Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 10

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Nous arrivons maintenant à ce qui concerne la marche chrétienne en général, comme se rattachant à la doctrine de notre épître et en harmonie avec elle. Le commencement du chapitre 4 renferme bien, il est vrai, une exhortation à marcher d’une manière digne de la vocation dont nous sommes appelés, mais ici l’apôtre en vient aux détails. Et d’abord c’est une solennelle injonction aux saints de ne plus marcher, comme marche le reste des nations, dans la vanité de leurs pensées. L’Esprit de Dieu nous met en garde contre une chose à l’égard de laquelle nous aurions peut-être jugé une telle précaution superflue — la marche de ceux qui nous environnent — la marche qui a été la nôtre avant que nous fussions amenés à Christ. Toutefois, dès que nous réfléchissons, la sagesse d’une exhortation pareille apparaît aussitôt. Car, d’ordinaire, les chrétiens sont exposés à subir considérablement l’influence du courant des pensées et des sentiments du monde. La passion qui prédomine dans le monde à un temps donné risque toujours d’être un piège pour ceux au moins qui reculent à la pensée de charger la croix tous les jours, et un piège d’autant plus dangereux qu’ils ne se défient pas d’eux-mêmes. Quel que soit l’objet dont il s’occupe, principalement, s’il est d’une nature religieuse, philanthropique ou de progrès moral, nous sommes toujours en danger d’être surpris. En outre, et c’est ce dont il s’agit ici directement, les vieilles habitudes ont beaucoup de force ; aussi l’apôtre n’hésite-t-il pas à avertir ces saints qui se tenaient, non seulement dans la fraîcheur de la joie de la foi, mais aussi dans leur position extérieure, très séparés du monde, et alors que les lignes étaient fortement marquées ; et néanmoins par cette première parole d’exhortation, le Saint Esprit met solennellement les saints en garde contre le danger d’être entraînés dans les voies et les pratiques des Gentils. Il y a souvent danger de cela pour les chrétiens, parce qu’ils n’aiment pas de paraître singuliers. Il peut bien se trouver parmi les enfants de Dieu des personnes originales ; mais ce n’est pas d’individus excentriques que l’apôtre parle, car pour eux ce ne serait pas une difficulté, mais un plaisir, de différer de tous les autres. Ils affectent l’originalité dans leurs paroles et leurs actions, et après tout ils ne sont que bizarres. Mais c’est contre le danger moral ordinaire, lorsque la foi a perdu quelque chose de sa simplicité et de sa fraîcheur, qu’il cherche à nous mettre en garde.

De l’autre côté, l’apôtre a montré ailleurs — et nous devrions tâcher toujours de nous en souvenir — que c’est une chose importante et sage d’en agir avec les âmes en grâce autant que possible, et de ne pas imposer aux autres ce qu’ils n’ont pas la force de porter. En écrivant aux Corinthiens, l’apôtre avait insisté sur cela, selon qu’il l’avait pratiqué dans son ministère. Il était devenu comme Juif pour les Juifs, afin de gagner les Juifs. Il était devenu toutes choses pour tous, afin que de toute manière il en sauvât quelques-uns. Il ne s’agissait pas d’insister sur des points particuliers. Le désir de son cœur était le bien des âmes ; car nous pouvons posséder ce désir sans insister sur nos propres pensées et nos sentiments particuliers, quelque justes qu’ils puissent être. Voilà la largeur du chrétien s’il est établi dans la grâce. Quand il s’agit de nos propres âmes, du danger de glisser nous-mêmes, nous ne saurions trop serrer la corde, ni être trop prompts, trop fermes dans la vigilance et la prière ; mais c’est autre chose quand il s’agit des autres. Nous devons supporter leurs infirmités si nous sommes véritablement des forts ; c’est pour leur bien que le Seigneur les place sur nos cœurs. Nous voyons, en effet, que, même avec Ses propres disciples, Il n’allait pas au-delà de ce qu’ils étaient en état de supporter pour le moment. Mais le désir même de faire du bien aux âmes, et de ne pas soulever des questions pouvant engendrer des disputes, pourrait exposer un chrétien animé de l’esprit de grâce, à prendre la couleur de ceux qui lui sont étrangers, et à abandonner ses propres principes.

Il n’y a donc pas d’incertitude à l’égard du support dans lequel nous sommes appelés à marcher les uns avec les autres ; toutefois nous devons prendre garde de ne pas changer la grâce en légèreté ou en dissolution. « Voici donc ce que je dis et témoigne dans le Seigneur, c’est que vous ne marchiez plus comme le reste des nations aussi marche dans la vanité de leurs pensées, ayant leur entendement obscurci, étant étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur ». Ici il commence par la chose intérieure. Vous remarquerez que notre tendance est de nous occuper et d’occuper les autres de quelque chose d’extérieur. Mais l’apôtre va à la racine de la marche mauvaise des Gentils. Leurs pensées étaient vaines et vides, comme doivent l’être les pensées de gens qui n’ont pas, nettement et positivement et d’une manière intelligente, Dieu devant eux dans une affaire quelconque, de quelque nature qu’elle puisse être. Pour ce qui est de ces Gentils, ils n’avaient Dieu devant eux en rien ; ils étaient « sans Dieu dans le monde ». En conséquence, il n’y avait rien que la vaine pensée, et la bouche de l’homme imaginant une chose et en exprimant une autre. Et qu’en résultait-il ? Leur entendement était obscurci. « Ils étaient étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui était en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur ». Ce sont là des descriptions diverses non pas de la marche extérieure, mais de la racine de tout le mauvais fruit qu’ils portaient. Dieu n’était pas dans toutes leurs pensées. Ils étaient « étrangers à la vie de Dieu ». Comment pouvait-il en être autrement ? La vie de Dieu ne se trouve qu’en Lui et en Son Fils, et en conséquence ils ne l’avaient pas. Bien loin d’avoir le moindre sentiment juste de leur besoin, ils étaient étrangers au bien ; et cela en raison de l’aveuglement ou de l’endurcissement de leur cœur. C’est là qu’est rattachée la source de la mauvaise conduite de ces Gentils ; en résumé elle provenait de leur ignorance, et leur ignorance venait de ce que leur cœur était endurci et aveuglé. Quel caractère solennel et pratique a cette vérité pour toute âme d’homme, convertie ou non ! Notre conduite découle de notre manière de juger, et notre manière de juger découle de nos affections. De là la grande importance de l’état de nos cœurs pour tout ce qui concerne la vie pratique. Nous apprenons ici que tout l’homme extérieur a sa source dans l’homme intérieur, et que l’homme intérieur est formé par ce qui gouverne le cœur.

De là, l’importance absolue que Christ soit l’objet du cœur — plus encore, son objet exclusif ; car rien de plus commun qu’un cœur partagé dans ses affections : c’est même contre ce mal que nous devons le plus veiller. Si nous avions davantage l’œil simple et un cœur se jugeant mieux lui-même et plus entièrement consacré à Christ, quelle en serait la conséquence ? Comme c’est le cœur qui donne toujours au jugement sa direction, sa couleur et son énergie, il n’y aurait jamais d’incertitude dans notre marche individuelle, et tout ne serait que paix dans notre marche en commun dans la lumière de Dieu, sans faux pas ni trébuchement d’aucune sorte. Et c’est bien là le chrétien en théorie (comp. Phil. 1 et Col. 1). Dans la pratique il y a des difficultés. Qui de nous n’a pas eu à confesser de tristes chutes et du péché ? Qui n’a pas eu à dire : Je ne sais pas quelle est la pensée de Dieu à l’égard de ceci ou de cela ? En un mot, l’entendement a été trop souvent obscurci, et la marche différente de la marche de Celui de qui nous sommes. Naturellement il y a des différences entre cela et ce qui est décrit dans notre passage. Mais n’est-ce pas une chose solennelle qu’on ait à veiller précisément contre le même mal qui nie et outrage le caractère et la volonté de Dieu dans des âmes qui ne Le connaissent pas ? Et toutefois c’est ce que nous avons tous à sentir et confesser quant à nous-mêmes. Que de fois nous nous sommes trouvés sans la lumière divine ! Ce ne devrait jamais être le cas chez un saint. Il n’en fut jamais ainsi de Christ. Il était la lumière. De sorte que ce serait rester complètement au-dessous de ce qui est dû à Sa gloire, de dire qu’Il marcha toujours non seulement dans la lumière, mais selon la lumière. Aussi ne sut-Il jamais ce que c’était que d’avoir l’ombre d’un doute. S’Il attendit, ce ne fut jamais incertitude, mais connaissance plus grande de la volonté de Son Père, comme en Jean 11. Ce peut être notre affaire d’attendre ; et c’est bien d’agir ainsi, lorsque nous n’avons pas une parfaite assurance. Le développement qui suit est une description de la terrible dépravation des Gentils ; comme il dit dans le verset suivant : « Qui ayant perdu tout sentiment moral, se sont livrés à la dissolution, pour pratiquer avidement toute impureté ». Sans aucun doute, c’est la plus abjecte dégradation morale dont soit capable la vie de l’homme. Mais ce qu’il nous est salutaire de voir et de nous appliquer pour le bien, la direction et aussi la préservation de nos propres âmes, c’est que tous les excès de ce mal extérieur provenaient de ce que le cœur était obscurci, et l’était par la raison qu’il était sans Dieu. Il n’y avait rien que ce que Satan tirait du propre esprit de l’homme, et la conséquence était que son jugement et ses sentiments étaient faussés. Par suite, les hommes étaient devenus la proie de toute sorte de maux. Ils s’étaient livrés à la dissolution pour pratiquer avidement toute impureté.

Mais maintenant voici en contraste le chrétien : « Vous n’avez pas ainsi appris le Christ », dit l’apôtre, bien que nous soyons en danger de tout cela, et que Dieu se serve du sentiment même de notre danger pour nous empêcher d’y tomber. De même que toute la mauvaise conduite des Gentils provenait de leur ignorance de Dieu, et que par suite de cette ignorance, le cœur, l’entendement, la marche, tout était mauvais et le devenait de jour en jour davantage ; de même à présent la délivrance de la part de Dieu, de tout mal, racine, branche et fruit, c’est Christ. Et quelle délivrance bénie, simple, sainte et glorifiant Dieu ! Cependant l’apôtre n’entre dans aucune des opérations diverses dont Dieu peut se servir pour conduire à ce résultat. En outre, Christ est le chemin aussi bien que la vérité. Le grand moyen qui s’applique à tous les cas et qui donne la plus sûre délivrance, c’est Christ Lui-même. « Vous n’avez pas ainsi appris le Christ ». C’est intentionnellement qu’il Le présente comme la personne qui a à faire directement avec l’âme : manière remarquable de nous rattacher avec notre Seigneur, quoique chose ordinaire en Jean. « Mes brebis entendent ma voix ». Mais ici, où le point principalement présenté est l’union des membres avec la Tête, et non pas la vie seulement, nous arrivons de près à l’enseignement de l’ancien ; c’est comme si nous avions entendu Christ nous-mêmes. « Si toutefois vous l’avez entendu » ; ils étaient enseignés par Lui « selon que la vérité est en Jésus ». N’y a-t-il pas une grande force dans cette expression ? Ce n’est pas, selon que la vérité est en Christ. Nous savons tous que Jésus est Christ, et que Christ est Jésus. Mais Dieu n’emploie jamais un mot inutilement. Et je pense que la différence est d’autant plus grande qu’il est fait usage des deux noms. Il emploie tout d’abord celui de Christ. — « Vous n’avez pas ainsi appris le Christ », parce que là il met devant mon âme toute l’étendue de mon privilège. Christ est le nom spécial quand je L’envisage comme l’homme ressuscité, exalté. J’ai obtenu en Lui ma bénédiction. L’expression apporte à mon esprit l’idée de Celui en qui tout est concentré comme mort et crucifié et aussi dans le ciel. Jésus est le nom personnel qu’Il porte sur la terre. Dans les chapitres précédents l’Esprit avait révélé le grand nom placé devant nous en Christ. Mais lorsqu’il va parler de Sa connaissance pratique qui s’appliquait aux devoirs de leur marche ici-bas, il dit : « Si toutefois vous l’avez entendu et si vous avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus ». Là, je suppose, il parle plutôt de Lui comme de cette personne qui, aux yeux des hommes, aussi bien que devant Dieu, était dans Ses voies ici-bas l’exemple béni de toute lumière et de toute pureté. Tout cœur spirituel appréciera aussitôt combien est précieuse et bénie cette manière de placer cela devant nos âmes : l’apôtre nous présente un vivant tableau de tout ce que nous avons en Christ, mais nous le voyons dans les voies de cet homme béni, Jésus, ici-bas. Par « la vérité qui est en Jésus », n’entend-il pas la vérité que nous voyons, entendons et savons réalisée dans toutes les paroles qu’Il proféra, dans toutes Ses voies, dans Son obéissance et Son service, dans toutes les sortes de souffrances à travers lesquelles Il passa sur la terre ; dans Sa patience, dans Son zèle ardent pour la gloire de Dieu, et Sa compassion pour de pauvres pécheurs ? Et toutefois, regardez où vous voudrez, et voyez comment Il ne tolère rien de ce qui est contraire à Dieu. Toutes ces choses, et infiniment davantage encore, nous les trouvons en Jésus, et nulle part ailleurs dans la perfection,

Ce n’est que dans la personne de Jésus que vous trouvez toute la vérité. Je puis l’apprendre par le Saint Esprit, et Il est seul la puissance par laquelle je la connais ; et c’est pour cette raison, je suppose, qu’Il est appelé « la vérité » en 1 Jean 5, 6. Ni Dieu, comme tel, ni le Père, ne sont jamais appelés la vérité, ni ne pourraient l’être : quand vous parlez de la vérité, vous n’entendez simplement ni la nature divine dans sa perfection ni la personne de Celui « de qui descend tout ce qui nous est donné de bon ». Mais pourquoi est-ce que Jésus est emphatiquement la vérité ? Jésus est Celui qui m’a présenté objectivement ce qui me fait voir la portée et la relation de toute chose avec Dieu aussi bien qu’avec l’homme. Si je veux éprouver une chose quelconque, je ne puis jamais voir son véritable caractère jusqu’à ce que je l’envisage en connexion avec la personne de Christ. Le Saint Esprit est la vérité subjectivement, parce que nul ne peut voir Jésus, trouver la vérité en Jésus, en dehors de Lui-même. Le Saint Esprit est le révélateur de Jésus ; notre propre esprit ne peut pas Le voir. Le nouvel homme même ne peut par lui-même comprendre Jésus ou entrer dans les choses de Dieu. Et vous remarquerez de quelle manière frappante cela fut montré dans le fait que les disciples eux mêmes, quoique convertis, eurent à attendre jusqu’à ce que le Seigneur leur eût ouvert l’intelligence pour comprendre les Écritures, et après cela qu’ils eussent reçu puissance pour marcher d’après elles. Après qu’ils furent convertis, ils eurent besoin de la puissance de l’Esprit pour être capables de comprendre les Écritures. Plus tard, il faut qu’ils attendent la puissance pour rendre témoignage à d’autres de la vérité d’après les Écritures. Ils eurent besoin d’avoir le Saint Esprit, indépendamment de la nouvelle nature, afin d’entrer dans les choses de Dieu. La simple nature humaine ne comprend jamais les choses de Dieu, le nouvel homme les comprend. Mais pour cela il faut qu’il soit conduit de l’Esprit. Le nouvel homme est caractérisé par la dépendance. Le Saint Esprit agit par Sa propre puissance. De sorte que pour entrer dans la vérité nous avons besoin non seulement de dépendre de Dieu, mais de recevoir de Lui puissance pour le faire. Je ne parle pas ici simplement de la conversion, mais de l’entrée pratique dans la pensée de Christ et dans les voies de Dieu, comme elles sont déployées dans les voies de Jésus.

Permettez-moi de faire ressortir par un exemple la valeur de la vérité telle qu’elle est en Jésus. Prenez la vérité que vous voudrez, l’homme, par exemple. Où apprendrai-je la vérité relativement à l’homme ? La trouverai-je en Adam ? Un homme qui a prêté l’oreille à sa femme après que celle-ci eut écouté le diable ? Un homme qui, après que Dieu fut descendu, s’enfuit loin de Lui, et osa insulter à Dieu en faisant tomber sur Lui un blâme ? Regarderai-je à ses fils ? À Caïn son premier-né, ou à Abel tué par Caïn ? Ce qu’il y avait de si beau en Abel était ce qui provenait de Dieu, non ce qui était de lui-même. Si vous poursuivez cette histoire de l’homme comme tel, vous ne trouverez chez lui que mal, orgueil et présomption allant toujours en croissant jusqu’à ce que de honte et de dégoût vous laissiez là toute l’histoire. Et c’est ainsi qu’elle finirait, n’était le second Adam. Mais ici je trouve dans chacun de Ses pas, dans chacune de Ses paroles, dans tout ce qui découla de Son cœur et qui fut réfléchi dans Ses voies, l’Être qui ne fit jamais Sa propre volonté. En Lui j’apprends la beauté et la merveille d’un homme soumis à Dieu sur la terre — le seul qui ait jamais marché dans une dignité morale parfaite, bien qu’Il fût méprisé de tous, et, par-dessus tout, haï des chefs religieux du monde en ces jours-là. Mais de quelle manière Dieu prit en Lui Son bon plaisir ! Ici nous trouvons donc l’humiliante vérité. L’homme s’est entièrement manifesté. Jésus, la croix, nous disent l’histoire.

Mais prenons un autre cas. Si je regarde à Dieu et pense à Lui, où Le trouverai-je avec assurance ? Dans la création ? Elle est toute ruinée ; de plus, Le lire uniquement dans le livre de la nature, c’est n’avoir que des rayonnements de puissance et de bonté. Mais au milieu de ces puissants et éclatants caractères de majesté divine, de sagesse et de bonté, répandus de toutes parts sur tout ce que Sa main a fait et ordonné sur la terre, j’ai aussi à contempler d’autres choses qui parlent de faiblesse, de décadence, de souffrance et de mort. Et la question s’élève d’où ces derniers traits viennent. Ils sont tout aussi tortus que les autres étaient droits ; les derniers sont aussi remplis de misère que les premiers portaient l’empreinte de la sagesse et de la puissance. Le résultat en est que pour l’homme qui ne fait que raisonner dans la vanité de ses pensées, l’intelligence est obscurcie de ténèbres ; et tout ce qui peut être appris même par la considération des œuvres de la main de Dieu, manque complètement à donner sa connaissance. Je discerne là les effets d’une autre main aussi bien que ceux de la sienne — la main d’un destructeur et d’un menteur ; et au lieu de vous élever de la nature au Dieu de la nature, comme le chantent vainement les poètes, vous risquez de décliner de la nature au diable qui l’a toute ruinée ; vous tombez dans les pièges de l’ennemi pour avoir voulu trouver Dieu par votre propre force. J’ai besoin de quelqu’autre voie par laquelle je puisse apprendre ce que Dieu est. Recueillir des preuves de Son existence est une chose ; Le connaître en est une autre. Je puis me réjouir en tout ce qu’Il a fait, mais que sont Ses pensées, Ses sentiments, Ses voies spécialement à l’égard d’un pécheur ? Si vous parlez de la providence, n’y a-t-il pas un Abel qui souffre et un Caïn qui prospère ? De grandes œuvres se firent dans la famille de l’orgueilleux meurtrier ; tandis que ceux qui possédaient tout ce qu’il y avait de lumière de Dieu étaient repoussés et méprisés par le monde, souvent faibles à leurs propres yeux aussi, mais souffrants et rejetés, partout où il y avait la foi, de la part de ceux qui ne croyaient point. C’est là une énigme impénétrable pour l’homme. Comment peut-il, en présence de tels faits, discerner le pouvoir de contrôle souverain d’un Dieu comme la conscience dit qu’il y en a un ? Il surgit constamment des difficultés ; et la raison en est évidente ; — ce n’est pas dans les circonstances extérieures, pas plus que dans mon propre esprit, que je puis trouver la vérité. Non pas qu’il n’y en ait pas des traces et des indications dans la providence comme dans la création, mais j’ai besoin de la vérité et je ne puis la trouver ni dans l’une ni dans l’autre.

Ensuite je puis en venir à la loi. Est-ce qu’elle me donne la vérité ? En aucune manière. Non que la loi ne fût pas bonne et sainte, mais elle n’est jamais appelée la vérité, ni en elle-même ne pouvait l’être. Elle était plutôt destinée à faire connaître l’homme que Dieu. Elle eut pour effet que l’homme put apprendre par elle ce qu’il est lui-même. Elle agit comme une charrue lorsqu’elle est dirigée par l’Esprit, dans le cœur ; elle ouvre bien des sillons et manifeste ce que l’homme n’eût jamais pensé s’y trouver auparavant. Mais aucune de ces choses ne montre ce que Dieu est pour l’homme en grâce. La loi elle-même ne peut donner la vérité quant à cela. Je ne puis absolument pas apprendre par elle ce qu’est un Dieu Sauveur, ni même pleinement ce qu’est l’homme. Tout au plus fait-elle voir ce qu’un homme doit être, et ce qu’il doit faire ; mais cela n’est point la vérité. Ce que je dois être n’est pas la vérité de Dieu, mais mon devoir. Elle était la mesure, la règle de vie pour l’homme dans la chair, et en conséquence, elle ne fut jamais donnée avant que l’homme fût devenu un homme pécheur. La loi fut donnée par Moïse, et non pas à Adam ou par Adam. Le commandement imposé à Adam n’est jamais appelé la loi, bien que, naturellement, ce fût une loi.

Bien plus, vous ne trouverez jamais la vérité, même dans la Bible, si vous la séparez de Jésus. Mais du moment que le même Être béni, qui m’a montré dans Sa propre vie et dans Sa mort ce qu’est l’homme, m’a aussi montré de la même manière ce qu’est Dieu, aussitôt tous les nuages se dissipent et toutes les difficultés disparaissent. Désormais je connais Dieu, Le contemplant en Jésus. De nouvelles pensées concernant Dieu rayonnent sur mon âme, et, me soumettant à Lui, je suis parfaitement heureux ; peut-être non pas tout aussitôt, mais aussi sûrement que mon âme a reçu Jésus, je possède la vie éternelle, et j’aurai une paix inébranlable. Mais en Lui, je reçois tout ce dont j’ai besoin, tout ce que Dieu a en vue pour mon âme, parce que la vérité est en Jésus. Ainsi donc, comme croyant, je connais Dieu ; je connais ce que les païens n’atteignirent jamais ni ne pouvaient atteindre. Leur entendement était obscurci. N’ayant pas la connaissance de Jésus, ils n’avaient pas de véritables, d’efficaces moyens de connaître Dieu. Mais c’est là précisément ce que l’évangile apporte à toute pauvre âme qui l’entend aujourd’hui. Et qu’est-ce que j’apprends de Dieu, quand je regarde à la vérité telle qu’elle est en Jésus ? D’abord j’apprends ceci — un Dieu qui descend jusqu’à moi, un Dieu qui cherche mon âme pour me faire du bien, un Dieu qui peut me suivre avec amour, tout égoïste que je suis, et avoir pitié de mon ignorance ; et non seulement cela, mais quelqu’un qui peut m’instruire, et veut le faire, nonobstant mon opiniâtreté et ma stupidité : en un mot, un Dieu très miséricordieux et fidèle. Il se fait connaître en Jésus. Je trouve quelqu’un qui, après avoir employé d’autres moyens, s’est dépensé en amour sur moi afin que je Le connaisse ; quelqu’un qui a pris sur Lui de porter le jugement de mes péchés. Car Jésus est venu et a pris sur Lui-même tous les péchés en faveur de toute âme qui croit en Lui. J’apprends maintenant qu’Il a souffert même pour cet odieux moi qui L’ai rejeté et dédaigné, et qu’Il en a complètement fini avec lui. Il a été jugé en la croix de Christ ; et si mon âme croit que Dieu est assez bon pour faire tout cela pour moi, pour souffrir tout cela pour moi, pour prendre et porter toute la conséquence sur Lui-même dans la personne de Son Fils bien-aimé ; si je vois cela et m’y incline, et que je le reçoive de la part de Dieu, qu’est-ce qui pourrait encore troubler et harasser mon âme ? Mes péchés ? Certainement, si quelque chose est capable de troubler mon âme, ce sont eux avant tout. Mais la croix, à quoi s’applique-t-elle ? Qu’est-ce que Dieu y a opéré ? Que m’a-t-Il dit dans l’évangile ? Si ç’a été Dieu se révélant Lui-même dans Son Fils bien-aimé ; si ç’a été Jésus le Fils de Dieu fait là péché, pourquoi aurais-je un seul doute ou la plus légère incertitude à cet égard ? Tout dépend de ceci : Me suis-je incliné devant ce que Dieu a opéré et m’a donné dans la croix de Christ ? Si je désespère relativement au péché, c’est en réalité dépouiller de tout effet la croix de Christ, et faire de l’œuvre de Christ une chose vaine. Il a parfaitement accompli Sa tâche, et j’ai le droit de me reposer sur elle jusqu’au point de savoir que mes péchés ne peuvent plus s’élever jamais contre moi. Ne dois-je pas être heureux et me reposer dans la paix la plus parfaite en raison de ce que Jésus a fait et souffert ? La foi peut se reposer ici. La mort de Christ a une telle valeur dans la pensée de Dieu, qu’Il aime à donner cette paix en conséquence. Voilà la vérité telle qu’elle est en Jésus. Si vous l’envisagez de cette manière, quelle profondeur, quelle étendue merveilleuse de vérité il y a ! Quelle pauvre chose est mon expérience propre comparée avec la vérité telle qu’elle est en Jésus ! La puissance spirituelle est beaucoup mieux prouvée en discernant Jésus dans les autres, qu’en mesurant ou comparant ce que l’on est en soi-même, ce qui, certes, est loin d’être sage. Et toutefois quelle perte c’est de se voir simplement comme il est reflété dans les autres ! Il faut que j’envisage la vérité telle qu’elle est en Jésus : dans ce qu’Il fut ici-bas comme Celui qui m’a montré tout le long de Sa vie et jusqu’à Sa mort ce que Dieu est et l’homme aussi, Lui-même l’homme modèle.

Dans la même personne de Jésus seulement je vois la pleine vérité touchant quoi que ce soit. Et vous trouverez la valeur de cela non pas simplement dans les grandes leçons de ce que Dieu ou l’homme est, mais si vous avez à faire avec quelque épreuve ou quelque difficulté particulière, quelle est l’unique pierre de touche de toute chose bonne ou mauvaise ? La vérité telle qu’elle est en Jésus. C’est la puissance de se servir de Jésus pour faire face à cette difficulté et de voir comment Son nom se comporte avec elle. Il a exprimé Sa volonté à cet égard — où je dois demeurer tranquille, où je dois agir, de quelle manière je dois marcher, et comment je dois supporter : Il m’a donné un exemple afin que je marche sur Ses traces. Et la plus grande puissance pour être semblable à Jésus dépend de la mesure de spiritualité que nous avons pour appliquer Son nom. Je suppose encore qu’il y a droiture de cœur et que notre désir est de marcher en présence les uns des autres comme nous marchons dans la vérité devant Dieu nous-mêmes. C’est en proportion que nous nous tournons vers Jésus, et que nous usons de Lui, et que nous envisageons les choses en Lui : c’est là la règle et la source de la vraie puissance spirituelle. C’est là ce qui fait d’un homme un père en Christ. Ce n’est point la quantité de zèle ou de victoire sur le monde, non plus que quelque connaissance profonde de ceci ou de cela, mais cela se trouve dans le fait de Le connaître. « Pères, je vous ai écrit parce que vous l’avez connu dès le commencement ». De qui s’agit-il ? De Jésus. La connaissance de Jésus est donc la puissance pratique, la force et la sagesse du chrétien et ce qui dénote le progrès dans les choses de Dieu. C’était donc là plus ou moins ce qu’ils avaient à apprendre. Mais Le connaître profondément, et de manière à l’appliquer et à le manifester, était ce qui caractérisait spécialement les pères : chacun parle dans sa propre langue. L’esprit le plus épais peut employer intelligiblement les termes de sa langue maternelle ; mais il y a une différence immense de capacité entre les diverses personnes parlant la même langue ; toutes ne peuvent pas parler selon ce que le sujet demande. Celui qui possède supérieurement sa langue le prouve en l’appliquant d’une manière appropriée à toute la variété des sujets. C’est ainsi que tous les saints doivent s’être saisis plus ou moins de la vérité en Jésus ; mais alors la puissance, pour bien s’en servir, pour en user convenablement, pour la produire dans les occasions propices et la faire tourner à notre profit et à celui des autres — voilà le vrai secret de nos progrès dans les choses de Dieu, et ce qui tend à la bénédiction des âmes et à l’avancement de la cause de Dieu ; de sorte que l’importance n’en saurait être exagérée.

Puis nous est exposé l’effet pratique de cela : « Savoir que, quant à la conversation précédente, vous dépouilliez le vieil homme qui est corrompu selon les convoitises qui séduisent ». Il ne s’agit pas d’amélioration. Il n’y a pas à améliorer notre vieil homme. Le cœur peut être purifié par la foi, mais en lui-même il est « rusé par-dessus toute chose et désespérément malin ». La foi peut effectuer, et l’Esprit effectue la nouvelle vie, mais la chair ne peut jamais être changée ou renouvelée. Et ici nous trouvons ce qu’il faut faire de notre vieille nature : « Que vous dépouilliez, etc. ». C’est aux chrétiens que l’apôtre parle : ils ont le vieil homme et ont besoin de le dépouiller pratiquement. Il faut que je prenne garde, me souvenant que j’ai encore cette chose incurablement mauvaise, accoutumée à s’abandonner à ses mauvaises voies avant la conversion et tendant encore à nous entraîner dans le mal, si nous manquons de vigilance.

Mais maintenant commence la partie positive. « Et que vous soyez renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et que vous revêtiez le nouvel homme créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté ». Il y a d’abord le dépouillement du vieil homme, son jugement moral, basé sur le jugement de Dieu dans la croix de Christ définitivement consommé. Vient ensuite le renouvellement de l’esprit que nous ne pouvons posséder à moins qu’il n’y ait le jugement de l’ancien. « Et que vous soyez renouvelez, etc. ». Naturellement ils avaient le nouvel homme, mais c’est du revêtement pratique du nouvel homme qu’il s’agit, de la manifestation extérieure de l’homme nouveau qui était déjà au-dedans d’eux. Il est bon de se bien mettre dans l’esprit que celui-ci est en justice et sainteté de vérité. C’est encore la vérité qui le produit. Tel est le sens réel de l’expression.

Voici la différence entre la justice et la sainteté. La justice est la vraie intelligence et, cela va sans dire, la vraie marche dans nos devoirs selon nos relations diverses, comme hommes de Dieu ; la sainteté consiste plutôt dans la réjection dans notre cœur et dans nos voies, conformément à la nature de Dieu, de ce qui Lui est contraire. La sainteté est donc une chose beaucoup plus absolue que la justice qui s’applique à nos obligations envers Dieu et envers l’homme. C’est en contraste avec le premier homme. Adam était bon en tant que créature, mais il n’y avait pas chez lui perception de ce que Dieu était, ni de ce qu’était le mal selon Dieu. Aussi ne connaissait-il pas le péché ; il n’y avait pas de péché à connaître. Si vous eussiez parlé de la convoitise à Adam dans le jardin d’Éden, il eût dû, je pense, vous avouer son ignorance de ce que cela voulait dire. Si donc la loi : « Tu ne convoiteras point » avait été donnée à Adam, il n’en aurait pas compris la signification, n’ayant pas fait jusqu’à plus tard l’expérience de la convoitise. Nous avons des cœurs qui aiment ce que nous n’avons pas obtenu, mais Adam n’avait pas un cœur pareil. Il était précisément un exemple de la bonté de la créature dans l’homme. Il n’était pas créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de vérité. Dieu a fait l’homme droit ; mais la droiture est une chose différente d’être créé dans la sainteté. L’homme fut créé droit et innocent ; mais le nouvel homme est beaucoup plus, et connaît fort bien, par l’enseignement, de l’Esprit, ce qu’est le mal et ce qu’est Dieu. Adam n’apprit que lorsqu’il tomba, et jamais avant, ce que c’est que le bien et le mal ; c’est-à-dire qu’il devint conscient d’un bien qu’il avait perdu, et qu’il n’était pas ; et d’un mal dans lequel il était tombé, que Dieu haïssait et devait juger. Lors donc qu’un homme est amené à la vérité telle qu’elle est en Jésus, déjà auparavant il connaissait le bien et le mal avec une conscience mauvaise, mais désormais il les connaît avec une bonne conscience, c’est-à-dire avec une conscience purifiée. Rien ne peut donner une conscience aussi bonne que le sacrifice de Jésus. À supposer que quelqu’un de nous fût capable de vivre sans commettre d’iniquité jusqu’à la fin de ses jours, cela lui donnerait-il une bonne conscience ? Pas le moins du monde : il y aurait toujours une mauvaise conscience à cause de la conscience du péché dans le passé, non ôté, non pardonné. Nulle opération humaine, nulle communication d’une nouvelle nature, ne peut débarrasser du mal que nous avons fait. Le sacrifice de Christ l’a fait parfaitement. Là, mon mal est jugé selon Dieu. Il en a été agi avec le mal du vieil homme, et c’en est fait de lui devant Dieu. Christ ressuscite d’entre les morts et me communique Sa vie, ce qui est le nouvel homme. Christ en résurrection est la source même du nouvel homme dans mon âme. S’il en est ainsi, nous devons dépouiller le vieil homme. Pour la foi c’en est fait de lui. Jésus me l’a montré comme une chose jugée dans Sa croix, et je dois le juger et ne pas tolérer mon vieil orgueil, ma vanité et ma folie. Je l’ai encore au-dedans de moi, mais je ne dois pas lui lâcher la bride, sinon j’affligerais le Seigneur et j’amènerais Sa main sur moi. Nous avons tous à veiller soigneusement contre notre première conversation ; mais alors il est possible qu’on se laisse séduire par un mal dans lequel on ne sera jamais tombé avant, parce qu’on s’est imaginé qu’il était impossible d’y tomber. Rien n’expose autant à tomber comme l’idée qu’on ne pourrait se dévoyer ainsi. Ç’a été là souvent la ruine d’un chrétien, pour autant qu’il s’agit de la gloire de Dieu.

Ainsi, il est parlé du nouvel homme de manière à faire ressortir son contraste avec ce qu’était l’homme même dans son meilleur état.

Oui, même quand il sortit des mains de Dieu, Adam ne pouvait être décrit dans les termes de bénédiction qui sont vrais aujourd’hui de tout croyant. Pas l’ombre de l’idée dans l’Écriture d’une restauration de l’état adamique. Maintenant, quand elle est convertie, une âme a la place du second homme ; et de même que Lui, le Seigneur ne peut déchoir, de même le chrétien a une vie qui ne saurait jamais être touchée. C’est aussi impossible qu’un chrétien soit perdu, qu’il l’est que Christ perde Sa place à la droite de Dieu, parce qu’Il est la vie du chrétien. Si vous dites qu’on peut déchoir de la grâce, rien de plus certain qu’on le peut. Mais si vous entendez par là que la vie du chrétien peut périr, vous contredisez nettement la Parole de Dieu ; c’est donc une affaire d’intelligence des Écritures. Christ Lui-même est la vie du chrétien : est-ce qu’Il peut tomber ? C’est donc en principe renier Christ Lui-même, que d’admettre le plus léger doute à cet égard. Toutes ces exhortations sont basées sur ceci : qu’ils avaient appris Christ et connaissaient la vérité telle qu’elle est en Jésus. Ils étaient déjà dans cette relation, et c’est sur cette base que viennent toutes les exhortations chrétiennes. Est-ce jamais chose raisonnable de parler de fruit jusqu’à ce que la plante ait bien pris racine ? Ce serait inutile d’entretenir un petit enfant des devoirs d’un homme. Il faut d’abord que l’homme soit là comme tel, avant que vous puissiez vous attendre à le voir s’acquitter des devoirs d’un homme ; de même pour le chrétien avant que vous puissiez insister avec raison sur les devoirs d’un chrétien. Mais maintenant que la vérité telle qu’elle est en Jésus est connue, vous ne devez pas tolérer le vieil homme. L’apôtre parle de fruit et de marche pratique, parce qu’on est déjà en Christ et que l’on connaît la vérité en Lui. Ceci doit toujours être un grand encouragement pour l’âme. Même si Dieu m’exhorte à me juger moi-même, cela suppose toujours ma bénédiction préalable comme possesseur de la vie éternelle. C’est sur ce principe que, pour ainsi dire, Dieu s’adresse à nous de cette manière : Est-ce possible, semble-t-Il nous dire, qu’après que j’ai tant fait pour vous, vous puissiez être si insouciants de ma volonté ? C’est toucher la source de la grâce dans 1’âme, afin que nous marchions avec Lui et que nous fassions Sa volonté.

Maintenant il insiste auprès d’eux sur quelques-uns des résultats. « C’est pourquoi dépouillant le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres ». Comme ils avaient appris la vérité en Jésus, la honte du mensonge était d’autant plus manifeste. Quel est le principe que nous avons ici ? Nous sommes trop enclins à considérer le mensonge plutôt sur la base humaine de l’honneur. Plus d’un ne voudrait pas mentir en vertu de principes moraux ; ou bien seraient trop fiers pour dire un mensonge ; et s’il s’agit d’un homme ayant quelque sentiment de crainte de Dieu, il ne voudrait pas le faire parce que ce serait une dénégation pratique de Dieu : cela reviendrait à dire que Dieu n’entend pas. De sorte que, soit que vous regardiez simplement à l’homme dans son orgueil naturel, soit qu’il s’agisse d’un homme religieux, tel qu’un Juif, vous trouvez là le principe d’après lequel chacun agissait. Mais cela n’est pas assez pour un chrétien. C’est d’une grande importance pour nos âmes, non seulement que nous marchions bien et justement, mais que le motif, le caractère et l’étendue de notre marche soient aussi selon Dieu. Non seulement cette exhortation est nécessaire, mais il y a, associée avec elle, une considération à laquelle nous pensons rarement dans nos rapports réciproques : nous sommes exhortés à parler la vérité chacun à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres. L’apôtre n’envisage ici que les chrétiens : évidemment eux seuls sont des membres. Il veut rattacher à Christ les devoirs les plus ordinaires que nous sommes en danger de faire reposer sur une base inférieure, et voici le principe qu’il pose : que c’est aussi déplacé et malséant pour un chrétien de ne pas dire simplement l’exacte vérité à un frère chrétien, qu’il l’est pour un homme de se tromper lui-même. Ils font partie de vous-mêmes. « Nous sommes membres les uns des autres ». Est-ce que nous réalisons cela ? Si nous le faisions, quels en seraient les effets ? Assurément, l’un serait une franchise parfaite quand on en agit avec ce qui est mal ; un autre serait un désir réel, sincère, de restaurer ceux qui vont mal. Il est évident que nous ne pouvons pas désirer nous nuire à nous-mêmes ; et si je regarde quelqu’un comme une partie de moi-même, je dois agir envers lui en conséquence. De la même manière aussi, nous devons sentir ce qui est contraire à Dieu dans un autre. Et comme nous désirerions extrêmement, si nous étions réveillés au sentiment de notre propre péché, aller à Dieu à son sujet, et avoir nos âmes bien restaurées là, ainsi en devrait-il être quand nous avons à faire les uns avec les autres. Une plus profonde réalisation de cette vérité produirait un plus profond désir de la prospérité de nos frères. Et en outre, si ce doit être en accord avec la gloire de Dieu, nous ne devons pas simplement juger ce qui est mal, mais nous devons chercher à obtenir ce qui est bon et selon Dieu. Nous sommes enclins, dans les cas, par exemple, de retranchements de la communion, à ne voir que ceci, que nous sommes débarrassés du mal ; mais je ne trouve pas cela là où la bénédiction d’être membres les uns des autres est sentie et reconnue en la présence de Dieu. Même quand on en vient à la mesure extrême d’en agir ainsi avec quelqu’un que nous avons cru être un membre du corps de Christ, la fin de toute discipline est d’éloigner le mal afin que ce qui est de Christ puisse rayonner.

« Mettez-vous en colère et ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère ». Je considère cela comme un très important et saint avis pour nos âmes. On a souvent l’idée que c’est mal à un chrétien d’être jamais mécontent ou en colère. Ce passage et plusieurs autres font voir que cela peut être bien. Mais nous devons prendre garde à ce qui est la source de la colère, aussi bien qu’à sa nature. Si on se met en colère au sujet de ce qui affecte le moi, et que cela prenne en conséquence la forme de la vengeance, naturellement, c’est, sans aucun doute, contraire à tout ce qui est de Christ. Nous trouvons en Lui (Marc 3) qu’Il regarda tout à l’entour certaines personnes avec colère, et fit voir clairement qu’Il avait le sentiment le plus profond de ce qui était contraire à Dieu. Ce n’était pas simplement qu’Il réprouvait la chose, mais les gens qui en étaient coupables. Je trouve la même analogie dans les épîtres. Il ne nous est pas dit seulement de nous attacher fortement au bien, mais d’avoir en horreur le mal. La Parole de Dieu nous enseigne qu’il y a certaines choses que nous devons juger et d’autres que nous ne devons pas juger. Je ne dois pas juger ce qui ne se voit pas ; je dois juger le mal positif, le mal connu. Nous avons là nettement, clairement, la ligne tracée par Dieu. Vous entendez souvent dire, que si l’on parle avec force contre le mal de ceci ou de cela, l’on manque de charité. Mais cela n’est point ; c’est charité réelle que de dénoncer le mal, de ne pas le laisser passer. Le véritable amour consiste à avoir toujours les sentiments de Dieu à l’égard de tout ce qui vient devant nous. Voilà l’unique question. Nous pouvons avoir communion avec ce avec quoi Dieu a communion ; et ce que Dieu hait, nous ne devons ni l’aimer ni le tolérer. Mais nous devons prendre soin d’être dans l’intelligence de la pensée de Dieu. « Mettez-vous en colère et ne péchez pas » : Vous êtes dans le plus grand danger de pécher si vous vous mettez en colère, et c’est pour cette raison que ceci est ajouté. La simple émotion de la colère envers quelqu’un qui a péché peut et doit être un saint sentiment, pourvu qu’elle s’arrête là. Et il en est ainsi quand elle est éprouvée en la présence de Dieu. Mais comment puis-je savoir que je ne pèche pas dans ma colère ? « Que le soleil ne s’arrête pas sur votre irritation ». Si l’esprit garde de l’irritation, s’il se trahit de l’impatience, de l’aversion, du mépris, qui ne peut voir que ce n’est pas de Dieu ? Quand le soleil se couche, c’est le temps soit pour votre paisible communion avec Dieu, soit pour rejeter toute trace de ressentiment. Aussi est-il ajouté : « Et ne donnez pas lieu au diable ». Si la colère est entretenue, si on garde quelque chagrin dans l’esprit, Satan entre aisément, et il n’est pas facile de le déloger.

Dans ces exhortations, comme dans la doctrine de l’épître, il n’est nullement question d’améliorer la nature humaine. Il est dit que le chrétien revêt une nouvelle nature, que Christ est sa vie. La conséquence pratique c’est qu’elle doit être exercée et manifestée.

Néanmoins, il y a un sérieux obstacle, car le vieil homme subsiste, la chair est encore dans le chrétien, et comme la nouvelle créature n’est en aucune façon le résultat du perfectionnement de l’ancienne, celle-ci ne saurait être absorbée par la nouvelle ou élevée à sa hauteur. Elles sont en opposition irréconciliable. « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit ». La seule marche, le seul soulagement, le seul devoir du fidèle est de renoncer à la chair et de la mortifier, de telle sorte que le nouvel homme soit laissé libre d’accomplir la volonté de Dieu.

Nous avons vu plus haut le danger qu’il y a à céder à la colère ; elle dégénère aisément en haine, ce qui donne accès au diable. Nous trouvons à la suite une autre exhortation qui semble à peine devoir être adressée à des chrétiens : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus ». Il n’y a pas à proprement parler « celui qui dérobait », mais « le larron ». « Voleur » serait un terme trop fort ; « celui qui dérobait » est trop faible. L’apôtre a été amené à choisir une expression assez flexible pour qualifier toutes les nuances de ce vice. Jugez-vous la précaution inutile ? Prenez garde que votre assurance et le peu de cas que vous faites d’une seule parole de Dieu, ne vous soient en piège. Il est hors de doute que l’Esprit qui a inspiré l’épître jugeait cet avertissement nécessaire pour nous tous aussi bien que pour les saints d’Éphèse ; cependant nous ne trouvons nulle part une assemblée plus heureuse, plus florissante et bénie de Dieu que celle-là. Eh bien, même pour eux, vivifiés et ressuscités avec Christ, et assis en Lui dans les lieux célestes, le Saint Esprit reconnaît l’utilité de cet avertissement. Dieu nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes ; et que les saints soient aussi instruits, aussi dévoués, aussi zélés que possible, aucune de ces vertus, en dehors de la jouissance de la communion présente, en dehors de la dépendance actuelle de Dieu, ne constitue une parfaite sauvegarde. En outre, si une âme, par suite d’un manque 1e vigilance, est tombée dans un péché si dégradant même aux yeux des hommes, nous pouvons concevoir aisément la force que communique une telle parole au cœur brisé et couvert de honte, qui court le risque de succomber sous le poids de la douleur qui l’accable. Combien peu le cœur sent ses dangers et connaît sa faiblesse ou la puissance de Satan ! Une fois rendu capable de se juger selon Dieu, il reconnaît la valeur de paroles comme celles-ci, qu’auparavant il avait jugées, ou peu s’en faut, sans utilité pour le chrétien. Il sent aussi combien est étendu l’appel du Saint Esprit, qui embrasse toute espèce de coutumes mondaines, professionnelles, commerciales (si respectables soient-elles d’ailleurs) qui sont frauduleuses, aussi bien que les formes plus grossières du vice en question. Dieu forme l’homme nouveau à l’image de Ses propres pensées.

Avec quelle évidence encore un tel précepte montre que le chrétien est sur un terrain plus vaste, plus élevé et plus ferme que celui sur lequel l’Israël selon la chair se tint ou plutôt tomba. A-t-on jamais entendu la loi dire : « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus » ? Elle tient bien plutôt ce langage : « Qu’il meure ! ». La loi est bonne si l’homme en fait usage légitimement ; et son application n’est précisément pas destinée à régler, à guider, à diriger la marche des justes, mais bien à punir ceux qui ne l’observent pas, qui l’enfreignent, les incrédules et les pécheurs, les profanes et les impies, en un mot, tout ce qui est contraire à la saine doctrine. Le péché, ainsi que le déclare Romains 6, n’aura pas domination sur les chrétiens, « car vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce », et ceci se trouve dans un chapitre qui traite de la marche sainte du saint, et non de sa justification. Pourtant en présence de ce passage, en présence de l’enseignement clair et uniforme du Nouveau Testament, la tendance générale ordinaire dans la chrétienté est de retourner à la loi ; elle existe surtout là où il n’y a que faible séparation d’avec le monde. C’est facile à concevoir : le monde n’accepte ni ne comprend la grâce de Dieu, tandis qu’il peut apprécier dans sa lettre Sa juste loi. Il s’ensuit que là où le monde et les saints se trouvent mêlés la volonté de l’homme ne tarde pas à prendre la haute main ; et comme le saint ne peut élever le monde à la hauteur de sa position, il est obligé de s’abaisser à ce qu’il a de commun avec le monde ; ainsi tous deux se rencontrent une fois de plus sur le terrain judaïque, comme si la croix de Christ n’avait jamais existé et si le Saint Esprit n’avait pas été envoyé du ciel pour retirer les croyants de cette condition de mélange et les réunir en Assemblée de Dieu, séparément du monde. Même pour le chrétien pris individuellement, aussi bien que pour l’Église, et principalement pour la vérité, la grâce et la gloire de Dieu, la perte a été incalculable. La marche ordinaire a été réduite à une série de négations, sauf en ce qui concerne les actes publics de philanthropie, l’activité religieuse, les observances rituelles auxquelles le chrétien participe avec quiconque veut se joindre à lui. Ce n’est pas là s’occuper du bien, selon la volonté de Dieu ; encore moins est-ce souffrir à cause de Christ et de la justice de la part d’un monde qui ne les connaît point. Ce n’est pas là le christianisme, bien que ce soit l’état et le système de la plupart des chrétiens. Christ a-t-Il jamais obéi par crainte du jugement ? Sa vie ne fut-elle pas un complet abandon de Lui-même à la volonté sainte et au bon plaisir de Son Père ? Ainsi nos âmes doivent être occupées de la grâce de Dieu en Christ, si nous voulons trouver la force de Lui être agréables. Éviter simplement le mal, ne pas faire ceci ou cela, est au-dessous de notre vocation. Désirons-nous réellement connaître et faire Sa volonté comme Ses enfants ? Sommes-nous zélés pour apprendre à bien faire, et non moins soigneux de nous détourner de toute mauvaise voie ? Sinon le jour viendra où nous retomberons dans le mal, et avec une conscience de moins en moins sensible, parce que nous avons appris la vérité que nous ne réalisons pas.

Elle est bien belle l’exhortation de l’apôtre dans le sens positif : « Mais plutôt qu’il prenne de la peine (la paresse n’est ni bonne ni saine), faisant de ses mains ce qui est bon, afin qu’il ait de quoi donner à celui qui a besoin ». Ainsi l’Esprit encourage et dirige l’homme dont les mains étaient autrefois employées à des travaux indignes ; ainsi Il ouvre un heureux sentier là où la grâce peut justifier sa puissance, en dépit d’un naturel d’habitudes vicieuses ; et celui qui dérobait avant de connaître le nom du Sauveur, peut entrer maintenant dans l’esprit et la conduite du grand apôtre (Act. 20, 33-35), et du Maître Lui-même, se souvenant de Ses paroles, quand Il disait : « Il vaut mieux donner que recevoir ». Vivre, c’est le but que l’homme du monde se propose en travaillant ; donner est celui du chrétien. Ce n’est pas une simple question d’acquérir du superflu, c’est un but déterminé, spécialement pour celui qui a le sentiment de la miséricorde qui l’a délivré de la convoitise, de sa honte et de son jugement. Seulement on ne doit travailler qu’à ce qui est bon et honnête. En vain plaiderait-on en faveur de l’usage bienfaisant ou religieux d’un gain mal acquis. Nulle occupation contraire à la volonté de Dieu n’est bonne pour le chrétien ; il doit l’abandonner immédiatement. Jamais l’alliance du Sinaï ne mit en avant une pareille raison à l’appui du travail. Parler des dix commandements comme de la règle actuelle de conduite des chrétiens, c’est reculer depuis le soleil qui règle le jour jusqu’à la lune qui règle la nuit ; c’est éclipser Christ par Moïse sous le prétexte illusoire d’accomplir le service de Dieu. En général, ce que la loi exigeait de ceux qui étaient placés sous elle, sur le principe du droit, le chrétien est tenu, en vertu du principe de la grâce, de le dépasser en tous points. L’étendue de l’obéissance est considérablement accrue ; les motifs intérieurs sont recherchés et mis à découvert ; toute disposition à la violence, à la corruption, à la fausseté, est jugée dans son principe, et souffrir injustement, tout en aimant, prend pour les disciples la place de la justice terrestre. Tel est l’enseignement incontestable de notre Seigneur et de Ses apôtres ; il est obscurci, neutralisé, nié par ceux qui s’efforcent de judaïser l’Église en donnant au chrétien la loi pour règle de vie. En vérité, ils ne comprennent pas ce qu’ils disent ni ce qu’ils affirment.

Mais ce n’est pas seulement sur nos actions, c’est aussi sur nos paroles que nous avons à veiller : « Qu’aucun discours déshonnête ne sorte de votre bouche, mais seulement celui qui est propre à édifier, afin qu’il communique la grâce à ceux qui l’entendent ». Il faut éviter un langage inconvenant comme on rejette un fruit qui ne vaut rien ; si elle vient aux lèvres, la parole vaine ne doit pas aller plus loin. Au chapitre suivant nous verrons spécifiée et interdite toute allusion malséante. Ici la défense a une plus grande étendue. Bien des personnes qui ne tiendraient ni n’écouteraient une conversation impure, peuvent souvent avoir à déplorer d’avoir proféré ou sanctionné des discours insipides. Il vaut mieux se taire si (telle est la force du passage) l’on n’a rien à dire de propre à édifier. Au besoin se mesure le service, et l’amour édifie au lieu d’enfler comme le fait la connaissance. Il est également vrai que « la multitude des paroles n’est pas exempte de péché », et que « les lèvres du juste en instruisent plusieurs ; elles connaissent ce qui est agréable », et ceux qui les entendent y trouvent du rafraîchissement et de la bénédiction.

Jusqu’ici nous avons eu les principes d’une activité sainte et les avertissements contre le péché, qui se trouvent dans les traits de l’homme nouveau. Mais tout cela ne nous présente pas le caractère complet et la puissance du chrétien. Le Saint Esprit de Dieu habite en lui. Cette vérité solennelle et bénie apparaît maintenant dans sa portée pratique. Il est dit (chap. 2, 22) que nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ; et en conséquence l’apôtre nous exhorte, au chapitre 4, à marcher d’une manière digne de notre vocation. Mais il y a une habitation individuelle de l’Esprit, aussi bien que Sa relation avec la maison de Dieu, Nous avons été scellés par l’Esprit, appropriés par là pour Dieu sur la base d’une rédemption accomplie. Le précieux sang de Christ a effacé nos péchés ; en lui nous avons la rédemption par Son sang, le pardon des offenses selon les richesses de la grâce de Dieu. Ainsi, Son sacrifice a effacé devant Dieu et pour la foi tout notre mal, et nous possédons une nouvelle nature en Christ ; c’est au point que le Saint Esprit peut venir et habiter en nous et nous sceller pour le jour de la rédemption, où notre corps sera transformé à la ressemblance de la gloire de Christ, aussi sûrement que nos âmes sont maintenant vivifiées dans Sa vie. En présence de ce privilège infini actuel et de l’assurance d’une gloire éternelle, l’apôtre ajoute : « Et n’attristez point le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption ». Il est une source de force, pour rendre le saint capable de faire ce qui est agréable à Dieu. Mais ceci suppose qu’il y a jugement de soi-même et dépendance de Dieu. Autrement nous L’attristons et nous sentons, non pas Son pouvoir, mais notre propre misérable infidélité.

En outre, il semble étrange qu’un chrétien soit assez inintelligent pour confondre la parole qui nous occupe avec « n’éteignez point l’Esprit » de 1 Thessaloniciens 5, 19. Le contexte (v. 20) démontre clairement que c’est un avertissement de ne pas empêcher la moindre manifestation réelle de l’Esprit dans un saint, quelque faible qu’il puisse être ; et l’histoire de la chrétienté au temps où nous vivons prouve combien le précepte était nécessaire et combien peu l’injonction de l’apôtre a été suivie. Mais le passage d’Éphésiens 4 concerne personnellement chaque saint et ses conversations journalières.

Il est bon encore de noter la différence du langage du psaume 51 : « Ne m’ôte point ton Saint Esprit ». Mais l’apôtre, alors même qu’il engage fortement à ne point attrister le Saint Esprit, n’a pas la pensée qu’Il soit ôté. Au contraire, au même instant il nous assure que nous avons été scellés par Lui pour le jour de la rédemption, et rien ne pourrait autant qu’une semblable déclaration nous garantir notre sécurité individuelle. À quoi devons-nous attribuer cette différence ? Ce n’est pas, ai-je besoin de le dire, à un degré plus élevé d’inspiration chez Paul, l’apôtre, que chez le roi David ; mais à la modification nécessaire et révélée des relations de l’Esprit avec le saint, depuis que Jésus est mort, ressuscité et monté au ciel. Jusque-là il n’y avait rien de tel que l’Esprit donné pour demeurer avec le croyant à jamais. Alors Il bénissait les âmes, agissait en elles et par elles, les remplissait de joie et de force ; mais Son habitation intérieure telle que le chrétien la possède et la connaît présentement, n’existait pas et ne pouvait pas exister jusqu’à la glorification de Jésus, à cause du péché que Son sang a effacé. C’est pour cela qu’il nous est recommandé de ne point attrister l’Esprit ; mais jamais, depuis qu’Il nous a été donné, nous ne sommes supposés avoir à demander que Son départ nous soit épargné. Ceci, incontestablement, aggrave le péché du chrétien, et, quand il est dans ce cas, rend cuisants et amers les reproches qu’il s’adresse ; mais cela même est destiné, dans les vues du Seigneur, à servir d’avertissement plus sérieux à Son enfant. Ce verset prouve donc clairement d’un côté le danger de pécher et, par là, d’attrister l’Esprit ; de l’autre, la sécurité du saint en dépit même de circonstances aussi tristes. Il est amené à Dieu, réconcilié, lavé, sanctifié, justifié ; il a la vie éternelle et ne périra jamais ; il est scellé de l’Esprit, et qui pourrait briser ce sceau ? S’il tombe dans le péché, assurément Dieu y regardera et le punira ; Il ira, s’il le faut, jusqu’à la mort ; car Il ne passera pas à la légère sur son mal, ni ne le condamnera avec le monde. Aussi Pierre exhorte-t-il les justes à marcher dans une sainte obéissance, et, tandis qu’ils invoquaient comme Père Celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun, à se conduire avec crainte durant le temps de leur séjour sur la terre. En même temps, loin d’affaiblir leur confiance, l’apôtre insiste là-dessus d’autant plus qu’ils savaient « qu’ils avaient été rachetés, non point par des choses corruptibles, comme l’argent ou l’or… mais par le précieux sang de Christ ». Ainsi la vérité de Dieu a pour effet d’attirer et de fortifier les affections, même alors qu’elle nous fait prosterner jusques dans la poussière ; tandis que l’erreur de l’homme affaiblit la pleine grâce de Dieu, et à la fois manque complètement à humilier l’âme. Mais quelle chose précieuse pour le croyant que cette vérité, qu’il a au-dedans de lui la présence constante d’une personne divine, le Saint Esprit, témoin de tout ce qui s’y passe ! Combien nous devrions prendre soin de ne pas L’attrister ! Ce n’est pas seulement une vérité pour la conscience, c’est une source inépuisable de consolations ; car Il habite en nous toujours, non que nous soyons dignes d’un tel hôte céleste, mais c’est en vertu des mérites de Jésus et de la perfection avec laquelle Son œuvre nous a purifiés de nos péchés aux yeux de Dieu ; et Il habite en nous pour notre joie, notre affermissement, notre bénédiction éternelle, par Christ et en Christ notre Seigneur. Puissions-nous être rendus capables d’être toujours pleins de confiance, de prier sans cesse, et de ne pas faiblir !

La doctrine de la présence du Saint Esprit dans chaque croyant, qu’Il scelle pour le jour de la rédemption, paraît, ainsi que nous l’avons vu, liée de la manière la plus étroite à la sainteté pratique, comme motif et garantie, non moins que comme puissance. Qu’y a-t-il, en effet, de plus solennellement touchant que la pensée, d’un tel hôte établi dans le corps du croyant ? Et quoi de plus certain que ceci, qu’Il est l’Esprit, non de crainte, mais de puissance, d’amour et de pureté ? Nous pouvons être extrêmement faibles et notre cœur trompeur et désespérément malin. Mais ce n’est pas là la seule vérité. Le caractère du chrétien c’est d’avoir le Saint Esprit habitant en lui. Est-Il faible, Lui ? Ou, s’Il est tout-puissant, est-Il dans le croyant le témoin passif, inactif de toute faute et de toute infirmité ? N’est-Il pas, au contraire, en lui pour unir ses affections à Christ, pour glorifier Christ, prenant ce qui est à Christ et le lui montrant ? Sans doute, Il peut être et Il est attristé par les folies que l’on se permet, par la négligence, par le mal, et par tout ce contre quoi nous avons été sérieusement prémunis ; mais ce serait bien que ceux qui parlent sans cesse de l’impuissance et de l’indignité de la chair (et rien n’est plus évident ni plus certain), se missent bien dans l’esprit que le croyant, le chrétien n’est plus dans la chair mais dans l’Esprit, que l’Esprit de Dieu habite en lui. Il convient, en conséquence, que le péché, tout péché, soit confessé et jugé ; mais il n’appartient ni à l’humilité sincère, ni à la foi d’un élu de Dieu, d’ignorer ce fait aussi béni et encourageant que sérieux, que l’Esprit de Dieu est en nous, pour nous communiquer toute force, en révélant Christ à nos âmes. Il peut être salutaire, et c’est incontestable, d’apprendre la pénible leçon de Romains 7, 7 et suivants, mais se borner là, c’est prouver qu’on l’a mal apprise. La vraie place du chrétien est, à cet égard, la fin du chapitre qui l’introduit dans les exercices encore plus profonds et les souffrances plus dévouées du chapitre 8, avec la liberté, la puissance, l’espoir et la sécurité, qu’il déclare si abondamment être notre portion, par grâce. — La rédemption de notre corps et de la création extérieure n’a pas encore été opérée, mais Celui qui en est le gage est au-dedans de nous.

Cela étant, « que toute aigreur, toute animosité, toute colère, toute crierie, toute médisance et toute malice, soient bannies du milieu de vous » (v. 31). L’union étroite qui doit exister entre les membres de la famille de Dieu peut devenir un piège si l’on n’y veille et si l’on ne regarde simplement à Christ. Mais le Saint Esprit ne tolère aucun sentiment mauvais quel qu’il soit. Ici est indiqué ce qui peut faire brèche dans notre union ; au chapitre suivant (v. 3 et séq.) nous en trouverons les abus.

Si nous en venons aux détails, le mot « toute aigreur » désigne, je pense, toute espèce d’humeur âpre, impitoyable, qui repousse les âmes au lieu de les attirer, et tombe dans la plupart des fautes réelles ou imaginaires d’autrui. « L’animosité, la colère », qui viennent ensuite, représentent l’éclat de la passion, le ressentiment réfléchi, vindicatif, qui se développe à mesure qu’on s’y abandonne ; de même que « la crierie et la médisance » en sont la contrepartie dans le langage. Tous ces sentiments proviennent de la source profonde de « toute malice », condamnée à la fin de ce verset. Ainsi, de même que nous avions été mis en garde contre toute parole et toute action déshonnête, avant l’allusion au sceau du Saint Esprit, de même après cela, nous voyons l’apôtre dénoncer la haine dans ses diverses manifestations. C’est, hélas ! dans la nature du premier homme, Adam. C’est la même corruption et la même violence qui amenèrent le déluge sur le monde ancien qui se renouvellent en dépit du jugement et de la volonté de Dieu, jusqu’à ce que Christ en agisse avec l’homme et Satan en personne.

Mais, ainsi que l’observation en a été faite précédemment, il ne suffit pas de s’abstenir, en pensée et en action, des œuvres de la chair. Il y a une activité pour le bien en Christ, le second homme, et c’est le Saint Esprit qui la produit en même temps que les prières dans le chrétien. C’est pourquoi il ajoute : « Soyez bons les uns envers les autres, pleins de compassion, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu vous a aussi pardonné par Christ ». — Évidemment, il s’agit de manifester la grâce ; et le modèle de tout cela, c’est Dieu en Christ, et non dans la loi, sainte, juste et bonne comme est le commandement. Mais si bonne que fût et que soit la loi, Christ est le meilleur de tout, l’expression réelle et parfaite de ce que Dieu est. Laissant à la loi le soin de punir les méchants (1 Tim. 1), comme l’apôtre déclare expressément que c’est là sa destination légitime, nous qui sommes morts avec Christ nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce qui, par la puissance de l’Esprit, nous fortifie selon le caractère qui lui est propre et en communion avec Celui qui en est la source.