubliant la force de Dieu qui lui avait donné tout cela et avait multiplié Israël. Ce péché toujours grave, et qui l’était encore plus dans le cas de David, ne manque pas d’attirer sur lui le châtiment de Dieu — châtiment toutefois, qui est l’occasion d’un nouveau développement de Sa grâce et de l’accomplissement de Ses desseins. David qui, pour un moment, avait oublié Dieu, Le connaissait cependant de cœur, et il s’en remet à Lui, préférant tomber entre Ses mains que d’espérer quelque chose de l’homme : alors la mortalité est envoyée de Dieu. Cela donne occasion, par la grâce de Dieu, à un autre élément de la gloire de David : l’honneur que Dieu lui fait de le choisir comme instrument pour fixer le lieu où l’autel de Dieu sera le moyen des relations journalières du peuple avec Lui. Jérusalem était aimée de Dieu : cette élection de Sa part est maintenant manifestée. La place en question était l’aire d’un étranger ; le moment était celui où le peuple souffrait sous le poids des conséquences du péché. Mais ici, tout est grâce, et Dieu arrête la main de l’ange étendue pour frapper Jérusalem. La grâce anticipe tout mouvement dans le cœur de David[14] ; car elle agit et a sa source dans le cœur de Dieu. Mû par cette même grâce, David, de son côté, intercède pour le peuple en se chargeant lui-même du péché. Dieu écoute sa prière, et envoie son prophète pour le diriger dans l’offrande de la victime expiatoire qui, de fait, formait le fondement de toute relation subséquente entre le peuple et Dieu. On sent bien, tout défectueux que soit ce type[15] en présence de la réalité, jusqu’à quel point ce récit nous rappelle Celui qui s’est chargé, en faveur de ce même peuple, du péché qui n’était pas le sien.
David ayant offert le sacrifice selon l’ordonnance de Dieu, Dieu l’accepte en envoyant le feu du ciel ; et, sur l’ordre de Dieu, l’ange remet son épée dans le fourreau.
Ici, évidemment, tout est grâce. Ce n’est pas la puissance royale qui intervient pour délivrer Israël de ses ennemis et l’établir dans le repos. L’arche de l’alliance étant là par l’énergie de la foi, hors de sa place régulière maintenant désolée à la suite du péché du peuple, c’est le péché d’Israël même[16] (car tout dépend du roi) qui est en question. Dieu agit en grâce, ordonne et accepte le sacrifice expiatoire ; David, avec les anciens couverts de sacs, se présente devant Lui en intercession.
Dans le lieu même où Dieu a exaucé sa prière, David offre ses sacrifices, et il est dit de ce lieu : « C’est ici la maison de l’Éternel Dieu, et c’est ici l’autel pour l’holocauste d’Israël ». En présence du péché, Dieu agit en grâce et institue, par le moyen du sacrifice, l’ordre régulier des relations religieuses avec Lui de Son peuple accepté en grâce, et le lieu de Sa propre demeure, où l’on s’approcherait de Lui[17]. C’était un nouvel ordre de choses. L’ancien n’offrait aucune ressource contre le jugement de Dieu ; au contraire : David lui-même craignait d’aller au tabernacle ; c’en était fait de lui comme moyen de s’approcher de Dieu. Le péché de David est devenu l’occasion de mettre fin à l’ancien ordre de choses, en montrant l’impossibilité de s’en servir dans un cas pareil, et en devenant ainsi l’occasion de tout fonder sur la grâce souveraine.
Chapitres 22-27. — Depuis ce chapitre jusqu’aux versets 27 et 28 du chapitre 26, tout se rapporte à la maison qui doit être bâtie. On y voit les provisions que David avait faites de tout ce qui était nécessaire pour la construire, l’ordre du service des Lévites choisis pour le chant, de ceux d’entre eux qui étaient portiers, des sacrificateurs selon leurs classes ; tout est réglé et mis en ordre par David ; mais, au même titre, l’ordre royal de sa maison, son administration, ses officiers et sa garde, enfin les principaux du peuple dont nous avons le dénombrement, tout dépend entièrement du roi.
Quant au dénombrement du peuple, il n’avait pas été achevé à cause de la colère de Dieu. Ce qui est intéressant en ceci, c’est que tout est ordonné et arrangé par David, même quant au portique de la maison qui n’était pas encore bâtie. Ainsi, en Christ, tout est réglé avant que cela soit manifesté dans la gloire.
On voit aussi que David avait toujours cela à cœur, et quels vastes préparatifs il avait faits. Car, quelles que soient les guerres, la gloire de Dieu en paix au milieu de Son peuple est toujours dans le cœur de ceux qui sont en unisson avec l’Esprit de Christ, toujours dans le cœur de Christ Lui-même.
C’est David qui établit Salomon pour roi, qui ordonne aux princes de lui aider, et qui fait prophétiser avec des cantiques inspirés[18]. Il ordonne l’âge auquel le service des Lévites doit commencer, âge qui diffère de ce qui avait été ordonné par Moïse à cet égard (23, 3 ; Nomb. 8, 24)[19].
C’est tout l’ordre de la maison de Dieu et du roi qui est placé sous sa main, un nouveau système établi, fondé sur la grâce, comme principe.
Salomon n’a fait que mettre à exécution l’ordre et les plans de la sagesse divine en David. La gloire n’est que le fruit de la grâce. C’est au Christ qui a souffert, à Celui qui est la sagesse et la puissance de Dieu, qu’appartient tout l’ordre de la maison. Tout le reste est glorieux, mais ce n’est qu’un résultat.
Seulement, nous avons déjà vu que c’est en paix, et par Christ comme prince de paix, que cette maison doit être bâtie. Il ne convenait pas à la manifestation habituelle de la gloire de Dieu, qu’il y eût des ennemis à combattre ; et cela ne convenait pas non plus au caractère de la joie de Son peuple. Le caractère d’un tel état de choses devrait être celui de la bénédiction découlant de Dieu sans obstacle.
Chapitres 28, 29. — Il est très important de remarquer comment tout est réglé ici par David ; cela est important d’abord moralement. L’intelligence, le droit de tout ordonner, l’énergie qui saisit toute la pensée de Dieu, la communion avec Lui dans Ses conseils, le germe et le fondement moral de tous ces conseils, ainsi que le pouvoir de les maintenir, se lient aux souffrances que Christ a endurées pour la gloire de Son Père. C’est ce qui est vrai de nous aussi dans notre mesure. C’est le Christ humilié, souffrant, qui est moralement au niveau de toute cette gloire. Cela est important, en second lieu, quant à l’intelligence des voies de Dieu ; car je ne doute pas que Christ, au commencement de Son règne, n’agisse dans le caractère de David.
Nous pouvons aussi remarquer ici, que l’autorité exercée par David a été très étendue et d’une grande portée. Tout l’ordre religieux a été reconstruit. Tout, jusqu’à l’âge du service des Lévites, dépend de l’autorité et des règlements de David, comme anciennement de ceux de Moïse. Le modèle de toutes les parties du temple et de ses ustensiles lui est donné par inspiration, comme celui du tabernacle, et tout ce qui s’y rattachait, avait été donné à Moïse. Il introduit aussi le chant et divers instruments de musique, qui même sont appelés « les instruments de musique de Dieu » (16, 42) et qui auparavant ne faisaient, pas plus que le chant, partie du service public. À l’exception de l’arche, même les divers ustensiles étaient différents de ceux du tabernacle, et, pour chaque objet, le poids précis de l’or ou de l’argent était réglé par David.
Dieu veut aussi associer le peuple avec David, dans cette œuvre de franche volonté du jour de sa puissance ; et, ainsi qu’ils ont été associés avec lui dans ses guerres et dans ses combats, il y en a qui le sont aussi dans la libéralité qu’il manifeste envers la maison de son Dieu. Ils sont à une grande distance de lui, sans doute ; c’est, pour ainsi dire, une chose superflue. Ils ne sont pour rien dans la sagesse qui arrange et qui prépare ; mais il leur est accordé d’avoir part à l’œuvre. Cette faveur leur est faite, et leur bonne volonté est agréable à Dieu, de même qu’elle est un fruit de Sa grâce.
David (29, 18) reconnaît encore ici Dieu, selon les promesses faites aux pères, et selon Son mémorial pour toujours : il est le « Dieu d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël, nos pères ». Il cherche ce qui sera accompli sous la nouvelle alliance (v. 17), et dirige les actions de grâce de toute l’assemblée. Des sacrifices de justice sont offerts, et tous mangent devant l’Éternel avec une grande joie.
Salomon est fait roi pour la seconde fois (voyez 23, 1). La première fois, c’était lorsque la grâce avait été pleinement établie dans l’autel dressé sur l’aire d’Ornan, où le fils de David devait, comme prince de paix, bâtir le temple. La seconde fois, Salomon est introduit comme chef de tout ce qui allait être établi, et comme occupant la première et souveraine place dans les pensées de Dieu, place dont dépendait tout le reste, tout ce qui ne pouvait maintenant subsister sans lui. La maison, tout l’ordre de la maison et son gouvernement, tout se rapportait à Salomon ; et ainsi son identification avec David, en ce que tous deux étaient en même temps sur le trône, facilite beaucoup dans ce cas l’intelligence du type de Christ. C’est une seule personne que ses souffrances et ses victoires placent sur le trône de gloire et de paix. Car, en ce moment, quoique le résultat de la gloire ne fût pas encore manifesté, Dieu avait donné du repos à Son peuple, pour qu’il pût demeurer à Jérusalem (23, 25).
Maintenant David disparaît, quoique ce soit lui qui place Salomon dans cette position. Ce que nous voyons comme remplissant toute la scène de la gloire royale, c’est Salomon lui-même régnant en paix sur un peuple de franche volonté qui peut offrir des sacrifices de justice. Le fils de David est vu dans son vrai caractère propre, et dans ce caractère seul, savoir, comme l’oint de l’Éternel, conducteur du peuple. Tsadok, le sacrificateur fidèle (non Abiathar), marche devant l’oint ; tout le conseil de Dieu, selon le cantique d’Anne et selon les paroles de l’homme de Dieu, en 1 Samuel 2, étant ainsi accompli. « Et Salomon s’assit sur le trône de l’Éternel » (v. 23), expression remarquable : tout lui est soumis.
Le lecteur attentif ne peut pas manquer d’observer de quelle manière les conseils de Dieu, en rapport avec le Christ, le Seigneur, sont en saillie ici, et quel contraste il y a entre ce récit et l’histoire d’Adonija, en 1 Rois — histoire qui, par le contraste qu’elle présente avec le récit des Chroniques, met si abondamment en évidence que la pensée et l’intention de l’Esprit de Dieu, dans ce livre, est de nous donner, en type, l’expression des conseils de Dieu à l’égard du vrai Fils de David, la position qu’Il doit occuper, et quel sera le caractère du trône à Jérusalem dans le temps où Christ y sera assis. Ce sera le trône de l’Éternel ; et la majesté royale en Israël sera telle qu’elle n’a jamais été. Sous ce rapport, le livre des Chroniques est plein d’instruction.
- ↑ Il est bon de remarquer ici que, dans toutes ces généalogies, lorsqu’une famille a été établie dans un endroit, le nom de l’endroit est souvent employé pour celui de la famille ; que les descendants de plusieurs générations sont nommés ensemble comme enfants du chef de la race (comp. 4, 1, avec le commencement du chap. 2), et que, sans avoir été nommé auparavant, l’homme éminent d’une famille est pris pour recommencer une généalogie (chap. 8, 29 et 33).
Voici l’ordre de ces tribus : Juda en premier, comme la tribu royale. Siméon est mentionné après lui parce que son territoire était plus ou moins enclavé dans celui de Juda. Ensuite vient Ruben, le premier-né, et avec lui les tribus au-delà du Jourdain qui sont en rapport avec lui. Elles furent aussi emmenées en captivité avant les autres ; le Dieu d’Israël a amené le jugement sur elles. Lévi vient généalogiquement après elles, mais je suppose qu’il y a une raison plus forte à cette transposition, c’est que Lévi est la tribu sacerdotale, comme Juda est la tribu royale. - ↑ David ayant bâti la ville depuis Millo tout autour, Joab a réparé le reste de la ville. On peut remarquer que Shamma le Harodite n’est pas mentionné ici. Peut-être Shamma se trouve-t-il 11, 27 ; mais cela est douteux (voyez 2 Sam. 23, 25). On peut remarquer aussi que les exploits de ces vaillants hommes consistaient particulièrement en victoires remportées sur les Philistins, ces ennemis sous lesquels Saül a succombé, lui qui avait été suscité pour les détruire. C’est là, quels qu’aient été dès lors leurs faits d’armes, qu’ils ont appris à vaincre et qu’ils ont acquis la renommée qui leur a valu une place dans les archives de Dieu.
Il est bon que le lecteur se souvienne des rapports entre toute cette histoire et l’établissement de la puissance de Christ, fils de David, sur la terre. - ↑ Il est à remarquer que, tout en ayant son origine dans l’oubli coupable du roi, cet événement donne lieu en grâce à ce que David soit mis dans sa vraie position, pour régler et ordonner tout ce qui regardait le service des Lévites. Il en est toujours ainsi à l’égard de la foi, car les conseils de Dieu s’accomplissent en sa faveur. L’homme, dans son zèle, peut s’écarter de la volonté de Dieu, et Dieu le châtiera ; mais c’est pour lui faire part de quelque honneur de plus, en le plaçant plus complètement dans la position voulue de Dieu et dans l’intelligence de Ses voies, selon lesquelles Il veut glorifier Son serviteur.
- ↑ Ainsi, dans le désert, c’était Israël en voyage, cherchant son repos, trouvant des ennemis sur son chemin, et reconnaissant par la foi ces ennemis comme ennemis de l’Éternel ; entourant avec soin le signe de la présence de son Dieu, lorsqu’Il donnait un repos passager à Son peuple.
- ↑ Exprimé en ces mots : « Il livra à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi » (Ps. 78, 61).
- ↑ Comparez au psaume 132, 11 et 12, les deux principes déjà signalés dans l’examen du livre des Rois.
- ↑ On n’aurait pas pu employer ici le psaume 100, parce que, avant ce psaume, l’Éternel a déjà été célébré comme assis entre les chérubins (Ps. 99, 1) ; tandis que l’acte de placer l’arche en Sion n’était qu’une anticipation ; c’est donc le psaume 96 qui est cité. C’est la présence de Christ sur la montagne de Sion, pour accomplir en puissance les promesses, avant de régner en paix, qui explique toutes ces allusions, ainsi que plusieurs psaumes qui semblent parler d’un retour de la captivité pour rebâtir Jérusalem, tout en demandant l’accomplissement de ce retour. Dans quelques-uns de ces psaumes, la bénédiction est célébrée en esprit, et le cri pour l’obtenir est le fait qui en précède l’accomplissement.
- ↑ Cette demande montre le caractère prophétique du cantique, et fait voir que sa portée s’étend aux derniers temps d’Israël.
- ↑ Voyez Matthieu 24, 31 (quoique là ce soit en rapport avec sa venue du ciel) et le psaume 126.
- ↑ Ici la traduction est plus que douteuse, mais Ex. 29, 46 est tout à fait clair quant au dessein de Dieu.
- ↑ Lorsque Israël était esclave, Dieu a été son Rédempteur ; lorsqu’il habitait sous des tentes, Dieu habitait aussi sous une tente ; lorsqu’il était dans le combat, Dieu se présentait comme le chef des armées de l’Éternel ; lorsqu’il est établi en paix, Dieu s’établit dans la maison de Sa gloire. L’intervalle a été l’épreuve du peuple sur la terre. Dieu restait dans la tente, et Son arche même est prise. Il intervient en grâce pour la délivrance.
Christ aussi, puisque nous étions nés de femme, est né de femme ; puisque Son peuple était sous la loi, Il est né sous la loi ; maintenant qu’Il veut avoir un peuple céleste, Il est dans les cieux pour nous ; quand Il viendra en gloire, nous viendrons avec Lui ; nous régnerons quand Il régnera, mais, dans les deux derniers cas, nous serons avec Lui. - ↑ La dernière partie du verset 14 de 2 Samuel 7, est omise.
- ↑ Il est beau de voir, dans cette touchante prière de David, comment son cœur est rempli de ce que Dieu est dans cette affaire. « Il n’y en a point comme toi » ; et, s’il parle de la bénédiction de son peuple, Israël n’est pas ce que le peuple est, mais la « seule nation sur la terre que Dieu soit allé racheter, afin qu’elle lui soit un peuple, pour te faire un nom, par de grands et terribles actes ». « Que ton nom soit magnifié à toujours ». C’est là l’effet particulier de la foi.
- ↑ Il est intéressant de voir l’ordre déployé ici quant à l’établissement des relations de la grâce. En tout premier lieu c’est le cœur de Dieu et Sa grâce souveraine en élection qui suspend l’exécution du jugement mérité et prononcé (v. 15) ; ensuite, nous avons la révélation de ce jugement, révélation qui produit l’humiliation devant Dieu, et la pleine confession du péché devant Sa face. David et les anciens d’Israël, vêtus de sacs, tombent sur leurs faces, et David se présente comme le coupable. Puis vient l’instruction, de la part de Dieu, à l’égard de ce qu’il y avait à faire pour arrêter la peste d’une manière judiciaire et définitive ; ce moyen est le sacrifice dans l’aire d’Ornan. Dieu l’accepte en le consumant par le feu ; alors Il commande à l’ange de remettre son épée dans le fourreau. La grâce souveraine, basée ainsi en justice sur le sacrifice, devient le moyen par lequel Israël s’approche de son Dieu et établit pour le peuple le lieu d’accès auprès de Lui. Le tabernacle, témoin des conditions auxquelles le peuple avait manqué, n’offrait, ainsi que nous l’avons vu, aucune ressource en pareil cas. Il était, au contraire, une occasion de frayeur : David était épouvanté à la pensée de se rendre à Gabaon. Il n’y avait pas d’autre moyen que l’intervention définitive de Dieu selon Sa propre grâce, le cas du péché, de la part du roi lui-même, ne laissant plus place à autre chose. Le système et le principe tout entiers du tabernacle comme institution légale sont mis de côté, et le culte d’Israël est fondé sur la grâce par le moyen du sacrifice, là où même le roi, au point de vue de la responsabilité, avait failli. Telle était la position d’Israël pour celui qui la comprenait.
- ↑ Et même historiquement tout opposé ; car c’est le péché du roi lui-même qui a fait tomber le châtiment sur le peuple. Christ toutefois a pris le péché sur Lui, le confessant comme sien. Cependant cela nous fait voir combien tout dépend maintenant de la royauté. Ce n’est pas le sacrificateur qui apporte le remède. David intercède et David fait l’offrande. Le fait que le roi, dépositaire des promesses, avait péché, rendait nécessaire la grâce souveraine.
- ↑ Cette différence entre la délivrance d’Israël de ses ennemis, et le sentiment de son propre péché devant Dieu au dernier jour, se trouve dans les Cantiques des degrés. Voyez Ps. 130.
- ↑ Observez aussi comment le péché devient l’occasion de faire connaître les conseils de Dieu ; quoique la question de la responsabilité fût réglée en même temps. C’est ce que nous voyons à la croix (comp. Tite 1, 2, 3 et 2 Tim. 2, 9-10 ; Éph. 3 ; Col. 1).
- ↑ Héman lui-même, à ce qu’il paraît, était aussi inspiré. C’est à lui, ainsi qu’à Asaph, que plusieurs psaumes sont attribués.
- ↑ En tout cas la période de quatre ans, période probablement d’épreuve, n’est pas mentionnée. David fixe l’âge de sa propre autorité.
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