Livre:Sur le culte/Chapitre 5
Il est utile de chercher à nous placer dans les circonstances de ceux à qui les écritures du Nouveau Testament furent spécialement adressées. Non que les mêmes Écritures ne nous soient pas aussi directement applicables ; elles le sont, parce qu’elles s’appliquent à ce qui est essentiel et caractéristique ; mais, en nous mettant à la place de ceux à qui elles s’adressaient primitivement, nous discernerons mieux la manière dont le Saint Esprit envisage et emploie les circonstances des saints en leur communiquant la vérité. En effet, si nous avons égard aux circonstances, comme nous le devons, nous trouverons que bien des déclarations, qui sans cela seraient générales ou vagues, deviendront claires pour nous ; et ce sera particulièrement le cas, lorsqu’il est question de quelque contraste direct avec les habitudes de penser ou de sentir de ceux à qui la Parole s’adresse.
Un Hébreu sous la loi se mouvait dans une atmosphère religieuse. Dès son enfance, il avait été accoutumé à regarder avec vénération les magnifiques bâtiments du temple. Il savait ce que c’était que les sacrifices et l’encens. On lui avait appris à révérer la sacrificature consacrée. Le sacrificateur, dans ses saints vêtements, sortant pour bénir le peuple en adoration, devait avoir fait, malgré l’habitude, une vive impression sur lui. Il devait nécessairement attacher la plus solennelle importance à l’œuvre invisible de ce sacrificateur dans le lieu très saint.
Or supposons un tel Hébreu, enseigné de Dieu, et recevant Son témoignage touchant le Christ ; — il croit en Jésus, Le confessant comme Fils de Dieu, le Christ de Dieu, et l’Agneau de Dieu. Il éprouve dans son âme une paix inconnue auparavant ; et il se glorifie en Dieu par Jésus Christ, par lequel il a maintenant reçu la réconciliation.
Nous savons que des milliers d’Hébreux furent ainsi amenés à la lumière et à la paix par la foi en Jésus. C’est à de tels hommes que l’épître aux Hébreux fut primitivement adressée.
Mais dans quelle position se trouvaient-ils à l’égard de leurs anciennes idées ? Ayant personnellement la paix de la conscience par le sang de Jésus, continueraient-ils à rendre culte selon l’ordre de cette économie dans laquelle ils avaient été élevés ? Non. Ce qui leur avait donné la paix devait détruire toutes leurs idées précédentes. Ayant appris la valeur du sang, en trouvant par son moyen la rémission des péchés, ils devaient apprendre à le connaître comme également précieux, parce que c’était par le sang aussi qu’ils avaient été rachetés de la « vaine conduite qui leur avait été transmise par leurs pères ». Ils avaient accès, comme adorateurs, dans les cieux mêmes, et cela comme une sainte sacrificature — pour y « adorer le Père en esprit et en vérité ».
Il doit en résulter que, dans la cité même des solennités, un tel homme se trouve dans le désert. Il ne peut plus avoir communion avec la multitude qui célèbre les fêtes solennelles. Son temple et son souverain sacrificateur sont maintenant dans le ciel ; et s’il monte au temple de Jérusalem à l’heure de la prière, il est obligé d’y attester qu’Israël tâtonne en aveugle au milieu des ombres, et que toutes les promesses de Dieu sont oui et amen en Celui qu’ils avaient tué, mais que Dieu avait exalté à Sa droite. Alors, un tel homme, quoique plein de communion et d’intelligence célestes, paraîtrait aux yeux de ceux qui l’environnent, comme s’il avait été retranché d’Israël ; et, en effet, il pouvait bien avoir été chassé de la synagogue (Jean 16, 2). S’il voulait parler d’adorer Dieu, ils auraient cru lui fermer la bouche en lui répondant qu’il n’avait ni sanctuaire, ni autel, ni sacrifice, ni sacrificateur ! Il eût été vraiment bien difficile pour lui de démontrer qu’il possédait toutes ces choses, lorsque, extérieurement, il ne pouvait en montrer aucune. Difficile en effet de retenir ferme jusqu’à la fin l’assurance et le sujet de gloire de l’espérance. Mais, avec un œil simple, porté sur Jésus, tout cela était possible. Oui, avec quelle confiance alors, avec quelle joie il pouvait affirmer que ce qu’il avait trouvé était de beaucoup supérieur à tout ce qu’il avait abandonné. Tout ce qu’il avait laissé était visible et actuel, il est vrai — des choses qui tombaient sous les sens — et tout ce qu’il avait trouvé n’était connu que par la foi ; néanmoins il pouvait dire ce qu’il avait. Il pouvait attester que la valeur de tout ce que Dieu avait établi jadis au milieu d’Israël consistait uniquement en ce que ces institutions représentaient ce que lui, croyant, connaissait maintenant comme des réalités dans le ciel. Aussi pouvait-il dire : « Savourez et voyez que l’Éternel est bon » (Ps. 34, 8).
Mais comme, au premier abord, il devait paraître étrange et irrégulier à de tels Israélites de s’assembler pour le culte sans une seule de ces choses visibles qu’ils regardaient naguère comme essentielles au culte ; nul lieu prescrit ou consacré ; nul sacrifice ; nul sacrificateur officiant. Mais le chrétien pouvait déclarer qu’il avait tout cela. « Nous avons », dit l’apôtre, « un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas un homme ». Partout dans cette épître, l’apôtre prend la position la plus élevée. Il prend sa place comme un avec nous — c’est-à-dire membre de l’Église — et il dit ce que nous avons. Il ne veut pas qu’aucune prétention se mêle avec les nôtres, et il s’efforce de nous exciter à tenir ferme notre profession. Mais n’y a-t-il pas eu, à cet endroit, une triste décadence ? Nous avons été de faux témoins de la grâce de Dieu ; comme s’Il ne nous avait pas déjà bénis si abondamment que nous pouvons, à la gloire de Sa grâce, porter un défi à toutes les prétentions, et affirmer que notre profession est encore plus élevée. Oh ! puisse le Seigneur amener nos âmes à prendre cette position, avec conscience de ce que nous faisons, afin que par là nous puissions repousser toute prétention du monde et de la chair, religieuse ou autre. « Nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux ». « Nous avons une espérance, que nous tenons comme une ancre de l’âme, ancre sûre, ferme, et qui pénètre jusqu’au-dedans du voile ». « Nous avons un autel, duquel ceux qui rendent culte dans le tabernacle n’ont pas le droit de manger ». « Et nous avons un ministre du sanctuaire ».
Venons-en maintenant à considérer le Seigneur Jésus, comme étant ce « ministre du sanctuaire ».
L’apôtre Paul n’était pas un ministre du sanctuaire ; il y adorait par le ministère d’un autre. Il avait tout autant besoin de ce ministère qu’aucun de ceux qui avaient été convertis par son moyen. Il était sur le même niveau qu’eux, relativement au ministère dans le sanctuaire. Il avait, il est vrai, un ministère des plus bénis, qui, dans un sens particulier, était le sien — le ministère de la réconciliation parmi les Gentils. Il avait reçu la réconciliation par Jésus Christ Lui-même, et, par le moyen de sa prédication, d’autres aussi l’avaient reçue : il pouvait regarder comme une grâce toute spéciale, le privilège d’avoir été appelé à ce ministère : — « Je rends grâces à Celui qui m’a fortifié, à Jésus Christ notre Seigneur, de ce qu’il m’a estimé fidèle, m’ayant établi pour le ministère, moi qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur, et outrageux ». Mais il n’était pas appelé hors de la multitude des croyants, comme l’était le sacrificateur hors de la multitude d’Israël, afin de servir pour eux devant l’Éternel (Héb. 5) ; quoiqu’il fût assurément un vase d’élection pour porter le nom du Seigneur aux Gentils, et quoiqu’il eût une certaine place d’autorité et d’éminence dans l’Église même. Mais, quelque distinct qu’ait été son ministère — ou même ses ministères — il faisait partie d’une sacrificature commune. Il savait bien qu’il n’y avait que deux degrés dans la sacrificature chrétienne : le grand souverain Sacrificateur, et les sacrificateurs. Paul était un des sacrificateurs ; et c’est pourquoi, quoiqu’il pût se glorifier de son office comme apôtre des Gentils, il ne pouvait pas se glorifier de sa sacrificature. De là vient qu’il écrit avec autorité comme apôtre, tandis que, devant le grand souverain Sacrificateur, il n’est qu’un frère parmi des frères. Le grand sujet de la sacrificature, qu’il discute si amplement dans l’épître aux Hébreux, exigeait que l’apôtre lui-même prît la place d’un adorateur ; et, par là même, que son office propre et spécial s’anéantît devant l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession, Christ Jésus. Ainsi l’apôtre reconnaît et déclare que Jésus, le Fils de Dieu, seul, est le sacrificateur représentatif de l’Église, et qu’Il n’a point de sacrificateur représentatif sur la terre. Plût à Dieu qu’en ceci Paul eût eu plus de successeurs !
L’apôtre Paul était donc un ministre de l’évangile pour toute créature sous le ciel, et aussi un ministre du corps de Christ (l’Église) sur la terre (Col. 1, 23-25), mais personne n’avait besoin, pour adorer Dieu, de l’intervention du ministère de ce grand apôtre. Les disciples avaient besoin de ses enseignements et de ses directions ; mais ils pouvaient adorer en l’absence de l’apôtre aussi bien qu’en sa présence. Il se pouvait qu’il dirigeât leur culte ; il se pouvait aussi qu’il ne fît que suivre ceux qui le dirigeaient. Son office disparaissait, pour ainsi dire, lorsqu’ils étaient réunis dans l’attitude d’adorateurs devant le grand souverain Sacrificateur : tantôt il priait avec les disciples (comme dans Actes 20, 36) ; tantôt ceux-ci priaient avec lui (comme dans Actes 21, 5). Il est, en effet, très important de distinguer clairement entre la position commune de tous les régénérés en tant que sacrificateurs à Dieu, et les diversités de ministère. Paul et Barnabas furent mis à part (Act. 13) pour un ministère distinct auprès des Gentils ; mais il ne s’agissait pas du tout de les mettre à part comme des ministres du sanctuaire. Ils ne pouvaient être ministres du sanctuaire en aucun autre sens que celui dans lequel tous les saints y fonctionnent. Prétendre à plus que cela, c’eût été nier ou la position propre des saints de Dieu, ou la place exclusivement occupée par le Fils de Dieu. Car, dans le sens d’être « établi pour les hommes dans les choses qui se rapportent à Dieu », Jésus est le seul ministre du sanctuaire. Par conséquent, ce n’est pas une chose de peu d’importance que de s’arroger ou de défendre une prétention telle que celle qu’élève incontestablement une sacrificature ordonnée, ou un clergé. C’est là empiéter sur la prérogative de Jésus. C’est donc un affreux exemple de présomption ou d’ignorance humaine.
Le sanctuaire, dans lequel fonctionne Jésus, n’est pas sur la terre, comme l’était celui dans lequel fonctionnait Aaron, mais il est dans le ciel même. Il n’en est pas moins vrai que Dieu a maintenant un ministère sur la terre, ainsi qu’un ministère dans le ciel. Mais ces ministères sont essentiellement différents. Le ministère sur la terre vient de Dieu aux pécheurs, en vertu de l’amour de Dieu, manifesté par le don de Son Fils. Le ministère du sanctuaire est un ministère en faveur de ceux qui sont déjà rapprochés de Dieu par le sang de Jésus. Dans le premier, il n’y a rien de positivement sacerdotal. Le ministère de l’évangile ne fait rien pour le pécheur — « car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons Christ Jésus le Seigneur » — mais il proclame ce que Dieu a fait — ce que Dieu a opéré — et ce que Dieu déclare. En revanche, le ministre du sanctuaire est actuellement occupé à faire quelque chose pour les adorateurs ; pour ceux qui sont déjà venus à Dieu par la foi en Jésus, et qui ont un libre accès dans le lieu très saint. Le ministre de l’évangile doit parler aux pécheurs de l’œuvre du sacrifice ; de cette œuvre faite sur la terre ; de cette œuvre accomplie, et qui ne doit jamais être répétée. Mais l’œuvre du Sacrificateur est continuelle ; c’est une œuvre en faveur des croyants seuls ; une œuvre pour les vrais adorateurs, et qui se poursuit dans le ciel. Confondre ces ministères est, en vérité, une triste confusion. Rendre le ministère de l’évangile sacerdotal dans son caractère, c’est tromper les pécheurs en leur donnant l’idée qu’ils sont des adorateurs ; et c’est en même temps obscurcir entièrement le bienheureux ministère de la réconciliation. Elle n’est pas moins dangereuse, l’erreur qui a confondu le ministère de l’Esprit, par des dons, dans l’Église, avec le véritable service du seul ministre du sanctuaire. C’est un affreux empiètement sur Son office, que de supposer que des individus quelconques dans l’Église soient spécialement des sacrificateurs ou prêtres.
Si cette grande vérité est suffisamment éclaircie, savoir qu’il peut y avoir plusieurs ministres de l’évangile, et plusieurs fidèles spécialement doués pour officier dans l’Église, mais qu’il n’y a qu’un seul ministre du sanctuaire, il nous reste à considérer le Seigneur Jésus dans cet office. Or ce sujet présente surtout trois points sur lesquels je voudrais insister : 1° le ministre Lui-même ; 2° le lieu de Son ministère ; 3° le caractère de Son service, et l’intérêt spécial que nous y avons.
1. « Nous avons un tel souverain sacrificateur ». M’étant déjà, dans un précédent discours, occupé de ce qui concerne la personne de notre grand souverain Sacrificateur, et les rapports qui existent entre Sa personne et Son office, je me borne ici à dire que ce langage a le caractère de quelqu’un qui se glorifie. Et c’est bien cela, en effet ; car nous pouvons nous glorifier dans le Seigneur. C’est notre droit et notre devoir de repousser quiconque voudrait se comparer à Lui, et de nous détourner de celui qui veut tirer pour lui-même et attirer sur lui-même les conséquences de cette prétention présomptueuse. Mais ce n’est pas tout ce qui est dit ici de Lui ; — il est ajouté : « qui s’est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux ».
Nous avons déjà fait voir que l’attitude de s’asseoir, contrastant avec celle d’Aaron qui se tenait debout, démontre que le premier a achevé l’œuvre du sacrifice, ce qui ne fut jamais le cas de l’autre. Mais ici, il y a encore ceci à remarquer : — le lieu où Il est assis « à la droite du trône de la Majesté dans les cieux ». Comme toutes les expressions de dignité et d’honneur semblent être ici réunies ! Quel siège que celui-là ! Là est assis notre souverain sacrificateur ! Et il y a cette autre vérité bénie : — Il s’y est assis sur l’invitation de Dieu. « L’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Aaron fut appelé de Dieu, mais il ne fut jamais invité à s’asseoir même dans le sanctuaire terrestre. Dieu ne lui parla même jamais face à face, comme Il le faisait avec Moïse. Il n’était pas en haut sur la montagne avec Dieu dans la gloire, comme y était Moïse ; il resta en bas avec le peuple. Mais quelle valeur fut empreinte sur l’œuvre sacerdotale de Christ, lorsque Dieu L’appela ainsi ! L’exaltation de Jésus sur le siège où Il est maintenant assis montre amplement la valeur du sang qu’Il a répandu. Combien ce sang doit être précieux pour Dieu — que son efficace est parfaite devant Lui ! Méditons souvent sur la dignité de notre souverain Sacrificateur, telle qu’elle est démontrée, non seulement dans Sa personne, mais aussi par le siège sur lequel Dieu L’a appelé à s’asseoir, nous souvenant qu’Il a pris ce siège en conséquence de ce qu’Il a « par Lui-même fait la purification de nos péchés ».
Le mot (λειτεργὸς), ici rendu par « ministre » ou « officier », n’est pas le mot ordinairement employé pour indiquer le ministère de l’évangile. L’apôtre Paul, il est vrai, se l’applique une fois à lui-même (Rom. 15, 16) : « Le ministre (ou officier) de Jésus Christ auprès des Gentils » ; — mais, dans cet exemple, l’apôtre ne parle pas du ministère ordinaire de l’évangile, mais de son ministère spécial comme apôtre de l’incirconcision. Cet exemple, par conséquent, ne sert qu’à faire ressortir la force particulière du terme. Il veut dire proprement quelqu’un qui remplit pour le bien public un office particulier et onéreux ; et, en quelque cas, à ses propres frais.
Le mot a passé dans notre langue pour former le terme de liturgie, qui signifie le service public de Dieu. Aussi, le passage Luc 1, 23, peut être rendu ainsi : — « Dès que les jours de son ministère (ou de sa liturgie) furent accomplis ». Zacharie, comme sacrificateur, faisait le service divin pour le peuple. Il est dit de même du Seigneur un peu plus bas, dans ce huitième chapitre aux Hébreux (v. 6) : « Mais maintenant il a obtenu un plus excellent ministère (liturgie) », plus excellent que celui de Zacharie ou des sacrificateurs juifs. Maintenant, Jésus seul accomplit le service divin pour d’autres. Il le fait comme le grand ministre public de l’Église, dans le ciel. Un nombre quelconque de saints pouvaient officier et jeûner devant le Seigneur sur la terre (Act. 13) ; mais ils n’étaient pas devant Dieu dans une relation, impliquant qu’ils faisaient un service pour d’autres, ce qu’ils ne pouvaient pas du tout faire. Aucun saint n’est auprès de Dieu dans une telle relation envers quelque autre saint ; si quelqu’un l’assume, il s’arroge par là la prérogative exclusive du Fils de Dieu.
Je crois que nos âmes comprennent très peu les funestes effets qui résultent de l’habitude de regarder et de s’attendre à une classe d’hommes, comme étant chargés de faire pour nous le service public envers Dieu. Cela doit nécessairement détourner l’âme de sa dépendance immédiate du grand ministre public, et de Son service divin dans le ciel. Ce n’est pas que chacun soit qualifié pour diriger le culte public des saints, pas plus que chacun n’est qualifié pour instruire les saints, ou pour prêcher l’évangile ; mais il n’y a personne qui soit avec l’Église dans la même relation que celle de Zacharie avec les Juifs (Luc 1) : personne qui soit appelé à faire le service pour les membres de cette Église, de telle sorte que, si une telle personne manquait, les saints ne pussent pas adorer. Que les saints se souviennent toujours de ceci et se tiennent en garde contre tout empiètement sur cet office, qui appartient uniquement au grand souverain Sacrificateur. Le service divin est accompli maintenant dans le ciel par le seul grand souverain Sacrificateur, et Il est jaloux de l’intrusion de qui que ce soit dans Son office ; comme Il était jaloux lorsque Coré et ses compagnons voulurent usurper l’office de ceux qu’Il avait une fois ordonnés pour faire le service divin sur la terre.
Le service divin n’est donc accompli pour nous que dans le ciel seulement. Nous pouvons, nous tous chrétiens, le faire, sur la terre, devant le Seigneur, comme le faisaient ceux d’Antioche (Act. 13). Je ne doute pas du tout de l’antiquité des liturgies ; je ne discute point la question de leur spiritualité ; mais je puis bien affirmer que l’on ne trouve pas trace dans le Nouveau Testament d’un rituel prescrit, et qu’une liturgie ne peut être introduite dans l’Église qu’après que celle-ci eut perdu, en revenant au modèle d’une sacrificature terrestre, le sentiment de Celui qui fait le service divin dans le ciel. Et combien tous les systèmes avec lesquels, comme maintenant, nous voyons les liturgies associées, démontrent qu’une telle décadence a eu lieu ! Que telle fut la tendance dès le temps même des apôtres, c’est ce que prouve clairement l’épître aux Hébreux. Il y est formellement dit que quelques-uns avaient reculé, et négligeaient leur réunion. Et comme c’est précisément d’un tel état de choses que l’Esprit de Dieu traite dans cette épître, elle devient pour les saints d’une valeur particulière, à une époque telle que la nôtre, où Satan agit si évidemment de la même manière.
Rappelons-nous qu’il n’est pas ici question de comparer tel rituel à tel autre ; il ne s’agit pas davantage de savoir si une liturgie peut être conforme à la vérité évangélique et contenir des aspirations spirituelles ; il s’agit d’une question beaucoup plus solennelle. Il s’agit de l’usurpation par des hommes d’un office appartenant uniquement au Fils de Dieu. Coré et ses compagnons pouvaient avoir eu l’intention d’adhérer strictement aux directions données pour le service sacerdotal ; mais ce n’était pas là la question, c’était une question d’intrusion personnelle dans un office auquel Dieu ne les avait pas appelés. En effet, ils périrent avec des encensoir et de l’encens à la main. C’est avec eux que Dieu avait contestation. Et il en est précisément de même de toute usurpation d’office dans l’Église. Il ne s’agit pas de ce qu’on doit ou ne doit pas faire dans l’office, c’est l’intrusion dans cet office qui est un affreux péché. Car n’est-ce pas faire affront au ministère du Seigneur Jésus Christ dans le ciel ? — N’est-ce pas Le fouler aux pieds, que d’entretenir la pensée de la nécessité d’une personne ou de quelque ordre de personnes pour accomplir le service divin pour nous sur la terre ? « Nous avons », que Son nom soit béni ! « un ministre du sanctuaire » faisant toujours le service divin pour nous là-haut. Que ce soit la joie de nos âmes de le savoir de plus en plus !
2. Il faut maintenant que nous jetions un regard sur le lieu de Son ministère, de Son « plus excellent ministère ». « Un ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle, que le Seigneur a dressé et non pas un homme ».
Moïse, il est vrai, fut fidèle : il fit toute chose « comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse », tout jusqu’au moindre détail. Tout fut fait conformément à la direction de Dieu ; tous les vases du service furent arrangés dans l’ordre prescrit. — « Et il dressa le parvis tout à l’entour du pavillon et de l’autel, et tendit la tapisserie de la porte du parvis. Ainsi, Moïse acheva l’ouvrage. Alors la nuée couvrit le tabernacle d’assignation, et la gloire de l’Éternel remplit le pavillon, tellement que Moïse ne put entrer au tabernacle d’assignation, parce que la nuée se tenait dessus, et la gloire de l’Éternel remplissait le pavillon » (Ex. 40, 33-35). C’était le tabernacle qu’avait dressé l’homme ; il était beau en effet et glorieux. Cependant, ce n’était pas le vrai tabernacle ; ce n’en était que l’ombre. Et maintenant l’ombre est passée ; comme il est dit : « l’ombre des biens à venir » (Héb. 10, 1), « mais le corps en est en Christ » (Col. 2, 17). Malgré cela, nos esprits ne se traînent-ils pas encore autour des ombres terrestres, et ne sont-ils pas occupés des choses faites par les mains des hommes, au lieu de l’être de celles qui sont faites sans main ?
Dans le vrai tabernacle, il n’y a rien qui vienne de l’homme, tout est de Dieu. L’appareil et les vases, tous façonnés si admirablement, ne se retrouvent maintenant que dans les grâces variées et les offices divers du Seigneur Jésus Christ : — « le corps en est en Christ ». Et toutes ces grâces et ces offices se déploient et s’exercent aujourd’hui pour nous dans le ciel. Il peut se tenir en la présence immédiate de Dieu, y présentant pour nous Sa plénitude d’excellence. Moïse, le serviteur, ne pouvait pas supporter la gloire conférée au tabernacle qu’il avait dressé ; il était, lui, de beaucoup inférieur à ce que ses propres mains avaient érigé ; mais Christ, comme Fils, est sur Sa propre maison, et Il en est Lui-même l’appareil et la gloire.
Quelle leçon solennelle nous est ici donnée sur les choses terrestres et humaines ! Tout moyen humain, ce qui est « fait de main » — « de cette structure » (création) (Héb. 9, 11) — soit quant à la place, soit quant aux personnes ou aux choses, manque toujours, et tout cela est désavoué de Dieu. Rien ne subsistera, sauf ce qui est « fait sans main », c’est-à-dire par Dieu. Les hommes peuvent s’imaginer qu’ils honorent Dieu en élevant de magnifiques édifices et en les décorant du nom de temple ou de maison de Dieu, mais ils ne peuvent pas être de vrais temples, parce que c’est l’homme, et non pas Dieu, qui les a fondés. Tout, dans leur construction et leur ordonnance, démontre d’ailleurs qu’ils sont de la terre. C’est vraiment une bonne chose, que même l’extérieur de notre culte ici-bas témoigne qu’il n’est pas selon l’ordre et le patron de ce monde. Et il en sera ainsi à proportion que nous réaliserons que le lieu de culte est maintenant changé et transféré de la terre au ciel. C’est là que le ministre du sanctuaire exerce son office le plus béni. Le Seigneur Jésus Christ n’exerçait pas un tel ministère sur la terre ; « car, s’Il était sur la terre, Il ne serait pas sacrificateur » ; et, par conséquent, notre place de culte doit être le ciel, parce qu’il n’y a plus de sacrificateurs autorisés de Dieu sur la terre pour y offrir des dons ou y accomplir le service divin (v. 4).
3. — Et maintenant, disons quelques mots du ministère lui-même. Car le Seigneur Jésus Christ fonctionne devant Dieu dans l’office de sacrificateur ; et Il le fait pour nous. — « Nous avons un tel souverain sacrificateur ».
Le ministère d’Aaron devant Dieu était, à certains égards, représentatif ; — il portait les noms des enfants d’Israël sur ses épaules et sur son cœur « quand il entrait dans le lieu saint, pour mémorial devant l’Éternel continuellement » (Ex. 28, 29). C’est ce ministère béni que le Seigneur Jésus accomplit pour nous, non pas occasionnellement, comme Aaron qui ne le faisait que quand il entrait, mais constamment. Il comparaît devant la face de Dieu pour nous. Il présente toujours les saints devant Dieu, comme étant associés à toute Sa propre plénitude d’excellence et de gloire. Et cela en la présence de Dieu, au-dedans du voile, comme il est dit, « où Jésus est entré pour nous comme notre précurseur » (Héb. 6, 20). Et encore : « car Christ n’est point entré dans les lieux saints faits de main, qui étaient des figures correspondantes aux vrais ; mais il est entré au ciel même afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Héb. 9, 24). Quel privilège et quelle grâce ! Nos noms écrits dans le ciel, non sur des pierres précieuses, mais comme « un cachet sur son cœur, et comme un cachet sur son bras » (Cant. 8, 6) ! C’est en manifestant Sa propre perfection et Sa gloire en la présence de Dieu, que Jésus y comparaît pour nous ! L’identification réelle de l’Église avec Christ n’était que faiblement figurée en type par les vêtements de gloire et de beauté que portait Aaron.
Puis il y avait aussi le service du parfum. C’était un des ministères les plus précieux, parce que c’était le moyen de culte du peuple. Mais l’oblation du parfum, quelque exquise qu’en fût la composition, n’était que occasionnelle, et pouvait être interrompue. La bonne odeur ne s’en élevait pas perpétuellement devant Dieu. La plaie avait déjà commencé parmi le peuple, un jugement de destruction s’exécutait, quand Moïse dit à Aaron : « Prends l’encensoir, et mets-y du feu de dessus l’autel ; mets-y aussi du parfum » ; tout cela avait dû être fait, avant qu’Aaron pût courir au milieu de l’assemblée, et se tenir debout entre les morts et les vivants. « Et voici, la plaie avait déjà commencé sur le peuple ; alors il mit du parfum, il fit propitiation pour le peuple… et la plaie fut arrêtée » (Nomb. 16, 46-48). Mais maintenant le ministère du parfum est perpétuel ; « Il est toujours vivant pour intercéder pour nous » (Héb. 7, 25). De là vient qu’Il peut sauver complètement, du commencement jusqu’à la fin. De là vient aussi qu’aucune plaie de jugement destructif ne peut atteindre l’Église. Elle est constamment soutenue et protégée en perfection par la puissance de l’intercession de Jésus. C’est ce qui la tient toujours dans sa vraie place devant Dieu, quelle que soit sa faiblesse, ou ses égarements ici-bas.
Ce qui rend particulièrement béni le ministère de Celui qui officie pour nous dans le vrai tabernacle, c’est qu’il est entièrement indépendant de nous. Il est exercé par Lui pour nous. La jouissance que nous en réalisons intérieurement dépendra, il est vrai, de notre marche, de notre humilité, de notre jugement de nous-mêmes, de plusieurs choses ; mais le ministère lui-même dépend uniquement de notre infaillible souverain Sacrificateur. Il est un ministre fidèle, accomplissant toujours Ses fonctions d’une manière agréable à Dieu, soit que nos âmes réalisent la valeur de ce qu’Il fait ou non. Chacun des saints est soutenu par l’intercession de Jésus, alors même qu’il vit dans la légèreté d’esprit et dans l’insouciance. La sacrificature fait partie de l’œuvre de la grâce, cette grâce qui pourvoit constamment à mettre de côté tous nos péchés, et à nous aider dans toutes nos infirmités, ainsi qu’à supporter toute la perversité de notre volonté propre, afin que nous ne soyons jamais hors de la présence de Dieu. Ainsi dès l’instant que la conscience d’un saint tombé dans le relâchement est réveillée, il peut aussitôt trouver un plein accès auprès de Dieu, parce que, quoiqu’il ait manqué, le ministre du sanctuaire n’a pas manqué. Longtemps avant d’avoir le sentiment de sa chute, il est redevable au ministère de Jésus d’avoir été préservé de tomber tout à fait (Ps. 37, 24). Simon Pierre ne pensait guère au pouvoir qu’avait Satan de le cribler : — Mais le Seigneur, qui avait prié pour que sa foi ne défaillît pas, pouvait lui montrer son danger. Et il en est souvent ainsi de nous. Nous voyons nos manquements, ou la puissance et l’astuce de nos ennemis, et alors combien est précieuse la pensée que l’intercession de Jésus pour nous a été au-dessus de tout cela ! Nous sommes amenés à apprécier l’intercession de Jésus, après que nous avons fait la découverte du manquement ou du danger, tout aussi certainement que le fut Pierre ; mais sa valeur réelle consiste en ce qu’elle est perpétuellement offerte, et perpétuellement efficace. C’est pourquoi, bien que nous bronchions en plusieurs choses, les ressources de la foi ne peuvent jamais manquer ; car la foi atteint jusqu’à Dieu, et jusqu’aux provisions de la grâce de Dieu en Jésus, au-dessus de tous les manquements. S’il y a une angoisse de l’âme plus profonde qu’une autre, ce doit assurément être celle d’un saint qui a la conscience du péché, mais qui, en même temps, manque de foi pour regarder aux moyens miséricordieux par lesquels Dieu y remédie ; mais Jésus prie pour nous que notre foi ne défaille point.
Nous sommes disposés à nous faire de fausses idées de l’intercession de Christ ; à la regarder comme ne s’exerçant que occasionnellement en notre faveur, et peut-être aussi comme si son exercice dépendait de nos requêtes. Nous savons, en effet, que des hommes en sont même venus jusqu’à affirmer que l’intercession du Seigneur Jésus ne peut s’exercer que grâce à l’intercession secondaire d’autres personnes, telles que la vierge, les saints décédés, ou l’Église. Il n’est pas nécessaire de s’arrêter à prouver combien tout cela est faux. Mais même les pensées de vrais chrétiens sur ce point sont quelquefois dans une déplorable contradiction avec la grâce du Seigneur Jésus Christ. Car Son ministère actuel pour nous dans le ciel se fonde sur la même abondance de grâce, qui signalait les soins qu’Il prenait de Ses disciples pendant qu’Il était sur la terre. « J’ai prié pour toi », dit-Il à Simon Pierre. La connaissance qu’Il avait du péril de Son serviteur avait déjà poussé le Seigneur compatissant à prier pour lui ; aussi put-Il assurer Pierre de son salut à l’heure même où Il le prévint de son danger. Et Son intercession actuelle en haut est signalée par la même grâce pleine de sollicitude et efficace. Il peut se former une estimation divine de nos besoins, de nos difficultés et de nos dangers, choses auxquelles nous sommes si souvent fort insensibles. Oui, Il sait comment, au milieu de toutes ces choses, nous apparaissons aux yeux de Dieu ; et même Il exerce Son ministère en notre faveur, conformément aux jugements et aux exigences de Ses yeux pénétrants. C’est ainsi que nous sommes maintenus sans tache devant Dieu, étant gardés en toute sûreté dans le sanctuaire même, dans la perfection de Christ qui est toujours en bonne odeur à Dieu. L’apôtre a bien raison de s’écrier en énumérant les bienfaits de la rédemption qui est en Jésus Christ : « Qui même est à la droite de Dieu, et qui même intercède pour nous » (Rom. 8, 34).
Sous un autre aspect, le ministère actuel de Jésus est un ministère d’oblation ; comme il est ajouté : « C’est pourquoi il est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose à offrir ». Ou, comme il est dit plus bas : « Durant lequel l’on offre des dons et des sacrifices, qui ne peuvent pas, quant à la conscience, consommer celui qui rend son culte » (9, 9).
Sous la loi, l’adorateur pouvait amener son offrande jusqu’à la porte du tabernacle d’assignation, mais alors commençait le ministère sacerdotal. Le sacrificateur devait la placer sur l’autel, unique place où elle pût être acceptée de l’Éternel. L’adorateur lui-même ne pouvait pas l’offrir directement au Seigneur. Ce n’était que par le ministère sacerdotal qu’elle devenait une offrande faite par feu en bonne odeur à l’Éternel. Mais maintenant c’est par l’offrande de Jésus Lui-même, faite une fois pour toutes, que nous sommes sanctifiés comme adorateurs. Jésus s’est donné Lui-même comme une offrande et un sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ; et maintenant tout ce qui monte à Dieu par Lui, participe à la valeur de Sa propre offrande, et par conséquent est aussi d’agréable odeur. C’est ainsi que Dieu proclame perpétuellement le prix qu’Il attache à l’oblation de Jésus, même en acceptant comme précieux par Lui, tout ce qui est fait ou offert en Son nom. Ainsi demander au nom de Jésus est d’une efficace infaillible, parce que Dieu prend toujours Son bon plaisir en Lui. En tant que sacrificateurs, nous connaissons la divine valeur de Celui par lequel nous nous approchons pour offrir. Oh ! quelle consolation il y a dans l’assurance, que nos personnes, nos prières, nos actions de grâce, et nos services, ont tous, devant Dieu, la bonne odeur du nom de Jésus, de ce nom qui est « un parfum répandu » sur eux (Cant. 1, 3). Tout ce que nous désirons, ou faisons, comme ayant l’Esprit de Jésus Christ, quelque mélangé, imparfait, ou faible qu’il soit, est ainsi accepté à cause de Jésus.
Et, rappelons-nous qu’Il offre perpétuellement, tout aussi bien qu’Il intercède perpétuellement. Il dit Lui-même de ceux qui ne connaissent pas Dieu en Lui et par Lui : — « Les angoisses de ceux qui courent après un autre seront multipliées : je ne ferai point leurs aspersions de sang, et leur nom ne passera point par ma bouche » (Ps. 16, 4). Mais quant à nous, grâce à Son ministère pour nous, la Parole dit : « Offrons donc continuellement à Dieu par son moyen un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres, rendant grâces (faisant confession) en son nom ».
C’était le sacrificateur seul qui savait quelle répartition il fallait faire du sacrifice ; lui seul savait ce qui était pour Dieu, ce qui était pour lui-même, ce qui était pour l’adorateur, et ce qui devait être rejeté. C’est aussi une grande bénédiction pour nous, qu’il y ait un ministère en notre faveur qui sépare ce qui est précieux de ce qui est vil, et qui règle tout selon Dieu. Notre grand souverain Sacrificateur officie ainsi pour nous. Il prend ce qui nous semble tellement mêlé de misères et souillé d’impuretés, que nous ne pouvons rien y discerner de bon, et, séparant ce qui est précieux de ce qui est vil, Il offre ce qui est véritablement de l’Esprit, dans la pleine valeur de Sa propre offrande. Si le désir de servir le Seigneur est réveillé dans une âme, quelle ne doit pas être sa douleur en faisant l’expérience de l’infirmité et de l’imperfection de tous ses efforts ! Mais si nous sommes ainsi souvent abattus, et près de nous lasser en faisant le bien, rappelons-nous ce ministère actuel de Jésus pour nous : nous devrions dès longtemps en connaître le prix, car notre travail n’est pas vain dans le Seigneur. Oh ! comme ces paroles : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur », réjouiront bientôt le cœur de plusieurs, qui ici-bas n’ont fait que déplorer leurs manquements continuels. Pensez-vous, chers frères, que les Philippiens eussent l’idée que le chétif témoignage de leur amour envers l’apôtre Paul fût parvenu jusqu’à Dieu comme une offrande faite par feu, de bonne odeur à l’Éternel ? Il en était pourtant ainsi. L’apôtre, en communion avec le grand souverain Sacrificateur, pouvait Le voir prendre cette offrande, et la présenter en Son propre nom (Phil. 4, 18). Ainsi par Jésus ils produisaient du fruit précieux à Dieu ; et même comme l’apôtre le leur avait dit peu auparavant, ils étaient « remplis de fruits de justice, qui sont par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu » (1, 11).
Oui, que les saints, comme des sacrificateurs, se jugent eux-mêmes et leurs œuvres, et s’ils ne trouvent, comme ce sera assurément le cas, que peu de choses précieuses, qu’ils regardent à Celui qui juge en haut, et qui met Sa joie à prendre ce qu’il y a de précieux et à le présenter à Dieu dans Sa propre perfection. Oh ! s’il n’y avait pas ce ministère en haut, comment pourrions-nous lire la Parole qui nous dit — « de ne point oublier la bienfaisance et la communication de nos biens ; car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (Héb. 13, 16) ?