Écho du Témoignage:Introduction à Ésaïe

De mipe
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En lisant Matthieu 1 et 2, nous apprenons entre autres choses comment il faut se servir de la prophétie ; mais nous y voyons aussi comment la traite l’intelligence charnelle : de sorte que ces chapitres nous présentent à la fois un modèle précieux et un avertissement salutaire dans nos méditations sur la parole prophétique.

L’évangéliste lui-même, sous la direction du Saint Esprit, nous montre l’un des vrais usages de la prophétie. Dans le cours de ces deux chapitres, il rappelle à l’esprit, à diverses reprises, les paroles des prophètes, à mesure que l’accomplissement de ces paroles passe successivement devant lui. Dans le chapitre 1 il rappelle Ésaïe 7, lorsque l’ange annonça à Joseph de quelle manière s’opérerait la naissance de l’enfant. Dans le chapitre 2 il cite Osée 11, quand il nous dit que Joseph dut emmener l’enfant en Égypte. Il en use de même pour Jérémie 31, à l’occasion du massacre des petits enfants de Bethléem par Hérode. Et puis, après que l’enfant eut été ramené d’Égypte et conduit à Nazareth pour y demeurer, il résume, pour ainsi dire, l’enseignement de tous les prophètes en un témoignage qu’ils auraient tous rendu en commun en touchant un pareil sujet, et, comme en leur nom à tous, l’exprime en ces termes : « Il sera appelé Nazaréen ».

Cela, je le répète, fait ressortir un des usages selon Dieu des portions prophétiques de l’Écriture. Naturellement, je sais que tout cela se faisait dans l’évangéliste et par lui, par le moyen de l’Esprit de Dieu ; mais nous y voyons comment la Parole devrait être soigneusement conservée dans le cœur des saints, de manière à en sortir aisément et à sceller, comme avec l’autorité divine, événement après événement, à mesure qu’ils se présentent. C’est là un précieux exercice d’un esprit renouvelé ; c’est là juger de nous-mêmes ce qui est juste, c’est discerner le temps comme nous discernerions les apparences du ciel (Luc 12, 56, 57). Ce soin d’identifier ainsi, avec une sainte intelligence, les anciens oracles de l’Esprit de Dieu avec les actes actuels de la main de Dieu, constitue une des formes de l’obéissance et du service de la foi et du culte.

Mais autre chose. Dans ces mêmes chapitres, nous apprenons des hommes de l’orient un autre usage de la prophétie. Ils l’avaient gardée dans leur cœur, pourrions-nous dire, quoique prononcée depuis des siècles. Ils avaient attendu son accomplissement quoiqu’il tardât, sachant qu’il aurait lieu tôt ou tard. Ils en avaient vécu, selon que je puis m’exprimer encore, depuis le jour de Balaam jusqu’au jour de Christ, et dans leur estime ils lui avaient tout subordonné : car aussitôt que le vieil oracle est accompli et que l’étoile promise est apparue, ils obéissent à la vision céleste, et, conformément au signal qu’elle donne, entreprennent dans la foi et dans l’espérance un voyage tout nouveau pour eux.

C’était là assurément un autre pieux usage de la prophétie, un usage fort noble et fort beau, le meilleur et le plus élevé. Il est beau, comme nous l’avons déjà remarqué, de voir l’évangéliste lui-même, le cœur tout plein, par le Saint Esprit, de souvenirs scripturaires, capable d’en faire usage et de les appliquer avec une sainte intelligence ; mais c’est une chose plus belle encore d’agir ainsi en payant de sa personne, sur la foi de communications scripturaires ou prophétiques. Tel est l’usage que firent en leurs jours Abraham et Daniel de la Parole de Dieu. Lorsque le jugement tout prochain de Sodome est annoncé à Abraham, il agit aussitôt d’après ce qu’il venait d’apprendre, et intercède pour cette méchante cité à cause des justes qui pouvaient se trouver dans ses murs. Lorsque Daniel apprend par les livres prophétiques que les soixante-dix années que devait durer la captivité arrivaient précisément à leur terme, il s’applique par la prière et par le jeûne à implorer les miséricordes de Dieu pour son pays et pour son peuple. C’est de cette manière que les hommes de l’orient que nous trouvons ici, se servent de la Parole de Dieu que les prophètes avaient laissée parmi eux, et c’est ainsi, bien-aimés, que nous devrions nous en servir. La Parole ne doit pas être dans l’intelligence comme une lettre morte, et il ne faut pas que la tête en soit plus occupée que le cœur et la conscience, quoique cette Parole soit certainement de nature à en reprendre plusieurs ; mais nous devons savoir l’appliquer et lui laisser prouver sa valeur.

Tout cela renferme de l’instruction pour nous ; mais ces chapitres nous donnent aussi de saints et sérieux avertissements.

Les scribes de la cour d’Hérode possèdent l’intelligence claire et parfaite de la parole prophétique ; ils sont capables de l’enseigner aux autres ; elle est dans leur mémoire avec netteté et précision. Mais quoiqu’il en soit ainsi, quoiqu’ils puissent l’enseigner aux autres, ils n’en font point usage eux-mêmes. Spectacle solennel en vérité ! Ils mettent les hommes de l’orient sur leur voie de Jérusalem à Bethléem à la brillante lumière du prophète Michée, mais ils ne font pas eux-mêmes un seul pas sur cette route. Ils sont plutôt moralement dans la compagnie de ce Balaam qui avait fait entreprendre à ces mêmes hommes de l’orient leur long voyage, de leur pays lointain à Jérusalem. Balaam, de même que ces scribes, et ces scribes de même que Balaam, étaient instruits de la voie de Dieu, mais elle demeura absolument sans influence sur eux. Balaam aimait le monde tout en annonçant le jugement qui devait l’atteindre, et ces scribes restèrent à la cour des rois quoique l’étoile brillât à Bethléem, conformément à la Parole de Dieu à laquelle ils faisaient profession de croire et qu’ils prêchaient.

J’ai donc bien raison de dire que ces chapitres renferment un sérieux avertissement pour nos âmes, aussi bien que des instructions et des exemples encourageants. Il nous faut prendre garde que les Écritures ne soient pas simplement un objet d’activité pour notre esprit, et veiller plutôt à ce que notre cœur et notre conscience, chacun à sa place, soient sous les effets de la lumière des oracles de Dieu.

Mais je continue.

Les prophètes parurent en Israël à l’occasion de la corruption de la sacrificature. Ils furent un moyen extraordinaire de grâce que Dieu, dans Sa souveraineté, employa pour maintenir Ses relations avec le peuple, quand eurent manqué toutes les institutions du système établi.

Les prophètes étaient, soit qu’ils parlassent, soit qu’ils écrivissent, les ministres de l’Esprit. C’est Samuel qui commence leur série régulière comme nous l’apprenons par Actes 3, 24, quoique leur ministère eût été employé parfois antérieurement. Ésaïe occupe cependant la première place parmi les prophètes qui ont écrit.

Ils étaient pour le peuple d’Israël ce que les évangélistes sont maintenant pour le monde. Ils censuraient ou demandaient qu’on changeât, qu’on se convertît. Ils invitaient à la repentance. Mais, parmi les traits qui les distinguent, le plus éminent c’est que l’Esprit parlait par eux. Ils n’étaient rien d’autre, rien de moins, rien de plus, que ce que le Saint Esprit les faisait.

C’était là une haute et honorable distinction. Il n’en était pas ainsi de la sacrificature. Aaron et ses fils, sacrificateurs selon la loi d’un commandement charnel, servaient dans leur charge en vertu du titre qu’ils tenaient de la chair. Ils n’étaient rien de moins ni de plus que ce que la chair les faisait. Ils étaient la postérité d’Abraham, et de la famille d’Aaron. Ils servaient dans la chair, et non dans la présence et l’énergie de l’Esprit. Dans les prophètes, c’est l’Esprit qui parle à Israël, quoique ce ne fût pas l’Esprit qui servît en Israël par les sacrificateurs.

C’était là certainement une distinction. C’était aussi un pas en avant dans le déroulement des voies de Dieu. C’était un important jalon sur la route que s’était tracée la sagesse divine pour la manifestation de ses desseins et de ses trésors.

Il y a plus. Par la parole de prophétie, le Seigneur traite Ses élus comme des amis. C’est là une vérité très précieuse. Dans l’évangile de la grâce de Dieu, je sens que Dieu s’adresse à moi en tant que pécheur. Le salut de Dieu est annoncé, et moi, pécheur que je suis, je suis appelé à en prendre connaissance et à le saisir. Quand je lis les portions de l’Écriture relatives à la pratique, qui contiennent des exhortations, qui me donnent des conseils quant à ma marche et à ma conversation, m’instruisent des devoirs et des services que j’ai à remplir, et ont pour but de régler mon cœur, je me crois l’objet des soins de Dieu en vue de mon éducation et de ma préservation comme saint. Mais dans les Écritures prophétiques, j’ai lieu de me considérer comme un ami : le Seigneur me révèle Ses secrets, Il me traite comme quelqu’un qui a droit aux privilèges de l’intimité personnelle. À ce point de vue, quel merveilleux et excellent caractère les écrits des prophètes ne revêtent-ils pas pour nous !

Ne sommes-nous pas, puis-je demander, enfants et frères dans les divins conseils de la grâce ? Oui, certes, et aussi serviteurs, adorateurs et héritiers. Mais au milieu de toutes ces relations, nous nous trouvons aussi amis. Béthanie nous offre, dans une grande mesure, le tableau de ces côtés divers de notre bénédiction. Là Marthe servait, là Marie adorait, et là aussi Lazare occupait la place d’un ami, assis à table avec son Seigneur comme en intimité personnelle avec Lui.

Abraham était l’ami de Dieu ; il est appelé ainsi dans la Parole, et Dieu lui communiqua ce qu’Il allait faire, quoique cela ne concernât pas personnellement Abraham lui-même. Moïse parlait à l’Éternel face à face, comme un homme parlerait avec son ami. Jérémie parlait à l’Éternel de Ses jugements, en Lui exprimant son étonnement et ses difficultés au sujet de quelques-uns d’entre eux. David était assis devant l’Éternel comme Lazare. Moïse et Élie, quoique dans la gloire, étaient dans une intimité semblable, s’entretenant avec Jésus sur la sainte montagne, montrant ainsi de la manière la plus éclatante et la plus sûre, que l’intimité et l’amitié commencées sur la terre se continuaient dans le ciel.

Car, nous pouvons bien véritablement nous dire, bien-aimés, qu’il n’y a pas moralement une grande distance entre la terre et le ciel, ou entre la condition présente et la condition future des saints de Dieu. Sans doute, c’est dans l’avenir céleste que se trouve la perfection de ce que nous possédons maintenant en esprit ou en principe ; mais nous n’en sommes pas moins entrés dès à présent dans la vie de l’éternité. Si dans le voyage d’Élie en 2 Rois 2, Béthel vint après Guilgal, Jéricho après Béthel, et le Jourdain après Jéricho, le ciel vient, de la même naturelle manière, après le Jourdain. Le voyage eut ses stations, Élie alla de Guilgal à Béthel, de Béthel à Jéricho, de Jéricho au Jourdain et sur sa rive orientale, et de là au ciel. Mystérieuses voies dans la grâce surabondante du Seigneur qui nous disent toujours cette même intimité personnelle ! Le chariot d’Israël et sa cavalerie se rendaient auprès du prophète ; Élisée avait été son compagnon de voyage jusque-là, et maintenant c’est la cavalerie céleste d’Israël qui le sera. Dans les jours anciens, l’Éternel dirigeait Sa marche vers Sodome ; mais Il a besoin de se détourner dans la direction de la plaine de Mamré pour communiquer à Abraham ce qui L’amenait là. Il en est précisément de même dans la prophétie. Le Seigneur est en marche vers le jugement du monde et les gloires du royaume qui doivent suivre ; mais Il s’arrête en route pour faire connaître à Ses élus ce qu’Il se propose de faire. Il est possible que cela ne les concerne en aucune manière, ainsi qu’Abraham, comme je l’ai fait observer, n’était personnellement concerné en rien dans ce que l’Éternel allait faire à Sodome ou de Sodome. Le Seigneur lui en parla cependant, et même se détourna de Son chemin, et s’arrêta pour le faire. C’était le privilège de la relation dans laquelle Abraham était avec Lui ; c’était le secret de Celui qui l’avait pris pour ami. « Car le Seigneur, l’Éternel ne fera aucune chose, qu’il n’ait révélé son secret aux prophètes ses serviteurs » (Amos 3, 7).

Mais je voudrais ajouter encore une autre remarque. Parfois la personnalité du prophète se montre. Nous sommes initiés aux exercices de son propre cœur, à mesure qu’il poursuit son sujet sous la main de Dieu. C’est là quelque chose de très heureux pour nous. Nos cœurs prennent plaisir à être ainsi rendus capables de comprendre les expériences de ces hommes privilégiés. Dans le livre de Jérémie, cette personnalité dont je parle apparaît et prédomine partout.

Il est presque superflu d’ajouter qu’il est fort bon, dans l’étude des prophètes, de prendre connaissance de l’histoire ou des circonstances des temps dans lesquels ils exerçaient leur ministère, et cette connaissance, il nous faut naturellement la chercher dans les livres historiques de l’Écriture pareillement inspirés.

Il nous faut aussi remarquer soigneusement les citations faites dans le Nouveau Testament du livre prophétique qui peut nous occuper, et considérer l’intérêt avec lequel le même Esprit qui fit jadis ces communications, les emploie là, dans quelle connexion Il les place, et quelle application Il en fait.

Je voudrais montrer en peu de mots comme ces remarques conviennent à tous les écrits prophétiques du Nouveau Testament aussi bien qu’à ceux de l’Ancien ; mais je désire à présent consacrer un petit moment de plus à parler plus particulièrement d’Ésaïe, le premier dans la série des prophètes qui ont écrit — le premier, non dans l’ordre des temps, nous le savons, mais dans l’ordre des livres.

Lorsque nous nous disposons, par la grâce de Dieu, à méditer le volume des communications divines que nous avons reçues du Saint Esprit par le prophète que je viens de nommer, la première chose que nous avons à faire est de reconnaître l’étendue de chaque charge, de chacun des chants, dirai-je, dont le livre se compose ; de découvrir, j’entends, de nous rendre bien compte nous-mêmes, où chaque partie commence et où elle finit. Et comme direction générale dans cette recherche, je voudrais faire remarquer que la gloire ou le royaume, sous une forme ou sous une autre, se trouvera à la fin, et les reproches adressés au peuple sur la corruption, les menaces du jugement et choses pareilles, au commencement. Naturellement, il y a des exceptions à cette règle, mais c’est une indication dont on se trouvera bien de tenir compte.

Quant aux matières générales, aux sujets que traite Ésaïe, nous trouverons, je crois, les cinq suivants d’une manière bien distincte ; ou du moins ces cinq époques successives dans l’histoire de la terre, sont envisagées par le prophète, généralement, dans toutes les parties de sa prophétie, mais sous une grande variété de formes et de connexions.

1° Les temps mauvais, les jours de la corruption en Israël, soit dans le temps même du prophète, soit en d’autres temps.

2° Le jugement de cette corruption par l’Assyrien ou par d’autres.

3° Le siècle présent, « les temps des Gentils », l’intervalle durant lequel Israël n’est pas reconnu.

4° La crise, comme on l’appelle quelquefois, « les temps de la fin », la dernière des soixante-dix semaines de Daniel, où Dieu a affaire de nouveau avec Israël, et prélude au jugement final de la terre et des nations.

5° La gloire, ou le royaume qui suit cette crise ou ce jugement, époque désignée communément par le millénium[1].

Tels me semblent être, d’une manière générale, les sujets traités par Ésaïe, les périodes successives qu’il considère. En s’en occupant, il introduit très certainement et de toute nécessité, le Messie ainsi que le résidu ou les élus d’Israël préservés dans les jours de jugement ; mais l’Église n’apparaît nullement : elle était un mystère caché en Dieu, et non le sujet de la prophétie. Les prophètes, comme je l’ai déjà fait observer, avaient été suscités par suite de la corruption et de l’infidélité de la sacrificature (voir 1 Sam. 1-7 ; Act. 3, 24) ; et c’est à eux et par eux que sont révélés et communiqués les conseils divins concernant Israël, et la terre et ses nations. Mais le mystère caché en Dieu, et qui constitue un conseil divin qui ne concerne point Israël, ni la terre et ses nations, comme tels, ne leur fut pas révélé comme il est maintenant révélé par l’Esprit aux apôtres et aux prophètes du Nouveau Testament (Éph. 3, 1-9).

Mais que je fasse remarquer encore qu’en lisant Ésaïe, nous devons nous attendre à le voir parfois passer complètement par-dessus le long intervalle actuel, ou, ainsi que le Seigneur s’exprime, « les temps des Gentils ». Car il rattache son propre jour ou le jour de la corruption en Israël sous l’Ancien Testament, à la crise, ou « jour du Seigneur » ; — c’est-à-dire, la première à la quatrième des cinq époques que j’ai comptées. On dirait que c’est une histoire non interrompue qu’il écrit ; et cependant les parties en peuvent être séparées l’une de l’autre par des siècles nombreux et d’étranges et étonnantes révolutions sur la terre. Mais, dans le sens moral, tout cela est dans une merveilleuse harmonie : car lorsque, au jour de la crise, le Seigneur reprend Ses voies avec Israël, Il le retrouve précisément dans le même état de corruption qu’il était au commencement : chronologiquement, Israël forme de nombreuses générations ; moralement, il n’en forme qu’une.

En outre, en Ésaïe, comme dans les autres prophètes, il nous est donné de suivre l’œuvre de l’Esprit de Dieu à l’égard des âmes, aussi bien que celle de la main de Dieu à l’égard des circonstances où se trouve le peuple. Je puis dire même que ces deux côtés des choses pénètrent nécessairement tous ses écrits : mais on y trouvera une grande et belle variété dans la manière de les traiter et de les présenter, et sans que d’ailleurs il y ait la moindre confusion. D’ordinaire on lit Ésaïe, il m’est permis de le supposer, comme si son volume n’était qu’une masse de matières difficiles à distinguer ou à ramener à quelque ordre — quoique on y voie briller beaucoup de lumière, et qu’on y découvre révélées bien des anticipations merveilleuses de l’avenir. Tout cela a réjoui et guidé les élus de Dieu dans tous les âges, et les a fortifiés dans la foi et l’espérance ; mais tout cela n’est point rendre justice à ce précieux ouvrage de l’Esprit de Dieu, ce n’est point l’apprécier d’une manière digne de Lui. Car la lumière de Dieu qui rayonne dans ses pages est une lumière sûre, et la voix de Dieu qui s’y fait entendre ne rend que des sons certains et d’un parfait accord. Il faut que le lecteur cesse de ne considérer ce livre que comme une masse confuse de matériaux, ou bien dans son travail de méditation sur lui, il ne lui rendra pas une pleine justice, non plus qu’il ne se la rendra à lui-même.

Je me propose tout simplement de diviser ce livre en ses différentes parties, telles que j’ai cru les voir et que j’ai déjà appelées chants ou charges : chacune d’elles est comme un souffle distinct de l’Esprit de sagesse et de révélation, de l’Esprit de vérité, du Saint Esprit. Puis, après avoir ainsi séparé les sections l’une de l’autre, je donnerai un titre à chacune, selon que la section peut elle-même le suggérer naturellement.

Une réflexion que je désire ajouter encore, car j’en sens la vérité, c’est qu’il est tout particulièrement opportun et utile pour l’édification, de méditer la vérité prophétique au temps actuel, temps certainement d’une grande signification. Le monde marche rapidement à grands pas vers ce comble d’orgueil et d’iniquité qu’ont annoncé d’avance tous les prophètes et qui doit être jugé au jour du Seigneur, avant que la gloire puisse être révélée et le royaume établi[2]. Mais la gloire n’en sera pas moins révélée et le royaume n’en sera pas moins établi ; car la terre entière, toute corrompue qu’elle sera, passera à travers la crise dans la gloire. Dieu jugera ; mais Son jugement sera à purification, et non à destruction : la terre lui survit. C’est ce dont l’arc-en-ciel est le gage, l’arc-en-ciel de Genèse 9, et de Apocalypse 4 et 10 — deux portions du divin volume bien éloignées l’une de l’autre, qui se réunissent pour tenir le même langage de miséricorde et de salut envers cette terre que Dieu donna au commencement aux enfants des hommes, et qu’Il aime encore si bien Lui-même. Voici en effet ce que nous lisons : « Que les cieux se réjouissent, et que la terre s’égaie, que les champs s’égaient, avec tout ce qui est en eux. Alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie. Que la mer bruie avec tout ce qu’elle contient, et que la terre avec ceux qui y habitent fassent éclater leurs cris ; que les fleuves frappent des mains, et que les montagnes chantent de joie, au-devant de l’Éternel » (Ps. 96 ; 98). Alors il sera dit à l’Éternel, au Créateur, et aussi de Lui, dans les paroles d’un autre psaume : « Envoies-tu ton Esprit, elles sont créées, et tu renouvelles la face de la terre. Que la gloire de l’Éternel soit à jamais ; que l’Éternel se réjouisse en ses œuvres ! » (Ps. 104).

J’ajoute maintenant ce dont j’ai déjà parlé, une espèce d’index ou « une table des matières », décrivant les parties diverses dans lesquelles, à ce qu’il m’a paru, on peut diviser ce grand et précieux écrit de l’Esprit de Dieu.

On y trouvera indiqués dix-huit sujets distincts ; et une remarque intéressante à faire, c’est que chacune de ces divisions est citée dans le Nouveau Testament[3], le Saint Esprit apposant ainsi une seconde fois Son sceau, si c’était nécessaire, à Ses propres révélations faites des siècles auparavant.

Les sujets

  1. La préface — Chapitre 1
  2. Le jour du Seigneur — Chapitres 2-4
  3. La vigne — Chapitre 5
  4. Le trône de la gloire judiciaire — Chapitre 6
  5. La confédération ; ou, Emmanuel et les enfants — Chapitres 7 à 9, 7
  6. L’Assyrien — Chapitres 9, 8 à 12
  7. Le foulage des nations — Chapitres 13-27
  8. Les cinq malheurs — Chapitres 28-35
  9. L’intermède historique — Chapitres 36-39
  10. Israël à Babylone — Chapitres 40-48
  11. Jésus et Jérusalem — Chapitre 49
  12. Jésus ressuscité et le résidu — Chapitres 50 à 52, 12
  13. La croix et ses vertus — Chapitres 52, 13 à 55
  14. Le résidu manifesté — Chapitres 56-57
  15. L’éducation d’Israël pour le royaume — Chapitres 58-60
  16. Les deux avènements — Chapitres 61 à 63, 6
  17. Prière d’Israël et réponse du Messie — Chapitres 63, 7 à 65
  18. La conclusion — Chapitre 66

J’ajouterai maintenant une note sur chacune de ces divisions ; mais simplement dans l’espérance d’aider le lecteur à découvrir, si c’est nécessaire, la pensée principale qu’elle renferme.

Notes

Le chapitre 1 contient tous les principaux sujets du livre — la corruption, le jugement et la gloire, ou le royaume ; il signale aussi le résidu et le siècle présent ou la parenthèse des Gentils. C’est pour cela et parce qu’il est complet par lui-même, que je l’appelle « la préface. »

Chapitres 2-4. — Ici le royaume, sous la figure d’« une montagne », est anticipé au commencement et présenté dans quelques-unes de ses gloires à la fin. Mais la corruption et le jugement n’en constituent pas moins la grande matière de cette charge. Toutefois le résidu y apparaît un moment (chap. 3, 10). L’état de vertige, qui, d’ordinaire, dans les voies de Dieu, précède la destruction, est décrit chapitre 3, 1-9. Le jugement de Dieu est désigné par le nom qu’il a ordinairement dans l’Écriture : « le jour du Seigneur », et en conséquence je le donne pour titre à cette section.

Chapitre 5. — Cette figure d’une vigne est employée dans le même sens par le Seigneur en Matthieu 21. Nous trouvons ici la corruption et le jugement — le jugement comme à présent durant « les temps des Gentils » ; mais il n’y a aucune allusion au royaume, ce qui est tout à fait extraordinaire : précisément comme c’était très extraordinaire que le Seigneur parlât de Sa mort, sans parler aussi de Sa résurrection. Le titre de « la vigne » se présente nécessairement de lui-même.

Chapitre 6. — Ce trône-ci est un trône de jugement ou de gloire judiciaire. Cela ressort du chapitre lui-même comme aussi des allusions qu’il y est fait dans le Nouveau Testament (voyez Matt. 13 ; Jean 12 ; Act. 28). On peut dire que le prophète représente en un sens le résidu. Il fait la même expérience que Jean en Apocalypse 1. Ici, comme dans le chapitre 3, l’état de vertige précède aussi la destruction. Cette portion est naturellement appelée, « le trône de gloire ».

Chapitres 7 à 9, 7. — Ici nous voyons l’incrédulité en Israël suivie aussitôt du jugement. Mais les confédérations de leurs ennemis doivent être finalement toutes dissipées (ce dont il est donné un gage immédiat), un résidu doit être réservé et élevé, et la gloire dans le royaume réalisée. Emmanuel et ses enfants mystiques en sont le signe certain. Des signes ou des gages analogues sont donnés dans la Genèse (voyez aussi Osée 1). C’est une chose toute naturelle d’appeler cette charge « la confédération, ou Emmanuel et les enfants ».

Chapitres 9, 8 à 12. — Nous apprenons ici qu’après plusieurs châtiments plus légers, Israël (non pas Juda) est finalement châtié de Dieu par l’Assyrien (2 Rois 18). Mais l’Assyrien lui-même est jugé — son orgueil et sa folie sont décrits d’avance. La chute de l’Assyrien mène toutefois au royaume ; et cela montre que l’Assyrien n’est pas seulement celui qui a fait Israël captif, comme dans les temps anciens, mais est l’ennemi d’Israël dans les derniers jours, comme on le voit en Michée 5, 5 (comp. chap. 10, 22, et Rom. 9, 27 à 11, 10, et Rom. 15, 12). En conséquence cette section est bien appelée « l’Assyrien ». Le royaume ou la gloire, est célébré dans le chapitre 12, comme en Exode 15 — il avait été plutôt décrit dans le chapitre 4.

Chapitres 13-27. — Ceci nous présente le jugement ou le foulage (pour employer le langage prophétique) de toutes les nations qui s’étaient mêlées des affaires du peuple de Dieu ; et cet acte de jugement ouvre la voie à la délivrance d’Israël et au royaume. Il faut considérer les conquêtes de Nebucadnetsar dans les jours anciens, comme des gages typiques de ces jugements nationaux des derniers jours qui introduisent ainsi dans le royaume. Les chapitres 25-27 montrent dans le résidu des exercices d’âme, et des principes de vérité qui conviennent à une époque et à une action telles que celles-là. La chrétienté ayant eu à faire avec le Seigneur d’Israël, comme ces nations avaient eu à faire jadis avec Israël lui-même, doit avoir sa place et sa part dans ces jugements (voyez l’Apocalypse). Le titre « le foulage des nations » s’indique de lui-même pour cette charge.

Chapitres 28-35. — Différente des charges qui précèdent, celle-ci ne s’adresse pas aux nations, mais au peuple de Dieu. Les malheurs sont successivement prononcés sur Samarie — sur Jérusalem — sur les enfants revêches qui prenaient conseil de l’Égypte — sur ceux qui descendaient en Égypte pour avoir du secours — et ensuite, mais non jusqu’à ce moment-là, en cinquième et dernier lieu, sur celui qui fourrage Israël, le grand ennemi des derniers jours. Mais graduellement, à mesure que nous avançons à travers ces malheurs, la délivrance promise et la joie se dessinent plus pleinement — jusqu’à ce qu’à la fin tout est gloire, fruit béni de la promesse. Nous l’appelons simplement « les cinq malheurs ».

Chapitres 36-39. — Voici « l’intermède historique ». Nous l’avons dans les livres historiques — non, cela va sans dire, comme un épisode à cette place-là, mais comme partie intégrante du sujet principal (voir 2 Rois et 2 Chroniques). Nous savons que l’Écriture renferme des paraboles historiques, aussi bien que des paraboles fictives. Elles portent le nom d’« allégories » en Galates 4 : et je crois que les fragments d’histoire de ces chapitres-ci sont des allégories. Mais je n’en dis pas davantage, sauf ceci que je désire ajouter. L’écrit d’Ézéchias est comme le cantique chanté à la mer Rouge, comme le cantique de Debora, le cantique d’Anne, les lamentations de Jérémie, et le cantique de Marie en Luc 1 : c’est-à-dire, qu’il a un deuxième sens. Sa maladie a de même un deuxième sens — comme le naufrage de Jonas, le joug de Jérémie, le mariage d’Osée, ou la ceinture de Paul.

Chapitres 40-48. — Dans cette section de la prophétie d’Ésaïe, Israël, le peuple de Dieu, est vu comme à Babylone ; et la chose étant ainsi, Dieu, le Seigneur d’Israël, est présenté par le prophète comme faisant trois choses.

1° Il plaide Sa propre cause avec Babylone et ses idoles, les convainquant de leurs crimes et les confondant.

2° Il plaide Sa propre cause avec son peuple qui est là à Babylone, lui faisant des reproches et l’instruisant.

3° Il plaide la cause de Son peuple avec Babylone, le délivrant de cette prison de fer.

C’est une action parfaite. Telle fut pareillement la marche que Dieu suivit jadis lorsque Son peuple était en Égypte, comme nous le voyons en Exode 1 à 15. Et ce sont là des images des voies de Dieu dans et avec ce monde où se trouvent Ses élus. Nous appelons simplement cette partie « Israël à Babylone ».

Chapitre 49. — Dans ce magnifique chant du prophète, on entend le Messie réciter Sa propre histoire, depuis le sein de la vierge jusqu’au trône du royaume. Mais Sion, comme si elle avait écouté ce récit, se plaint d’avoir été oubliée, ne se trouvant pas à sa place dans cette histoire. Le Messie répond à cette plainte par de bonnes paroles et des paroles consolantes. Je puis donc appeler ce chapitre « Jésus et Jérusalem ».

Chapitres 50 à 52, 12. — Ici le Seigneur, comme ressuscité, récite Sa propre histoire comme depuis le temps de la fin de Matthieu 23, lorsqu’Il met de côté Israël (en sortant de Jérusalem) jusqu’au jour de Sa résurrection où Dieu Le justifia. Puis, en conséquence de cette histoire, Il conseille et instruit le résidu, Son Israël, au milieu des nations : et sous l’effet de cet enseignement, le résidu est conduit sur le terrain de la grâce et de la vérité. Une grande partie de la doctrine de l’épître aux Romains se fait entrevoir ici. On y anticipe le jour de la délivrance ; le titre de « Jésus ressuscité et le résidu » semble bien approprié à cette section.

Chapitres 52, 13 à 55. — Dans celle-ci, c’est la croix, ou Jésus crucifié, que considèrent alternativement Jéhovah et le véritable Israël — Israël au jour de sa foi et de son réveil. Et sur l’autorité de la croix, l’Esprit s’adresse à Jérusalem pour lui faire entendre le langage des plus riches promesses, et aux pécheurs pour ouvrir devant eux les voies les plus larges de la grâce : tout cela nous disant, comme nous le savons, à quelles merveilles de grâce et de gloire la croix peut servir de fondement. Cette charge n’a pas le caractère général des autres, et ne traite pas de la corruption, du jugement, et de la gloire. Elle a plutôt son objet propre et peut être justement appelée « la croix et ses vertus ».

Chapitres 56, 57. — Celle-ci peut se diviser en trois parties.

1. La nation est sommée de produire du fruit pour Dieu d’une manière convenable à l’alliance sous laquelle elle est ; et des bénédictions sont promises aux étrangers et aux eunuques s’ils veulent se joindre au Dieu d’Israël (56, 1-8).

2. L’iniquité de la nation pleinement démontrée, les bêtes des champs (les empires Gentils) sont invitées à venger sur elle la querelle de Dieu (56, 9 à 57, 13).

3. Au milieu de la nation apostate, le résidu est manifesté sous des traits d’une très grande beauté morale (57, 13-21).

Nous apprenons, incidemment, que quelques membres du résidu seront martyrisés, comme il est dit dans le psaume 79 et dans l’Apocalypse.

C’est la matière générale dont traite Ésaïe que nous avons ici, mais nous donnons à cette section le titre de : « Le résidu manifesté ».

Chapitres 58-60. — Nous pouvons diviser ces chapitres en cinq parties :

1. La nation, par le commandement de Dieu, est solennellement sommée de reconnaître ses péchés (chap. 58) ;

2. Le résidu se rend à cette sommation. Il s’identifie avec le péché de la nation, comme Esdras, Néhémie, Daniel et d’autres, en leur jour (59, 1-15) ;

3. En réponse, le Seigneur se prépare à rétablir Son Israël ainsi que toute l’Écriture, puis-je dire, nous l’enseigne (59, 15-20) ;

4. L’Éternel s’adresse alors au Messie comme dans les termes de la nouvelle alliance (59, 21) ;

5. Alors vient la description en détail de la dispensation glorieuse du royaume (chap. 60).

Titre : « L’éducation d’Israël pour le royaume ».

Chapitres 61 à 63, 6. — Je crois qu’un jour de vengeance eût accompagné le premier avènement du Seigneur s’il eût été reçu ; elle serait tombée alors sur les oppresseurs gentils d’Israël. Mais le Messie ayant été rejeté, la vengeance n’a pas été exécutée, ni Israël délivré. Et maintenant, lorsque la vengeance viendra, comme ce sera le cas au second avènement, les Juifs devront y avoir leur part. Ainsi ils se sont attirés des maux à eux-mêmes, comme nous faisons tous parfois, et comme ils l’ont fait auparavant quand ils cheminaient par le désert. En conséquence, leur marche vers le royaume, dans les chapitres 62 et 63, est différente de ce qu’elle aurait été, comme dans le chapitre 61. Le Seigneur s’associe des sentinelles comme nous voyons dans les Psaumes et en Luc. Voyez d’autres sentinelles chapitre 52, 8. Nous pouvons appeler cette charge : « Les deux avènements ».

Chapitres 63, 7 à 65. — Ces chapitres nous offrent un exemple des exercices de cœur du résidu, qui sont décrits avec tant d’étendue dans les Psaumes. Ils forment un appel et une réponse, comme entre le résidu et Jéhovah-Messie. L’Esprit a retracé ces expériences de saints de Dieu comme les livres chrétiens le font si habituellement de nos jours. Car le résidu se compose des saints de cette époque-là ; seulement ils portent le nom de « résidu » parce qu’ils sont le reste préservé du jugement de la nation pour les bénédictions du royaume. Cette charge constitue un dialogue, et nous lui donnons pour titre : « Prière d’Israël et réponse du Messie ».

Chapitre 66. — Ce dernier chapitre, de même que le premier, renferme toutes les matières qui font en général le sujet des charges d’Ésaïe : la corruption de la nation, le jugement, la préservation d’un résidu élu, la gloire ou le royaume, et « les temps des Gentils ». « La miséricorde » et « le jugement » composent ici alternativement le sujet (Ps. 101, 1). Mais, au verset 19, il présente l’évangile de la gloire, comme d’autres parties de l’Écriture nous donnent l’évangile de Canaan (Héb. 4), l’évangile de la vocation céleste, comme elle est maintenant pour nous (Héb. 4), l’évangile du royaume (Matt. 24, et Apoc. 14). On peut rapprocher Zacharie 14 de ce chapitre-ci, et le discours de Paul à Athènes (Act. 17), de son premier verset. Cette charge, étant complète en elle-même, comme le chapitre premier, nous l’appelons simplement « la conclusion », comme nous avons appelé celui-là « la préface ».

Ces notes sont très courtes. J’ai désiré qu’elles le fussent autant que possible, mais qu’elles servissent pourtant à faire ressortir dans chacune de ces charges, au moins quelqu’une de leurs pensées principales. Je ne me suis proposé rien de plus que de donner une table des matières du livre d’Ésaïe, et ensuite un léger aperçu, d’après mon jugement, de leur portée et de leur signification générales.

Conclusion

J’ai donc désiré et entrepris de faciliter un peu et de rendre plus profitable l’étude de ce premier des prophètes qui ont écrit, comme je puis appeler Ésaïe.

Ce n’est qu’un petit service dans cette voie que cet article a rendu ; mais quelle délicieuse tâche que de faire ressortir les gloires et les perfections de l’Écriture précisément au temps où nous sommes ; car aujourd’hui, l’insolence de quelques hommes dépasse toutes limites, et leur manque de cœur est égal à leur insolence. Comme il faut qu’ils prennent peu souci des pauvres gens sans instruction, qui marchent dans la crainte de Dieu à la lumière de la foi et dans les consolations de l’Esprit, pour attaquer tous les fondements de leur paix et envoyer leur âme flotter à l’aventure ! Et quelle insolence d’Amalékite n’est-ce pas que de s’avancer et de braver ainsi la gloire à sa propre face ! Car le volume sacré est-il autre chose, je le demande, que, sous une forme différente, une colonne de nuée (la demeure de la gloire) qui accompagne le camp des élus en marche à travers le désert de ce monde ? La gloire n’y demeure-t-elle pas ? L’Écriture n’est-elle pas un dépôt, un tabernacle de gloires morales innombrables ? Et n’est-ce pas son heureuse affaire d’illuminer le sentier de l’Israël de Dieu d’aujourd’hui ? N’est-elle pas tout cela ? Et s’il en est ainsi, n’est-ce pas une insolence d’Amalékite que de s’avancer, et de la braver à sa face, en résistant au camp de Dieu qui met sa confiance en elle et qui marche à sa lumière (Ex. 17) ?

Quel solennel procès doit avoir le Seigneur avec ces hommes, quand nous lisons à la fin de ce chapitre une déclaration comme celle-ci : « Parce que la main a été levée sur le trône de l’Éternel, l’Éternel aura la guerre contre Amalek d’âge en âge ».

Et tout cela, c’est de fait l’iniquité qui doit signaler les derniers jours du monde de l’homme ; c’est le cœur des enfants de l’homme s’exerçant à cet esprit qui doit mûrir l’audacieuse incrédulité de « la bête » et de ses confédérés ; car ils combattront contre le cavalier et son armée quoique venant du ciel, comme jadis Amalek combattit contre Israël quoique la colonne de gloire brillât en ce moment sur lui (Apoc. 19). Mais nous chantons encore, et nous continuerons de chanter :

Comme le Livre saint resplendit de clarté !
Il ressemble au soleil qui, plein de majesté,
Projette autour de lui sa royale lumière,
Éclaire l’univers, et n’a rien qui l’éclaire.



  1. Ces deux dernières époques sont appelées par tous les prophètes, puis-je dire, « le jour du Seigneur ». Car ce jour-là agit d’abord par le jugement, ensuite par le gouvernement. Il embrasse la crise et le royaume. Précisément comme le jour naturel qui d’abord juge les ténèbres en les repoussant de la création, et ensuite la gouverne le temps qui lui est assigné.
  2. La chrétienté, en ces temps des Gentils, s’étant corrompue précisément comme l’a fait Israël avant elle, sera amenée sous cette action judiciaire du jour du Seigneur. L’Apocalypse constitue expressément le grand témoignage de ce fait. De même que les anciens prophètes, elle traite de la corruption, du jugement, et de la gloire.
  3. L’intermède historique n° 9 peut faire exception — et encore c’est à peine une exception ; car c’est un morceau d’histoire, et non un chant prophétique proprement dit.